Le numérique nous plonge tous – et non pas seulement l’institution scolaire – dans une atmosphère de doute et d’incertitude. Ce n’est pas seulement que nous ne savons pas bien quelles possibilités renferme le numérique, c’est aussi et surtout que nous ne savons plus bien ce que sont « formation » ou « culture ». Et nous ne savons plus bien, non plus, ce que nous sommes en notre être propre ou, pour dire par manière de symétrie, ce que peut être une « ontologie du sujet » ou « égologie ». Notre tâche, si cette condition nouvelle en détermine une, n’est cependant pas de douter. « Douter », ce serait faire silence sur la réalité et dénier à la pensée la puissance de se l’approprier. Ou bien ce serait, plus cyniquement, surfer sur la vague des profits, petits et grands, que les « formidables opportunités » du numérique et des réseaux peuvent offrir aux personnalités les plus entreprenantes. Plus en retrait et, espérons-le, en surplomb, nous nous contenterons d’un impératif à la fois plus simple et plus exigeant : nous jeter, comme à pensée perdue, dans l’effort de comprendre le réel, notre réel et, de la sorte, mettre nos propres doutes en question.