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Contents contributed and discussions participated by Aurialie Jublin

Aurialie Jublin

A viewpoint on Craft and the Internet - Ding Magazine - 0 views

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    "On a recent visit to Barcelona, I was charmed by the Institute for Advanced Architecture of Catalonia's Smart Citizen platform that enables citizens to monitor levels of air or noise pollution around their home or business. The system connects data, people and knowledge based on their location; the device's low power consumption allows it to be placed on balconies and windowsills where power is provided by a solar panel or battery. Smart Citizen is just one among a growing array of devices and platforms that can sense everything from the health of a tomato in Brazil, to bacteria in the stomach of a cow in Perthshire - remotely. This innovation is welcome, but it leaves a difficult question unanswered: Under what circumstances will possession of this data contribute to the system transformation that we so urgently need? What's missing, so far - from the Internet of Things in general, and remote sensing in particular - is a value benchmark against which to analyze the data being generated. We've created a global infrastructure that is brilliant on means, but unambitious when it comes to ends"
Aurialie Jublin

Tout ce que dit Mark Zuckerberg sur Facebook dans sa tribune est vrai* - Numerama - 0 views

  • Dans ces lignes, tout est effectivement vrai : Le « produit Facebook » n’est pas son business model (Facebook est un service pour mettre en relation les particuliers entre eux et les particuliers avec des professionnels). Facebook ne vend pas vos données à des tiers (ce serait céder son trésor de guerre qui, du coup perdrait énormément de valeur). Facebook n’a pas d’intérêt à favoriser des contenus « appât à clic » sur sa plateforme (il n’est pas apprécié par ses utilisateurs et n’a qu’une durée de vie à court terme qui n’est pas rémunératrice) Facebook n’a pas intérêt à garder les contenus de haine sur sa plateforme (il n’est pas rémunéré, car les marques qui font de la pub ne s’y associent pas). Humains et algorithmes ont une tâche encore jamais vue dans l’histoire, pour modérer une quantité de données colossale et font encore des erreurs même s’ils cherchent à faire de leur mieux.
  • Par exemple, quand il est question de vendre des données pour la publicité, il est évident que Facebook ne les vend pas : il n’a aucun intérêt, en tant qu’entreprise, à faire sortir ce précieux trésor de son enclave. Si Facebook vendait vos données à une marque, pourquoi paierait-elle Facebook la fois d’après, pour vendre ses produits ? Et pourtant, une fois cette tournure exclue, on se rappelle que Facebook vend un droit d’utilisation de ces profils publicitaires ciblés. Ce qui, pour l’utilisateur, est exactement la même chose en termes d’expérience : il va être pressé par la publicité ciblée.
  • Oui, des données collectées par Facebook ont été sorties illégalement et utilisées illégalement — c’est toute l’affaire Cambridge Analytica. Oui, tout logiciel, même sur le web, contient des bugs, des failles de sécurité ou des problèmes de fonctionnement qui peuvent entraîner une perte de données — Facebook, comme Google, n’est pas épargné. La question est donc plutôt à reposer en ces termes : de quelles données a-t-on vraiment besoin pour faire tourner un business  ? Peut-on prendre le risque de collecter autant d’information, parce que l’on peut ? Et si Mark Zuckerberg semble croire que ce profilage permet un meilleur ciblage et une plus grande satisfaction des internautes, l’esprit du privacy by design qui semble prendre de l’ampleur dans le web dit tout au contraire qu’il n’y a aucun intérêt, ni économique ni pratique, à s’embarrasser de données inutiles.
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  • La tribune de Mark Zuckerberg n’est donc pas fausse, mais elle parle d’un Facebook dans un best case scenario. Alors oui, si tout se passait bien, Facebook serait utilisé pour rapprocher les gens et se rémunérerait avec de la publicité tout juste ciblée qui rendrait tout le monde plus heureux. Mais les affaires à répétition, mises en évidence depuis que la presse s’intéresse sérieusement aux acteurs du web, montrent que ce scénario idéal n’existe pas. S’il veut grandir et être une meilleure version de lui-même pour ses 25 ans, au lieu de répéter qu’il n’est pas dangereux par essence, Facebook devrait au contraire mettre les deux pieds dans le plat et affronter son pire cauchemar : qu’est-ce qu’il se passe si tout va mal ?
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    "*mais c'est ce qu'il ne dit pas qui nous intéresse. Pour la nouvelle année, Facebook a lancé en Europe et aux États-Unis un plan de communication articulée autour d'une tribune de son CEO, Mark Zuckerberg. En France, c'est le quotidien Le Monde qui a eu la primeur sur la parole du fondateur du réseau social - et a réservé la tribune à ses abonnés, comme d'autres médias. Une version gratuite en anglais est disponible à cette adresse pour qui souhaiterait se confronter directement à la prose de M. Zuckerberg."
Aurialie Jublin

Contre la haine en ligne, des internautes s'organisent | Slate.fr - 0 views

  • Aux côtés de 173 personnes inconnues, il répond méthodiquement à la haine à l'œuvre dans les commentaires d'articles. Avec ses camarades, il se coordonne dans un groupe Facebook, secret et fermé, dont le nom reprend ironiquement un sigle policier. Il réunit femmes et hommes de 20 à 55 ans, «beaucoup de travailleurs sociaux», suppose Simon, même s'il n’en connaît personnellement que très peu. Depuis 2016, le groupe veille sur les posts Facebook des journaux normands pour faire en sorte que les commentaires les plus «likés», et donc ceux qui remontent tout en haut de la section, ne soient pas systématiquement les plus haineux.
  • Une trentaine de membres sont réellement actifs et actives, dont une dizaine qui réalise une veille sur les sujets connus pour être des «attrape-haine»: immigration, sexisme, protection sociale, etc. Dans un Google Doc, des argumentaires, chiffres-clés et articles sont prêts à être copiés-collés pour gagner un peu de temps au moment de rédiger son commentaire.
  • Face aux discours de haine en ligne, une majorité de personnes reste silencieuse, par manque de temps ou tout simplement manque d’arguments. Pour pallier cela, le think tank Renaissance numérique a créé «Seriously» en 2015, une méthode pour accompagner les internautes afin d'apprendre à répondre à la haine et à dépassionner les débats. Créé à l'origine dans le but d’aider des associations comme SOS homophobie ou SOS Racisme sur les réseaux sociaux, le site a aujourd’hui une portée plus vaste.
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  • Xavier estime que la responsabilité de répondre à la haine est collective. «Les journalistes ne sont ni assez nombreux, ni assez payés pour le faire sous tous leurs articles, souligne-t-il, il ne faut pas laisser la désinformation se répandre. On a trop longtemps considéré les commentaires comme un bruit de fond.» Pourtant, nous connaissons aujourd’hui le pouvoir de ces derniers sur le lectorat. En 2015, une équipe de recherche a prouvé que la perception d’un article était modifiée par les commentaires correspondant sur Facebook. Les scientifiques ont fait lire le même article à des volontaires, avec une variation de mentions «j’aime» et de commentaires. Plus le nombre de commentaires négatifs était important, plus l’article était perçu comme peu convaincant –le nombre de «likes» était cependant loin d’avoir le même effet.
  • «On peut arriver à se comprendre, ce sont juste des personnes en colère, constate-t-il. On a laissé faire les choses en considérant cela comme un bruit de fond. “Don’t feed the troll”, pour moi c’est complètement faux, il faut intervenir!». En effet, trois scientifiques ont analysé les commentaires sous 100.000 posts et découvert que si le premier commentaire visible est positif, les internautes ont tendance à être positifs dans leur réaction et inversement quand le premier commentaire est négatif.
  • Au mois de janvier, SOS Racisme a créé un groupe Facebook fermé appelé «#TEAMRIPOSTE!» qui a pour but de réunir des personnes qui veulent militer de chez elles et aider à commenter les publications sur les réseaux sociaux. Sur la page du groupe, on peut lire: «La légalité ne s’arrête pas aux portes d’internet, il est aussi important de rappeler qu’un grand nombre de mesures peuvent être prises pour supprimer ces messages racistes ou faire condamner leurs auteurs». Pharos, une plateforme en ligne mise en place par le gouvernement, permet de signaler des contenus ou des comportements illicites.
  • Selon Jennyfer Chrétien du think tank Renaissance numérique, l’un des plus gros combats à mener est éducatif. Pour cela, le groupe de réflexion prépare des programmes de sensibilisation, surtout auprès du jeune public. «Nous ne pouvons pas nous contenter de sanctionner les propos illicites», affirme la directrice. Il est impératif de travailler sur le «réflexe de fermeture de l'onglet» qui doit être converti en «réflexe citoyen».
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    "Prendre le temps de répondre aux commentaires qui pourrissent le web pour tenter de le pacifier."
Aurialie Jublin

Travailleurs de plates-formes : un nouveau « régime juridique » à l'étude - 0 views

  • « A la suite du jugement de la Cour d'appel de Paris, il y a nécessité que le législateur s'empare rapidement du sujet et définisse un nouveau régime juridique précisant les liens entre les travailleurs et les plates-formes », explique-t-on dans l'entourage de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Ses services souhaitent aller vite pour intégrer ce nouveau régime dans la future loi LOM. Le report de son examen pour cause de grand débat national tombe bien.
  • Conséquence : si une plate-forme adopte une charte, elle ne pourra pas faire son marché dans les sujets énumérés par la loi. Elle devra tous les traiter, y compris « les règles garantissant le caractère non-exclusif de la relation entre les travailleurs et la plate-forme et la liberté pour les travailleurs d'avoir recours à la plate-forme » ou encore « les modalités visant à permettre aux travailleurs d'obtenir un prix décent pour leur prestation de service ».
  • En outre, le Conseil d'Etat alerte sur l'obligation de respecter le préambule de la Constitution de 1946, qui impose de faire bénéficier d'une participation aux bénéfices de l'entreprise « tous ceux qui sont intégrés de façon étroite et permanente à la communauté de travail qu'elle constitue, même s'ils ne sont pas salariés ».
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    "A la suite de l'arrêt de la cour d'appel de Paris rendu vendredi dernier contre Uber, le ministre du Travail va engager des discussions avec les plates-formes mais aussi les parlementaires et les organisations syndicales. Objectif : intégrer le nouveau « régime juridique » dans la future loi LOM"
Aurialie Jublin

Jérôme, 49 ans, ancien livreur de repas à vélo : «Il y a dans l'ubérisation u... - 0 views

  • «Je ne me bats pas contre le statut d’autoentrepreneur, mais c’est un cheval de Troie. Il y a dans l’ubérisation une forme d’occupation idéologique et politique où l’on valorise surtout le pouvoir d’achat», analyse-t-il. Autre motif d’espoir : son collectif, le Clap, a rencontré d’autres associations de livreurs à Bruxelles en octobre. Avec pour but de porter collectivement leurs revendications sociales.
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    "Pourtant, lorsqu'il s'inscrit en tant que livreur sur la plateforme Tok Tok Tok en 2014 (fermée depuis), Jérôme n'est pas un militant. Après une longue période de chômage, cet ex-animateur périscolaire voit dans la livraison de repas à domicile un bon moyen de se remettre en activité. «Quand j'ai entendu parler de ça, je me suis dit que c'était comme être serveur dans tout Paris et à vélo. Je trouvais ça génial !» se souvient-il. Comme d'autres, il crée un statut d'autoentrepreneur et signe un contrat d'intermédiation avec la société. «Très vite, je m'aperçois que ce n'est pas aussi fun que ça. Quand je signe mon contrat, je suis payé à la course. Au bout d'un mois, je perds 10 kilos et je suis fatigué», décrit-il. Lorsqu'il se blesse dans un accident en pleine livraison, son congé n'est pas pris en charge. Un proche lui conseille de parler de sa situation avec un juriste. Comme les autres livreurs, il porte une tenue de l'entreprise, a un téléphone et une carte bancaire de la boîte. «Je lui ai envoyé 30 pages, il a halluciné, il m'a dit "formellement, t'es salarié"», se souvient Jérôme. Il découvre aussi qu'une clause dans son contrat l'empêche de travailler pour une autre entreprise de livraison pendant deux ans. «Là, le juriste m'explique ce qu'est la subordination et je tombe des nues.»"
Aurialie Jublin

« On a mis un feu rouge improbable à l'entrée de la ville » : les astuces du ... - 0 views

  • Au total, on a réussi à réduire le trafic de 40 à 50 % environ. Ce n’est pas réglé pour autant, alors on prévoit encore d’ajouter sur la carte des équipements publics comme les écoles, afin que l’algorithme se « dise » : ok, on va éviter les flux massifs dans le coin. Cela deviendra opérationnel en 2019 et on espère que les effets seront là. Sinon, nous avons prévu de baisser la limitation de vitesse de certaines rues.
  • Je crois que l’important c’est de ne pas oublier l’intérêt général. Une ville aux États-Unis a interdit des routes aux non-riverains. Nous l’avons envisagé, mais ça nous semblait trop extrême. On a aussi pensé à passer des rues en sens interdit de 8 à 9 heures, mais il nous faudrait l’aval de la préfecture. En tant que commune, on ne fait pas non plus ce qu’on veut.
  • À première vue, ça a l’air d’un micro-phénomène, mais je pense que c’est bien plus que ça. Ça pose la question de la maîtrise de l’espace public. Garantir la sécurité dans l’espace public, c’est un devoir pour nous. Les nouvelles technologies comme Waze apportent beaucoup de choses très positives, mais parfois, elles ont des effets pervers. Dans le cas présent, c’est le désordre dans l’espace public.
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  • Le risque, c’est que nos villes deviennent des villes servicielles. Aujourd’hui, on est davantage dans un système de villes citoyennes, où le public prime sur le privé. Si des applications comme Waze ont plus de pouvoir que nous sur l’espace public, ce rapport va s’inverser peu à peu.
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    "Dès que l'on a compris d'où le problème venait, on s'est mis à organiser des réunions publiques. Nous nous sommes mis d'accord sur des solutions relatives à l'aménagement. On a par exemple transformé des voies à double-sens en voies à sens unique. Il y a 6 ou 8 mois environ, on a également installé des feux tricolores supplémentaires. C'était assez délicat, car il fallait qu'ils ralentissent les utilisateurs de Waze, mais qu'ils ne pénalisent pas les riverains, sinon c'eut été une double-peine…"
Aurialie Jublin

Derrière les promesses de l'intelligence artificielle, le cauchemar du "digit... - 0 views

  • En l’absence de régulation, le digital labor préfigure le pire du travail : un monde de travailleurs isolés, privés de droits sociaux et iolés les uns des autres, livrés aux conditions léonines des employeurs — et accomplissant des tâches standardisées, fragmentées, peu qualifiées et dépourvues de sens global. Ici et là, des tentatives de régulation ou de création de plateformes équitables sont en cours. Il est urgent de les soutenir, si l’on ne veut pas que le développement croissant de l’automatisation ne soit synonyme non d’une disparition du travail, mais de sa dégradation irrémédiable.
  • Cet imaginaire largement libertarien irrigue profondément la culture du web depuis ses débuts et s’incarne, par exemple, dans la figure du hacker ou de l’entrepreneur nomade, du passionné qui s’accomplit dans un « projet professionnel qui est aussi existentiel ». Mais Antonio Casilli note combien cette vision est élitiste et ne prend pas en compte l’asymétrie des forces dans un marché du travail en berne où le chômage est élevé et l’ascenseur social en panne,
  • « Ce ne sont pas les machines qui font le travail des hommes, mais les hommes qui sont poussés à réaliser un digital labor pour les machines en les accompagnant, en les invitant, en les entraînant », résume le chercheur. Les intelligences artificielles doivent toujours être paramétrées, entraînées et encore très largement supervisées par des humains, malgré les progrès des méthodes d’apprentissage non supervisés. Les progrès fulgurants des IA ces dernières années sont surtout dus à l’explosion des quantités de données d’entraînement : or celles-ci doivent être triées, annotées, préparées par des humains. Et enfin, ces programmes doivent être évalués et corrigés pour pouvoir s’améliorer. Ainsi, les utilisateurs vont utiliser pendant plusieurs années une version beta du service Gmail de Google, pour l’améliorer, ou tagger leurs amis sur des photos et contribuer ainsi sans nécessairement en avoir conscience à l’affinement du service de reconnaissance faciale de Facebook : « C’est un travail humble et discret, qui fait de nous, contemporains, à la fois les dresseurs, les manouvriers et les agents d’entretien de ces équipements. » La question que pose l’intelligence artificielle et l’automatisation, ce n’est donc pas celle de la menace sur l’emploi – mais celle de la transformation profonde du travail pour répondre aux besoins de la machine.
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    "Un spectre hante l'intelligence artificielle, c'est le digital labor. Le dernier livre du sociologue Antonio Casilli , spécialiste des réseaux sociaux et des mutations du travail à l'ère numérique, dresse un panorama sombre des nouvelles formes de travail déconsidéré ou invisible apparues avec l'essor des plateformes et de l'automatisation."
Aurialie Jublin

Reconnaissance faciale : Amazon, Microsoft et Google sommés de ne pas vendre ... - 0 views

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    « Cette technologie offre aux gouvernements la capacité inédite de traquer qui nous sommes, où nous allons, ce que nous faisons et qui nous fréquentons. » Mardi 15 janvier, quatre-vingt-cinq organisations non gouvernementales (ONG) américaines, menées par la puissante ACLU (Union américaine pour les libertés civiles), ont adressé trois lettres à Amazon, Microsoft et Google. Leur demande : que ces entreprises s'engagent à ne pas mettre leurs technologies de reconnaissance faciale à disposition des gouvernements.
Aurialie Jublin

Brahim, 38 ans, chauffeur Uber : «J'ai vite senti que c'était une arnaque» - ... - 0 views

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    Sur la vitre de la Ford Mondeo quasi neuve, une affichette «18 990 euros à débattre». «Si je la vends, je ferme l'entreprise et je reprends un contrat de salarié», affirme Brahim. Pourtant, lorsqu'il entreprend de devenir chauffeur VTC mi-2016, ce père de famille de 38 ans est plein d'espoirs. Partout, des publicités promettent 8 000 euros de chiffre d'affaires par mois. Attiré par le magot, il quitte un poste en CDI pour monter sa propre entreprise de VTC. «J'ai très vite déchanté», reconnaît-il.
Aurialie Jublin

Bienvenue dans le «World Wide Fake» - Libération - 0 views

  • Le Web existe officiellement depuis le mois de mars 1989. Il s’est construit sur différentes strates, dont la rétro-archéologie pourrait être la suivante. D’abord, le «World Wide Web». Le Web des documents : ses utilisateurs, ses ingénieurs, ses interfaces et ses intérêts économiques, tout sur la planète web tourne autour de l’axe documentaire. Il faut indexer, classer, donner accès à ce qui va très vite devenir une quasi-infinité de documents d’abord disponibles sous forme de texte, puis d’images, dans des pages et des sites.
  • Ensuite, un «World Live Web» car tout s’accélère, de la production des contenus à leur mise à disposition quasi instantanée dans les architectures de moteurs de recherche qui se font désormais fort d’indexer toute l’actualité et ce en temps réel.
  • uis, le «World Life Web». L’axe autour duquel tourne toute la planète web n’est plus celui des documents mais celui des «profils». Ce qui change tout, tant sur le plan trivial de l’ergonomie que sur celui - crucial - de l’économie.
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  • Enfin, avec l’Internet des objets vient alors le règne du «World Wide Wear». Les interfaces sont désormais celles de nos vêtements, elles siègent sous la forme d’enceintes connectées au milieu même de nos maisons. Des technologies littéralement «prêtes à porter» autant qu’elles sont prêtes et toujours «à portée». Et, avec elles, l’anecdotisation des régimes de surveillance qui conduit tout droit au «World Wide Orwell».
  • Nous sommes aujourd’hui à l’étape d’après. Celle du «World Wide Fake». Un environnement, un écosystème dont l’essentiel des interactions est artificiellement fabriqué sur la base d’une spéculation qui n’a d’autre but que de s’entretenir elle-même. Issue d’une forme de capitalisme linguistique se déclinant en un capitalisme de surveillance, cette spéculation avait initialement pour but de nous maintenir le plus attentionnellement captifs possible, nous rappelant sans cesse qu’il fallait interagir, notamment par le biais de ces contremaîtres cognitifs que sont les notifications. Mais aujourd’hui le «faux» se déploie au sein des architectures techniques toxiques de plateformes prédatrices qui ont presque totalement phagocyté tout ce qui fut l’espace public du Web, et contraint nos usages à prendre place dans ces espaces privés et privatifs.
  • Aujourd’hui, «de faux internautes avec de faux cookies et de faux comptes sur des réseaux sociaux effectuent de faux mouvements de souris, activent de faux clics vers de faux sites webs [….], créant un simulacre d’Internet dans lequel la seule chose encore réelle ce sont les publicités», écrit Max Read dans un papier pour le New York Magazine.
  • Nous y sommes et dans des proportions encore plus ahurissantes : presque 52 % du trafic internet mondial en 2016 a été généré par des bots. De faux utilisateurs donc.
  • Le faux est souvent l’autre nom du «mensonge». Et on semble découvrir que tout le monde ment sur le Web. Puisque chacun est seul à disposer de ses propres chiffres au service de ses propres certitudes ou de ses propres intérêts comment pourrait-il en être autrement ? On a découvert, presque étonnés, que Facebook avait menti sur les chiffres d’audience de ses vidéos, qu’il mentait également sur les métriques liées à «l’engagement». On a découvert que Google mentait si on lui posait la question de savoir si l’Holocauste avait vraiment existé. On a compris qu’en plus de leurs architectures techniques toxiques, les grandes plateformes disposaient chacune de leur propre régime de vérité - celui de la popularité pour Google et celui de l’engagement pour Facebook - qui rendait encore plus difficile la construction d’un espace culturel commun permettant de faire société
  • Au niveau géopolitique même, de faux comptes utilisant de fausses publicités ont permis d’influencer le résultat de vraies élections. Les technologies de l’artefact, les «Deep Fakes», qui permettent à moindre coût de truquer le réel avec un effet de vraisemblance quasi indétectable, sont aujourd’hui en passe de devenir des technologies «grand public» : on peut grâce à elles remplacer le visage d’un acteur par celui d’un autre dans un film mais également modifier la vocalisation du discours tenu par un homme politique pour lui faire dire ce que l’on veut.
  • Ce faisant, c’est tout ce qui dans notre société permettait d’établir la valeur de preuve d’une image, d’un discours, d’un témoignage ou d’un fait, qui vole en éclats et qu’il nous faut réapprendre à définir et à construire. Voilà des années qu’avec d’autres, je milite pour une prise en compte et une intervention sur la dimension non pas économique mais simplement politique des grandes plateformes.
  • Hannah Arendt est morte en 1975 et n’a donc jamais connu Internet. Dans un entretien de 1974 sur la question du totalitarisme, elle écrivait ceci : «Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et, avec un tel peuple, vous pouvez faire ce qu’il vous plaît.» C’est très exactement cela, le risque et la promesse du World Wide Fake si nous n’y faisons rien : la conjugaison d’un emballement spéculatif autour d’une industrie publicitaire de la falsification et de l’altération et l’annonce d’un effondrement de notre capacité collective à faire société dans un espace public commun. Et, avec un tel peuple, vous pouvez faire ce qu’il vous plaît
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    "Aujourd'hui, plus de la moitié du trafic internet mondial est généré par des bots, c'est-à-dire des faux utilisateurs, qui manipulent les audiences et orientent les débats. Et c'est notre capacité collective à faire société qui est en jeu."
Aurialie Jublin

TRIBUNE. Comment la France s'est vendue aux Gafam - Le Point - 0 views

  • L'histoire du déclin du numérique français est une tragédie en trois actes. Il y eut d'abord les «  30 honteuses du numérique  », où une petite élite arrogante et dénuée de vision stratégique a démantelé notre industrie informatique et électronique grand public. Elle a débranché les travaux de recherches les plus intéressants et laissé nos meilleurs développeurs partir à l'étranger faute de pouvoir les associer à des projets ambitieux. Vient ensuite la capitulation vis-à-vis des grands acteurs américains. Ainsi, de nombreux politiques et hauts fonctionnaires français leur ont permis d'intégrer leurs technologies au cœur des prérogatives régaliennes de l'État : défense, renseignement, éducation, sécurité, mais aussi culture. Plusieurs d'entre eux quitteront leurs fonctions pour aller rejoindre ces sociétés. Le troisième acte se joue en ce moment. Alors que nos dirigeants se préparent à une vente à la découpe, il reste cependant un mince espoir d'inventer une autre manière d'utiliser le réseau plus en phase avec nos principes et nos valeurs. Mais pouvons-nous encore changer la doctrine des politiques numériques de la France  ? Quand on écoute nos hommes politiques, le déclassement de l'Europe vis-à-vis de l'Internet est présenté comme une fatalité. Un accident de l'Histoire à l'issue duquel les clés du monde de demain auraient été données aux États-Unis et à la Chine.
  • Nous aurions pu avoir un autre destin, car si les États-Unis avaient la vision et l'argent, c'est en Europe qu'ont été inventées deux des briques fondamentales de l'Internet : Linux et le Web. Mais à la différence du standard GSM, ces dernières ont eu le malheur d'être conçues par des individus talentueux hors des grandes institutions. Snobés chez nous, ces deux projets deviendront le moteur des plateformes numériques américaines et chinoises et l'instrument de leur domination mondiale.
  • Tout commence dans les années 70, avec l'abandon du réseau Cyclades de Louis Pouzin au profit du Minitel. Louis Pouzin en est le concepteur et il est l'inventeur de la segmentation des données en «  Datagramme  ». Il sera récompensé (avec Tim Berners-Lee et Vinton Cerf) par la reine d'Angleterre pour ses contributions essentielles à la création de l'Internet et il reste à ce jour un inconnu du grand public en France. Il faudra attendre 1994 pour que nos chercheurs acceptent enfin de s'intéresser à autre chose qu'à des technologies incompatibles avec l'Internet.
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  • Quasiment au même moment, Alcatel décide de transférer ses usines vers la Chine. Son PDG veut appliquer la stratégie du «  fabless  », à savoir délocaliser la production tout en conservant le design en France. Ce sera une grossière erreur d'analyse. Lorsque les smartphones deviennent un succès international, la France n'a plus de capacités industrielles dans ce secteur, alors qu'elle était l'un des principaux fabricants dans le monde.
  • Alors que la Silicon Valley parie sur les talents et les start-up, la France préfère s'embourber dans des grands projets institutionnels sans avenir. Mais ces projets permettent aux politiques de faire des annonces et aux industriels déjà établis de bénéficier de la manne de l'argent public. Ainsi, le projet Quaero, qui visait à créer un «  Google Européen  », a été lancé par Jacques Chirac. Il terminera rapidement dans les oubliettes technologiques. Plus récemment, le Cloud souverain, qui se targuait d'être la réponse française à Amazon et Microsoft, sera abandonné en rase campagne puis revendu (et sans ironie aucune)… au chinois Huawei. Au final, beaucoup d'argent aura été dépensé soit pour concurrencer l'Internet lui-même soit pour contourner les start-up qui voulaient développer des solutions alternatives aux Gafam. C'est une génération entière d'entrepreneurs et de chercheurs que l'on a écartés pour redéfinir la politique industrielle du secteur. Tout récemment, le rapport sur l'intelligence artificielle de Cédric Villani n'a pas fait mention des deux meilleures solutions open sources dans le domaine : SciKit Learn et Keras qui se trouvent être… françaises.
  • L'acte deux commence avec le quinquennat Hollande. Un changement d'attitude va s'opérer vis-à-vis des grandes plateformes. La défaite est désormais entérinée en coulisses. Il ne s'agit plus d'exister au niveau mondial, mais de négocier avec les Gafam tout en faisant mine de s'indigner publiquement de leurs abus de position dominante.
  • Microsoft est devenue le partenaire de l'Éducation nationale, et Google le parrain de la Grande École du Numérique. La société de Big Data Palantir, proche des services secrets américains, a conclu un contrat avec la DGSI (et peut-être la DGSE  ?), et elle est également présente chez Airbus. Enfin, à l'échelon des collectivités territoriales, les régions vont s'appuyer sur Facebook pour «  la formation au numérique  ».Comment, dans ces conditions, se plaindre des conséquences des réseaux sociaux et de l'impact des Gafam sur notre démocratie quand nous leur avons ouvert si largement les portes de l'État  ?
  • En effet, ce gouvernement prend un risque inconsidéré en pariant notre avenir sur une hypothétique transformation numérique autour de «  l'intelligence artificielle  ». Si nous ne nous donnons pas les moyens de réguler la manière dont ses entreprises et ce type de technologies fonctionnent, nous pourrions détruire notre modèle social en tentant de copier ceux de la Chine ou des États-Unis. L'ironie du sort veut que, désormais, certains industriels et chercheurs américains s'appuient sur l'Europe et sa réglementation sur les données personnelles pour sortir d'un modèle numérique qui n'est pas «  durable  ». Aux États-Unis, le ministère de la Santé a ainsi lancé une grande étude sur l'impact des écrans et le Sénat a analysé, dans un rapport très détaillé, les manipulations des réseaux sociaux qui ont eu lieu lors de la dernière campagne présidentielle.
  • Il existe pourtant un scénario de sortie de crise. En effet, la meilleure réponse à la crise de confiance systémique vis-à-vis des Gafam est de soutenir les mouvements autour des technologies «  éthiques  ». Il s'agit d'un nouveau terrain de croissance industrielle pour l'Europe, comme le Bio l'a été pour l'agriculture. De nombreux entrepreneurs réfléchissent à d'autres façons de concevoir la technologie, s'appuyant beaucoup moins sur la donnée et créant moins d'intrusions vis-à-vis de leurs utilisateurs. C'est le mouvement autour des logiciels éthiques et du Slow Web. Ce mouvement, qui s'est réuni en septembre dernier à Copenhague, souhaite définir un meilleur équilibre entre usage numérique et monde réel pour ne pas rendre ces technologies aliénantes. Il prône notamment l'arrêt de certaines pratiques toxiques comme le profilage (micro targeting) ou la manipulation de nos émotions via des messages ciblés sur nos mobiles dont nous avons vu les conséquences désastreuses lors du référendum sur le Brexit ou l'élection américaine.
  • Nous devons désormais exiger que les choix technologiques faits par l'État (comme les décisions politiques dans ces domaines) soient lisibles et compréhensibles par l'ensemble des citoyens… Car s'il s'agit de faire de la France une colonie numérique des plateformes et qui ne profiterait qu'à une petite bourgeoisie d'Internet, alors il faudra le dire clairement  
  • Il est temps également de voir émerger une nouvelle forme de résistance citoyenne. Car l'usage de ces technologies n'est pas neutre, la substitution de l'action de l'État par des algorithmes rend caduque l'égalité de traitement entre chaque Français. Le remplacement de nos services publics par un «  État plateforme  » totalitaire (à l'instar du «  Crédit social  » qui voit chaque Chinois recevoir une note qui détermine leur capacité à se déplacer ou à obtenir un crédit) n'est pas la vision que nous souhaitons promouvoir. C'est pourtant ce qui se prépare dans certains cabinets ministériels lorsqu'il est question d'État plateforme…
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    "Pour le pionnier du Web français Tariq Krim, l'histoire du déclin du numérique français est une tragédie en 3 actes. Il existe pourtant une sortie de crise."
Aurialie Jublin

The biggest technology failures of 2018 - MIT Technology Review - 0 views

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    "From gene-edited babies to guaranteed-fatal brain uploads, it was a bumper year for technology misfires and misuses."
Aurialie Jublin

Pour les partenaires de Facebook, vos données personnelles, c'est open bar - 0 views

  • Entre 2010 et 2017 (au moins), c'était donc open bar sur les données personnelles des utilisateurs du réseau social pour les partenaires commerciaux de Facebook. Jugez plutôt : le moteur de recherche de Microsoft, Bing, pouvait accéder aux noms de tous les amis des utilisateurs, tandis que Netflix et Spotify pouvaient consulter les messages privés des individus inscrits sur le réseau social. Le tout via les applications de ses partenaires commerciaux et, évidemment, sans le consentement des individus concernés. Amazon pouvait, de son côté, obtenir le nom et les coordonnées des utilisateurs par l'intermédiaire de leurs amis, et Yahoo consulter des flux de messages d'amis.
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    "Une nouvelle enquête du New York Times sur le réseau social le confirme : Facebook a autorisé de grandes entreprises comme Amazon, Netflix, Microsoft ou Spotify à se servir allègrement dans les données personnelles de ses utilisateurs."
Aurialie Jublin

Uberland : l'avenir du travail à l'heure des algorithmes | InternetActu.net - 0 views

  • Pour Alex Rosenblat, Uber a provoqué « un changement culturel fondamental sur ce que signifie avoir un emploi ». Uber a tiré un maximum de valeur des conducteurs en surfant sur les limites et ambiguïtés des normes culturelles et juridiques. Pour Adrian Chen, la gestion algorithmique d’Uber est moins une révolution qu’un affinage, à l’image des chauffeurs de taxi eux-mêmes, qui ont longtemps été dans une situation entre autonomie et dépendance, notamment avec nombre d’intermédiaires influant sur leurs possibilités de travail. Uber a simplement rendu cette sous-traitance plus efficace.
  • Adrian Chen pour Intelligencer explique que cette gestion algorithmique de la force de travail suppose une surveillance totale (jusqu’aux tremblements du téléphone pour s’assurer que le conducteur conduit en toute sécurité ! ce qui montre à nouveau, s’il en était besoin, que Uber n’est pas seulement un intermédiaire pour réaliser une transaction). Pourtant, de nombreux chauffeurs semblent satisfaits du travail qu’ils réalisent : ils apprécient la flexibilité et le complément de salaire que leur travail apporte. Même si les récits que Rosenblat a recueillis témoignent principalement d’une résignation épuisée. «Pour certains chauffeurs, ce travail est un véritable boulet, et pour d’autres, c’est un gilet de sauvetage».
  • Dans une interview pour CityLab, la chercheuse rappelle que malgré les efforts d’Uber, le taux de désengagement des chauffeurs est assez fort : 68 % d’entre eux quittent la plateforme dans les 6 mois. Elle pointe néanmoins que les outils d’Uber proposent des services que les collectivités ne savaient pas fournir, notamment en offrant des modalités de transports là où elles n’existaient pas (voir « Plateformes et métropoles » et « Vers une ville numérique ingouvernable »). Uber, derrière sa neutralité de façade, a surtout profité d’un Far West réglementaire pour s’imposer. Partout où elle s’est imposée, la firme a profondément déstabilisé la société (autour de la question du statut des chauffeurs), tout en offrant des avantages populaires (ouvrant de nouvelles dessertes et des prix bas notamment). Toute la question reste de trouver la balance entre les avantages et les inconvénients
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  • Dans une tribune pour le New York Times, la chercheuse rappelait la difficulté de cette gestion algorithmique de la relation de travail (voir également « Qui des algorithmes ou des clients seront nos nouveaux patrons »). Une relation profondément asymétrique et qui se crispe notamment dès qu’il y a un problème. Elle souligne combien les informations que délivre Uber à ses chauffeurs comme à leurs passagers sont asymétriques. Un chauffeur de New York évoquait par exemple un échange avec un client qui montrait que celui-ci était facturé 40$ alors que pour le chauffeur, la course n’en coûtait que 28 !
  • Dans les années 70, le sociologue du travail britannique Michael Burawoy, dans son livre Produire le consentement (1979, traduit en français en 2015) constatait que si les travailleurs consentaient à leur propre exploitation, c’était en fait surtout par jeu. Burawoy expliquait que lorsque le travail prenait la forme d’un jeu, la principale source de tension n’était plus dans la relation des travailleurs avec les dirigeants, mais s’étendait aux autres travailleurs, aux machines et contre eux-mêmes. En proposant un sentiment d’autonomie et de contrôle relatifs, la ludification propose aux travailleurs de souscrire aux objectifs de l’entreprise. Lyft propose ainsi des défis à ses conducteurs en échange d’une prime supplémentaire : des défis assez difficiles à décrocher qui reposent sur le nombre de courses à réaliser à certains créneaux horaires.
  • 50 % des conducteurs de Uber cessent d’utiliser l’application au bout de deux mois. 4 % des conducteurs le sont encore après une année. Des rapports récents estiment que le revenu des chauffeurs à l’heure est souvent inférieur au salaire minimum.
  • Sur les forums de chauffeurs ou dans leurs discussions, ceux-ci spéculent sans cesse sur les algorithmes et les moyens de les déjouer, mais sans réellement ne jamais y parvenir. Ils tentent fréquemment de faire des déconnexions en masse de l’application pour faire monter les prix des courses, sans que l’effet n’ait jamais vraiment été assuré. Ces formes de déconnexion volontaires et organisées ressemblent à des microgrèves, à des microprotestations, sans jamais avoir permis de réelles émancipations.
  • Burawoy est à nouveau utile pour comprendre pourquoi. Le fait de « jouer » permet aux travailleurs d’exercer un contrôle limité sur le processus de travail. Mais les victoires qu’ils remportent renforcent leur engagement et leur consentement aux règles du jeu. À l’inverse, leurs échecs dirigent leur insatisfaction contre les obstacles du jeu, et non contre ceux qui en fixent les règles. Apprendre à utiliser intelligemment les paramètres du jeu, de l’algorithme, devient pour eux la seule option imaginable.
  • Après des semaines d’une conduite maniaque pour améliorer sa note… elle a constaté que cette amélioration était sans incidence directe (tant qu’elle restait au-dessus de 4,6/5) : cela ne générait ni réel bonus ni amélioration du niveau de rémunération. « En fait, je perdais de l’argent en essayant de flatter les clients avec des bonbons et de garder ma voiture scrupuleusement propre », simplement parce qu’elle souhaitait rester un pilote bien côté. « Ce qui est à la fois si brillant et affreux dans la ludification de Lyft et Uber, c’est qu’elle repose sur notre seul désir d’être utile, aimé et bon. Les semaines où je suis très bien noté, je suis plus motivé à conduire. Les semaines où je suis mal noté, je suis également plus motivé à conduire. » Une fois qu’on est pris dans la zone du jeu, il n’y a plus d’échappatoire !
  • Heureusement, la réaction à l’ubérisation s’est aussi peu à peu musclée. Pour Les Inrocks, Benoît Fabien revient sur le lancement de la Fédération transnationale des coursiers (FTC), qui a rassemblé fin octobre à Bruxelles des livreurs à domicile de toute l’Europe, à l’initiative du Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative, de l’Alter Summit et du réseau ReAct, qui encourage les mobilisations transnationales face aux grandes entreprises. Un moyen de contrer la division et l’individualisation des plateformes de livraison pour rééquilibrer les relations de travail imposées par celles-ci. Les revendications sont nombreuses, mais s’organisent : salaire minimum, transparence des algorithmes, la liberté de se réunir en collectif…
  • les chauffeurs d’Uber s’informent des nouvelles fonctionnalités de la plateforme via ces outils, notamment quand Uber teste sur certains d’entre eux de nouvelles fonctionnalités. Le géographe Mark Graham a montré que plus de 50 % de travailleurs freelances qui utilisent des plateformes comme le Mechanical Turk d’Amazon ou Freelancer, sont en contact avec d’autres travailleurs de plateformes et échangent sur les tarifs, sur les tâches proposées et la qualité de ceux qui proposent du travail. Ces groupes servent souvent à des formes de coordination, comme l’a montré la grève des enseignants de Virginie-Occidentale, où 70 % des 35 000 enseignants de l’État étaient présents et ont permis d’articuler les revendications et d’organiser les protestations. Les groupes permettent également de fabriquer des hashtags, des gifs, des vidéos et des mêmes pour publiciser leurs actions. Si ces outils ne sont pas conçus pour soutenir le militantisme, le relai est assuré par des sites dédiés comme Coworker.org, permettant par exemple aux employés de Starbucks de faire pression sur la direction pour limiter le « clopening », le fait qu’un même employé soit chargé de la fermeture et de l’ouverture d’un magasin.
  • Reste que ces services ne sont pas toujours suffisamment en lien avec les syndicats existants : ils manquent d’assistance juridique, comme le proposent les syndicats, ou de fonds pour être maintenus. Les « startups du travail » ont assurément besoin de la force des syndicats pour se transformer. En Allemagne, IG Metal, l’un des plus importants syndicats, permet aux autoentrepreneurs de le rejoindre. Il a également lancé un site pour comparer les conditions de travail sur les plateformes baptisé Fair Crowd Work.
  • Pour Fredrik Soderqvist de Unionen, un syndicat suédois, les syndicats doivent apprendre également à mieux utiliser les données afin de permettre de créer des services adaptés aux transformations du monde… À l’exemple de Mystro, une application pour conducteurs, qui leur permet de basculer d’un service à l’autre, d’évaluer les demandes, de rejeter celles qui ne sont pas rentables, afin d’aider les conducteurs à prendre de meilleures décisions pour eux-mêmes. Assurément, s’emparer activement de la technologie pour les syndicats et les travailleurs peut leur permettre de contrer l’ubérisation… Ça ne remplace ni la lutte sociale ni la lutte légale, mais la lutte technologique peut permettre de faire des contre-propositions concrètes, de fournir des outils d’aide à la décision des travailleurs algorithmisés pour les aider à en comprendre le fonctionnement et à resymétriser la relation.
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    "Dans Uberland : comment les algorithmes réécrivent les règles du travail (2018, Presse universitaire de Californie, non traduit), la chercheuse Alex Rosenblat (@mawnikr) a synthétisé quatre années de recherche ethnographique avec les conducteurs d'Uber. Un livre où transparaît une vision dystopique du travail où des millions de conducteurs sont gérés par un système technique qui combine à la fois l'autoritarisme du management scientifique à la Frederick Taylor et le leadership cynique d'un Michael Scott (le personnage incarné par Steve Carell dans la série The Office), rapporte Intelligencer."
Aurialie Jublin

Contributopia : Dégoogliser ne suffit pas ! Peut-on faire du libre sans visio... - 0 views

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    "Peut-on faire du libre sans vision politique ? Suite à sa campagne « Dégooglisons Internet » (oct 2014 - oct 2017), l'association a fait le bilan, calmement. Et il n'est pas brillant. En quelques années, les GAFAM/BATX/NATU (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi, Netflix, AirBnb, Tesla, Uber) ont « colonisé » le monde, en formatant nos interactions, en normalisant nos relations, en orientant nos consommations, en contrôlant notre pouvoir d'agir. À l'œuvre derrière cette mécanique, une mutation économique et sociale : le capitalisme de surveillance. Avec sa nouvelle feuille de route « Contributopia », Framasoft souhaite mettre en place des outils et accompagner des dynamiques collectives qui permettraient de pouvoir agir plutôt que de subir. Il ne s'agit plus seulement de savoir « ce que nous refusons » (le logiciel propriétaire, les attaques contre nos libertés fondamentales, etc.), mais aussi de définir « quel monde nous souhaitons », et comment le logiciel libre et les communs peuvent nous aider à y le mettre en œuvre. Nous essaierons donc de poser les faits qui démontrent que l'open source se porte (très) bien mais que le logiciel libre (= open source + valeurs + éthique) soit dans une ornière depuis plusieurs années. Pour sortir de l'ornière, mais aussi de l'épuisement, ne devrions-nous pas faire un pas de côté et réinterroger les pratiques, les fonctionnements et les visions de nos communautés libristes ? Ne plus voir le logiciel libre comme une fin en soi nous permettant de nous libérer nous (libristes), mais comme un outil inspirant capable de favoriser l'émancipation de toutes et tous, et d'accélérer des transformations sociales positives ? La question politique a toujours été centrale dans le mouvement du logiciel libre, mais les questions économiques, techniques et juridiques - elles aussi profondément politiques, mais évitant soigneusement notre capacit
Aurialie Jublin

Publication inédite du Labo de l'ESS sur la sobriété énergétique - Le Labo de... - 0 views

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    "Depuis plusieurs années, avec son groupe de travail "Transition Énergétique Citoyenne", le Labo de l'ESS s'est saisi des enjeux liés à cette transition et analyse les leviers d'actions possibles pour mettre en œuvre un modèle énergétique plus sobre et efficace. Dans la continuité d'un premier rapport paru en 2015, le Labo de l'ESS publie une étude inédite qui prône la sobriété énergétique pour relever ces défis."
Aurialie Jublin

Numérique : « Il faut un écosystème de partage des données soutenable sur le ... - 0 views

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    "L'économiste Joëlle Farchy estime, dans une tribune au « Monde », que les données numériques, à la fois privées et d'intérêt général, doivent être gérées sous le régime des « biens communs », défini par l'économiste américaine Elinor Ostrom."
Aurialie Jublin

Mastercard, Microsoft to Advance Digital Identity Innovations - 0 views

  • “Today’s digital identity landscape is patchy, inconsistent and what works in one country often won’t work in another. We have an opportunity to establish a system that puts people first, giving them control of their identity data and where it is used,” says Ajay Bhalla, president, cyber and intelligence solutions, Mastercard. “Working with Microsoft brings us one step closer to making a globally interoperable digital identity service a reality, and we look forward to sharing more very soon.”
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    "Mastercard (NYSE: MA) and Microsoft (Nasdaq "MSFT" @microsoft) today announced a strategic collaboration to improve how people manage and use their digital identity. Currently, verifying your identity online is still dependent on physical or digital proof managed by a central party, whether it's your passport number, your proof of address, driver's license, user credentials or other means. This dependence places a huge burden on individuals, who have to successfully remember hundreds of passwords for various identities and are increasingly being subjected to more complexity in proving their identity and managing their data. Working together, Mastercard and Microsoft aim to give people a secure, instant way to verify their digital identity with whomever they want, whenever they want."
Aurialie Jublin

CFDT - Travailleurs des plateformes : beaucoup de bruit pour rien ? - 0 views

  • Devant la cour d’appel, son contrat, dénommé « contrat de prestations de services », a été passé au peigne fin. Il en est ressorti que, si le livreur pouvait choisir ses plages horaires (« shifts ») pour effectuer des livraisons, il ne pouvait, sans pénalité, se désengager moins de 72 heures avant leur commencement. Qui plus est, la société Take eat easy se réservait le pouvoir de résiliation du contrat dans certains cas. Aussi, la société avait-elle édicté un « petit guide du coursier », instaurant un système de bonus-malus, les malus étant plus couramment appelés strike. 3 strikes en 1 mois conduisait à une convocation à un entretien avec la société sur les motivations du coursier et 4 strikes à la rupture des relations contractuelles. A la suite du rejet de ses prétentions par le conseil de prud’hommes de Paris, le livreur a interjeté appel. Par une décision du 20 avril 2017, la cour d’appel de Paris a refusé de reconnaître l’existence d’un contrat de travail. Selon les juges du fond, bien que le système de bonus/malus mis en place évoque un pouvoir de sanction, les pénalités sanctionnent des manquements à des obligations contractuelles, ce qui ne caractérise pas un pouvoir de sanction de type salarial. De plus, la cour relève que ces stipulations ne remettent pas en cause la liberté du coursier de choisir ses horaires, le moment de ses congés, tout comme sa durée de travail. Les juges du fond en déduisent que la société Take eat easy « ne détermine pas unilatéralement les conditions d’exécution du travail ».
  • La cour relève également que le livreur n’est lié par aucune clause d’exclusivité. Régisseur dans un petit théâtre parisien, celui-ci exerce même une seconde activité professionnelle. Aux yeux des juges d’appel, « cette liberté totale de travailler ou non (…) est exclusive d’une relation salariale ».
  • Dans sa décision très attendue, la Haute juridiction contredit la solution retenue en appel. La Cour de cassation considère que le livreur était bien lié à la plateforme par un contrat de travail. A cette fin, elle applique les principes classiques en matière de reconnaissance de la qualité de salarié.
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  • Selon la Cour, le système de la géolocalisation du livreur permettant son suivi en temps réel, ainsi que le système de sanctions auraient dû conduire les juges du fond à reconnaitre l’existence d’un pouvoir de direction et de contrôle et celle d’un pouvoir de sanction. Toutes choses caractérisant l’existence un contrat de travail.
  • En tout cas, les décisions semblaient autant se fonder sur le degré d’autonomie du travailleur que sur les principes classiques de qualification d’un contrat de travail, qu’elles rappelaient malgré tout. Manière sans doute de prendre en compte la nouveauté de ces situations… La Cour de cassation ne l’entend pas ainsi. Pour elle, dès lors que les indices classiques de l’existence d’un lien de subordination sont présents, l’autonomie (réelle ou supposée selon les cas) des travailleurs du numérique n’est pas déterminante. Ce qui compte c’est l’existence, ou non, d’un pouvoir de direction et de contrôle, sur lequel s’appuie le pouvoir de sanction.
  • En tout cas, il n’est sans doute pas anodin que, dans la note explicative de l’arrêt, la Haute juridiction indique que les textes actuellement existants concernant les travailleurs des plateformes (pas applicables en l’espèce) ne comportent aucune réponse à la question. La Cour de cassation prend ainsi explicitement position pour dire que la loi Travail (9) ne pose pas de présomption d’indépendance vis-à-vis de ces travailleurs, mais seulement l’esquisse d’une responsabilité sociale des plateformes.
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    "Grande première : la Cour cassation vient d'analyser la relation liant un livreur à une plateforme ! Appliquant des principes très classiques à cette situation pourtant spécifique, la Haute juridiction a considéré que le livreur était bien lié à la plateforme par un contrat de travail. Selon la Cour de cassation, la plateforme disposait d'un pouvoir de direction, de contrôle et de sanction sur le livreur. Cass.soc.28.11.18, n°17-20079."
Aurialie Jublin

« Dans mon livre, j'ai imaginé un mélange entre l'ONU et Google » - 0 views

  • Un autre anachronisme consiste à penser que plus un pays est grand géographiquement, plus il est puissant. La situation économique et l’étendue du territoire sont de moins en moins intriqués. Je trouve plus intéressant d’imaginer une organisation plus flexible, qui donne à chaque personne la possibilité de choisir le gouvernement qu’elle souhaite.
  • L’Etat-nation, c’est l’idée que nous avons une identité liée à l’Etat plutôt qu’à notre ethnie, à notre religion ou à notre langue. C’est un progrès mais ce n’est qu’une étape si nous voulons échapper au déterminisme de nos identités liés à nos gènes, à notre naissance. Cette étape continue à nous lier par notre naissance puisque, si l’on n’a pas beaucoup d’argent, il reste très difficile de changer de nationalité. Il faut continuer à chercher d’autres étapes pour définir une autre identité, plus globale, en tant qu'être vivant. D’un point de vue écologique, il faut aussi se mettre à penser comme élément d’un écosystème
  • Oui, il y a une grande bureaucratie centrale qui facilite tout ça, qui s’appelle tout simplement « Information ». C’est une espèce de mélange entre l’ONU et Google, qui gère toute l’information dans le monde. Elle permet d’amener l’information à tout le monde tout en exerçant une surveillance globale. C’est une organisation très puissante. L’idée est d’interroger la possibilité et le bien-fondé d’une telle organisation globale, qui se réclame d’une neutralité en réalité impossible.
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  • Aujourd’hui, en France comme aux Etats-Unis et dans la plupart des démocraties, il y a le même problème d’un gouvernement devenu monolithique, qui n’offre que peu de choix et peu d’alternatives aux citoyens. Il y a également ce problème de la fragmentation de l’information et des « bulles » d’information favorisées par les réseaux sociaux comme Twitter, qui renforcent mes opinions en me suggérant de suivre seulement des gens qui me ressemblent et qui ne me permettent plus de distinguer ce qui relève d’une information ou d’une opinion.
  • Internet et les réseaux sociaux ont le potentiel d’être très « démocratisants ». J’ai imaginé une organisation qui éviterait cette fragmentation de l’information. Il faut explorer ka gestion de l’information comme bien public. Mais la question du contrôle d’un tel organisme soulèvet évidemment des difficultés…
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    "Le rattachement à un gouvernement par la géographie est aujourd'hui un anachronisme. Ça ne fait plus sens. J'ai travaillé dans beaucoup de pays connaissant des mouvements de sécession régionale ; presque tous les pays du monde sont concernés. C'est un gros problème pour la démocratie. On a d'un coté des populations qui ne se sentent plus appartenir à l'État-nation, qui veulent en sortir, et de l'autre des migrants qui veulent y entrer. C'est une contradiction fondamentale qu'il faut repenser. Ça ne marche plus d'avoir des frontières fixes qui ne changent pas avec les générations, et qui cherchent à conserver un peuple ayant un sentiment cohérent d'appartenance. C'est ridicule. C'est une résistance à l'idée que le monde change, que la démographie change, ainsi que les idées des gens."
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