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Aurialie Jublin

Uberland : l'avenir du travail à l'heure des algorithmes | InternetActu.net - 0 views

  • Pour Alex Rosenblat, Uber a provoqué « un changement culturel fondamental sur ce que signifie avoir un emploi ». Uber a tiré un maximum de valeur des conducteurs en surfant sur les limites et ambiguïtés des normes culturelles et juridiques. Pour Adrian Chen, la gestion algorithmique d’Uber est moins une révolution qu’un affinage, à l’image des chauffeurs de taxi eux-mêmes, qui ont longtemps été dans une situation entre autonomie et dépendance, notamment avec nombre d’intermédiaires influant sur leurs possibilités de travail. Uber a simplement rendu cette sous-traitance plus efficace.
  • Adrian Chen pour Intelligencer explique que cette gestion algorithmique de la force de travail suppose une surveillance totale (jusqu’aux tremblements du téléphone pour s’assurer que le conducteur conduit en toute sécurité ! ce qui montre à nouveau, s’il en était besoin, que Uber n’est pas seulement un intermédiaire pour réaliser une transaction). Pourtant, de nombreux chauffeurs semblent satisfaits du travail qu’ils réalisent : ils apprécient la flexibilité et le complément de salaire que leur travail apporte. Même si les récits que Rosenblat a recueillis témoignent principalement d’une résignation épuisée. «Pour certains chauffeurs, ce travail est un véritable boulet, et pour d’autres, c’est un gilet de sauvetage».
  • Dans une interview pour CityLab, la chercheuse rappelle que malgré les efforts d’Uber, le taux de désengagement des chauffeurs est assez fort : 68 % d’entre eux quittent la plateforme dans les 6 mois. Elle pointe néanmoins que les outils d’Uber proposent des services que les collectivités ne savaient pas fournir, notamment en offrant des modalités de transports là où elles n’existaient pas (voir « Plateformes et métropoles » et « Vers une ville numérique ingouvernable »). Uber, derrière sa neutralité de façade, a surtout profité d’un Far West réglementaire pour s’imposer. Partout où elle s’est imposée, la firme a profondément déstabilisé la société (autour de la question du statut des chauffeurs), tout en offrant des avantages populaires (ouvrant de nouvelles dessertes et des prix bas notamment). Toute la question reste de trouver la balance entre les avantages et les inconvénients
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  • Dans une tribune pour le New York Times, la chercheuse rappelait la difficulté de cette gestion algorithmique de la relation de travail (voir également « Qui des algorithmes ou des clients seront nos nouveaux patrons »). Une relation profondément asymétrique et qui se crispe notamment dès qu’il y a un problème. Elle souligne combien les informations que délivre Uber à ses chauffeurs comme à leurs passagers sont asymétriques. Un chauffeur de New York évoquait par exemple un échange avec un client qui montrait que celui-ci était facturé 40$ alors que pour le chauffeur, la course n’en coûtait que 28 !
  • Dans les années 70, le sociologue du travail britannique Michael Burawoy, dans son livre Produire le consentement (1979, traduit en français en 2015) constatait que si les travailleurs consentaient à leur propre exploitation, c’était en fait surtout par jeu. Burawoy expliquait que lorsque le travail prenait la forme d’un jeu, la principale source de tension n’était plus dans la relation des travailleurs avec les dirigeants, mais s’étendait aux autres travailleurs, aux machines et contre eux-mêmes. En proposant un sentiment d’autonomie et de contrôle relatifs, la ludification propose aux travailleurs de souscrire aux objectifs de l’entreprise. Lyft propose ainsi des défis à ses conducteurs en échange d’une prime supplémentaire : des défis assez difficiles à décrocher qui reposent sur le nombre de courses à réaliser à certains créneaux horaires.
  • 50 % des conducteurs de Uber cessent d’utiliser l’application au bout de deux mois. 4 % des conducteurs le sont encore après une année. Des rapports récents estiment que le revenu des chauffeurs à l’heure est souvent inférieur au salaire minimum.
  • Sur les forums de chauffeurs ou dans leurs discussions, ceux-ci spéculent sans cesse sur les algorithmes et les moyens de les déjouer, mais sans réellement ne jamais y parvenir. Ils tentent fréquemment de faire des déconnexions en masse de l’application pour faire monter les prix des courses, sans que l’effet n’ait jamais vraiment été assuré. Ces formes de déconnexion volontaires et organisées ressemblent à des microgrèves, à des microprotestations, sans jamais avoir permis de réelles émancipations.
  • Burawoy est à nouveau utile pour comprendre pourquoi. Le fait de « jouer » permet aux travailleurs d’exercer un contrôle limité sur le processus de travail. Mais les victoires qu’ils remportent renforcent leur engagement et leur consentement aux règles du jeu. À l’inverse, leurs échecs dirigent leur insatisfaction contre les obstacles du jeu, et non contre ceux qui en fixent les règles. Apprendre à utiliser intelligemment les paramètres du jeu, de l’algorithme, devient pour eux la seule option imaginable.
  • Après des semaines d’une conduite maniaque pour améliorer sa note… elle a constaté que cette amélioration était sans incidence directe (tant qu’elle restait au-dessus de 4,6/5) : cela ne générait ni réel bonus ni amélioration du niveau de rémunération. « En fait, je perdais de l’argent en essayant de flatter les clients avec des bonbons et de garder ma voiture scrupuleusement propre », simplement parce qu’elle souhaitait rester un pilote bien côté. « Ce qui est à la fois si brillant et affreux dans la ludification de Lyft et Uber, c’est qu’elle repose sur notre seul désir d’être utile, aimé et bon. Les semaines où je suis très bien noté, je suis plus motivé à conduire. Les semaines où je suis mal noté, je suis également plus motivé à conduire. » Une fois qu’on est pris dans la zone du jeu, il n’y a plus d’échappatoire !
  • Heureusement, la réaction à l’ubérisation s’est aussi peu à peu musclée. Pour Les Inrocks, Benoît Fabien revient sur le lancement de la Fédération transnationale des coursiers (FTC), qui a rassemblé fin octobre à Bruxelles des livreurs à domicile de toute l’Europe, à l’initiative du Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative, de l’Alter Summit et du réseau ReAct, qui encourage les mobilisations transnationales face aux grandes entreprises. Un moyen de contrer la division et l’individualisation des plateformes de livraison pour rééquilibrer les relations de travail imposées par celles-ci. Les revendications sont nombreuses, mais s’organisent : salaire minimum, transparence des algorithmes, la liberté de se réunir en collectif…
  • les chauffeurs d’Uber s’informent des nouvelles fonctionnalités de la plateforme via ces outils, notamment quand Uber teste sur certains d’entre eux de nouvelles fonctionnalités. Le géographe Mark Graham a montré que plus de 50 % de travailleurs freelances qui utilisent des plateformes comme le Mechanical Turk d’Amazon ou Freelancer, sont en contact avec d’autres travailleurs de plateformes et échangent sur les tarifs, sur les tâches proposées et la qualité de ceux qui proposent du travail. Ces groupes servent souvent à des formes de coordination, comme l’a montré la grève des enseignants de Virginie-Occidentale, où 70 % des 35 000 enseignants de l’État étaient présents et ont permis d’articuler les revendications et d’organiser les protestations. Les groupes permettent également de fabriquer des hashtags, des gifs, des vidéos et des mêmes pour publiciser leurs actions. Si ces outils ne sont pas conçus pour soutenir le militantisme, le relai est assuré par des sites dédiés comme Coworker.org, permettant par exemple aux employés de Starbucks de faire pression sur la direction pour limiter le « clopening », le fait qu’un même employé soit chargé de la fermeture et de l’ouverture d’un magasin.
  • Reste que ces services ne sont pas toujours suffisamment en lien avec les syndicats existants : ils manquent d’assistance juridique, comme le proposent les syndicats, ou de fonds pour être maintenus. Les « startups du travail » ont assurément besoin de la force des syndicats pour se transformer. En Allemagne, IG Metal, l’un des plus importants syndicats, permet aux autoentrepreneurs de le rejoindre. Il a également lancé un site pour comparer les conditions de travail sur les plateformes baptisé Fair Crowd Work.
  • Pour Fredrik Soderqvist de Unionen, un syndicat suédois, les syndicats doivent apprendre également à mieux utiliser les données afin de permettre de créer des services adaptés aux transformations du monde… À l’exemple de Mystro, une application pour conducteurs, qui leur permet de basculer d’un service à l’autre, d’évaluer les demandes, de rejeter celles qui ne sont pas rentables, afin d’aider les conducteurs à prendre de meilleures décisions pour eux-mêmes. Assurément, s’emparer activement de la technologie pour les syndicats et les travailleurs peut leur permettre de contrer l’ubérisation… Ça ne remplace ni la lutte sociale ni la lutte légale, mais la lutte technologique peut permettre de faire des contre-propositions concrètes, de fournir des outils d’aide à la décision des travailleurs algorithmisés pour les aider à en comprendre le fonctionnement et à resymétriser la relation.
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    "Dans Uberland : comment les algorithmes réécrivent les règles du travail (2018, Presse universitaire de Californie, non traduit), la chercheuse Alex Rosenblat (@mawnikr) a synthétisé quatre années de recherche ethnographique avec les conducteurs d'Uber. Un livre où transparaît une vision dystopique du travail où des millions de conducteurs sont gérés par un système technique qui combine à la fois l'autoritarisme du management scientifique à la Frederick Taylor et le leadership cynique d'un Michael Scott (le personnage incarné par Steve Carell dans la série The Office), rapporte Intelligencer."
Aurialie Jublin

"Allô Muriel Penicaud, c'est pour signaler un accident du travail" - 0 views

  • Depuis 2017, Mathieu Lépine, professeur d’Histoire-Géo à Montreuil, égraine les blessés graves et les morts au travail. Il est désormais suivi par plus de 12 700 abonnés sur son compte Twitter Accident du travail : silence des ouvriers meurent. Électrocution, chute, accident de la route, suicide… Rien que depuis le 1er janvier 2019, il a comptabilisé "430 accidents graves, dont 160 mortels".
  • L'idée de ce recensement est née d'une phrase, prononcée par Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie : "Bien souvent, la vie d'un entrepreneur est plus dure que celle d'un salarié". Interpellé, il se lance dans des recherches pour établir un recensement, d'abord mensuel. Le compte Twitter apparaît lui en janvier 2019, "au moment où deux accidents assez emblématiques des évolutions du monde du travail ont eu lieu : _le décès de Franck Page, un livreur Uber Eats de 18 ans, et celui d'un ouvrier auto-entrepreneur de 68 ans, sur un toit de la préfecture de Versailles_".
  • Cette fois, le recensement est quotidien et le travail plus méticuleux. Chaque jour, il consacre près de deux heures à éplucher la presse, "le plus souvent locale ou régionale". Résultat : quatre à cinq accidents graves ou mortels apparaissent quotidiennement sur son compte. 
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  • Bien sûr, les données du rapport annuel de l'Assurance Maladie sont bien plus précises : en 2017, elle a comptabilisé 870 000 accidents du travail et 550 décès, 1 100 si on prend en compte les accidents de trajet et les maladies professionnelles. "On a des chiffres plein les yeux, ironise-t-il, mais _j'essaye d'y donner une dimension humaine... les gens sont tellement plus touchés lorsqu'ils voient un nom, une photo._"
  • À force d'en voir défiler sur son écran, Mathieu Lépine a tout de même fini par observer des tendances "liées aux évolutions du monde du travail". Il s'est ainsi aperçu que "plus de 40% des victimes dans [son] recensement ont plus de 50 ans". Par exemple, "les deux ouvriers morts mercredi dans le Val-d'Oise avaient 52 et 59 ans".
  • Sur la route, les jeunes livreurs à vélo sont eux aussi de plus en plus touchés, en raison de "l'ubérisation", analyse-t-il.
  • Pour autant, un bon nombre de victimes d'accidents du travail demeurent invisibles. La plupart de ses posts concernent "des hommes qui travaillent dans le BTP, l'industrie, l'agriculture, ou des chauffeurs routiers". Alors que "les premières victimes des accidents du travail sont des femmes, notamment dans le service à la personne, note Mathieu Lépine, mais il n'y aura pas d'article nous informant que l'infirmière libérale du Tarn s'est déchiré l'épaule".
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    "Depuis quelques mois, un compte Twitter interpelle la ministre du Travail. Un professeur d'Histoire-Géo recense les accidents graves et les morts au travail avec un objectif : "les rendre plus visibles" face à l'indifférence."
Aurialie Jublin

Livreur.ses de tous les pays, unissons-nous ! | La Rue est notre Usine - 0 views

  • Du côté des institutions, après de longues procédures d’investigation le ministère du Travail vient de lancer une procédure en attaquant Deliveroo pour salariat déguisé. Le ministère des Transports s’en prend lui à l’absence de licence des livreurs en scooter et a également commencé une procédure. Elles n’en sont qu’au stade de dépôt au parquet. Si nous ne pouvons que nous réjouir de la prise de conscience des ministères publics des problèmes de l’ubérisation, nous restons attentifs et relativement inquiets des conséquences que pourront avoir les jugements. Peut-on craindre qu’après un jugement positif en notre faveur les multinationales soient obligées de cesser leurs activités en France ? Et donc de mettre à la rue un grand nombre de livreurs ? Nous réaffirmons nos revendications qui sont de profiter des avantages sociaux comme l’ensemble des autres travailleurs et de gérer les boîtes à la base par et pour les livreurs, par et pour nous.
  • Une des perspectives d’émancipation des livreurs, face au refus de Deliveroo de tout dialogue concernant l’amélioration de nos conditions de travail, est de créer nos propres structures. La forme privilégiée repose sur des structures coopératives autogérées par et pour les livreurs. Si la création de coopératives semble difficile à penser dans un grand nombre de secteurs (industrie par ex.), notamment parce qu’il faut un capital de départ important, difficile à réunir sans passer par des banques (on peut néanmoins citer l’exemple des Fralib qui après des années de luttes ont réussi à récupérer leur outil de travail), elle s’affranchit de beaucoup de problématiques pour la question des livraisons de repas.
  • Il nous paraît tout de même important de ne pas idéaliser les coopératives comme une solution finale. Les coopératives ont en effet deux buts liés et non exclusifs. Elles doivent être pour nous, à la fois comprises comme une perspective de lutte et d’émancipation. Mais cette stratégie ne peut pas se passer des luttes sociales chez Deliveroo, car tant que ces multinationales exploiteront leurs travailleurs, une coopérative ne pourra pas être concurrentielle en termes de tarif et devra donc se contenter de marchés limités, ne pouvant ainsi pas fournir un travail à tous les livreurs, qui devront donc continuer à se faire exploiter. De plus, en cas de manque de commandes, les livreurs sont obligés de s’auto-exploiter. Il faut donc voir les coopératives comme un élément d’une lutte générale contre les multinationales qui ne peut pas se passer de l’auto-organisation des travailleur.se.s.
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  • C’est le but de l’association Coopcycle qui développe depuis 2016 une application qui permet de répartir les commandes entre les livreurs. Elle est utilisée par deux coopératives à Bordeaux et Molenbeek. Le but est simple et le résultat efficace, se passer des multinationales, éviter le vol de la plus-value et pouvoir répartir collectivement les bénéfices. Ces coopératives sont également la solution, de fait, pour les livreurs virés/réprimés pour s’être battus. Les camarades livreurs de la CGT à Bordeaux, qui ont été parmi les premiers mobilisés de France, ont pour la plupart aujourd’hui été virés de Deliveroo ou de Foodora après les mouvements de grèves. Ils ont ainsi créé leur propre coopérative, la coopérative des coursiers bordelais.
  • On voit clairement que les syndicats ont cherché à intégrer les livreurs et leurs spécificités dans un moule qui ne correspond pas forcément à leurs besoins. Cependant nous avons toujours pu compter sur des équipes spécifiques de la CGT et de Solidaires pour nous soutenir, que ce soit sur le plan financier, juridique ou organisationnel. Un certain nombre de militants de ces structures, parce qu’ils ont compris le risque que présente l’ubérisation, nous ont été d’une aide inestimable, et nous ne saurons jamais les remercier assez. Ils ont, c’est certain, fait beaucoup plus que quiconque pour rapprocher les jeunes précaires des structures syndicales qu’ils considéraient bien trop souvent comme des coquilles vides et inutiles.
  • Se battre lorsqu’on est précaire dans un travail qui n’est pas indispensable à l’économie est difficile. Mais lorsqu’on est individualisé à l’extrême cela devient très compliqué. C’est pourquoi nous sommes convaincus qu’une amélioration de nos conditions de travail et de vie ne peut se faire qu’en lien avec d’autres secteurs précaires et le reste du monde du travail. Nous tâchons donc d’essayer de prendre contact avec un maximum de monde, de créer des convergences de luttes avec d’autres secteurs pour pouvoir échanger sur nos conditions de travail, nos stratégies de luttes, mais également pouvoir partir ensemble dans un affrontement contre la précarité. Par exemple Stuart, start up française de livraison a été rachetée par le groupe La Poste. Il n’est pas inenvisageable, au vu des stratégies actuelles de flexibilisation du travail menées par ce groupe, que vos colissimos soient livrés 7/7j par des autoentrepreneurs. Afin d’éviter les divisions et parce que nous avons les mêmes intérêts objectifs que les postiers, nous sommes entrés en contact avec leurs syndicats pour réfléchir collectivement à une réponse positive pour les deux secteurs.
  • C’est pourquoi dès la première journée de mobilisation à Paris en août 2017 nous avons cherché à nous coordonner avec les autres collectifs de livreurs en France afin de faire valoir nos mobilisations au même moment et de nous mettre d’accord sur des mots d’ordre et des revendications. Cela a donné naissance à la CAVAL (Coordination d’actions vers l’autonomie des livreurs), structure nationale pérenne de mobilisations et d’échange d’informations. Ce qui a permis que, par la suite, la plupart des journées d’actions soient nationales. Mais pour mettre une pression suffisante sur Deliveroo, présent dans la plupart des pays européens, ce n’est pas suffisant. C’est pourquoi nous avons entrepris depuis quelques mois de nous coordonner au niveau européen. Nous avons ainsi rencontré des livreurs de Turin, Bologne, Vienne, Londres et nous sommes allés soutenir les grèves du mois de Janvier à Bruxelles.
  • La grève est très souvent considérée comme un outil daté, qui ne fonctionnerait plus. Le capitalisme se serait modifié et les nouvelles formes du travail seraient particulièrement touchées par ce constat. Nous pensons au contraire que la grève reste le moyen le plus efficace et le plus juste pour gagner le rapport de force qui oppose les livreurs et la multinationale. Parce que c’est le principal levier que nous avons pour engager un bras de fer économique avec la multinationale et qu’il se fait à la base par les travailleurs, les premiers concernés. Cependant, en raison des caractéristiques spécifiques de notre exploitation, il nous faut repenser la grève pour l’adapter aux modalités de ces nouvelles formes de travail. Nous avons pris la décision de bloquer les restaurants pour mettre un maximum la pression et faire perdre le plus d’argent possible aux multinationales.
  • Pour éviter la répression, nous devons être nombreux pour ne pas nous faire virer instantanément, mettre nos téléphones en mode avion (ils ont accès à notre géolocalisation) et faire masse. Cela permet de discuter entre nous plus longtemps que 5 minutes entre deux livraisons, de recréer une conscience collective du travail : nous sommes collègues et non concurrents. Nous étions pour la plupart masqués lors des premières mobilisations, mais paradoxalement c’est beaucoup plus radical de se mobiliser à visage découvert et de revendiquer qu’en France en 2018 on a le droit de se battre pour nos conditions de travail. Par la grève, et la grève seule, nous pourrons nous emparer des moyens de production et faire en sorte que Deliveroo appartienne à ses livreurs et non à des obscurs actionnaires et des fonds de pension.
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    "L'ubérisation, stade suprême du capitalisme ? Depuis quelques années, les plateformes numériques réorganisent et transforment le travail, permettent à leurs propriétaires de maximiser leurs profits et de diviser les travailleurs. Ces derniers paient le prix fort : mal rémunérés, payés à la tâche, condamnés à la précarité. Malgré ces obstacles, les forçats de la pédale s'organisent et mènent des luttes. Dans cet article, un membre du collectif des livreurs autonomes de Paris (CLAP) nous raconte les mobilisations en cours face à Deliveroo. Au niveau local, national et transnational, les livreurs s'organisent, font alliance avec les syndicats et font pression sur la multinationale. Ils inventent des solutions qui permettront à l'avenir de créer une économie au service de ceux qui la font tourner."
Aurialie Jublin

Modération, tri des données: l'ONU s'inquiète des conditions de travail des «... - 0 views

  • La majeure partie des tâches proposées consiste à compléter des questionnaires, souvent à des fins de recherche scientifique. La collecte de données arrive en second: il peut s'agir par exemple de trouver les adresses mails de tous les podologues d'une ville, moyennant 10 centimes par adresse mail trouvée. Une part non négligeable repose sur la transcription d'images ou d'extraits sonores. C'est grâce à ce type de travaux que les géants du Web entraînent leurs intelligences artificielles. Enfin, la modération de contenus est extrêmement fréquente. Pour l'ONU, toutes ces tâches «ne correspondent pas au niveau d'éducation des travailleurs», qui sont 37% à être titulaire d'un diplôme universitaire.
  • Pire, certains de ces travaux sont extrêmement difficiles sur le plan psychologique: beaucoup de modérateurs souffrent ainsi de syndromes de stress post-traumatiques à force d'être exposés aux contenus les plus sombres du Web (images de torture, de pédopornographie, de massacres...).
  • Pour couronner le tout, les rythmes de travail sont particulièrement soutenus: 43% des sondés travaillent la nuit, 68% travaillent entre 20h et 22h, souvent car ils exercent en parallèle une autre activité professionnelle, les revenus du digital labor ne permettant pas d'en faire une activité à temps plein. Les salaires sont, à l'échelle mondiale, ramenés à la moyenne de 3,31 dollars de l'heure en fourchette basse, 4,43 dollars en fourchette haute (soit entre 2,81 et 3,76 euros). L'enquête démontre qu'une proportion substantielle de travailleurs gagne moins que le salaire minimum de leur lieu de résidence. L'ONU ajoute qu'une part non négligeable de «para-travail» n'est pas payée: pour chaque heure travaillée, au moins 20 minutes sont consacrées à des tâches comme la connexion sur les plateformes, les démarches administratives, chercher de nouvelles tâches, comprendre les énoncés des instructions... À noter également, 90% des répondants affirment avoir déjà été non payés pour des tâches accomplies.
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  • Malgré les conditions de travail difficiles, 88% des sondés aimeraient se voir proposer plus de microtâches en ligne afin d'accroître leurs revenus. L'ONU observe que le secteur du digital labor est voué à continuer de se développer étant donné les besoins croissants en main d'œuvre de l'économie numérique. Pour cette raison, l'enquête appelle à une régulation plus ferme des conditions de travail. La majeure partie des travailleurs n'est ainsi couverte par aucune assurance maladie ou civile, ne cotise pas pour la retraite et le revenu gagné échappe souvent au radar des autorités fiscales.
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    "Ces petites mains invisibles sont indispensables pour nettoyer les bases de données, entraîner les intelligences artificielles ou encore assurer la modération des contenus sur le Web. Pour la première fois, une étude de grande ampleur de l'ONU se penche sur ce travail qu'on appelle le «digital labor», et dresse un constat alarmant."
Aurialie Jublin

CFDT - Travailleurs des plateformes : beaucoup de bruit pour rien ? - 0 views

  • Devant la cour d’appel, son contrat, dénommé « contrat de prestations de services », a été passé au peigne fin. Il en est ressorti que, si le livreur pouvait choisir ses plages horaires (« shifts ») pour effectuer des livraisons, il ne pouvait, sans pénalité, se désengager moins de 72 heures avant leur commencement. Qui plus est, la société Take eat easy se réservait le pouvoir de résiliation du contrat dans certains cas. Aussi, la société avait-elle édicté un « petit guide du coursier », instaurant un système de bonus-malus, les malus étant plus couramment appelés strike. 3 strikes en 1 mois conduisait à une convocation à un entretien avec la société sur les motivations du coursier et 4 strikes à la rupture des relations contractuelles. A la suite du rejet de ses prétentions par le conseil de prud’hommes de Paris, le livreur a interjeté appel. Par une décision du 20 avril 2017, la cour d’appel de Paris a refusé de reconnaître l’existence d’un contrat de travail. Selon les juges du fond, bien que le système de bonus/malus mis en place évoque un pouvoir de sanction, les pénalités sanctionnent des manquements à des obligations contractuelles, ce qui ne caractérise pas un pouvoir de sanction de type salarial. De plus, la cour relève que ces stipulations ne remettent pas en cause la liberté du coursier de choisir ses horaires, le moment de ses congés, tout comme sa durée de travail. Les juges du fond en déduisent que la société Take eat easy « ne détermine pas unilatéralement les conditions d’exécution du travail ».
  • La cour relève également que le livreur n’est lié par aucune clause d’exclusivité. Régisseur dans un petit théâtre parisien, celui-ci exerce même une seconde activité professionnelle. Aux yeux des juges d’appel, « cette liberté totale de travailler ou non (…) est exclusive d’une relation salariale ».
  • Dans sa décision très attendue, la Haute juridiction contredit la solution retenue en appel. La Cour de cassation considère que le livreur était bien lié à la plateforme par un contrat de travail. A cette fin, elle applique les principes classiques en matière de reconnaissance de la qualité de salarié.
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  • Selon la Cour, le système de la géolocalisation du livreur permettant son suivi en temps réel, ainsi que le système de sanctions auraient dû conduire les juges du fond à reconnaitre l’existence d’un pouvoir de direction et de contrôle et celle d’un pouvoir de sanction. Toutes choses caractérisant l’existence un contrat de travail.
  • En tout cas, les décisions semblaient autant se fonder sur le degré d’autonomie du travailleur que sur les principes classiques de qualification d’un contrat de travail, qu’elles rappelaient malgré tout. Manière sans doute de prendre en compte la nouveauté de ces situations… La Cour de cassation ne l’entend pas ainsi. Pour elle, dès lors que les indices classiques de l’existence d’un lien de subordination sont présents, l’autonomie (réelle ou supposée selon les cas) des travailleurs du numérique n’est pas déterminante. Ce qui compte c’est l’existence, ou non, d’un pouvoir de direction et de contrôle, sur lequel s’appuie le pouvoir de sanction.
  • En tout cas, il n’est sans doute pas anodin que, dans la note explicative de l’arrêt, la Haute juridiction indique que les textes actuellement existants concernant les travailleurs des plateformes (pas applicables en l’espèce) ne comportent aucune réponse à la question. La Cour de cassation prend ainsi explicitement position pour dire que la loi Travail (9) ne pose pas de présomption d’indépendance vis-à-vis de ces travailleurs, mais seulement l’esquisse d’une responsabilité sociale des plateformes.
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    "Grande première : la Cour cassation vient d'analyser la relation liant un livreur à une plateforme ! Appliquant des principes très classiques à cette situation pourtant spécifique, la Haute juridiction a considéré que le livreur était bien lié à la plateforme par un contrat de travail. Selon la Cour de cassation, la plateforme disposait d'un pouvoir de direction, de contrôle et de sanction sur le livreur. Cass.soc.28.11.18, n°17-20079."
Aurialie Jublin

Derrière les promesses de l'intelligence artificielle, le cauchemar du "digit... - 0 views

  • En l’absence de régulation, le digital labor préfigure le pire du travail : un monde de travailleurs isolés, privés de droits sociaux et iolés les uns des autres, livrés aux conditions léonines des employeurs — et accomplissant des tâches standardisées, fragmentées, peu qualifiées et dépourvues de sens global. Ici et là, des tentatives de régulation ou de création de plateformes équitables sont en cours. Il est urgent de les soutenir, si l’on ne veut pas que le développement croissant de l’automatisation ne soit synonyme non d’une disparition du travail, mais de sa dégradation irrémédiable.
  • Cet imaginaire largement libertarien irrigue profondément la culture du web depuis ses débuts et s’incarne, par exemple, dans la figure du hacker ou de l’entrepreneur nomade, du passionné qui s’accomplit dans un « projet professionnel qui est aussi existentiel ». Mais Antonio Casilli note combien cette vision est élitiste et ne prend pas en compte l’asymétrie des forces dans un marché du travail en berne où le chômage est élevé et l’ascenseur social en panne,
  • « Ce ne sont pas les machines qui font le travail des hommes, mais les hommes qui sont poussés à réaliser un digital labor pour les machines en les accompagnant, en les invitant, en les entraînant », résume le chercheur. Les intelligences artificielles doivent toujours être paramétrées, entraînées et encore très largement supervisées par des humains, malgré les progrès des méthodes d’apprentissage non supervisés. Les progrès fulgurants des IA ces dernières années sont surtout dus à l’explosion des quantités de données d’entraînement : or celles-ci doivent être triées, annotées, préparées par des humains. Et enfin, ces programmes doivent être évalués et corrigés pour pouvoir s’améliorer. Ainsi, les utilisateurs vont utiliser pendant plusieurs années une version beta du service Gmail de Google, pour l’améliorer, ou tagger leurs amis sur des photos et contribuer ainsi sans nécessairement en avoir conscience à l’affinement du service de reconnaissance faciale de Facebook : « C’est un travail humble et discret, qui fait de nous, contemporains, à la fois les dresseurs, les manouvriers et les agents d’entretien de ces équipements. » La question que pose l’intelligence artificielle et l’automatisation, ce n’est donc pas celle de la menace sur l’emploi – mais celle de la transformation profonde du travail pour répondre aux besoins de la machine.
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    "Un spectre hante l'intelligence artificielle, c'est le digital labor. Le dernier livre du sociologue Antonio Casilli , spécialiste des réseaux sociaux et des mutations du travail à l'ère numérique, dresse un panorama sombre des nouvelles formes de travail déconsidéré ou invisible apparues avec l'essor des plateformes et de l'automatisation."
Aurialie Jublin

Une Charte mondiale contre l'uberisation du travail - Pôle emploi - Emploi Pa... - 0 views

  • L’élaboration d’un système de gouvernance internationale qui établisse un socle de droits et protections et impose aux plateformes (et à leurs clients) de les respecter devient donc un enjeu essentiel pour l’OIT qui estime qu’aucune régulation ne pourra se faire en dehors d’instances internationales.
  • Elle propose, entre autres, un droit universel à l’apprentissage tout au long de la vie, une protection sociale universelle de la naissance à la vieillesse, une garantie universelle permettant à tous les travailleurs, quels que soient leur régime contractuel ou leur statut professionnel, de jouir des droits fondamentaux des travailleurs et d’un « salaire assurant des conditions d’existence convenables », etc. Le programme est non seulement très ambitieux mais il est entièrement axé autour de l’idée que l’action majeure est celle de la gestion de la technologie et de sa mise au service d’un travail décent et durable. Et cela passe par une approche dans laquelle l’intelligence artificielle reste sous contrôle humain et implique que « les décisions finales touchant le travail soient prises par des êtres humains ».
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    "Pour son centenaire, l'OIT (Organisation Internationale du Travail) veut faire adopter un programme d'actions mondial pour réguler les évolutions du travail et garantir des droits à tous les travailleurs. Les actions proposées sont extrêmement ambitieuses et seront discutées en juin."
Aurialie Jublin

Souhaite-t-on créer une société à trois vitesses, constituée de salariés, d'i... - 0 views

  • Plutôt que de créer un cadre juridique plus clair et plus juste pour ces travailleurs – qui ont, pour la plupart, le statut de micro-entrepreneurs –, cette idée avance sans le dire vers la reconnaissance du statut d’indépendant. Statut qui, rappelons-le, profite en premier lieu aux plateformes, en ce qu’il les libère des charges et obligations (cotisations sociales et autres) liées au travail salarié.
  • En effet, le principe de l’adoption d’une charte inscrit la relation qui lie les travailleurs à leur(s) plate(s)-forme(s) en droit commercial, et non en droit du travail. Cela aurait pour effet de laisser les plateformes décider seules des conditions de travail et de rémunération, ainsi que de la protection sociale de ces travailleurs.
  • Les chartes prévues, unilatérales, ne contiennent pas de socle minimum de protection. Souhaite-t-on, aujourd’hui en France, déléguer à des entreprises britanniques (Deliveroo) ou américaines (Uber) le soin de déterminer de quelle protection sociale doivent bénéficier des travailleurs français ? Souhaite-t-on créer une société à trois vitesses, constituée de salariés, d’indépendants et de travailleurs au statut hybride, dont les conditions sont ensuite décidées par les juges au cas par cas, aboutissant de facto à la création d’un nouveau précariat ?
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  • De ces consultations, nécessaires à l’élaboration de politiques publiques adaptées aux enjeux du XXIe siècle, il ressort jusqu'à présent que : Le statut des travailleurs des plateformes n’étant pas clarifié, il fait peser sur ces derniers les inconvénients du modèle salarié et du modèle indépendant, d’un côté l’absence de protection sociale et de l’autre l’absence de pouvoir de négociation sur le prix des prestations. La question de la protection sociale de ces travailleurs, de leur couverture en cas d’accidents du travail ou de maladies, doit impérativement être éclaircie, et ce par les pouvoirs publics. De nombreux acteurs préfèrent l’instauration, plutôt que des chartes, d’un véritable dialogue social et l’amélioration de la transparence des plateformes sur les conditions de travail de ces travailleurs.
  • Le Conseil national du numérique rappelle également que les jurisprudences française, espagnole et britannique sont en faveur d’une requalification des travailleurs en salariés et donc d’une protection accrue de ces derniers. Loin d’être à la pointe de l’Europe, et à rebours des décisions de justice, la LOM ferait prendre un retard certain à la France et constitue une fausse réponse à un vrai problème.
  • Pire, elle dissimule les autres pistes susceptibles d’améliorer la situation des travailleurs des plateformes, par exemple une amélioration substantielle du statut d’indépendant. Nous souhaitons que les travailleurs des plateformes soient garantis de la même protection des droits que les autres catégories sociales dans notre pays afin que les plateformes ne puissent s’affranchir des règles de protection sociale existantes.
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    "Le Conseil national du numérique (CNNum) s'oppose à la mise en place des chartes unilatérales de responsabilité sociale des plateformes prévues par la loi d'orientation des mobilités (LOM) et appelle plutôt à l'instauration d'un véritable dialogue social sur les nouvelles formes de travail issues de l'économie numérique."
Aurialie Jublin

[Démocratie/Logiciel libre] Alerte / en marche vers la privatisation de la dé... - 0 views

  • Pourquoi cette entreprise continue à jouer solo, à capter les contributions communes, et malgré toutes les demandes, à fermer son code ? Et par quelle magie est arrivé ce quasi monopole alors que dans d’autres pays de nombreuses solutions libres, ouvertes et transparentes ont fait leur preuve ?
  • Avons-nous compris qu'un code fermé et propriétaire c'est comme un brevet Monsanto ? Qui s'approprie le vivant, qui fait disparaître la diversité du vivant et donc des espèces, qui privatise le commun, qui installe une dépendance mortifère avec sa solution et nécessite de toujours racheter la même solution ? Avons-nous bien compris qu'un code propriétaire s'est s'approprier la richesse offerte par les gens, leur travail, leurs données ?Avons-nous bien compris qu'un code propriétaire c'est une boîte noire en qui personne, je dis bien personne, à part celui qui l’a codé, ne peut avoir confiance ?
  • il n’y a que le logiciel libre qui peut garantir les conditions de transparence, de responsabilité collective (hackers, développeurs, usagers, citoyennes et citoyens, associations de liberté et neutralité du net), qui coopérant les unes avec les autres, peuvent être les seuls garants d’un processus numérique démocratique sincère et sous surveillance.
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  • Je ne sais pas à combien d'entre nous cette proposition a été faite. D’ailleurs ça m’intéresse de savoir qui travaille avec des solutions Cap Co pour comprendre l’entendue du problème et du désastre dans lequel nous nous sommes mis. De notre côté, il en était hors de question, un de nos principes fondateurs était que tout ce qui serait créé par nos petites mains serait libre, public, partageable et pourrait servir à toutes et tous. C’est exactement ce qu’il s’est passé, on s’est servi d’autres travaux d’autres équipes par delà le monde et on a offert nos travaux à d’autres équipes qui les ont adapté en fonction de leurs besoins. Tous ces travaux sont à dispo de toutes et tous. Et n’importe quel codeur peut venir voir le cœur du réacteur, déceler les failles, les signaler, et donc les réparer, etc…
  • Nous avions donc à l'époque refusé cette proposition d’utiliser en marque blanche et gratuitement la plateforme de Cap Collectif. Mais combien ont accepté la bonne affaire ? En toute bonne foi, sans comprendre les enjeux immenses autour de la bataille des bases de données, l'ouverture des données, des choix d'algorithme, de la surveillance. Vous connaissez toutes et tous l'adage, "si c'est gratuit, c'est toi le produit".
  • Revenons un peu en arrière, la plateforme en question originelle qui a donné naissance à Cap Collectif, Parlement et citoyens, a été construite bénévolement par un tas de gens extraordinaires, qui ont vu leur travail capté, et fermé dans Cap Collectif. C’est un tout premier scandale. Qui l'a vendu et revendu à des collectivités ou "prêté" à des expérimentations citoyennes.
  • On arrive aujourd'hui ce mercredi 29 janvier 2019 à un énorme gag sur ce nouvel épisode du Grand débat, opération massive de communication gouvernementale : Cap Collectif met en place les plateformes de tous les cotés CESE, gouvernement, Gilets jaunes, provoquant un énorme malaise de ces derniers lorsqu’ils ont compris qu’ils partageaient le même outil et même prestataire, et une défiance accrue envers les outils au service de l'expression citoyenne pour celles et ceux qui s’intéresseraient aux dispositifs.
  • Cap Collectif étant en mesure de vendre ses plateformes grâce à un immense travail collectif en faveur de la participation citoyenne, dont nous sommes toutes et tous actrices et acteurs ici-mêmes (et pas que nous évidemment), et financé avec les deniers publics, donc l'argent des français, il n'est plus question de continuer à tolérer ce qui était déjà hier intolérable : le code doit être ouvert et publié.
  • Comment imaginer rétablir un lien de confiance dans la société avec des boîtes noires ? La démocratie se fonde sur la transparence de la décision publique, sa souveraineté, sa responsabilité, comment imaginer une seconde que les outils à son service ne soit pas fondé sur les mêmes obligations de transparence, souveraineté et responsabilité ?
  • Premièrement, je demande donc officiellement à Cap Collectif de publier son code. Et je vous demande, chaleureusement, à chacune et chacun d'entre vous, usagers et usagères, en tant qu'orga ou en tant que citoyen.ne.s d'en faire de même. Ou alors d’assumer publiquement votre choix du logiciel propriétaire avec tout ce que cela comporte d’antagonique avec les principes fondamentaux de la démocratie.
  • Deuxièmement, je demande aux instances de Démocratie Ouverte de favoriser la diversité des acteurs, des solutions, de ne plus recommander ou contribuer à des outils en logiciels propriétaires, de ne plus jamais favoriser une entreprise de participation par rapport à d'autres.
  • Enfin je demande à toutes les institutions, aux collectivités, de ne plus reproduire leurs erreurs en utilisant des solutions opaques : erreur sur la souveraineté des données, erreur sur la sécurité des outils, erreur et gabegie budgétaires.
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    "Alors qu'explose en France une demande sans précédent de démocratie de la part des citoyens et des citoyens, de Nuit Debout, aux Gilets jaunes (assemblées réunies à Commercy)... ... celles et ceux qui sont censés être au service de cette participation citoyenne, ne voient pas ou font semblant de ne pas voir, qu'une entreprise s'approprie et capte cette formidable émulation collective, qui représente un commun, puisque financé par des deniers publics et enrichis grâce au travail de toutes et tous. Tous ces efforts collectifs pour mettre les citoyennes et les citoyens au cœur de la démocratie. Pour aller vers la transparence. De la coopération. Du partage. Des communs.  Pour quoi ? Moi je croyais que c'était vraiment notre rêve d'asseoir les citoyennes et citoyens à la table des décisions. A peine née, l'utopie d'une meilleure participation des habitantes et habitants de ce pays est déjà pervertie, et déjà gravement menacée."
Aurialie Jublin

Des plateformes en leurs limites | InternetActu.net - 0 views

  • L’ouvrage commence par remettre la réalité des plateformes en perspective… Après le temps des promesses de l’avènement de « l’économie du partage » (voir notre dossier de 2014) voire de « la quatrième révolution industrielle », Srnicek rappelle que nous en sommes bien loin. Le secteur des technologies reste relativement modeste dans l’économie, tant en terme de valeur ajouté que d’emplois. Le secteur industriel, malgré la désindustrialisation, est encore bien plus flamboyant que le monde des nouvelles technologies.
  • Pour Srnicek, le capitalisme s’est tourné vers les données pour assurer la croissance et la vitalité de l’économie, à l’heure où l’industrie ralentissait. En ce sens, les plateformes sont un nouveau modèle d’entreprise, dont la fonction est d’extraire, de contrôler et de rendre productifs les données. Un « mirage compétitif », comme l’évoquaient Maurice Stucke et Ariel Ezrachi dans leur livre, qui tend à devenir de plus en plus monopolistique.
  • Le capitalisme s’est restructuré autour du numérique, réservoir de nouveaux concepts, d’innovations réelles ou à venir, reposant sur l’extraction des données. Les données sont devenues la matière première à extraire et les activités des usagers, leur source naturelle. Elles sont désormais au coeur du système capitaliste : « elles nourrissent les algorithmes et donnent [aux entreprises] des avantages concurrentiels, elles coordonnent la main d’oeuvre et permettent souvent de l’externaliser, elles optimisent et flexibilisent les processus de production, elles transforment des produits peu rentables en services hautement profitables et, après leur analyse, elles donnent accès à toujours plus de données – dans une sorte de cercle vertueux. »
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  • La plupart des entreprises capitalistes n’étaient pas conçues pour extraire et utiliser des données, mais pour produire des marchandises. Pour améliorer l’extraction de données, un nouveau type d’entreprise s’est développée : la plateforme. Ce nouveau modèle est un intermédiaire entre différents usagers qui vise via des outils ou une infrastructure dédiée à produire des données à exploiter. Leur seconde caractéristique est de reposer sur des effets de réseaux qui favorisent le nombre et donc produits par nature des formes monopolistiques, très rapidement. Autre caractéristique des plateformes, contrairement aux entreprises allégées qui ne visaient qu’à conserver les compétences essentielles au coeur du projet, les plateformes démultiplient les activités rentables et non rentables pour diversifier les données, comme Google fourbit des services gratuits pour capter un maximum de données. Enfin, elles se présentent souvent comme des espaces ouverts, alors que les services sont entièrement déterminés par leurs propriétaires. Bien que se présentant comme des intermédiaires, les plateformes contrôlent et gouvernent les règles du jeu !
  • Srnicek distingue 5 catégories de plateformes : la plateforme publicitaire (type Google ou Facebook qui consiste à extraire de l’information pour vendre de l’espace publicitaire), la plateforme nuagique (type Amazon Web Services… qui loue de l’équipement à la demande), la plateforme industrielle (comme celles développées par GE ou Siemens… qui visent à transformer la production industrielle en processus produisant des données), la plateforme de produits (comme celles mises en place par Rolls Royce ou Spotify… qui transforment les produits en service sous forme de location ou d’abonnement) et enfin, la plateforme allégée (type Uber ou Airbnb… qui réduisent les actifs au minimum et dégage des profits en baissant au maximum leurs coûts de fonctionnement).
  • Plus qu’un digital labor, concept à l’égard duquel le philosophe semble méfiant, les plateformes publicitaires reposent sur l’appropriation des données et leur raffinage pour assortir annonceurs et usagers. Ce modèle n’est pas seulement prédominant sur internet : Dunnhumby, propriété de Tesco, est une entreprise d’analyse des habitudes de consommation. Ces plateformes publicitaires ont connu un grand succès. Leurs revenus, leurs profits sont élevés.
  • Les plateformes nuagiques permettent aux entreprises de sous-traiter leur développement technologique. Le modèle locatif permet aux entreprises qui développent des services en ligne de collecter de nouvelles données pour renforcer l’extraction. Là encore, les profits et revenus s’envolent.
  • Les plateformes industrielles, comme MindSphere de Siemens ou Predix de GE, sont certainement moins connues. Elles consistent à introduire des capteurs et des puces dans la chaîne de production pour améliorer la traçabilité logistique, afin d’optimiser l’efficacité du processus de production, de développer de la personnalisation dans la chaîne de montage et dans la chaîne de distribution. Ces plateformes construites pour collecter des mégadonnées de filières industrielles spécifiques, sont, elles aussi, particulièrement rentables.
  • Les plateformes de produits et de services en tant que produits reposent pour beaucoup sur le modèle de l’abonnement, à l’image de Spotify ou encore de Rolls Royce, qui, pour ses moteurs d’avion, fait payer les compagnies aériennes pour l’utilisation de ses moteurs plutôt que de les leur vendre. En retour, Rolls Royce prend en charge l’entretien et les pièces de rechange. En récupérant ainsi les données, ces plateformes améliorent leurs produits, à l’image de Rolls Royce qui a pu ainsi améliorer la consommation de carburant de ses moteurs et leur durée de vie, au détriment de ses compétiteurs.
  • Enfin, les plateformes allégées externalisent à maximum leurs coûts. La plateforme contrôle uniquement ce qui lui permet de percevoir une rente de monopole (un pourcentage sur les transactions qu’elle facilite). C’est là clairement le modèle d’Uber ou de Airbnb, de TaskRabbit ou Mechanical Turk. Mais, rappelle Srnicek, ce phénomène n’est pas propre au numérique. Le marché des travailleurs journaliers, des emplois informels, de la sous-traitance… bref du travail traditionnel… est également très proche de ce modèle.
  • Le numérique y ajoute une couche de surveillance. Aux États-Unis, les emplois non conventionnels représenteraient 15 millions de travailleurs soit 10 % de la main d’oeuvre du pays en 2005, et 15,8 % en 2015. Ces emplois non conventionnels ont même dépassé le nombre d’emplois créés entre 2005 et 2015 aux États-Unis (9,4 millions contre 9,1 millions). Reste que l’accélération de la précarisation de l’emploi n’est pas tout entier imputable aux plateformes numériques. On estime que l’économie du partage en ligne représente 1 % de la main-d’oeuvre américaine et que les chauffeurs d’Uber en représenteraient la grande majorité. En fait, ce secteur demeure encore relativement marginal, estime Srnicek. Ces plateformes prolongent la précarisation du travail initié par les entreprises allégées dès les années 70. Srnicek rappelle très justement que ce travail « autonome » demeure largement contraint 
  • Pour Srnicek, ces entreprises qui bénéficient de force investissements, sont un phénomène consécutif à la crise de 2008, mais Uber, Airbnb et Didi Chuxing (le concurrent chinois d’Uber), ont raflé à elles trois en 2015 59 % du financement des entreprises émergentes des services à la demande. Elles ont surtout bénéficié de capitaux excédentaires cherchant des opportunités de rendements élevés dans un contexte de faible taux d’intérêt. Pour Srnicek, la rentabilité des plateformes allégées est encore largement à prouver. Elle repose sur leur capacité à comprimer les coûts et à abaisser les salaires… comme on le constate dans le monde des livreurs à vélo où le prix de la course n’a cessé de s’effondrer.
  • Srnicek en tire un enseignement qui va à l’encontre des discours ambiants sur le modèle des plateformes : « le modèle allégé reste un joueur marginal », qui ne survit que par l’apport de capital-risque plutôt qu’en générant ses propres revenus. « Loin d’incarner l’avenir du travail ou de l’économie, il est fort probable que ces modèles finissent par s’écrouler dans les années à venir ».
  • Reste souligne Srnicek, que « nous n’assistons pas à la fin de la propriété, mais bien à sa concentration ». Les plateformes en imposant leur monopole sur l’extraction des données sont en passe de devenir « propriétaires de l’infrastructure même de la société ».
  • Le problème est que les monopoles qu’elles construisent sont donc de plus en plus importants. Qui pourrait aujourd’hui venir défaire le monopole d’un Google par exemple ? Pour autant, cela ne signifie pas que la concurrence est morte, souligne Srnicek, mais qu’elle a changé de forme. Pour lui, nous serions plutôt dans un colonialisme de plateforme, un moment où la capitalisation sur la quantité et la diversité des données importent plus que leur qualité.
  • Outre l’extraction de données, l’autre travail des plateformes repose sur leur capacité d’analyse et de traitement qui participe lui aussi à la concentration. D’où les investissements massifs dans l’intelligence artificielle : « le moindre goulot d’étranglement dans la circulation de données (…) contribue à entraver la production de valeur ». Pour Srnicek, l’expansionnisme des plateformes repose sur un modèle de convergence, tant et si bien que malgré leurs différences, les grandes plateformes se concurrencent de plus en plus entre elles.
  • Pour Srnicek, cette tendance devrait à terme se cristalliser dans des écosystèmes de plus en plus clos : « la concurrence capitaliste risque fort bien de mener à une fragmentation d’internet » que seule une intervention politique pourrait ralentir ou renverser.
  • Encore faudrait-il être sûr que la concurrence soit encore une caractéristique du capitalisme tel qu’il s’est transformé ces dernières années… C’est peut-être oublier combien celui-ci est en train de muter. Les comportements assez similaires des grandes plateformes, leurs ententes et collusions, montrent que si elles se font effectivement une petite guerre entre elles, leurs principes semblent imposer une vision du monde sans grande concurrence. Le retour des monopoles, le fait que d’énormes conglomérats dominent les marchés, souligne que nous ne sommes peut-être plus dans un capitalisme où la concurrence était un préalable. Peut-être que l’analyse de Srnicek n’est peut-être pas assez radicale ?
  • La conclusion de Srnicek est limpide. Le numérique ne nous conduit pas du tout à dépasser le capitalisme. Nous restons dans une économie où règne la concurrence et la rentabilité. Pour lui cependant, le modèle des plateformes fait face à un défi d’importance qui risque d’éprouver leurs limites : la crise de la production industrielle. Depuis 2008, la croissance est en berne. La Chine elle-même connaît une surcapacité industrielle, qui entraîne une baisse des prix… L’internet industriel est vu comme un espoir pour inverser la situation et ajuster la production à la demande. Or, souligne Srnicek, l’internet industriel lui-même ne semble pas capable de transformer le mode de production en profondeur : il se cantonne plutôt à réduire les coûts et le temps de production, plutôt que d’améliorer la productivité ou de développer de nouveaux marchés. L’internet industriel vise plutôt à agir sur la baisse des prix, et ce alors que l’austérité tend à diminuer la demande et à faire chuter la productivité. Quant au capital, explique-t-il, il cherche un peu partout les moindres opportunités, mais sans qu’elles soient raccord avec les difficultés actuelles.
  • Pour Srnicek, le scénario le plus probable est que les plateformes se propagent dans tous les secteurs, alors que la concurrence les entraîne à se refermer sur elles-mêmes. Les plateformes publicitaires pourraient être poussées à offrir des services payants, alors que les plateformes allégées pourraient être amenées à se transformer en plateformes de produits. « En dernière analyse, il semble que le capitalisme de plateforme tende inéluctablement à prendre la forme d’un échange d’une rente contre un service ». C’est-à-dire à construire des rentes par ceux qui souhaitaient les défaire…
  • La grande promesse de libération des plateformes, de fluidification de l’économie, se termine sous la forme de simples droits de péages (le fameux 30 % de marge qu’elles pratiquent toutes peu ou prou) pour accéder aux services, selon le modèle de bien des entreprises traditionnelles qu’elles prétendaient détrôner.
  • Dans une conclusion certainement trop rapide, Nick Srnicek, rappelle que les enjeux à venir consistent à s’opposer aux monopoles, à développer d’autres types de plateformes qui bénéficient à ceux qui les utilisent, à l’image du coopérativisme de plateforme, à lutter contre l’ubérisation, c’est-à-dire contre la précarisation, qu’induisent les plateformes allégées, à lutter contre l’évasion fiscale et l’exploitation des données… Pour lui, pour agir sur ce qui a permis le développement des plateformes, il est nécessaire de construire des plateformes publiques, de collectiviser les plateformes existantes pour mettre leurs données au service d’une meilleure redistribution des ressources, d’une plus grande participation… D’imaginer une autre innovation ne reposant plus sur l’optimisation capitalistique. Dommage que cette dernière partie ne dépasse pas l’appel d’intention.
  • Pour Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, dans Des machines, des plateformes et des foules (2018), la plateforme était encore définie comme une solution magique, puissante, sans réelle externalité (« la plateforme est un environnement numérique qui se caractérise par un coût marginal d’accès, de reproduction et de distribution proche de zéro »). La catégorisation de Srnicek apporte donc un peu de complexité et de mise en perspective et permet de relativiser l’enthousiasme et la fascination pour les plateformes, longtemps vues comme des infrastructures qui mettent en correspondance l’offre et la demande.
  • La plateforme était surtout un instrument pour industrialiser la création de valeurs et accélérer les rendements d’échelle nécessaires à l’établissement d’une position dominante sur les marchés, via un ensemble de mécanismes allant du crowdsourcing à l’appariement, en passant par des technologies comme les API et toutes les capacités offertes aux développeurs tiers. Reste que ces mécanismes et ces technologies ne sont plus magiques.
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    "En attendant leurs nouvelles publications, intéressons-nous au précédent livre de Nick Srnicek Plaform Capitalism (2016), qui vient d'être traduit en français sous le titre Capitalisme de plateforme (Lux éditeur, 2018). Il est certainement moins ambitieux sur le plan politique que son manifeste, mais très stimulant pour comprendre les transformations concrètes de l'économie numérique. Ce court essai d'analyse de la réalité économique des plateformes nous aide à en saisir leur impact en les situant dans leur réalité économique."
Aurialie Jublin

Conditions de travail des livreurs : Frichti dans la tourmente - Libération - 0 views

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    Après la publication du témoignage d'un livreur, la start-up française Frichti a été épinglée pour ses conditions de travail. Depuis, un débat s'est ouvert sur les réseaux, notamment sur le recours au statut d'auto-entrepreneur.
Aurialie Jublin

Relations humaines et artisanat : le futur des services publics - 0 views

  • La solution ? Changer la logique des services bureaucratiques afin de remettre la relation humaine au cœur du système. Pour cela, il faudrait pouvoir coordonner toutes les offres de services existantes, permettre aux professionnels, aux amateurs et aux particuliers de créer une expérience communautaire, où, parfois, les relations amicales qui auront pu se développer viendront se substituer aux services que les professionnels n’arrivent pas vraiment à rendre. La technologie permet comme jamais auparavant de mettre en réseau différents acteurs pour recréer des communautés qui ont disparu.
  • Les liens que nous formons nous rendent heureux, nous soutiennent et nous aident. Mais ces liens ont été intentionnellement éliminés des systèmes que nous avons construits dans l’après-guerre. Beveridge n’avait pas de foi dans les émotions. Il était convaincu qu’il fallait préférer un système impersonnel. La standardisation du service devait permettre la baisse du coût unitaire de production. C’est comme cela que l’on parviendrait à servir des millions de personnes à un coût abordable. Malheureusement, si ce système a indéniablement créé de la valeur pendant plusieurs décennies, il a aussi rapidement engendré une augmentation de la solitude et un affaiblissement des liens sociaux.
  • “Les relations humaines sont la ressource la plus précieuse dont nous disposons”, écrit Cottam. L’offre de services de proximité telle qu’elle est structurée aujourd’hui minimise l’importance des relations singulières entre individus. Le modèle fordiste et sa recherche des gains de productivité par l’organisation scientifique du travail ont façonné la manière dont on a structuré toutes les activités au XXe siècle, dans le secteur public comme dans le secteur privé.
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    " « L'argent ne fait pas tout », explique Hilary Cottam. « Au cœur de cette nouvelle manière de travailler, il y a la relation humaine. J'ai constaté que lorsque les gens se sentaient soutenus par des relations humaines fortes, il pouvait y avoir du changement. » Il est temps de comprendre que les services de proximité, y compris (surtout ?) ceux rendus par la puissance publique ne doivent pas être condamnés à être dévalorisés par la logique de production de masse et d'organisation scientifique du travail. Nous avons tout à gagner à y mettre une logique artisanale, qui permet les relations singulières, la personnalisation, la créativité et l'autonomie. C'est sans doute ce dont notre siècle a le plus besoin."
Aurialie Jublin

Pourquoi la technologie n'est pas démocratique et comment elle peut le devenir - 0 views

  • les technologies font rarement l’objet de débats démocratiques, il nous semble même étrange d’accoler les deux termes, comme si ce qui était « technique » sortait par principe de la sphère du débat. Les seuls critères peut-être, qui mériteraient des discussions, seraient les analyses coûts / bénéfices et les risques sanitaires et environnementaux.
  • Comment expliquer ce déficit démocratique ? Sclove le met sur le compte d’un malentendu à propos de la technologie : nous aurions trop tendance à penser chaque objet à travers un usage unique. Un marteau par exemple, sert à planter un clou et ce serait tout. En fait, lorsqu’un homme plante un clou, il développe ses muscles, sue, s’affirme, se souvient des mythes de Vulcain et Thor, du garage de son grand-père, etc. Le marteau lui, a nécessité de couper un arbre, extraire du minerai de fer, c’est un objet plutôt utilisé pour travailler seul (il n’a qu’un manche) qui véhicule donc une certaine forme d’organisation du travail. Comme toutes les technologies, les marteaux sont « polypotents », c’est-à-dire bourrés d’effets secondaires et d’externalités de toutes sortes qui passent bien souvent à la trappe. C’est au regard de ces effets qu’une démocratie devrait pouvoir anticiper, jauger, et décider ou non d’adopter une technologie.
  • La seconde critique affirme que « prévoir » les externalités positives ou négatives d’une technologie est difficile. Sclove l’admet volontiers mais nuance néanmoins : il reste que les citoyens sont les plus à même de savoir si une technologie va changer leur vie, les forcer à travailler ensemble ou isolément, procurer du plaisir ou de l’apathie, accroitre ou non l’autonomie ou la dépendance à une entité centralisée. Qui plus est, la démocratie technique n’agit pas qu’à l’endroit des nouveautés, elle concerne également le régime technologique présent : questionner l’existant est aussi une manière de ne pas le renforcer dans ses défauts.
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  • Mais tout n’est pas si simple et les résistances sont nombreuses. La démocratie technique souffre de deux critiques majeures. La première prétend que les gens simples ne sont « pas capables » de prendre ce genre de décisions, ne font pas le poids face aux avis d’experts, en bref, la parole populaire est envisagée comme un risque à ne pas prendre.
  • En fait, les freins à la démocratie technique sont ceux dont souffre la représentativité citoyenne en général (la démocratie participative, le tirage au sort) : une certaine peur de la parole populaire et une foi aveugle en un régime technocratique qui pourrait s’absoudre de toute position idéologique, quand bien même il est incapable d’observer les siennes. Cela s’explique. Pour Sclove, les citoyens ont davantage d’intérêt au développement de la démocratie que les experts car ils sont plus à même de comprendre comment la technologie va concrètement changer leur vie.
  • Très concrètement, les technologies peuvent être autoritaires (quand par exemple elles perpétuent des hiérarchies illégitimes), individualisées (lorsque les individus peuvent leur attribuer seuls un rôle ou un autre), communautaires ou coopératives (lorsqu’elles perpétuent des hiérarchies légitimes, par exemple une hiérarchie qui amène à plus de démocratie), de masse (ce qui implique une élite détachée du reste) et transcommunautaires (qui facilite les relations entre plusieurs communautés).
  • De cette patiente déconstruction des enjeux démocratiques liés aux différents régimes technologiques, Richard Sclove dégage un certain nombre de critères de nature à faciliter la prise de décision démocratique. Pour commencer, il faudrait veiller à trouver le juste équilibre entre toutes ces formes de technologies (c’est-à-dire le bon rapport de pouvoir). Richard Sclove propose ensuite de « limiter les techniques débilitantes »
  • Parmi les autres « critères de conception démocratiques », Richard Sclove mentionne les technologies permettant une relative autonomie, capables de contenir les externalités environnementales et sociales à l’intérieur du domaine politique local, soutenables écologiquement et flexibles, c’est-à-dire susceptible de recevoir des évolutions facilement.
  • Ces critères peuvent bien sûr soulever un certain nombre de craintes légitimes. Un cadre aussi strict n’est-il pas l’assurance de signer l’arrêt de mort de toute innovation ? Richard Sclove répond par la négative. D’une part, les procédés démocratiques qu’il promeut (inspirés des modèles de conférences de consensus et autres conférences citoyennes) agissent toujours à un niveau relativement local. Si une technologie n’est pas adoptée à un endroit, elle le sera probablement ailleurs, l’objectif étant de favoriser un pluralisme technologique. Si la technologie s’avère être sans risque, alors elle pourra se diffuser.
  • Entrer dans le concret est une autre paire de manche. Pour Sclove, la première étape doit être celle de la prise de conscience. Il faudrait commencer au niveau local, par inventorier les technologies selon les critères déjà expliqués.
  • Il faudrait aussi changer de regard sur la technologie, les discours médiatiques sont bien souvent focalisés sur des « découvertes stupéfiantes » et autres « récits sensationnels ». Il faut une critique sociale de la technologie qui ne soit pas une parole descendante de la part des « experts-qui-éclairent-les-masses. »
  • Concernant le type d’institutions à mettre en place, pas de suspense, il faut tester, échouer, apprendre. De nombreuses approches déjà bien documentées ont fait leurs preuves. Le point sensible reste la bonne représentativité des citoyens. Structurellement, les experts sont surreprésentés car le personnel politique, peu formé et en manque de temps, se repose sur un personnel non-élu qui les sollicite. Ceux-là sont rarement impartiaux, peu à même d’envisager les implications sociales et politiques d’une technologie et participent pourtant à des décisions d’envergure (comme on l’a vu dans le cas des systèmes automatisés pour les aides sociales). I
  • Pour autant, nous ne devrions pas totalement baisser les bras : il reste des tas d’endroits où un contrôle démocratique est possible et même souhaitable : transport et mobilité, urbanisme, automatisation du travail, ces champs sont bien souvent laissés à l’appréciation d’entreprises, de techniciens et d’experts qui peinent à solliciter les citoyens (si tant est qu’ils le veuillent).
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    "L'innovation, loin de n'être qu'une affaire technique, transforme profondément et durablement les sociétés. La plupart des technologies sont pourtant adoptées sans qu'aucun processus démocratique ne soit mis en oeuvre. Le citoyen peut-il avoir son mot à dire, et sous quelle forme ? Cette question essentielle a été posée il y a 15 ans par Richard Sclove, fondateur du Loka Institute. Mais Où Va Le Web, média d'analyse souhaitant « p(a)nser le numérique », s'est plongé dans un essai d'autant plus intéressant qu'il promeut des procédés démocratiques concrets, des conférences de consensus aux « Déclarations d'impact social et politique »"
Aurialie Jublin

L'internet des familles modestes : les usages sont-ils les mêmes du haut au b... - 0 views

  • Le plus étonnant finalement, c’est de constater que pour des gens qui se sont équipés sur le tard, combien ces usages sont devenus aisés et rituels. Je m’attendais à trouver plus de difficultés, plus d’angoisses… Mais cela n’a pas été le cas. Les familles modestes se sont emparées d’internet à toute vitesse. Ils font certes des usages plutôt utilitaristes de ces outils polymorphes. Ils ont peu de pratiques créatives. Participent peu. Mais n’en ont pas particulièrement besoin. L’outil s’est glissé dans leurs pratiques quotidiennes, d’une manière très pragmatique. Les gens ont de bonnes raisons de faire ce qu’ils font de la manière dont ils le font.
  • Oui, internet est une seconde école. Et ce constat n’est pas sans vertus pour des populations qui bien souvent ne sont pas allées à l’école ou qui n’ont pas le bac. Internet leur propose des manières d’apprendre qui leur correspondent mieux, sans hiérarchie ni sanction. On pourrait croire par exemple qu’en matière d’information ils ne recherchent pas des choses importantes, mais si. Ils cherchent à comprendre les termes qu’emploient le professeur de leurs enfants ou le médecin qu’ils consultent. Quelque chose s’est ouvert. L’enjeu n’est pas pour eux de devenir experts à la place des experts, mais de parvenir à mieux argumenter ou à poser des questions. D’être mieux armés.
  • La dématérialisation de l’administration est inhumaine et brutale. Les familles modestes utilisent peu le mail. Leurs adresses servent principalement aux achats et aux relations avec les administrations. Mais les courriers de l’administration se perdent dans le spam qu’ils reçoivent des sites d’achat. Pour eux, le mail est un instrument de torture et ce d’autant plus qu’il est l’outil de l’injonction administrative.
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  • Pour les familles modestes, le mail n’est pas un outil de conversation agréable. Il est asynchrone et écrit. Envoyer et attendre une réponse ne correspond pas aux valeurs du face à face dans l’échange, qui reste très fort dans les milieux populaires. Il demeure de l’ordre du courrier, ce qui en fait un dispositif formellement distant.
  • Les usagers ne sont pas contre la dématérialisation pourtant. Le public que j’ai rencontré utilise quotidiennement les applications bancaires par exemple, matins et soirs. Ils n’ont pas de mal à gérer leurs factures en ligne. Mais les relations avec les institutions sociales, en ligne, sont particulièrement difficiles.
  • Les familles disposent bien souvent d’une seule adresse mail partagée. C’est un moyen de tenir un principe de transparence familial… (et de surveillance : une femme ne peut pas recevoir de courrier personnel). Ce principe de transparence se retrouve également dans les comptes Facebook, dans les SMS,… La famille intervient sur les comptes de ses membres, on regarde les téléphones mobiles des uns et des autres. On surveille ce qu’il se dit. Les familles modestes ne voient pas de raison à avoir des outils individuels.
  • Effectivement, l’internet n’est jamais vu comme un moyen de contribution. J’ai demandé ainsi à une femme qui souhaitait se remarier et qui me confiait avoir beaucoup consulté de forums pour se décider à franchir le pas de la famille recomposée… si elle posait des questions sur ces forums. Elle m’a clairement répondu non, comme si c’était impensable. Ce qui l’intéressait c’était la réponse aux questions qu’elle aurait pu poser.
  • Ces partages se font avec des gens qu’on connaît. On ne cherche pas à étendre sa sociabilité.
  • Les gens que j’ai vus ne sortent pas de leur monde, sauf en ce qui concerne les connaissances, mais pas en matière de culture ni de sociabilité. Ils utilisent internet pour apprendre des choses qu’ils ne connaissent pas ou perfectionner des pratiques, comme le tricot, la cuisine, le jardinage… Mais ce n’est pas une ouverture sur des nouveaux goûts culturels. Il n’y en a pas du tout dans mon public. Les liens partagés servent aussi beaucoup à rappeler le passé, à le célébrer ensemble une nostalgie. Leur fonction consiste plus à évoquer une culture commune et à renforcer le consensus qu’à une ouverture culturelle. Mais ces résultats auraient certainement été très différents si j’avais regardé les pratiques de leurs enfants.
  • « Sur le Bon Coin, chacun garde sa fierté ». Y vendre ou y acheter des produits, même très peu chers – et beaucoup des produits qu’on y échange le sont pour quelques euros -, c’est un moyen de conserver sa fierté, d’affirmer qu’on n’est pas des assistés. Il faut entendre l’omniprésence de la peur du déclassement dans ces populations, limites financièrement.
  • En tout cas, il n’y a plus ce qu’observait Olivier Schwartz, à savoir que les femmes trouvaient leur épanouissement dans la tenue du foyer. Il faut dire que contrairement aux enquêtes qu’il a réalisées dans les familles de mineurs, ces femmes travaillent. C’est sans doute la transformation du marché du travail qui fait bouger les lignes à la maison.
  • Pour autant, ce n’est pas la guerre non plus. On trouve plus d’endroits où on échange des maximes célébrant le couple que le contraire. C’est moins vrai pour les hommes célibataires. Dans les milieux populaires, les hommes sans qualification (comme les femmes trop qualifiées) ont du mal à entrer en couples. D’où l’expression d’un vif ressentiment.
  • Les mères, qui se sont mises au jeu et qui ont compris qu’elles étaient accros à leur tour, ont une meilleure compréhension de ce qu’il se passe quand on ne peut pas s’arrêter. Les disputes sur le temps d’écran sont moins présentes. Reste qu’une grande partie de la vie des enfants échappe au périmètre familial et c’est difficile à vivre pour les parents. Ils ont l’impression parfois de contrôler ce que font leurs enfants en ligne, mais ils se trompent.
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    "Alors qu'il n'y a pas si longtemps, la fracture numérique semblait ne pouvoir se résorber, les usagers les plus modestes semblent finalement avoir adopté les outils numériques très rapidement, à l'image de l'introduction de la photographie au début du XXe siècle dans les sociétés rurales traditionnelles qu'évoquait Pierre Bourdieu dans Un art moyen. L'internet des classes dominantes et urbaines a colonisé la société, rapporte Dominique Pasquier dans son étude où elle s'est intéressée aux employées (majoritairement des femmes) travaillant principalement dans le secteur des services à la personne et vivant dans des zones rurales. En matière de temps, d'utilisation des services en lignes, les usages d'internet des plus modestes ont rejoint les taux d'usages des classes supérieures. Reste à savoir si les usages sont les mêmes du haut au bas de l'échelle sociale. Interview."
Aurialie Jublin

[Travail] Jobs du clic : la France compte plus de 250 000 micro-travailleurs ... - 0 views

  • Le nombre de micro-travailleurs en France n’est pas anecdotique : de 15 000 personnes pour les plus réguliers à plus de 250 000 pour les moins actifs. Un groupe de chercheurs de Télécom ParisTech, du CNRS et de MSH Paris Saclay vient de publier une étude tentant de quantifier le nombre de ces « travailleurs du clic », invisibilisés et précarisés, qui effectuent de petites tâches numériques rémunérées à la pièce.
  • un groupe de 14 903 micro-travailleurs « très actifs », car présents sur des plates-formes de micro-travail au moins une fois par semaine ;un deuxième de 52 337 utilisateurs réguliers, plus sélectifs et présents au moins une fois par mois ;enfin, un troisième groupe de 266 126 travailleurs qu’ils estiment occasionnels.
  • « Ces estimations sont à interpréter comme des ordres de grandeur. Dans la mesure où ils dépassent le nombre des contributeurs des plates-formes plus médiatisées telles Uber ou Deliveroo, ces chiffres élevés demandent l’attention autant des pouvoirs publics que des partenaires sociaux », précisent les auteurs.
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  • Pour y parvenir, ils ont combiné trois méthodes : prendre en compte des chiffres déclarés par les plates-formes qui recrutent en France, poster des offres de tâche sur les plates-formes pour voir qui y répondait et, enfin, mesurer l’audience de ces plates-formes.
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    "Un groupe de chercheurs vient de publier une étude estimant pour la première fois le nombre de ces travailleurs précaires et invisibilisés du numérique en France."
Aurialie Jublin

Une IA concertée et open source comme outil éducatif pour les citoyens et les... - 0 views

  • Un autre aspect particulier du projet est d'explorer le concept de "privacy by using" et de faire du projet un outil de sensibilisation et d'éducation aux problématiques d'éthique et de protection de la vie privée dans les services intégrant de l'IA. 
  • Dans ce sens, nous travaillons sur des contenus et des formats (ateliers et rencontres de type barcamp) spécifiquement pensés de manière ludique pour les écoles afin de sensibiliser dès le plus jeune âge aux problématiques liées aux biais et à l'économie de l'attention, problématiques inhérentes à la "vie numérique" de l'époque actuelle et qui vont s'avérer toujours plus critiques avec le développement de l'IA (de plus en plus d'enfants sont confrontés très tôt à des services potentiellement problématiques, en particulier avec le boom des assistants vocaux).
  • Ainsi, en combinant la méthode "society in the loop" et l'approche "privacy by using", le projet permet de constituer de façon concertée une base de connaissances libre et ouverte tout en participant à l'éducation de la société sur les enjeux et les bonnes pratiques d'une intelligence artificielle d'intérêt général éthique et responsable.
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    "Je travaille depuis quelques temps avec Matteo Mazzeri sur un projet de recherche appliquée en partenariat avec le CERN (cf. https://twitter.com/Genial_Project) qui propose une approche assez singulière de l'articulation entre intelligence artificielle (IA) et service public. Il s'agit de concevoir une "IA concertée" et open source qui permette de développer des services d'intérêt général / à vocation de service public. L'originalité de notre approche est d'appliquer le concept de "society in the loop" exposé par le MIT Medialab (concept très bien expliqué en français par Irénée Régnauld dans cet article) de manière à proposer une méthodologie, un travail humain sur les données et des modèles d'apprentissage qui permettent de refléter au plus près les besoins de "la société" et d'aboutir à une IA éthique et responsable."
Aurialie Jublin

[Données] La boîte noire - 0 views

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    "De nombreuses informations concernant le travail des forces de sécurité sont encore trop souvent inaccessibles, imprécises, ou rarement mises à jour. Une meilleure transparence permettrait pourtant une meilleure compréhension de leur travail. Ce site présente une liste des données et, en fonction des services, détaille leur disponibilité, l'échelle géographique couverte et la fréquence de mise à jour. Pour suggérer des donnes à ouvrir, donner des précisions ou signaler des erreurs, ou pour tout autre question : index@lepanierasalade.fr Une initiative du Panier à salade, réalisée par Paul Joannon. Le code source de ce site est disponible ici."
Aurialie Jublin

Travailleurs de plates-formes : un nouveau « régime juridique » à l'étude - 0 views

  • « A la suite du jugement de la Cour d'appel de Paris, il y a nécessité que le législateur s'empare rapidement du sujet et définisse un nouveau régime juridique précisant les liens entre les travailleurs et les plates-formes », explique-t-on dans l'entourage de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Ses services souhaitent aller vite pour intégrer ce nouveau régime dans la future loi LOM. Le report de son examen pour cause de grand débat national tombe bien.
  • Conséquence : si une plate-forme adopte une charte, elle ne pourra pas faire son marché dans les sujets énumérés par la loi. Elle devra tous les traiter, y compris « les règles garantissant le caractère non-exclusif de la relation entre les travailleurs et la plate-forme et la liberté pour les travailleurs d'avoir recours à la plate-forme » ou encore « les modalités visant à permettre aux travailleurs d'obtenir un prix décent pour leur prestation de service ».
  • En outre, le Conseil d'Etat alerte sur l'obligation de respecter le préambule de la Constitution de 1946, qui impose de faire bénéficier d'une participation aux bénéfices de l'entreprise « tous ceux qui sont intégrés de façon étroite et permanente à la communauté de travail qu'elle constitue, même s'ils ne sont pas salariés ».
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    "A la suite de l'arrêt de la cour d'appel de Paris rendu vendredi dernier contre Uber, le ministre du Travail va engager des discussions avec les plates-formes mais aussi les parlementaires et les organisations syndicales. Objectif : intégrer le nouveau « régime juridique » dans la future loi LOM"
Aurialie Jublin

Artificial Intelligence & Human Rights | Berkman Klein Center - 0 views

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    L'intelligence artificielle (IA) est en train de changer le monde sous nos yeux. Le potentiel que présente l'IA pour améliorer nos vies est énorme. Des systèmes reposant sur l'IA sont déjà plus performants que des médecins spécialistes pour diagnostiquer certaines maladies, tandis que l'utilisation de l'IA dans le système financier élargit l'accès au crédit à des emprunteurs qui étaient autrefois ignorés. Toutefois, l'IA présente aussi des inconvénients qui viennent assombrir son potentiel considérable. Les systèmes reposant sur l'IA ont une incidence sur le droit à la vie privée étant donné qu'ils dépendent de la collecte et de l'utilisation de vastes quantités de données pour faire des prédictions qui, dans de nombreux cas, ont pour effet de perpétrer des tendances sociales de préjugés et de discrimination. Ces possibilités dérangeantes ont donné lieu à un mouvement qui cherche à intégrer des considérations éthiques dans le développement et la mise en œuvre de l'IA. Ce projet, en revanche, démontre l'utilité considérable d'utiliser la législation sur les droits de la personne pour évaluer et aborder les répercussions complexes de l'IA sur la société. La législation sur les droits de la personne fournit un ensemble de normes communément admis et un langage commun ainsi qu'une infrastructure institutionnelle pour contribuer à faire en sorte que le potentiel de l'IA soit réalisé et que ses plus grands périls soient évités. Notre projet vise à faire progresser la conversation émergente sur l'IA et les droits de la personne en évaluant les répercussions sur les droits de la personne de six utilisations courantes de l'IA. Notre cadre de travail reconnaît que les systèmes d'IA ne sont pas déployés sur un canevas vierge, mais plutôt sur la toile de fond de conditions sociales qui ont elles-mêmes des répercussions complexes préexistantes sur les droits de la personne
Aurialie Jublin

SORI : les tendances à l'œuvre dans l'usine du futur - Metis - 0 views

  • Pour Hervé Valliet, le robot ne tue pas l’emploi. Il permet de retrouver de la compétitivité, ce qui engendre une augmentation du chiffre d’affaires, et permet la création de nouveaux emplois. SORI a créé cinq nouveaux emplois en deux ans, uniquement à la production, et prévoit d’en créer au moins cinq autres dans les deux ans qui viennent grâce à l’augmentation des volumes. À la question « jusqu’où voudriez-vous croître ? », Hervé Valliet répond que 50 personnes lui semblent être un palier, et ce point de vue semble partagé par le personnel. Au-delà, cela deviendrait un autre type d’entreprise.
  • En matière d’organisation du travail : Associer les personnels à l’introduction de technologies — mise au point du cahier des charges, choix de l’équipement, adaptation et réglage, révision du processus de production — permet d’optimiser l’outil et de faciliter son acceptation par les équipes. Lorsque l’autonomisation des personnes précède l’introduction des technologies, leur appropriation est plus aisée et plus efficace. L’autonomie résulte souvent de la volonté et de l’exemplarité du dirigeant qui fait un pari sur la confiance et apprend à lâcher prise. Réduire ou supprimer la hiérarchie intermédiaire permet d’évacuer le territoire de la décision, ce qui favorise l’autonomie des opérateurs. Le droit à l’erreur et la transparence sont des facteurs qui construisent la confiance. La prise en compte dès la conception de la manière dont sera fabriqué le produit est un facteur d’efficience. Elle met en cause la séparation « taylorienne » entre bureau d’études, méthodes et fabrication.
  • En matière de gestion des compétences : Adapter les compétences par la formation est un enjeu prioritaire. Ces formations peuvent être courtes et développées avec les fournisseurs de solutions. Il faut tenir compte du fait que la formation peut susciter des résistances chez les personnels de production, et les préparer en amont. Regarder le potentiel des personnes, les savoir-être et les capacités dont témoigne le hors CV permet d’ouvrir les sources de recrutement sur un marché des compétences tendu pour les emplois de production.
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    "Le cas de SORI, une entreprise manufacturière de 38 salariés en Isère, permet de visualiser les conditions et étapes d'une transformation vers l'usine du futur à l'échelle d'une PME. Côté organisation du travail et compétences : Une organisation basée sur l'autonomie et la confiance, qui a nécessité un changement radical au Bureau d'études, le recrutement basé sur le savoir-être plutôt que sur les compétences techniques, et beaucoup de formation."
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