Prendre ce territoire hostile du quotidien qu’est la route, l’autoroute ou le périphérique pour cadre de nos énoncés rituels et idiots, c’est alors y réintroduire un art du lieu. Sur les aires de l’A7 qui mène à Marseille, Julio Cortázar se rend compte que « lorsqu’on regarde deux objets séparés et que l’on commence à regarder l’espace entre deux objets, quand on concentre son attention sur cet espace, sur ce vide entre les deux objets, à un moment donné, on perçoit la réalité. » Eh bien, le premier qui s’avisa un jour de s’arrêter, n’importe où sur l’autoroute, et de dire « ceci est mon lieu », celui-là fut le vrai fondateur de l’autonautique et le bienfaiteur de tous les autonautes.