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Aurialie Jublin

Le Défenseur des droits appelle le Gouvernement à respecter les droits des us... - 0 views

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    "Or la responsabilité de l'État est de ne pas dématérialiser un service sans mettre à disposition une alternative papier ou humaine faute de quoi l'usager perd toute possibilité d'échanger avec l'administration lorsqu'un bug informatique se produit ou lorsqu'un dossier est perdu. Nombreux sont les usagers qui ont perdu leur permis et donc leur emploi. Le Défenseur des droits recommande notamment que les services préfectoraux et les centres d'expertise et de ressources des titres (CERT) cessent d'orienter les usagers vers des prestataires privés pour la réalisation de leurs démarches et recommande à l'État de faire en sorte que le site de l'ANTS apparaisse avant les sites privés dans les résultats des moteurs de recherche afin que l'usager ne soit pas amené à payer, par erreur, des prestations qui sont gratuites. Prenant en considération les objectifs du gouvernement de dématérialiser l'ensemble des démarches administratives d'ici 2022, le Défenseur des droits recommande également d'introduire dans la loi une clause de protection des usagers, prévoyant l'obligation d'offrir une voie alternative au service numérique lors de la dématérialisation d'un service public ou d'une procédure administrative. En effet, l'enjeu est celui du maintien de la cohésion sociale : une dématérialisation trop rapide des services publics entraîne des risques d'exclusion et une augmentation du non-recours aux droits, mettant en péril l'égalité de toutes et tous devant le service public qui constitue un principe fondamental de la République. "
Aurialie Jublin

Ce nuage que je ne saurais voir. Promouvoir, contester et réguler les data ce... - 0 views

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    Tandis que les données informatiques deviennent un enjeu commercial et politique majeur, une infrastructure occupe une place croissante sur les territoires : les centres de stockage de données ou data centers. Les façades aveugles des entrepôts massifs dans lesquels s'installent leurs opérateurs nous projettent bien loin des nuages qu'évoquent le cloud ou des discours sur la dématérialisation permise par le numérique. Le nord de Paris connaît l'essor entre 1990 et 2015 de la plus importante concentration de centre de données en Europe, générant des interrogations croissantes et des controverses entre riverains, élus, agents territoriaux et employés en charge de la gestion des réseaux électriques. L'article propose d'éclairer ces tensions en montrant la pluralité des manières de rendre visibles les data centers, c'est-à-dire, en analysant les dimensions matérielles, économiques, juridiques et écologiques qui sont saisies par les acteurs du territoire pour promouvoir l'implantation de ces infrastructures, ou au contraire pour les contester. Ce faisant, l'article qualifie différentes modalités de l'invisibilité qui facilitent l'implantation des centres de données : il rend compte des conditions politiques et sociales de leur implantation. Il identifie également deux démarches initiées par les acteurs pour qualifier ce que font les infrastructures numériques au territoire. D'abord, les centres de données se développent initialement comme des projets immobiliers ordinaires, puis sont légitimés a posteriori par les acteurs qui les soutiennent afin de les rendre acceptables à moindres frais. Or ces infrastructures sont aussi ciblées par une critique écologique du numérique, portée par des contestations qui en dénoncent l'empreinte environnementale et qui s'appuient sur les centres de données pour en matérialiser les conséquences.
Aurialie Jublin

L'internet des familles modestes : les usages sont-ils les mêmes du haut au b... - 0 views

  • Le plus étonnant finalement, c’est de constater que pour des gens qui se sont équipés sur le tard, combien ces usages sont devenus aisés et rituels. Je m’attendais à trouver plus de difficultés, plus d’angoisses… Mais cela n’a pas été le cas. Les familles modestes se sont emparées d’internet à toute vitesse. Ils font certes des usages plutôt utilitaristes de ces outils polymorphes. Ils ont peu de pratiques créatives. Participent peu. Mais n’en ont pas particulièrement besoin. L’outil s’est glissé dans leurs pratiques quotidiennes, d’une manière très pragmatique. Les gens ont de bonnes raisons de faire ce qu’ils font de la manière dont ils le font.
  • Oui, internet est une seconde école. Et ce constat n’est pas sans vertus pour des populations qui bien souvent ne sont pas allées à l’école ou qui n’ont pas le bac. Internet leur propose des manières d’apprendre qui leur correspondent mieux, sans hiérarchie ni sanction. On pourrait croire par exemple qu’en matière d’information ils ne recherchent pas des choses importantes, mais si. Ils cherchent à comprendre les termes qu’emploient le professeur de leurs enfants ou le médecin qu’ils consultent. Quelque chose s’est ouvert. L’enjeu n’est pas pour eux de devenir experts à la place des experts, mais de parvenir à mieux argumenter ou à poser des questions. D’être mieux armés.
  • La dématérialisation de l’administration est inhumaine et brutale. Les familles modestes utilisent peu le mail. Leurs adresses servent principalement aux achats et aux relations avec les administrations. Mais les courriers de l’administration se perdent dans le spam qu’ils reçoivent des sites d’achat. Pour eux, le mail est un instrument de torture et ce d’autant plus qu’il est l’outil de l’injonction administrative.
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  • Pour les familles modestes, le mail n’est pas un outil de conversation agréable. Il est asynchrone et écrit. Envoyer et attendre une réponse ne correspond pas aux valeurs du face à face dans l’échange, qui reste très fort dans les milieux populaires. Il demeure de l’ordre du courrier, ce qui en fait un dispositif formellement distant.
  • Les usagers ne sont pas contre la dématérialisation pourtant. Le public que j’ai rencontré utilise quotidiennement les applications bancaires par exemple, matins et soirs. Ils n’ont pas de mal à gérer leurs factures en ligne. Mais les relations avec les institutions sociales, en ligne, sont particulièrement difficiles.
  • Les familles disposent bien souvent d’une seule adresse mail partagée. C’est un moyen de tenir un principe de transparence familial… (et de surveillance : une femme ne peut pas recevoir de courrier personnel). Ce principe de transparence se retrouve également dans les comptes Facebook, dans les SMS,… La famille intervient sur les comptes de ses membres, on regarde les téléphones mobiles des uns et des autres. On surveille ce qu’il se dit. Les familles modestes ne voient pas de raison à avoir des outils individuels.
  • Effectivement, l’internet n’est jamais vu comme un moyen de contribution. J’ai demandé ainsi à une femme qui souhaitait se remarier et qui me confiait avoir beaucoup consulté de forums pour se décider à franchir le pas de la famille recomposée… si elle posait des questions sur ces forums. Elle m’a clairement répondu non, comme si c’était impensable. Ce qui l’intéressait c’était la réponse aux questions qu’elle aurait pu poser.
  • Ces partages se font avec des gens qu’on connaît. On ne cherche pas à étendre sa sociabilité.
  • Les gens que j’ai vus ne sortent pas de leur monde, sauf en ce qui concerne les connaissances, mais pas en matière de culture ni de sociabilité. Ils utilisent internet pour apprendre des choses qu’ils ne connaissent pas ou perfectionner des pratiques, comme le tricot, la cuisine, le jardinage… Mais ce n’est pas une ouverture sur des nouveaux goûts culturels. Il n’y en a pas du tout dans mon public. Les liens partagés servent aussi beaucoup à rappeler le passé, à le célébrer ensemble une nostalgie. Leur fonction consiste plus à évoquer une culture commune et à renforcer le consensus qu’à une ouverture culturelle. Mais ces résultats auraient certainement été très différents si j’avais regardé les pratiques de leurs enfants.
  • « Sur le Bon Coin, chacun garde sa fierté ». Y vendre ou y acheter des produits, même très peu chers – et beaucoup des produits qu’on y échange le sont pour quelques euros -, c’est un moyen de conserver sa fierté, d’affirmer qu’on n’est pas des assistés. Il faut entendre l’omniprésence de la peur du déclassement dans ces populations, limites financièrement.
  • En tout cas, il n’y a plus ce qu’observait Olivier Schwartz, à savoir que les femmes trouvaient leur épanouissement dans la tenue du foyer. Il faut dire que contrairement aux enquêtes qu’il a réalisées dans les familles de mineurs, ces femmes travaillent. C’est sans doute la transformation du marché du travail qui fait bouger les lignes à la maison.
  • Pour autant, ce n’est pas la guerre non plus. On trouve plus d’endroits où on échange des maximes célébrant le couple que le contraire. C’est moins vrai pour les hommes célibataires. Dans les milieux populaires, les hommes sans qualification (comme les femmes trop qualifiées) ont du mal à entrer en couples. D’où l’expression d’un vif ressentiment.
  • Les mères, qui se sont mises au jeu et qui ont compris qu’elles étaient accros à leur tour, ont une meilleure compréhension de ce qu’il se passe quand on ne peut pas s’arrêter. Les disputes sur le temps d’écran sont moins présentes. Reste qu’une grande partie de la vie des enfants échappe au périmètre familial et c’est difficile à vivre pour les parents. Ils ont l’impression parfois de contrôler ce que font leurs enfants en ligne, mais ils se trompent.
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    "Alors qu'il n'y a pas si longtemps, la fracture numérique semblait ne pouvoir se résorber, les usagers les plus modestes semblent finalement avoir adopté les outils numériques très rapidement, à l'image de l'introduction de la photographie au début du XXe siècle dans les sociétés rurales traditionnelles qu'évoquait Pierre Bourdieu dans Un art moyen. L'internet des classes dominantes et urbaines a colonisé la société, rapporte Dominique Pasquier dans son étude où elle s'est intéressée aux employées (majoritairement des femmes) travaillant principalement dans le secteur des services à la personne et vivant dans des zones rurales. En matière de temps, d'utilisation des services en lignes, les usages d'internet des plus modestes ont rejoint les taux d'usages des classes supérieures. Reste à savoir si les usages sont les mêmes du haut au bas de l'échelle sociale. Interview."
Aurialie Jublin

Illectronisme : quelles solutions pour les exclus du numérique ? - U&R - 0 views

  • Le Livre Blanc appelle ainsi les concepteurs à améliorer la simplicité d’accès, estimant qu’une « grande part de responsabilité » incombe aux designers d’interface (UX designers) dans l’intégration des problématiques d’accessibilité aux outils du numérique. « Les concepteurs de sites ont tendance à créer des sites pour eux-mêmes, commente Olivier Sauvage, entrepreneur et fondateur de Wexperience, société de conseil en UX Design. C’est aussi un problème de formation : pendant leurs études, pratiquement aucun UX designer n’entend parler d’illectronisme. Il faut absolument former ceux qui font le web à ces questions-là ».
  • À moins que les personnes concernées par l'illectronisme ne soient aidées par les interfaces vocales. C’est le pari d’Olivier Mejean, directeur de demain.ai, un cabinet de conseil en stratégie spécialisé dans l'intelligence artificielle, et également contributeur du rapport. À ses yeux, la solution peut résider en deux lettres désormais bien connues : IA. « Pour apporter un service à ceux qui ne sont pas capables de communiquer via des interfaces, la meilleure solution n’est-elle pas de créer une interface sans interface ?  », explique-t-il, estimant qu’on peut « récupérer une partie des gens par la voix ».
  • L’apprentissage machine pourrait également permettre d’identifier les « abandonnistes », soit les 19% des Français qui, au cours des douze derniers mois, ont renoncé plus d’une fois à faire quelque chose parce qu’il fallait utiliser Internet. « La machine est capable de déceler les comportements anormaux, et donc d’identifier la personne qui est sur le point d’abandonner et de la rattraper, en lui proposant soit d’appeler un numéro, soit de prendre un rendez-vous, soit d'échanger avec un chatbot ». Soit exactement les stratégies déployées par les sites de e-commerce pour vous rattraper quand vous avez déguerpi avant de « valider votre panier » - leur hantise ultime.
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  • Alors que rien ne semble pouvoir arrêter la dématérialisation, le « cyberminimalisme » et l'émergence d'un « droit à la non-connexion qui donnerait le droit, par exemple, d’accéder aux services publics sans passer par un écran, en allant trouver un humain à un guichet » ne semblent donc toujours pas être des options pour notre futur. 
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    "Le Syndicat de la Presse sociale (SPS) publie un Livre Blanc contre l'illectronisme. Un phénomène qui concerne 23% de la population française."
Aurialie Jublin

Le mythe de la technologie salvatrice | Esprit Presse - 0 views

  • Le débat entre les pessimistes, qui craignent pour l’environnement, et les optimistes, tenants du business as usual, ne porte donc pas sur la nécessité d’agir – personne n’est vraiment pour la disparition des éléphants ou la contamination des nappes phréatiques aux pesticides –, mais sur la gravité du problème, l’intensité et la vitesse avec laquelle il faudrait réagir, la possibilité de changer modes de production et habitudes de consommation, la manière (régulation, taxes, incitations, soutien public…) et les moyens (financiers, techniques) de mener la transition.
  • De fait, les solutions techniques sont présumées disponibles et abordables, sinon à portée de main, que ce soit pour les énergies « décarbonées », les solutions de mobilité du futur ou la capacité des rendements agricoles à toujours s’accroître – ou à se maintenir. Les plus audacieux, comme Jeremy Rifkin, vont jusqu’à promettre de telles « ruptures » technologiques – un vocable à la mode – que tout ou presque en deviendrait gratuit ou à « coût marginal zéro », à commencer par l’énergie issue de sources renouvelables2.
  • La pénurie a bien été un aiguillon essentiel, à l’origine d’une grande partie des innovations de la révolution industrielle, car la croissance permanente de la consommation allait bientôt dépasser les capacités de ponction sur les ressources renouvelables, locales ou importées. Jusque tard dans le xixe siècle, il y eut une limite purement « surfacique » à la production de produits essentiellement animaux et végétaux 
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  • Globalement (hors l’épineux problème de répartition), le système technique, enchâssé dans un système social, moral et culturel qu’il modifiait à mesure, a plutôt bien répondu aux « besoins ». Mais cela a eu un prix : celui d’une fuite en avant, d’une accélération permanente entre des risques de pénuries et de nouvelles solutions pour y répondre, créant elles-mêmes de nouveaux besoins et de nouveaux risques ; celui de pollutions, de destructions sociales et environnementales sans précédent. Nos « ingénieurs thaumaturges » font rarement des omelettes sans casser des œufs.
  • À quoi ressembleraient nos campagnes, s’il avait fallu y monter les nouvelles usines – et assumer leurs rejets – pour notre consommation exponentielle de téléphonie, d’informatique, de jouets, de vêtements ? Pour y répondre, il faut regarder les zones industrielles chinoises. Mais grâce à la distance, nous nous berçons d’illusions sur la « dématérialisation » de l’économie et la croissance « verte » à base de nouvelles technologies.
  • Le numérique n’a rien de virtuel. Il mobilise toute une infrastructure, des serveurs, des bornes wifi, des antennes-relais, des routeurs, des câbles terrestres et sous-marins, des satellites, des centres de données… Il faut d’abord extraire les métaux (argent, lithium, cobalt, étain, indium, tantale, or, palladium…), engendrant destruction de sites naturels, consommation d’eau, d’énergie et de produits chimiques nocifs, rejets de soufre ou de métaux lourds et déchets miniers. Ensuite fabriquer les composants, comme les puces au silicium qui nécessitent quantité d’eau purifiée, mais aussi du coke de pétrole, du charbon, de l’ammoniaque, du chlore, des acides, etc., fournis par le cœur du capitalisme « carbonifère9 ». Puis faire fonctionner le tout, avec plus de 10 % de l’électricité mondiale ! Enfin, se débarrasser des déchets électroniques, parmi les plus complexes à traiter : une partie – majoritaire – est incinérée ou jetée en décharge ; une autre rejoint les circuits « informels » (Afrique de l’Ouest, Chine…), où ils sont brûlés à l’air libre et empoisonnent les sols et les eaux. Le reste rejoint quelques usines spécialisées, qui ne récupèrent que partiellement les ressources. In fine, le taux de recyclage de nombreux métaux rares est inférieur à 1 %, un terrible gâchis.
  • Pourtant, plus que jamais, nous vivons dans la religion exclusive du « techno-solutionnisme », en plaçant tous nos espoirs dans les innovations et les effets bénéfiques (futurs) du numérique, en fantasmant un monde où tout sera bien mieux optimisé, où les outils et les services numériques seront facteurs d’efficacité et de sobriété : énergies renouvelables distribuées par des smart grids, covoiturage bientôt servi par des véhicules autonomes, déplacements fluidifiés dans les smart cities, économie de la fonctionnalité réduisant les équipements individuels, etc., sans parler des biotechnologies et des applications médicales.
  • Mieux, les technologies de demain ne seront pas seulement propres, elles seront réparatrices : les bactéries modifiées génétiquement dépollueront les sols, les big data et les capteurs protégeront les forêts tropicales, la science ressuscitera même le mammouth laineux, dont l’Adn dégèle en même temps que le permafrost.
  • Peut-on compter sur une « sortie par le haut » à base d’innovation technologique ? Il serait périlleux de tout miser dessus. En premier lieu parce que la plupart des technologies prétendument « salvatrices » nécessitent, à plus ou moins grande échelle, des ressources métalliques, non renouvelables, et viennent accélérer, plutôt que remettre en cause, le paradigme « extractiviste » de notre société thermo-industrielle
  • En second lieu parce que les gains d’efficience sont balayés par un formidable effet « rebond ». Indéniablement, la consommation d’énergie des véhicules, des avions, des centres de données, des procédés industriels baisse régulièrement, les innovations sont nombreuses et les progrès réels. Mais la croissance du parc automobile, des kilomètres parcourus, des données échangées et stockées est largement supérieure aux gains unitaires. Entre 2000 et 2010, le trafic internet a été multiplié par cent. Que vaut alors une amélioration de quelques dizaines de points d’efficacité énergétique par octet ?
  • Il n’y a pas de solution technique permettant de maintenir – et encore moins de faire croître – la consommation globale d’énergie et de ressources. En continuant à alimenter la « chaudière du progrès11 », nous nous heurterons tôt ou tard aux limites planétaires, régulation climatique en tête. C’est donc – aussi – vers l’économie de matières qu’il faut orienter l’innovation. Avant tout par la sobriété, en réduisant les besoins à la source, en travaillant sur la baisse de la demande et pas seulement sur le remplacement de l’offre.
  • Mais on peut imaginer toute une gamme d’actions, comme bannir le jetable, les supports publicitaires, l’eau en bouteille, revenir à des emballages consignés, composter les déchets même en ville dense, brider progressivement la puissance des véhicules et les alléger, avant de passer au vélo, adapter les températures dans les bâtiments et enfiler des pull-overs, car il est bien plus efficace, plus simple, plus rapide, d’isoler les corps que les bâtiments !
  • Pour recycler au mieux les ressources et augmenter la durée de vie de nos objets, il faudra les repenser en profondeur, les concevoir simples et robustes (Ivan Illich aurait dit « conviviaux »), réparables et réutilisables, standardisés, modulaires, à base de matériaux simples, faciles à démanteler, n’utiliser qu’avec parcimonie les ressources rares et irremplaçables comme le cuivre, le nickel, l’étain ou l’argent, limiter le contenu électronique. Quitte à revoir le « cahier des charges », accepter le vieillissement ou la réutilisation de l’existant, une esthétique moindre pour les objets fonctionnels, parfois une moindre performance, de l’intermittence, une perte de rendement ou un côté moins « pratique ».
  • Pourquoi ne pas tenter plutôt la voie d’une transition post-croissance vers un nouveau « contrat social et environnemental » ?
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    "Les coûts écologiques de la technique (déchets, pollution) sont rendus invisibles par la délocalisation de la production industrielle. Ils devraient nous inciter à promouvoir une technologie sobre et résiliente."
Aurialie Jublin

« Il existe deux Internets : celui des « précurseurs » et celui des classes p... - 0 views

  • Ce qui est frappant, c’est que les milieux populaires participent très peu en ligne. Sur Internet, la prise de parole est très fortement associée au niveau de diplôme. Des enquêtes comme celle menée par Trevor Pinch et Filip Kesler montre ainsi que la plupart des top reviewers d’Amazon sont des hommes, très diplômés… Aujourd’hui la vraie fracture est ici, au niveau de la participation et de la production en ligne. C’est comme si maintenant tout le monde avait Internet, mais que certains s’en servaient pour faire des choses que les autres n’osent pas faire. J
  • Il existe ainsi deux Internets : celui des gens qui innovent, produisent, sont créatifs etc. et l’Internet des classes populaires, qui est un Internet à bas bruit, où l’on communique avec les gens de sa famille et qui est très présent dans la vie, très central – mais qui n’est pas le même que l’autre. Et il n’y a pas d’échanges entre l’internet « précurseur » et l’internet à bas bruit, qui est très très important pour ceux qui l’ont, mais n’est pas ouvert sur autre chose.
  • Le hasard heureux, la « sérendipité » en ligne… arrivent plutôt à des gens qui sont très, très diplômés. Ceux que j’ai étudié ne font que recopier ce que les autres ont déjà dit ! Ils communiquent beaucoup avec des images, des textes écrits par d’autres… Cela s’explique relativement bien : beaucoup de ces personnes ne sont pas allés longtemps à l’école. Même si Internet permet d’écrire avec des fautes, elles préfèrent passer par des images et des phrases déjà conçues.
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  • Je m’attendais à voir des gens qui n’arrivaient pas à trouver ce qu’ils cherchaient, or ce n’était pas du tout le cas. Ils utilisaient tout le temps Internet pour faire des recherches et pour apprendre. Ils cherchent souvent des savoirs très spécialisés, pratiques : apprendre à jongler, danser telle danse, construire sa maison… Internet fonctionne alors comme une deuxième école, où acquérir des savoirs non certifiés par le système scolaire. Et ça représente des enjeux très forts pour de petites mobilités sociales, pour des gens qui ne sont pas allés à l’école. Je pense par exemple à cet homme qui va très tôt sur le marché de Caen acheter des sacs Chanel, qui a appris en ligne à estimer leur valeur, à rédiger des notices sur son compte Ebay, et qui correspond désormais avec un client anglais et un japonais : il ne parle aucune de ces langues mais il utilise Google Traduction. Ou encore à ce pâtissier qui confectionne des « wedding cakes » et des recettes inspirées par des chefs américains ou japonais dans un tout petit village…
  • En quoi peut-on parler de « petites mobilités sociales » ? Avec Internet, ces gens peuvent, sans changer nécessairement de métier, changer leur manière d’être au monde. Maintenant on peut très facilement récupérer des informations qui étaient auparavant complètement inaccessibles, faute d’interlocuteurs, de ressources... Des femmes employées dans des maisons de retraite, dans des positions très subalternes, des agents de service par exemple, me racontaient qu’elles rentraient chez elles le soir et cherchaient des mots employés par les médecins dans la journée. Le lendemain, elles avaient repris un peu de « pouvoir », comme diraient les gens qui travaillent avec le concept d’empowerment. Il y a indéniablement une ouverture sur des zones de connaissance et de façon d’être moins, à défaut d’un autre mot, démunie — Internet ouvre des façons d’être au monde en n’étant pas subalterne du côté du savoir.
  • Facebook propose un même dispositif à tout le monde, mais si vous êtes cadre supérieur vous y mettrez tous vos contacts professionnels et si vous êtes manœuvre en usine, vous posterez des clips de Johnny, des bandes annonces de Sophie Marceau et des nouvelles de la famille. Ces outils sont des dispositifs plastiques, dont les gens peuvent s’emparer de manière très différente.
  • Le mail n’est pas aimé. C’est de l’écrit, qui n’est pas censé être complètement phonétique (contrairement à Facebook), c’est asynchrone… Le mail est assimilé à une non-relation. Il n’est pas utilisé pour la correspondance personnelle mais les achats et les contacts avec l’administration. J’ai ainsi rencontré des gens qui ont 500 mails non ouverts… Ceci pose un problème majeur dans la communication avec Pôle Emploi, la CAF : tout ceci fonctionne largement par mail, or ces mails sont perdus dans un océan de pub venant des sites d’achats.
  • Personne ne m’en a parlé. Lors des entretiens, les aspects néfastes d’Internet apparaissaient sous l’angle de la perte de la communication en face à face, des problèmes de l’anonymat… Mais pas de la collecte de données. Est-ce que ça veut dire que c’est une inquiétude qui n’a pas traversé cette zone sociale ? C’est possible. Il faudrait peut-être des campagnes d’information auprès des milieux populaires. Car c’est une question qui n’est jamais sortie en entretien. Comme s’il n’y avait pas les mêmes problèmes publics dans tous les milieux sociaux.
  • L’échec du contact dématérialisé avec les services sociaux est majeur – tout comme l’est le succès des applications bancaires. Ce qui montre bien que cet échec n’est pas lié à une méfiance de la dématérialisation. J’ai rencontré une femme qui consulte son appli bancaire avant de faire chaque course. On voit bien que ces dispositifs sont entrés dans les habitudes, parce qu’ils rendent un service énorme, qu’ils sont désangoissants : on sait quand arrivent les virements, les prélèvements, on sait exactement ce qui reste… Mais ce n’est pas utilisé de la même manière dans les classes supérieures, qui ne s’en servent pas comme d’un fil continu.
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    "Sociologue, Dominique Pasquier a mené une recherche de plusieurs années sur les usages numériques des familles modestes. Avec des entretiens qualitatifs et l'examen de comptes Facebook, elle a dessiné une cartographie, sensible et précise, des usages des Français des « classes populaires ». Elle décrit un « autre Internet », bien différent de celui des classes supérieures, mais qu'elle refuse de décrire comme plus pauvre."
Aurialie Jublin

Relations humaines et artisanat : le futur des services publics - 0 views

  • La solution ? Changer la logique des services bureaucratiques afin de remettre la relation humaine au cœur du système. Pour cela, il faudrait pouvoir coordonner toutes les offres de services existantes, permettre aux professionnels, aux amateurs et aux particuliers de créer une expérience communautaire, où, parfois, les relations amicales qui auront pu se développer viendront se substituer aux services que les professionnels n’arrivent pas vraiment à rendre. La technologie permet comme jamais auparavant de mettre en réseau différents acteurs pour recréer des communautés qui ont disparu.
  • Les liens que nous formons nous rendent heureux, nous soutiennent et nous aident. Mais ces liens ont été intentionnellement éliminés des systèmes que nous avons construits dans l’après-guerre. Beveridge n’avait pas de foi dans les émotions. Il était convaincu qu’il fallait préférer un système impersonnel. La standardisation du service devait permettre la baisse du coût unitaire de production. C’est comme cela que l’on parviendrait à servir des millions de personnes à un coût abordable. Malheureusement, si ce système a indéniablement créé de la valeur pendant plusieurs décennies, il a aussi rapidement engendré une augmentation de la solitude et un affaiblissement des liens sociaux.
  • “Les relations humaines sont la ressource la plus précieuse dont nous disposons”, écrit Cottam. L’offre de services de proximité telle qu’elle est structurée aujourd’hui minimise l’importance des relations singulières entre individus. Le modèle fordiste et sa recherche des gains de productivité par l’organisation scientifique du travail ont façonné la manière dont on a structuré toutes les activités au XXe siècle, dans le secteur public comme dans le secteur privé.
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    " « L'argent ne fait pas tout », explique Hilary Cottam. « Au cœur de cette nouvelle manière de travailler, il y a la relation humaine. J'ai constaté que lorsque les gens se sentaient soutenus par des relations humaines fortes, il pouvait y avoir du changement. » Il est temps de comprendre que les services de proximité, y compris (surtout ?) ceux rendus par la puissance publique ne doivent pas être condamnés à être dévalorisés par la logique de production de masse et d'organisation scientifique du travail. Nous avons tout à gagner à y mettre une logique artisanale, qui permet les relations singulières, la personnalisation, la créativité et l'autonomie. C'est sans doute ce dont notre siècle a le plus besoin."
Aurialie Jublin

Peut-on encore vivre sans Internet ?, par Julien Brygo (Le Monde diplomatique... - 0 views

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    "Sera-t-on bientôt contraint de faire scanner son téléphone portable ou d'utiliser Internet pour prendre le métro, le train, l'avion, faire ses courses ou payer ses impôts ? Pas de problème, nous explique-t-on, c'est plus commode, et tout le monde s'habitue. Or, justement, beaucoup de gens ne s'y font pas."
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