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Aurialie Jublin

Mise en commun de l'action publique  : faut il hacker le droit ?  - La 27e Ré... - 0 views

  • Souvent conçues et testées dans une démarche expérimentale, ces initiatives offrent des réponses efficientes et nouvelles aux enjeux qu’elles traitent. Mais sous leur apparente simplicité, elles posent de nombreux challenges juridiques en matière de mise en œuvre pour l’acteur public. Quid de la responsabilité de l’acteur public en matière de risque sanitaire et de salubrité des aliments d’un frigo partagé, qui s’adresse de facto à des usagers en dehors du seul spectre des membres de l’association qui l’ont conçu ? Quid du statut des contributeurs de Sauvlife, qui s’apparentent presque à des pompiers, mais qui ont également la liberté de ne pas intervenir ? Dans le cas du lycée, comment rendre possible un usage multiple d’un équipement public réservé à des mineurs ?
  • Quand certains pans de l’action publique sont gérés et utilisés de manière mutualisée, cela bouscule fondamentalement les piliers de l’acteur public : sa responsabilité face aux risques, ses contributeurs et la manière de les valoriser, la perméabilité avec le secteur marchand et même la légitimité à lever l’impôt pour financer des services devenus communs.
  • Sans surprise, faute de cadre juridique clair et sécurisant, rares sont les initiatives de ce type qui passent le cap de l’expérimentation. Et quand cela advient, cela tient souvent à des qualités individuelles : un élu prêt à prendre le risque, des équipes d’agents et des citoyens à l’implication exceptionnelles.
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  • Elle peut s’inspirer des règlements d’administration partagée, développés par le laboratoire Labsus en Italie et actifs dans plus de 200 villes – dont Bologne, Gènes, Florence, Turin. S’appuyant sur un principe de subsidiarité horizontale stipulant que que “l’État, les Régions, les villes métropolitaines, les provinces et les communes favorisent l’initiative autonome des citoyens, seuls et associés, pour le développement d’activité d’intérêt général, sur la base du principe de subsidiarité”, ces règlements permettent aux villes de contracter des Pactes de collaboration avec les citoyens de la ville. Ces pactes actent une collaboration étroite entre citoyens et agents publics pour co-administrer des biens communs : espaces verts, entretien du patrimoine, solidarités… 
  • En rapprochant certaines notions italiennes avec des principes de droit français – comme par exemple le principe de subsidiarité horizontale italien avec la théorie de la collaboration occasionnelle au service public - il semble envisageable de procéder à une transposition effective d’un tel règlement. 
  • Quand ces frigos sont en libre accès et placés sur la voie publique, la responsabilité du maire est engagée au titre de ses pouvoirs de police, de la salubrité publique et de la conservation du domaine public, ce qui le conduit à faire des opérations de contrôle. En explorant les arrêtés et les potentialités offertes par le modèle des régies publiques, les étudiants ont posé les contours d’un partenariat public-commun soutenable du point de vue de l’acteur public et qui favorise le développement de cette solution.
  • Enfin, le terrain nous enseigne qu’il nous faut dépasser les cadres du seul droit public pour trouver des solutions durables. Face à l’enjeu de responsabilité civile de l’occupation d’un bâtiment public vacant par un tiers-lieu, comment renverser le problème, et confronter l’acteur public sur sa responsabilité de non-occupation ou de non usage d’espaces réinvestis ? Parfois les réponses peuvent se situer du côté des droits fondamentaux et du droit constitutionnel. 
  • Parfois les réponses se situent même en dehors du droit : du côté des mécanismes de financement et de démocratie participative, ou encore de l’innovation managériale. La mise en place de budgets participatifs, ou la collaboration occasionnelle au service public obligent par exemple à repenser la place de l’agent : quel est son mandat dans une logique de coproduction de service ? 
  • A cette occasion, les  juristes territoriaux avaient notamment proposé aux étudiants de la clinique juridique territoriale grenobloise de sécuriser la mise en oeuvre des frigos partagés – ces initiatives de lutte contre le gaspillage alimentaire par la mise à disposition gratuite d’aliments frais dans des frigos postés sur la voie publique.
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    "A l'heure où la gestion en commun apparaît comme une piste sérieuse pour améliorer le fonctionnement de nos villes, les expériences territoriales à l'oeuvre appellent une nouvelle pratique du droit pour s'inscrire durablement dans nos politiques publiques. Elles nous invitent nous, agents publics, juristes, acteurs d'innovation publique, chercheurs, à puiser dans le droit d'usage, exhumer des principes constitutionnels et développer notre ingéniosité juridique et nos meilleures pratiques de détournement pour inventer de nouveaux modèles et travailler la souplesse de nos administrations.  Et si pour dépasser le cap de l'expérimentation, il devenait nécessaire d'inventer une nouvelle grammaire réglementaire ?"
Aurialie Jublin

Internet Libre ou minitel 2.O conférence de Benjamin Bayart conf lors des rml... - 0 views

  • En fait la formulation qu'on retient habituellement c'est qu'on dit que sur Internet on a mis l'intelligence en périphérie du réseau. Dans Minitel on a mis l'intelligence au centre, c'est le contenu, c'est les bases de données avec des terminaux débiles autour. Internet c'est le contraire, on a mis des routeurs idiots au centre et on a mis en périphérie des ordinateurs qui réfléchissent. C'est ça le modèle d'Internet, la grande révolution qu'a été Internet, ça a été d'apporter ça. Les réseaux télé-informatiques centrés, on en fait depuis les années 50 à peu près
  • Ça j'aime bien aussi, Google, Yahoo, MSN c'est à peu près les trois moteurs de recherche qui font 95% de la recherche sur Internet et de l'indexation. À une époque, quand on cherchait le site Minitel qui permet quelque chose, on tapait 3615 et au lieu de taper le nom du site dans la case « nom du site » on allait dans la case « rechercher », on tapait des mots-clés, puis France Télécom proposait les services Minitel auxquels on pouvait se connecter. Bon ben ça ça s'appelle Google. Ils l'ont fait en couleur, ils l'ont fait en grand, ils l'ont fait avec de la pub sur le côté, mais c'est le moteur de recherche du Minitel, c'est pas ça Internet. Internet c'est pas les 8000 machines de Google qui détiennent le savoir de l'humanité. Internet c'est le contraire de ça. Donc finalement côté réseau sur la technique c'est pas du net, ce que vous utilisez couramment, c'est pas du net, c'est du Minitel.
  • Et on est venu sur un modèle qui est assez bizarre qui a beaucoup émergé ces dernières années de publicité/publication. Parce que si Monsieur France 2 veut être proprement diffusé il paye un droit de publication, c'est-à-dire qu'il paye les opérateurs réseau pour être diffusé. Si y'en a certains parmi vous qui ont suivi les débats sur la liste FRnOG il y a quelques mois, la trame sous-jacente c'était Monsieur Free qui disait à Monsieur Dailymotion « je transporterai pas ta merde si tu me donnes pas des sous ». Ça c'est le droit de publication. Curieusement y'a pas ça d'habitude sur Internet .C'est quelque chose d'assez récent. Et puis y'a la publicité, c'est-à-dire que, comme vous êtes des gens très partageurs, vous avez vos vidéos perso, aguichantes ou non, que vous mettez sur Dailymotion histoire que tout le monde en profite, curieusement les reversements publicitaires que perçoit Dailymotion, vous, vous les percevez pas. Parce qu'en fait vous leur confiez votre contenu pour qu'il y gagnent leur publicité. Ça c'est un modèle assez particulier et si vous regardez bien le mode publicité/publication on paye aux deux bouts, c'est-à-dire que celui qui a du contenu paye pour qu'il soit diffusé, et puis celui qui vient regarder le contenu il paye sous forme de publicité. On est bien revenu au modèle du téléphone. Maintenant c'est plus des communications à la minute c'est des publicités, mais le modèle est vraiment le même.
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  • → Pluralité À la place du monopole local, on a une certaine pluralité, c'est-à-dire que les, on vous a parlé d'ouverture de la concurrence, de l'ouverture du marché tout ça... Moi quand on me parlait pas d'ouverture de la concurrence et d'ouverture du marché, c'est-à-dire quand je me suis abonné à FDN, c'était en 96, y'avait 5-6 opérateurs chez qui je pouvais m'abonner sur Paris et je pouvais prendre l'opérateur que je voulais. Y'avait pas de souci, y'en avait bien plusieurs.
  • → Transporteurs L'opérateur de réseau se comporte comme un transporteur, c'est-à-dire quand je commande un paquet chez un commerçant, pas forcément sur Internet, dans les années 80, chez Les 3 redoutes quand je commandais des chaussettes je payais mes chaussettes à Les 3 redoutes et Les 3 redoutes payaient le transport à La Poste, La Poste ne s'occupait que du transport. Ça c'est à peu près le modèle d'Internet. Mon FAI il transporte mes données, c'est tout, il regarde pas ce qu'il y a dedans c'est pas sa sauce. Finalement d'où ça vient, c'est-à-dire savoir si ça vient d'un contenu payant ou si ça vient d'un contenu gratuit, lui, il s'en fiche. Il transporte de manière neutre.
  • Alors quelques exemples d'opérateurs: bon forcément j'ai cité FDN, c'est le mien, j'ai cité Neuronnexion parce qu'on est à Amiens, et puis le gros national à l'époque c'était Oléane, c'est-à-dire que Oléane qui était un gros opérateur à l'époque, dans les débuts du net au milieu des années 90, Oléane était connecté à des dizaines d'autres opérateurs en France. Y'avait pas de problème pour obtenir un accord d'interconnexion, dans des conditions relativement équitables entre Neuronnexion qui était une PME avec quelques personnes sur Amiens et Oléane qui était une PME avec quelques dizaines ou quelques centaines de personnes sur la fin à Paris.
  • → Free Free même punition. C'est pas vraiment un opérateur Internet, c'est plus vraiment un opérateur Internet, c'est en train de basculer tout doucement vers un opérateurs Minitel. Y'a trois ans l'idée qui a été tenue sur FRnOG de dire à Dailymotion « je transporterai ta merde si tu me donnes des sous » elle aurait fait bondir les gens de chez Free. À l'époque où ils étaient petits ça leur aurait fait très peur parce que c'était un moyen de les empêcher de grossir. → SFR SFR, oui alors pour les gens qui savent pas SFR c'est le nom complet de Neuf-Cegetel, bah je sais pas c'est le plus gros actionnaire, moi je veux bien les appeler autrement, m'enfin voilà, l'actionnaire c'est SFR, donc eux, même chose, c'est plutôt un opérateur de téléphonie qui vend du net avec du vrai Minitel dessus.
  • Alors on n'a pas basculé du modèle à Internet qui commençait à émerger au milieu des années 90 au modèle Minitel qui est en train d'émerger aux États-Unis au début des années 2000 complètement par hasard. Il a fallu plusieurs morceaux pour en venir là. Même chose je vais me centrer plutôt sur les effets franco-français mais vous verrez le modèle s'étend assez bien.
  • → DRM : exclusivité D'abord les DRM, ça, ça vous parle on en a parlé beaucoup ici, DADVSI, Droits d'Auteur et Droits Voisins dans la Société de l'Information, pour les gens qu'oublient ce que veut dire l'acronyme. Créer des DRM c'est créer de l'exclusivité. C'est un morceau qui manquait sur Internet on pouvait pas créer de l'accès exclusif de manière simple. En mettant des DRM dedans on peut bien, c'est facile. C'est-à-dire qu'une fois qu'on aura bien mis des DRM dans tous les fichiers, l'opérateur pourra dire « je transporte, ou pas, les fichiers signés par Machin », Microsoft n'a pas envie de transporter les fichiers signés par Torvalds, simple, suffit de pas les transporter.
  • → Brevets : fermeture Les brevets ça crée de la fermeture. Je vous le disais tout à l'heure, Internet et le logiciel libre c'est très exactement la même chose, ce ne sont que deux facettes du même objet. À partir du moment où je mets des brevets je ferme le jeu. Si c'est breveté ça veut dire que quelqu'un d'autre n'a pas le droit de le refaire pour venir s'interconnecter. En fait une fois que j'ai bien breveté le mode de fonctionnement du Minitel, un méchant concurrent ne peut pas fabriquer des Minitel, ça ne sert qu'à ça les brevets, c'est même la définition du brevet.
  • → Filtrage : demi-connexions Le filtrage que nous demandent régulièrement les différents gouvernements, on pourrait croire que c'est de la censure fasciste, y'en a sans doute un ptit peu, je pense que quand les Renseignements Généraux demandent en loucedé à un opérateur de filtrer un gars ça pourrait ne pas être parce qu'il est terroriste mais juste parce qu'il fait chier, disons que ça s'est déjà vu. Mais ça a un effet de bord très amusant, une fois que les opérateurs ont mis dans leurs réseaux, c'est pas encore le cas mais ça vient, des boîtiers qui sont capables de filtrer, le boîtier qui est capable de filtrer je pense qu'il y a quelques informaticiens dans la salle, il filtre ce que l'admin sys demande de filtrer, c'est-à-dire ce que le gouvernement lui demande de filtrer parce qu'il est plutôt obéissant, pour pas aller en taule, et puis ce que son patron lui demande de filtrer. C'est-à-dire que le filtrage qu'est demandé par le gouvernement, pour des raisons probablement de sécurité publique, enfin on espère, il permet également de rétablir le modèle des demi-connexions, c'est-à-dire que je filtre les sites nazis et les filtres qui n'ont pas payé. Ça permet de bien faire rentrer ce modèle économique.
  • → Responsabilité : centré. La responsabilité, alors j'étends un ptit peu le titre, c'est les différents débats qu'on a eu depuis l'affaire Altern1 en, c'était quand l'affaire Altern 97, non 98, 99 par là, c'est la responsabilité des hébergeurs, c'est-à-dire que l'hébergeur est responsable de ce qu'il y a sur le site, et si on lui signale un contenu supposément illégal, il se doit de l'enlever avec diligence. Il pourrait l'enlever avec voiture mais diligence c'est mieux. Ça, ça veut dire que si je prends le risque de permettre à quelqu'un de poser son site web sur ma machine, s'il dit de la merde c'est moi qui vais en taule. Moi je peux pas l'assumer. France Télécom peut l'assumer parce que quand il aura un procès, France Télécom enverra son armée d'avocats, expliquera que dès qu'on lui a signalé le contenu elle l'a enlevé, je veux dire c'est vrai, c'était un dissident d'un endroit où on n'a pas le droit de dissider, qu'il aille donc dissider ailleurs, donc ça a été tout bien enlevé, et ils pourront dire, nous on est blanc bleus ils vont au procès, ils payent des avocats, ils s'en sortent. Par contre la PME de banlieue qui essayait de faire pareil, ben quand elle s'est retrouvée devant le juge, ça lui a coûté un œil de payer l'avocat, et puis comme le mec qui dissidait il disait des trucs finalement qu'en France on a le droit, ils ont estimé qu'ils allaient pas supprimer le site, et donc ça va jusqu'au procès et ça coûte cher. Donc la responsabilité des hébergeurs ça tend à faire que les petits hébergeurs ont du mal à exister parce qu'ils existent en vivant dangereusement, donc ça crée du réseau centrés, puisque les petits ont du mal à exister il restera que les gros.
  • → Régulation : interco La régulation c'est aussi quelque chose de fabuleux. Ce qu'on appelle régulation dans le monde Internet professionnel, c'est l'ARCEP, Autorité de Régulation des Communications Éléctroniques et des Postes, ex-ART, Autorité de Régulation des Télécommunications, c'est des gens qui ont été mis en place à l'époque où, suite à certaines directives européennes, on a ouvert le marché des télécom. J'ai assisté, alors, enfin si un ptit peu en tant que président de FDN, mais aussi avec d'autres casquettes, à une des réunions de l'ARCEP sur les réseaux d'initiatives publiques où y'avait le monsieur responsable du dégroupage en France, qui nous expliquait mort de rire que, y'a 10 ans quand ils ont commencé et qu'ils ont fait les premières réunions sur le dégroupage, il fallait une salle de réunion gigantesque pour asseoir les 50 opérateurs alors qu'aujourd'hui quand ils font les réunions sur le dégroupage, ils font ça dans son bureaux parce qu'ils sont 4, et il avait l'air content de lui pépère. C'est-à-dire que lui, il a été mis en poste pour ouvrir le marché, il est passé de 50 acteurs à 4 et il est content. Fabuleux! Moi je trouve fabuleux. Et donc ce petit jeu où on se retrouve avec 4 opérateurs qui vendent du Minitel-net 2.0 ben ça fait qu'ils sont suffisamment gros pour envoyer chier tous les autres, je veux dire quand on s'appelle Free et qu'on a 2 millions d'abonnés, ou quand on s'appelle France Télécom et qu'on en a 4, ou quand on s'appelle Neuf et qu'on en a je-sais-plus-combien à force de racheter leur clients je sais plus où ils en sont, 2,5 probablement, forcément, un Schtroumpf qui vient avec 20 000 comme Nérim rien à battre, parle pas aux ptits. Donc la difficulté d'interconnexion des réseaux, elle vient en bonne partie des erreurs de régulation ou des choix de régulation, parce que c'est ptet pas par erreur qui font qu'il y a plus de petits opérateurs.
  • → Gouvernance : assurance Et puis pour ceux qui étaient à la table ronde politique hier, y'a des problèmes de gouvernance. Les problèmes de gouvernances, ce sont tous ces braves gens qui se réunissent entre eux pour décider si oui ou non on va permettre aux gens d'acheter des noms de domaines sans leurs papiers, ou si on va distribuer des adresses IP aux pas gentils, ou comment on va faire en sorte que les pédo-nazis puissent pas faire ci ou ça, ou que les terroristes puissent pas poster, donc comment Google va filtrer tous les sites écrits en arabe parce que ça doit être suspect, sauf ceux bien évidemment signés par le gouvernement qui vend du pétrole. Tout ça c'est ce qu'on appelle la gouvernance Internet, c'est l'IANA, c'est l'ICANN, c'est le RIPE c'est etc. Ça en fait c'est une assurance. Une fois que c'est convenablement tenu par les quelques juristes des très gros opérateurs - vous pouvez y aller, y'a pas un technicien à poil dur, y'a quelques vieux barbus tout gris qui parlent BGP, le reste c'est tout du cravateux juriste docteur en droit, envoyé par les opérateurs pour vérifier que tout va bien. Ça c'est une assurance, c'est l'assurance du fait qu'ils resteront dans la position où ils sont.
  • Ils sont en train d’éteindre Internet D'où ça sort tout ça ? Ça sort schématiquement de l'histoire, c'est-à-dire que les gens qui ont de quoi fabriquer du réseau sont les gens qui ont fabriqué le téléphone et qui étaient en situation de monopole, ce sont les gens qui ont fabriqué la diffusion télé qui étaient en situation de monopole. Internet est né, à un moment ils se sont dit « tiens ça va se vendre » alors ils en ont vendu et puis, sans forcément être méchants, on pourrait croire à la théorie du complot mais j'y crois pas, je pense qu'ils sont pas assez malins pour s'être dit « tiens on va se liguer pour attaquer sur tous les fronts en même temps pour faire taire les pénibles »; moi je pense qu'ils l'ont pas fait exprès, mais ils sont en train d'éteindre Internet; et c'est un effet de bord naturel, c'est-à-dire qu'Internet remettait en cause leur monopole, ils ont fait chacun les petites actions dont ils avaient besoin pour essayer de maintenir leur monopole: les gros éditeurs de musique en faisant des DRM, les auteurs de logiciels tout pourris propriétaires en faisant des brevets, les marchands de contenu qui veulent pas qu'on aille acheter le contenu des autres en faisant du filtrage etc etc etc. Je pense même pas qu'ils se soient concertés pour faire tous les mêmes conneries.
  • On va manger du numérique avarié Et quand ils vous disent qu'on passe à l'heure du numérique, c'est vrai. Ils font bien du numérique, si vous regardez la télé autrefois y'avait de la neige, maintenant elle pixélise, c'est ben qu'elle est numérique ! Mais c'est pas de l'Internet, c'est du numérique. Du numérique, ça peut être le baladeur fermé propriétaire d'une grande marque japonaise en quatre lettres commençant pas S finissant par Y qui met des rootkit dans les CD ou ça peut être le fait que je fasse écouter la musique que j'aime bien à ma ptite sœur. Dans les deux cas, c'est du numérique, juste moi je trouve y'en a un il est avarié, je vous laisse deviner lequel.
  • L'apparition d'Internet a permis l'apparition du libre et l'apparition du libre a permis l'apparition d'Internet, les deux ont crû en même temps. Il va y a voir un décrochage. Le numérique va continuer à croître mais Internet a commencé sa décroissance il y a déjà quelques années. Il y a de moins en moins de gens qui s'hébergent eux-mêmes sur leur ligne ADSL. La décroissance d'Internet a commencé, la décroissance du libre c'est juste après. Même si vous arrivez à ce qu'ils ne fassent pas passer les brevets logiciels cette année et les DRM l'année prochaine, si vous arrêtez Internet, si vous les laisser arrêter Internet libre, vous allez mourir.
  • Donc je crois que ce sont les deux piliers, le premier c'est: il faut éduquer, aller expliquer aux gens ce que c'est qu'Internet, aller dire aux gens que Internet c'est pas de mettre des vidéos marrantes sur Dailymotion, Internet c'est de mettre les vidéos marrantes sur mon PC et que vous veniez les voir. C'est fondamental comme différence; ça c'est le premier pilier, éduquer les gens, c'est très long. Je veux dire on savait, 'fin moi ça fait très longtemps que je suis sur Internet, ça fait 10 ans que je suis président de FDN, ça fait longtemps que je réfléchis sur ces questions, là je sais que c'est long d'éduquer les gens. La croissance actuelle des ventes de Machin Box en Minitel 2.0 c'est pas la croissance de l'éducation au net. Le type qui publie son blog sur un ordinateur qu'il ne possède pas, il fait du Minitel alors il apprend à faire du Minitel amélioré où il peut parler, mais il n'a pas encore appris à faire du net, c'est-à-dire à mettre son blog sur une machine qu'il est le seul à pouvoir couper du réseau. C'est très différent, cette éducation-là va prendre un ptit peu de temps. Et le deuxième pilier c'est: faites votre réseau, faites vos serveurs IRC qui ne sont pas ceux des gros opérateurs, faites vos serveurs mail qui ne sont pas ceux des gros opérateurs. Faites votre réseau. Avec ces deux piliers-là, on aura quelques résistants qui sont ceux qui font le réseau, et quelques enseignants pour propager la bonne parole, ce sont les deux fondamentaux dont on a besoin. Je sais pas ce qu'on peut faire d'autre. Si, on peut essayer de se battre sur le juridique, mais on y va vraiment avec un lance-pierre contre des chars d'assaut.
  • y'a deux objections classiques au « hébergez-vous vous-mêmes », y'en a des moins classiques qui sont en général pas très intéressantes, en tout cas j'en ai pas encore entendu, y'en a deux qui sont vraiment classiques, y'a celle que tu indiques qui est intelligente, y'en a une autre qui est bête. Je vais commencer par celle qui est bête pour m'en débarrasser. Le « c'est compliqué techniquement », ça, c'est juste faux, je veux dire si le débile de base il est capable de poster une vidéo sur Dailymotion et il est capable de poster dans son blog, faire une Internet box qui contient le serveur Apache*4 qui contient son blog et les plug in type Dailymotion, il aura qu'à uploader vers sa boîte, c'est pas plus dur. Donc le « techniquement c'est compliqué » ça c'est juste faux.
  • Après y'a le problème écologique. La question écolo là-dedans c'est « si je laisse mon PC allumé tout le temps pour héberger mon pauvre site web qui a 12 visiteurs par jour, je brûle le courant plein pour rien ». Ça c'est un vrai problème. Mais dire « je vais m'héberger en salle machine avec tout le monde comme ça si on pose une bombe tout le monde se tait », c'est la mauvaise réponse. Quand les écolo disent « la consommation d'électricité fabriquée avec du charbon et du nucléaire c'est vachement dangereux » ils ont raison. Quand on apporte comme réponse « y'a qu'à se passer d'électricité », c'est pas la bonne. Un ordinateur capable d'héberger un site web c'est pas l'énorme machin avec 12 ventilos que tu utilises pour jouer au dernier jeu à la mode. Un ordinateur capable d'héberger un site web ça a une puissance de calcul similaire à celle qu'on trouve dans un palm aujourd'hui, ou dans un téléphone; c'est-à-dire que ton téléphone là, s'il était pas en Java avec de la merde dedans, il serait capable de faire des sites web comme on n'en rêvait pas en 95. Il consomme peau de balle en courant. Lui tu peux le laisser chez toi branché, et pour peu qu'en plus tu lui donnes du courant que t'as fabriqué avec des fines herbes et avec du bois, ou avec du solaire, ça va être nickel. Un ptit ordinateur qui ne mange que du solaire et qui est autonome tout seul dans sa boîte avec du solaire ça existe, les fous qui font des réseaux wifi bizarres ouverts etc, ils ont ça, des espèces de routeurs qu'ils viennent mettre sur le toit collés à la borne wifi, c'est 100% autonome si c'est sur du solaire, ça mange pas d'énergie.
  • -Hébergeur hébergé, c'est pas forcément une bonne réponse dans le sens « on se met à 3 et on loue une bécane dans une salle machine », c'est dans cet esprit-là? Dans cet esprit-là, dans la balance entre Internet et le Minitel quand tu mets ton site web chez OVH*6 tu es purement dans Minitel, quand tu mets dans le serveur des pages perso Wanadoo c'est pire, quand tu commences à le mettre sur le serveur hébergé en salle machine d'une assoss sympathique, l'Autre.net, Ouvaton des gens comme ça, Tuxfamily*7 tu rééquilibres un peu, quand tu le mets sur les machines auto-hébergées des gens comme RHIEN*8, le Réseau d'Hébergeurs Indépendants ENgagés, je vous invite à aller les voir si vous ne les connaissez pas, R-H-I-E-N, c'est super bien ce qu'ils font, ça penche presque vers de l'Internet parce que, eux, ils s'y mettent à 10-15-20-30 à héberger sur la machine du gars qui sait faire leur site web derrière leur ligne ADSL. On est quasiment sur de l'Internet, on est sur du beaucoup-net. Donc oui c'est mieux. Je veux dire si t'as à choisir entre les pages perso de ton fournisseur d'accès moisi qui retirera le contenu si ça lui plait pa,s et te faire héberger dans la même machine que ta bande de potes, c'est plutôt mieux la deuxième solution, maintenant si la machine en question elle est dans une salle machine qui t'appartient pas, où les flics ils rentrent quand ils veulent avec même pas un mandat, juste ils demandent poliment au monsieur à l'entrée, pas top.
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    "Internet, logiciel libre, c'est la même chose En fait ce à quoi je veux en venir c'est que c'est la même chose: c'est-à-dire que sans logiciel libre pas d'Internet: si BIND n'avait pas été libre, si le protocole de routage IP n'avait pas été libre et ouvert Internet ne serait pas né. Donc sans logiciel libre pas d'Internet. Sans Internet pas de logiciel libre, évident. Si on supprime le mail et les échanges électroniques de code entre développeurs pour faire murir les softs, ça ne peut pas marcher. Les deux sont intimement liés: en fait ce sont deux facettes d'un même objet. Cet objet, si vous voulez on débattra tout à l'heure, je pense que c'est ce qu'on appelle la société du savoir, l'économie du savoir. Mais ce sont deux facettes du même objet on peut pas différencier, on peut pas dissocier Internet et logiciel libre, c'était ça le bout d'historique que je voulais vous raconter."
Aurialie Jublin

Retour sur MyData2018 : quelle(s) approche(s) collective(s) des données perso... - 0 views

  • L’entrée en vigueur du RGPD a clairement été l’événement marquant de 2018 et beaucoup d’intervenants s’y sont référés. Le principe d’équité y est affirmé. Or il s’agit d’un principe qui recouvre une dimension collective : l’équité suppose un groupe, contrairement aux autres principes (transparence, légalité, limitation de but, rétention, intégrité et confidentialité, minimisation des données, précision). Toutefois le texte ne donne pas de définition de l’équité dans le contexte de la gestion des données personnelles a fait remarquer Jussi Leppälä, Privacy Officer (Global) chez Valmet. Finalement, les intervenants s’accordaient à dire que le RGPD est un texte axé sur les besoins individuels plutôt que collectifs. Il protège l’individu, mais ne porte pas de vision véritablement collective des données personnelles.
  • Sur cette question de l’équité, l’exemple d’openSCHUFA donné par Walter Palmetshofer (Open Knowledge Allemagne) est inspirant : une campagne de collecte de données a été faite auprès de milliers d’individus pour comprendre l’algorithme de credit-scoring (pointage de crédit) de SCHUFA, bureau de crédit privé allemand. Cela a permis à des individus de pouvoir demander, preuves à l’appui, à corriger des décisions prises par l’algorithme. De manière générale, le biais algorithmique est un enjeu sociétal important, surtout pour les groupes les plus fragiles dont les données personnelles sont plus exposées et davantage victimes de biais algorithmiques (à ce sujet, lire Internet Actu).
  • D’autres intervenants ont insisté sur la nécessité d’accompagner les entreprises vers plus de prises en compte de leur responsabilité sociale. Le modèle de gouvernance qui domine actuellement étant l’hégémonie d’acteurs économiques (GAFA, BATX) raconte Bruno Carballa Smichowski, de Chronos, le rééquilibrage des pouvoirs doit venir des Etats. Ces derniers disposent de données personnelles, mais peuvent également demander des comptes et pousser les acteurs qui utilisent les données à être plus ouverts et actifs : littératie, infrastructure, open innovation, construire la confiance et faire reculer la peur, ou encore impliquer les personnes concernées (Hetan Shah et Jeni Tennison), sont autant d’actions que les pouvoirs publics peuvent mettre en place.
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  • Depuis le lancement de MyData, la nécessité de développer les enjeux collectifs des données personnelles apparaît chaque année plus forte. En parallèle, les communs numériques apparaissent de plus en plus comme un modèle alternatif désirable face aux comportements abusifs des acteurs dominants. Les communs autorisent par nature une gestion transparente et au service de la communauté, car gérés par leurs membres.
  • Si sa remarque a donné naissance au track “OurData” en 2017 et en 2018,, le terme de “commun” était pourtant quasiment absent des discussions du track OurData, essentiellement tourné vers l’acteur public et la régulation. L’exemple d’OpenSCHUFA se rattache néanmoins au courant des communs en donnant un exemple concret.
  • L’idée derrière la coopérative de données qui s’intègrerait au modèle MyData/Self Data viserait plutôt à créer un commun : une association d’individus développant des outils et services (chat, moteur de recherche,…) leur permettant de gérer leurs données de A à Z. Il existe plusieurs coopératives de données de ce type : diglife.coop, schluss, open.coop,…
  • Laura James (doteveryone) a suggéré  cette session afin d’échanger avec les participants sur la faisabilité de créer une ou des coopératives “de masse”, appartenant à leurs membres et gérées par eux. L’objectif serait d’offrir aux gens de meilleurs services que les géants de la technologie et les entreprises de type Silicon Valley. Laura James constate que si le problème avec les géants numériques est leur modèle d’entreprise (capitalisme de surveillance) et le modèle de propriété (extraction de richesse au profit de quelques-uns), la “data coop” doit permettre d’offrir une technologie en laquelle nous pouvons avoir confiance – c’est-à-dire préservant notre vie privée, accessible, fiable, équitable, basée sur les sources ouvertes existantes, avec un meilleur support et une véritable durabilité.
  • Est-ce que le peu de succès de Digital Life Collective est dû à un manque d’intérêt de la part des consommateurs pour les questions liées aux données personnelles ? Ou bien est-ce que les enjeux ne sont pas encore bien compris par les gens ? Les porteurs de coopératives présents à la session échangent sur plusieurs éléments de réponse. D’abord, il n’y a pas une absence d’intérêt pour les questions de privacy mais une perception et un traitement différent selon les personnes (par les « millenials » par exemple). Ensuite, les consommateurs veulent-ils avoir à supporter la responsabilité qui va avec la reprise du contrôle sur leurs données ? Rien n’est moins sûr : comme les services gratuits d’aujourd’hui, cela doit être simple. Mais le contrôle implique nécessairement des responsabilités… Les consommateurs ont aussi besoin de services pratiques. Il faut travailler l’expérience utilisateur. Enfin, il faut une littératie des données pour créer un véritable intérêt et dissiper la peur et les malentendus autour de ce sujet.
  • Comment avoir une véritable gouvernance partagée tout en ayant une organisation suffisamment grande ? A peine 10 personnes sont vraiment actives au sein de Digital Life Collective. Schluss recherche une manière de faire participer davantage les membres. C’est un problème récurrent pour les coopératives, et toute organisation dont la gestion s’appuie sur l’ensemble de ses membres. Toutefois, l’un des participants soulignait que même si seul 1% s’implique dans la prise de décisions, tous reçoivent les bénéfices de la coopérative ! Ca n’est pas la gestion parfaitement partagée et idéale, mais cela fonctionne quand même. Avant de renoncer au modèle participatif, quelques modèles de gouvernance pourraient être expérimentés pour faciliter les prises de décision participatives au sein de la coopérative : les jurys citoyens, sociocracy 3.0 (utilisé par certaines entreprises télécom en Finlande), …
  • Dans les sessions de la thématique “OurData”, nous avons eu le plaisir d’entendre à chaque fois (ou presque) que la propriété appliquée aux données personnelles n’a aucun sens. Bien que ce track, plus qu’aucun autre, soit prédisposé à un tel constat,depuis quelques années, la position de la communauté MyData s’est éclaircie à ce sujet et on voit de moins en moins de personnes prôner ce modèle de propriété et de revente individuelle de ses données..
  • En découle un modèle collectif basé non pas sur des titres de propriété individuels mais sur des droits d’usage. Le RGPD en crée quelques-uns mais d’autres questions restent en suspens, comme le droit à la mémoire collective, notamment pour les catégories les plus défavorisées, ou encore l’équité, qui s’oppose à une régulation par les lois du marché.
  • La plupart des intervenants postulent que c’est l’acteur public qui doit agir : en créant de nouveaux droits associés aux données personnelles, en accompagnant les acteurs privés à fournir des solutions plus éthiques et transparentes, en s’engageant pour une culture et une littératie de la donnée pour tous, en actant juridiquement que les données personnelles sont le résultat d’un processus collectif qui appartient à la société qui l’a co-généré et qu’il ne peut y avoir de propriété associée (en France la CNIL est très claire sur ce dernier point, nous avons besoin d’une voie aussi claire au niveau européen !), en promouvant leur valeur sociale, et non commerciale, et enfin qu’il fasse que le fruit de ce travail doit servir à répondre à des problématiques collectives telles que la santé, l’éducation, la culture, la protection de l’environnement, …
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    "LE CONSTAT : LA GESTION ACTUELLE DES DONNÉES PERSONNELLES S'INTÉRESSE PEU AU COLLECTIF MyData s'intéresse à toutes les dimensions que recouvre le contrôle des données personnelles : si la privacy occupe souvent le devant de la scène, MyData explore également la transparence des organisations et des technologies, l'équité et la dimension collective des données personnelles."
Aurialie Jublin

Concrètement, comment rendre les algorithmes responsables et équitables ? | I... - 0 views

  • Et rappelle la difficulté à définir mathématiquement l’équité, comme l’a souligné l’informaticien Arvind Narayanan (@random_walker) lors de la dernière édition de la conférence FAT (la conférence annuelle sur l’équité, la responsabilité et la transparence). Outre les biais et déséquilibres statistiques, rappelle David Robinson (@drobinsonian), responsable des associations EqualFuture et Upturn (et qui a notamment publié un rapport sur la question de l’examen public des décisions automatisées (.pdf)), leur impact dépend surtout de la manière dont sont utilisés ces systèmes, avec le risque, que pointait Eubanks, que les plus discriminés soient encore plus surveillés par ces systèmes.
  • Pour remédier à ces problèmes, beaucoup d’agences américaines ont recours à des chercheurs extérieurs pour déjouer les biais de leurs systèmes. En avril, l’AI Now Institute a défini un cadre (voir le rapport (.pdf)) pour les organismes publics qui souhaitent mettre en place des outils de prise de décision algorithmique, recommandant notamment de mettre à contribution la communauté de la recherche et de permettre à ceux que le système calcul de faire appel des décisions prises à leur sujet.
  • Leurs recommandations invitent les systèmes à respecter le droit d’information du public, à recourir à des examens par des chercheurs indépendants, à améliorer l’expertise des organismes qui les conçoivent et à développer des modalités pour permettre au public de contester les décisions prises. L’initiative recommande aux agences publiques de répertorier et décrire les systèmes de décision automatisés, y compris d’évaluer leur portée et impact. Elle recommande également de mettre en place des modalités d’accès afin que des chercheurs, des experts indépendants, des associations ou des journalistes puissent accéder et évaluer ces systèmes et pour cela doivent s’assurer notamment que leurs fournisseurs privés de systèmes acceptent ces vérifications. Elle souligne également que les agences doivent monter en compétences pour être expertes des systèmes qu’elles mettent en place, notamment pour mieux informer le public, et invite les fournisseurs de solutions à privilégier l’équité, la responsabilité et la transparence dans leurs offres.
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  • Mais ce n’est pas la seule piste qui permettrait d’interroger les biais des systèmes automatisés. Microsoft travaille à un outil de détection automatique des biais, Facebook également (notamment via le projet Fairness Flow annoncé par Isabel Kloumann du département d’IA de FB research à la dernière conférence de F8 Conference parmi une longue liste d’outils pour l’IA) rapporte la Technology Review.
  • La mathématicienne Cathy O’Neil (@mathbabedotorg, blog), qui s’est fait connaître en dénonçant les dangers de ces outils, a lancé une entreprise d’audit algorithmique. Visiblement, souligne Wired, ses premiers clients sont des entreprises qui ont besoin de certifier qu’elles sont équitables : comme cela a été le cas de Rentlogic, une entreprise qui évalue les immeubles automatiquement pour leur attribuer une note, ou comme Pymetrics, une entreprise qui utilise des tests de personnalité pour aider les entreprises à embaucher qui avait besoin d’assurer que ses logiciels n’étaient pas discriminants.
  • Dans son livre, Weapons of Math Destruction, Cathy O’Neil avait émis l’idée de créer un serment d’Hippocrate pour les datascientists, sous la forme d’un code de conduite édictant quelques principes moraux. Elle soulignait dans une remarquable interview pour Wired, que ce code de conduite n’était certes pas suffisant en soi, notamment parce que les datascientists ne sont pas seuls à décider de ce qui sera implémenté dans les services développés par les entreprises. Pour autant, ces techniciens ne peuvent pas seulement suivre « les recommandations des manuels d’optimisation qu’ils utilisent, sans tenir compte des conséquences plus larges de leur travail ».
  • Cathy O’Neil a proposé une matrice éthique, basée sur les travaux du philosophe Ben Mepham qui l’a utilisé en bioéthique, qui aide à saisir ce sur quoi ce que l’on développe a un impact, et de l’autre ce dont s’inquiète les gens qui sont impactés par ce que l’on développe. Cette grille confronte quelques notions (exactitude, cohérence, partialité, transparence, équité, rapidité) à leur impact sur chacune des parties prenantes. La matrice sert à créer une conversation. Chaque case propose des questions : « qui souffre si le système se trompe ? » Le but est de révéler des problèmes. Quand la réponse pose problème, la case est colorée de rouge.
  • Elle propose également de se poser plusieurs questions, comme « les algorithmes que nous déployons vont-ils améliorer les processus humains qu’ils remplacent ? » Bien souvent, on constate qu’ils fonctionnent beaucoup plus mal que les systèmes précédents. Pour elle, il est également nécessaire de se demander : « pour qui l’algorithme échoue-t-il ? » Un système de reconnaissance facial échoue-t-il plus souvent pour les femmes que pour les hommes, pour les gens de couleurs que pour les blancs, pour les personnes âgées que pour les jeunes ?… Enfin, elle invite à se poser une troisième catégorie de questions : « est-ce que cela fonctionne pour la société (donc à très large échelle) ? Est-ce que nous enregistrons les erreurs du système ? Peut-on les réintroduire dans l’algorithme pour l’améliorer ? Est-ce que le système a des conséquences non intentionnelles ?… » Et la chercheuse de rappeler qu’aucunes de ces questions ne mettent en danger les secrets des algorithmes que les entreprises veulent protéger.
  • Le militant pour la protection de la vie privée Aral Balkan (@aral) estime qu’un code d’éthique risque surtout d’être utilisé comme caution de vertu par les entreprises pour continuer à faire comme d’habitude. Appliquer le RGPD aux États-Unis aurait plus d’impact pour prévenir les dommages algorithmiques. Sur son blog, Virginia Eubanks a réagi en proposant plutôt un « serment de non-violence numérique », qui, dans la forme au moins, est plus impliquant pour celui amené à le prononcer que de signer à quelques grands principes vagues
  • Mais l’enjeu demeure de les mettre en pratique. « Tout code d’éthique des données vous indiquera que vous ne devez pas collecter des données de sujets expérimentaux sans leur consentement éclairé. Mais ce code de conduite ne vous dira pas comment implémenter ce consentement éclairé. Or, celui-ci est facile si vous interrogez quelques personnes pour une expérience de psychologie. Mais il signifie quelque chose de bien différent en ligne ». Et ce n’est pas la même chose bien sûr de demander la permission via une fenêtre pop-up par exemple ou que via une case précochée cachée… La mise en oeuvre de principes éthiques englobe des questions qui vont des choix dans l’interface utilisateur aux choix de structuration des données ou d’interrogation des données de connexion. Et pose la question de rendre néanmoins le service utilisable sans dégrader l’expérience utilisateur…
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    "Face aux multiples biais inscrits dans la production même des données utilisées par les algorithmes et les outils d'apprentissage automatisés, le risque, rappelle la chercheuse Kate Crawford (@katecrowford), co-fondatrice de l'AI Now Institute (@AINowInstitute), est que « plutôt que de concevoir des systèmes censés résoudre les problèmes, nous les exacerbions »."
Aurialie Jublin

Technologie : l'âge sombre | InternetActu.net - 0 views

  • Pire, la technologie s’est fait la complice de tous les défis auxquels nous sommes confrontés : à la fois d’un système économique hors de contrôle qui ne cesse d’élargir les inégalités, la polarisation politique comme le réchauffement climatique. Pour Bridle, la technologie n’est pas la solution à ces défis, elle est devenue le problème. Il nous faut la comprendre plus que jamais, dans sa complexité, ses interconnexions et ses interactions : mais cette compréhension fonctionnelle ne suffit pas, il faut en saisir le contexte, les conséquences, les limites, le langage et le métalangage.
  • Trop souvent, on nous propose de résoudre ce manque de compréhension de la technologie par un peu plus d’éducation ou son corollaire, par la formation d’un peu plus de programmeurs. Mais ces deux solutions se limitent bien souvent en une compréhension procédurale des systèmes. Et cette compréhension procédurale vise surtout à renforcer la « pensée computationnelle », c’est-à-dire la pensée des ingénieurs et des informaticiens qui n’est rien d’autre que le métalangage du solutionnisme technologique 
  • Les systèmes techniques sont devenus de plus en plus complexes. Trop critiques et interconnectés pour être compris, pensés ou conçus. Leur compréhension n’est disponible plus que pour quelques-uns et le problème est que ces quelques-uns sont les mêmes que ceux qui sont au sommet des structures de pouvoir. Pour James Bridle, il y a une relation causale entre la complexité des systèmes, leur opacité, et les violences et inégalités qu’ils propagent.
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  • Le cloud (l’informatique en nuage) n’est plus une métaphore du réseau, c’est l’incarnation de ce système global et surpuissant qu’aucun d’entre nous ne peut désormais attraper. Ce nuage est pourtant une bien mauvaise métaphore. Rien de ce qu’il recèle n’y est sans poids, rien n’y est amorphe ou invisible. Le cloud cache une infrastructure physique complexe faite de lignes téléphoniques, de fibre optique, de satellite, de vastes entrepôts d’ordinateurs, qui consomment d’énormes quantités d’énergie et qui influent sur de multiples juridictions. Le cloud est l’incarnation d’une nouvelle industrie.
  • De la sécurité nationale aux secrets industriels, il y a beaucoup de raisons à obscurcir ce que recouvre ce nuage. Mais ce qui s’en évapore est assurément notre propriété (dans les nuages, tout appartient à d’autres) et notre agentivité, c’est-à-dire notre capacité à faire.
  • Le réseau donne l’impression d’être à la fois l’idéal de progrès le plus abouti et l’idéal de base de notre culture tout en paraissant avoir émergé inconsciemment, poursuivant son but d’interconnexion sans fin pour lui-même et par lui-même… « Nous présumons que l’interconnexion est inhérente et inévitable. Le réseau semble être devenu le résultat du progrès, son accomplissement ultime », à l’image de machines qui accompliraient ainsi leurs propres désirs. Internet semble avoir accompli l’idéal des Lumières, l’idéal du progrès : celui que plus de connaissance et plus d’information conduit toujours à prendre de meilleures décisions.
  • Mais n’est-ce pas plutôt le contraire auquel nous assistons ? « Ce qui était censé éclairer le monde l’a obscurci. L’abondance d’information et la pluralité d’opinion accessible à tous n’ont pas produit un consensus cohérent, mais au contraire a déchiré la réalité en narrations simplistes, en théories fumeuses et en politique d’opinion. Contrairement au Moyen Âge, où l’âge sombre était lié à une perte de connaissance antique, l’âge sombre moderne est lié à une abondance de connaissance dont nous ne savons plus démêler collectivement l’apport. »
  • L’obscurité dont parle Bridle c’est notre incapacité à voir clairement ce qui est devant nous, avec capacité et justice. Pour Bridle pourtant, ce constat ne doit pas être lu comme une condamnation de la technologie. Au contraire. Pour relever l’âge sombre qui s’annonce, il nous faut nous engager plus avant dans la technologie, avec elle, mais avec une compréhension radicalement différente de ce qu’il est possible d’en faire, en retrouver un sens que la seule recherche d’efficacité nous a fait perdre. Tout comme le changement climatique, les effets de la technologie s’étendent sur le globe et affectent tous les aspects de nos vies. Mais comme le changement climatique, ses effets sont potentiellement catastrophiques et résultent de notre incapacité à comprendre les conséquences de nos propres inventions. Nous devons changer de manière de voir et penser le monde, nous invite Bridle, un peu facilement ou naïvement.
  • « En rapprochant la simulation de l’approximation, les grands prêtres de la pensée computationnelle pensent remplacer le monde par des modèles biaisés de lui-même ; et en le faisant, les modeleurs s’assurent du contrôle du monde. » James Bridle s’inscrit dans la continuité des constats de l’historien des sciences David Noble qui, dans Le progrès sans le peuple notamment, soulignait combien la pensée des ingénieurs avait contribué à donner du pouvoir aux puissants plutôt que favoriser l’équité ou la démocratie ; comme dans celle de Richard Sclove du Loka Institute, qui dans Choix technologiques, choix de société, soulignait combien les enjeux démocratiques restaient le parent pauvre de la question technologique.
  • La pensée computationnelle s’infiltre partout : elle devient notre culture. Elle nous conditionne à la fois parce qu’elle nous est illisible et à la fois parce que nous la percevons comme neutre émotionnellement et politiquement. Les réponses automatisées nous semblent plus dignes de confiance que celles qui ne le sont pas. Dans la pensée computationnelle, nous sommes victimes du biais d’automatisation : « nous avons plus confiance dans l’information automatisée que dans notre propre expérience, même si elle est en conflit avec ce qu’on observe ». Les conducteurs de voitures comme les pilotes d’avion ont plus tendance à croire leurs instruments que leur expérience, même si celle-ci n’est pas alignée.
  • Pour Bridle, l’informatique, en ce sens, est un piratage de notre capacité cognitive, de notre capacité attentionnelle, qui renvoie toute responsabilité sur la machine. « À mesure que la vie s’accélère, les machines ne cessent de prendre en main de plus en plus de tâches cognitives, renforçant par là leur autorité – sans regarder les conséquences ». « Nous nous accommodons de mieux en mieux et de plus en plus aux confortables raccourcis cognitifs que nous proposent nos machines. L’informatique remplace la pensée consciente. Nous pensons de plus en plus comme des machines, ou plutôt nous ne pensons plus du tout ! ».
  • « Ce qui est difficile à modéliser, à calculer, à quantifier, ce qui est incertain ou ambigu, est désormais exclu du futur possible. » L’informatique projette un futur qui ressemble au passé (« Les algorithmes ne prédisent pas le futur, ils codifient le passé », disait déjà Cathy O’Neil). La pensée computationnelle est paresseuse. Elle propose finalement des réponses faciles. Elle nous fait croire qu’il y a toujours des réponses.
  • les réseaux souffrent d’une gouvernance fragmentée, sans responsabilités claires, peu cartographiés et sous-financés ; des infrastructures en silos ; des investissements privés comme publics insuffisants et plus encore un manque de compréhension de la complexité de leur fonctionnement… expliquent leur fragilité intrinsèque et la difficulté de leur maintenance. Ajoutez à cela les impacts du changement climatique sur leur maintenance et leur évolution et vous comprendrez que les réseaux ne sont pas dimensionnés pour faire face au futur. Bref, non seulement l’informatique contribue largement au réchauffement climatique, mais elle risque d’en être l’une des principales victimes.
  • Mais les grands volumes de données ne produisent pas de la connaissance automatiquement. Dans la recherche pharmacologique par exemple, les dépenses et investissements n’ont jamais été aussi forts alors que les découvertes, elles, n’ont jamais produit aussi peu de nouveaux traitements. On appelle cela la loi d’Eroom : l’exact inverse de la loi de Moore. Le nombre de résultats de recherche chute et ces résultats sont de moins en moins dignes de confiance. Si les publications scientifiques n’ont jamais été aussi volumineuses (au détriment de leur qualité), les rétractions ont augmenté et le nombre de recherches ayant un impact significatif, elles, ont diminué proportionnellement. La science connaît une crise de réplicabilité majeure.
  • Plusieurs facteurs expliquent ce revirement de la loi du progrès. La première est que les choses les plus évidentes à découvrir ont été exploitées. La régulation est également devenue plus exigeante et la société moins tolérante aux risques. Mais le problème principal relève certainement des méthodes désormais employées. Historiquement, la découverte de médicament était le fait de petites équipes de chercheurs qui se concentrait intensément sur de petits groupes de molécules. Mais depuis 20 ans, ces processus ont été largement automatisés, sous la forme de ce qu’on appelle le HTS (High-throughput screening pour criblage à haut débit) qui consiste en des recherches automatisées de réactions potentielles via de vastes bibliothèques de composants. Le HTS a priorisé le volume sur la profondeur. Ce qui a marché dans d’autres industries a colonisé la recherche pharmaceutique : automatisation, systématisation et mesures… Certains commencent à douter de l’efficacité de ces méthodes et voudraient revenir à l’empirisme humain, au hasard, au bordel, au jeu… À nouveau, « la façon dont nous pensons le monde est façonnée par les outils à notre disposition ». Nos instruments déterminent ce qui peut être fait et donc, ce qui peut être pensé. À mesure que la science est de plus en plus technologisée, tous les domaines de la pensée humaine le sont à leur tour. Les vastes quantités de données ne nous aident qu’à voir les problèmes des vastes quantités de données.
  • Les bourses et places de marchés d’antan ont été remplacées par des entrepôts, des data centers, anonymes, dans des banlieues d’affaires impersonnelles. La dérégulation et la numérisation ont transformé en profondeur les marchés financiers. La vitesse des échanges s’est accélérée avec la technologie. Les transactions à haute fréquence (HFT, High-frequency trading) reposent sur la latence et la visibilité. La latence, c’est-à-dire la rapidité d’échange où des millions peuvent s’échanger en quelques millisecondes et la visibilité (sauf pour les non-initiés), c’est-à-dire le fait que les échanges sont visibles de tous les participants, instantanément. Les échanges reposent sur des algorithmes capables de calculer des variations éclair et de masquer les mouvements de fonds. Les échanges sont plus opaques que jamais : ils s’imposent sur des forums privés, les « dark pools » (en 2015, la SEC, l’organisme américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, estimait que les échanges privés représentaient 1/5e du total des échanges)… Les échanges financiers ont été rendus obscurs et plus inégaux que jamais, rappelle Bridle.
  • Pour Bridle, l’une des clefs qui expliquent que les inégalités se renforcent avec la technologie est intrinsèquement liée à l’opacité des systèmes. Comme les robots des entrepôts d’Amazon et ses employés commandés par des commandes vocales émanant de robots, nous sommes en train d’arranger le monde pour rendre les machines toujours plus efficaces, quitte à ce que le monde devienne incompréhensible et inadapté aux humains. Les travailleurs deviennent le carburant des algorithmes, utiles seulement pour leurs capacités à se déplacer et à suivre des ordres. Pour Bridle, les startups et les Gafam signent le retour des barons voleurs, ces tyrans industriels du XIXe siècle. La technologie est venue couvrir d’un voile d’opacité la prédation : l’avidité s’est habillée de la logique inhumaine des machines. Amazon ou Uber cachent derrière des pixels lumineux un système d’exploitation sans faille
  • Pour la sociologue Deborah Cowen (@debcowen), nous sommes entrés dans la tyrannie de la techne explique-t-elle dans The Deadly Life of Logistics (2014) : l’efficacité est devenu primordiale sur tous les autres objectifs, sur toutes les autres valeurs
  • Autre exemple avec How-Old.net un outil de reconnaissance faciale qui tente de prédire l’âge d’une personne, et qui a été utilisée pour deviner l’âge de migrants arrivants au Royaume-Uni. Microsoft, qui a développé cette application, s’est défendu et a dénoncé cette utilisation… comme les 2 chercheurs chinois. Ceux-ci expliquaient néanmoins dans leur défense que leur système était « sans préjugé » (sic). Comme souvent, on nous explique que la technologie, et plus encore l’apprentissage automatisé, est neutre. Mais « la technologie n’émerge pas de nulle part. Elle est toujours la réification de croyances et de désirs, notamment de ses créateurs. Leurs biais sont encodés dans les machines et les bases de données ou les images que nous prenons du monde. »
  • Pour Bridle, le problème n’est pas tant que les machines puissent réécrire la réalité, mais que la réalité, le passé comme le futur, ne puissent plus être correctement racontés. DeepDream de Google illustre parfaitement cela. L’enjeu n’est pas pour nous de comprendre ce qu’est l’image, mais de nous demander ce que le réseau de neurones veut y voir ?
  • Pour Bridle, nous devrions ajouter une 4e loi aux trois lois de la robotique d’Asimov. Les machines intelligentes devraient être capables de s’expliquer aux humains. Ce devrait être une loi première, car éthique. Mais le fait que ce garde-fou ait déjà été brisé laisse peu d’espoir quant au fait que les autres règles le soient à leur tour. « Nous allons devoir affronter un monde où nous ne comprendrons plus nos propres créations et le résultat d’une telle opacité sera toujours et inévitablement violent ».
  • Pour Bridle, l’alliance entre l’humain et la machine peut encore fonctionner, comme l’a montré Garry Kasparov avec les échecs avancés, consistant à ce qu’une IA et qu’un humain jouent ensemble plutôt qu’ils ne s’affrontent. C’est dans la perspective d’associer les talents des humains et des machines, d’associer leurs différences d’une manière coopérative plutôt que compétitive que nous parviendrons à réduire l’opacité computationnelle. La perspective que l’intelligence des machines nous dépasse dans nombre de disciplines est une perspective destructrice. Nous devons trouver la voie d’une éthique de la coopération avec les machines, plutôt qu’un affrontement.
  • Bridle s’en prend également longuement à la surveillance et notamment à la surveillance d’Etat pour souligner combien elle nous est masquée et continue à l’être, malgré les révélations d’Edward Snowden. Vous pouvez lire n’importe quel e-mail dans le monde d’une personne dont vous avez l’adresse. Vous pouvez regarder le trafic de tout site web. Vous pouvez suivre les mouvements de tout ordinateur portable à travers le monde. Pour Bridle, cela nous a montré qu’il n’y a pas de restriction possible à la capacité de surveillance du réseau. L’échelle et la taille de la surveillance a excédé ce que nous pensions comme étant techniquement possible.
  • En opposition au secret, nous demandons de la transparence, mais elle n’est peut-être pas le bon levier. La NSA et Wikileaks partagent la même vision du monde avec des finalités différentes, rappelle Bridle. Les deux pensent qu’il y a des secrets au coeur du monde qui, s’ils étaient connus, pourraient rendre le monde meilleur. Wikileaks veut la transparence pour tous. La NSA veut la transparence pour elle. Les deux fonctionnent sur une même vision du monde. Wikileaks ne voulait pas devenir le miroir de la NSA, mais voulait briser la machine de surveillance. En 2006, Assange a écrit « Conspiracy as Governance » (.pdf). Pour lui, tout système autoritaire repose sur des conspirations, car leur pouvoir repose sur le secret. Les leaks minent leur pouvoir, pas par ce qui fuite, mais parce que la peur et la paranoïa dégradent la capacité du système autoritaire à conspirer. Mais les fuites de données ne suffisent pas à remettre en cause ou à abattre l’autorité. Les révélations ne font pas bouger l’opinion, sinon, nous aurions réagi bien avant les révélations de Snowden. Tant que les organisations de surveillance ne changent pas de l’intérieur, ceux qui sont en dehors de ces organisations, comme les lanceurs d’alertes, n’ont pas de capacité d’action. Ils attendent que des fonctionnaires ou que la justice confirment ce qu’ils avancent.
  • Mais la lumière du calcul nous dépossède de pouvoir, car elle nous fait crouler sous l’information et nous donne un faux sens de la sécurité. C’est là encore une conséquence de la pensée computationnelle. « Notre vision est devenue universelle, mais notre capacité d’action, elle, s’est réduite plus que jamais. » A l’image du réchauffement climatique, à nouveau, « nous savons de plus en plus de choses sur le monde, mais nous sommes de moins en moins capable d’agir sur lui ». Au final, nous nous sentons plus démunis que jamais. Plutôt que de reconsidérer nos hypothèses, nous nous enfonçons dans la paranoïa et la désintégration sociale.
  • Le monde est devenu trop complexe pour des histoires simples. En fait, « la démultiplication de l’information ne produit pas plus de clarté, mais plus de confusion ». L’un des symptômes de la paranoïa consiste à croire que quelqu’un vous surveille. Mais cette croyance est désormais devenue raisonnable, s’amuse Bridle en évoquant la surveillance d’Etat comme la surveillance des services numériques. Nous sommes entièrement sous contrôle, tant et si bien qu’on peut se demander qui est paranoïaque désormais ?
  • « Les théories conspirationnistes sont le dernier ressort des sans pouvoirs, imaginant ce que serait que d’être puissant », avance Bridle. Pour le spécialiste de la postmodernité, Frederic Jameson, les théories conspirationnistes sont « la cartographie cognitive des plus démunis dans un âge postmoderne ». C’est la figure dégradée de la logique par ceux qui ont le moins de capital culturel, une tentative désespérée de se représenter un système qu’ils ne comprennent pas. Encerclé par l’évidence de la complexité, l’individu a recours à un récit simpliste pour tenter de regagner un peu de contrôle sur la situation. À mesure que la technologie augmente et accélère le monde, celui-ci devient plus complexe. Les théories conspirationnistes deviennent alors des réponses, étranges, intriquées et violentes, pour s’en accommoder.
  • Ainsi, si vous cherchez de l’information sur les vaccins, vous tomberez invariablement sur de l’information contre les vaccins. Si vous cherchez de l’information sur la rotondité de la terre, vous tomberez inexorablement sur ceux qui pensent qu’elle est plate. Ces opinions divergentes semblent devenir la majorité tant elles sont exprimées et répétées avec force. « Ce qui se passe quand vous désirez en savoir de plus en plus sur le monde entre en collision avec un système qui va continuer à assortir ses réponses à n’importe quelle question, sans résolution ». Vous trouverez toujours quelqu’un pour rejoindre vos points de vue. Et toujours un flux pour les valider. Voici l’âge de la radicalisation algorithmique (à l’image de ce que disait Zeynep Tufekci de YouTube). Les théories conspirationnistes sont devenues la narration dominante. Elles expliquent tout. Dans la zone grise des connaissances, tout prend un sens.
  • Les failles des algorithmes sont les dernières failles du capitalisme où certains s’infiltrent non pas pour le renverser, mais pour tenter de gratter un peu d’argent que les plus gros systèmes s’accaparent. Au final, des vidéos automatisées finissent par être vues par des enfants. Leurs personnages préférés y font n’importe quoi, parfois suggèrent des scènes de meurtre ou de viols. Ces effets de réseaux causent des problèmes réels. Les algorithmes de YouTube ont besoin d’exploitation pour produire leurs revenus. Derrière leurs aspects séduisants, ils encodent les pires aspects du marché, notamment l’avidité. « La capacité à exploiter l’autre est encodée dans les systèmes que nous construisons », pointe très justement James Bridle, puisque leur efficacité repose sur leur capacité à extraire de l’argent de nos comportements.
  • À défaut d’une solution, Google annonçait en avril que l’application YouTube Kids allait devenir « non-algorithmique »… À croire, comme le pointait très justement le chercheur Olivier Ertzscheid, que l’algorithimsation n’est pas une solution sans limites.
  • Pour Bridle, les humains sont dégradés des deux côtés de l’équation : à la fois dans l’exploitation qui est faite de leur attention et à la fois dans l’exploitation de leur travail. Ces nouvelles formes de violence sont inhérentes aux systèmes numériques et à leur motivation capitaliste. Le système favorise l’abus et ceux qui le produisent sont complices, accuse-t-il. L’architecture qu’ils ont construite pour extraire le maximum de revenus des vidéos en ligne a été hackée par d’autres systèmes pour abuser d’enfants à une échelle massive. Les propriétaires de ces plateformes ont une responsabilité forte dans l’exploitation qu’ils ont mise en place. « C’est profondément un âge sombre quand les structures qu’on a construites pour étendre la sphère de communications sont utilisées contre nous d’une manière systématique et automatique. »
  • Pour Bridle, les fausses nouvelles ne sont pas le produit de l’internet. Elles sont le produit de la cupidité et de la démocratisation de la propagande où tout a chacun peut devenir un propagandiste. Elles sont un amplificateur de la division qui existe déjà dans la société, comme les sites conspirationnistes amplifient la schizophrénie.
  • Mais ce qu’il y a de commun avec le Brexit, les élections américaines ou les profondeurs de YouTube, c’est que malgré tous les soupçons, il reste impossible de savoir qui fait ça, qu’elles sont leurs motivations, leurs intentions. On peut regarder sans fin ces flux vidéos, on peut parcourir sans fin les murs de mises à jour de statuts ou de tweets… cela ne permet pas de discerner clairement ce qui est généré algorithmiquement ou ce qui est construit délibérément et soigneusement pour générer des revenus publicitaires. On ne peut pas discerner clairement la fiction paranoïaque, l’action d’États, la propagande du spam… Ces confusions servent les manipulateurs quels qu’ils soient bien sûr, mais cela les dépasse aussi. C’est la manière dont le monde est. Personne ne semble réellement décider de son évolution… « Personne ne veut d’un âge sombre, mais nous le construisons quand même et nous allons devoir y vivre. »
  • Exploiter plus de données pour construire de meilleurs systèmes est une erreur. Cette méthode ne parviendra pas à prendre en compte la complexité humaine ni à la résoudre. Le développement de l’information n’a pas conduit à une meilleure compréhension du monde, mais au développement de points de vue alternatifs et concurrents. Nous devons changer nos façons de penser comme nous y invitait Lovecraft. Nous ne survivrons pas plus à l’information brute qu’à la bombe atomique. Le nouvel âge sombre est un lieu où le futur devient radicalement incertain et où le passé devient irrévocablement contesté. Mais c’est le présent dans lequel nous devons vivre et penser. Nous ne sommes pas sans pouvoir ni capacités. Mais pour cela nous devons nous défaire des promesses illusoires de la pensée computationnelle. Penser le monde autre, c’est ce à quoi nous invite James Bridle dans le nouvel âge sombre.
  • Reste à savoir si cet âge sombre des technologies est vraiment notre avenir. L’âge sombre du Moyen Âge n’a jamais vraiment existé ailleurs que dans les lacunes des historiens. On peut douter également de cette nouvelle obscurité ou regretter le titre faussement prophétique. Reste que la complexité et l’intrication du monde que décrit James Bridle, montrent combien il nous faut, plus que jamais, nous défaire justement d’une vision simple et manichéenne de la technologie.
  •  
    "Ce New Dark Age porte un titre prophétique et apocalyptique. Un peu trop peut-être. C'est effectivement un livre très critique sur notre rapport à la technologie, très éloigné du rapport souvent curieux et amusé que Bridle portait aux technologies avec la nouvelle esthétique. En une dizaine de chapitres, Bridle explore les glitchs qui sont désormais devenus des schismes, des scissions, des ruptures… comme s'ils n'étaient plus aussi distrayants. Dans son livre, il montre combien les bugs se cristallisent en caractéristiques. Combien la complexité technique que nous avons construite s'entremêle pour produire des effets en réseau, complexes, profonds, intriqués que nous ne parvenons plus vraiment à démêler. Son constat principal consiste à dire que ces dysfonctionnements ne sont pas amenés à être corrigés. Ils sont au contraire intrinsèques à la nature même des technologies qui se déploient aujourd'hui. Contrairement à ce que nous annonçaient les pionniers et les prophètes des technologies, pour Bridle, la technologie n'annonce pas de nouvelles Lumières ou une Renaissance, mais, comme Jules Michelet parlait du Moyen Âge, un âge sombre, une ère d'obscurité pour ne pas dire d'obscurantisme. Ni les réseaux sociaux, ni l'intelligence artificielle, ni les systèmes techniques ne vont nous aider à faire monde commun. Au contraire."
Aurialie Jublin

La directive Copyright n'est pas une défaite pour l'Internet Libre et Ouvert ... - 0 views

  • Trop souvent, nous avons concentré nos énergies sur des combats législatifs, hypnotisés par l’idée que le décompte des voix conduirait à une sorte « d’ordalie démocratique ». Cela nous a donné plusieurs fois l’illusion d’avoir remporté quelque chose, comme au moment du rejet de l’ACTA, alors que les racines du problème restaient intactes. Mais heureusement en sens inverse, si la victoire n’est jamais acquise en cas de succès législatif, il en est de même pour la défaite. Et rien ne serait plus faux que de penser que le vote de cette semaine sur la directive Copyright constitue la fin de l’histoire, sous prétexte que nous aurions encaissé là une défaite décisive !
  • Certes les articles 11 et 13 du texte, qui instaurent une obligation de filtrage automatisé des plateformes et une taxe sur les liens hypertextes au profit des éditeurs de presse, représentent des monstruosités contre lesquelles il était nécessaire de lutter. Mais il convient à présent d’apprécier exactement la portée de ces mesures, pour réadapter très rapidement notre stratégie en conséquence à partir d’une appréhension claire de la situation. Or cette « vision stratégique d’ensemble » est à mon sens précisément ce qui a manqué tout au long de cette campagne dans le camp des défenseurs des libertés numériques et il est inquiétant de constater que ces erreurs de jugement n’ont pas disparu maintenant que l’heure est venue d’analyser les conséquences du scrutin.
  • On a pu voir par exemple cette semaine l’eurodéputée du Parti Pirate Julia Reda expliquer sur son blog que ce vote constituait un « coup dur porté à l’internet libre et ouvert » (Today’s decision is a severe blow to the free and open internet). De son côté, Cory Doctorow a écrit un article sur le site de l’EFF, où il affirme que « l’Europe a perdu Internet » (Today, Europe lost the Internet). Sur Next INpact, Marc Rees déplore dans la même veine « une mise au pilori du Web tel que nous le connaissons, un affront à la liberté d’expression. » Ces appréciations font écho au mot d’ordre qui fut celui des défenseurs des libertés en campagne contre les articles 11 et 13 de la Directive : Save Your Internet (Sauvez votre Internet).
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  • Or lorsqu’on lit attentivement ces articles, tels qu’amendés par le vote des eurodéputés, on se rend compte qu’ils ne visent pas pas « l’Internet » ou « le Web » tout entier, mais seulement une catégorie d’acteurs déterminés, à savoir les plateformes centralisées à but lucratif. Ce n’est donc pas « l’Internet libre et ouvert » qui va être frappé par cette directive, mais plutôt exactement ce qui représente son antithèse ! A savoir cette couche d’intermédiaires profondément toxiques qui ont dénaturé au fil du temps les principes sur lesquels Internet et le Web s’appuyaient à l’origine pour nous faire basculer dans la « plateformisation ».
  • Or le grand mensonge sur lesquels s’appuient les GAFAM – principaux responsables de cette centralisation -, c’est de chercher à faire croire qu’ils représentent à eux-seuls l’Internet tout entier, comme si rien ne pouvait plus exister en dehors de leur emprise. En ce sens quand j’entends Cory Doctorow dire que nous « avons perdu Internet » à cause de mesures ciblant les acteurs centralisés lucratifs, je ne peux que frémir. Avec tout le respect que je peux avoir pour ce grand monsieur, ses propos paraissent avoir incorporé la prétention des GAFAM à recouvrir le web et c’est particulièrement grave. Car c’est précisément cela qui constituerait la défaite finale des défenseurs des libertés : se résigner à cet état de fait et ne pas agir sur les marges dont nous disposons encore pour briser cette hégémonie.
  • Sur Next INpact, Marc Rees identifie avec raison le changement le plus profond que ce texte va amener : il remet en question la distinction classique entre hébergeurs et éditeurs, issue de la directive eCommerce de 2000. Jusqu’à présent, les hébergeurs bénéficiaient d’une responsabilité atténuée vis-à-vis des actes commis par leurs utilisateurs. Au lieu de cela, la directive Copyright introduit une nouvelle catégorie d’intermédiaires dits « actifs » qui devront assumer la responsabilité des contenus qu’ils diffusent, même s’ils ne sont pas directement à l’origine de leur mise en ligne.
  • On voit que le « rôle actif » se déduit de trois éléments : la taille de l’acteur, son but lucratif et la hiérarchisation automatisée de contenus. Ce sont donc bien des plateformes centralisées lucratives, type Facebook ou YouTube, qui devront assumer cette nouvelle responsabilité. Pour y échapper, elles devront conclure des accords de licence pour rémunérer les ayant droits et, à défaut, déployer un filtrage automatisé des contenus a priori. En pratique, elles seront certainement toujours obligées de mettre en place un filtrage, car il est quasiment impossible d’obtenir une licence capable de couvrir l’intégralité des œuvres pouvant être postées.
  • La directive a par ailleurs pris le soin de préciser que les « prestataires sans finalité commerciale, comme les encyclopédies en ligne de type Wikipedia » ainsi que les « plateformes de développement de logiciels Open Source » seraient exclus du champ d’application de l’article 13, ce qui donne des garanties contre d’éventuels dommages collatéraux.
  • Marc Rees nous explique que cette évolution est dangereuse, parce que l’équilibre fixé par la directive eCommerce constituerait le « socle fondamental du respect de la liberté d’expression » sur Internet. Mais cette vision me paraît relever d’une conception purement « formelle » de la liberté d’expression. Peut-on encore dire que ce qui se passe sur Facebook ou YouTube relève de l’exercice de la liberté d’expression, alors que ces acteurs soumettent leurs utilisateurs à l’emprise d’une gouvernance algorithmique de plus en plus insupportable, que cible précisément la notion de « rôle actif » ?
  • Il est peut-être temps de tirer réellement les conséquences de la célèbre maxime « Code Is Law » de Lawrence Lessig : le droit n’est qu’une sorte de voile dans l’environnement numérique, car c’est le soubassement technique sur lequel s’appuie les usages qui conditionne réellement l’exercice des libertés. Quoi que dise la directive eCommerce, il n’y a quasiment plus rien qui relève de l’exercice de la liberté d’expression sur les plateformes centralisées lucratives, sinon une grotesque parodie qui salit le nom même de la liberté et nous en fait peu à peu perdre jusqu’au sens ! En le lisant « en creux », l’article 13 dessine au contraire l’espace sur Internet où la liberté d’expression peut encore réellement s’exercer : le réseau des sites personnels, celui des hébergeurs ne jouant pas un rôle actif et – plus important encore – les nouveaux services s’appuyant sur une fédération de serveurs, comme Mastodon ou Peertube.
  • Ce qui va se passer à présent avec l’obligation de filtrage automatisée, c’est que les grandes plateformes centralisées lucratives, type YouTube ou Facebook, vont sans doute devenir des espaces où les utilisateurs éprouveront le poids d’une répression « à la chinoise » avec la nécessité de se soumettre à un contrôle algorithmique avant même de pouvoir poster leurs contenus. Le contraste n’en sera que plus fort avec les espaces restant en dehors du périmètre de l’article 13, que les créateurs et leur public seront d’autant plus incités à rejoindre. Doit-on réellement le déplorer ?
  • On retrouve ici le problème de « l’agnosticisme économique » dont j’ai déjà parlé sur ce blog à propos du fonctionnement même des licences libres. En refusant de discriminer selon les types d’usages économiques, les défenseurs du Libre se sont en réalité privés de la possibilité de développer une réelle doctrine économique. C’est ce même aveuglement aux questions économiques qui conduit à des aberrations de positionnement comme celles que l’on a vu au cours de cette campagne contre la directive Copyright. Comment mobiliser autour du mot d’ordre « Save Your Internet », alors que cet « Internet » que l’on a voulu faire passer pour « le notre » comprend en réalité les principaux représentants du capitalisme de surveillance ? C’est le sens même de nos luttes qui disparaît si nous ne nous donnons pas les moyens d’opérer des distinctions claires parmi les acteurs économiques.
  • En juin dernier, c’est-à-dire avant même le premier vote sur la directive, La Quadrature du Net a commencé à développer ce type d’analyses, en suggérant de ne pas s’opposer à l’introduction du critère du « rôle actif » des plateformes pour au contraire le retourner comme une arme dans la lutte contre la centralisation
  • L’enjeu n’est pas de chercher – sans doute vainement – à supprimer l’article 13, mais de réussir à délimiter clairement son périmètre pour s’assurer qu’il ne s’appliquera qu’à des acteurs centralisés lucratifs procédant à une hiérarchisation des contenus. Manœuvrer ainsi ferait peser sur les GAFAM une charge écrasante, tout en préservant un espace pour développer un réseau d’acteurs éthiques non-centralisés et inscrits dans une logique d’économie solidaire. Il n’y a qu’au sein d’une telle sphère que l’on puisse encore espérer œuvrer pour un « Internet Libre et Ouvert ».
  • Il faut aussi sortir de l’urgence immédiate imposée par cette série de votes pour se replacer dans le temps long. De toutes façons, quelle que soit l’issue des dernières négociations, il restera encore plusieurs années (3, 4, peut-être plus ?) avant que la directive ne soit transposée dans les pays de l’Union. C’est un délai appréciable qui nous laisse encore le temps de travailler au développement de cette sphère d’acteurs alternatifs.
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    "Bien que la directive droit d'auteur soit le symptôme d'une soumission économique de nos industries aux géants du Web, elle crée néanmoins l'opportunité de remettre en cause ces géants, au profit de l'Internet décentralisé. C'est ce que nous rappelle Calimaq, membre de La Quadrature du Net, dans cette tribune - initialement publiée sur son blog."
Aurialie Jublin

Souhaite-t-on créer une société à trois vitesses, constituée de salariés, d'i... - 0 views

  • Plutôt que de créer un cadre juridique plus clair et plus juste pour ces travailleurs – qui ont, pour la plupart, le statut de micro-entrepreneurs –, cette idée avance sans le dire vers la reconnaissance du statut d’indépendant. Statut qui, rappelons-le, profite en premier lieu aux plateformes, en ce qu’il les libère des charges et obligations (cotisations sociales et autres) liées au travail salarié.
  • En effet, le principe de l’adoption d’une charte inscrit la relation qui lie les travailleurs à leur(s) plate(s)-forme(s) en droit commercial, et non en droit du travail. Cela aurait pour effet de laisser les plateformes décider seules des conditions de travail et de rémunération, ainsi que de la protection sociale de ces travailleurs.
  • Les chartes prévues, unilatérales, ne contiennent pas de socle minimum de protection. Souhaite-t-on, aujourd’hui en France, déléguer à des entreprises britanniques (Deliveroo) ou américaines (Uber) le soin de déterminer de quelle protection sociale doivent bénéficier des travailleurs français ? Souhaite-t-on créer une société à trois vitesses, constituée de salariés, d’indépendants et de travailleurs au statut hybride, dont les conditions sont ensuite décidées par les juges au cas par cas, aboutissant de facto à la création d’un nouveau précariat ?
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  • De ces consultations, nécessaires à l’élaboration de politiques publiques adaptées aux enjeux du XXIe siècle, il ressort jusqu'à présent que : Le statut des travailleurs des plateformes n’étant pas clarifié, il fait peser sur ces derniers les inconvénients du modèle salarié et du modèle indépendant, d’un côté l’absence de protection sociale et de l’autre l’absence de pouvoir de négociation sur le prix des prestations. La question de la protection sociale de ces travailleurs, de leur couverture en cas d’accidents du travail ou de maladies, doit impérativement être éclaircie, et ce par les pouvoirs publics. De nombreux acteurs préfèrent l’instauration, plutôt que des chartes, d’un véritable dialogue social et l’amélioration de la transparence des plateformes sur les conditions de travail de ces travailleurs.
  • Le Conseil national du numérique rappelle également que les jurisprudences française, espagnole et britannique sont en faveur d’une requalification des travailleurs en salariés et donc d’une protection accrue de ces derniers. Loin d’être à la pointe de l’Europe, et à rebours des décisions de justice, la LOM ferait prendre un retard certain à la France et constitue une fausse réponse à un vrai problème.
  • Pire, elle dissimule les autres pistes susceptibles d’améliorer la situation des travailleurs des plateformes, par exemple une amélioration substantielle du statut d’indépendant. Nous souhaitons que les travailleurs des plateformes soient garantis de la même protection des droits que les autres catégories sociales dans notre pays afin que les plateformes ne puissent s’affranchir des règles de protection sociale existantes.
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    "Le Conseil national du numérique (CNNum) s'oppose à la mise en place des chartes unilatérales de responsabilité sociale des plateformes prévues par la loi d'orientation des mobilités (LOM) et appelle plutôt à l'instauration d'un véritable dialogue social sur les nouvelles formes de travail issues de l'économie numérique."
Aurialie Jublin

[Démocratie/Logiciel libre] Alerte / en marche vers la privatisation de la dé... - 0 views

  • Pourquoi cette entreprise continue à jouer solo, à capter les contributions communes, et malgré toutes les demandes, à fermer son code ? Et par quelle magie est arrivé ce quasi monopole alors que dans d’autres pays de nombreuses solutions libres, ouvertes et transparentes ont fait leur preuve ?
  • Avons-nous compris qu'un code fermé et propriétaire c'est comme un brevet Monsanto ? Qui s'approprie le vivant, qui fait disparaître la diversité du vivant et donc des espèces, qui privatise le commun, qui installe une dépendance mortifère avec sa solution et nécessite de toujours racheter la même solution ? Avons-nous bien compris qu'un code propriétaire s'est s'approprier la richesse offerte par les gens, leur travail, leurs données ?Avons-nous bien compris qu'un code propriétaire c'est une boîte noire en qui personne, je dis bien personne, à part celui qui l’a codé, ne peut avoir confiance ?
  • il n’y a que le logiciel libre qui peut garantir les conditions de transparence, de responsabilité collective (hackers, développeurs, usagers, citoyennes et citoyens, associations de liberté et neutralité du net), qui coopérant les unes avec les autres, peuvent être les seuls garants d’un processus numérique démocratique sincère et sous surveillance.
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  • Je ne sais pas à combien d'entre nous cette proposition a été faite. D’ailleurs ça m’intéresse de savoir qui travaille avec des solutions Cap Co pour comprendre l’entendue du problème et du désastre dans lequel nous nous sommes mis. De notre côté, il en était hors de question, un de nos principes fondateurs était que tout ce qui serait créé par nos petites mains serait libre, public, partageable et pourrait servir à toutes et tous. C’est exactement ce qu’il s’est passé, on s’est servi d’autres travaux d’autres équipes par delà le monde et on a offert nos travaux à d’autres équipes qui les ont adapté en fonction de leurs besoins. Tous ces travaux sont à dispo de toutes et tous. Et n’importe quel codeur peut venir voir le cœur du réacteur, déceler les failles, les signaler, et donc les réparer, etc…
  • Nous avions donc à l'époque refusé cette proposition d’utiliser en marque blanche et gratuitement la plateforme de Cap Collectif. Mais combien ont accepté la bonne affaire ? En toute bonne foi, sans comprendre les enjeux immenses autour de la bataille des bases de données, l'ouverture des données, des choix d'algorithme, de la surveillance. Vous connaissez toutes et tous l'adage, "si c'est gratuit, c'est toi le produit".
  • Revenons un peu en arrière, la plateforme en question originelle qui a donné naissance à Cap Collectif, Parlement et citoyens, a été construite bénévolement par un tas de gens extraordinaires, qui ont vu leur travail capté, et fermé dans Cap Collectif. C’est un tout premier scandale. Qui l'a vendu et revendu à des collectivités ou "prêté" à des expérimentations citoyennes.
  • On arrive aujourd'hui ce mercredi 29 janvier 2019 à un énorme gag sur ce nouvel épisode du Grand débat, opération massive de communication gouvernementale : Cap Collectif met en place les plateformes de tous les cotés CESE, gouvernement, Gilets jaunes, provoquant un énorme malaise de ces derniers lorsqu’ils ont compris qu’ils partageaient le même outil et même prestataire, et une défiance accrue envers les outils au service de l'expression citoyenne pour celles et ceux qui s’intéresseraient aux dispositifs.
  • Cap Collectif étant en mesure de vendre ses plateformes grâce à un immense travail collectif en faveur de la participation citoyenne, dont nous sommes toutes et tous actrices et acteurs ici-mêmes (et pas que nous évidemment), et financé avec les deniers publics, donc l'argent des français, il n'est plus question de continuer à tolérer ce qui était déjà hier intolérable : le code doit être ouvert et publié.
  • Comment imaginer rétablir un lien de confiance dans la société avec des boîtes noires ? La démocratie se fonde sur la transparence de la décision publique, sa souveraineté, sa responsabilité, comment imaginer une seconde que les outils à son service ne soit pas fondé sur les mêmes obligations de transparence, souveraineté et responsabilité ?
  • Premièrement, je demande donc officiellement à Cap Collectif de publier son code. Et je vous demande, chaleureusement, à chacune et chacun d'entre vous, usagers et usagères, en tant qu'orga ou en tant que citoyen.ne.s d'en faire de même. Ou alors d’assumer publiquement votre choix du logiciel propriétaire avec tout ce que cela comporte d’antagonique avec les principes fondamentaux de la démocratie.
  • Deuxièmement, je demande aux instances de Démocratie Ouverte de favoriser la diversité des acteurs, des solutions, de ne plus recommander ou contribuer à des outils en logiciels propriétaires, de ne plus jamais favoriser une entreprise de participation par rapport à d'autres.
  • Enfin je demande à toutes les institutions, aux collectivités, de ne plus reproduire leurs erreurs en utilisant des solutions opaques : erreur sur la souveraineté des données, erreur sur la sécurité des outils, erreur et gabegie budgétaires.
  •  
    "Alors qu'explose en France une demande sans précédent de démocratie de la part des citoyens et des citoyens, de Nuit Debout, aux Gilets jaunes (assemblées réunies à Commercy)... ... celles et ceux qui sont censés être au service de cette participation citoyenne, ne voient pas ou font semblant de ne pas voir, qu'une entreprise s'approprie et capte cette formidable émulation collective, qui représente un commun, puisque financé par des deniers publics et enrichis grâce au travail de toutes et tous. Tous ces efforts collectifs pour mettre les citoyennes et les citoyens au cœur de la démocratie. Pour aller vers la transparence. De la coopération. Du partage. Des communs.  Pour quoi ? Moi je croyais que c'était vraiment notre rêve d'asseoir les citoyennes et citoyens à la table des décisions. A peine née, l'utopie d'une meilleure participation des habitantes et habitants de ce pays est déjà pervertie, et déjà gravement menacée."
Asso Fing

« On cherche à éveiller la conscience éthique des développeurs et data scient... - 0 views

  • Comment la communauté Data For Good utilise-t-elle les algorithmes ? Qu’est-ce qui vous différencie des grandes entreprises tech ? Avec Data For Good, on veut permettre aux associations, aux projets citoyens et aux institutions d’avoir accès à la data science, qui est utilisée uniquement par les grandes entreprises comme les GAFA et les start-up pour l’instant, car c’est un service qui coûte très cher. Notre communauté bénévole soutient certains projets comme celui de l’association Frateli, qui travaille sur du mentorat. On leur a créé une plateforme de matching, avec des algorithmes, pour matcher en un clic un mentor avec un mentoré, alors qu’avant tout était fait à la main sur un tableur Excel. L’humain garde la décision finale, il peut changer les résultats donnés par l’algorithme, mais cela reste beaucoup plus rapide.
  • Notre but n’est pas de récolter des données, on ne fait pas des algorithmes qui utilisent les données des utilisateurs pour faire de la publicité. De plus, les codes sources produits par Data For Good sont tous en open source, donc si une autre association veut les utiliser, elle peut le faire gratuitement et librement. Les GAFA ouvrent certains de leurs codes sources, mais c’est avant tout pour attirer des développeurs, et ils n’ouvrent que des bribes de leurs codes. Et ils savent très bien que sans les données qu’ils possèdent, ces extraits de codes ne servent à rien.
  • Vous travaillez aussi chez AlgoTransparency, une plateforme qui cherche à décrypter les mécanismes de l’algorithme de YouTube : avez-vous réussi à savoir comment était construit cet algorithme, qui est un secret bien gardé par YouTube ? Sur YouTube, on est enfermé dans une spirale de recommandations qui ne montre pas forcément le meilleur de l’humanité... Sur AlgoTransparency, on a mis en place un robot qui est capable de mesurer quelle vidéo est recommandée, à partir de quelle vidéo. On a donc des données sur ces vidéos, mais comprendre comment fonctionne l’algorithme est très compliqué car celui-ci est très complexe, et il évolue en permanence car il est ré-entraîné tous les jours. Nous, on a décidé d’étudier nos données, en rentrant des mots clés, et de voir ce qu’il en sort.
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  • L’algorithme de la plateforme, et YouTube le dit lui-même, c’est de maximiser le temps passé sur la plateforme, le « watch time ». Et quand l’algorithme voit que les gens passent plus de temps sur la plateforme quand ils regardent des vidéos complotistes par exemple, il va plus recommander ce contenu. Il fait juste le boulot pour lequel on l’a programmé.
  • Et dans un second temps, on pourrait créer pour la plateforme un statut hybride, qui serait entre l’hébergeur, qui n’a pas de responsabilité sur le contenu qu’il héberge, et le média, qui a toute la responsabilité sur ce qu’il partage. Pour l’instant, YouTube dit être un hébergeur, car il ne peut pas éditorialiser tout le contenu qui se trouve sur la plateforme. Pourtant, les algorithmes ont un rôle éditorial : quand ils recommandent un million de fois une vidéo à des êtres humains, il y a un choix fait derrière, l’algorithme a privilégié un contenu plutôt qu’un autre.
  • Par contre, là où on peut avoir peur, c’est quand ces algorithmes, notamment de machine learning (c’est-à-dire des algorithmes qui vont apprendre à partir des données qu’on leur a fourni pour prédire des choses), impactent la vie humaine : par exemple, lorsqu’on les utilise dans l’espace public pour faire de la reconnaissance faciale, ou quand les décisions concernant les peines de prison sont prises par des algorithmes. Si on ne sait pas quels sont les critères choisis pour définir les algorithmes, c’est là que ça devient dangereux. Et c’est pour cela qu’on demande l’ouverture de tous les codes sources utilisés dans les administrations (comme la loi Le Maire le recommande).
  • Est-ce que le problème de l’algorithme ne serait pas de décontextualiser les données ? Normalement, c’est aux data scientists de garder en tête le contexte des données qu’ils étudient, et de savoir qu’elles peuvent être biaisées : par exemple, connaître le quartier où habitent les utilisateurs peut être un biais sur leur niveau social. Dans le serment d’Hippocrate de Data For Good, on cherche au mieux à éveiller la conscience éthique des data scientist, en « informant les parties prenantes sur (…) l’utilisation des données », en assurant que « les individus ne soient pas discriminés par rapport à des critères illégaux ou illégitimes », en « respectant la vie privée et la dignité humaine » et en « assumant ses responsabilités en cas de difficulté ou de conflits d’intérêts ».
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    "Et si les développeurs et data scientists prêtaient serment, comme les médecins, pour une utilisation des données plus éthique ? Data For Good, une communauté de data scientists et de développeurs bénévoles au service de projets d'intérêt général, en a fait une de ses missions. Ce « serment d'Hippocrate » des data scientists sera mis en ligne le 26 juin, lors d'un « Demo Day » qui présentera les projets soutenus par Data For Good. Curieux d'en savoir plus, nous avons interrogé Frédéric Bardolle, membre de Data For Good et d'Algotransparency, une plateforme qui décrypte les mécanismes de l'algorithme de YouTube. "
Aurialie Jublin

FR - A Contract for the Web - 0 views

  • Les gouvernements s'engagent à  :S'assurer que tout le monde peut se connecter à InternetAinsi, n'importe qui, peu importe son identité ou son lieu de résidence, peut participer activement en ligne.Maintenir la disponibilité constante d'InternetAfin que personne ne soit privé de son droit à un accès complet à Internet.Respecter le droit fondamental des personnes à la vie privéeAinsi, tout le monde peut utiliser Internet librement, en toute sécurité et sans crainte.
  • Les entreprises s'engagent à :Rendre Internet abordable et accessible à tousPour que personne ne soit exclu de l’utilisation et de du futur  du Web.Respecter la vie privée et les données personnelles des consommateursAfin que les gens gardent le contrôle de leur privacité et vie en ligne.Développer des technologies qui supportent le meilleur de l'humanité et défient le pireAfin que le Web soit réellement un bien public qui donne la priorité aux gens.
  • Les citoyens s'engagent à :Être des créateurs et des collaborateurs sur le WebPour que le Web présente un contenu riche et pertinent pour tout le monde.Construire des communautés fortes qui respectent un discours civil et la dignité humainePour que tout le monde se sente en sécurité et bienvenu(e) en ligne.Se battre pour le WebPour que le Web reste ouvert et constitue une ressource publique universelle pour les utilisateurs du monde entier, aujourd'hui et à l'avenir.
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  • Nous nous engageons à respecter ces principes et à impulser  un processus de délibération afin de créer un « contrat pour le Web » complet, qui définira les rôles et les responsabilités des gouvernements, des entreprises et des citoyens. Les défis auxquels le Web est confronté aujourd'hui sont redoutables et ont des impacts sur  tous les aspects de nos vies, et non seulement lorsque nous sommes en ligne. Mais si nous travaillons ensemble et que chacun de nous assume la responsabilité de ses actes, nous pouvons protéger un Web réellement au service de tous et toutes.
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    " Le Web a été conçu pour rassembler les gens et rendre les connaissances librement disponibles. Tout le monde a un rôle à jouer pour que le Web soit utile à l'humanité. En adhérant aux principes suivants, les gouvernements, les entreprises et les citoyens du monde entier peuvent contribuer à protéger le Web ouvert en tant que bien public et droit fondamental pour tous. "
Aurialie Jublin

Le Défenseur des droits appelle le Gouvernement à respecter les droits des us... - 0 views

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    "Or la responsabilité de l'État est de ne pas dématérialiser un service sans mettre à disposition une alternative papier ou humaine faute de quoi l'usager perd toute possibilité d'échanger avec l'administration lorsqu'un bug informatique se produit ou lorsqu'un dossier est perdu. Nombreux sont les usagers qui ont perdu leur permis et donc leur emploi. Le Défenseur des droits recommande notamment que les services préfectoraux et les centres d'expertise et de ressources des titres (CERT) cessent d'orienter les usagers vers des prestataires privés pour la réalisation de leurs démarches et recommande à l'État de faire en sorte que le site de l'ANTS apparaisse avant les sites privés dans les résultats des moteurs de recherche afin que l'usager ne soit pas amené à payer, par erreur, des prestations qui sont gratuites. Prenant en considération les objectifs du gouvernement de dématérialiser l'ensemble des démarches administratives d'ici 2022, le Défenseur des droits recommande également d'introduire dans la loi une clause de protection des usagers, prévoyant l'obligation d'offrir une voie alternative au service numérique lors de la dématérialisation d'un service public ou d'une procédure administrative. En effet, l'enjeu est celui du maintien de la cohésion sociale : une dématérialisation trop rapide des services publics entraîne des risques d'exclusion et une augmentation du non-recours aux droits, mettant en péril l'égalité de toutes et tous devant le service public qui constitue un principe fondamental de la République. "
Aurialie Jublin

De l'imbrication algorithmique | InternetActu.net - 0 views

  • Pour la programmeuse et essayiste Ellen Ullman, le problème est que la programmation est de plus en plus éloignée de la compréhension humaine du fait de l’intrication des programmes, algorithmes et données. Les gens pensent souvent que les algorithmes peuvent être modifiés, mais le plus souvent, ils s’exécutent et évoluent par eux-mêmes (cf. notre dossier, réinventer la programmation). Leurs concepteurs ne les contrôlent pas vraiment et ce d’autant plus qu’ils font appellent à des bases de données, à des bibliothèques de programmes distants, à d’autres algorithmes qui évoluent également.
  • Mais désormais, les algorithmes désignent des systèmes logiciels de prise de décision complexes, avec un nombre de règles et de critères volumineux, souvent interreliés et interdépendants. Or, ils nous ont été toujours présentés comme des promesses d’objectivité, d’où le fait qu’ils se soient étendus à nombre de décisions de la vie courante : octroi de prêts, de prestations, de places… Pourtant, ces décisions ne sont pas sans biais, du fait de la manière même dont ces relations sont conçues par les ingénieurs.
  • Le problème, c’est que quand l’algorithme apprend, nous ne savons plus quels sont les règles et les paramètres qu’il utilise puisqu’il les transforme. Ces algorithmes-là ne sont plus prévisibles et peuvent se mettre à produire des résultats erratiques. Pour Smith ce sont des « algorithmes Frankenstein », des machines qui créent leurs propres règles, comme ceux qui dominent désormais les marchés financiers via les transactions à haute fréquence. Pour Neil Johnson, physicien de la complexité à l’université George Washington, Facebook peut ainsi avoir des algorithmes simples pour reconnaître un visage dans une photo… Mais que se passe-t-il quand des milliers d’algorithmes travaillent ensemble sur des milliards de profils ? « Vous ne pouvez pas prédire le comportement global appris à partir de règles microscopiques ».
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  • Pour la mathématicienne Cathy O’Neil (@mathbabedotorg), dans l’environnement algorithmique complexe actuel, il est difficile de définir les responsabilités des différents segments de codes imbriqués les uns aux autres. Les Flash Crash, ces krachs financiers éclair, n’ont pas lieu que sur les marchés financiers. La tarification algorithmique d’Amazon s’emballe aussi parfois en faisant grimper le prix de livres à des hauteurs folles. Or, comprendre où se situe la responsabilité de ces emballements n’est pas si simple. « Comme dans la finance, le déni est intégré au système ».
  • Éviter les conflits de code sur des millions de lignes de code alimentés par des flux d’information constants est extrêmement difficile. Pour l’historien des sciences George Dyson, le problème est que nous construisons des systèmes qui vont au-delà de nos moyens intellectuels pour les contrôler. Or, nous pensons que si un système est déterministe (c’est-à-dire qu’il agit selon des règles fixes), alors il est prévisible et que s’il est prévisible alors il peut être contrôlé. Mais ces deux hypothèses sont fausses, estime Dyson. « La loi d’Ashby dit qu’un système de contrôle doit être aussi complexe que le système qu’il contrôle ». Mais cela se révèle difficile. Nous ne savons pas tester cette complexité de manière exhaustive.
  • Une étude sur les attaques par drones au Pakistan entre 2003 et 2013 a ainsi montré que 2 % des personnes tuées par drones étaient des cibles présentant une menace. 20 % étaient considérés comme des non-combattants… Et 75 % étaient des cibles… « non identifiés ». Pour elle, nous sommes face à une technologie d’identification très grossière. Dans ce contexte, la perspective du développement d’armes autonomes laisse plus que perplexe. Pour Lilly Irani (@gleemie) de l’université de Californie, les choix des concepteurs d’algorithmes nous sont trop souvent présentés comme objectifs quand ils cachent des enjeux politiques.
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    "On se souvient de la mort d'Elaine Herzberg, première humaine tuée par une voiture autonome en mars 2018 (voir l'enquête qu'en dressait l'écrivain Thierry Crouzet). Pour le Guardian, le journaliste Andrew Smith (@wiresmith) revient sur les hésitations de l'algorithme de la voiture à reconnaître ce qu'il se passait."
Aurialie Jublin

[Écologie] Le monde du logiciel est en train de se détruire... Manifeste pour... - 0 views

  • Tout est lent, et cela ne va pas dans le bon sens. Certaines voix s’élèvent. Je vous invite notamment à lire “Le désenchantement du logiciel”. Tout est insupportablement lent, tout est ÉNORME, tout finit par devenir obsolète… La taille des sites web explose. Un site web est aussi gros que le jeu Doom. Le phénomène ne touche pas que le Web mais aussi l’IoT, le mobile… Le saviez-vous ? Il faut 13% de CPU pour faire clignoter un curseur…
  • Tout grossit : la taille des applications, les données stockées, la taille des pages web, la mémoire des téléphones… Les téléphones ont maintenant 2 Go de mémoire, échanger une photo de 10 Mo par mail est maintenant classique… À la limite, cela ne serait peut-être pas un problème si tous les logiciels étaient utilisés, efficaces et performants… Mais cela n’est pas le cas,
  • Alors tout le monde se cale sur une lenteur. Tout est uniformément lent. On se cale sur cela et tout va bien. Être performant aujourd’hui, c’est arriver à atteindre un ressenti utilisateur qui correspond à cette lenteur uniforme. On élague les choses qui pourraient être trop visibles. Une page qui met plus de 20 secondes à se charger, c’est trop lent. Par contre, 3 secondes c’est bien. 3 secondes ? Avec les multicoeurs de nos téléphones/PC et les data centers partout dans le monde, le tout relié par des supers technologies de communication (4G, fibre…),c’est un peu bizarre non ? Si on regarde la débauche de ressources pour le résultat obtenu, 3 secondes, c’est énorme. D’autant plus que les bits circulent dans nos processeurs avec des unités de temps du niveau de la nanoseconde. Donc oui, tout est uniformément lent.
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  • Il est nécessaire de revenir à plus d’efficience, de « challenger » les besoins en matériel, de redéfinir ce qu’est la performance. Tant que l’on se satisfera de cette lenteur uniforme avec des solutions pour ne pas ralentir plus (comme l’ajout de matériel), nous n’avancerons pas. La dette technique, notion largement assimilée par les équipes de développement, n’est malheureusement pas adaptée à ce problème (on y reviendra). Nous sommes sur une dette de ressources matérielles et de mauvaise adéquation entre le besoin utilisateur et la solution technique. On parle ici d’efficience et non pas uniquement de performance. L’efficience est une histoire de mesure du gaspillage. L’ISO définie l’efficience avec comme domaine : Time behaviour, Resource utilization et Capacity. Pourquoi ne pas pousser plus ces concepts ?
  • Développez du code Java pour un serveur J2EE ou pour un téléphone Android, ce n’est pas pareil. Des structures spécifiques existent par exemple pour traiter des données en Android mais les structures classiques sont toujours utilisées. Les développeurs ont perdu le lien avec le hardware. C’est malheureux car c’est passionnant (et utile) de savoir comment fonctionne un processeur. Pourquoi : abstraction et spécialisation (nous verrons cela plus loin). Car en perdant ce lien, on perd une des forces du développement. Ce lien est important chez les hackers ou chez les développeurs d’informatique embarquée mais malheureusement de moins en moins présent chez les autres développeurs.
  • Les pratiques devops pourraient répondre à cette perte de lien. Là, c’est pareil, nous n’allons pas jusqu’au au bout : généralement le devops va se focaliser à bien gérer le déploiement d’une solution logicielle sur une infrastructure mixte (matérielle et un peu logicielle). Il faudrait aller plus loin en remontant par exemple les métriques de consommation, en discutant sur les contraintes d’exécution… plutôt que de “scaler” juste parce que c’est plus simple.
  • Certaines technologies ont une utilité mais sont maintenant systématiquement utilisées. C’est le cas par exemple des ORM qui sont devenus systématiques. Aucune réflexion n’est faite sur son intérêt en début des projets. Résultat : on a rajouté une surcouche qui consomme, qu’il faut maintenir et des développeurs qui n’ont plus l’habitude d’effectuer des requêtes natives. Cela ne serait pas un problème si chaque développeur connaissait très bien le fonctionnement des couches d’abstraction : comment fonctionne HIBERNATE par exemple ? On s’appuie hélas de façon aveugle sur ces frameworks.
  • Le besoin d’abstraction est lié à un autre défaut: nous attendons toujours des outils miracles. La silver bullet qui améliorera encore plus nos pratiques. Le langage idéal, le framework pour aller plus vite, l’outil de gestion miracle des dépendances… C’est la promesse à chaque fois d’un nouveau framework : gagner du temps en développement, être plus performant… Et on y croit, on fonce. On abandonne les frameworks sur lesquels nous avions investi, sur lesquels on avait passé du temps… et on passe au nouveau. C’est le cas actuellement des frameworks JS. L’histoire du développement est pavé de framework oubliés, non maintenus, abandonnés… Nous sommes les champions pour réinventer ce qui existe déjà. Si on le gardait suffisamment longtemps, on aurait le temps de maîtriser un framework, de l’optimiser, de le comprendre. Mais ce n’est pas le cas. Et que l’on ne me dise pas que si on n’avait pas continuellement réinventé la roue, on aurait encore des roues en pierre… Innover serait d’améliorer les frameworks existants .
  • Sur les langages, c’est la même rengaine. Attention, je ne préconise pas de rester sur l’assembleur et sur le C… C’est le cas par exemple dans le monde Android, pendant plus de 10 ans les développeurs ont pu travailler sur des outils et des frameworks Java. Et comme cela, par magie, le nouveau Langage de la communauté est Kotlin. On imagine l’impact sur les applications existantes (si elles doivent changer), il faut recréer des outils, retrouver des bonnes pratiques… Pour quel gain?
  • Sincèrement, on ne voit aucun ralentissement sur les cycles de renouvellement des technologies. C’est toujours un rythme frénétique. Nous trouverons bien le Graal un jour. Le problème est ensuite l’empilement de ses technologies. Comme aucune ne meurt vraiment et que l’on en maintient toujours des parties, on développe d’autres couches pour s’adapter et continuer à maintenir ces bouts de code ou ces librairies. Le problèmen’est pas le code legacy,, c’est la glue que l’on développe autour qui pêche.
  • Au final, on passe du temps à résoudre des problèmes techniques internes, on recherche des outils pour résoudre les problèmes que l’on ajoute, on passe son temps à s’adapter à ses nouveaux outils, on ajoute des surcouches (voir chapitre précédent…) … et on n’a pas améliorer la qualité intrinsèque du logiciel ou les besoins auxquels on doit répondre.
  • Au final, le rythme frénétique des changements ne nous permet pas de nous stabiliser sur une technologie. J’avoue qu’en tant que vieux développeur que je suis, j’ai été découragé par le changement Java vers Kotlin pour Android. C’est peut-être pour certains de véritables challenges, mais quand je repense au temps que j’ai passé sur l’apprentissage, sur la mise en place d’outils
  • Ensuite, comme aucune solution ne meurt vraiment, que de nouvelles arrivent… on se retrouve avec des projets avec des multitudes de technologies à gérer avec les compétences associées aussi… On s’étonne ensuite que le marché du recrutement de développeur soit bouché. Pas étonnant.. Il y a énormément de développeurs mais il est difficile de trouver un développeur React avec 5 ans d’expérience qui connaîsse le Go. Le marché est fractionné, comme les technologies. C’est peut-être bon pour les développeurs car cela crée de la rareté et cela fait monter les prix, mais pas pour le projet !
  • Cependant, cet apprentissage continu des technologies pose le problème d’apprentissage de domaines transverses : accessibilité, agilité, performance… En effet, qu’est-ce qui nous prouve que les outils et les langages que nous allons choisir ne vont pas changer dans 4 ans ? Rust, Go… dans 2 ans ? Rien ne tend à donner une tendance.
  • On ne se remet pas en question car on veut s’amuser. Le fun est important, car si l’on s’ennuie dans son boulot, on va déprimer. Par contre, on ne peut pas, sous prétexte de vouloir du fun tout le temps, changer nos outils continuellement. Il y a un déséquilibre entre l’expérience du développeur et l’expérience de l’utilisateur. On veut du fun, mais qu’est-ce que cela va réellement apporter à l’utilisateur ? Un produit plus « joyeux » ? Non, nous ne sommes pas des acteurs.
  • On ne se pose pas de question sur l’éthique de notre domaine, sur sa durabilité… Cela vient peut-être du fait que notre domaine n’a pas réellement de code éthique (comme par exemple les médecins ou les avocats). Mais sommes-nous en tant que développeurs réellement libres si l’on ne peut pas avoir une autocritique ? Nous sommes peut être asservis à une cause portée par d’autres personnes ? Le problème n’est pas simple mais nous avons dans tous les cas une responsabilité. Sans code éthique, c’est le plus fort et le plus malhonnête qui est le plus fort. Le buzz et les pratiques pour manipuler les utilisateurs sont de plus en plus répandus. Sans Dark Pattern ton produit ne sera rien. Les plus gros (GAFA…) n’en sont pas arrivés là pour rien.
  • Est-ce que la solution est politique ? Il faut légiférer pour mieux gouverner le monde du logiciel. On le voit avec les dernières réponses législatives aux problèmes concrets : RGPD, notification des cookies… la source du problème n’est pas résolue. Peut-être parce que les politiques ne comprennent que très mal le monde du logiciel.
  • Car si cette structuration n’est pas faite, les développeurs vont perdre la main sur ce qu’ils font. Or le manque d’éthique de la profession est critiqué à l’extérieur. Rachel Coldicutt (@rachelcoldicutt) directrice de DotEveryOne, un think tank britannique qui promeut une technologie plus responsable, encourage à former des diplômés non-informaticiens qui traiteraient de ces problèmes (Voir plus précisément dans l’article d’Internet Actu). Pour poursuivre sur ce dernier article, cela serait dans la droite ligne de l’informatique, domaine issu du monde militaire où les ingénieurs et développeurs seraient formés à suivre des décisions et des commandements.
  • Le monde du logiciel s’intègre dans un système organisationnel classique. Grands groupes, sous-traitances via des ESN, web agencies… Tous suivent les mêmes techniques de gestion des projets informatiques. Et tout le monde va « dans le mur ». Aucune analyse sérieuse n’est faite sur le coût global d’un logiciel (TCO), sur son impact sur la société, sur son bénéfice, sa qualité… C’est la rapidité de release(Time to Market), la surcharge featurale (fonctionnelle), la productivité immédiate, qui comptent. Premièrement car les gens externes à ce monde ne connaissent que trop peu la technicité du logiciel et son monde. Il est virtuel donc simple (sic). Mais ce n’est pas le cas. Les écoles de commerce et autres usines de managers n’ont pas de cours de développement. Comment peuvent-ils bien diriger et piloter des projets ?
  • On continue a vouloir chiffrer des projets informatiques comme de simples projets alors que des mouvements comme le no estimate propose des approches innovantes. Les projets continuent d’échouer : le chaos report rapporte que simplement 30% des projets réussissent bien. Et face à cette mauvaise gouvernance, les équipes techniques continuent de se battre sur les technologies. Dommages collatéraux : la qualité, l’éthique, l’environnement… et au final l’utilisateur. Cela ne serait pas si critique si le logiciel n’avait pas un impact aussi fort sur le monde. Software eats the world… et oui, on le « bouffe »…
  • Si ces décisions absurdes arrivent, ce n’est pas uniquement la faute du développeur mais bien de l’organisation. Et qui dit organisation dit management (sous-différente forme). Si l’on revient au livre de Morel, il parle de piège cognitif dans lesquels les managers et les techniciens tombent souvent. C’est le cas de la navette Challenger qui a été quand même lancée malgré la connaissance du problème d’un joint défectueux. Les managers ont sous-évalué les risques et les ingénieurs ne les ont pas prouvés. Chacun a reproché à l’autre de ne pas fournir assez de preuves scientifiques. C’est souvent ce qui se passe dans les entreprises : des warnings sont levés par certains développeurs mais le management ne les prend pas assez au sérieux.
  • En même temps, on revient aux causes précédentes (silver bullet, on s’amuse…), il est nécessaire d’avoir une vraie ingénierie et une vraie analyse des technologies. Sans cela, les équipes techniques seront toujours non-écoutées par le management. Des outils et benchmark existent mais ils sont encore trop peu connus. Par exemple, Technologie Radar qui classe les technologies en terme d’adoption.
  • Ce phénomène de décision absurde est renforcé par le tissu complexe du développement logiciel : Les sociétés historiquement hors du numérique sous-traitent à des entreprises du numérique, les ESN sous-traitent aux freelances… Le partage de responsabilité technique / management est encore plus complexe et les décisions absurdes plus nombreuses.
  • Mais cela ne s’arrête pas là. On peut aussi voir l’usage de l’open-source comme une sorte de sous-traitance. Idem pour l’usage de framework. On est juste consommateur passif, on se déleste de plein de problématiques (qui ont un impact sur les ressources, la qualité…).
  • C’est d’autant plus facile que le domaine est passionnant et que la pratique des sides-projects, du temps passé sur les projets open-source hors des horaires de bureau est chose commune… La recherche de “fun” et le temps passé bénéficient alors plus aux organisations qu’aux développeurs. Difficile dans ce cas de chiffrer le coût réel d’un projet. Et pourtant, cela ne serait pas un problème si on arrivait à des logiciels « au top ».
  • Le développeur n’est ici plus un artisan du code, mais plutôt un pion dans un système critiquable du point de vue humain. Cela n’est pas visible, tout va bien et on s’amuse. En apparence seulement, car certains domaines du développement logiciel vont plus loin et rendent beaucoup plus visible cette exploitation : Le domaine du jeux-vidéo où les heures explosent.
  • Et donc, toutes ces maladresses (logiciel trop lourd, sans qualité…) se retrouvent chez les utilisateurs. Comme on doit releaser au plus vite les logiciels, que l’on ne tente pas de résoudre les inefficiences internes, et que l’on ne met pas plus de ressource pour faire de la qualité, on arrive à des logiciels médiocres. Mais on a tellement d’outils de monitoring et de suivi des utilisateurs pour détecter ce qui se passe directement chez eux qu’au final, on pense que ce n’est pas grave. Cela serait une bonne idée si les outils étaient bien utilisés. Or la multitude d’informations récoltées (en plus des bugs remontés par les utilisateurs) n’est que faiblement utilisée. Trop d’information, difficulté de cibler la vraie source du problème… on s’y perd et au final, c’est l’utilisateur qui trinque. Tous les logiciels sont maintenant en bêta-test. A quoi bon faire de la sur-qualité, autant attendre que l’utilisateur le demande. Et on revient ainsi au premier chapitre : un logiciel uniformément lent … et médiocre.
  • Heureusement, on est sauvé par la non-sensibilisation des utilisateurs au monde du logiciel. C’est un monde effectivement virtuel et magique qu’ils ont l’habitude d’utiliser. On leur a mis en main les outils mais sans notice explicative. Comment évaluer la qualité d’un logiciel, les risques sur l’environnement, les problèmes de sécurité… si l’on n’a pas des notions d’informatique, même rudimentaires ?
  • L’informatique du 21ème siècle est ce que l’agroalimentaire était pour les consommateurs au 20ème siècle. Pour des raisons de productivité, on a poussé des solutions médiocres avec un calcul court-termiste : mise sur le marché de plus en plus rapide, profit en hausse constante… agriculture intensive, malbouffe, pesticides… avec des impacts importants sur la santé, sur l’environnement… Les consommateurs savent maintenant (de plus en plus) les conséquences désastreuses de ces dérives, l’industrie agroalimentaire doit donc se réinventer, techniquement, commercialement et éthiquement. Pour le logiciel, quand les utilisateurs comprendront les tenants et les aboutissants des choix techniques, l’industrie du logiciel devra gérer les mêmes problèmes. En effet, le retour au bon sens et aux bonnes pratiques n’est pas une chose simple pour l’agroalimentaire. Dans l’IT, on commence à le voir avec ses conséquence sur la vie privée des utilisateurs (mais nous n’en sommes qu’aux balbutiements).
  • On va dans la mauvaise direction. L’industrie de l’informatique a déjà effectué dans les années 70 des erreurs avec des impacts non-négligeables. L’exclusion des femmes de l’informatique en fait partie. Non seulement cela a été fatal pour certaines industries mais on peut se poser la question de comment on peut maintenant adresser des réponses à seulement 50% de la population informatique, avec une représentativité très faible. Le chemin est maintenant difficile à retrouver.
  • Mais l’impact du monde IT ne s’arrête pas là. La source et le modèle d’une grosse partie de l’informatique sont issus de la Silicon valley. Si l’on écarte les gagnants de la Silicon Valley, les populations locales subissent la montée des prix, le déclassement, la pauvreté…
  • Dans sa lancée vers le progrès technique, le monde du logiciel crée aussi sa dette environnementale…
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    "Le monde du logiciel va mal et si l'on n'agit pas, on risque de le regretter. Environnement, qualité, exclusion… Software Eats The World (Le logiciel mange le monde…) ? Oui un peu trop. "
Aurialie Jublin

Dans le combat final des gilets jaunes, Jupiter va affronter des modérateurs ... - 0 views

  • Dans ce nouveau genre de mobilisation, où la participation en ligne est toute aussi importante que les blocages sur les ronds-points, les chefs par défaut sont les admins des pages Facebook. Eric Drouet et Priscillia Ludosky sont maintenant tous les deux admins du groupe La France en colère !!!, qui comprend 250 000 personnes. Dans le groupe des huit, une troisième tête se dégage : le charismatique Maxime Nicolle aka Fly Rider, qui avait été invité chez Cyril Hanouna. Il gère Fly Rider infos blocages, un groupe de 62 000 personnes qui suivent ses Facebook live quotidiens.
  • S’il fallait tracer les limites d’un ancien et d’un nouveau monde, Emmanuel Macron et Philippe Martinez apparaissent comparés à Eric Drouet et Maxime Nicolle comme la relique d’une époque révolue. Ces deux leaders des gilets jaunes renouvellent totalement la manière de gérer un mouvement social.
  • On se demanderait presque pourquoi BFM TV ne les diffuse pas en direct à l’antenne. Ces lives n’ont pas moins de pertinence dans le conflit qu’un discours d’Emmanuel Macron ou Edouard Philippe. Alors que, parmi les gilets jaunes, plus personne ne croit au discours des médias traditionnels, ces Facebook live, et plus largement toutes les vidéos qui circulent sur le réseau, apparaissent comme le seul média fiable.
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  • On peut évidemment douter de cette explication un peu simpliste, mais force est de constater que Maxime Nicolle joue là le rôle d’un corps intermédiaire – typiquement d’un leader syndical – en canalisant la colère populaire, en répondant aux inquiétudes des éléments les plus extrêmes de sa base. Dans les groupes de gilets jaunes, il y a une vraie différence entre le ton posé de ces Facebook lives, fascinants moments de débat public, et la violence parfois affligeante des commentaires.
  • «Il faut pouvoir informer les gens, expliquait Nicolle dans un Facebook live. Il y a des gens comme moi et d’autres qui font des vidéos parce qu’ils ont des facilités d’élocution, que d’autres n’ont pas. Si nous, on ne le fait pas, personne ne le fera à notre place.» C’est une démocratie de l’audience : le succès de leurs groupes et de leurs Facebook lives leur donne une mission d’information et de représentation par rapport aux autres gilets jaunes.
  • Pour les gilets jaunes, une réunion avec le gouvernement ne peut qu’être diffusée en direct, sinon ils manqueraient à leur obligation de transparence et pourraient trahir, dans l’opacité des négociations politiques, les revendications de la base. La République en marche, le mouvement participatif le moins participatif de tous les temps, incapable de toute transparence, ferait bien de s’en inspirer.
  • Le mouvement a été sans conteste aidé par le nouvel algorithme Facebook qui survalorise les contenus de groupes au détriment des contenus postés par des pages (et donc par les médias). Après quelques likes sur un groupe, on se retrouve submergé du contenu de ce groupe dans son fil d’actualités. Le nouvel algo a précipité les gilets jaunes dans une «bulle de filtre» où ils ne voient presque plus que du contenu jaune.
  • «Connecter ensemble les amis et la famille a été quelque chose très positif, déclarait Zuckerberg en 2017. Mais je pense qu’il y a ce sentiment général que nous avons une responsabilité pour faire plus que cela et pour aider les communautés et aider les gens à être exposé à de nouvelles perspectives et rencontrer de nouvelles personnes – pas seulement donner la parole aux gens, mais aussi aider à construire un terreau commun pour que les gens avancent ensemble.» Qui mieux que les groupes de gilets jaunes ont appliqué la doctrine de Zuckerberg ?
  • Les admins de groupe Facebook, dont les prérogatives ne cessent d’être augmentées par Zuckerberg, sont les nouveaux corps intermédiaires, prospérant sur les ruines des syndicats, des associations ou des partis politiques. Ayant méticuleusement fait disparaître ces courroies de transmission entre lui et le peuple, Emmanuel Macron se retrouve maintenant en frontal face à des admins de page Facebook.
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    "Plusieurs des porte-parole du mouvement sont les administrateurs de groupes Facebook très influents. Ils conçoivent leur action dans une transparence totale et sont soumis en temps réel à la supervision et la critique de leurs congénères. "
Aurialie Jublin

Acrasie : l'intime désaccord - 0 views

  • Ce phénomène que nous essayons de mettre en lumière ici, qui fait que nous prenons des décisions qui vont à l’encontre de nos valeurs, est plus fréquent qu’on ne pourrait le croire. Il est même quasi-quotidien chez certains d’entre nous. En philo éthique, c’est ce qu’on appelle l’acrasie (du grec akrasia). « Je vois le bien, je l’approuve, et je fais le mal ». C’est ce que Médée explique à Jason dans Métamorphoses d’Ovide (non, ce n’est pas une sitcom). Et ça résume bien la situation dans laquelle beaucoup d’entre nous se trouvent quotidiennement : ils ne sont pas d’accord avec le fait d’être assis sur leur canapé devant Netflix, à s’empiffrer de chips et à scroller sur Instagram, cependant, ils sont confrontés à des choix qu’ils n’arrivent (apparemment) pas à résoudre.
  • Cette caractéristique du comportement, propre à pas mal d’entre nous, c’est ce que Alain Anquetil, auteur d’un travail de recherche sur la question, appelle « l’expression molle d’une préférence pour le statu quo ».
  • L’acrasie par contre, c’est bien cette incontinence, cette faiblesse de ne pas arriver à prendre la bonne décision, alors que précisément nous savons quelle est cette « bonne » décision. Parce que je ne reçois aucune gratification instantanée dans le fait d’utiliser Qwant à la place de Google. Cependant, si je suis d’accord avec les arguments énoncés un peu plus haut, je devrais opter pour un autre moteur de recherche.
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  • Vous l’aurez compris : les pays avec le plus haut score d’acceptation étaient ceux dans lesquels les gens devaient faire un effort, et une démarche, afin de se désinscrire, alors que ceux dans lesquels il fallait tout simplement s’inscrire (ce qui semble, il est vrai, le plus logique) ont eu beaucoup de mal à fédérer plus de 10 % de réponses positives. Les conclusions de l’enquête ? Que ce soit en Suède, en Autriche ou même en France, les personnes interrogées ne sont certainement pas CONTRE le don d’organe, mais encore faudrait-il qu’elle fasse l’effort de le dire et d’exprimer leur choix. Nous sommes donc là en face d’un pur cas d’acrasie (les gens ont d’ailleurs souvent un vrai avis moral et éthique sur la question du don d’organe) : peu importe la raison, quand il s’agit de passer à l’action, l’incontinence reprend le dessus.
  • Comme le souligne Attali, l’engagement citoyen de façade est parfois doublé d’un égoïsme social présent lorsqu’il s’agit de nos intérêts personnels et de nos habitudes.
  • Le philosophe Ruwen Ogien pose la question de façon très ouverte dans La Faiblesse de la Volonté : « À quelles conditions un agent rationnel peut-il choisir le pire alors que le meilleur est accessible ? ». Quel est l’effet de dissonance cognitive qui est à l’œuvre, et qui nous fait penser que ces baskets, chèrement payées, valent l’argent que nous y mettons ? Le mimétisme ? La sensibilité aux histoires et aux émotions véhiculées par les marques ? 
  • Le « pré-engagement ». C’est la façon dont vous allez vous engager socialement par rapport à vos convictions, en les exprimant à vos proches, amis ou collègues. Reprenons l’exemple de la consommation de viande : une fois que vous avez dit à tous vos collègues que vous ne mangez plus de viande parce que vous êtes choqués par le traitement fait aux animaux dans l’élevage industriel, vous pourrez bien sur en reprendre, mais vous risquez quand même de passer pour quelqu’un de pas très « fiable ».
  • Les « intentions de mise en œuvre ». Contrairement au pré-engagement, les intentions de mise en œuvre s’adressent uniquement à vous même. Il s’agit tout simplement d’outils pour vous motiver et vous organiser de façon à mettre en œuvre ce que vous avez prévu. Un exemple très parlant, et pourtant totalement banal, est celui de la to-do list.
  • Les « embûches ». La légende dit que pour finaliser Notre-Dame de Paris dans le temps imparti, Victor Hugo s’est débarrassé de ses vêtements, afin de ne plus avoir de moyen de sortir de chez lui, et de s'obliger à rester assis devant son bureau – n’ayant plus rien d’autre à faire que d’écrire. Résultat : il a rendu son ouvrage plusieurs jours avant la date limite.
  • Si l’acrasie représente cette faiblesse de volonté, l’encrasie serait donc cette force de caractère nous permettant d’agir conformément à nos valeurs, à ce que nous pensons profondément être bon, et non à ce qui nous arrange ou ce qui peut arranger nos petites affaires sur le moment présent. C’est un long chemin, mais il ne faut pas le considérer comme hors d'atteinte pour autant. Au contraire.
  •  
    "Nous avons pris l'habitude de blâmer les géants du numérique pour tous les maux de la Terre. Serait-ce de leur faute si nos données personnelles sont revendues et utilisées contre notre gré ? Est-ce à cause d'eux que nous devenons de vraies loques humaines, incapables de faire autre chose de que scroller une quantité invraisemblable de contenu par jour, et d'emmagasiner des informations dont nous n'avons (en vrai) rien à faire ? Bonne nouvelle : les individus derrière l'excellente newsletter Tech Trash vous révèlent dans cet article initialement publié sur leur site le principal responsable de vos faits et gestes (qui ne sont pas, contrairement à ce que vous pensez peut-être, téléguidés par la Silicon Valley) : VOUS. Et un mécanisme de nos cerveaux baptisé acrasie : le fait de ne pas parvenir à prendre la bonne décision, alors que précisément nous savons quelle est cette « bonne » décision. "
Aurialie Jublin

CFDT - Travailleurs des plateformes : beaucoup de bruit pour rien ? - 0 views

  • Devant la cour d’appel, son contrat, dénommé « contrat de prestations de services », a été passé au peigne fin. Il en est ressorti que, si le livreur pouvait choisir ses plages horaires (« shifts ») pour effectuer des livraisons, il ne pouvait, sans pénalité, se désengager moins de 72 heures avant leur commencement. Qui plus est, la société Take eat easy se réservait le pouvoir de résiliation du contrat dans certains cas. Aussi, la société avait-elle édicté un « petit guide du coursier », instaurant un système de bonus-malus, les malus étant plus couramment appelés strike. 3 strikes en 1 mois conduisait à une convocation à un entretien avec la société sur les motivations du coursier et 4 strikes à la rupture des relations contractuelles. A la suite du rejet de ses prétentions par le conseil de prud’hommes de Paris, le livreur a interjeté appel. Par une décision du 20 avril 2017, la cour d’appel de Paris a refusé de reconnaître l’existence d’un contrat de travail. Selon les juges du fond, bien que le système de bonus/malus mis en place évoque un pouvoir de sanction, les pénalités sanctionnent des manquements à des obligations contractuelles, ce qui ne caractérise pas un pouvoir de sanction de type salarial. De plus, la cour relève que ces stipulations ne remettent pas en cause la liberté du coursier de choisir ses horaires, le moment de ses congés, tout comme sa durée de travail. Les juges du fond en déduisent que la société Take eat easy « ne détermine pas unilatéralement les conditions d’exécution du travail ».
  • La cour relève également que le livreur n’est lié par aucune clause d’exclusivité. Régisseur dans un petit théâtre parisien, celui-ci exerce même une seconde activité professionnelle. Aux yeux des juges d’appel, « cette liberté totale de travailler ou non (…) est exclusive d’une relation salariale ».
  • Dans sa décision très attendue, la Haute juridiction contredit la solution retenue en appel. La Cour de cassation considère que le livreur était bien lié à la plateforme par un contrat de travail. A cette fin, elle applique les principes classiques en matière de reconnaissance de la qualité de salarié.
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  • Selon la Cour, le système de la géolocalisation du livreur permettant son suivi en temps réel, ainsi que le système de sanctions auraient dû conduire les juges du fond à reconnaitre l’existence d’un pouvoir de direction et de contrôle et celle d’un pouvoir de sanction. Toutes choses caractérisant l’existence un contrat de travail.
  • En tout cas, les décisions semblaient autant se fonder sur le degré d’autonomie du travailleur que sur les principes classiques de qualification d’un contrat de travail, qu’elles rappelaient malgré tout. Manière sans doute de prendre en compte la nouveauté de ces situations… La Cour de cassation ne l’entend pas ainsi. Pour elle, dès lors que les indices classiques de l’existence d’un lien de subordination sont présents, l’autonomie (réelle ou supposée selon les cas) des travailleurs du numérique n’est pas déterminante. Ce qui compte c’est l’existence, ou non, d’un pouvoir de direction et de contrôle, sur lequel s’appuie le pouvoir de sanction.
  • En tout cas, il n’est sans doute pas anodin que, dans la note explicative de l’arrêt, la Haute juridiction indique que les textes actuellement existants concernant les travailleurs des plateformes (pas applicables en l’espèce) ne comportent aucune réponse à la question. La Cour de cassation prend ainsi explicitement position pour dire que la loi Travail (9) ne pose pas de présomption d’indépendance vis-à-vis de ces travailleurs, mais seulement l’esquisse d’une responsabilité sociale des plateformes.
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    "Grande première : la Cour cassation vient d'analyser la relation liant un livreur à une plateforme ! Appliquant des principes très classiques à cette situation pourtant spécifique, la Haute juridiction a considéré que le livreur était bien lié à la plateforme par un contrat de travail. Selon la Cour de cassation, la plateforme disposait d'un pouvoir de direction, de contrôle et de sanction sur le livreur. Cass.soc.28.11.18, n°17-20079."
Aurialie Jublin

Learning analytics et université : quels risques pour la vie privée des étudi... - 0 views

  • Un professeur du Wisconsin soulignait à juste titre que « quand des personnes défendent des budgets, elles doivent ensuite prouver que les crédits obtenus ont été utilisés intelligemment. Et un des moyens d’y parvenir est de s’appuyer sur les données d’utilisation. »
  • Par ailleurs, cette surveillance est parfois réalisée à l’insu des étudiants qui ne mesurent pas que l’accès à telle ressource électronique, le temps passé sur tel article ou le téléchargement d’un livre électronique est consciencieusement collecté. Par conséquent, si l’étudiant n’a pas connaissance de ces techniques d’analyse d’apprentissage, il n’a pas la possibilité d’exercer son opposition à ce traitement de données. En outre, l’analyse d’apprentissage suppose, comme pour tout traitement de données, une sécurisation des données collectées qui pourraient être utilisées à des fins qui ne correspondent pas aux finalités initiales du traitement. Ou bien elles pourraient être utilisées par un prestataire sur lequel l’établissement n’a aucun contrôle.
  • Dans ce contexte, Briney participe à Data Doubles un projet financé par l’Institue Museum and Library Services qui consiste à mesurer l’impact sur les étudiants de l’utilisation de leurs données par les universités et les bibliothèques. Ce serait intéressant de construire un projet similaire en France.
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  • Et bien évidemment plus on recueille de données, plus le risque de ré-identification est fort. La responsable de la vie privée de l’Université de Berkley a produit une grille de questions qu’il convient de se poser afin de réduire les risques : Degré de transparence et de prédictabilité : dans quelle mesure les personnes sont-elles informées sur l’objet de la collecte de données et l’utilisation qui en sera faite ? Degré d’anonymité et de choix : dans quelle mesure les données sont-elles rendues anonymes, ou la personne a-t-elle le choix de participer ? Degré d’accès, de propriété et de contrôle : quel est le niveau d’accès et de propriété des données pour les individus, les institutions, les vendeurs de prestations et le public ? Responsabilité en matière d’utilisation éthique, de gérance et de gouvernance : quels principes éthiques et quelles mesures de responsabilisation les entités qui manipulent les données des étudiant·e·s démontrent-elles ? Quels sont les standards de sécurité et techniques mis en oeuvre ?
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    "Le développement du big data traverse l'ensemble des secteurs de notre société y compris les universités. En effet, le milieu universitaire est également confronté à une production exponentielle de données réalisée dans le cadre de la recherche, c'est évident, mais aussi par les étudiants. Un article de l'Université de l'Arizona publié en début d'année rappelait combien les étudiants étaient scrutés notamment à travers l'utilisation de leur carte étudiante. L'objectif de l'université était de pouvoir prédire quels sont les étudiants qui abandonneront leurs études en cours d'année ou de cursus. Qui dit étudiant, dit aussi bibliothèque universitaire. Les BU pourraient être tentées de céder « à la mesure, la collecte, l'analyse et la présentation de rapports basés sur des données des apprenants en contexte d'apprentissage » (source), autrement dit aux méthodes de Learning Analytics."
Aurialie Jublin

Projet GEnIAl en collaboration avec le CERN - ckatalyzen - 0 views

  • GEnIAL​ participe à la création du socle sur lequel doit se construire la nouvelle économie numérique, celle de l’amélioration de la qualité de vie grâce à la donnée. A chaque fois que les utilisateurs interagissent avec GEnIAL, le machine learning permet de mieux comprendre les besoins et les usages et d’améliorer constamment l’aide apportée aux citoyens.Le projet étant non-profit et d’utilité publique, cette intelligence et ce savoir-faire acquis par ​GEnIAL​ resteront la propriété des citoyens, contrairement aux services d’assistants proposées par les géants d’internet. Les données collectées ne seront pas commercialisées et la vie privée restera préservée.
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    "Une nouvelle solution d'assistance pour mieux vivre dans sa ville Une plateforme qui utilise les interfaces conversationnelles et l'intelligence artificielle afin de permettre à la population du territoire de Genève de mieux vivre dans sa ville à l'ère de la Smart City, en offrant des moyens simples pour accéder aux services des administrations et des autres acteurs de la région."
Aurialie Jublin

Responsible Tech * Kumu - 0 views

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    Cartographie de l'écosystème des "Responsible Tech"
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