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Aurialie Jublin

Le Libre peut-il faire le poids ? - Framablog - 0 views

  • l’économie des géants du numérique est, pour certains, basée sur une attitude extrêmement agressive : il faut être le moins cher possible, perdre de l’argent à en crever et lever des fonds à tire-larigot pour abattre ses concurrents avec comme logique un pari sur la quantité d’argent disponible à perdre par participants. Celui qui ne peut plus se permettre de vider les poches de ses actionnaires a perdu. Tout simplement. Si ces entreprises imaginent, un jour, remonter leurs prix pour envisager d’être à l’équilibre ou rentable, l’argument du « ce n’est pas possible puisque ça rouvrira une possibilité de concurrence » sortira du chapeau de ces génies pour l’interdire. Du capitalisme qui marche sur la tête.
  • La deuxième grande technique des géants du numérique est basée sur la revente de statistiques collectées auprès de leurs utilisateurs. Ces données privées que vous fournissez à Google, Facebook Inc,, Twitter & co permettent à ces sociétés de disposer d’une masse d’informations telle que des entreprises sont prêtes à dégainer leurs portefeuilles pour en dégager des tendances.
  • Une troisième technique consiste à reprendre les données collectées auprès des utilisateurs pour afficher de la pub ciblée, donc plus efficace, donc plus cher. C’est une technique connue, alors je ne développe pas.
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  • Une autre technique est plus sournoise. Pas pour nous autres, vieux loubards, mais pour les jeunes : le placement produit. Même si certain Youtubeurs en font des blagues pas drôles (Norman…), ce truc est d’un vicieux.
  • Ces influenceurs sont friands de plateformes taillées pour leur offrir de la visibilité et clairement organisées pour attirer l’œil des Directeurs de Communication des marques. Mastodon, Pixelfed, diaspora* et les autres ne permettent pas de spammer leurs utilisateurs, n’attirent donc pas les marques, qui sont la cible des influenceurs, ces derniers n’y dégageant, in fine, aucun besoin d’y être présents.
  • On peut attendre que les Uber se cassent la figure calmement, on peut attendre que le droit décide enfin de protéger les données des utilisateurs, on peut aussi attendre le jour où les consommateurs comprendront qu’ils sont les seuls responsables de l’inintérêt de ce qu’ils regardent à la télé, au cinéma, en photos ou encore que les mastodontes du numérique soient démantelés. Bref, on peut attendre. La question est : qu’aurons-nous à proposer quand tout ceci finira par se produire ?
  • Après la FinTech, la LegalTech, etc, faites place à la LowTech ou SmallTech. Je ne connaissais pas ces expressions avant de tomber sur cet article dans le Framablog et celui de Ubsek & Rica d’Aral. On y apprend que c’est un mouvement qui s’oppose frontalement aux géants, ce qui est fantastique. C’est une vision du monde qui me va très bien, en tant que militant du Libre depuis plus de 10 ans maintenant. On peut visiblement le rapprocher de l’initiative CHATONS. Cependant, j’ai du mal à saisir les moyens qui pourraient être mis en œuvre pour sa réussite.
  • Les mentalités actuelles sont cloisonnées : le Libre, même s’il s’impose dans quelques domaines, reste mal compris. Rien que l’idée d’utiliser un programme au code source ouvert donne des sueurs froides à bon nombre de DSI. Comment peut-on se protéger des méchants si tout le monde peut analyser le code et en sortir la faille de sécurité qui va bien ? Comment se démarquer des concurrents si tout le monde se sert du même logiciel ? Regardez le dernier changelog : il est plein de failles béantes : ce n’est pas sérieux !
  • Parlons aussi de son mode de fonctionnement : qui se souvient d’OpenSSL utilisé par tout le monde et abandonné pendant des années au bénévolat de quelques courageux qui n’ont pas pu empêcher l’arrivée de failles volontaires ? Certains projets sont fantastiques, vraiment, mais les gens ont du mal à réaliser qu’ils sont, certes, très utilisés mais peu soutenus. Vous connaissez beaucoup d’entreprises pour lesquelles vous avez bossé qui refilent une petite partie de leurs bénéfices aux projets libres qui les font vivre ?
  • On peut faire un vrai parallèle entre la situation de la Presse en ligne et les services numériques. Trouver des gens pour payer l’accès à un Nextcloud, un Matomo ou que sais-je est une gageure. La seule différence qui me vient à l’esprit est que des services en ligne arrivent à s’en sortir en coinçant leurs utilisateurs dans des silos : vous avez un Windows ? Vous vous servirez des trucs de Microsoft. Vous avez un compte Gmail, vous vous servirez des trucs de Google. Les premiers Go sont gratuits, les autres seront payants. Là où les journaux généralistes ne peuvent coincer leurs lecteurs, les géants du numérique le peuvent sans trop de souci.
  • Perso, je l’ai déjà dit, j’adhère volontiers à cette vision du monde horizontale et solidaire. Malgré tout, mon envie de travailler, d’avoir un salaire, une couverture sociale, une activité rentable, et peut-être un jour une retraite, me poussent à grimacer. Si les bribes d’idéologie LowTech orientent les gens vers des associations, comment fait-on pour sortir de terre une entreprise éthique, rentable et solidaire ?
  • L’idée, connue, serait de s’attaquer au marché des entreprises et des collectivités pour laisser celui des particuliers aux associations sérieuses. Mais là encore, on remet un pied dans le combat pour les logiciels libres contre les logiciels propriétaires dans une arène encerclée par des DSI pas toujours à jour. Sans parler de la compétitivité, ce mot adoré par notre Président, et de l’état des finances de ces entités. Faire le poids face à la concurrence actuelle, même avec les mots « éthique, solidaire et responsable » gravés sur le front, n’est pas évident du tout.
  • Cette conférence vue au FOSDEM, The Cloud Is Just Another Sun, résonne terriblement en moi. L’intervenant y explique que les outils libres que nous utilisons dans le cloud sont incontrôlables. Qui vous certifie que vous tapez bien dans un MariaDB ou un ES quand vous n’avez accès qu’a une boite noire qui ne fait que répondre à vos requêtes ? Rien.
  • Pour finir, ne mettons pas complètement de côté l’existence réelle d’un marché : Nextcloud en est la preuve, tout comme Dolibarr et la campagne de financement réussie d’OpenDSI. Tout n’est peut-être pas vraiment perdu. C’est juste très compliqué.
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    "Dans un article assez lucide de son blog que nous reproduisons ici, Dada remue un peu le fer dans la plaie. Faiblesse économique du Libre, faiblesse encore des communautés actives dans le développement et la maintenance des logiciels et systèmes, manque de visibilité hors du champ de perception de beaucoup de DSI. En face, les forces redoutables de l'argent investi à perte pour tuer la concurrence, les forces tout aussi redoutables des entreprises-léviathans qui phagocytent lentement mais sûrement les fleurons du Libre et de l'open source… Lucide donc, mais aussi tout à fait convaincu depuis longtemps de l'intérêt des valeurs du Libre, Dada appelle de ses vœux l'émergence d'entreprises éthiques qui permettraient d'y travailler sans honte et d'y gagner sa vie décemment. Elles sont bien trop rares semble-t-il. D'où ses interrogations, qu'il nous a paru pertinent de vous faire partager. Que cette question cruciale soit l'occasion d'un libre débat : faites-nous part de vos réactions, observations, témoignages dans les commentaires qui comme toujours sont ouverts et modérés. Et pourquoi pas dans les colonnes de ce blog si vous désirez plus longuement exposer vos réflexions."
Aurialie Jublin

Le CES de Las Vegas ou l'urgence de la sobriété numérique | Perspectives sur ... - 0 views

  • Le numérique, c’est surement là où les logiques de surconsommation, de renouvellement accéléré des équipements, d’options ubuesques, et des traitements "chaotiques" des déchets sont les plus fortes. C’est donc pour tout cela que la sobriété doit pénétrer pleinement désormais le numérique. Il ne semble pas que ce soit le chemin pris aujourd’hui, même si plusieurs acteurs notables tentent quelques propositions en ce sens : La Fing avec une journée Agenda pour le futur sur la « sobriété numérique » en 2018 ou son appel Reset en 2019 pour réinventer le numérique, le think-tank The Shift Projet présidé par Jean-Marc Jancovici avec un conséquent et solide rapport « Lean ICT – pour une sobriété numérique » publié en octobre 2018.
  • Le constat de départ est simple, c'est « le grand gâchis énergétique » comme le CNRS le résume. Le numérique c’est de l’ordre de 10% de la consommation d’électricité mondiale. Pour comprendre ces consommations énergétiques qui plombent l’imaginaire immatériel derrière le « cloud », il faut avoir en tête la consommation énergétique (et de matière ensuite) associée aux objets connectés, écrans, mais aussi réseaux et data-center de plus en plus nombreux.
  • Anne-Cécile Orgeri chercheuse de l’Irisa le rappelle, les terminaux entre nos mains ne consomment que 30% de cette énergie, les 70% restants étant consommés dans les data-centers, routeurs, et infrastructures cachés pour l’usager. Et comme toujours, les infrastructures sont dimensionnées pour la pointe. En gros, c’est le pic de streaming du soir qui détermine l’infrastructure, comme les heures de sortie de travail déterminent les périphériques routiers ou les consommations de chauffage le système électrique avec ses centrales d’extrême pointe. Tout cela concoure donc à un surdimensionnement, très consommateur d'énergie et de ressources, et dont la majorité des impacts sont occultés, ou invisibles pour l’utilisateur. Et on ne parle même pas à ce stade des limites même du recyclage, et des filières défaillantes des déchets numériques.
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  • L’énergie grise, ou embarquée, est telle que les équipements numériques doivent incontestablement augmenter leur durée de vie puis réduire leur nombre. Il n’est pas du tout certain que l’Internet des Objets (IoT) présente un quelconque intérêt environnemental, par contre, il viendra indubitablement rajouter quelques équipements à des foyers déjà suréquipés (une dizaine d'équipements pour les citoyens américains par exemple). Mais avec les poubelles ou toilettes connectées, on voit bien qu'il n'y a guère de limites.
  • Sur le design, mais aussi le code et les logiciels, aujourd’hui parfois écrits à la va-vite et surconsommant ressources et énergie, des principes d’efficacité et de sobriété doivent aussi être mis en oeuvre. Cela n’est évidemment pas qu’une question technique mais aussi économique : quand pour consulter la météo, une vidéo publicitaire s’ouvre systématiquement avant de vous permettre l’accès à l’information, il va sans dire que 90% du volume de données n’a rien à voir avec la demande initiale…
  • Un numérique sobre, c’est aussi et surtout un numérique qui s'intéresse à « sa périphérie ». Plus largement, tant dans le hard que le soft, des équipements aux logiciels, c’est un numérique au service de la transition énergétique. Pas un numérique qui « connecte » notre poubelle, nos toilettes, ou notre réfrigérateur, mais un numérique qui aide à consommer moins de ressources.
  • Il faudrait donc développer des d’outils numériques qui, plutôt que de cacher (et repousser) leurs impacts, rendent visible à l’utilisateur tout ce poids, cette énergie grise ou ce « sac-à-dos matières ». Les formes de restitution pour l’utilisateur sont nombreuses à imaginer : de l’étiquette énergie/environnement lors de l’achat, l’indice de réparabilité en préparation, aux applications adaptées dans le quotidien et le paysage urbain, en passant par les indicateurs à penser pour les différents usages (un voyant, box, écran ou autre dispositif « rouge » pour du streaming à l'heure de pointe par exemple), voire une fiscalité environnementale incitative sur les équipements (type bonus/malus)…
  • Là où le pouvoir du numérique est encore grand, c’est par exemple dans la mise en visibilité d’alternatives existantes. Par exemple des itinéraires cyclables ou "marchables". Les collectivités sont tellement en retard sur ces liaisons douces sur de très nombreux territoires, notamment en milieu rural, que la mise en visibilité d’une pratique, d’une demande, peut être le premier pas pour mettre dans le débat public un besoin. Et là, la puissance d’un Maps, Google map, ou encore Openstreetmap est intéressant. Redécouvrir cette cartographie au profit de mobilité douce ou active est une perspective réjouissante pour la sobriété numérique. Il faudra ensuite bien sûr le relais des collectivités pour équiper durablement, éclairer la nuit, nettoyer l’automne et l’hiver, sécuriser les chemins de halage… mais le point de départ peut être la cartographie numérique des pratiques.
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    "A la lecture du compte rendu du Consumer Electronics Show de ce début 2019 faite par Bernard Le Moullec dans l'Usine Nouvelle, l'urgence de la sobriété numérique vous saute aux yeux. Un tel déluge d'innovations inutiles fait surement bien plus que tout le travail de fond de think-tanks ou chercheurs pour prendre conscience de l'absurdité de la voie empruntée."
Aurialie Jublin

Plateformes de livraison : pour les mineurs, une course à l'argent facile - L... - 0 views

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    Aider ses parents, se payer des chaussures ou le permis… Lycéens, voire collégiens, souvent de banlieue, sont de plus en plus nombreux à travailler illégalement pour Uber Eats, Stuart ou Deliveroo, au risque d'abandonner définitivement leur scolarité.
Aurialie Jublin

Retour sur MyData2018 : quelle(s) approche(s) collective(s) des données perso... - 0 views

  • L’entrée en vigueur du RGPD a clairement été l’événement marquant de 2018 et beaucoup d’intervenants s’y sont référés. Le principe d’équité y est affirmé. Or il s’agit d’un principe qui recouvre une dimension collective : l’équité suppose un groupe, contrairement aux autres principes (transparence, légalité, limitation de but, rétention, intégrité et confidentialité, minimisation des données, précision). Toutefois le texte ne donne pas de définition de l’équité dans le contexte de la gestion des données personnelles a fait remarquer Jussi Leppälä, Privacy Officer (Global) chez Valmet. Finalement, les intervenants s’accordaient à dire que le RGPD est un texte axé sur les besoins individuels plutôt que collectifs. Il protège l’individu, mais ne porte pas de vision véritablement collective des données personnelles.
  • Sur cette question de l’équité, l’exemple d’openSCHUFA donné par Walter Palmetshofer (Open Knowledge Allemagne) est inspirant : une campagne de collecte de données a été faite auprès de milliers d’individus pour comprendre l’algorithme de credit-scoring (pointage de crédit) de SCHUFA, bureau de crédit privé allemand. Cela a permis à des individus de pouvoir demander, preuves à l’appui, à corriger des décisions prises par l’algorithme. De manière générale, le biais algorithmique est un enjeu sociétal important, surtout pour les groupes les plus fragiles dont les données personnelles sont plus exposées et davantage victimes de biais algorithmiques (à ce sujet, lire Internet Actu).
  • D’autres intervenants ont insisté sur la nécessité d’accompagner les entreprises vers plus de prises en compte de leur responsabilité sociale. Le modèle de gouvernance qui domine actuellement étant l’hégémonie d’acteurs économiques (GAFA, BATX) raconte Bruno Carballa Smichowski, de Chronos, le rééquilibrage des pouvoirs doit venir des Etats. Ces derniers disposent de données personnelles, mais peuvent également demander des comptes et pousser les acteurs qui utilisent les données à être plus ouverts et actifs : littératie, infrastructure, open innovation, construire la confiance et faire reculer la peur, ou encore impliquer les personnes concernées (Hetan Shah et Jeni Tennison), sont autant d’actions que les pouvoirs publics peuvent mettre en place.
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  • Depuis le lancement de MyData, la nécessité de développer les enjeux collectifs des données personnelles apparaît chaque année plus forte. En parallèle, les communs numériques apparaissent de plus en plus comme un modèle alternatif désirable face aux comportements abusifs des acteurs dominants. Les communs autorisent par nature une gestion transparente et au service de la communauté, car gérés par leurs membres.
  • Si sa remarque a donné naissance au track “OurData” en 2017 et en 2018,, le terme de “commun” était pourtant quasiment absent des discussions du track OurData, essentiellement tourné vers l’acteur public et la régulation. L’exemple d’OpenSCHUFA se rattache néanmoins au courant des communs en donnant un exemple concret.
  • L’idée derrière la coopérative de données qui s’intègrerait au modèle MyData/Self Data viserait plutôt à créer un commun : une association d’individus développant des outils et services (chat, moteur de recherche,…) leur permettant de gérer leurs données de A à Z. Il existe plusieurs coopératives de données de ce type : diglife.coop, schluss, open.coop,…
  • Laura James (doteveryone) a suggéré  cette session afin d’échanger avec les participants sur la faisabilité de créer une ou des coopératives “de masse”, appartenant à leurs membres et gérées par eux. L’objectif serait d’offrir aux gens de meilleurs services que les géants de la technologie et les entreprises de type Silicon Valley. Laura James constate que si le problème avec les géants numériques est leur modèle d’entreprise (capitalisme de surveillance) et le modèle de propriété (extraction de richesse au profit de quelques-uns), la “data coop” doit permettre d’offrir une technologie en laquelle nous pouvons avoir confiance – c’est-à-dire préservant notre vie privée, accessible, fiable, équitable, basée sur les sources ouvertes existantes, avec un meilleur support et une véritable durabilité.
  • Est-ce que le peu de succès de Digital Life Collective est dû à un manque d’intérêt de la part des consommateurs pour les questions liées aux données personnelles ? Ou bien est-ce que les enjeux ne sont pas encore bien compris par les gens ? Les porteurs de coopératives présents à la session échangent sur plusieurs éléments de réponse. D’abord, il n’y a pas une absence d’intérêt pour les questions de privacy mais une perception et un traitement différent selon les personnes (par les « millenials » par exemple). Ensuite, les consommateurs veulent-ils avoir à supporter la responsabilité qui va avec la reprise du contrôle sur leurs données ? Rien n’est moins sûr : comme les services gratuits d’aujourd’hui, cela doit être simple. Mais le contrôle implique nécessairement des responsabilités… Les consommateurs ont aussi besoin de services pratiques. Il faut travailler l’expérience utilisateur. Enfin, il faut une littératie des données pour créer un véritable intérêt et dissiper la peur et les malentendus autour de ce sujet.
  • Comment avoir une véritable gouvernance partagée tout en ayant une organisation suffisamment grande ? A peine 10 personnes sont vraiment actives au sein de Digital Life Collective. Schluss recherche une manière de faire participer davantage les membres. C’est un problème récurrent pour les coopératives, et toute organisation dont la gestion s’appuie sur l’ensemble de ses membres. Toutefois, l’un des participants soulignait que même si seul 1% s’implique dans la prise de décisions, tous reçoivent les bénéfices de la coopérative ! Ca n’est pas la gestion parfaitement partagée et idéale, mais cela fonctionne quand même. Avant de renoncer au modèle participatif, quelques modèles de gouvernance pourraient être expérimentés pour faciliter les prises de décision participatives au sein de la coopérative : les jurys citoyens, sociocracy 3.0 (utilisé par certaines entreprises télécom en Finlande), …
  • Dans les sessions de la thématique “OurData”, nous avons eu le plaisir d’entendre à chaque fois (ou presque) que la propriété appliquée aux données personnelles n’a aucun sens. Bien que ce track, plus qu’aucun autre, soit prédisposé à un tel constat,depuis quelques années, la position de la communauté MyData s’est éclaircie à ce sujet et on voit de moins en moins de personnes prôner ce modèle de propriété et de revente individuelle de ses données..
  • En découle un modèle collectif basé non pas sur des titres de propriété individuels mais sur des droits d’usage. Le RGPD en crée quelques-uns mais d’autres questions restent en suspens, comme le droit à la mémoire collective, notamment pour les catégories les plus défavorisées, ou encore l’équité, qui s’oppose à une régulation par les lois du marché.
  • La plupart des intervenants postulent que c’est l’acteur public qui doit agir : en créant de nouveaux droits associés aux données personnelles, en accompagnant les acteurs privés à fournir des solutions plus éthiques et transparentes, en s’engageant pour une culture et une littératie de la donnée pour tous, en actant juridiquement que les données personnelles sont le résultat d’un processus collectif qui appartient à la société qui l’a co-généré et qu’il ne peut y avoir de propriété associée (en France la CNIL est très claire sur ce dernier point, nous avons besoin d’une voie aussi claire au niveau européen !), en promouvant leur valeur sociale, et non commerciale, et enfin qu’il fasse que le fruit de ce travail doit servir à répondre à des problématiques collectives telles que la santé, l’éducation, la culture, la protection de l’environnement, …
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    "LE CONSTAT : LA GESTION ACTUELLE DES DONNÉES PERSONNELLES S'INTÉRESSE PEU AU COLLECTIF MyData s'intéresse à toutes les dimensions que recouvre le contrôle des données personnelles : si la privacy occupe souvent le devant de la scène, MyData explore également la transparence des organisations et des technologies, l'équité et la dimension collective des données personnelles."
Aurialie Jublin

Dans les quartiers Nord de Marseille, des salariés envisagent de transformer ... - 0 views

  • Dans cette zone où les usines et les commerces ont fermé les uns après les autres, et où la République ne met plus guère les pieds [1], le McDo constitue un petit poumon économique auquel les salariés ont su donner une forte dimension sociale. « J’étais un petit délinquant, et le directeur de l’époque m’a ouvert une porte qui m’a permis d’obtenir un emploi [2]. Je veux que cette porte reste ouverte derrière moi, pour les jeunes qui arrivent », explique Kamel. Combien de jeunes du quartier ont connu leur première expérience professionnelle dans ce restaurant, qui a ouvert ses portes en 1992 ? Combien ont pu suivre une formation après y avoir travaillé, pour devenir plombier, électricien, ambulancier ? Combien, aussi, ont pu aller y bosser en accord avec un juge d’application des peines ? Combien ont pu passer leur permis de conduire après y avoir trouvé un job d’été ? Plusieurs centaines, c’est certain. Plus d’un millier, probablement.
  • Investi au sein de l’association « Syndicat des quartiers populaires de Marseille », Salim Grabsi confirme le rôle crucial que joue ici le McDo : « Il est implanté au cœur de différents quartiers qui ont pour point commun de souffrir d’une déficience des pouvoirs publics. Tous ses salariés sont issus de ces quartiers. Ce sont souvent des gens qui ont été cabossés par la vie. Lorsque des parents, des responsables associatif, ou des structures comme la nôtre repèrent des jeunes en difficulté, qui ont besoin d’une main tendue pour ne pas basculer dans la délinquance, on les oriente vers le McDo. Les directeurs successifs ont toujours joué le jeu, en leur faisant signer des petits contrats ou en les embauchant. Cet établissement est un intégrateur, un véritable amortisseur social. » Une dimension qui n’a pas ravi la direction du groupe McDonald’s France.
  • En début d’année, les salariés apprenaient que le franchisé et le groupe – ils possèdent l’établissement à 50-50 – comptaient revendre leur restaurant à un obscur homme d’affaires, lequel aurait un projet de « fast-food asiatique halal » [3]. « On prend ça comme une insulte, c’est très stigmatisant : on est dans les quartiers Nord, donc on est tous musulmans ?!, interroge Kamel. Nous, on ne veut pas d’un truc communautaire, on veut que tout le monde puisse venir. » Quant au prétendu repreneur, il est totalement inconnu, ne s’est jamais présenté devant les salariés, ne possède à l’heure actuelle aucun restaurant...
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  • « Nous sommes en présence de l’une des plus belles tentatives d’escroquerie qui m’ait été donnée de voir dans toute ma carrière d’avocat », a rétorqué Me Blindauer. Selon l’avocat des salariés, les garanties de préserver tous les emplois durant au moins un an sont vaines, puisque, s’il ouvrait vraiment ses portes, le « fast-food asiatique halal » ne tiendrait de toutes manières pas plus de quelques mois. Pour Me Blindauer, l’objectif pour McDonald’s France est ailleurs : faire disparaître l’un des très rares bastions syndicaux au sein de McDo. Le prétendu repreneur « n’est pas là pour faire prospérer l’entreprise, il est là pour la couler ! », estime l’avocat.
  • Le McDonald’s de Saint-Barth’, en effet, a été façonné au fil des années par ceux qui y travaillent. Il ne correspond donc plus au « modèle social » de l’entreprise. Il s’agit certes, comme dans 84% des cas, d’un restaurant franchisé. Mais le nombre de salariés de cet établissement, 77, y est inhabituellement élevé. « McDonald’s utilise très généralement l’astuce suivante : un restaurant McDo = une société juridiquement distincte de toutes les autres. Et il est très rare qu’un restaurant seul emploie plus de 50 salariés en équivalent temps plein. Ainsi, un franchisé peut être à la tête d’un ensemble de 20 restaurants et employer plus d’un millier de salariés, tout en y appliquant le droit du travail qui prévaut dans les sociétés de moins de 50 salariés », indique le rapport Le Système Mcdo [5].
  • L’établissement de Saint-Barth’ est ainsi l’un des rares qui dispose d’un comité d’entreprise et d’un CHSCT. Autre particularité, les employés sont pour la plupart en poste depuis plus de quinze ans, alors que le taux de remplacement national (ou « turn-over ») au sein de l’entreprise s’élève, selon certaines estimations, à 88 % par an ! Les salariés marseillais faisant valoir leurs droits, ils ont obtenu le 13e mois, la participation aux bénéfices, des primes trimestrielles, la prise en charge de la mutuelle à 95 % par l’entreprise… Dans la galaxie McDonald’s, ce n’est pas banal. Et comme la stratégie du groupe consiste notamment à maintenir au plus bas les frais de personnel, il ne faudrait pas que le cas marseillais fasse tache d’huile.
  • Mais les choses pourraient ne pas se passer comme le prévoit monsieur Bordas : le 7 septembre, le juge des référés a annulé la vente du restaurant. Les salariés veulent désormais récupérer la franchise de l’établissement et créer une société coopérative et participative (Scop), qui leur appartiendrait. Le groupe fait pour l’instant la sourde oreille.
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    "Important pour la vie sociale locale, le restaurant McDonald's de Saint-Barthélémy, dans les quartiers Nord de Marseille, est aussi un bastion syndical, où les conditions d'emploi sont bien meilleures que dans les autres restaurants de l'enseigne. McDonald's France tente cependant de se débarrasser de son établissement, dans des conditions laissant craindre sa fermeture prochaine. C'était sans compter la résistance des 77 salariés, engagés depuis plusieurs mois dans un véritable bras de fer. Ils ont obtenu de la justice l'annulation de la vente, et envisagent de transformer leur McDo en société coopérative ! Un reportage tiré du numéro d'octobre du journal L'âge de faire, partenaire de Basta !."
Asso Fing

IBM rachète Red Hat, le numéro un de l'« open source », pour 34 milliards de ... - 0 views

  • En pleine croissance, Red Hat n'a, au contraire, cessé d'augmenter ses revenus ces dernières années, jusqu'à frôler les 3 milliards de dollars lors de son dernier exercice annuel.Lancée en 1993, la société a mis au point une version de Linux (un système d'exploitation dont le code du logiciel est libre et gratuit) stable, testée et approuvée par ses soins, qu'elle vend aux entreprises.
  • Nommée GNU/Linux, celle-ci est une alternative aux offres sous licence propriétaire de Microsoft, dont l'ancien PDG, Steve Ballmer, avait qualifié les logiciels « open source » de « cancer » au début des années 2000. Mais les temps changent et les géants de l'informatique s'adaptent.En juin dernier, la firme de Redmond a  déboursé 7,5 milliards de dollars pour acheter GitHub, l'outil favori de quelque 30 millions de développeurs à travers le monde qui collaborent et partagent idées et extraits de codes informatiques. En avril dernier, le groupe dirigé par Satya Nadella avait aussi annoncé qu'il  allait s'appuyer sur Linux pour sécuriser ses objets connectés.
  • « Je suis incroyablement fier du rôle qu'a joué Red Hat pour faire [du logiciel libre] une réalité dans les entreprises », déclare Jim Whitehurst, le patron de Red Hat, dans le communiqué de presse. Ce dernier va continuer à diriger l'entité Red Hat au sein d'IBM, qui assure que celle-ci fonctionnera comme une « unité distincte ». « Il y a encore quelques années, le logiciel libre était l'alternative, l'option bon marché. Désormais, c'est la norme », se félicitait le même Jim Whitehurst, il y a deux ans, auprès des « Echos ». Ce rachat à 34 milliards de dollars en est aujourd'hui la preuve la plus éclatante.
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    "C'est la plus grosse acquisition jamais réalisée par IBM. Le groupe centenaire vient de débourser près de 34 milliards de dollars (soit environ 30 milliards d'euros) pour racheter Red Hat, le numéro un mondial de l'« open source » (logiciel libre). Les deux groupes se connaissent déjà bien et travaillent sur des projets communs depuis plus de dix-sept ans. En mai dernier, ils avaient annoncé qu'ils collaboraient dans le domaine du cloud hybride (un mélange entre stockage chez des opérateurs tiers et sur ses propres serveurs), un segment de marché qui rencontre un véritable engouement. C'est sur ce pan-là qu'IBM met l'accent pour expliquer cette méga-acquisition et la prime qu'il paie (+63 %) par rapport au dernier cours de clôture de l'éditeur."
Aurialie Jublin

Pire to pire : le fantasme de la perfection sociale - P2P Foundation France - 0 views

  • Car cette liberté retrouvée semble à tout prix devoir être mise au service d’un but « noble » qui serait une espèce d’efficacité sociale, et d’une rationalisation de nos comportements. Il semble acquis que si « nous » communiquons mieux, et sans intermédiaires pour nous en empêcher, « nous » arriverons plus rapidement au but. Mais lequel ? Et qui est ce « nous » ? Tout se passe comme si, effrayés par l’autonomie à laquelle ils sont peut-être en train d’accéder, les chantres de la décentralisation inventent en même temps la méta-organisation qui remplacera la figure du père, à défaut de savoir s’en passer.
  • Le passage d’un système fondé sur la confiance en l’humain vers un système fondé sur la preuve (où la confiance est déléguée à la technologie) semble ainsi pouvoir panser toutes les plaies, éviter toutes les trahisons, désillusions, imperfections… et l’on imagine que ce système parfait, à la fois incorruptible et incontrôlable, rendra nos vies meilleures et nous mettra à l’abri des tricheurs, des abuseurs et des voleurs.
  • celui qui gouverne, c’est celui qui indique la direction, qui donne un sens, qui guide. Ils défendent donc avec ardeur un système qui va aider à coordonner les mouvements des rameurs de la galère, sans considérer que si le projet social de la-dite embarcation diffère de ce qu’ils ont imaginé, ils sont en train de fabriquer eux-mêmes l’instrument de leur propre aliénation : une boussole autogène !
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  • On en arrive à des propositions dites « démocratiques » entièrement basées sur la machine, où l’évaluation du nombre et de la qualité des contributions individuelles deviendrait une monnaie d’échange universelle et infalsifiable. On imagine même que les individus pourraient participer aux prises de décisions de façon proportionnelle à leurs contributions. Le bon vieux système de bons points remis au goût du jour ! Tant pis pour ceux qui ne souhaitent ou ne peuvent pas contribuer ? Tant pis si nous devenons esclaves de notre propre auto-évaluation ? La vie deviendrait un grand jeu vidéo où je chercherais à accumuler plus d’étoiles sur mon profil que le voisin pour gagner des points de gouvernance ou de rétribution ?
  • La gouvernance, si elle n’est pas humaine, prend le risque d’un réductionnisme mortifère et le chemin d’un égalitarisme totalitaire qui n’aura rien à envier aux dictatures que le monde a connues jusqu’ici.
  • Il me semble donc que les communs et le pair-à-pair ne pourront se développer harmonieusement qu’à la seule condition que les individus intègrent profondément que «pair», contrairement à son homonyme informatique, n’est pas synonyme de ce qui est «identique à moi» mais parle de connexion et d’amour d’une radicale altérité.
  • Ce que la blockchain, qui n’est qu’un outil, ne nous dit pas, c’est comment nous allons réussir à faire société et quelle société nous voulons. Cette perspective passe peut-être par trouver ce que nous avons en commun, ce qui ne signifie pas effacer nos singularités et nos défauts via une hypothétique technologie de la transaction. Il ne s’agit pas non plus de fantasmer un monde sans limites régi par une sémantique universelle, mythique Tour de Babel moderne.
  • Il s’agirait plutôt d’apprendre à travailler et à gouverner ensemble avec nos imperfections et nos limites, dans le but de créer quelque chose en commun au cœur de la relation. C’est probablement très difficile à réaliser (sans doute le travail de toute une vie !), inefficace et bancal, mais peut-être aussi tellement plus gratifiant et créateur de sens qu’une chaîne de chiffres infalsifiable…
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    "Décentralisation, distribution, peer-to-peer, blockchain : on assiste à un déferlement de termes censé ouvrir un nouvel horizon de libertés individuelles et collectives. Pourtant, quelque chose cloche dans les discours et un frisson me parcourt souvent l'échine à l'écoute de certaines vidéos ou à la lecture de certains articles…"
Aurialie Jublin

Publication inédite du Labo de l'ESS sur la sobriété énergétique - Le Labo de... - 0 views

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    "Depuis plusieurs années, avec son groupe de travail "Transition Énergétique Citoyenne", le Labo de l'ESS s'est saisi des enjeux liés à cette transition et analyse les leviers d'actions possibles pour mettre en œuvre un modèle énergétique plus sobre et efficace. Dans la continuité d'un premier rapport paru en 2015, le Labo de l'ESS publie une étude inédite qui prône la sobriété énergétique pour relever ces défis."
Aurialie Jublin

« À l'ère post-Snowden, on ne peut plus se voiler la face» - 0 views

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    "L'universitaire américain Yochai Benkler fait partie de ces intellectuels qui pensent l'impact d'Internet sur nos sociétés depuis les années 1990. Le professeur d'études juridiques entrepreneuriales à Harvard est aujourd'hui membre d'une commission lancée le 11 septembre 2018 par l'ONG Reporters sans frontières et chargée de travailler à la rédaction d'une future « déclaration sur l'information et la démocratie ». Nous avons à cette occasion pu échanger avec l'auteur de The Wealth of Networks (La Richesse des Réseaux) autour de ses thèmatiques de prédilection : les communs, le rôle du domaine public informationnel et de la collaboration décentralisée dans l'innovation et la place de la liberté dans une économie et une société en réseau. Sans oublier de faire le point sur les évolutions récentes du Web, et ce qu'elles impliquent sur nos démocraties et nos sociétés. "
Aurialie Jublin

Les Communs numériques sont-il condamnés à devenir des « Communs du capital »... - 0 views

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    Faudrait-il que les géants du numérique fassent davantage et qu'ils prennent en charge de manière significative la soutenabilité à long terme du Commun numérique que représente Wikipédia ? Cette question renvoie à celle de la réciprocité pour les Communs, qui est à la fois absolument essentielle et très ambivalente. Si on élargit la perspective aux logiciels libres, force est de constater que ces Communs sont devenus une infrastructure essentielle sans laquelle Internet ne pourrait plus fonctionner aujourd'hui (90% des serveurs dans le monde tournent sous Linux, 25% des sites internet utilisent WordPress, etc.). Mais beaucoup de ces projets souffrent d'un problème de maintenance et de financement, car leur développement repose sur des communautés dont les moyens sont sans rapport avec l'importance des ressources qu'elles mettent à disposition du monde entier. C'est ce que montre très bien l'ouvrage « Sur quoi reposent nos infrastructures numériques ? Le travail invisible des faiseurs du web » signé par Nadia Enghbal
Aurialie Jublin

Concrètement, comment rendre les algorithmes responsables et équitables ? | I... - 0 views

  • Et rappelle la difficulté à définir mathématiquement l’équité, comme l’a souligné l’informaticien Arvind Narayanan (@random_walker) lors de la dernière édition de la conférence FAT (la conférence annuelle sur l’équité, la responsabilité et la transparence). Outre les biais et déséquilibres statistiques, rappelle David Robinson (@drobinsonian), responsable des associations EqualFuture et Upturn (et qui a notamment publié un rapport sur la question de l’examen public des décisions automatisées (.pdf)), leur impact dépend surtout de la manière dont sont utilisés ces systèmes, avec le risque, que pointait Eubanks, que les plus discriminés soient encore plus surveillés par ces systèmes.
  • Pour remédier à ces problèmes, beaucoup d’agences américaines ont recours à des chercheurs extérieurs pour déjouer les biais de leurs systèmes. En avril, l’AI Now Institute a défini un cadre (voir le rapport (.pdf)) pour les organismes publics qui souhaitent mettre en place des outils de prise de décision algorithmique, recommandant notamment de mettre à contribution la communauté de la recherche et de permettre à ceux que le système calcul de faire appel des décisions prises à leur sujet.
  • Leurs recommandations invitent les systèmes à respecter le droit d’information du public, à recourir à des examens par des chercheurs indépendants, à améliorer l’expertise des organismes qui les conçoivent et à développer des modalités pour permettre au public de contester les décisions prises. L’initiative recommande aux agences publiques de répertorier et décrire les systèmes de décision automatisés, y compris d’évaluer leur portée et impact. Elle recommande également de mettre en place des modalités d’accès afin que des chercheurs, des experts indépendants, des associations ou des journalistes puissent accéder et évaluer ces systèmes et pour cela doivent s’assurer notamment que leurs fournisseurs privés de systèmes acceptent ces vérifications. Elle souligne également que les agences doivent monter en compétences pour être expertes des systèmes qu’elles mettent en place, notamment pour mieux informer le public, et invite les fournisseurs de solutions à privilégier l’équité, la responsabilité et la transparence dans leurs offres.
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  • Mais ce n’est pas la seule piste qui permettrait d’interroger les biais des systèmes automatisés. Microsoft travaille à un outil de détection automatique des biais, Facebook également (notamment via le projet Fairness Flow annoncé par Isabel Kloumann du département d’IA de FB research à la dernière conférence de F8 Conference parmi une longue liste d’outils pour l’IA) rapporte la Technology Review.
  • La mathématicienne Cathy O’Neil (@mathbabedotorg, blog), qui s’est fait connaître en dénonçant les dangers de ces outils, a lancé une entreprise d’audit algorithmique. Visiblement, souligne Wired, ses premiers clients sont des entreprises qui ont besoin de certifier qu’elles sont équitables : comme cela a été le cas de Rentlogic, une entreprise qui évalue les immeubles automatiquement pour leur attribuer une note, ou comme Pymetrics, une entreprise qui utilise des tests de personnalité pour aider les entreprises à embaucher qui avait besoin d’assurer que ses logiciels n’étaient pas discriminants.
  • Dans son livre, Weapons of Math Destruction, Cathy O’Neil avait émis l’idée de créer un serment d’Hippocrate pour les datascientists, sous la forme d’un code de conduite édictant quelques principes moraux. Elle soulignait dans une remarquable interview pour Wired, que ce code de conduite n’était certes pas suffisant en soi, notamment parce que les datascientists ne sont pas seuls à décider de ce qui sera implémenté dans les services développés par les entreprises. Pour autant, ces techniciens ne peuvent pas seulement suivre « les recommandations des manuels d’optimisation qu’ils utilisent, sans tenir compte des conséquences plus larges de leur travail ».
  • Cathy O’Neil a proposé une matrice éthique, basée sur les travaux du philosophe Ben Mepham qui l’a utilisé en bioéthique, qui aide à saisir ce sur quoi ce que l’on développe a un impact, et de l’autre ce dont s’inquiète les gens qui sont impactés par ce que l’on développe. Cette grille confronte quelques notions (exactitude, cohérence, partialité, transparence, équité, rapidité) à leur impact sur chacune des parties prenantes. La matrice sert à créer une conversation. Chaque case propose des questions : « qui souffre si le système se trompe ? » Le but est de révéler des problèmes. Quand la réponse pose problème, la case est colorée de rouge.
  • Elle propose également de se poser plusieurs questions, comme « les algorithmes que nous déployons vont-ils améliorer les processus humains qu’ils remplacent ? » Bien souvent, on constate qu’ils fonctionnent beaucoup plus mal que les systèmes précédents. Pour elle, il est également nécessaire de se demander : « pour qui l’algorithme échoue-t-il ? » Un système de reconnaissance facial échoue-t-il plus souvent pour les femmes que pour les hommes, pour les gens de couleurs que pour les blancs, pour les personnes âgées que pour les jeunes ?… Enfin, elle invite à se poser une troisième catégorie de questions : « est-ce que cela fonctionne pour la société (donc à très large échelle) ? Est-ce que nous enregistrons les erreurs du système ? Peut-on les réintroduire dans l’algorithme pour l’améliorer ? Est-ce que le système a des conséquences non intentionnelles ?… » Et la chercheuse de rappeler qu’aucunes de ces questions ne mettent en danger les secrets des algorithmes que les entreprises veulent protéger.
  • Le militant pour la protection de la vie privée Aral Balkan (@aral) estime qu’un code d’éthique risque surtout d’être utilisé comme caution de vertu par les entreprises pour continuer à faire comme d’habitude. Appliquer le RGPD aux États-Unis aurait plus d’impact pour prévenir les dommages algorithmiques. Sur son blog, Virginia Eubanks a réagi en proposant plutôt un « serment de non-violence numérique », qui, dans la forme au moins, est plus impliquant pour celui amené à le prononcer que de signer à quelques grands principes vagues
  • Mais l’enjeu demeure de les mettre en pratique. « Tout code d’éthique des données vous indiquera que vous ne devez pas collecter des données de sujets expérimentaux sans leur consentement éclairé. Mais ce code de conduite ne vous dira pas comment implémenter ce consentement éclairé. Or, celui-ci est facile si vous interrogez quelques personnes pour une expérience de psychologie. Mais il signifie quelque chose de bien différent en ligne ». Et ce n’est pas la même chose bien sûr de demander la permission via une fenêtre pop-up par exemple ou que via une case précochée cachée… La mise en oeuvre de principes éthiques englobe des questions qui vont des choix dans l’interface utilisateur aux choix de structuration des données ou d’interrogation des données de connexion. Et pose la question de rendre néanmoins le service utilisable sans dégrader l’expérience utilisateur…
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    "Face aux multiples biais inscrits dans la production même des données utilisées par les algorithmes et les outils d'apprentissage automatisés, le risque, rappelle la chercheuse Kate Crawford (@katecrowford), co-fondatrice de l'AI Now Institute (@AINowInstitute), est que « plutôt que de concevoir des systèmes censés résoudre les problèmes, nous les exacerbions »."
Aurialie Jublin

Jean Haëntjens : comment les géants du numérique veulent gouverner nos villes... - 0 views

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    "La ville est le lieu où l'on vit, où l'on travaille et où l'on se déplace, où l'on se socialise et parfois même où l'on fonde une famille. Questionner son futur est une tâche immense. En France, un tiers du PIB est dédié à la construction et à la maintenance de nos villes sous tous leurs aspects : immeubles, maisons, réseaux de transports individuels et collectifs, etc. En 2050, trois milliards d'êtres humains vivront dans des villes qui seront des territoires de plus en plus complexes qu'habiteront une multitude d'acteurs aux intérêts parfois convergents, parfois non. Cet entremêlement de contextes renouvelle la question de la bonne administration des villes, qui de plus, se confronte à l'entrée des technologies numériques dans la vie publique. Selon l'urbaniste et économiste Jean Haëntjens, l'avenir des villes pourrait schématiquement suivre deux voies : la première serait celle de la cité politique, une agora humaniste au service du bien commun. La seconde serait la « smart-city » : une ville régie et optimisée par les algorithmes, dans ses qualités comme dans ses défauts. Dans son ouvrage Comment les géants du numérique veulent gouverner nos villes. La cité face aux algorithmes (Editions Rue de l'Echiquier, 2018), l'auteur nous explique ce qui différencie ces deux modèles, leurs forces et faiblesses respectives, au-delà des discours illuminés et sans entretenir une quelconque « nostalgie du village »."
Aurialie Jublin

Pour une pratique féministe de la visualisation de données - Catherine D'Igna... - 0 views

  • Et pourtant, il existe des façons de procéder à des représentations plus responsables. Il existe des moyens pour « situer » le regard et le localiser dans des corps et des géographies concrètes. Les cartographes critiques, les artistes de la contre-cartographie, les pratiquants de cartographie participative et d’autres développent des expérimentations et des méthodes pour cela depuis des années et ont beaucoup à nous apprendre.
  • Une manière de re-situer les visualisations de données pourrait être de les déstabiliser en rendant les désaccords possibles. Comment créer des manières de répondre aux données ? De mettre en question les faits ? De présenter des points de vue et des réalités alternatives ? De contester et même de saper les bases de l’existence de ces données et des méthodes par lesquelles elles ont été acquises ? Comment procéder ? Sachant que la plupart des gens qui travaillent sur les données sont des hommes blancs, il s’agit simplement d’inclure des gens différents, avec des points de vue différents, dans la production des visualisations. Ainsi par exemple, le Detroit Geographical Expedition and Institute était né, à la fin des années 1960, d’une collaboration entre des géographes universitaires, dont les responsables étaient des hommes blancs, et des jeunes du centre ville de Detroit conduits par Gwendolyn Warren, une militante de la communauté noire de 19 ans.
  • Cette carte, intitulée « Where Commuters Run Over Black Children on the Pointes-Downtown Track », était technologiquement en avance sur son temps. Peut-être est-elle assez conventionnelle (à nos yeux) dans sa stratégie visuelle. Mais ce qui donne à cette carte son caractère dissident, c’est le titre, formulé par les jeunes Noirs qui ont produit la carte. « Où les banlieusards qui rentrent du boulot écrasent les enfants noirs ». Un titre qui n’est pas neutre. On est loin de « Localisation des accidents de la route dans le centre de Detroit », titre qui aurait probablement été donné à la carte si elle avait été élaborée par des consultants extérieurs employés par la ville. Mais du point de vue des familles noires dont les enfants avaient été tués, il ne faisait aucun doute que les enfants étaient noirs, les banlieusards blancs, et les événements décrits comme des « meurtres » plutôt que des « accidents ».
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  • ToxicSites.us, un site web géré par Brooke Singer, met en ligne un rapport sur chacun des sites « superfund » — ces lieux répertoriés par le CERCLA, l’agence américaine en charge des sites souillés par des déchets dangereux. Le site invite les contributeur·e·s à ajouter des reportages locaux, des images et des films qui documentent ces sites (et contredisent potentiellement les données), et cherche à faciliter l’organisation et le plaidoyer pour les efforts de nettoyage. Permettre de « répondre aux données » invite aussi à transformer la conversation en action.
  • Si les infographies — je ne parle pas ici des outils de recherche et d’exploration, mais des représentations publiques et populaires — excellent à présenter des mondes entièrement contenus, elles ne savent pas représenter visuellement leurs limites. Où sont les lieux où l’enquête n’est pas allée, qu’elle n’a pas pu atteindre ? Comment les indiquer ? Comment représente-t-on les données manquantes ? Andy Kirk a fait cet exposé remarquable sur le design du rien, qui recense diverses manières de représenter l’incertitude et d’intégrer le zéro, l’absent et le vide. Comment encourager plus de designers à prendre ces méthodes en considération ? Peut-on demander à nos données qu’elles montrent aussi ce qui constitue leur extérieur ?
  • Quelles sont les conditions matérielles qui ont rendu cette infographie possible ? Qui l’a financée ? Qui a collecté les informations ? Quel travail a été nécessaire en coulisses et comment la production de ce graphique s’est-elle déroulée ? Par exemple, le Public Laboratory for Open Technology and Science — un groupe de science citoyenne dont je fais partie — utilise une technique de cartographie consistant à suspendre une caméra à un cerf-volant où à un ballon pour collecter des photos aériennes. Un effet secondaire de cette méthode, adopté avec entrain par la communauté, est que la caméra capture aussi l’image des personnes qui collectent les images. On voit le corps des collecteurs des données, un objet généralement absent des représentations sous forme de produit fini.
  • Quel est le problème ? La théorie féministe du point de vue situé rappelle que toute connaissance est située socialement et que les perspectives des groupes opprimés — femmes, minorités et autres — sont exclues de manière systématique de la connaissance dite « générale ». La cartographie critique dirait que les cartes sont des sites du pouvoir et produisent des mondes qui sont intimement associés à ce pouvoir. Comme le soulignent Denis Wood et John Krygier, le choix de ce que l’on place sur la carte « fait inévitablement surgir le problème de la connaissance, tout comme les opérations de symbolisation, de généralisation et de classification ». Il faudra bien admettre l’existence de ce pouvoir d’inclure et d’exclure, apprendre à le dépister et développer un langage visuel pour le décrire. Dans l’immédiat, il importe de reconnaître que la visualisation de données est un des outils de pouvoir parmi les plus puissants et les plus biaisés.
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    "La visualisation de données, ou infographie, est à la mode et chacun s'enthousiasme pour les nouveaux outils qui permettent d'en produire - nous en avons dénombré, avec mon collègue Rahul Bhargava, plus de cinq cents. Malgré cette richesse technique, on manque souvent d'outils permettant une réflexion critique sur la politique et l'éthique de la représentation. Et comme le grand public est plutôt facile à impressionner avec des graphiques, la « data visualization » acquiert un grand pouvoir rhétorique. Quand bien même nous savons rationnellement que ces images ne représentent pas « le monde entier », nous avons tendance à l'oublier, et à accepter les graphiques comme des faits car ils sont généralisés, scientifiques et semblent présenter un point de vue neutre et expert. Quel est le problème ? La théorie féministe du point de vue situé rappelle que toute connaissance est située socialement et que les perspectives des groupes opprimés - femmes, minorités et autres - sont exclues de manière systématique de la connaissance dite « générale ». La cartographie critique dirait que les cartes sont des sites du pouvoir et produisent des mondes qui sont intimement associés à ce pouvoir. Comme le soulignent Denis Wood et John Krygier, le choix de ce que l'on place sur la carte « fait inévitablement surgir le problème de la connaissance, tout comme les opérations de symbolisation, de généralisation et de classification ». Il faudra bien admettre l'existence de ce pouvoir d'inclure et d'exclure, apprendre à le dépister et développer un langage visuel pour le décrire. Dans l'immédiat, il importe de reconnaître que la visualisation de données est un des outils de pouvoir parmi les plus puissants et les plus biaisés."
Aurialie Jublin

Le Crédit Social chinois et le dilemme éthique de la confiance par la notatio... - 1 views

  • Qu’est-ce que ce Crédit social ? Un système par lequel le comportement de chacun des citoyens chinois ainsi que les personnes morales sera évalué et noté. Une version béta est actuellement en test. Des entreprises, parmi lesquelles on retrouve par exemple China Rapid Finance, partenaire de Tencent (WeChat), Sésame Credit, une filiale de Alibaba et Didi Chuxing (équivalent chinois de Uber), participent à ce programme-pilote basé sur le volontariat mais qui deviendra obligatoire en 2020. Les citoyens seront ainsi notés selon cinq facteurs : leur historique de crédit, leur capacité à remplir leurs obligations contractuelles, leurs informations personnelles, mais aussi leurs comportements et préférences, et enfin leurs relations interpersonnelles.
  • Les propos tenus sur les réseaux sociaux seront ainsi analysés pour repérer les « énergies positives » : des messages favorables au gouvernement ou positifs sur l’économie du pays feront grimper le score des individus. Pour le moment les propos négatifs ne seraient pas pris en compte. Mais au-delà des paroles, les actes seront analysés. Un représentant de Sésame Crédit admet par exemple inférer des jugements sur les personnes en fonction du type de produit acheté : « quelqu’un qui joue aux jeux vidéo dix heures par jour sera considéré comme une personne inactive (ou fainéante) », alors qu’une personne qui « achète fréquemment des couches sera considérée comme un probable parent, qui par comparaison sera plus à même d’avoir le sens des responsabilités ». Rachel Botsman précise de façon pertinente que le système ne fait pas qu’analyser les comportements, mais qu’il les façonne et biaise les citoyens afin qu’ils adoptent des attitudes jugées plus vertueuses par les gouvernements.
  • Dans un autre contexte, la notion d’exemplarité en Chine atteint parfois des points qui seraient comiques, s’ils n’étaient pas attentatoires aux libertés des personnes. Un système de reconnaissance faciale et  « name and shame » a ainsi été mis en place à certains carrefours : lorsqu’une personne traverse alors qu’elle n’en a pas l’autorisation, sa photo et son nom sont projetés sur un panneau pendant quelques minutes afin de la pointer comme l’exemple à ne pas suivre.
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  • Mais pourquoi les Chinois accepteraient-ils un tel système de surveillance ? Pour le moment celui-ci se fait sur la base du volontariat. Les individus ayant choisi d’y participer ne gagnent pas seulement le droit d’être bien vus du gouvernement, mais obtiennent également des droits au crédit supplémentaires ainsi que des récompenses. Si leurs scores dépassent les 600 points (sur 950 possibles), ils auront accès à des offres de crédit à la consommation, à 650, le droit de louer une voiture sans dépôt de garantie, au-delà de 750, un billet coupe-file pour l’obtention d’un visa Schengen, etc. Des rétributions qui ne sont pas du tout symboliques. Et c’est bien là que le parallèle entre des logiques en cours dans l’économie numérique et leur appropriation par un État pose question.
  • La Chine n’a jamais eu de système de crédit institutionnalisé tel que nous les connaissons avec pour conséquence un déficit de confiance : beaucoup de contrats ne sont en effet pas honorés. Ce Social Credit system a pour vocation à y remédier, alors que la consommation de masse s’impose depuis peu, en se calant sur des standards occidentaux. Il commence néanmoins à avoir des effets négatifs sur certains citoyens dont le score est trop bas. Bien que le système ne soit pour le moment qu’en phase de test, et non déployé sur l’ensemble de la population (il le sera en 2020), on apprend dans un article de Fast Company daté du 24 avril que 11 millions de chinois ne peuvent déjà plus voyager en avion, quatre millions ne le peuvent plus en train. On touche là à des finalités qui ne sont plus le seul droit au crédit, mettant en cause les libertés fondamentales des individus. 
  • Parmi ces droits fondamentaux figurent les droits à la protection des données personnelles. Le règlement européen, en imposant notamment le principe de finalité  : les données personnelles ne peuvent être utilisées pour d’autres usages que celles pour lesquelles elles ont été collectées, sauf base légale spécifique ou nouvelle demande de consentement. Par ailleurs, dans son article 22, le RGPD interdit « la prise de décision fondée exclusivement sur un traitement automatisé […] produisant des effets juridiques la concernant ou l'affectant de manière significative de façon similaire. » A n’en pas douter, ne plus pouvoir se déplacer en train ou en avion entre dans cette catégorie.
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    "Quand la Chine travaille sur une version béta de son Social Credit System, un système de notation obligatoire des individus basé sur l'ensemble de leurs comportements, c'est le principe même de la confiance par la notation qui questionne des pratiques largement généralisées en occident. "
Aurialie Jublin

Linux : Linus Torvalds fait une pause pour corriger son attitude - 0 views

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    "Open Source : Le créateur de Linux se retire de son travail sur le noyau Linux. Linus Torvalds annonce qu'il doit changer de comportement vis-à-vis des autres développeurs et s'excuse pour ceux qu'il a pu heurter."
Aurialie Jublin

Des impacts énergétiques et sociaux de ces data-centers qu'on ne voit pas - M... - 0 views

  • Côté consommation pour commencer, les études les plus pessimistes avancent que ceux-ci pourraient représenter jusqu’à 13% de l’électricité mondiale en 2030 (avec un secteur informatique qui consommerait jusqu’à 51% du total de la consommation électrique mondiale). Des chiffres qui ne font pas l’unanimité, The Shift Project prévoyant plutôt 25% pour le secteur informatique et 5% pour les data centers en 2025 (ces 5% équivaudraient tout de même à toute la consommation électrique actuelle du secteur numérique).
  • Même si l’on constate de nombreux efforts faits pour améliorer l’efficacité énergétique des infrastructures, par exemple du côté des « big tech », l’ADEME rapporte que les géants du numérique ne portent pas un véritable discours sur la « sobriété énergétique et numérique nécessaire pour rester sous la perspective d’une augmentation des températures planétaires de 1,5°.»
  • Le rapport insiste ensuite sur les déséquilibres qui résultent de certaines implantations dans les territoires. Première constatation : ces impacts sociaux sont très peu documentés. Bien souvent, les data centers arrivent sans dire leur nom, en périphérie des villes, aux Etats-Unis ou en France, à Saclay par exemple ou encore Plaine Commune. Cette furtivité des bâtiments rend d’autant plus difficile les contestations ou demandes de participation de la part des populations locales.
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  • Ils sont considérés comme de simples entrepôts par les pouvoirs publics alors même que leur consommation électrique a des répercussions à l’échelle d’un territoire tout entier.
  • Autre phénomène important : les data centers attirent les data centers, pour des questions de mutualisation d’énergie et de réseaux de télécommunication. Bien souvent, les hiérarchies urbaines en place sont renforcées par ces mécanismes. Les élus eux, peinent à lutter contre des acteurs puissants qui imposent leurs conditions « dans une négociation asymétrique qui pousse certains territoires à sur-calibrer des infrastructures énergétiques, hydrauliques et viaires pour pouvoir accueillir quelques dizaines, ou centaines d’emploi si l’on inclut les phases de construction. »
  • Aujourd’hui, c’est plutôt pour installer des hangars logistiques et des fermes de serveurs qu’on artificialise les sols. Autre effet non négligeable qui mériterait sans doute une discussion plus ample avec les populations locales : l’étalement urbain.
  • Le rapport souligne ensuite les possibles synergies entre les infrastructures numériques et le territoire. La réutilisation de la chaleur générée par les data centers  est à ce titre un cas d’usage bien connu. A Bailly-Romainvilliers, par exemple, le data center de BNP Parisbas chauffe le centre nautique voisin. Celui de Céleste à Noisy-Champs, chauffe ses propres bureaux. D’autres systèmes très chauffants comme les chaudières numériques de Stimergy chauffent une partie de l’eau de la piscine de la Butte-aux-Cailles, dans le treizième arrondissement de Paris.
  • Cependant, ces exemples restent anecdotiques. Dans l’immense majorité des cas, la chaleur n’est pas récupérée. D’abord pour des questions de coût et de rentabilité économique : les promoteurs des data-centers attendent des rendements sur des périodes courtes incompatibles avec la contractualisation pour les réseaux de chaleur (des engagements qui coulent sur 25 à 30 ans
  • Il existe aussi un frein technique : il est préférable de prévoir ces éventuels contrats dès la construction du data center car le modifier a posteriori peut représenter des risques que les promoteurs ne sont pas prêts à prendre.
  • La cinquième partie du rapport, qui m’a particulièrement plu, fait la part belle aux initiatives citoyennes, associatives et publiques des « infrastructures numériques alternatives ». Du côté des fournisseurs d’accès, de nombreux acteurs associatifs comme franciliens.net ou Aquilenet dans le Sud-Ouest sont regroupés au sein de la Fédération FFDN. Ils viennent compléter l’offre des fournisseurs principaux (Bouygues, Free, Orange et SFR). Le grand atout de ces solutions est de miser sur le social, l’éducation et la démocratie : « Ils participent d’une gouvernance partagée du commun qu’est Internet en portant des valeurs de transparence, d’inclusion, de lien social, d’apprentissage technique, et d’incitation à la participation à la vie citoyenne. »
  • La socioanthropologue des techniques Laure Dobigny affirme que quand cette gestion inclut et implique, alors les consommateurs vont vers plus de sobriété : « la mise en place de systèmes techniques de plus petite échelle ont permis, en modifiant les usages, une réduction des consommations. » La question est ensuite de savoir comment passer d’une gestion commune de réseaux à une gestion commune de data-centers.
  • Le rapport présente un certain nombre de solutions, comme le cloud de pair-à-pair : « l’idée centrale sous-tendant ces dispositifs est que les fichiers et les contenus téléchargés par les utilisateurs dans le système sont stockés, totalement ou en partie, sur un nuage de stockage composé d’une partie des disques durs de chaque utilisateur, reliés entre eux en architecture P2P. » L’idée est plutôt simple : re-décentraliser internet, réduire le besoin de grands data-centers et atténuer l’impact spatial de ces infrastructures. Les limites de ces solutions sont nombreuses bien sûr : pertes de données, erreur, taille critique non atteinte… Il existe également des data centers « de proximité » comme les chatons (« Collectif d’Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires ») ou encore SCANI dans l’Yonne et Tetaneutral à Toulouse.
  • Pour terminer, le rapport dessine trois « mondes numériques possibles ». Le premier scénario parie sur l’extrême croissance et l’ultracentralisation numérique. Pour faire simple, c’est aujourd’hui mais en pire : tout est numérisé, plateformisé, big-daté et concentré dans les mains des GAFAMS ou d’autres acteurs similaires. La ville se conforme aux modèles numériques de la smart-city, la consommation de data explose. C’est la fuite en avant, la croyance qu’un monde infini existe. Côté C02, c’est la catastrophe, la température globale monte de 2,5° en 2050. Pics de chaleur dans les villes, problèmes sociaux, etc.
  • Le deuxième scénario est en demie teinte. On stabilise le système technique numérique en permettant la coexistence de deux mondes : celui des big tech et celui, plus centralisé, des infrastructures à plus petite échelle. L’Union Européenne taxe les « Net Goinfres », ce qui modifie les comportements : on échange moins de photos de chats et on tend à les stocker sur nos terminaux personnels plutôt que dans le cloud, idem pour la musique. Côté consommation, on parvient à réduire les émissions de CO2 du secteur de 5% par an entre 2025 et 2050, ce qui nous ramène au niveau de 2013.
  • Le dernier scénario propose une forme de décentralisation ultime du numérique qui signe plus ou moins la fin des data-centers tels que nous les connaissons. Internet devient plus local et dépendant des énergies renouvelables, ce qui ne permet plus d’assurer sa continuité. Le projet Greenstar au Canada suit ces principes et accepte les intermittences du réseau (follow the wind/follow the sun), de même, le blog du Low Tech Magazine s’arrête de fonctionner quand le vent ne souffle plus (le scénario nucléaire n’est pas vraiment envisagé car l’exercice prospectif est global). Ce scénario « effondrement » se base sur des infrastructures totalement low-tech (c’est-à-dire peu coûteuses en énergie) et permet assez ironiquement un « retour aux principes fondateurs d’internet (horizontal et distribué) ». Côté service, on se contente du local et l’international devient l’exception
  • L’ADEME invite également à soutenir les FAI indépendants et à créer un « service public du numérique et des data centers publics », notamment pour améliorer l’intégration spatiale des infrastructures. Les questions énergétiques font également l’objet de propositions : sobriété, récupération de chaleur, décentralisation.
  • Le chercheur Clément Marquet cité plus haut dans l’article me rappelle que ces différents rapports (Shift, ADEME) arrivent dans un moment particulier puisque le gouvernement a voté en octobre 2018 une loi visant à réduire la fiscalité énergétique pour attirer les gros data centers. Je le cite : « il y a une tension entre le projet de souveraineté numérique par les infrastructures (et des bénéfices économiques qui iraient avec bien sûr) et celui de réduction de la consommation énergétique. »
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    "L'ADEME, via le projet Enernum, vient de publier une étude approfondie sur les impacts à la fois énergétiques et sociétaux de l'installation et du déploiement des data centers, en France et ailleurs. Ce travail vient confirmer les conclusions du Think tank The Shift Project qui alertait déjà des coûts carbone importants de ces infrastructures qui soutiennent tous nos usages numériques. Par delà les chiffres, l'ADEME replace les data-centers dans leur contexte humain et géographique et interroge la gestion de ce type d'infrastructure sur le territoire."
Aurialie Jublin

À ceux qui ne voient aucun problème à travailler avec Facebook ou Google - No... - 0 views

  • La Free Software Foundation (FSF) est la principale organisation de défense du logiciel libre. La Software Freedom Conservancy « est une organisation à but non lucratif qui promeut, améliore, développe et défend les projets libres et open source (FLOSS) ». Ce mois-ci, la Software Freedom Conservancy organise la première conférence internationale Copyleft sponsorisée par Google, Microsoft et la FSF. En fait, Google est une telle force pour le bien dans le monde qu’elle est autorisée à sponsoriser une conférence Copyleft alors même que ces licences sont bannies au sein de la compagnie. Si même la FSF n’a aucun problème avec le fait d’avoir son logo juste à côté de celui de Google et Microsoft, qui suis-je pour critiquer ces sociétés ?
  • Mozilla n’a aucun problème avec Google, elle s’associe souvent avec eux et utilise même Google Analytics. Si une fondation aussi honnête et éthique qui a tellement à cœur de protéger notre vie privée n’a aucun problème avec le fait d’avoir Google comme moteur de recherche principal ou de recevoir des millions de dollars de leur part, qui suis-je pour critiquer Google sur la vie privée ?
  • Le CEO d’APPLE, Tim Cook, a personnellement approuvé cet engagement pour la vie privée et c’est pourquoi Apple a intégré Google comme moteur de recherche par défaut dans leur navigateur, c’est aussi pourquoi ils ne crachent pas non plus sur les 12 milliards de dollars de revenus que cet accord leur apporte. Parce que Google est tout comme Apple et a construit ses produits pour protéger notre vie privée. Pour quelle autre raison Apple autoriserait leur présence sur ses smartphones et mettrait en danger notre vie privée ? Si Tim Cook est content d’avoir Google dans son iPhone alors il doit certainement y avoir quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi.
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  • Si Apple est un exemple trop commercial pour vous, alors il y a GNOME, un projet porté par l’organisation à but non lucratif Fondation Gnome. Ils développent un environnement graphique ergonomique et populaire pour systèmes Unix Linux. GNOME ne voit aucun problème avec Google. En fait, Google siège à leur conseil d’administration et les application sur GNOME offrent un support de première classe aux applications Google.
  • Si Gmail était mauvais pour la vie privée, si par exemple, Google lisait tous vos messages et les utilisait pour créer un profil marketing (je sais, voilà que je recommence avec mes théories du complot à la noix) alors la fondation GNOME n’en ferait certainement pas la promotion dans ses logiciels. Si ils étaient obligés de supporter Gmail juste parce que c’est un service populaire mais détestaient le faire, ils afficheraient un message d’avertissement pour vous protéger. Quelque chose comme « Lorsque vous utilisez Gmail, Google Inc. utilise le contenu de vos messages pour vous profiler. Ne continuez que si vous en comprenez les dangers ». Mais ils ne le font pas. Au contraire, ils le mettent en premier et rendent sa configuration aussi simple que possible donc utiliser Gmail ne doit pas poser de problèmes.
  • Quand j’ai ajouté le support de Fastmail dans Geary, mes changements on été refusés. Si FastMail était un fournisseur de messageries éthique, je suis certain que ça n’aurait pas été le cas. Je ne doute pas que l’équipe aurait promu un service de messagerie éthique plutôt qu’un service non éthique qui lit les messages des gens et les profile. Désormais je m’inquiète et je me demande ce que les gens de GNOME connaissent de FastMail que moi je ne connais pas. Qu’est-ce donc que les gens sournois de Fastmail sont en train de nous préparer ?
  • La Nordic Privacy Arena est un événement annuel réunissant des délégués généraux de la protection des données et des professionnels de la vie privée. Lors de l’édition de cette année, Facebook a fait une présentation et les organisateurs m’ont demandé  d’être gentil avec Facebook et Google, de garder mes remarques pour ma propre présentation et de ne pas embarrasser l’orateur avec des questions après sa présentation comme j’avais pu le faire lors de la session de Mozilla.  
  • Par ailleurs, la présentation Facebook était assurée par Nicolas de Bouville, qui officiait précédemment à la CNIL, une organisation connue pour ses fabuleux pantouflages. Donc, si Nicolas a choisi de travailler pour Facebook après son passage à la CNIL, Facebook ne peut pas être si mauvais.
  • À la lumière de ces soutiens massifs au capitalisme de surveillance de la part d’organisations respectueuses, qui disent œuvrer à la protection de nos droits humains, de notre vie privée et de la démocratie, j’en suis venu à la conclusion que je devais être le seul à être dans l’erreur.   Si Google, Facebook, etc., n’étaient qu’à moitié aussi nuisibles que ce pour quoi je les fais passer, ces organisations ne passeraient pas d’accords avec eux, elles ne les soutiendraient pas non plus.
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    "De nombreuses organisations de défense des libertés numériques, essentiellement anglo-saxonnes (Access, FSF, Mozilla, GNOME, etc.), sont financées par Google ou Facebook. Ces deux sociétés vivent pourtant de l'exploitation des données personnelles de leurs utilisateurs, au mépris de leurs vies privées et de leurs libertés. Ce ne sont des acteurs sains ni pour Internet ni pour la démocratie. Aral Balkan, activiste et développeur, pointe dans son billet au titre ironique les contradictions et l'hypocrisie de ces organisations. Ce billet traduit en grande partie ce que nous pensons chez Nothing2Hide (quitte à frôler l'asphyxie financière). Nous en publions une traduction française ici."
Aurialie Jublin

« On travaille quand on peut, et quand on veut ». La vague de l'ubérisation d... - 0 views

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    Depuis trois ans, des start-up proposent de mettre en relation des entreprises et des étudiants pour des petits boulots. Mais pour être serveur ou vendeur le temps d'une journée, ils doivent se déclarer comme autoentrepreneur.
Aurialie Jublin

Amazon promet de rendre la moitié de ses livraisons neutres en carbone d'ici ... - 0 views

  • Après une année 2018 et un début d'année 2019 marqués par une succession d'annonces et de révélations très polémiques (optimisation fiscale, conditions de travail « critiques », « destruction massive » des invendus), le temps des bonnes résolutions a sonné pour Amazon. Lundi 18 février, l'entreprise a fait part sur son blog de sa nouvelle « vision » : « Nous croyons que baisser les coûts va de pair avec une réduction de l’impact sur l’environnement dans lequel nous vivons et travaillons tous au quotidien ».
  • Cette annonce fait suite à un rapport de Greenpeace publié le 13 février, soit cinq jours plus tôt, accusant AWS (Amazon Web Services) et d’autres géants du cloud computing installés dans la « data center alley », en Virginie, de ne pas alimenter leurs infrastructures à 100 % avec des énergies renouvelables.
  • Selon l’ONG, AWS dispose d’une cinquantaine de data centers de Virginie, et figure parmi les plus grands consommateurs d’électricité de l’État. Or ses centres de traitement des données ne reposeraient qu’à 12 % sur une énergie d'origine renouvelable. C’est beaucoup moins que Facebook (37 %) et Microsoft (34 %), qui se sont, comme Apple et Google, engagés à atteindre 100% d'énergies renouvelables.
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  • Amazon a cependant démenti les chiffres avancés par Greenpeace. « En décembre 2018, Amazon et AWS ont réalisé des investissements dans 53 projets d’énergies renouvelables (dont 6 en Virginie) », s’est-elle défendue. « AWS reste fermement engagé à reposer à 100 % sur les énergies renouvelables : elle en était à 50 % en 2018 ».
  • Le géant du e-commerce en a donc profité pour annoncer de nouveaux engagements, cette fois-ci concernant ses émissions de dioxyde de carbone : « Avec les innovations actuelles concernant les véhicules électriques, les carburants bio pour l’aviation, les emballages réutilisables et les énergies renouvelables, pour la première fois, nous voyons se dessiner clairement la voie vers des livraisons neutres en carbone ». 
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    "Le géant de la vente en ligne a annoncé, lundi 18 février, son intention d'atteindre la neutralité carbone pour la moitié de ses livraisons d'ici 2030, dans le cadre d'un programme baptisé « Shipment zero »."
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