L'acculture en Serres - Laviemoderne.net - 0 views
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hubert guillaud on 21 Feb 13Loys, professeur de lettres classiques dans un lycée parisien, signe un billet à charge contre "la petite poucette" de Michel Serres, désespérante de naïveté. Michel Serres est-il victime de l'illusion technique, fasciné par la seule dextérité digitale de sa petite Poucette ? "Disons-le : sa petite Poucette de conte pour enfants vit dans une monde merveilleux. Ne célèbre-t-il pas la naissance de petite Poucette comme une « bonne nouvelle », à la manière des évangélistes ? Avec petite Poucette nous sommes bien dans une forme de croyance scientiste, le numérisme." La pensée numérique de Michel Serres se caractérise par un relativisme tout azimuts. Son optimisme, qui dénonce par un doux anarchisme, le formatage de la société du spectacle, refuse de voir que le numérique en est le prolongement au centuple. Pour Loys, le pire est atteint quand Serres évoque l'école et les nouvelles formes pédagogiques privilégiant l'innovation, le chaos, la sérendipité à l'apprentissage, la méthode et la rigueur ! "Le numérique, tel qu'il nous est présenté, est la promesse d'une nouvelle déconstruction de l'enseignement, plus grave encore que les précédentes", car elle vise l'abolition de toute autorité et l'externalisation du savoir. "Or le savoir n'est pas une potentialité, estime le professeur. "On ne connait pas une langue quand on doit en rechercher à chaque instant la morphologie, la syntaxe ou le lexique." Pour Serres, toute transmission du savoir semble être devenue inutile. Le numérisme est une croyance dans le miracle technique, un nouvel obscurantisme, un élitisme qui ne dit pas son nom. Il est essentiel de se défaire du numérisme, sans rejeter le numérique.