"Le 29 septembre 2021, le ministère de l'Éducation nationale a produit une circulaire destinée à définir la conduite à adopter par les professeurs et autres personnels face à des « élèves transgenres » ou « en questionnement de genre ». « La transidentité est un fait qui concerne l'institution scolaire », lit-on ; l'objectif annoncé est d'accueillir au mieux ces élèves en acceptant le changement vers le genre « ressenti », éventuellement en cachant les revendications des élèves à leurs parents, et au besoin en donnant accès à des toilettes différentes ou en modifiant le prénom des enfants sur les cartes scolaires. L'association SOS Éducation, à l'origine d'une note documentée sur le caractère alarmant et dangereux des transitions pédiatriques en plein essor, voit dans cette circulaire l'institutionnalisation de l'idéologie dite « transaffirmative » dans l'école, et a lancé une pétition qui rassemble plus de 13 000 signataires. Entretien avec la déléguée générale de l'association Sophie Audugé."
"Il faut croire que le leurre des « rythmes scolaires » a fort bien fonctionné pour que si peu s'alarment de la conception de la laïcité véhiculée par le projet de loi Peillon. Le tout récent « Rapport sur l'enseignement laïque de la morale », commandé par le ministre à un aréopage d'« experts », chargés de préciser le contenu et les modalités de mise en œuvre de l'article 28 de la loi, ne comporte malheureusement rien de rassurant.
Commençons par la loi et son article 28, dont le vocabulaire résonne agréablement à des oreilles kantiennes, nostalgiques d'une refondation style « IIIe République » de l'école. Il y est en effet question de « respect » et de « personne » : « L'école, notamment grâce à un enseignement moral et civique, fait acquérir aux élèves le respect de la personne, de ses origines et de ses différences, de l'égalité entre les femmes et les hommes ainsi que la laïcité. »1"
"L'ABCD de l'égalité, vaste programme de rééducation des masses engagé par Vincent Peillon et Najat Vallaud-Belkacem, dont nous avons appris qu'il était déjà en place depuis le mois de septembre et qu'il avait commencé par la formation des inspecteurs et des chefs d'établissements, constitue une pure et simple entreprise idéologique. Depuis la semaine dernière, les médias s'en font les porte-paroles les plus actifs. Objectif officiel : effacer les inégalités entre les sexes qui déterminent trop souvent l'orientation scolaire et professionnelle des garçons et des filles, ce depuis le plus jeune âge. Objectif officieux officieux : extirper de l'esprit de nos enfants les stéréotypes liés aux genres qui déterminent leur vie."
"En décembre 2007, dans son célèbre discours de Latran, Nicolas Sarkozy s'était autorisé une réflexion pour le moins transgressive qui n'avait pas manqué d'horrifier tant les gardiens d'un certain laïcisme que les partisans du déterminisme républicain. Le président de la République avait alors évoqué l'irremplaçabilité de l'homme d'Eglise dans la transmission du savoir, lui conférant par là un rôle d'auxiliaire fondamental dans le système éducatif et à plus forte raison dans l'inculcation de la morale. Ce faisant, le chef de l'Etat reconnaissait que l'école républicaine ne pouvait s'arroger le monopole de l'éducation."
"Mardi matin, la presse entière bruit de la rumeur de la rentrée. Sur BFM.TV, sourires heureux ou légèrement anxieux de bambins sur le chemin de l'école - et, en dessous, en tout petit, dans le flot des nouvelles tombées sur les téléscripteurs, l'annonce du suicide d'un prof de technologie (STI2D, comme on dit dans le jargon de l'Education Nationale) qui a préféré en finir plutôt que de participer encore une fois de plus, une année de plus, à cette grande mascarade qu'est devenue l'Ecole de la République. Il n'y aura pas de pré-rentrée pour lui."
" Théorie du genre » est un concept popularisé par les auteurs catholiques et répandu sur les réseaux à la suite des manifestations anti-mariage pour tous. Il consiste à voir dans les initiatives gouvernementales autour de l'égalité des sexes, une stratégie politique unifiée visant à la destruction systématique de toute différence sexuelle. Contrairement aux gender-studies, qui ne sont que l'étude plus ou moins objective des constructions sociales de genre, la théorie du genre possède une dimension normative : il faut déconstruire ce qui est construit. Or, il semble que ce soit bien l'objectif du gouvernement qui souhaite déconstruire les stéréotypes genrés inconscients, pour « œuvrer à l'égalité réelle des sexes ». L'idée de base implicite étant qu'il y a effectivement un lien entre représentations symboliques (les filles jouent à la poupée) et inégalités réelles (les femmes ont des salaires inférieurs aux hommes), ce qui est loin d'être évident."
"Cela a commencé avec le mariage pour tous. On pouvait penser que le mimétisme européen avait joué avec un engagement présidentiel à l'évidence plus facile à tenir que l'inversion de la courbe du chômage.
Cela a continué avec l'affaire Dieudonné et les injonctions du ministre de l'Intérieur qui dépassaient, et de très loin, le cadre de sa mission pourtant si difficile à assumer quand on constate les piètres résultats de la lutte contre l'insécurité en 2013. Ce n'était pas à lui d'intimider les spectateurs des représentations de Dieudonné en leur faisant la morale et en les stigmatisant quasiment. Devaient-ils demander à Manuel Valls la permission de sortir le soir ?"
"Jésus-Christ, fondateur des gender studies : c'est la thèse cocasse et convaincante d'un chercheur prénommé George Heyman dans un ouvrage de haute tenue, The Power of Sacrifice (The Catholic University of American Press, 2007). Mettre à mal l'édifice sexuel de nos ancêtres les Romains, il fallait quand même le faire. Songez donc : en ces temps vénérables et reculés, la faiblesse était réservée aux femmes cependant que la virilité était réservée, je vous le donne en mille, aux hommes. Mais voici qu'un jeune homme s'avise de faire l'éloge de la faiblesse. Il s'appelle Jésus-Christ. On ne lui connaît pas d'antécédents judiciaires, mais il va frapper un grand coup."