FCPE - Le décrochage scolaire : une question politique - 0 views
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Veille & Documentation on 11 Oct 17Face au désenchantement actuel sur les politiques publiques et sur leurs effets dans la lutte contre les inégalités, il est un domaine où malgré tout les autorités semblent pouvoir se targuer de résultats positifs : c'est celui de la lutte contre le décrochage scolaire. Si on se réfère à l'indicateur du « taux de sortants précoces » publié par l'Union européenne, la part des jeunes de 18 à 24 ans en situation de décrochage est passée en France de 12,8 % en 2007 à 8,8 % en 2016. D'ailleurs, cette évolution peut être constatée pratiquement partout en Europe, et notamment là où ce taux était très élevé au début des années 2000 : en Espagne, en Italie ou au Portugal. Dans de très nombreux pays, la lutte contre le décrochage scolaire a été placée en haut de l'agenda politique. C'est le cas aux Etats-Unis depuis longtemps. C'est là qu'est née l'expression décrochage scolaire (dropping out), et le taux de décrochage scolaire y est considéré comme un indicateur sensible depuis les années 1960. La préoccupation est plus récente en Europe. Elle s'est pleinement affirmée avec le sommet de Lisbonne en mars 2000, et l'objectif de réduire la part des sortants précoces de l'école a été relancé en 2009 dans le cadre stratégique « Education et formation 2020 ». Il y a là une forme de paradoxe. Les responsables des politiques publiques désignent aujourd'hui le décrochage scolaire comme un problème majeur, alors qu'il concerne bien moins de sortants du système éducatif que par le passé. En 1980, ce sont 41 % des jeunes de 18 à 24 ans qui sont sortis de l'école avec au mieux un brevet, soit près de cinq fois plus qu'aujourd'hui. Et à l'époque, en France, l'expression même « décrochage scolaire » est totalement inconnue. Pourquoi le décrochage scolaire n'était-il pas un problème dans les années 1980 ? En quoi est-il aujourd'hui un problème ? Que nous dit cette évolution