Skip to main content

Home/ Capitalisme | la dictature du profit/ Group items tagged et

Rss Feed Group items tagged

G Hald

Egalité des places, égalité des chances, par François Dubet - 0 views

  • Les sociétés démocratiques affirmant l'égalité fondamentale de tous les individus sont, depuis la Révolution, partagées entre deux grandes conceptions de la justice sociale : la première vise à réduire les inégalités entre les positions sociales ; la seconde cherche à promouvoir l'égalité des chances d'accéder à toutes les positions sociales.
  • Ces deux conceptions de la justice sociale procèdent d'un problème commun : elles cherchent à réduire la tension fondamentale des sociétés démocratiques entre l'affirmation de l'égalité de tous et les inégalités sociales réelles issues des traditions, de la concurrence des intérêts et du fonctionnement « normal » des sociétés modernes et plus ou moins capitalistes. Ces deux grandes solutions, celle de l'égalité des places et celle de l'égalité des chances, cherchent à réduire certaines inégalités sociales afin de les rendre acceptables, sinon parfaitement justes, dans la société où nous vivons.
  • L'égalité des places cherche à resserrer la structure des positions sociales sans faire sa priorité de la circulation des individus entre les diverses places inégales.
  • ...13 more annotations...
  • il s'agit moins de promettre aux enfants d'ouvriers qu'ils auront autant de chances de devenir cadres que les enfants de cadres eux-mêmes, que de réduire les écarts entre les conditions de vie et de travail entre les ouvriers et les cadres,
  • La seconde conception de la justice, celle qui s'impose progressivement aujourd'hui, est centrée sur l'égalité des chances offerte à tous d'occuper toutes les places en fonction d'un principe méritocratique.
  • Il vise moins à réduire l'inégalité des positions sociales qu'à lutter contre les discriminations qui font obstacle à la réalisation du mérite permettant à chacun d'accéder à des positions inégales au terme d'une compétition équitable dans laquelle des individus égaux s'affrontent pour occuper des places sociales hiérarchisées.
  • Dans ce cas, les inégalités sont justes puisque toutes les places sont ouvertes à tous. Avec l'égalité des chances, la définition des inégalités sociales change sensiblement par rapport au modèle des places car celles-ci sont moins des inégalités de positions que l'ensemble des obstacles s'opposant à la formation d'une compétition équitable entre les individus, sans que la structure des places soit a priori contestée.
  • L'égalité des places ne vise pas la communauté parfaite des utopies et des cauchemars communistes, mais elle recherche la qualité de la vie sociale et, par là, celle de l'autonomie personnelle puisque je suis d'autant plus libre d'agir que je ne suis pas menacé par de trop grandes inégalités sociales. En cela, elle ne déroge pas à la philosophie politique libérale, même si elle conduit à maîtriser et à limiter le libre jeu du libéralisme économique.
    • G Hald
       
      ... et d'autant plus libre que ces inégalités ne sont pas simplement de tailles raisonnables, mais qu'elles ne sont pas. En cela, cette vision de l'égalité des places " ne déroge pas à la philosophie politique libérale"
  • Dans ce modèle, la justice commande que les enfants d'ouvriers aient les mêmes chances que les enfants de cadres de devenir cadre à leur tour sans que l'écart de position entre les ouvriers et les cadres soit en jeu.
  • Je peux, soit abolir la position sociale injuste, soit permettre aux individus de s'en échapper sans mettre en cause la dite position ; et même si je désire faire les deux choses, il me faut bien choisir ce que je fais d'abord
  • L'argument selon lequel on devrait tout faire dans l'idéal ne résiste pas aux impératifs de l'action politique devant fatalement choisir ce qui semble le plus important et le plus décisif.
    • G Hald
       
      Donc le choix de la priorité consisterait surtout à savoir par quel biais on agit... Pourtant, ce choix est-il necessaire ? est-il véritablement un imperatif politique, ou est-il possible de réformer et d'instituer sur les deux fronts (n'est ce pas la le principe d'une politique qui se veut cohérente face à une situation complexe) de la même manière qu'il est possibile à un gouvernement ou une assemblée de s'occuper aussi bien des retraités que des nourrissons, et d'élaborer des plan canicule qui les concernent les uns et les autres...
    • G Hald
       
      les deux aspect sont inter-dépendants : - arg. politico-médiatiq : plus les minorités seront représentés dans les postes à hautes responsabilité (économique, politique, culturelle et médiatique...), plus les revendications liés aux difficultés subies par leurs "communauté" seront visible et efficiente... - arg. de "l'égalité des places" : l'augmentation des revenus des classes "populaires" (exploitées) permettra à leur enfant un plus grand accées à la mobilité sociale (et culturelle...)...
  • Nul besoin de réifier les classes sociales, d'un côté, ou les « minorités », de l'autre, pour comprendre qu'une société ne se perçoit pas et n'agit pas sur elle-même de la même manière selon qu'elle choisit d'abord les places ou d'abord les chances.
  • Si je défends la priorité de l'égalité des places ce n'est donc pas pour dénier toute légitimité à la justice des chances et du mérite, mais c'est pour deux raisons essentielles.
  • A première vue, il y a d'autant moins à choisir entre le modèle des places et celui des chances que nous savons bien qu'une société démocratique véritablement juste doit nécessairement combiner l'égalité fondamentale de tous ses membres et les « justes inégalités » issues d'une compétition méritocratique équitable.
  • Le second argument en faveur de la priorité de l'égalité des places tient au fait qu'elle est sans doute la meilleure des manières de réaliser l'égalité des chances.
  • Autrement dit, nous avons de bonnes raisons de penser que le vieux projet de réduction des inégalités entre les catégories sociales entre les dirigeants et les travailleurs, entre les qualifiés et les moins qualifiés, entre les quartiers riches et les moins riches reste la meilleure manière de rendre les sociétés plus vivables et, à terme, de promouvoir indirectement l'égalité des chances.
    • G Hald
       
      "le vieux projet de réduction" des inégalités, certainement hérité de l'esprit caritatif des bourgeois de l'époque, si certainement il se veut un peu moins naïf qu'un Rawls, n'interroge toujours pas la raison et le pourquoi de ces inégalités. Si F. Dubet vise manifestement à disqualifier un certain nombre de mythe libéraux sur l'égalité des chances, il ne parvient pas à la problèmatisation des inégalités elles-memes pourtant directement inscrite (en creux dans son discours, mais en relief dans l'expression elle-meme) dans l'optique "d'égalite des places"...
  •  
    "François Dubet, professeur de sociologie à l'université de Bordeaux et directeur d'études à l'EHESS, a longtemps travaillé sur la question scolaire. Bien qu'il ait quitté ce terrain, on ne peut s'empêcher de penser, à la lecture de son dernier livre Les Places et les chances, qu'il existe des liens forts dans la société français entre la conception que nous avons de la Justice sociale et celle de notre conception de l'école. Par cette mise en tension de deux conceptions de la Justice, la pensée de François Dubet devient un point d'appui incontournable pour (re)penser les récentes réformes de l'école dans une dynamique globale au sein de la société française. Il nous livre ici les points fondamentaux de cette réflexion."
G Hald

Résumé partiel de « Crédit à mort. La décomposition du capitalisme et ses cri... - 0 views

  • « la marchandise, l’argent, et la valeur sont des choses qui ‘‘ vont de soi ’’ et qu’on trouve dans presque toutes les formes connues de vie sociale à partir de la Préhistoire. Les mettre en discussion semble aussi peu sensé que contester la force de gravitation. Une discussion n’est plus possible que pour ce qui regarde le capital et la plus-value, les investissements et les salaires, les prix et les classes, donc lorsqu’il s’agit de déterminer la distribution de ces catégories universelles qui règlent les échanges entre les hommes. C’est là le terrain où peuvent se manifester les différentes conceptions théoriques et sociales » [4]. A l’inverse de ces visions, la critique de la valeur et du fétichisme de la marchandise soutient que le capitalisme doit être saisi par une analyse plus profonde, en tant que forme particulière et inédite de vie et de socialisation, comme forme radicalement différente de médiation sociale constituée par le travail sous le capitalisme, un travail qui n’a rien d’une essence sociale transhistorique (d’où le Manifeste contre le travail du groupe Krisis auquel Jappe a appartenu[5]). L
  • Avant même de critiquer la distribution de la valeur et la formation de la survaleur, une critique anticapitaliste doit saisir selon lui que derrière la valeur se cache déjà un rapport social de production particulier, que l’on doit comprendre comme un lien social objectivé, une forme de vie sociale historiquement inédite car propre à l’interdépendance sociale sous le capitalisme constituée par le travail. Critiquer ainsi le capitalisme au niveau de ses structures profondes, c’est donc d’abord critiquer cette forme sociale, la valeur.
  • Parce que la critique de la valeur veut aller au-delà de la conception du rapport social capitaliste en termes de rapport d’appropriation juridique-externe de la survaleur par un groupe particulier et parce que le double caractère de cette forme de vie sociale et sphère séparée de la vie qu'est le travail et non le marché et la propriété privée des moyens de production, constitue le noyau social du capitalisme, cette critique met la barre de l’émancipation sociale à un niveau qui se veut plus profond et qui empêche complètement de voir dans la « politique » une solution. Car il ne s'agit plus de s’approprier les moyens de production pour les faire marcher à l’aune de l’intérêt général de la société c’est-à-dire de libérer le travail du capital, il s’agit de se libérer du travail en tant que tel.
  • ...5 more annotations...
  • « La seule chance écrit Jappe, est celle de sortir du capitalisme industriel et de ses fondements, c’est-à-dire de la marchandise et de son fétichisme, de la valeur, de l’argent, du marché, de l’Etat, de la concurrence, de la Nation, du patriarcat, du travail et du narcissisme, au lieu de les aménager, de s’en emparer, de les améliorer ou de s’en servir » (p. 52)
  • Cette dynamique folle et autodestructrice du capitalisme dérive du fait que plus il développe sa logique, plus le capital perd sa substance (le travail abstrait) et donc plus la valeur s’effondre, car telle serait la contradiction nécessaire de sa logique de base : « devoir réduire – à cause de la concurrence – par des technologies et de la rationalisation, le travail humain qui constitue en même temps et paradoxalement la seule source de la valeur » (p. 195). Par l’augmentation du capital fixe qui permet des gains de productivité, la substance sociale du capital (le travail abstrait) est toujours plus réduite et tend avec les gains de productivité issus de la « révolution de la microélectronique » vers une limite absolue où le capital n’est plus capable de reproduire la société qu’il constitue de par son mouvement.
  • Plus de 25% de l’activité mondiale est ainsi assurée par deux cents multinationales qui emploient seulement 0,75% de la population mondiale, c’est-à-dire que la population directement productive de capital (travail productif) représenterait probablement d’après André Gorz, moins de 10% de la population active des pays dits développés [12].
  • Loin de comprendre la crise de 2008 (comme l’éclatement des bulles précédentes) comme une offensive du capital (la crise comme stratégie du choc) et de penser que le capitalisme est finalement en bonne santé, ce à quoi nous assistons est au contraire une crise mortelle pour le capitalisme. Le néolibéralisme, la mondialisation, la financiarisation ne sont pas des signes de bonne santé et d’offensive du capital soutient l’auteur, mais plutôt des expressions visibles de sa fuite en avant vers sa « limite interne ». Tous ces phénomènes n’ont formé que des « béquilles » (p. 110) à la crise profonde de la valeur. Finalement écrit Jappe, « le néolibéralisme était, au contraire, la seule manière possible de prolonger le système capitaliste » (p. 109).
  • La sphère de l'État/politique serait née (à partir des formes politiques et étatiques précédentes) du fait qu’une société déterminée par l’échange généralisé de marchandises ne prévoit pas de relations sociales directes du fait de la nature de l’être social sous le capitalisme, par conséquent il faut une sphère particulière pour les rapports directs et pour la réalisation des intérêts universels, à moins de plonger le système dans la barbarie et la guerre civile des intérêts particuliers.
G Hald

Les Etats européens livrent leurs populations aux spéculateurs - Dictature de... - 0 views

  • Fonds spéculatifs, Hedge Funds et banques d’affaires joueraient-ils à la spéculation, tout en sachant qu’un État ne peut pas faire faillite et que les contribuables passeront tôt ou tard au guichet pour éponger les dettes ? Ne serait-ce pas là une opportunité politique pour donner un sérieux tour de vis à l’État « providence » en le démantelant encore plus ?
  • « Ces mesures sont cruelles, injustes et partiales », s’indigne Stathis Anestis, de la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE). « Les travailleurs ne doivent pas payer seuls la crise par une baisse des salaires et la remise en cause d’acquis sociaux. Le pays subit une attaque sans précédent qui ne concerne pas seulement la Grèce, mais aussi d’autres pays visant à la suppression des droits sociaux. »
  • Outre le gel des pensions de retraite des fonctionnaires et des salaires du public comme du privé, les 13ème et 14ème mois versés aux fonctionnaires seront amputés de 30% et 60%. La TVA passe de 19 à 21%, les taxes sur l’alcool augmentent de 20%, le prix des cigarettes de 63%. Le prix de l’essence monte de 8 centimes au litre, et le diesel de 3 centimes, alors qu’un mois plus tôt le prix des carburants avait déjà augmenté de 25 centimes.
  • ...13 more annotations...
  • Et ce n’est pas fini : « De nouvelles solutions devront être envisagées en 2011 et 2012 », prévient le Finlandais Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires.
  • « On a aujourd’hui cette chose absolument inouïe que, quand vous vous appelez la République française, vous devez payer 3,4% ou 3,5% d’intérêts alors que si vous vous appelez BNP-Paribas, vous allez payer 0,5% », s’insurge l’économiste Jacques Sapir, « le fait que la BCE n’ait pas aligné les taux auxquels les État peuvent emprunter sur les taux auxquels elle prête aux banques, c’est aujourd’hui scandaleux. »
  • Cette situation illustre également les choix politiques qui ont présidé à la construction européenne : mettre à la disposition des banques privées un véritable marché européen de la dette publique. Car la BCE peut en revanche racheter à des banques les obligations d’Etat qu’elles détiennent, à condition qu’elles soient bien notées.
  • « C’est l’acquisition directe de titres souverains par la BCE qui est interdite. Mais pas l’acquisition tout court. Celle-ci n’est pas seulement possible : elle est quotidienne », écrit Frédéric Lordon. « Les titres de la dette publique, abondamment détenus par les banques, sont l’un des instruments privilégiés de leur refinancement auprès de la banque centrale. Et pour cause : quoi qu’on daube à leur sujet, ils demeurent les plus sûrs ».
  • La crise grecque a été déclenchée après la décision de deux agences de notations (Fitch et Standard & Poor) de dégrader la note de la dette grecque en décembre 2009.
  • Parallèlement, la valeur des « CDS » - des titres financiers qui assurent un créancier en cas de défaillance de l’emprunteur (l’Etat grec en l’occurrence) - adossés à la dette grecque s’envole. Rappelons que ces mêmes agences de notation et CDS avaient été montrés du doigt pour leur rôle dans la crise lors des sommets du G20 à Washington en 2008 puis à Londres en 2009. Que s’est-il passé depuis pour les réglementer ? Absolument rien.
  • Vingt-trois des vingt-sept pays de l’UE sont sous le coup d’une procédure pour déficit excessif.
  • « Les objectifs de 3% du PIB pour le déficit et de 60% du PIB pour la dette n’ont aucun fondement économique », assènent François Denord et Antoine Schwartz [1], « ils expriment une conception libérale de l’action publique. Celle qui prône un État respectueux du principe d’équilibre budgétaire, solvable, pouvant se présenter auprès des investisseurs et des marchés. »
  • En Irlande, la situation n’est pas fameuse. Après avoir voté des économies budgétaires de 3 milliards d’euros en 2009, le gouvernement a mis en place un plan d’économie de 4 milliards pour 2010. La somme est colossale pour un pays de 4,5 millions d’habitants. L’État irlandais prévoit ainsi d’économiser 1 milliard en réduisant les salaires dans la fonction publique, 760 millions dans les dépenses sociales et 2 milliards dans les dépenses de fonctionnement et d’investissement.
  • Le lendemain, l’agence Fitch menace le Royaume-Uni, la France et l’Espagne de dégrader leur note si ces pays ne prennent pas des mesures de réduction de déficit « plus crédibles ». Le message est clair : ce ne sont pas les Etats qui régulent la finance mais celle-ci qui fixe les grandes orientations de leurs politiques budgétaires.
    • G Hald
       
      "Dictature" du "marché" (i.e. des financier et autres capitalistes objectifs)
  • La révision générale des politiques publiques (RGPP) prévoit d’ici 2012, le non remplacement de 160 000 fonctionnaires et l’économie de 7,7 milliards d’euros. Le 11 mars dernier, l’Insee a publié le résultat d’une étude démontrant que 360 000 emplois avaient été détruits en 2009 (600 000 depuis 2008).
  • Quant aux chômeurs en fin de droit leur nombre est estimé par le Pôle emploi à un million d’ici la fin 2010, dont 400 000 se retrouveraient sans aucune ressource.
  • « Des solutions existent pour sortir du piège de la dette. Mais elles supposent un affrontement avec le patronat et les marchés financiers. Tous les gouvernements européens sont aujourd’hui en train de préparer une politique d’austérité drastique pour faire payer la crise aux salariés et plus largement aux populations, le tout sous le contrôle étroit de la Commission européenne et de la BCE. Il est aujourd’hui grand temps que les salariés européens se mobilisent pour imposer d’autres orientations », souhaite l’Union syndicale Solidaires.
  •  
    "Par Nadia Djabali (16 mars 2010)\n\nOn les croyait temporairement stigmatisés suite à leur responsabilité dans la crise financière. Loin de faire profil bas, les marchés financiers repartent à l'assaut de ce qui reste du « modèle social européen ». Objectif : faire payer les populations en menant une offensive sans précédent contre les salaires, les services publics et les droits sociaux, avec la complicité des gouvernements. Si la Grèce est aujourd'hui dans le collimateur, tous les pays européens sont concernés."
G Hald

A 75 % les riches partiront ? - Les blogs du Diplo - 0 views

  • Précisément, on reconnaît la gauche serpillière, la gauche pleurnicheuse, la gauche qui ne veut pas être de gauche, aux chaudes larmes qu’elle verse sur la souffrance sociale sans jamais vouloir interroger, et encore moins modifier, les structures qui ne cessent de la recréer. On la reconnaît par conséquent aussi à ses instruments : emplois-jeunes, éducation-formation — avec le double aveu implicite que l’éducation est surtout une formation professionnelle et que, si bien sûr on les y aidera, il appartient tout de même aux individus de se rendre « employables » —, fiscalité enfin, soit tout ce qu’il reste de leviers secondaires pour atténuer les effets à l’intérieur du cadre mais sans jamais y toucher.
  • Entre temps, et comme toujours dans ce genre de circonstances, le syndicat des malévolents monte en chœur au créneau, mais caparaçonné d’arguments « techniques » qui disent tous « l’impossibilité », et en particulier, délicieuse menace, l’inconstitutionnalité, supposée fatale aux 75%. À cette dernière en particulier, comme en fait au parti des « impossibilistes » en général, il faudra rappeler que les déclarations d’impossibilité sont le plus souvent l’expression de leur mauvais vouloir. À eux qui, fondamentalement, ne désirent pas changer l’ordre des choses, il est bien certain que les difficultés semblent tout de suite immenses et les impossibilités immédiatement constituées. Il faudrait redire ce que la capacité de penser doit au désir de penser, et que l’imagination ne vient qu’à ceux qui en ont vraiment envie. Pour tous les autres qui ont surtout envie de conserver, la conservation est à coup sûr la solution de bon sens, et comme elle est l’attracteur de toute leur pensée il n’y a pas lieu de s’étonner qu’ils s’y rendent aussi vite — à moins que ne se produise un événement exceptionnel dont la force finit par leur arracher un doute. Ainsi des laudateurs de la mondialisation financière qui auraient tous déclaré « impossible » de toucher en rien aux structures de la finance, mais découvrent, à partir de 2007, et leurs tares congénitales et qu’il est finalement possible d’y faire quelque chose (au moins d’y songer…) ; ainsi également des bons apôtres de la construction européenne à qui il faut le bord du gouffre pour être dessillés mais avaient tout nié en bloc tant qu’on en n’était pas à la dernière extrémité — et que la réalité finira bien par forcer à bazarder leurs dogmes (celui de la BCE indépendante, celui de l’article 63, etc.).
  • Mais ça n’est pas tout que la chose puisse s’avérer possible, reprend alors le chœur, mise en place elle serait terriblement néfaste. Il est donc temps de rappeler une ou deux choses à propos des supposés bienfaits de la présence des riches. Et d’abord à propos de l’idée que, entre joyaux de la couronne et cœur battant de l’économie, les riches seraient simplement indispensables à notre prospérité collective. La transfiguration des intérêts particuliers en intérêt général est certes l’enfance de l’art idéologique, mais, s’il est des cas où elle est aidée par un certain état des structures économiques qui produit objectivement l’alignement des intérêts de tous sur celui de quelques-uns — à l’image du risque systémique bancaire qui force à venir au secours des institutions financières sauf à encourir une destruction sociale générale —, il en est d’autres où la revendication d’utilité sociale des dominants n’a pas d’autre consistance que celle d’un pur et simple coup de force propagandiste.
  • ...6 more annotations...
  • Pour se montrer conforme à son concept, ou plutôt à son ambition imaginaire, il aurait fallu que le dynamisme boursier profitât exclusivement, ou majoritairement, au marché primaire, guichet de l’émission de nouvelles actions, c’est-à-dire lieu exclusif où s’opèrent les transferts réels de fonds (propres) des épargnants vers les entreprises. Hors de ces opérations de souscription, les entreprises ne voient pas la couleur des liquidités qui se déversent sur le marché secondaire, quand bien même ces liquidités prennent leurs titres pour support. Car le marché secondaire, marché de l’occasion où ne s’échangent que des titres déjà émis, met, par définition, en rapport non pas entreprises et apporteurs de fonds nouveaux, mais les investisseurs financiers entre eux, détenteurs de titres anciens désireux de s’en défaire et nouveaux acquéreurs qui leurs transféreront leurs épargnes, les uns comme les autres n’ayant rien d’autre en vue que la plus-value (présente pour les uns, future pour les autres), et les entreprises, au loin, observant ce jeu qui ne les concerne pas. Par construction, la circulation autocentrée des marchés secondaires n’offre aucune insertion aux entreprises demandeuses de fonds [7] et l’énorme masse des opérations qui s’y accomplit quotidiennement, faisant pour une part écrasante « l’activité de la Bourse », n’emporte aucune contrepartie en termes de moyens de financement supplémentaires de l’investissement productif.
  • C’est bien dans cette formidable disproportion des marchés respectivement primaire et secondaire, opportunément confondus dans le générique fourre-tout « La Bourse », que sombre l’argumentaire des bienfaits économiques de la déréglementation financière. Car voilà son admirable bilan en cette matière : le total des émissions nettes d’actions cotées (1650 sociétés) pour 2010 est de... 13 milliards d’euros [8]
  • À quoi sert donc l’argent des riches ? Mais à rien d’autre qu’à faire tourner la machine entropique qui soutient à peine 7% de la FBCF annuelle [11] et, des énormes masses financières qu’elle enfourne, n’en convertit qu’une portion ridicule en investissement effectif. Pour le dire plus simplement : l’argent des riches ne sert à rien — qu’à s’augmenter lui-même.
  • Le plus étonnant étant, à la fin des fins, que même les grandes entreprises cotées, a priori les mieux placées pour faire appel à l’épargne-action, ne s’y résolvent qu’avec une extrême parcimonie. Non pas qu’elles en auraient une réticence de principe... mais parce que ce sont leurs actionnaires eux-mêmes qui les en découragent ! C’est que les émissions de nouvelles actions ont, pour les actionnaires dans la place, le mauvais goût d’être dilutives, c’est-à-dire, à court terme en tout cas, de répartir le profit existant sur un plus grand nombre de parts, donc de faire baisser mécaniquement le bénéfice par action... et le cours de Bourse avec lui. Paradoxe suprême : c’est le capitalisme actionnarial lui-même qui ne veut pas des émissions d’actions ! — de là d’ailleurs cette aberration monumentale qui voit les entreprises sommées par leurs actionnaires de racheter leurs propres actions, selon la simple logique que, si les émissions ont de mauvaises propriétés dilutives, les buy-back [12] ont les propriétés dites « relutives » exactement inverses. Résumons-nous : la Bourse a été déréglementée au prétendu motif d’encourager le financement par actions des entreprises — et porter à son plus haut l’utilité sociale de la fortune privée —, mais la logique profonde du capitalisme actionnarial qui s’est édifié sur la déréglementation financière décourage absolument ces émissions... Pendant ce temps la spéculation continue et l’on continue de clamer que les riches qui envoient leurs épargnes à la Bourse sont la providence de l’économie réelle !
  • laissons les riches s’enrichir ; par une cascade de retombées bienfaisantes ce sont de proche en proche toutes les couches sociales inférieures qui finiront par en profiter. Car après tout les riches investissent, sans doute on vient de voir ce qu’il faut en penser..., mais au moins ils consomment et font tourner le petit commerce, disons plutôt le gros, mais qui fera tourner le moyen, etc. Un quart de siècle d’expérimentation en vraie grandeur devrait faire un délai suffisant pour tirer le bilan — rigoureusement nul — de cette idée à laquelle continuent de s’accrocher la défense et illustration de la vertu sociale des riches. Et l’on finit par se demander s’il ne reste plus que le moyen de la dérision pour balayer enfin ce fatras mensonger, comme celui choisi par le Daily Show de Jon Stewart montrant de quelle manière la trickle down economics a inopinément muté en trickle up economics, les canalisations censément dirigées vers le bas prenant soudain un tour biscornu pour se retourner vers le haut...
  • Quand bien même, dans l’ensemble des patrons supposés providentiels, on aurait fait le tri des vendus aux actionnaires, des illuminés et des naufrageurs pour ne garder que les raisonnablement compétents, il n’en est probablement pas un auquel ne puisse se substituer la démocratie récommunale [14] des producteurs assemblés, sagesse des (petites) foules qui vaut au moins celle des marchés...
G Hald

CIP-IDF > Dette et austérité, le modèle allemand du plein emploi précaire - 0 views

  • On estime à 6,6 Millions de personnes - dont 1,7 millions d’enfants - les bénéficiaires de l’aide sociale d’Hartz IV. Les 4,9 millions d’adultes sont en réalité des travailleurs pauvres employés moins de 15 heures par semaine. En mai 2011, les statistiques officielles faisaient désormais état de 5 millions de Minijobs, avec une augmentation de 47,7% devancé par un boom de l’intérim qui atteint 134%. Ces formes de contrats sont également très répandues chez les retraités : 660 000 d’entre eux combinent leurs pensions à un Minijob [8]. Une partie importante de la population, 21,7 %, est employée à temps partiel en 2010.
  • En outre, 2 millions d’employés gagnent Outre-Rhin moins de 6 euros de l’heure et en ex-RDA, ils sont nombreux à vivre avec moins de 4 euros par heure, c’est-à-dire moins de 720 euros par mois pour un temps complet. Résultat, les travailleurs pauvres représentent près de 20 % des employés allemands.
  • L’espérance de vie des plus pauvres – ceux qui ne disposent que des trois-quarts du revenu moyen – recule en Allemagne ; pour les personnes à bas revenus, elle est tombée de 77,5 ans en 2001 à 75,5 ans en 2011 selon les chiffres officiels ; dans les Lander de l’Est du pays, c’est pire, l’espérance de vie est passée de 77,9 ans à 74,1 ans.
  • ...9 more annotations...
  • Il faut dire un mot de Peter Hartz, qui est à l’origine des lois sur l’assurance chômage et l’aide sociale. Sa condamnation à deux ans de prison avec sursis et à une amende de 576 000 euros, est un exemple de la « corruption » consubstantielle au modèle néo–libéral. Peter Hartz, ancien directeur des ressources humaines de Volkswagen et grand moralisateur des « Anspruchdenker » (des « profiteurs du système »), a reconnu avoir versé à Klaus Volkert, syndicaliste de l’IG Metall et ancien président du comité d’entreprise du constructeur automobile, diverses primes, pour payer des prostituées et des voyages exotiques.
  • Le RSA français, produire le "travailleur assisté"
  • A simplement considérer la hausse phénoménale du nombre de "chômeurs en activité à temps réduit" (près de 40% des chômeurs indemnisés par l’assurance chômage, par exemple), c’est à dire inscrits comme chômeurs, indemnisés à ce titre par tel et ou tel dispositif et employés par une ou des entreprise, la dislocation de ce dualisme et de ses frontières était déjà amplement manifeste. Pour sa part, le RSA institue un nouveau statut pérenne du travailleur assisté où se cumulent salaires d’activité et une fraction du revenu de « solidarité ». Poursuivant le brouillage entre les figures du « salarié » et de l’« assisté », rendant caduques les frontières entre emploi, chômage et aide sociale, ou entre droit du travail et droit de la sécurité sociale, le RSA conditionne un énième segment du marché de l’emploi, une nouvelle norme du sous–emploi et du sous–salaire.
  • Le contrat d’insertion est un hybride de la « loi » et du « contrat » qui, selon Alain Supiot, ne signifie pas l’égalité et l’autonomie des contractants mais l’affirmation d’une asymétrie de pouvoir : « Leur objet (du contrat d’insertion) n’est pas d’échanger des biens déterminés, ni de sceller une alliance entre égaux, mais de légitimer l’exercice d’un pouvoir », puisque le contractant est obligé de signer pour obtenir que l’allocation lui soit versée. On passe d’une logique de droits qui institue un « ayant droit » à un dispositif qui conditionne l’allocation à un engagement subjectif dont la première épreuve est constituée par un « travail sur soi » à fournir pour « être disponible » aux sous emplois et aux sous–salaires.
  • A l’orée du XXIe siècle, l’Allemagne était dans une situation similaire. La croissance du PIB allemand entre 2000 et 2006 a été de 354 milliards d’euros. Mais si on la compare aux chiffres de la dette sur la même période (342 milliards) on peut aisément constater que le résultat réel est une « croissance zéro ».
  • Il ne faut pas chercher les raisons de l’impasse du modèle néo-libéral seulement dans les contradictions économiques, pourtant très réelles, mais aussi et surtout dans ce que Guattari appelle une « crise de la production de subjectivité » [15].
  • la crise financière ouvre une nouvelle phase politique où le capital ne peut plus compter sur une « promesse de richesse future » pour tous comme dans les années 80. Il n’a plus à disposition les miroirs aux alouettes de la « liberté » et de l’ « indépendance » du capital humain, ni ceux de la société de l’information ou du capitalisme cognitif. Pour parler comme Marx il ne peut compter que sur une extension et un approfondissement de la [« plus value absolue » [16], c’est-à-dire sur un allongement du temps de travail, une augmentation du travail non rémunéré, des bas salaires, des coupes dans tous les services, des conditions de vie et d’emploi précaire, la diminution de l’espérance de vie.
  • L’austérité, les sacrifices, la fabrication de la figure subjective du débiteur, ne constituent pas un mauvais moment à passer en vue d’une « nouvelle croissance » mais bien des techniques de pouvoir. Un autoritarisme qui n’a plus rien de « libéral » peut seul garantir la reproduction de rapports de pouvoir. Le gouvernement du plein emploi précaire et la rançon du payement de la dette nécessitent l’intégration de pans entiers du programme de l’extrême droite dans le système politique démocratique. La résistance passive qui n’a pas intégré le programme néo–libéral s’est, depuis 2007, diversement engagée et représente le seul espoir d’échapper aux techniques de pouvoir des gouvernements par la dette. Face à la foire aux horreurs des plans d’austérité imposée à la Grèce, chacun devrait bien admettre que, d’une façon ou d’une autre, « de te fabula narratur » ! (c’est bien de toi dont on parle).
  • On peut écouter à ce propos : Sonore : La fabrique de l’homme endetté, essai sur la condition néolibérale. [14] La personne devient une entreprise, note sur le travail de production de soi, André Gorz. [15] Voir De la production de subjectivité, de Félix Guattari. [16] Voir Le Capital - Livre premier, Le développement de la production capitaliste, III° section : la production de la plus-value absolue, K. Marx.
G Hald

Les besoins actuels et futurs des industries de santé en termes de formation ... - 0 views

  •  
    "Le secteur des industries de santé, intégré dans une économie mondialisée, soumis à des exigences de compétitivité élevées, connaît actuellement de profondes évolutions structurelles et un changement de modèle d'activité liés à des facteurs scientifiques, économiques, démographiques et sociétaux. Cette mutation va, à court ou moyen terme, exiger des compétences nouvelles capables de comprendre les enjeux et de contribuer à les relever. De son côté, l'université et d'une manière plus générale l'enseignement supérieur ont engagé des réformes structurelles visant à une plus grande autonomie qui doivent permettre une meilleur réactivité et adaptation à notre environnement économique et social. Dans ce contexte, l'objectif de ce rapport est d'analyser les besoins actuels et futurs des différents secteurs des industries de santé (médicament, biotechnologies, dispositifs et matériels médicaux) et de proposer, en fonction de ceux-ci, une évolution de notre offre de formation. Cinq grandes recommandations sont ainsi proposées et déclinées en une série d'actions ayant pour objectifs de relever les défis générés par les avancées scientifiques et techniques dans le domaine de la santé, d'une part, et les données économiques de ce secteur d'autre part. "
G Hald

CADTM - Islande : NON et encore NON ! - 0 views

  • Le 9 avril 2011, les Islandais ont refusé, à près de 60%, de payer pour assumer les erreurs de ceux qui ont conduit leur pays dans l’abîme. Ils ont une nouvelle fois refusé par référendum l’accord Icesave, qui prévoit que l’État indemnise les centaines de milliers d’épargnants britanniques et néerlandais ayant perdu de l’argent lors de la faillite de cette banque en ligne en 2008. Ils ont donc confirmé le premier « non » prononcé en mars 2010,
  • Le jour même du déclenchement de la crise, le FMI envoie une mission sur l’île. Le 24 octobre 2008, il fait son retour en Europe de l’Ouest avec un accord de prêt de 2,1 milliards de dollars (ratifié le 19 novembre), faisant de l’Islande le premier pays occidental à recourir à une telle aide depuis un quart de siècle. Le financement s’étalera sur deux ans, avec un versement immédiat de 830 millions de dollars. Huit autres tranches de 160 millions de dollars suivront. Le prêt sera remboursé par les Islandais entre 2012 et 2015. Le chef de la mission du FMI précise que l’Islande devra trouver quatre milliards supplémentaires : « Pour la période de deux ans, le paquet d’aides est d’environ six milliards de dollars dont quatre milliards provenant d’autres pays ». Les pays du Nord de l’Europe (la Finlande, la Suède, la Norvège et le Danemark avec 2,5 milliards de dollars) et la Pologne complètent cette somme.
  • Comme toujours avec le FMI, en contrepartie, l’Islande s’engage à appliquer un « programme de redressement » de son économie, par des mesures immédiates, à court et moyen terme. Ce programme très contraignant implique des efforts significatifs de réduction des dépenses, autrement dit une cure d’austérité. Le geste le plus humiliant pour les Islandais est, dès le début de la crise, le gel des avoirs des banques islandaises par le Royaume-Uni dans le cadre juridique d’une « loi anti-terroriste », mettant l’Islande dans la liste des pays « terroristes » pour Londres. Le pays sera retiré de cette liste le 15 juin 2009.
  • ...8 more annotations...
  • en septembre 2008, le gouvernement islandais se trouve obligé de reprendre 75% de la banque Glitnir. Le mois suivant, il renationalise Kaupthing et Landsbanki. En février 2009, Glitnir est totalement renationalisée sous son ancien nom « Islandsbanki ». Le processus est très clair : avant 2003, comme ces banques faisaient des profits colossaux, il fallait qu’elles soient privatisées, mais dès qu’elles ont plongé dans le rouge, l’État a été sommé de les récupérer, d’assumer leur charge, d’emprunter lourdement pour faire face aux échéances, puis de les reprivatiser au plus vite sans oublier de réformer son économie dans un sens néolibéral pour faire payer la facture par la population islandaise.
  • Tous les samedis, durant plusieurs mois, la population a manifesté contre les mesures d’austérité qui impliquent notamment des attaques très dures contre le système de protection sociale et contre les retraites, entraînant par exemple la fermeture d’hôpitaux. Sous cette pression, le Premier ministre annonce en janvier 2009 la tenue d’élections anticipées pour le 9 mai. Les Islandais ne se satisfont pas de cette proposition. Le samedi 24 janvier, rassemblés comme chaque week-end depuis seize semaines, ils réclament le départ du gouvernement. Deux jours plus tard, le Premier ministre, issu du parti de l’Indépendance, formation de centre-droit qui partageait le pouvoir avec le parti social-démocrate depuis mai 2007, annonce la démission immédiate de son gouvernement.
  • Le 30 décembre 2009, l’Althingi (Parlement islandais) vote de justesse la loi dite « Icesave », en accord avec les exigences des pays demandeurs, qui entérine le remboursement de 3,9 milliards d’euros à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. Cela revient à payer environ 100 euros par habitant et par mois pendant huit ans pour la faillite d’une banque aux investissements très hasardeux. La population manifeste son désaccord en exigeant, par une pétition et plusieurs jours de « casserolades » devant le parlement, que le président Olaf Ragnar Grimsson ne promulgue pas la loi.
  • Devant la pression de la rue, démontrant que les peuples en mouvement peuvent se faire entendre, le président refuse de signer, appelant, dans le cadre de l’article 26 de la Constitution islandaise, à un référendum contraignant pour le gouvernement. Le 6 mars 2010, avec une forte mobilisation, 93% des Islandais rejettent l’accord, ce qui oblige les ministères des Finances des trois pays concernés (Islande, Royaume-Uni et Pays-Bas) à reprendre les négociations.
  • Les négociations avec Londres et La Haye aboutissent, le 8 décembre 2010, à un nouvel accord, supposé plus acceptable par la population. Le taux d’intérêt est ramené à 3,3% pour la part britannique et 3% pour la part hollandaise, au lieu de 5,5%, et la durée de remboursement allongée de huit à trente ans (entre 2016 à 2046, au lieu de 2024). La liquidation des actifs de Landsbanki est mieux prise en compte.
  • Mais, le 20 février, le président de la République décide l’organisation d’un nouveau référendum populaire, faisant suite à une nouvelle pétition de plus de 40 000 signatures. La Première ministre islandaise, Johanna Sigurdardottir, se permet alors de déclarer : « C’est décevant. Nous avions anticipé que le président allait signer l’accord sur Icesave […] L’accord a été approuvé à la majorité au Parlement et ce n’est pas commun qu’un président s’oppose à un accord adopté à une telle majorité », ajoutant que, selon elle, il y a « peu de chance que la Grande-Bretagne et les Pays-Bas soient prêts à renégocier cet accord ». Pourtant, et heureusement, le peuple se prononce donc une deuxième fois pour le non.
  • Le Parlement décide alors, en accord avec le programme électoral, la création d’une Assemblée constituante en vue de mener ce projet à terme. Le 27 novembre 2010, vingt-cinq membres sont élus par vote populaire parmi plus de cinq cents candidats.
  • Les banquiers et les hommes d’affaires islandais, sous investigation criminelle en Islande, sont encore actifs dans le monde bancaire, certains sont même devenus conseillers financiers à Londres, au Luxembourg ou au Canada. Les Islandais n’acceptent pas qu’un banquier puisse amasser une fortune considérable en faisant prendre des risques démesurés à la société entière puis en fasse payer le prix à l’État et aux citoyens. Comme le disait William K. Black : “La meilleure façon de voler une banque est d’en posséder une”. |2| Ils sont convaincus que l’on peut trouver suffisamment d’argent dans les avoirs des banques pour payer les dégâts occasionnés. Ils ne comprennent pas pourquoi les responsables de la crise n’ont pas été mis hors d’état de nuire : la plupart des dirigeants des grandes puissances et des grandes banques ayant mené l’économie dans cette impasse n’ont pas été inquiétés, même s’ils sont parfaitement identifiés.
G Hald

L'autogouvernement zapatiste à la recherche d'une réunification des temps de ... - 0 views

  • un principe de contrôle déterminant est mis en œuvre sous la bannière de la célèbre et répétée formule zapatiste “Commander en obéissant” – “Mandar obedeciendo”. Les mandats des délégués tendent à être impératifs, la révocabilité est permanente et les gouver-nants sont sans cesse contrôlés par un comité ayant l’interdiction de prendre part au gouvernement civil. L’absence de rétribution financière liée aux charges politiques, les techniques de recherche du consensus, et la priorité donnée à l’inclusion des minorités [7], sont d’autres exemples des procédés de contrôle mis en œuvre par l’autogouvernement zapatiste.
  • Nous nous trouvons ainsi en face d’un projet politique qui se propose de repenser fondamentalement le lien entre théorie et pratique politique. La première n’est pas plus l’apanage des architectes du social – même au service de la classe prolétarienne – que des rois philosophes, mais se trouve intrinsèquement liée à la seconde et se construit dans un rapport dynamique à celle-ci. On comprend mieux ainsi la forme d’indétermination revendiquée par les zapatistes et exprimée au travers de leur formule “Marcher en questionnant” – “ [9]”. Contre les dérives rationalistes du léninisme explicitées dans le Que faire ?, il ne s’agit plus de laisser l’organisation de la transformation sociale aux mains de ceux qui maîtrisent la “science de l’Histoire”, mais de permettre aux objets de ce projet – la classe opprimée – d’en devenir les sujets, les “subjectivités agissantes” pour reprendre l’expression de John Hol-loway
  • Moyen de lutte présent et laboratoire du futur, ces organes se voient en effet assignés à la double tâche de détruire la contradiction qui oxyde les relations sociales existantes, tout en expérimentant et construisant des formes de relations sociales qu’il s’agirait de faire advenir demain. Comme l’a très bien identifié Jérôme Baschet, la pratique de l’autogouvernement incarne donc la volonté de fusionner les deux étapes de transformation sociale qui ont presque toujours été séparées : prendre le pouvoir d’une part, et transformer les relations sociales existantes d’autre part. Dans le cas des institutions zapatistes, comme dans le cas des conseils, il s’agirait de concilier pour les mêmes organes les fonctions de lutte et de reconstruction.
  • ...2 more annotations...
  • Lénine repris clairement dans Que faire ? les thèses de Kautsky selon lesquelles la lutte sociale et la conscience de classe étaient strictement séparées [15] . En d’autres termes, le théoricien du parti bolchevique considérait que par leurs luttes locales, économiques et partielles, les ouvriers ne pouvaient tendre « naturellement » vers une conscience de classe globale, politique et révolutionnaire, mais tout au plus vers une « conscience trade-unioniste ». L’élément politique conscient ne peut selon ses vues être introduit que de l’extérieur, par l’intervention de militants politiques formant l’avant-garde
  • La question du pouvoir, l’asymétrie fondamentale entre gouvernant et gouverné, ou entre dirigeant et exécutant est évidemment le premier, et celui qui est au cœur de la question de l’autonomie. De cette question découle celle de l’articulation traditionnelle entre théorie et pratique politique, qui est là aussi mise en cause par l’autogouvernement. Enfin, c’est la question de la relation entre la fin et les moyens de la transformation sociale qui est retravaillée par la pensée et la pratique de l’autonomie. Il nous semble que c’est autour de chacun de ces trois axes que se développent simultanément l’ensemble des critiques de la politique envisagée comme activité technique (critique de la professionnalisation, des formes de représentation, du consentement et de la soumission) et les propositions qui émanent de l’autonomie comme auto-institution du social (praxis politique non déterministe, rôle et place de l’organisation politique, stratégie de transformation sociale).
  •  
    "Au lendemain de la chute de l'Union Soviétique, symbole de la prétendue défaite du marxisme, en pleine vague de "fin de l'histoire", le zapatisme avait suscité un vaste élan de sympathie. Mais qu'a-t-il réactivé, exactement ? Quelque chose d'entièrement nouveau ? Yohan Dubigeon montre ici ce que le zapatisme a de commun avec des mouvements d'émancipation plus anciens, mais aussi ce qu'il a d'original. Marx n'est toujours pas enterré."
G Hald

Et si on fermait la Bourse..., par Frédéric Lordon (Le Monde diplomatique) - 0 views

  • Le SLAM (Shareholder Limited Authorized Margin ou marge actionnariale limite autorisée) est une idée (3). L’abolition de la cotation en continu, et son remplacement par un fixing mensuel ou plurimestriel, en est une autre (4). Vient toutefois un moment où l’on envisage la question autrement : et fermer la Bourse ?
  • Sur le papier, le plan d’ensemble ne manquait pas d’allure. Des agents (les épargnants) ont des ressources financières en excès et en quête d’emploi, d’autres (les entreprises) sont à la recherche de capitaux : la Bourse est cette forme institutionnelle idoine qui mettrait tout ce beau monde en contact et réaliserait la rencontre mutuellement avantageuse des capacités de financement des uns et des besoins des autres.
  • La Bourse finance les entreprises ? Au point où on en est, ce sont plutôt les entreprises qui financent la Bourse !
  • ...4 more annotations...
  • Dorénavant, ce qui sort des entreprises vers les investisseurs l’emporte sur ce qui fait mouvement en sens inverse... et donnait son sens et sa légitimité à l’institution boursière. Les capitaux levés par les entreprises sont devenus inférieurs aux volumes de cash pompés par les actionnaires, et la contribution nette des marchés d’actions au financement de l’économie est devenue négative (quasi nulle en France, mais colossalement négative aux Etats-Unis, notre modèle à tous (5)).
  • Il y a de quoi rester interloqué devant pareil constat quand, dans le même temps, les masses financières qui s’investissent sur les marchés boursiers ne cessent de s’accroître. Le paradoxe est en fait assez simple à dénouer : faute de nouvelles émissions d’actions pour les absorber, ces masses ne font que grossir l’activité spéculative sur les marchés dits « secondaires »* (les marchés de revente des actions déjà existantes). Aussi leur déversement constant a-t-il pour effet, non pas de financer des projets industriels nouveaux, mais de nourrir la seule inflation des actifs financiers déjà en circulation. Les cours montent et la Bourse va très bien, merci, mais le financement de l’économie réelle lui devient chose de plus en plus étrangère :
  • La Bourse n’est pas une institution de financement des entreprises — elles n’y vont plus sauf pour s’y faire prendre leur cash-flow* ; elle n’est pas le roc d’une « économie de fonds propres » — pour l’essentiel ceux-ci viennent d’ailleurs : des entreprises elles-mêmes ; elle n’est pas la providence qui sauve les start-up de l’attrition financière — on pourrait très bien agir autrement.Elle est une machine à fabriquer des fortunes. Et c’est tout. Bien sûr, pour ceux qui s’enrichissent, ça n’est pas négligeable. Mais pour tous les autres, ça commence à suffire.
  • Fermer la Bourse n’a donc pas seulement la vertu de nous débarrasser de la nuisance actionnariale pour un coût économique des plus faibles, mais aussi le sens d’extirper l’idée de la fortune-flash, devenue référence et mobile, cela-va- de-soi pour bien-nés et normalité du « mérite », pour rappeler que l’argent ne se gagne qu’à hauteur des possibilités de la rémunération du travail, ce qui, dans le cas des individus qui nous intéressent, est déjà la plupart du temps largement suffisant. La Bourse comme miroir à la fortune aura été l’opérateur imaginaire, aux effets bien réels, du déplacement des normes de la réussite monétaire, et il n’est pas un ambitieux dont le chemin ne passe par elle — pour les autres, il y a le Loto, et pour plus personne en tout cas, rapporté à cette norme, le travail.
  •  
    "C'était il y a un peu plus d'un an : les gouvernements secouraient les banques aux frais du contribuable. Mission accomplie. Mais à quel prix ? L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) évalue à 11 400 milliards de dollars les sommes mobilisées par ce sauvetage. Soit 1 676 dollars par être humain... Mais la finance n'est pas qu'affaire de banquiers. C'est aussi celle des actionnaires. Une proposition pourrait ne pas leur plaire : fermer la Bourse.\nPar Frédéric Lordon"
G Hald

L'industrie nucléaire française procède à un véritable pillage au Niger - Fra... - 0 views

  • La Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) révèle que les eaux distribuées dans la ville minière d’Arlit, où opère Areva, ne sont pas aux normes de potabilité : d’après les prélèvements de 2004 et 2005, le taux de contamination de ces eaux dépasse de 7 à 110 fois les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé ! Toujours selon la Criirad, des boues radioactives et d’énormes masses de déchets radioactifs, les « stériles », sont stockées à l’air libre.
  • « L’économie pastorale est en train de disparaître dans le Nord du Niger, région où s’installent les miniers du monde entier. On va vers une catastrophe environnementale et économique », prévient l’hydrogéologue Alain Joseph. L’élevage extensif - principale source de revenus d’un des Etats les plus pauvres de la planète - mené par les Touaregs, les Peulhs et les tribus arabes Kounta dans l’immense plaine de l’Irhazer est fortement remis en cause par l’assèchement des nappes phréatiques d’Agadez (nord du Niger), seule ressource en eau de la région. La cause de leur épuisement ? L’octroi de concessions minières : 139 permis de recherche et d’exploitation ont été vendus en moins d’un an. L’eau des nappes est acheminée vers des mines de charbon qui alimente en électricité les installations d’Areva à Arlit.
  • A Akokan et Arlit, les sociétés Cominak et Somaïr, dont Areva est l’opérateur, ont déjà épuisé à 70% l’aquifère carbonifère au nord du Tarat, à raison de 22 000 m3/j depuis 38 ans. Ces deux sociétés envisagent d’utiliser un pipeline de 30 km et de déplacer leurs pompages vers l’ouest, dans la nappe des grès d’Agadez. « C’est significatif du comportement prédateur minier : on s’installe, on prend le maximum et après moi, le désert,
  • ...1 more annotation...
  • Johnny Da Silva du Réseau Sortir du Nucléaire. « La France importe 100 % de son uranium pour 80 % de son électricité. C’est sans compter les transports de matières radioactives sur des milliers de kilomètres. » « Quand on nous explique que le nucléaire est une énergie propre, c’est un mensonge à plusieurs niveaux, poursuit le Député Vert Noël Mamère. Ce n’est ni une énergie renouvelable, ni une énergie propre mais bien une énergie sale dans sa contribution à soutenir les réseaux de la Françafrique et les régimes dictatoriaux. »
  •  
    Par Sophie Chapelle (26 octobre 2009) Depuis 40 ans, la multinationale Areva puise abondamment dans les ressources d'un des pays les plus pauvres de la planète. Le Niger pourrait demain devenir le deuxième producteur mondial d'uranium. Pourtant, le pays figure à la dernière place de l'indicateur de développement humain. C'est dans cette absence de partage des richesses et sur fond de crise institutionnelle, que se profile une catastrophe sociale, environnementale et économique. Produire ici de l'électricité d'origine nucléaire a pour corollaire, là-bas, contaminations radioactives et désertification.
G Hald

« L'industrie génétique remet en cause la possibilité pour nos enfants de se ... - 0 views

  • nous mangeons tous des blés mutés ou des potagères mutées. Contrairement aux plantes transgéniques, il n’y a aucune obligation d’information du consommateur. Les plantes mutées sont considérées comme des OGM par la directive européenne 2001-18, mais elles sont exclues de son champ d’application. Près de 3000 variétés de 170 espèces différentes obtenues à partir de mutations incitées sont recensées par l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique).
  • de l’aveu même des chercheurs, le stress violent que subit la plante génère des recombinaisons génétiques aléatoires plus nombreuses qu’avec la transgénèse. Ces recombinaisons sont responsables de la plupart des effets nocifs des OGM sur la santé. Il n’y a aucune raison pour qu’elles soient inoffensives avec les plantes mutées.
  • Depuis les années 1950, les chercheurs travaillent sur des cellules qu’ils soumettent à un stress important : par irradiations – bombardements au cobalt ou rayons gamma – ou avec des produits chimiques très agressifs comme la colchicine. C’est ce stress qui provoque une mutation de gènes aussi appelée « mutation incitée » par l’AIEA [1]
  • ...10 more annotations...
  • La connaissance aujourd’hui du génome de la plante rend la méthode de la mutagénèse intéressante économiquement et industrialisable.
  • La mutation incitée est considérée comme une « méthode de sélection traditionnelle »
  • OGM de deuxième génération. Ces Ogm sont dits « sécurisés » et « éco-compatibles » car ils sont censés garantir l’absence de risque pour l’environnement et la coexistence entre les cultures OGM et les autres cultures. Leur transgène deviendrait inactif avant la floraison ou la récolte, ou ne serait pas activé sans l’usage d’un produit chimique.
  • « Transcontainer »
  • Dans la transgénèse, les gènes transférés sont déjà issus de synthèse chimique recopiant la séquence de gènes naturels. Aujourd’hui, une nouvelle étape est franchie. On passe de l’insertion de gènes synthétiques dans des organismes vivants réels – les OGM - à la mise en réseau de ces gènes et à la fabrication de portions de génomes ou de génomes totalement synthétiques. Autrement dit, il est possible de fabriquer aujourd’hui des organismes vivants et reproductibles complètement nouveaux. Des laboratoires ont réussi à le faire avec des bactéries. Leur travail porte aujourd’hui sur les plantes. C’est là que réside le principal danger : la plante entière étant fabriquée par synthèse, les chercheurs n’ont plus besoin de graines vivantes mais seulement de leur séquence génétique numérisée dans un ordinateur.
  • Sur l’île de Svalbard en Norvège, les fondations Bill Gates et Rockefeller ont financé une banque de gènes dans laquelle sont entreposés dans le froid plus de 4,5 millions d’échantillons de semences. L’accès à cette banque est réservé aux institutions contrôlées par les multinationales semencières. Ces semences ne seront pas ressemées : elles perdront rapidement toute leur capacité de germination. Même mortes, elles pourront livrer leurs séquences génétiques aux ordinateurs de l’industrie, convaincue de sa capacité à recréer un monde artificiel à partir de ces seules séquences.
  • Face au risque de disparition de milliers de graines enfermées dans des banques, face à l’impossibilité de sélectionner des plantes saines à partir de semences commerciales modernes trafiquées – à cause de la perte de leur qualité nutritionnelle et du besoin d’engrais chimiques pour pousser – nous appelons à vider les banques de semences pour faire des maisons de la semence.
  • L’idée des maisons de la semence est que paysans et jardiniers s’y regroupent pour mettre leurs semences en commun et gèrent ensemble ce patrimoine.
  • En France, les agriculteurs n’ont pas le droit d’échanger des semences. Ils ne peuvent plus ressemer une partie de leur récolte sans payer de royalties, c’est à dire une redevance aux semenciers. On parle de « contribution volontaire obligatoire » pour le blé tendre. C’est un système qui pourrait être étendu à toutes les espèces. On a encore le droit aujourd’hui d’échanger des semences qui ne sont pas inscrites au catalogue à titre payant ou gratuit si c’est pour une exploitation non commerciale.
  • le Parlement a ratifié un traité, le TIRPAA [5], qui reconnaît les droits des paysans à ressemer, échanger et vendre leurs semences. Mais le gouvernement n’applique pas ce traité
  •  
    "Par Sophie Chapelle (11 mars 2009)\n\nOGM de deuxième génération, plantes mutées à coup de radiations, semences de synthèse dont les gènes seront numérisés et privatisés… Guy Kastler nous décrit ce que préparent les multinationales de l'industrie génétique et agroalimentaire. Des projets à faire frémir. Le délégué général du Réseau semences paysannes explique également comment nous, jardiniers paysans ou simples citoyens urbains, pouvons empêcher cette destruction programmée du vivant."
G Hald

Vacarme / la culture en communs - 0 views

  • À la différence des biens physiques, les biens numériques sont non-rivaux et non-exclusifs, comme le disent les économistes. Lorsqu’on vole une montre, son ancien propriétaire ne peut plus s’en servir. Mais un bien numérique, à l’image d’une idée ou d’une formule moléculaire, se diffuse par multiplication, non par accaparement
  • « capitalisme informationnel »
  • Malgré les coups et l’érosion qui le frappent, l’État providence ne se délite que très lentement. Je ne désespère pas que, poussé par le débat démocratique, il sache jouer le rôle qu’à mon sens on doit en attendre dans le domaine des biens communs, à savoir celui de garant, trustee disent les anglophones, au sens fort de garant des conditions d’existence. Empêcher les acteurs de s’approprier ou de piller excessivement des ressources communes, de capter des brevets logiciels ou des brevets sur les gènes ou d’épuiser les ressources naturelles, sont des fonctions importantes.
  • ...15 more annotations...
  • dans d’autres domaines il faut imaginer des formes où l’État ne joue pas directement le rôle de collecteur de fonds ; il doit plutôt être le garant de processus de mutualisation passant par des mécanismes pluriels.
  • L’espace de l’internet est très riche. Il nous expose à un risque bien signalé par Vinton Cerf, l’un des ingénieurs de l’internet : il disait que c’est « un univers où nous devons nous habituer à rencontrer des tas de choses que nous n’aimons pas »
  • : nous savons quelle est la culture de qualité et nous voulons la faire partager aux masses.
  • Nous parlions de partage : il est clair que le partage des goûts et des créations réinvente la diversité culturelle, autant qu’il la brasse. Je crois d’ailleurs avoir prouvé [1] que la diversité d’attention aux œuvres est beaucoup plus importante dans les communautés de partage volontaire ou dans les échanges pair à pair non autorisés que dans les marchés dits légaux : formuler une requête est autrement plus actif que de répondre aux stimuli publicitaires.
  • Jean Vilar
  • Le pire selon moi serait, non pas le retour au payant, mais qu’un acteur privé puissant assure cette gratuité.
  • Jacques Attali qui, partant de la baisse du coût marginal de la reproduction — du fait que les coûts de pressage ou de diffusion des disques ayant disparu, la diffusion d’une unité supplémentaire coûte extraordinairement peu cher — défend l’idée qu’au contraire le devenir naturel de tout ce qui relève de l’information est d’être gratuit et socialisé comme bien public
  • Revenons à votre proposition de « contribution créative ». Vous préconisez que la moitié de son revenu soit reversé aux créateurs sur la base des usages effectifs des œuvres.
  • Le second grand principe de la contribution créative est de ne pas seulement rémunérer la création (à laquelle elle consacre la moitié de ses ressources) mais aussi de financer son futur et son environnement.
  • Or un choix de répartition de financements n’est rien d’autre qu’une politique culturelle : qui en passera nécessairement par des négociations entre les acteurs des différentes filières et dépendra sans doute de leurs capacités d’influence respectives. Mais le public, j’espère, y jouera un rôle qu’il ne joue pas actuellement.
    • G Hald
       
      role du public évident si l'on considère qu'il est aussi consommateur > l'ecrivain écoute de la musique et vice-versa... (pbq différente seulement pour les film-fiction) => mise à disposition du public des moyens de productions culturelles et informatives + platforme publique de diffusion = séléction (politique culturelle) par l'usage...
  • Si on avait par ailleurs le contrepoids du partage de fichiers, l’idée aurait pu être bonne. Mais en l’absence de garde-fou, taxer les fournisseurs d’accès reviendrait à les mettre en position de force.
  • S’ils contribuaient au financement du champ de la création ils pourraient se dire en droit de revendiquer l’accès aux catalogues, et s’acheminer, à terme, vers la formation de sortes de cartels verticaux avec les fournisseurs de contenus les plus puissants. Le risque serait alors, là encore, celui d’une « télévisionnisation » de l’internet, avec une concentration accrue de l’attention.
  • Chaque abonné paie également en moyenne 72 euros par mois pour la téléphonie mobile. Cette dernière somme pourrait être divisée par dix — si l’on en croit Free. Même sans aller jusque là, on devrait arriver à capturer moins de 10 % des sommes actuellement dépensées pour le portable.
  • ce pouvoir se sentant menacé par la déconstruction critique caractérisant l’espace public numérique — où la moindre chose dite est mise en doute, pour le meilleur et pour le pire — a conçu un double projet : d’une part parvenir à confiner l’espace public des échanges numériques ; d’autre part imposer un agenda sécuritaire sur toute une série de questions.
  • Or la collision entre ce double projet et les mécanismes d’extension de la propriété intellectuelle a contribué à réinstaller un rapport de forces défavorable. La loi Hadopi n’est pas isolée. Il y a la Loppsi (Loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure), la nouvelle loi sur le statut de la presse en ligne, le traité Acta, qui prévoit une coopération internationale pour en finir avec la contrefaçon en général et notamment le « piratage sur internet », une nouvelle initiative de la Commission européenne sur la mise en œuvre des droits de propriété intellectuelle…
  •  
    "entretien avec Philippe Aigrain entretien réalisé par Aude Lalande, Philippe Mangeot & Victoire Patouillard Si la gratuité ne vient pas à vous, allez à elle : tel semble être le principe des réseaux « de pair à pair ». Ces nouvelles formes de partage et de gestion de domaines communs, si elles défient la logique capitaliste, sont aussi source d'inquiétude pour les producteurs de ces biens, souvent très peu fortunés. De là deux attitudes : soit ajouter des lois aux lois pour protéger la propriété, soit prendre appui sur les pratiques qui s'inventent pour imaginer d'autres manières de rémunérer la création."
G Hald

Péripéties financières (Libor et taux d'intérêt négatifs) - Les blogs du Diplo - 0 views

  • Chaque jour, les membres d’un panel de banques sont chacun invités à répondre à la question de savoir quel lui semble le taux adéquat auquel emprunter auprès de ses chers confrères. La British Bankers Association recueille les réponses, élimine le quart du haut, le quart du bas, et fait la moyenne de la moitié du milieu. Le taux qui sort s’appelle le Libor, comme London Interbank Offered Rate, il se calcule pour une multiplicité d’échéances, de un jour à douze mois, et sert de référence à tous les marchés de gros du crédit, soit plusieurs trillions de dollars de contrats de dette…
  • Et d’un département à l’autre on se parle quotidiennement pour arranger des opérations bien combinées – « je m’apprête à déclarer un taux qui va tirer le Libor vers le bas, prends donc tes positions en conséquence ». Et plus on est de fous, plus on rit. La coordination n’a été que plus juteuse de s’élargir à d’autres banques du panel Libor, puisque évidemment si tout le monde s’y met, on peut faire du Libor à peu près ce qu’on veut – aussi est-ce une revue de détail des plus grandes banques de la planète que l’enquête est en train de porter au jour.
  • Pour que le bottin mondain soit tout à fait complet il ne manquait que les banques centrales – surprise, elles y sont également ! Evidemment pas du côté « tripatouilleur », mais du côté « surveillant débonnaire ». Car, bon camarade et soucieux de ne pas tomber tout seul, Bob Diamond, le patron (maintenant démissionné) de Barclays n’a pas manqué d’embarquer avec lui Paul Tucker, n° 2 de la Bank of England (BoE), auprès de qui il s’était ému de se retrouver vilain petit canard, et de qui il semble avoir obtenu un feu vert au moins implicite pour tâcher de « rentrer dans le rang » en déclarant des taux plus « raisonnables »
  • ...2 more annotations...
  • Voilà donc le triste destin du régulateur : en situation de crise, il est la proie des régulés, dont un tout petit nombre, parfois un seul, suffit à déstabiliser une place entière et à écrouler tout le système.
  • si dans ce paysage où cohabitent tripatouillages notoires et désastres à la régulière, le « régulateur » se trouve immanquablement neutralisé et incapable de faire son office, alors il faut en finir avec l’idée de « régulation » sous la forme qui lui est actuellement donnée, à savoir celle de la supervision prudentielle. Il ne faut pas « surveiller » la finance, il faut lui interdire bon nombre de ses secteurs et bon nombre de ses pratiques [2], en assortissant ces interdictions des sanctions les plus rudes – comme celle qui punirait toute infraction de nationalisation-saisie pure et simple. Gageons que les grands actionnaires des banques, agents économiques raffinés qu’on dit très sensibles aux effets d’incitation, sauraient soupeser celle-ci à son juste poids.
G Hald

Christian Laval : "l'école est au centre des nouvelles luttes des classes" | ... - 0 views

  • Selon ce modèle, l’école a désormais une fonction qui se voudrait essentiellement, voire exclusivement, économique. La connaissance, qu’elle soit élaborée par la recherche ou diffusée dans l’école, est envisagée comme une valeur économique et intègre la logique dominante de l’accumulation du capital.
  • Quels sont les effets de cette mise en concurrence ? Christian Laval. Elle a des effets considérables sur le fonctionnement des systèmes scolaires. Partout où elle a été mise en place, comme en Angleterre, en Nouvelle-Zélande ou encore en Australie, elle aboutit à une polarisation sociale et ethnique des établissements. Les études comparatives internationales sont, sur ce point, sans ambiguïté. C’est donc en toute connaissance des conséquences que ces politiques ont été conduites dans notre pays comme dans d’autres, et qu’elles ont été soutenues aussi bien par la droite que par la gauche socialiste. Une unanimité qui dit bien à quel point la norme néolibérale a été imposée et intériorisée par tous les gouvernements.
  • De manière plus générale, ces systèmes éducatifs, régis selon les orientations néolibérales, doivent rendre des services aux entreprises en étant directement soumis aux impératifs d’employabilité et en calquant leur organisation  sur la hiérarchie professionnelle. Ce qui est recherché n’est pas tant la diffusion d’une culture commune mais l’organisation du système scolaire en fonction des différents seuils d’employabilité requis par l’économie elle-même. La nouvelle école capitaliste se structure  donc non seulement comme un marché mais elle se met également au service des marchés ! Avec pour objectif de produire du capital humain directement utilisable par les entreprises à des niveaux de compétence différenciés selon les besoins en main-d’œuvre.
  • ...3 more annotations...
  • Ce sont des experts économistes des organisations internationales ou intergouvernementales, comme l’OCDE ou la Commission européenne, qui ont défini ces niveaux d’employabilité différents, avec un niveau minimal qu’on appelle le « socle commun de compétences clés ». Ce sont donc d’abord des considérations économiques qui déterminent aujourd’hui les contenus d’enseignement.
  • Dès 2000, l’argumentaire de la stratégie de Lisbonne, qui veut faire de l’Europe "l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde", déploie ce programme de transformation des systèmes éducatifs, faisant de la connaissance un facteur exclusivement économique au détriment des dimensions  et motivations morales, culturelles, politiques de la transmission des savoirs… Les « compétences » y sont  considérés comme des habiletés professionnelles négociables sur le marché, des "marketable skills" pour reprendre la traduction anglaise complète qui équivaut à nos "compétences" et non plus des connaissances requises pour comprendre le monde, penser ce que l’on est et ce que l’on fait. Ces nouvelles orientations économicistes  et utiliaristes de l’école attaquent au plus profond les fondements humanistes sur lesquels sont construits les systèmes éducatifs européens. Il s'agit là, et je pèse mes mots, d'une véritable autodestruction de l’héritage européen. Le capitalisme colonise l’école par le biais de politiques publiques qui, au fond, introduisent dans l’école la norme capitaliste.
  • Depuis quatre mois, les étudiants chiliens combattent le modèle néolibéral qui s'est mis en place depuis la dictature de Pinochet. Non seulement, ils luttent contre le modèle de l’école privatisée et concurrentielle mais ils entrainent l’ensemble de la société à combattre la totalité du modèle néolibérale. D’une certaine façon, le terrain scolaire et universitaire, extrêmement sensible comme on le voit partout, peut être le lieu de cristallisation d’une opposition plus globale aux orientations néolibérales. Cela se voit au Mexique, en Grèce, au Portugal, dans l'ensemble du mouvement mondial des indignés. On est déjà entré dans une phase de mobilisation et de contestation qui dépasse le cadre de l’école. Dès lors, que reste-il à faire ? On peut constater aujourd’hui l’absence d’un modèle alternatif crédible. Il faut donc réinventer l’école démocratique et comprendre qu’elle ne pourra se déployer dans le cadre d’une société aussi inégalitaire où le capitalisme à imposé sa loi  dans toutes les sphères de l’existence. Nous ne pouvons pas réinventer l’école démocratique si nous ne réinventons pas un projet de société démocratique.
G Hald

Fétichisme de la marchandise digitale et exploitation cachée : les cas Amazon... - 0 views

  • La semaine dernière [1], The Morning Call, un quotidien de Pennsylvanie, a publié une enquête longue et détaillée, intitulée « Inside Amazon’s Warehouse », sur les terribles conditions de travail dans les entrepôts Amazon de la Lehigh Valley. Le reportage, résultat de mois d’interviews et de vérifications, est en train de faire le tour du monde et il a été repris par le New York times et d’autres médias mainstream. Le tableau est sombre : extrême précarité du travail, climat de chantage permanent et absence de droits, rythmes inhumains, avec vitesse redoublée d’un jour à l’autre (de 250 à 500 colis par jour, sans préavis), par une température qui dépasse les 40° et en une occasion au moins, a atteint les 45°, mesures disciplinaires aux dépens de ceux qui ralentissent le rythme ou, simplement, s’évanouissent (un rapport du 2 juin dernier évoque le chiffre de 15 travailleurs évanouis sous l’effet de la chaleur), licenciements « exemplaires » instantanés, le réprouvé étant raccompagné à la porte sous les yeux de ses collègues.
  • L’année dernière, une vague de suicides parmi les ouvriers de Foxconn a fait scandale – avant d’être enterrée sous des tonnes de sable et de silence. Dans les usines de cette multinationale chinoise sont assemblés iPad, iPhone et iPod [4]. En réalité, les morts avaient commencé avant, en 2007, et ont continué par la suite (le dernier suicide certain remonte à mai dernier ; un autre ouvrier est mort en juillet dans des circonstances suspectes). Au total, une vingtaine d’employés se sont tués. Des enquêtes de diverses origines ont indiqué parmi les probables causes les rythmes de travail infernaux, le manque de relations humaines à l’intérieur de l’usine et les pressions psychologiques émanant du management. Quelquefois, c’est même allé bien plus loin que des pressions psychologiques : le 26 juillet 2009, un salarié de 25 ans dénommé Sun Danyong, s’est jeté dans le vide après avoir subi un passage à tabac par une équipe de nervis de l’entreprise. Sun était soupçonné d’avoir volé ou perdu un prototype d’iPhone. Quelles solutions a adopté Foxconn pour prévenir de telles tragédies ? Eh bien, l’usine a notamment installé des « filets anti-suicide » [5].
  • Le Karl Marx des pages sur le fétichisme de la marchandise [6] s’avère alors précieux : « Ce qui revêt ici pour eux la forme fantastique d’un rapport des choses entre elles est seulement un rapport social déterminé des hommes entre eux.  » « Forme fantastique d’un rapport des choses entre elles ». Comme les ordinateurs interconnectés au niveau mondial. Derrière la fantasmagorie de la Toile, il y a un rapport social déterminé, et Marx entend : un rapport de production, un rapport d’exploitation.
G Hald

Faillite bancaire : des Indignés traînent en justice financiers et politiques... - 0 views

  • Leur intention est claire : mettre derrière les barreaux toutes les personnes qui, au sein du conseil d’administration de Bankia, sont présumées coupables de la faillite de la quatrième plus grande banque espagnole. Ils sont avocats, juristes ou journalistes, et travaillent d’arrache-pied sur le dossier Bankia en dehors de leurs heures de travail.
  • Bankia, c’est ce conglomérat bancaire qui vient d’être nationalisé, et dont la faillite menace le fragile équilibre financier espagnol. Constituée en juin 2010 sous l’égide du Parti populaire (la droite espagnole), Bankia est la fusion de plusieurs banques en difficulté. Deux ans plus tard, tout bascule. En l’espace de trois mois, Bankia, qui assurait avoir réalisé 309 millions d’euros de bénéfices nets en 2011, se retrouve avec des pertes de 3,3 milliards d’euros ! Un gouffre financier dissimulé lors de la présentation des comptes à la Commission nationale du marché des valeurs (CNMV), sans le rapport d’audit obligatoire…
  • Ce mensonge a ouvert la boîte de Pandore, forçant son PDG, Rodrigo Rato, à démissionner le 7 mai dernier. Précisons que Rodrigo Rato n’est autre que l’ancien directeur général du FMI (de 2004 à 2007) et l’ancien ministre de l’Économie espagnol et bras droit de José María Aznar pendant le précédent gouvernement de droite (1996-2004). Il est depuis passé par les bureaux de la banque Lazard et par ceux de la banque Santander, la plus puissante banque espagnole (vous avez dit oligarchie ?).
  • ...2 more annotations...
  • La plateforme a donc lancé une initiative de « crowdfunding » ce 6 juin. Succès immédiat. En moins de 24 heures, plus de 19 000 euros ont été collectés. Une cinquantaine d’actionnaires de Bankia se disent prêts à témoigner et plus d’une dizaine de témoins internes offrent spontanément leur aide aux enquêteurs anonymes. 11 000 citoyens déclarent se joindre à la plainte contre Bankia. Cette réaction citoyenne crée des remous… Le parquet espagnol finit par reconnaître les soupçons de délit et annonce l’ouverture d’une enquête préliminaire sur Bankia. En cause : sa création et son entrée en Bourse en juillet 2011.
  • La députée Rosa Diez – Unión Progreso y Democracia (UPyD) — annonce que son parti va également porter plainte contre Bankia. Depuis le 29 mai dernier, l’UPyD et la Gauche unie (Izquierda Unida, qui rassemble la gauche radicale) réclament une commission d’enquête parlementaire sur Bankia, ce qu’ont refusé les deux principaux partis, le Parti populaire, au pouvoir, comme le Parti socialiste espagnol (PSOE).
  •  
    Par Nathalie Pédestarres (13 juin 2012) C'est peut-être un tournant dans la bataille qui oppose les citoyens, frappés par les plans d'austérité, aux responsables des faillites bancaires, sauvés par l'argent public en toute impunité. En Espagne, une plateforme réunissant avocats, juristes et journalistes s'est donné pour mission d'enquêter sur les responsabilités des politiques et des banquiers dans la crise financière. Une première action en justice devrait être lancée contre l'ancien PDG de Bankia, grâce au soutien de milliers de citoyens.
G Hald

La Politique agricole commune : une réforme pour quoi faire ? - Orientations ... - 0 views

  • En France, le principal bénéficiaire en 2008 a été le groupe industriel Doux, champion du poulet et expert de la volaille. L’entreprise bretonne a touché 62,8 millions d’euros, au nom du « soutien à l’exportation », pour permettre à l’entreprise de s’aligner sur les prix mondiaux. Le porte-parole du groupe Doux s’était défendu en affirmant qu’il ne s’agit pas d’une subvention, mais « d’une compensation, évoluant en fonction du nombre de tonnes exportées » [1].
  • le chiffre d’affaires consolidé 2008 du Groupe Doux est en hausse de 13,3% et s’établit à 1,719 milliard d’euros », communique l’« expert de la volaille »
  • Malgré ses bons résultats et les généreuses subventions, le groupe a brutalement supprimé deux sites de production en juillet 2008. Soit 647 postes en moins dans le Cher et le Morbihan...
  • ...7 more annotations...
  • Du « Père Dodu » au poulet « Coeur de Bretagne », Doux emploie 14.500 « collaborateurs », c’est-à-dire salariés et producteurs sous contrat. 2,5 millions d’animaux passent, chaque jour, par ses abattoirs.
  • Dans la liste des plus gros bénéficiaires français de la PAC viennent ensuite les « sucriers » : Saint-Louis Sucre SNC (Saint-Louis, Tutti Free et Carte Blanche), Tereos (Béghin-Say), Sucrières de La Réunion Ou Eurosugar. Ces entreprises, union de coopératives ou fédération de syndicats ont reçu entre 19 et 50 millions d’euros, entre octobre 2007 et octobre 2008.
  • Le Crédit Agricole a, par exemple, empoché 91 millions d’euros d’aides de la PAC en 2007, la BNP plus de 840.000 euros et Le Crédit Lyonnais 526.000 euros.
  • En France, près de 4.000 entreprises agroalimentaires ont perçu un total de 580 millions d’euros au titre d’aides à l’investissement, à la restructuration ou à l’exportation.
  • Les exploitations agricoles françaises ont reçu en moyenne 20.000 euros d’aides directes en 2008 [3]. Les écarts sont cependant très importants. 10% d’entre eux ont perçu 50.000 euros d’aides en moyenne, contre 5.000 euros pour les moins bien lotis, soit un tiers des exploitations.
  • Les réformes successives de la PAC ont cherché à rapprocher les prix européens des cours mondiaux et à réduire les prix garantis. En contrepartie de cette diminution, les agriculteurs touchent des aides directes « à l’hectare ». L’objectif ? Leur assurer un revenu minimal garanti. Depuis 2003, les aides sont « découplées », le revenu est indépendant de la quantité produite
  • Les aides directes représentaient plus de 50 % du revenu agricole moyen européen au début des années 2000.
  •  
    " Par Agnès Rousseaux (6 avril 2010) Une « réforme à haut risque ». C'est ce qui attend la Politique agricole commune en 2013. Alors que les négociations commencent, celle-ci subit des critiques de toutes parts. En cause : son coût, ses orientations et surtout son manque de légitimité, car elle finance les agriculteurs, mais aussi les multinationales, banques et entreprises agroalimentaires... La PAC survivra-t-elle à la prochaine réforme ? "
G Hald

Eribon: "La dérive droitière du PS a même atteint la gauche radicale" | Rue89 - 1 views

  • Didier Eribon est un intellectuel engagé, professeur de philosophie à l'université de Berkeley aux Etats-Unis. Auteur d'une célèbre biographie de Michel Foucault, il a publié cet hiver D'une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française, aux éditions Leo Scheer. Dans ce petit livre, il revient sur l'impasse idéologique et politique dans laquelle s'est, selon lui, fourvoyée la gauche. Nous lui avons demandé de commenter ces derniers mois de la vie politique française. Entretien.
  • Qu'on n'imagine pas en effet que la gauche aurait été seulement victime d'évolutions auxquelles elle ne pouvait pas s'opposer ! Elle a été activement partie prenante de ces phénomènes. Un certain nombre d'idéologues ont travaillé à démolir la pensée de gauche, et le plus surprenant, c'est que ces gens se sont souvent présentés comme des » rénovateurs » de la gauche, alors même qu'ils ne faisaient rien d'autre que recycler tout le répertoire et je dirai même toutes les obsessions de la pensée de droite telle qu'elle s'est façonnée en France depuis les années 1950. Nous avons véritablement assisté, dans les années 1980 et 1990, à un phénomène de « contre-révolution » dans le domaine intellectuel, qui s'est donné pour tâche d'annuler tout ce que les années 1960 et 1970 avaient apporté et transformé dans la pensée de gauche. Et le Parti socialiste –tout comme les journaux de gauche– aura été un des principaux réceptacles, un des principaux vecteurs mais aussi un des principaux acteurs de cette contre-révolution idéologique. Il suffit de voir qui est invité aux colloques socialistes, quels thèmes y sont discutés… C'est édifiant !
  • Et il a suffi à la droite classique de reprendre à son compte, de façon explicite, les thématiques de l'extrême droite pour récupérer une bonne partie de ces votes. On pourrait résumer la situation : le Parti socialiste a installé la force du Front national, puis a droitisé son discours pour récupérer les voix qu'il renvoyait lui-même au Front national par les politiques qu'il menait, et cette droitisation généralisée, l'emprise sur les consciences des visions de droite, des schèmes de perception de droite, a profité… à la droite.
  •  
    "Didier Eribon est un intellectuel engagé, professeur de philosophie à l'université de Berkeley aux Etats-Unis. Auteur d'une célèbre biographie de Michel Foucault, il a publié cet hiver D'une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française, aux éditions Leo Scheer.\n\nDans ce petit livre, il revient sur l'impasse idéologique et politique dans laquelle s'est, selon lui, fourvoyée la gauche. Nous lui avons demandé de commenter ces derniers mois de la vie politique française. Entretien."
G Hald

« Quelques bonnes raisons pour se libérer du travail » , par Anselm Jappe - C... - 0 views

  • : dès la fin du Moyen Âge en certains endroits, et surtout lors du véritable essor de la société capitaliste, dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, le travail est devenu le véritable but de la société, et non un moyen. À l’échelle de l’histoire mondiale, c’est un changement des plus importants : la société capitaliste est l’unique société dans l’histoire humaine pour laquelle la seule activité productive, ou ce qu’on peut appeler travail, n’est plus seulement un moyen pour atteindre un but, mais devient un but auto-référentiel. 
  • Marx commence en analysant les catégories qui sont, selon lui, les plus fondamentales de la société capitaliste et qui n’appartiennent qu’à elle : ce sont la marchandise, la valeur, l’argent et le travail abstrait. Pour Karl Marx, tout travail, dans un régime capitaliste, a deux côtés : il est en même temps travail abstrait et travail concret. Ce ne sont pas deux types de travail différents, mais les deux faces de la même activité. Pour donner des exemples très simples : le travail du menuisier, du tailleur, sont, du côté concret, des activités très différentes, qu’on ne peut pas du tout comparer entre elles car l’une utilise le tissu, l’autre le bois. Mais elles sont toutes deux « une dépense de muscles, de nerfs ou de cerveau ». Tout travail est aussi en même temps une dépense d’énergie humaine. C’est toujours vrai, mais c’est seulement dans la société capitaliste que cette dépense d’activité, d’énergie humaine, devient le côté le plus important au niveau social, parce qu’elle est égale dans tous les travaux et dans toutes les marchandises.
  • La nécessité, le besoin, ne déterminent pas la valeur sur le marché : celle-ci dépend exclusivement du temps de travail qui a été dépensé. Le seul travail qui compte dans le système capitaliste, c’est le travail abstrait, un travail absolument indifférent à tout contenu et qui ne s’intéresse qu’à sa propre quantité. Ce qui compte, sur le marché capitaliste, c’est d’avoir la plus grande quantité de travail disponible pour pouvoir la vendre. Cette quantité de travail se traduit dans la valeur et la valeur dans l’argent.
    • G Hald
       
      Quid de l'offre et de la demande > industrie du luxe, marché des biens culturels... ?
  • ...4 more annotations...
  • Le capital est de l’argent accumulé. L’argent est le représentant plus ou moins matériel de la valeur, et la valeur, c’est du travail. Le capital ne s’oppose pas au travail, il est du travail accumulé : accumuler du capital, c’est accumuler du travail mort, du travail déjà passé, qui crée la valeur. Celle-ci, transformée en argent, est ensuite réinvestie dans les cycles productifs, parce qu’un propriétaire de capital a intérêt à faire travailler le plus possible : si je fais un certain profit en employant un ouvrier, je fais double profit en employant deux ouvriers, et si j’emploie quatre ouvriers, je fais quatre fois le même profit, si tout va bien.
  • Cela veut donc dire que toute l’histoire du capitalisme est l’histoire du remplacement du travail vivant, du travail humain, par des machines, et cela veut dire aussi que le système capitaliste, dès le départ, sape ses propres bases, scie la branche sur laquelle il est assis. C’est une contradiction à laquelle le régime capitaliste ne peut échapper, car il est un système de marché nécessairement basé sur la concurrence : les capitalistes ne peuvent passer des accords entre eux pour qu’elle ne joue plus. Ils ne peuvent se dire : « On va arrêter cette course aux technologies pour stopper cette chute des profits. » Car le capitalisme est une société de concurrence : il y a donc toujours quelqu’un qui utilise de nouvelles technologies. Donc, ces processus continuent toujours : la force de travail est remplacée par des machines qui ne produisent pas de valeur.
    • G Hald
       
      "Baisse tendantielle du taux de profit" : de nouveaux, quid du fait que toute les chemises et vetements ne soient pas 100 fois moins chere qu'auparavant a la vente, bien qu'elles le soient à la production ? (marques, luxe, marketing, création de besoins/d'images qui confere une valeur d'échange sans rapport avec les couts de productions)
  • La diminution de la valeur de chaque produit était contrecarrée par l’augmentation de la masse.   Mais cette bouée de secours s’est définitivement dégonflée, on peut le dire maintenant, avec la révolution micro-électronique. Les procédés micro-informatiques ont donné un tel coup d’accélérateur à la technologie que beaucoup plus de travail a pu être beaucoup plus rapidement économisé que ce qu’on pouvait recréer dans d’autres secteurs.
  •  
    Texte d'une conférence donnée par Anselm Jappe à Bayonne dans le cadre du Forum Social du Pays basque en janvier 2005
G Hald

« Ne rougissez pas de vouloir la lune : il nous la faut », par Serge Halimi (... - 0 views

  • Loin d’être folles, les politiques mises en œuvre sont rationnelles. Et, pour l’essentiel, elles atteignent leur objectif. Seulement, celui-ci n’est pas de mettre un terme à la crise économique et financière, mais d’en recueillir les fruits, incroyablement juteux. Une crise qui permet de supprimer des centaines de milliers de postes de fonctionnaires (en Grèce, neuf départs à la retraite sur dix ne seront pas remplacés), d’amputer leurs traitements et la durée de leurs congés payés, de brader des pans entiers de l’économie au profit d’intérêts privés, de remettre en cause le droit du travail, d’augmenter les impôts indirects (les plus inégalitaires), de relever les tarifs des services publics, de réduire le remboursement des soins de santé, d’exaucer en somme le rêve d’une société de marché — cette crise-là constitue la providence des libéraux.
  • « L’échelle des rémunérations pour les nouveaux salariés a baissé d’environ 25 % ces dernières années, note l’IBEC. Ce qui montre que le marché du travail répond [sic] à une crise économique et au chômage (1). » Ainsi, le levier de la dette souveraine procure à l’UE et au FMI les moyens de faire régner à Dublin l’ordre dont rêve le patronat irlandais.
  • Quand un prêt souscrit avec un intérêt annuel de 5 % est remboursé avec une monnaie qui fond tous les ans de 10 %, ce qu’on appelle le « taux d’intérêt réel » devient négatif — et c’est le débiteur qui gagne. Justement, de 1945 à 1980, le taux d’intérêt réel fut négatif presque chaque année dans la plupart des pays occidentaux. Résultat, « les épargnants déposaient leur argent dans des banques qui prêtaient aux Etats à des taux inférieurs à celui de l’inflation (7) ». La dette publique se dégonflait alors sans grand effort : aux Etats-Unis, des taux d’intérêt réels négatifs rapportèrent au Trésor américain un montant égal à 6,3 % du PIB par an pendant toute la décennie 1945-1955
  • ...3 more annotations...
  •  Jean-Claude Trichet, président de la BCE, imagine déjà que « les autorités européennes aient un droit de veto sur certaines décisions de politique économique nationale (12) ».
  • Le Honduras a créé des zones franches où la souveraineté de l’Etat ne s’applique pas (13). L’Europe institue à présent des « sujets francs » (économie, social) à propos desquels le débat entre partis politiques s’évanouit, puisqu’il s’agit de domaines de souveraineté limitée ou nulle. La discussion se concentre alors sur les « thèmes de société » : burqa, légalisation du cannabis, radars sur les autoroutes, polémique du jour à propos de la phrase malencontreuse, du geste impatient, du juron d’un homme politique étourdi ou d’un artiste qui a trop bu. Ce tableau d’ensemble confirme une tendance déjà perceptible depuis deux décennies : la délocalisation du pouvoir politique réel vers des lieux d’apesanteur démocratique. Jusqu’au jour où l’indignation éclate. Nous y sommes.
  • Les solutions — tourner le dos aux politiques monétaristes et déflationnistes qui aggravent la « crise », annuler tout ou partie de la dette, saisir les banques, dompter la finance, démondialiser, récupérer les centaines de milliards d’euros que l’Etat a perdus sous forme de baisses d’impôts privilégiant les riches (70 milliards rien qu’en France depuis dix ans) — sont connues
  •  
    La crise de la dette qui balaie certains pays européens prend une tournure inédite : née du choix des Etats d'emprunter pour sauver les banques, elle place des pouvoirs publics exsangues sous la tutelle d'institutions soustraites au suffrage universel. Le destin des peuples de la Grèce, du Portugal et de l'Irlande ne se forge plus dans les Parlements, mais dans les bureaux de la Banque centrale, de la Commission européenne et du Fonds monétaire international. En attendant une convergence des mouvements sociaux ? Par Serge Halim
1 - 20 of 82 Next › Last »
Showing 20 items per page