Making It - The New Yorker - 0 views
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hubert guillaud on 11 Jan 14Evgeny Morozov, pour le New Yorker, fait une critique sans concession du mouvement Maker. Il en rappelle tout d'abord l'histoire et la fait remonter au début du XXe siècle, avec le mouvement Arts & Crafts, un mouvement de défense de l'artisanat et des réalisations amateurs, sans parvenir à devenir une alternative radicale au travail aliénant des usines, mais plutôt en devenant un loisir de riches. Ce mouvement prônant le retour à l'artisanat a certes dispersé des millions de projets à faire soi-même, mais il a plus favorisé le macramé domestique que l'émancipation des travailleurs. Ce type de mouvement est revenu avec la contre-culture des années 60 : le Whole Earth Catalog de Steward Brand en étant la parfaite illustration. La naissance de l'ordinateur personnel, célébré comme l'outil ultime de l'émancipation ne fait que prolonger le mythe. En 1972, Buckminster Fuller publie Spacewar, un article où il vante les hackers par rapport aux technocrates et planificateurs... L'ordinateur est alors vue comme l'outil de désinstituionalisation de la société. Désormais, le piratage est partout. Mais ce piratage continue (dans les études, le travail, le bonheur...) consiste plus à jouer avec le système qu'à le casser... A jouer, pour pouvoir mieux s'y intégrer. Il n'est pas étonnant alors que les institutions elles-mêmes proposent désormais des hackathons pour se transformer. Les makers ne sont qu'une nouvelle forme de hackers, de pirates. Kevin Kelly, qui était déjà de l'aventure du Whole Earth Catalog, propose Cool Tools, un recueil de conseils pour pirater et fabriquer son quotidien, proposant des méthodes pour créer des sous-vêtements rafraichissant ou des lunettes de toilettes chauffantes. "Ce qu'il faut pour être un fabricant est avant tout une carte de crédit", ironise Morozov. Et Morozov de comparer le mouvement maker au mouvement Arts and Crafts : des amateurs qui aiment fabriquer leurs propres jouets. Le mouvement a ses gou