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Aurialie Jublin

The next billion users : une immersion dans l'internet des pauvres - Digital Society Forum - 0 views

  • Rien n’y fait : équipés d’Internet, les pauvres ne font pas du tout ce qu’on attend d’eux, à savoir se sortir de la pauvreté. Les cabines numériques disposées dans les villages indiens deviennent des bornes d’arcade et, surprise, les cent millions d’ordinateurs de l’opération « One laptop per child » (financée par des entreprises, notamment AMD, Brightstar Corporation, eBay, Google, Marvell, etc.) n’ont pas réduit le fossé éducatif, sans doute parce qu’ils avaient été distribués à des enfants ne sachant parfois ni lire ni écrire. Des absurdités de ce type, l’autrice en dresse une longue liste, comme ces smartphones que l’on distribue à de jeunes femmes n’ayant le droit de s’en servir que pour passer des appels d’urgence. A New Delhi, d’autres jeunes femmes (les « computer girls ») deviennent des craques de l’informatique, mais restent assignées à leur statut traditionnel, système de castes oblige. Le constat est sans ambiguïté : non seulement la technologie tombe du ciel sans être intégrée dans une quelconque stratégie sociale, mais toute tentative de réappropriation est méprisée et découragée.
  • Histoire similaire en Chine, où l’on craignait que les cybercafés populaires ne favorisent les activités anti-régime. Ils furent rapidement interdits aux mineurs et on y généralisa le tracking, une pratique désormais monnaie courante dans l’Empire du Milieu. D’exemple en exemple, Payal Arora démontre que les décisions prises par les pouvoirs en place n’ont eu de cesse de réduire l’accès à Internet et à la culture aux personnes les moins dotées, sous prétexte que l’usage qui en serait fait n’entrerait pas dans les bons standards de moralité. Comme souvent, les pauvres font l’objet de politiques paternalistes : on leur demande d’être vertueux et le moindre faux pas les condamne.
  • A l’inverse, la débrouille des quartiers défavorisés est érigée en exemple à suivre. La mode de l’innovation frugale (ou « Jugaad innovation » ) qui consiste à innover avec des ressources limitées, en témoigne. En Inde par exemple, la customisation des véhicules afin de transporter plus de passagers est souvent mise en avant. Cependant, elle augmente sensiblement le nombre d’accidents : « la frugalité a un coût, celui de la sécurité », écrit Arora. Les Nano cars de Tata – des petites voitures accessibles au plus grand nombre – quant à elles, sont certes pratiques mais occasionnent de lourds dégâts environnementaux : rien ne dit aujourd’hui que ces innovations améliorent réellement la vie des pauvres, affirme la chercheuse
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  • Plus grave encore, il y a fort à parier qu’elles freinent les solutions de plus long terme comme par exemple le développement de transports publics accessibles à tous. Côté mobile, une application comme AquaSift permet de détecter la toxicité de l’eau mais ne résout en rien le fait que dans beaucoup de communautés pauvres, y accéder reste difficile. On ne change pas le gouvernement avec une application. Si l’innovation frugale rencontre un succès fulgurant en Occident, ce n’est que parce que nous en avons totalement romantisé l’image.
  • En somme, la frugalité (Jugaad en Inde, « Shan-zaï » en Chine, « Gambiarra », « Bacalhau » ou « Jeitinho » au Brésil) est aussi une forme de solutionnisme technologique qui repose, une fois encore, sur la confortable conviction que les pauvres ont toutes les ressources en eux pour s’en sortir, pourvu qu’ils articulent habilement leurs problèmes aux dernières technologies disponibles.
  • Payal Arora n’a pas de mots assez durs pour dénoncer la vaste supercherie du système. Non seulement aucune relation de causalité n’a prouvé son efficacité, mais en plus, il structure l’éducation dans un sens qui pose une multitude de questions d’ordre éthiques et politiques. Ainsi, ces appareils et les programmes soi-disant éducatifs avec lesquels ils fonctionnent restent des boîtes noires, indisponibles à tout audit sérieux. L’expérimentation, qui dure 75 jours, nécessite la présence d’un ou plusieurs adultes dont on ne connaît pas la rémunération et le protocole de suivi des enfants est tout sauf rigoureux scientifiquement. Des études plus sérieuses ont rapporté que la plupart des machines ne fonctionnaient pas, faute de connexion Internet. Et quand elles marchaient, elles étaient souvent monopolisés par de jeunes garçons devant des jeux vidéos. Enfin, les contenus pédagogiques, souvent en anglais, présentent un danger pour la pérennité des langues traditionnelles. Pour le professeur Mark Warschauer (University of California), cité par Arora, ces dispositifs sont un échec total. Pourtant, Mitra a bien récolté un million d’euros grâce au Ted Prize pour cette « école dans le cloud » résolument inefficace… Pour Arora, cette triste histoire trouve ses racines dans la foi encore trop peu contestée dans le constructivisme , une théorie qui stipule que l’enfant peut apprendre seul et sans professeur.
  • En prenant un peu de hauteur, la chercheuse critique plus largement une certaine forme de philanthropie très à la mode dans les milieux technologiques. Elle l’accuse ouvertement d’être contre-productive et de servir les intérêts de grandes corporations plus que des populations pauvres : « la technologie est devenue une institution en soi, la pauvreté une opportunité. La croyance néolibérale en l’efficacité absolue du marché transforme n’importe quelle inégalité en actif pour l’innovation. » Pour Arora, cette idéologie vient justifier la nécessité de tester sur les moins aisés de nouvelles solutions qu’un riche Occidental n’imaginerait même pas pour ses propres enfants. Les pauvres n’ont pas besoin de plus d’innovation, mais de moins d’innovation, affirme-telle : « Si l’innovation est une courroie de transmission pour des projets pilote, alors les pauvres seront mieux sans. Ils ne devraient pas servir de rats de laboratoires pour les nouvelles technologies. Le simple fait qu’une technologie est nouvelle ne devrait pas justifier en soi qu’on l’expérimente sur des pauvres ».
  • Sa dénonciation englobe aussi le projet « AltSchool » largement financé par Mark Zuckerberg et Priscilla Chan, une sorte de « classe Ikea », où les enfants terminent seuls devant des écrans, pour un prix conséquent et sans que son efficacité réelle soit démontrée. Le plus grand problème selon elle, reste que le marché pardonne plus facilement les défaillances technologiques qu’humaines : la Silicon Valley peut réinjecter des millions de dollars pour trouver une nouvelle solution technique à un problème ancien, mais elle refuse de réfléchir aux problèmes de fond, comme le manque de professeurs ou l’état désastreux des écoles dans certains quartiers.
  • En dernière partie d’ouvrage, Payal Arora attaque les questions liant surveillance et vie privée. On le savait déjà, les pauvres en ont toujours été surveillés. Le « social credit system » chinois et son cousin indien « Unique Digital Number » (UID) sont ainsi connus pour conforter les hiérarchies sociales en place et agir par contagion : en Chine, fréquenter une personne dont le score est bas revient à prendre le risque de voir baisser son propre score. On en déduirait un peu rapidement que dans les pays pauvres, et plus généralement en dehors de l’Occident, la vie privée aurait moins de valeur aux yeux des individus. A y regarder de près, cela semble un peu plus compliqué. En interrogeant plus largement les usages quotidiens des réseaux sociaux dans les favelas et autres bidonvilles, Arora montre qu’ici comme là-bas, la vie privée n’est pas sans valeur ni abstraite, mais un concept avant tout lié à des particularités culturelles. Au Brésil par exemple, une jeune femme déclare ne pas en vouloir à sa mère de la « stalker » en ligne (c’est-à-dire à suivre ces déplacements, fouiller ses messages et autres réseaux d’amis)
  • En Inde, Facebook est pour de nombreux jeunes l’occasion de parler au sexe opposé, chose difficile dans la vie réelle. Le Chat est à ce titre tout à fait adapté à la romance, à travers des poèmes et autres conversations romantiques. Cependant, à l’échelle mondiale, un tiers de ces échanges se font anonymement, avant tout pour protéger les données personnelles et par souci de réputation, notamment en Asie.
  • Arora en profite pour démonter les profonds préjugés qui tendent nous à faire croire que parce que l’on est pauvre, parce que l’on vit dans une communauté étroitement liée, parfois à plusieurs dans une même pièce, on ne valoriserait pas la vie privée. En réalité, les pauvres, dans les pays étudiés par Arora, ne sont pas moins attachés à la confidentialité que les Occidentaux, même si celle-ci prend différentes significations en fonction des pays, des cultures et des genres. Dans un village en Jordanie, la confidentialité sert avant tout à protéger la vertu féminine et l’honneur masculin (préserver son image dans la communauté, ne pas s’exposer publiquement pour les femmes). Dans une famille aisée du Royaume-Uni, elle préserve l’innocence des jeunes (notamment à travers le filtrage des contenus). Plus encore qu’en Occident, préserver sa confidentialité dans les pays pauvres relève de la lutte car le succès immense des réseaux amène aussi son lot de danger : « revenge porn » et harcèlement peuvent ruiner la réputation d’un individu, conduire à l’exil et même au suicide.
  • The Next Billion Users, Digital Life Beyond the West est, en résumé, une étude inestimable, formidablement documentée et regorgeant d’illustrations plus pertinentes les unes que els autres. Loin des théories globalisantes qui tendent à mettre dans un même sac « Les Chinois », « Les Indiens », quitte à les opposer à l’Occident dans une lutte pour la puissance technologique, cette enquête de terrain vient au contraire contredire nos préjugés sur ce monde que nous jugeons bien souvent à l’emporte-pièce et sans nous embarrasser de détails. A travers son étude et notamment ses entretiens et anecdotes, la chercheuse met en lumière les relents colonialistes qui ponctuent les relations Nord-Sud, notamment en matière numérique. Arora brise notre propension à romantiser la pauvreté, à ne l’envisager qu’à travers nos lunettes postcoloniales, comme une tribu de bons sauvages qu’il faudrait éduquer à notre mode de vie. Enfin, elle réduit en poussière le fantasme du pauvre débrouillard, entrepreneur par nature, auto-organisé et vertueux. Cette vision, biaisée, n’a pour objet que d’asseoir les projets technocratiques de l’Occident, qui ne regarde que ses intérêts propres et surtout pas ceux des populations « à civiliser ».
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    "A quoi ressemble l'Internet des pauvres ? Pas à l'image romantique forgée par la philanthropie occidentale, explique l'anthropologue Payal Arora. Pourtant, cette conception paternaliste de la pauvreté informe toujours nombre d'initiatives de développement par la technologie, qui s'apparentent à une nouvelle forme de solutionnisme."
Aurialie Jublin

Le mythe de la technologie salvatrice | Esprit Presse - 0 views

  • Le débat entre les pessimistes, qui craignent pour l’environnement, et les optimistes, tenants du business as usual, ne porte donc pas sur la nécessité d’agir – personne n’est vraiment pour la disparition des éléphants ou la contamination des nappes phréatiques aux pesticides –, mais sur la gravité du problème, l’intensité et la vitesse avec laquelle il faudrait réagir, la possibilité de changer modes de production et habitudes de consommation, la manière (régulation, taxes, incitations, soutien public…) et les moyens (financiers, techniques) de mener la transition.
  • De fait, les solutions techniques sont présumées disponibles et abordables, sinon à portée de main, que ce soit pour les énergies « décarbonées », les solutions de mobilité du futur ou la capacité des rendements agricoles à toujours s’accroître – ou à se maintenir. Les plus audacieux, comme Jeremy Rifkin, vont jusqu’à promettre de telles « ruptures » technologiques – un vocable à la mode – que tout ou presque en deviendrait gratuit ou à « coût marginal zéro », à commencer par l’énergie issue de sources renouvelables2.
  • La pénurie a bien été un aiguillon essentiel, à l’origine d’une grande partie des innovations de la révolution industrielle, car la croissance permanente de la consommation allait bientôt dépasser les capacités de ponction sur les ressources renouvelables, locales ou importées. Jusque tard dans le xixe siècle, il y eut une limite purement « surfacique » à la production de produits essentiellement animaux et végétaux 
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  • Globalement (hors l’épineux problème de répartition), le système technique, enchâssé dans un système social, moral et culturel qu’il modifiait à mesure, a plutôt bien répondu aux « besoins ». Mais cela a eu un prix : celui d’une fuite en avant, d’une accélération permanente entre des risques de pénuries et de nouvelles solutions pour y répondre, créant elles-mêmes de nouveaux besoins et de nouveaux risques ; celui de pollutions, de destructions sociales et environnementales sans précédent. Nos « ingénieurs thaumaturges » font rarement des omelettes sans casser des œufs.
  • À quoi ressembleraient nos campagnes, s’il avait fallu y monter les nouvelles usines – et assumer leurs rejets – pour notre consommation exponentielle de téléphonie, d’informatique, de jouets, de vêtements ? Pour y répondre, il faut regarder les zones industrielles chinoises. Mais grâce à la distance, nous nous berçons d’illusions sur la « dématérialisation » de l’économie et la croissance « verte » à base de nouvelles technologies.
  • Le numérique n’a rien de virtuel. Il mobilise toute une infrastructure, des serveurs, des bornes wifi, des antennes-relais, des routeurs, des câbles terrestres et sous-marins, des satellites, des centres de données… Il faut d’abord extraire les métaux (argent, lithium, cobalt, étain, indium, tantale, or, palladium…), engendrant destruction de sites naturels, consommation d’eau, d’énergie et de produits chimiques nocifs, rejets de soufre ou de métaux lourds et déchets miniers. Ensuite fabriquer les composants, comme les puces au silicium qui nécessitent quantité d’eau purifiée, mais aussi du coke de pétrole, du charbon, de l’ammoniaque, du chlore, des acides, etc., fournis par le cœur du capitalisme « carbonifère9 ». Puis faire fonctionner le tout, avec plus de 10 % de l’électricité mondiale ! Enfin, se débarrasser des déchets électroniques, parmi les plus complexes à traiter : une partie – majoritaire – est incinérée ou jetée en décharge ; une autre rejoint les circuits « informels » (Afrique de l’Ouest, Chine…), où ils sont brûlés à l’air libre et empoisonnent les sols et les eaux. Le reste rejoint quelques usines spécialisées, qui ne récupèrent que partiellement les ressources. In fine, le taux de recyclage de nombreux métaux rares est inférieur à 1 %, un terrible gâchis.
  • Pourtant, plus que jamais, nous vivons dans la religion exclusive du « techno-solutionnisme », en plaçant tous nos espoirs dans les innovations et les effets bénéfiques (futurs) du numérique, en fantasmant un monde où tout sera bien mieux optimisé, où les outils et les services numériques seront facteurs d’efficacité et de sobriété : énergies renouvelables distribuées par des smart grids, covoiturage bientôt servi par des véhicules autonomes, déplacements fluidifiés dans les smart cities, économie de la fonctionnalité réduisant les équipements individuels, etc., sans parler des biotechnologies et des applications médicales.
  • Mieux, les technologies de demain ne seront pas seulement propres, elles seront réparatrices : les bactéries modifiées génétiquement dépollueront les sols, les big data et les capteurs protégeront les forêts tropicales, la science ressuscitera même le mammouth laineux, dont l’Adn dégèle en même temps que le permafrost.
  • Peut-on compter sur une « sortie par le haut » à base d’innovation technologique ? Il serait périlleux de tout miser dessus. En premier lieu parce que la plupart des technologies prétendument « salvatrices » nécessitent, à plus ou moins grande échelle, des ressources métalliques, non renouvelables, et viennent accélérer, plutôt que remettre en cause, le paradigme « extractiviste » de notre société thermo-industrielle
  • En second lieu parce que les gains d’efficience sont balayés par un formidable effet « rebond ». Indéniablement, la consommation d’énergie des véhicules, des avions, des centres de données, des procédés industriels baisse régulièrement, les innovations sont nombreuses et les progrès réels. Mais la croissance du parc automobile, des kilomètres parcourus, des données échangées et stockées est largement supérieure aux gains unitaires. Entre 2000 et 2010, le trafic internet a été multiplié par cent. Que vaut alors une amélioration de quelques dizaines de points d’efficacité énergétique par octet ?
  • Il n’y a pas de solution technique permettant de maintenir – et encore moins de faire croître – la consommation globale d’énergie et de ressources. En continuant à alimenter la « chaudière du progrès11 », nous nous heurterons tôt ou tard aux limites planétaires, régulation climatique en tête. C’est donc – aussi – vers l’économie de matières qu’il faut orienter l’innovation. Avant tout par la sobriété, en réduisant les besoins à la source, en travaillant sur la baisse de la demande et pas seulement sur le remplacement de l’offre.
  • Mais on peut imaginer toute une gamme d’actions, comme bannir le jetable, les supports publicitaires, l’eau en bouteille, revenir à des emballages consignés, composter les déchets même en ville dense, brider progressivement la puissance des véhicules et les alléger, avant de passer au vélo, adapter les températures dans les bâtiments et enfiler des pull-overs, car il est bien plus efficace, plus simple, plus rapide, d’isoler les corps que les bâtiments !
  • Pour recycler au mieux les ressources et augmenter la durée de vie de nos objets, il faudra les repenser en profondeur, les concevoir simples et robustes (Ivan Illich aurait dit « conviviaux »), réparables et réutilisables, standardisés, modulaires, à base de matériaux simples, faciles à démanteler, n’utiliser qu’avec parcimonie les ressources rares et irremplaçables comme le cuivre, le nickel, l’étain ou l’argent, limiter le contenu électronique. Quitte à revoir le « cahier des charges », accepter le vieillissement ou la réutilisation de l’existant, une esthétique moindre pour les objets fonctionnels, parfois une moindre performance, de l’intermittence, une perte de rendement ou un côté moins « pratique ».
  • Pourquoi ne pas tenter plutôt la voie d’une transition post-croissance vers un nouveau « contrat social et environnemental » ?
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    "Les coûts écologiques de la technique (déchets, pollution) sont rendus invisibles par la délocalisation de la production industrielle. Ils devraient nous inciter à promouvoir une technologie sobre et résiliente."
Aurialie Jublin

It's Time to Break Up Facebook - The New York Times - 0 views

  • Mark’s influence is staggering, far beyond that of anyone else in the private sector or in government. He controls three core communications platforms — Facebook, Instagram and WhatsApp — that billions of people use every day. Facebook’s board works more like an advisory committee than an overseer, because Mark controls around 60 percent of voting shares. Mark alone can decide how to configure Facebook’s algorithms to determine what people see in their News Feeds, what privacy settings they can use and even which messages get delivered. He sets the rules for how to distinguish violent and incendiary speech from the merely offensive, and he can choose to shut down a competitor by acquiring, blocking or copying it.
  • Mark is a good, kind person. But I’m angry that his focus on growth led him to sacrifice security and civility for clicks. I’m disappointed in myself and the early Facebook team for not thinking more about how the News Feed algorithm could change our culture, influence elections and empower nationalist leaders. And I’m worried that Mark has surrounded himself with a team that reinforces his beliefs instead of challenging them.
  • We are a nation with a tradition of reining in monopolies, no matter how well intentioned the leaders of these companies may be. Mark’s power is unprecedented and un-American.It is time to break up Facebook.
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  • We already have the tools we need to check the domination of Facebook. We just seem to have forgotten about them.America was built on the idea that power should not be concentrated in any one person, because we are all fallible. That’s why the founders created a system of checks and balances. They didn’t need to foresee the rise of Facebook to understand the threat that gargantuan companies would pose to democracy. Jefferson and Madison were voracious readers of Adam Smith, who believed that monopolies prevent the competition that spurs innovation and leads to economic growth.
  • The Sherman Antitrust Act of 1890 outlawed monopolies. More legislation followed in the 20th century, creating legal and regulatory structures to promote competition and hold the biggest companies accountable. The Department of Justice broke up monopolies like Standard Oil and AT&T.
  • For many people today, it’s hard to imagine government doing much of anything right, let alone breaking up a company like Facebook. This isn’t by coincidence. Starting in the 1970s, a small but dedicated group of economists, lawyers and policymakers sowed the seeds of our cynicism. Over the next 40 years, they financed a network of think tanks, journals, social clubs, academic centers and media outlets to teach an emerging generation that private interests should take precedence over public ones. Their gospel was simple: “Free” markets are dynamic and productive, while government is bureaucratic and ineffective. By the mid-1980s, they had largely managed to relegate energetic antitrust enforcement to the history books.
  • It was this drive to compete that led Mark to acquire, over the years, dozens of other companies, including Instagram and WhatsApp in 2012 and 2014. There was nothing unethical or suspicious, in my view, in these moves.
  • Over a decade later, Facebook has earned the prize of domination. It is worth half a trillion dollars and commands, by my estimate, more than 80 percent of the world’s social networking revenue. It is a powerful monopoly, eclipsing all of its rivals and erasing competition from the social networking category. This explains why, even during the annus horribilis of 2018, Facebook’s earnings per share increased by an astounding 40 percent compared with the year before. (I liquidated my Facebook shares in 2012, and I don’t invest directly in any social media companies.)
  • Facebook’s dominance is not an accident of history. The company’s strategy was to beat every competitor in plain view, and regulators and the government tacitly — and at times explicitly — approved. In one of the government’s few attempts to rein in the company, the F.T.C. in 2011 issued a consent decree that Facebook not share any private information beyond what users already agreed to. Facebook largely ignored the decree. Last month, the day after the company predicted in an earnings call that it would need to pay up to $5 billion as a penalty for its negligence — a slap on the wrist — Facebook’s shares surged 7 percent, adding $30 billion to its value, six times the size of the fine.
  • As markets become more concentrated, the number of new start-up businesses declines. This holds true in other high-tech areas dominated by single companies, like search (controlled by Google) and e-commerce (taken over by Amazon). Meanwhile, there has been plenty of innovation in areas where there is no monopolistic domination, such as in workplace productivity (Slack, Trello, Asana), urban transportation (Lyft, Uber, Lime, Bird) and cryptocurrency exchanges (Ripple, Coinbase, Circle).
  • Facebook’s business model is built on capturing as much of our attention as possible to encourage people to create and share more information about who they are and who they want to be. We pay for Facebook with our data and our attention, and by either measure it doesn’t come cheap.
  • The most problematic aspect of Facebook’s power is Mark’s unilateral control over speech. There is no precedent for his ability to monitor, organize and even censor the conversations of two billion people.Facebook engineers write algorithms that select which users’ comments or experiences end up displayed in the News Feeds of friends and family. These rules are proprietary and so complex that many Facebook employees themselves don’t understand them.
  • Facebook has responded to many of the criticisms of how it manages speech by hiring thousands of contractors to enforce the rules that Mark and senior executives develop. After a few weeks of training, these contractors decide which videos count as hate speech or free speech, which images are erotic and which are simply artistic, and which live streams are too violent to be broadcast. (The Verge reported that some of these moderators, working through a vendor in Arizona, were paid $28,800 a year, got limited breaks and faced significant mental health risks.)
  • As if Facebook’s opaque algorithms weren’t enough, last year we learned that Facebook executives had permanently deleted their own messages from the platform, erasing them from the inboxes of recipients; the justification was corporate security concerns. When I look at my years of Facebook messages with Mark now, it’s just a long stream of my own light-blue comments, clearly written in response to words he had once sent me. (Facebook now offers this as a feature to all users.)
  • Mark used to insist that Facebook was just a “social utility,” a neutral platform for people to communicate what they wished. Now he recognizes that Facebook is both a platform and a publisher and that it is inevitably making decisions about values. The company’s own lawyers have argued in court that Facebook is a publisher and thus entitled to First Amendment protection.
  • Mark knows that this is too much power and is pursuing a twofold strategy to mitigate it. He is pivoting Facebook’s focus toward encouraging more private, encrypted messaging that Facebook’s employees can’t see, let alone control. Second, he is hoping for friendly oversight from regulators and other industry executives.
  • In an op-ed essay in The Washington Post in March, he wrote, “Lawmakers often tell me we have too much power over speech, and I agree.” And he went even further than before, calling for more government regulation — not just on speech, but also on privacy and interoperability, the ability of consumers to seamlessly leave one network and transfer their profiles, friend connections, photos and other data to another.
  • Facebook isn’t afraid of a few more rules. It’s afraid of an antitrust case and of the kind of accountability that real government oversight would bring.
  • Mark may never have a boss, but he needs to have some check on his power. The American government needs to do two things: break up Facebook’s monopoly and regulate the company to make it more accountable to the American people.First, Facebook should be separated into multiple companies. The F.T.C., in conjunction with the Justice Department, should enforce antitrust laws by undoing the Instagram and WhatsApp acquisitions and banning future acquisitions for several years. The F.T.C. should have blocked these mergers, but it’s not too late to act. There is precedent for correcting bad decisions — as recently as 2009, Whole Foods settled antitrust complaints by selling off the Wild Oats brand and stores that it had bought a few years earlier.
  • Still others worry that the breakup of Facebook or other American tech companies could be a national security problem. Because advancements in artificial intelligence require immense amounts of data and computing power, only large companies like Facebook, Google and Amazon can afford these investments, they say. If American companies become smaller, the Chinese will outpace us.While serious, these concerns do not justify inaction. Even after a breakup, Facebook would be a hugely profitable business with billions to invest in new technologies — and a more competitive market would only encourage those investments. If the Chinese did pull ahead, our government could invest in research and development and pursue tactical trade policy, just as it is doing today to hold China’s 5G technology at bay.
  • The cost of breaking up Facebook would be next to zero for the government, and lots of people stand to gain economically. A ban on short-term acquisitions would ensure that competitors, and the investors who take a bet on them, would have the space to flourish. Digital advertisers would suddenly have multiple companies vying for their dollars.
  • But the biggest winners would be the American people. Imagine a competitive market in which they could choose among one network that offered higher privacy standards, another that cost a fee to join but had little advertising and another that would allow users to customize and tweak their feeds as they saw fit. No one knows exactly what Facebook’s competitors would offer to differentiate themselves. That’s exactly the point.
  • Just breaking up Facebook is not enough. We need a new agency, empowered by Congress to regulate tech companies. Its first mandate should be to protect privacy.The Europeans have made headway on privacy with the General Data Protection Regulation, a law that guarantees users a minimal level of protection. A landmark privacy bill in the United States should specify exactly what control Americans have over their digital information, require clearer disclosure to users and provide enough flexibility to the agency to exercise effective oversight over time. The agency should also be charged with guaranteeing basic interoperability across platforms.
  • Finally, the agency should create guidelines for acceptable speech on social media. This idea may seem un-American — we would never stand for a government agency censoring speech. But we already have limits on yelling “fire” in a crowded theater, child pornography, speech intended to provoke violence and false statements to manipulate stock prices. We will have to create similar standards that tech companies can use. These standards should of course be subject to the review of the courts, just as any other limits on speech are. But there is no constitutional right to harass others or live-stream violence.
  • These are difficult challenges. I worry that government regulators will not be able to keep up with the pace of digital innovation. I worry that more competition in social networking might lead to a conservative Facebook and a liberal one, or that newer social networks might be less secure if government regulation is weak. But sticking with the status quo would be worse: If we don’t have public servants shaping these policies, corporations will.
  • Similarly, the Justice Department’s 1970s suit accusing IBM of illegally maintaining its monopoly on personal computer sales ended in a stalemate. But along the way, IBM changed many of its behaviors. It stopped bundling its hardware and software, chose an extremely open design for the operating system in its personal computers and did not exercise undue control over its suppliers. Professor Wu has written that this “policeman at the elbow” led IBM to steer clear “of anything close to anticompetitive conduct, for fear of adding to the case against it.”
  • Finally, an aggressive case against Facebook would persuade other behemoths like Google and Amazon to think twice about stifling competition in their own sectors, out of fear that they could be next. If the government were to use this moment to resurrect an effective competition standard that takes a broader view of the full cost of “free” products, it could affect a whole host of industries.
  • I take responsibility for not sounding the alarm earlier. Don Graham, a former Facebook board member, has accused those who criticize the company now as having “all the courage of the last man leaping on the pile at a football game.” The financial rewards I reaped from working at Facebook radically changed the trajectory of my life, and even after I cashed out, I watched in awe as the company grew. It took the 2016 election fallout and Cambridge Analytica to awaken me to the dangers of Facebook’s monopoly. But anyone suggesting that Facebook is akin to a pinned football player misrepresents its resilience and power.
  • This movement of public servants, scholars and activists deserves our support. Mark Zuckerberg cannot fix Facebook, but our government can.
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    "Since then, Mark's personal reputation and the reputation of Facebook have taken a nose-dive. The company's mistakes - the sloppy privacy practices that dropped tens of millions of users' data into a political consulting firm's lap; the slow response to Russian agents, violent rhetoric and fake news; and the unbounded drive to capture ever more of our time and attention - dominate the headlines. It's been 15 years since I co-founded Facebook at Harvard, and I haven't worked at the company in a decade. But I feel a sense of anger and responsibility."
Aurialie Jublin

Le Minitel : réhabiliter un contre-modèle pour penser l'Internet d'aujourd'hu... - 0 views

  • Cette culture industrielle a été rendue possible par « les vertus de la centralisation » (Mailland et Driscoll). En effet, elle a permis la création du Kiosque, la « killer app » du Minitel : un système très simple, mis en place par l’Administration pour simplifier les transactions économiques autour des services Minitel. Kiosque reversait directement 2/3 des profits de connexion aux fournisseurs d’accès, leur évitant des démarches. Les utilisateurs, eux, ne payaient qu’à la fin du mois, en bloc, en même temps que leur facture téléphonique. Cette simplicité d’utilisation a été essentielle, en encourageant les entrepreneurs à se lancer sur le Minitel, et les utilisateurs à se connecter aux services. Cette centralisation a été largement critiquée, car elle fait dépendre le modèle économique et les connexions d’un acteur unique et ici étatique. Mais les chercheurs notent que son efficacité ne fait pas de doute, au plan économique. On retrouve une organisation similaire chez les géants du Web : l’Apple Store, par exemple, fonctionne un peu comme une version privée du Kiosque. Mais ce n’est pas tout : pour Mailland et Driscoll, Minitel offre une version publique des marchés multifaces, mettant en relation des usagers/consommateurs et des fournisseurs de services, en prélevant une rente — modèle devenu le filon des économies de plateforme comme Uber ou Air BnB.
  • Le Minitel a été un « succès domestique », qui a permis à la France de devenir un pays extrêmement connecté, et à toute une population de découvrir des activités en ligne. Il a surtout favorisé l’« émergence d’une pratique collective de la communication numérique qui a généré des systèmes de représentations variés, des formes de discours et de comportements qui apparaissent aujourd’hui comme matriciels ». Ainsi, les forums de discussion, la communication anonyme par écran interposé, l’usage de pseudonymes, l’explosion de la pornographie, les débats sur la liberté d’expression ou la censure qu’on associe souvent aux cultures numériques... ont leur origine dans le Minitel.
  • Les messageries roses en sont l’exemple le plus célèbre (et le plus lucratif) mais les usages du Minitel ne se limitaient pas à l’annuaire et aux messageries coquines. D’autres usages, éclipsés par ce folklore, se sont aussi développés dans ces années-là, préfigurant les usages numériques : achat et vente par correspondance, services bancaires, consultation d’informations (horaires de train, de spectacle — ou autres : sur le service Minitel de Libération, on peut accéder dès 12h aux infos qui seront publiées le lendemain), usages administratifs, enseignement (informations, corrigés, inscriptions...), jeux (black jack, bridges, quizz et même un 3615 PENDU)...
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  • Certains s’emparent également du Minitel pour organiser des actions politiques, préfigurant l’usage qui est fait aujourd’hui des outils numériques : en 1986, des étudiants utilisent la messagerie de Libé pour organiser l’opposition à la loi Devaquet. Ils sont imités en 1988 et 89 par des infirmières, puis en 1992 par des syndicalistes du Ministère des Finances.
  • Pour Mailland et Driscoll, la réussite du Minitel permet de repenser l’opposition simpliste entre un système public et centralisé (mal) et un système privé et décentralisé (bien). Ils soulignent que ce sont les investissements stratégiques de l’État qui ont permis l’explosion du réseau — tout comme, aux États-Unis, c’est la décision du gouvernement de privatiser le « backbone » du réseau dans les années 1990 qui a conduit au boom commercial que l’on connaît. « L’intervention d’un état dans un système en ligne ne signifie pas automatiquement une perte de liberté. Au contraire : s’ils sont bien pensés, les fonds publics peuvent encourager la créativité et le développement dans le réseau. ».
  • Les auteurs se demandent alors si « des interventions ciblées du gouvernement ne pourraient pas réintroduire de la compétition et de l’ouverture, dans des champs d’Internet où les intérêts du secteur privé et du public ont cessé depuis longtemps de coïncider. » A l’heure où les appels à la régulation du secteur des GAFA par les Etats ou les instances supra-étatiques se multiplient, le Minitel aurait donc des choses à nous apprendre. « L’histoire du Minitel, et de ses trois décennies de fonctionnement, montre la voie vers un avenir différent, marqué par l’engagement envers l’intérêt public. (...) »
  • C’est cette défense des intérêts publics qui semble peu à peu reculer, selon les auteurs : « A moins d’une intervention stratégique des gouvernements ne préserve les éléments d’ouverture et d’équilibre des pouvoirs public/privé présents dans l’Internet des débuts et qui y ont attiré tant de hackeurs, d’entrepreneurs, d’expérimentateurs et d’explorateurs... l’Internet tel que nous le connaissons depuis les années 1990 ne vivra peut-être même pas trente ans. »
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    "Suite de notre cycle sur les histoires d'Internet : reconsidérer le Minitel. Longtemps considéré comme une impasse française, l'incarnation du grand projet technocratique incapable d'évoluer, le Minitel est de plus en plus réhabilité par les historiens. Pas comme un modèle à suivre, mais comme une innovation radicale en son temps, qui fut pour les Français la première entrée dans les cultures numériques et dont le modèle dépendant des fonds publics peut nous aider à penser autrement l'Internet contemporain."
Aurialie Jublin

Mastercard, Microsoft to Advance Digital Identity Innovations - 0 views

  • “Today’s digital identity landscape is patchy, inconsistent and what works in one country often won’t work in another. We have an opportunity to establish a system that puts people first, giving them control of their identity data and where it is used,” says Ajay Bhalla, president, cyber and intelligence solutions, Mastercard. “Working with Microsoft brings us one step closer to making a globally interoperable digital identity service a reality, and we look forward to sharing more very soon.”
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    "Mastercard (NYSE: MA) and Microsoft (Nasdaq "MSFT" @microsoft) today announced a strategic collaboration to improve how people manage and use their digital identity. Currently, verifying your identity online is still dependent on physical or digital proof managed by a central party, whether it's your passport number, your proof of address, driver's license, user credentials or other means. This dependence places a huge burden on individuals, who have to successfully remember hundreds of passwords for various identities and are increasingly being subjected to more complexity in proving their identity and managing their data. Working together, Mastercard and Microsoft aim to give people a secure, instant way to verify their digital identity with whomever they want, whenever they want."
Aurialie Jublin

Ouvrir, ce n'est pas juste partager des données : simple, basique - 0 views

  • Les cas d’Airbnb ou d’Uber qui proclament faire de l’open data alors que les données ne répondent pas aux principes essentiels de l’open data ne créent aucun usage réel. Cela revient à faire de l’open washing (inspiré du «greenwashing» ou éco-blanchiment) : les producteurs proclament leurs données ouvertes, même si dans les faits, l’accès et la réutilisation des données sont trop limités.
  • Lorsque les données sont disponibles uniquement à travers une API demandant inscription, l’usager des données n’a aucune garantie que la base de données pourra être téléchargée et n’est pas assuré d’avoir effectivement accès aux données. Pour l’usager, cela crée une incertitude sur la pérennité des services réutilisant des données : l’organisation qui partage ses données reste libre d’exclure l’usager si elle considère que le service ne va pas dans le sens de ses intérêts. Ce n’est donc qu’un partage contrôlé là où l’ouverture consiste à laisser place à l’inattendu et à laisser libre cours à chacun de créer des services auquel nous n’aurions pas pensé quitte à parfois concurrencer les services développés par l’organisation qui a ouvert des données.
  • Distinguer l’ouverture du partage de données permet aussi de souligner l’essence même des principes de l’open data qui consiste à réduire les asymétries d’information et à créer une situation équitable entre tous les acteurs.
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    "Durant l'été, Frédéric Charles, directeur Stratégie & Innovation chez SUEZ Smart Solutions, lançait sur Twitter une polémique sur la définition de l'open data qui a abouti sur un billet sur son blog sur ZDNet. Ce billet demande, rien de moins, que de redéfinir les principes de l'open data. Il nous paraît essentiel d'y répondre et de clarifier un point : ouvrir et partager des données sont deux choses différentes."
Aurialie Jublin

La génération internet et recherche d'emploi en ligne - 0 views

  • Par ailleurs s’ils utilisent beaucoup internet, que ce soit dans le cadre des loisirs (90 % des jeunes interrogés par questionnaire), des démarches administratives (60 %) ou de la recherche d’emploi (87 %), ils exploitent rarement les ressources numériques de manière optimale. Les entretiens avec les conseillers viennent ici contrebalancer des préjugés répandus sur la maîtrise supposée innée du numérique par les digital natives. Comme l’expliquait un encadrant, « les jeunes ont une mauvaise maîtrise d’internet, même de Google. Ils ne savent pas forcément reformuler des requêtes et creuser ».
  • Cela est particulièrement vrai pour la recherche d’emploi : à leur arrivée en mission locale entre 40 et 50 % des jeunes ne possèdent pas d’adresse électronique, outil pourtant essentiel. Peu ont une connaissance de la variété des sites de recherche d’emploi ou des fonctions complexes comme la « recherche avancée ». En un mot, si internet est le premier réflexe pour commencer une recherche d’emploi ou de formation, tous ne sont pas suffisamment armés pour réaliser une démarche construite et ciblée.
  • Mais il faut également prendre en considération des lacunes en compétences de base qui constituent un prérequis indispensable. Des jeunes se trouvent par exemple bloqués dans leur accès à l’information car ils ne rédigent pas correctement les termes d’une requête, ne sont pas capables de déterminer les mots-clés pour effectuer une recherche, ou ne comprennent pas les termes d’une offre d’emploi.
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  • En effet, même s’ils disposent de tout l’arsenal numérique à la maison, nombreux sont ceux qui viennent à la mission locale pour consulter les offres d’emploi et en discuter avec un conseiller, ou simplement investir un lieu pleinement dédié à cette démarche et où ils peuvent, dans le même temps, se sentir moins seuls.
  • L’élaboration de nouveaux dispositifs numériques doit être pensée dans une démarche agile pour permettre aux jeunes les plus éloignés de l’emploi de s’en saisir facilement et rapidement, seuls ou accompagnés par un conseiller. Pour les jeunes rencontrés, il ne s’agit pas de choisir entre un outil numérique ou un accompagnement humain mais, comme le résumait un jeune interrogé, « de mettre toutes les chances de son côté ».
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    "En France, alors que deux millions de jeunes ne sont ni en emploi, ni en éducation, ni en formation, le numérique offre de nombreux services innovants destinés à faciliter leur insertion professionnelle. Ce paradoxe, allié à l'intuition que le numérique pourrait profiter davantage à ces jeunes, est à l'origine d'une enquête de plusieurs mois, conduite en immersion dans quatre missions locales, urbaines et rurales. Le premier constat est sans appel, un jeune homme de 25 ans me le résume parfaitement « Les gens estiment que la maîtrise d'internet ne nécessite pas de formation car c'est la génération internet, alors qu'en réalité, il y a plein de choses qu'on ne connaît pas ». En effet, comme j'ai pu le constater, et comme l'observent les spécialistes du numérique chez les digital natives, les usages et les habiletés numériques des 16-25 ans sont très variables. Ces experts ajoutent que les compétences numériques acquises dans le domaine récréatif (par les réseaux sociaux, les jeux vidéo, etc.) ne sont pas transférées dans d'autres domaines (scolaire, professionnel). Il m'est donc apparu nécessaire d'interroger les conséquences de ce décalage, alors qu'aujourd'hui l'accès aux offres d'emploi ou aux différents services d'insertion professionnelle est de plus en plus tributaire du numérique"
Aurialie Jublin

Tech Reset Canada - 0 views

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    "We are a coalition of business people, technologists, and other residents advocating for innovation that is focused on maximizing the public good. Help shape the intersection of PUBLIC x POLICY x TECHNOLOGY"
Aurialie Jublin

"I Was Devastated": Tim Berners-Lee, the Man Who Created the World Wide Web, Has Some R... - 2 views

  • Initially, Berners-Lee’s innovation was intended to help scientists share data across a then obscure platform called the Internet, a version of which the U.S. government had been using since the 1960s. But owing to his decision to release the source code for free—to make the Web an open and democratic platform for all—his brainchild quickly took on a life of its own.
  • He also envisioned that his invention could, in the wrong hands, become a destroyer of worlds, as Robert Oppenheimer once infamously observed of his own creation. His prophecy came to life, most recently, when revelations emerged that Russian hackers interfered with the 2016 presidential election, or when Facebook admitted it exposed data on more than 80 million users to a political research firm, Cambridge Analytica, which worked for Donald Trump’s campaign. This episode was the latest in an increasingly chilling narrative. In 2012, Facebook conducted secret psychological experiments on nearly 700,000 users. Both Google and Amazon have filed patent applications for devices designed to listen for mood shifts and emotions in the human voice.
  • This agony, however, has had a profound effect on Berners-Lee. He is now embarking on a third act—determined to fight back through both his celebrity status and, notably, his skill as a coder. In particular, Berners-Lee has, for some time, been working on a new platform, Solid, to reclaim the Web from corporations and return it to its democratic roots.
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  • What made the Web powerful, and ultimately dominant, however, would also one day prove to be its greatest vulnerability: Berners-Lee gave it away for free; anyone with a computer and an Internet connection could not only access it but also build off it. Berners-Lee understood that the Web needed to be unfettered by patents, fees, royalties, or any other controls in order to thrive. This way, millions of innovators could design their own products to take advantage of it.
  • “Tim and Vint made the system so that there could be many players that didn’t have an advantage over each other.” Berners-Lee, too, remembers the quixotism of the era. “The spirit there was very decentralized. The individual was incredibly empowered. It was all based on there being no central authority that you had to go to to ask permission,” he said. “That feeling of individual control, that empowerment, is something we’ve lost.”
  • The power of the Web wasn’t taken or stolen. We, collectively, by the billions, gave it away with every signed user agreement and intimate moment shared with technology. Facebook, Google, and Amazon now monopolize almost everything that happens online, from what we buy to the news we read to who we like. Along with a handful of powerful government agencies, they are able to monitor, manipulate, and spy in once unimaginable ways.
  • The idea is simple: re-decentralize the Web. Working with a small team of developers, he spends most of his time now on Solid, a platform designed to give individuals, rather than corporations, control of their own data. “There are people working in the lab trying to imagine how the Web could be different. How society on the Web could look different. What could happen if we give people privacy and we give people control of their data,” Berners-Lee told me. “We are building a whole eco-system.”
  • For now, the Solid technology is still new and not ready for the masses. But the vision, if it works, could radically change the existing power dynamics of the Web. The system aims to give users a platform by which they can control access to the data and content they generate on the Web. This way, users can choose how that data gets used rather than, say, Facebook and Google doing with it as they please. Solid’s code and technology is open to all—anyone with access to the Internet can come into its chat room and start coding.
  • It’s still the early days for Solid, but Berners-Lee is moving fast. Those who work closely with him say he has thrown himself into the project with the same vigor and determination he employed upon the Web’s inception. Popular sentiment also appears to facilitate his time frame. In India, a group of activists successfully blocked Facebook from implementing a new service that would have effectively controlled access to the Web for huge swaths of the country’s population. In Germany, one young coder built a decentralized version of Twitter called Mastodon. In France, another group created Peertube as a decentralized alternative to YouTube.
  • Berners-Lee is not the leader of this revolution—by definition, the decentralized Web shouldn’t have one—but he is a powerful weapon in the fight. And he fully recognizes that re-decentralizing the Web is going to be a lot harder than inventing it was in the first place.
  • But laws written now don’t anticipate future technologies. Nor do lawmakers—many badgered by corporate lobbyists—always choose to protect individual rights. In December, lobbyists for telecom companies pushed the Federal Communications Commission to roll back net-neutrality rules, which protect equal access to the Internet. In January, the U.S. Senate voted to advance a bill that would allow the National Security Agency to continue its mass online-surveillance program. Google’s lobbyists are now working to modify rules on how companies can gather and store biometric data, such as fingerprints, iris scans, and facial-recognition images.
  • It’s hard to believe that anyone—even Zuckerberg—wants the 1984 version. He didn’t found Facebook to manipulate elections; Jack Dorsey and the other Twitter founders didn’t intend to give Donald Trump a digital bullhorn. And this is what makes Berners-Lee believe that this battle over our digital future can be won.
  • When asked what ordinary people can do, Berners-Lee replied, “You don’t have to have any coding skills. You just have to have a heart to decide enough is enough. Get out your Magic Marker and your signboard and your broomstick. And go out on the streets.” In other words, it’s time to rise against the machines.
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    "We demonstrated that the Web had failed instead of served humanity, as it was supposed to have done, and failed in many places," he told me. The increasing centralization of the Web, he says, has "ended up producing-with no deliberate action of the people who designed the platform-a large-scale emergent phenomenon which is anti-human." "While the problems facing the web are complex and large, I think we should see them as bugs: problems with existing code and software systems that have been created by people-and can be fixed by people." Tim Berners-Lee
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    "Berners-Lee has seen his creation debased by everything from fake news to mass surveillance. But he's got a plan to fix it."
Aurialie Jublin

https://datatransferproject.dev/ - 0 views

  • Users should be in control of their data on the web, part of this is the ability to move their data. Currently users can download a copy of their data from most services, but that is only half the battle in terms of moving their data. DTP aims make move data between providers significantly easier for users.
  • DTP is still in very active development. While we have code that works for a variety of use cases we are continually making improvements that might cause things to break occasionally. So as you are trying things please use it with caution and expect some hiccups. Both our bug list, as well as documentation in each provider’s directory are good places to look for known issues, or report problems you encounter.
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    "The Data Transfer Project was formed in 2017 to create an open-source, service-to-service data portability platform so that all individuals across the web could easily move their data between online service providers whenever they want. The contributors to the Data Transfer Project believe portability and interoperability are central to innovation. Making it easier for individuals to choose among services facilitates competition, empowers individuals to try new services and enables them to choose the offering that best suits their needs."
Aurialie Jublin

[Internet]MIT research scientist David Clark has a 17-point wish list for how to fix th... - 0 views

  • In Designing an Internet, he presents a 17-point wish list for a better internet compiled from policy papers, speeches, and manifestos:Catalog of Aspirations The Internet should reach every person by some means. (Reach) The Internet should be available to us everywhere. (Ubiquity) The Internet should continue to evolve to match the pace and direction of the larger IT sector. (Evolution) The Internet should be used by more of the population. (Uptake) Cost should not be a barrier to the use of the Internet. (Affordable) The Internet should provide experiences that are sufficiently free of frustration, fears, and unpleasant experiences that people are not deterred from using it. (Trustworthy) The Internet should not be an effective space for lawbreakers. (Lawful) The Internet should not raise concerns about national security. (National Security) The Internet should be a platform for vigorous innovation and thus a driver of the economy. (Innovation) The Internet should support a wide range of services and applications. (Generality) Internet content should be accessible to all without blocking or censorship. (Unblocked) The consumer should have choices in their Internet experience. (Choice) The Internet should serve as a mechanism for the distribution of wealth among different sectors and countries. (Redistribution) The Internet (and Internet technology, whether in the public network or not) should become a unified technology platform for communication. (Unification) For any region of the globe, the behavior of the Internet should be consistent with and reflect its core cultural/political values. (Local values) The Internet should be a tool to promote social, cultural, and political values, especially universal ones. (Universal values) The Internet should be a means of communication between citizens of the world. (Global)
  • He categorizes the aspirations into three pragmatic buckets: utility, economics, and security. But the subtext of each aspiration is a longing for structures that would entice users to be better humans—an internet that is moral.
  • The notion of shutting down the internet to start anew is a fairytale. Any improvement will be incremental, hard-fought and deliberate. Clark notes that even the US Federal Communications Commission which regulates the country’s telecommunications and broadcast media industries isn’t interested in shaping the public character of the internet. Its solution is to encourage competition and hope for the best, as stated in its latest strategic plan. Clearly, the laissez-faire attitude hasn’t exactly worked out for the country.
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  • The problem—or the “fundamental tussle,” as Clark puts it—lies in the fact that private companies, not governments control the internet today, and relying on the good conscience of profit-driven technocrats offers little assurance. “That’s a pretty inconsistent hope to lean on,” he says. “Remember, on Facebook, you’re not the customer. You’re the product served to advertisers.”
  • Ultimately, improving the internet hinges on seeing it as public service first, instead of a money-making venture. Barring one global entity with the will and the resources to enforce this, fixing it will be a kind of community project, and one of the most urgent kind.
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    "This refrain echoes across all corners of the internet, and has become a general, all-purpose complaint for all of the bad things we encounter online. Trolling, fake news, dark patterns, identity theft, cyber bulling, nasty 4Chan threads are just some of the symptoms of this corruption. But the first step to fixing the internet requires an understanding of what it actually is."
Aurialie Jublin

[Logiciel libre] Et si le monde numérique devenait vraiment « libre » ? - 0 views

  • « Je ne vois pas ce qui peut exister et qui ne soit pas remplaçable par une solution open source, en particulier dans les innovations sociales et tous les projets d’intérêt général, dit-elle. Hier, je suis tombée sur un logiciel qui gère la projection dans les cinémas... Le libre permet aussi de répondre à des besoins publics, à l’image d’OpenCimetière qui a été produit pour une commune et qui sert à présent à d’autres mairies.
  • Cet élan d’ouverture s’est décliné dans la production de marchandises avec l’open hardware, dans les données avec l’open data (mise à disposition de données publiques) ou encore dans le partage des connaissances avec l’open innovation, l’open science, etc. Ce mouvement général repose sur la libre circulation des savoirs, l’accessibilité au « faire » et la coopération entre pairs.
  • « Quand des salariés transforment leur entreprise en coopérative, cela ne les empêche pas de recruter un directeur, mais la direction est une compétence de coordination et non un organe de pouvoir. C’est la même chose dans le pair-à-pair », précise-t-elle.
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  • Mais, si l’open source a permis au libre de gagner en efficacité, sa focalisation sur la technique l’a sans doute éloigné de ceux à qui il s’adressait en premier lieu : tous les autres, qui ne développent pas. Le libre reste, en effet, très circonscrit au monde de l’informatique et se compose majoritairement d’hommes, même si d’une multitude de nationalités.
  • Les logiciels libres ne permettent pas forcément de protéger les données, mais on est sûr que l’exploitation des données ne constitue pas le modèle économique du service. Quand on entre dans l’état d ’esprit du logiciel libre, on prend conscience de l’impact de l’informatique dans sa propre vie, on est plus vigilant et on est assuré que quelqu’un quelque part vérifiera s’il y a des mouchards dans le code et alertera les autres. La faiblesse du libre, c’est que si j’envoie un mail à un ami qui est sur Gmail, malgré tous mes efforts, Google aura mes données. Le libre te pousse à considérer l’interconnexion aux autres et le risque qu’on fait prendre aux autres en laissant ses données sur internet sans s’assurer de ce qu’elles deviennent », explique Catherine Guillard.
  • L’une des clés serait sans doute de rendre l’engagement dans le libre aussi mobilisateur pour d’autres métiers que ceux du développement... Par exemple les graphistes, les juristes ou pourquoi pas le monde médical, qui tous doivent composer avec le numérique et les dérives de certains de ses acteurs. Enfin, il faudrait peut-être revenir aux origines sociales et politiques du libre.
  • En effet, à l’image du bio qui n’est pas qu’une méthode de culture, le libre n’est pas qu’une méthode de développement, mais propose un modèle de société plus respectueux des autres, plus solidaire, plus attentif aux impacts sociaux et environnementaux. Faire un pas vers le libre, c’est, au fond, soutenir le « faire ensemble ».
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    "Les logiciels libres et le mouvement open source luttent contre les boîtes noires, prônant le partage des savoirs et le « faire ensemble ». Mais l'ouverture des codes est-elle vraiment un gage d'ouverture aux autres ? Le monde du « libre » ne devrait-il pas engager une mutation pour rendre plus tangible sa dimension solidaire et toucher un public plus large ? Ce sont les questions que pose cet article de Solidarum, issu du numéro 3 de la revue Visions solidaires pour demain, en librairie depuis la mi-janvier."
Aurialie Jublin

A viewpoint on Craft and the Internet - Ding Magazine - 0 views

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    "On a recent visit to Barcelona, I was charmed by the Institute for Advanced Architecture of Catalonia's Smart Citizen platform that enables citizens to monitor levels of air or noise pollution around their home or business. The system connects data, people and knowledge based on their location; the device's low power consumption allows it to be placed on balconies and windowsills where power is provided by a solar panel or battery. Smart Citizen is just one among a growing array of devices and platforms that can sense everything from the health of a tomato in Brazil, to bacteria in the stomach of a cow in Perthshire - remotely. This innovation is welcome, but it leaves a difficult question unanswered: Under what circumstances will possession of this data contribute to the system transformation that we so urgently need? What's missing, so far - from the Internet of Things in general, and remote sensing in particular - is a value benchmark against which to analyze the data being generated. We've created a global infrastructure that is brilliant on means, but unambitious when it comes to ends"
Aurialie Jublin

PLATEFORMES - Comment assurer la représentation des travailleurs des platefor... - 0 views

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    "Quelles sont vos propositions pour améliorer la représentation des travailleurs des plateformes ? F. B., O. C., C. T. : Trois lignes directrices pourraient guider les réflexions : légitimité, proximité, représentativité. Les acteurs doivent être légitimes. La représentation ne se décrète pas. Il faut tenir compte des spécificités qui caractérisent les relations contractuelles entre les plateformes et les travailleurs qui y ont recours, notamment la multiplicité des donneurs d'ordre. Aussi, sommes-nous convaincus que le secteur professionnel s'impose comme le niveau le plus pertinent. Compte tenu de la durée de vie des plateformes, la représentation ne peut être adossée sur elles mais doit relever du secteur d'activité. Le niveau sectoriel est le plus adapté pour traiter des questions de concurrence déloyale en effet. Il faut aussi mettre en place la représentation des travailleurs au niveau territorial. À l'instar des observatoires du dialogue social mis en place pour les PME-TPE, le niveau départemental doit être retenu, ne serait-ce que parce que les acteurs n'ont pas le temps de se déplacer dans un périmètre géographique trop éloigné. Enfin, nous pensons que les représentants des travailleurs doivent être élus. Leur représentativité reste à définir. Plusieurs options sont possibles. Il faut être cohérent. Les organisations normalement constituées dans le secteur d'activité pourraient désigner des représentants. Comme pour les TPE, les travailleurs voteraient pour une organisation et non pour une liste de représentants. Côté patronal, la représentativité des acteurs est encore plus compliquée à établir. Sans aller jusqu'à réinventer le dialogue social, il faut être innovant si l'on veut assurer une représentation légitime des acteurs, indispensable à un dialogue social de qualité."
Aurialie Jublin

Tribune : UN NOUVEAU MODÈLE EUROPÉEN DE L'INNOVATION - La Fabrique des Mobilités - 0 views

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    "Alors que l'Europe est aujourd'hui fortement questionnée sur ses volets économique, solidaire et écologique, une composante est peu présente dans le débat : l'innovation. Pourtant, elle est un enjeu clé des défis européens pour les prochaines années."
Aurialie Jublin

Retour sur MyData2018 : quelle(s) approche(s) collective(s) des données perso... - 0 views

  • L’entrée en vigueur du RGPD a clairement été l’événement marquant de 2018 et beaucoup d’intervenants s’y sont référés. Le principe d’équité y est affirmé. Or il s’agit d’un principe qui recouvre une dimension collective : l’équité suppose un groupe, contrairement aux autres principes (transparence, légalité, limitation de but, rétention, intégrité et confidentialité, minimisation des données, précision). Toutefois le texte ne donne pas de définition de l’équité dans le contexte de la gestion des données personnelles a fait remarquer Jussi Leppälä, Privacy Officer (Global) chez Valmet. Finalement, les intervenants s’accordaient à dire que le RGPD est un texte axé sur les besoins individuels plutôt que collectifs. Il protège l’individu, mais ne porte pas de vision véritablement collective des données personnelles.
  • Sur cette question de l’équité, l’exemple d’openSCHUFA donné par Walter Palmetshofer (Open Knowledge Allemagne) est inspirant : une campagne de collecte de données a été faite auprès de milliers d’individus pour comprendre l’algorithme de credit-scoring (pointage de crédit) de SCHUFA, bureau de crédit privé allemand. Cela a permis à des individus de pouvoir demander, preuves à l’appui, à corriger des décisions prises par l’algorithme. De manière générale, le biais algorithmique est un enjeu sociétal important, surtout pour les groupes les plus fragiles dont les données personnelles sont plus exposées et davantage victimes de biais algorithmiques (à ce sujet, lire Internet Actu).
  • D’autres intervenants ont insisté sur la nécessité d’accompagner les entreprises vers plus de prises en compte de leur responsabilité sociale. Le modèle de gouvernance qui domine actuellement étant l’hégémonie d’acteurs économiques (GAFA, BATX) raconte Bruno Carballa Smichowski, de Chronos, le rééquilibrage des pouvoirs doit venir des Etats. Ces derniers disposent de données personnelles, mais peuvent également demander des comptes et pousser les acteurs qui utilisent les données à être plus ouverts et actifs : littératie, infrastructure, open innovation, construire la confiance et faire reculer la peur, ou encore impliquer les personnes concernées (Hetan Shah et Jeni Tennison), sont autant d’actions que les pouvoirs publics peuvent mettre en place.
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  • Depuis le lancement de MyData, la nécessité de développer les enjeux collectifs des données personnelles apparaît chaque année plus forte. En parallèle, les communs numériques apparaissent de plus en plus comme un modèle alternatif désirable face aux comportements abusifs des acteurs dominants. Les communs autorisent par nature une gestion transparente et au service de la communauté, car gérés par leurs membres.
  • Si sa remarque a donné naissance au track “OurData” en 2017 et en 2018,, le terme de “commun” était pourtant quasiment absent des discussions du track OurData, essentiellement tourné vers l’acteur public et la régulation. L’exemple d’OpenSCHUFA se rattache néanmoins au courant des communs en donnant un exemple concret.
  • L’idée derrière la coopérative de données qui s’intègrerait au modèle MyData/Self Data viserait plutôt à créer un commun : une association d’individus développant des outils et services (chat, moteur de recherche,…) leur permettant de gérer leurs données de A à Z. Il existe plusieurs coopératives de données de ce type : diglife.coop, schluss, open.coop,…
  • Laura James (doteveryone) a suggéré  cette session afin d’échanger avec les participants sur la faisabilité de créer une ou des coopératives “de masse”, appartenant à leurs membres et gérées par eux. L’objectif serait d’offrir aux gens de meilleurs services que les géants de la technologie et les entreprises de type Silicon Valley. Laura James constate que si le problème avec les géants numériques est leur modèle d’entreprise (capitalisme de surveillance) et le modèle de propriété (extraction de richesse au profit de quelques-uns), la “data coop” doit permettre d’offrir une technologie en laquelle nous pouvons avoir confiance – c’est-à-dire préservant notre vie privée, accessible, fiable, équitable, basée sur les sources ouvertes existantes, avec un meilleur support et une véritable durabilité.
  • Est-ce que le peu de succès de Digital Life Collective est dû à un manque d’intérêt de la part des consommateurs pour les questions liées aux données personnelles ? Ou bien est-ce que les enjeux ne sont pas encore bien compris par les gens ? Les porteurs de coopératives présents à la session échangent sur plusieurs éléments de réponse. D’abord, il n’y a pas une absence d’intérêt pour les questions de privacy mais une perception et un traitement différent selon les personnes (par les « millenials » par exemple). Ensuite, les consommateurs veulent-ils avoir à supporter la responsabilité qui va avec la reprise du contrôle sur leurs données ? Rien n’est moins sûr : comme les services gratuits d’aujourd’hui, cela doit être simple. Mais le contrôle implique nécessairement des responsabilités… Les consommateurs ont aussi besoin de services pratiques. Il faut travailler l’expérience utilisateur. Enfin, il faut une littératie des données pour créer un véritable intérêt et dissiper la peur et les malentendus autour de ce sujet.
  • Comment avoir une véritable gouvernance partagée tout en ayant une organisation suffisamment grande ? A peine 10 personnes sont vraiment actives au sein de Digital Life Collective. Schluss recherche une manière de faire participer davantage les membres. C’est un problème récurrent pour les coopératives, et toute organisation dont la gestion s’appuie sur l’ensemble de ses membres. Toutefois, l’un des participants soulignait que même si seul 1% s’implique dans la prise de décisions, tous reçoivent les bénéfices de la coopérative ! Ca n’est pas la gestion parfaitement partagée et idéale, mais cela fonctionne quand même. Avant de renoncer au modèle participatif, quelques modèles de gouvernance pourraient être expérimentés pour faciliter les prises de décision participatives au sein de la coopérative : les jurys citoyens, sociocracy 3.0 (utilisé par certaines entreprises télécom en Finlande), …
  • Dans les sessions de la thématique “OurData”, nous avons eu le plaisir d’entendre à chaque fois (ou presque) que la propriété appliquée aux données personnelles n’a aucun sens. Bien que ce track, plus qu’aucun autre, soit prédisposé à un tel constat,depuis quelques années, la position de la communauté MyData s’est éclaircie à ce sujet et on voit de moins en moins de personnes prôner ce modèle de propriété et de revente individuelle de ses données..
  • En découle un modèle collectif basé non pas sur des titres de propriété individuels mais sur des droits d’usage. Le RGPD en crée quelques-uns mais d’autres questions restent en suspens, comme le droit à la mémoire collective, notamment pour les catégories les plus défavorisées, ou encore l’équité, qui s’oppose à une régulation par les lois du marché.
  • La plupart des intervenants postulent que c’est l’acteur public qui doit agir : en créant de nouveaux droits associés aux données personnelles, en accompagnant les acteurs privés à fournir des solutions plus éthiques et transparentes, en s’engageant pour une culture et une littératie de la donnée pour tous, en actant juridiquement que les données personnelles sont le résultat d’un processus collectif qui appartient à la société qui l’a co-généré et qu’il ne peut y avoir de propriété associée (en France la CNIL est très claire sur ce dernier point, nous avons besoin d’une voie aussi claire au niveau européen !), en promouvant leur valeur sociale, et non commerciale, et enfin qu’il fasse que le fruit de ce travail doit servir à répondre à des problématiques collectives telles que la santé, l’éducation, la culture, la protection de l’environnement, …
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    "LE CONSTAT : LA GESTION ACTUELLE DES DONNÉES PERSONNELLES S'INTÉRESSE PEU AU COLLECTIF MyData s'intéresse à toutes les dimensions que recouvre le contrôle des données personnelles : si la privacy occupe souvent le devant de la scène, MyData explore également la transparence des organisations et des technologies, l'équité et la dimension collective des données personnelles."
Aurialie Jublin

Opinion | There May Soon Be Three Internets. America's Won't Necessarily Be the Best. -... - 0 views

  • The received wisdom was once that a unified, unbounded web promoted democracy through the free flow of information. Things don’t seem quite so simple anymore. China’s tight control of the internet within its borders continues to tamp down talk of democracy, and an increasingly sophisticated system of digital surveillance plays a major role in human rights abuses, such as the persecution of the Uighurs. We’ve also seen the dark side to connecting people to one another — as illustrated by how misinformation on social media played a significant role in the violence in Myanmar.
  • There’s a world of difference between the European Union’s General Data Protection Regulation, known commonly as G.D.P.R., and China’s technologically enforced censorship regime, often dubbed “the Great Firewall.” But all three spheres — Europe, America and China — are generating sets of rules, regulations and norms that are beginning to rub up against one another.
  • The information superhighway cracks apart more easily when so much of it depends on privately owned infrastructure. An error at Amazon Web Services created losses of service across the web in 2017; a storm disrupting a data center in Northern Virginia created similar failures in 2012. These were unintentional blackouts; the corporate custodians of the internet have it within their power to do far more. Of course, nobody wants to turn off the internet completely — that wouldn’t make anyone money. But when a single company with huge market share chooses to comply with a law — or more worryingly, a mere suggestion from the authorities — a large chunk of the internet ends up falling in line.
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  • But eight years later, Google is working on a search engine for China known as Dragonfly. Its launch will be conditional on the approval of Chinese officials and will therefore comply with stringent censorship requirements. An internal memo written by one of the engineers on the project described surveillance capabilities built into the engine — namely by requiring users to log in and then tracking their browsing histories. This data will be accessible by an unnamed Chinese partner, presumably the government.
  • Google says all features are speculative and no decision has been made on whether to launch Dragonfly, but a leaked transcript of a meeting inside Google later acquired by The Intercept, a news site, contradicts that line. In the transcript, Google’s head of search, Ben Gomes, is quoted as saying that it hoped to launch within six to nine months, although the unstable American-China relationship makes it difficult to predict when or even whether the Chinese government will give the go-ahead.
  • Internet censorship and surveillance were once hallmarks of oppressive governments — with Egypt, Iran and China being prime examples. It’s since become clear that secretive digital surveillance isn’t just the domain of anti-democratic forces. The Snowden revelations in 2013 knocked the United States off its high horse, and may have pushed the technology industry into an increasingly agnostic outlook on human rights.
  • If the future of the internet is a tripartite cold war, Silicon Valley wants to be making money in all three of those worlds.
  • Yet even the best possible version of the disaggregated web has serious — though still uncertain — implications for a global future: What sorts of ideas and speech will become bounded by borders? What will an increasingly disconnected world do to the spread of innovation and to scientific progress? What will consumer protections around privacy and security look like as the internets diverge? And would the partitioning of the internet precipitate a slowing, or even a reversal, of globalization?
  • What these types of sky-is-falling articles keep getting wrong is the idea that the World Wide Web is the same as the Internet. It’s not. Web sites and the browsers that access them are an application that uses the Internet for transport.The Internet transports far more than just web traffic, but the most crucial one for companies is probably VPN: Companies connect to one another using site-to-site VPNs. Their employees can work from anywhere with remote user VPN. Disconnect the EU from the US, and you’ve removed the cheapest way for companies to connect their networks together.These regulatory worlds will get along somehow. Perhaps someone will write a web app that recognizes where a user is from, and apply appropriate policy to their session. Perhaps that web app will become wildly popular and be deployed on every website everywhere. I don’t know how it will work, but I do know the Internet will not become fragmented.
  • The internet was never meant to be a walled garden. Remember America Online began as a walled garden until the World Wide Web came along and “tore down that wall.” So, Europe can have its Europe Wide Web and China can have its China Wide Web, but we will always be the World Wide Web – truly open and free. The “one internet led by the United States” will remain the world’s “go to” information super highway just as the greenback has remained the world’s reserve currency for decades.
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    "In September, Eric Schmidt, the former Google chief executive and Alphabet chairman, said that in the next 10 to 15 years, the internet would most likely be split in two - one internet led by China and one internet led by the United States. Mr. Schmidt, speaking at a private event hosted by a venture capital firm, did not seem to seriously entertain the possibility that the internet would remain global. He's correct to rule out that possibility - if anything, the flaw in Mr. Schmidt's thinking is that he too quickly dismisses the European internet that is coalescing around the European Union's ever-heightening regulation of technology platforms. All signs point to a future with three internets."
Aurialie Jublin

Des plateformes en leurs limites | InternetActu.net - 0 views

  • L’ouvrage commence par remettre la réalité des plateformes en perspective… Après le temps des promesses de l’avènement de « l’économie du partage » (voir notre dossier de 2014) voire de « la quatrième révolution industrielle », Srnicek rappelle que nous en sommes bien loin. Le secteur des technologies reste relativement modeste dans l’économie, tant en terme de valeur ajouté que d’emplois. Le secteur industriel, malgré la désindustrialisation, est encore bien plus flamboyant que le monde des nouvelles technologies.
  • Pour Srnicek, le capitalisme s’est tourné vers les données pour assurer la croissance et la vitalité de l’économie, à l’heure où l’industrie ralentissait. En ce sens, les plateformes sont un nouveau modèle d’entreprise, dont la fonction est d’extraire, de contrôler et de rendre productifs les données. Un « mirage compétitif », comme l’évoquaient Maurice Stucke et Ariel Ezrachi dans leur livre, qui tend à devenir de plus en plus monopolistique.
  • Le capitalisme s’est restructuré autour du numérique, réservoir de nouveaux concepts, d’innovations réelles ou à venir, reposant sur l’extraction des données. Les données sont devenues la matière première à extraire et les activités des usagers, leur source naturelle. Elles sont désormais au coeur du système capitaliste : « elles nourrissent les algorithmes et donnent [aux entreprises] des avantages concurrentiels, elles coordonnent la main d’oeuvre et permettent souvent de l’externaliser, elles optimisent et flexibilisent les processus de production, elles transforment des produits peu rentables en services hautement profitables et, après leur analyse, elles donnent accès à toujours plus de données – dans une sorte de cercle vertueux. »
  • ...21 more annotations...
  • La plupart des entreprises capitalistes n’étaient pas conçues pour extraire et utiliser des données, mais pour produire des marchandises. Pour améliorer l’extraction de données, un nouveau type d’entreprise s’est développée : la plateforme. Ce nouveau modèle est un intermédiaire entre différents usagers qui vise via des outils ou une infrastructure dédiée à produire des données à exploiter. Leur seconde caractéristique est de reposer sur des effets de réseaux qui favorisent le nombre et donc produits par nature des formes monopolistiques, très rapidement. Autre caractéristique des plateformes, contrairement aux entreprises allégées qui ne visaient qu’à conserver les compétences essentielles au coeur du projet, les plateformes démultiplient les activités rentables et non rentables pour diversifier les données, comme Google fourbit des services gratuits pour capter un maximum de données. Enfin, elles se présentent souvent comme des espaces ouverts, alors que les services sont entièrement déterminés par leurs propriétaires. Bien que se présentant comme des intermédiaires, les plateformes contrôlent et gouvernent les règles du jeu !
  • Srnicek distingue 5 catégories de plateformes : la plateforme publicitaire (type Google ou Facebook qui consiste à extraire de l’information pour vendre de l’espace publicitaire), la plateforme nuagique (type Amazon Web Services… qui loue de l’équipement à la demande), la plateforme industrielle (comme celles développées par GE ou Siemens… qui visent à transformer la production industrielle en processus produisant des données), la plateforme de produits (comme celles mises en place par Rolls Royce ou Spotify… qui transforment les produits en service sous forme de location ou d’abonnement) et enfin, la plateforme allégée (type Uber ou Airbnb… qui réduisent les actifs au minimum et dégage des profits en baissant au maximum leurs coûts de fonctionnement).
  • Plus qu’un digital labor, concept à l’égard duquel le philosophe semble méfiant, les plateformes publicitaires reposent sur l’appropriation des données et leur raffinage pour assortir annonceurs et usagers. Ce modèle n’est pas seulement prédominant sur internet : Dunnhumby, propriété de Tesco, est une entreprise d’analyse des habitudes de consommation. Ces plateformes publicitaires ont connu un grand succès. Leurs revenus, leurs profits sont élevés.
  • Les plateformes nuagiques permettent aux entreprises de sous-traiter leur développement technologique. Le modèle locatif permet aux entreprises qui développent des services en ligne de collecter de nouvelles données pour renforcer l’extraction. Là encore, les profits et revenus s’envolent.
  • Les plateformes industrielles, comme MindSphere de Siemens ou Predix de GE, sont certainement moins connues. Elles consistent à introduire des capteurs et des puces dans la chaîne de production pour améliorer la traçabilité logistique, afin d’optimiser l’efficacité du processus de production, de développer de la personnalisation dans la chaîne de montage et dans la chaîne de distribution. Ces plateformes construites pour collecter des mégadonnées de filières industrielles spécifiques, sont, elles aussi, particulièrement rentables.
  • Les plateformes de produits et de services en tant que produits reposent pour beaucoup sur le modèle de l’abonnement, à l’image de Spotify ou encore de Rolls Royce, qui, pour ses moteurs d’avion, fait payer les compagnies aériennes pour l’utilisation de ses moteurs plutôt que de les leur vendre. En retour, Rolls Royce prend en charge l’entretien et les pièces de rechange. En récupérant ainsi les données, ces plateformes améliorent leurs produits, à l’image de Rolls Royce qui a pu ainsi améliorer la consommation de carburant de ses moteurs et leur durée de vie, au détriment de ses compétiteurs.
  • Enfin, les plateformes allégées externalisent à maximum leurs coûts. La plateforme contrôle uniquement ce qui lui permet de percevoir une rente de monopole (un pourcentage sur les transactions qu’elle facilite). C’est là clairement le modèle d’Uber ou de Airbnb, de TaskRabbit ou Mechanical Turk. Mais, rappelle Srnicek, ce phénomène n’est pas propre au numérique. Le marché des travailleurs journaliers, des emplois informels, de la sous-traitance… bref du travail traditionnel… est également très proche de ce modèle.
  • Le numérique y ajoute une couche de surveillance. Aux États-Unis, les emplois non conventionnels représenteraient 15 millions de travailleurs soit 10 % de la main d’oeuvre du pays en 2005, et 15,8 % en 2015. Ces emplois non conventionnels ont même dépassé le nombre d’emplois créés entre 2005 et 2015 aux États-Unis (9,4 millions contre 9,1 millions). Reste que l’accélération de la précarisation de l’emploi n’est pas tout entier imputable aux plateformes numériques. On estime que l’économie du partage en ligne représente 1 % de la main-d’oeuvre américaine et que les chauffeurs d’Uber en représenteraient la grande majorité. En fait, ce secteur demeure encore relativement marginal, estime Srnicek. Ces plateformes prolongent la précarisation du travail initié par les entreprises allégées dès les années 70. Srnicek rappelle très justement que ce travail « autonome » demeure largement contraint 
  • Pour Srnicek, ces entreprises qui bénéficient de force investissements, sont un phénomène consécutif à la crise de 2008, mais Uber, Airbnb et Didi Chuxing (le concurrent chinois d’Uber), ont raflé à elles trois en 2015 59 % du financement des entreprises émergentes des services à la demande. Elles ont surtout bénéficié de capitaux excédentaires cherchant des opportunités de rendements élevés dans un contexte de faible taux d’intérêt. Pour Srnicek, la rentabilité des plateformes allégées est encore largement à prouver. Elle repose sur leur capacité à comprimer les coûts et à abaisser les salaires… comme on le constate dans le monde des livreurs à vélo où le prix de la course n’a cessé de s’effondrer.
  • Srnicek en tire un enseignement qui va à l’encontre des discours ambiants sur le modèle des plateformes : « le modèle allégé reste un joueur marginal », qui ne survit que par l’apport de capital-risque plutôt qu’en générant ses propres revenus. « Loin d’incarner l’avenir du travail ou de l’économie, il est fort probable que ces modèles finissent par s’écrouler dans les années à venir ».
  • Reste souligne Srnicek, que « nous n’assistons pas à la fin de la propriété, mais bien à sa concentration ». Les plateformes en imposant leur monopole sur l’extraction des données sont en passe de devenir « propriétaires de l’infrastructure même de la société ».
  • Le problème est que les monopoles qu’elles construisent sont donc de plus en plus importants. Qui pourrait aujourd’hui venir défaire le monopole d’un Google par exemple ? Pour autant, cela ne signifie pas que la concurrence est morte, souligne Srnicek, mais qu’elle a changé de forme. Pour lui, nous serions plutôt dans un colonialisme de plateforme, un moment où la capitalisation sur la quantité et la diversité des données importent plus que leur qualité.
  • Outre l’extraction de données, l’autre travail des plateformes repose sur leur capacité d’analyse et de traitement qui participe lui aussi à la concentration. D’où les investissements massifs dans l’intelligence artificielle : « le moindre goulot d’étranglement dans la circulation de données (…) contribue à entraver la production de valeur ». Pour Srnicek, l’expansionnisme des plateformes repose sur un modèle de convergence, tant et si bien que malgré leurs différences, les grandes plateformes se concurrencent de plus en plus entre elles.
  • Pour Srnicek, cette tendance devrait à terme se cristalliser dans des écosystèmes de plus en plus clos : « la concurrence capitaliste risque fort bien de mener à une fragmentation d’internet » que seule une intervention politique pourrait ralentir ou renverser.
  • Encore faudrait-il être sûr que la concurrence soit encore une caractéristique du capitalisme tel qu’il s’est transformé ces dernières années… C’est peut-être oublier combien celui-ci est en train de muter. Les comportements assez similaires des grandes plateformes, leurs ententes et collusions, montrent que si elles se font effectivement une petite guerre entre elles, leurs principes semblent imposer une vision du monde sans grande concurrence. Le retour des monopoles, le fait que d’énormes conglomérats dominent les marchés, souligne que nous ne sommes peut-être plus dans un capitalisme où la concurrence était un préalable. Peut-être que l’analyse de Srnicek n’est peut-être pas assez radicale ?
  • La conclusion de Srnicek est limpide. Le numérique ne nous conduit pas du tout à dépasser le capitalisme. Nous restons dans une économie où règne la concurrence et la rentabilité. Pour lui cependant, le modèle des plateformes fait face à un défi d’importance qui risque d’éprouver leurs limites : la crise de la production industrielle. Depuis 2008, la croissance est en berne. La Chine elle-même connaît une surcapacité industrielle, qui entraîne une baisse des prix… L’internet industriel est vu comme un espoir pour inverser la situation et ajuster la production à la demande. Or, souligne Srnicek, l’internet industriel lui-même ne semble pas capable de transformer le mode de production en profondeur : il se cantonne plutôt à réduire les coûts et le temps de production, plutôt que d’améliorer la productivité ou de développer de nouveaux marchés. L’internet industriel vise plutôt à agir sur la baisse des prix, et ce alors que l’austérité tend à diminuer la demande et à faire chuter la productivité. Quant au capital, explique-t-il, il cherche un peu partout les moindres opportunités, mais sans qu’elles soient raccord avec les difficultés actuelles.
  • Pour Srnicek, le scénario le plus probable est que les plateformes se propagent dans tous les secteurs, alors que la concurrence les entraîne à se refermer sur elles-mêmes. Les plateformes publicitaires pourraient être poussées à offrir des services payants, alors que les plateformes allégées pourraient être amenées à se transformer en plateformes de produits. « En dernière analyse, il semble que le capitalisme de plateforme tende inéluctablement à prendre la forme d’un échange d’une rente contre un service ». C’est-à-dire à construire des rentes par ceux qui souhaitaient les défaire…
  • La grande promesse de libération des plateformes, de fluidification de l’économie, se termine sous la forme de simples droits de péages (le fameux 30 % de marge qu’elles pratiquent toutes peu ou prou) pour accéder aux services, selon le modèle de bien des entreprises traditionnelles qu’elles prétendaient détrôner.
  • Dans une conclusion certainement trop rapide, Nick Srnicek, rappelle que les enjeux à venir consistent à s’opposer aux monopoles, à développer d’autres types de plateformes qui bénéficient à ceux qui les utilisent, à l’image du coopérativisme de plateforme, à lutter contre l’ubérisation, c’est-à-dire contre la précarisation, qu’induisent les plateformes allégées, à lutter contre l’évasion fiscale et l’exploitation des données… Pour lui, pour agir sur ce qui a permis le développement des plateformes, il est nécessaire de construire des plateformes publiques, de collectiviser les plateformes existantes pour mettre leurs données au service d’une meilleure redistribution des ressources, d’une plus grande participation… D’imaginer une autre innovation ne reposant plus sur l’optimisation capitalistique. Dommage que cette dernière partie ne dépasse pas l’appel d’intention.
  • Pour Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, dans Des machines, des plateformes et des foules (2018), la plateforme était encore définie comme une solution magique, puissante, sans réelle externalité (« la plateforme est un environnement numérique qui se caractérise par un coût marginal d’accès, de reproduction et de distribution proche de zéro »). La catégorisation de Srnicek apporte donc un peu de complexité et de mise en perspective et permet de relativiser l’enthousiasme et la fascination pour les plateformes, longtemps vues comme des infrastructures qui mettent en correspondance l’offre et la demande.
  • La plateforme était surtout un instrument pour industrialiser la création de valeurs et accélérer les rendements d’échelle nécessaires à l’établissement d’une position dominante sur les marchés, via un ensemble de mécanismes allant du crowdsourcing à l’appariement, en passant par des technologies comme les API et toutes les capacités offertes aux développeurs tiers. Reste que ces mécanismes et ces technologies ne sont plus magiques.
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    "En attendant leurs nouvelles publications, intéressons-nous au précédent livre de Nick Srnicek Plaform Capitalism (2016), qui vient d'être traduit en français sous le titre Capitalisme de plateforme (Lux éditeur, 2018). Il est certainement moins ambitieux sur le plan politique que son manifeste, mais très stimulant pour comprendre les transformations concrètes de l'économie numérique. Ce court essai d'analyse de la réalité économique des plateformes nous aide à en saisir leur impact en les situant dans leur réalité économique."
Aurialie Jublin

Pourquoi la technologie n'est pas démocratique et comment elle peut le devenir - 0 views

  • les technologies font rarement l’objet de débats démocratiques, il nous semble même étrange d’accoler les deux termes, comme si ce qui était « technique » sortait par principe de la sphère du débat. Les seuls critères peut-être, qui mériteraient des discussions, seraient les analyses coûts / bénéfices et les risques sanitaires et environnementaux.
  • Comment expliquer ce déficit démocratique ? Sclove le met sur le compte d’un malentendu à propos de la technologie : nous aurions trop tendance à penser chaque objet à travers un usage unique. Un marteau par exemple, sert à planter un clou et ce serait tout. En fait, lorsqu’un homme plante un clou, il développe ses muscles, sue, s’affirme, se souvient des mythes de Vulcain et Thor, du garage de son grand-père, etc. Le marteau lui, a nécessité de couper un arbre, extraire du minerai de fer, c’est un objet plutôt utilisé pour travailler seul (il n’a qu’un manche) qui véhicule donc une certaine forme d’organisation du travail. Comme toutes les technologies, les marteaux sont « polypotents », c’est-à-dire bourrés d’effets secondaires et d’externalités de toutes sortes qui passent bien souvent à la trappe. C’est au regard de ces effets qu’une démocratie devrait pouvoir anticiper, jauger, et décider ou non d’adopter une technologie.
  • La seconde critique affirme que « prévoir » les externalités positives ou négatives d’une technologie est difficile. Sclove l’admet volontiers mais nuance néanmoins : il reste que les citoyens sont les plus à même de savoir si une technologie va changer leur vie, les forcer à travailler ensemble ou isolément, procurer du plaisir ou de l’apathie, accroitre ou non l’autonomie ou la dépendance à une entité centralisée. Qui plus est, la démocratie technique n’agit pas qu’à l’endroit des nouveautés, elle concerne également le régime technologique présent : questionner l’existant est aussi une manière de ne pas le renforcer dans ses défauts.
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  • Mais tout n’est pas si simple et les résistances sont nombreuses. La démocratie technique souffre de deux critiques majeures. La première prétend que les gens simples ne sont « pas capables » de prendre ce genre de décisions, ne font pas le poids face aux avis d’experts, en bref, la parole populaire est envisagée comme un risque à ne pas prendre.
  • En fait, les freins à la démocratie technique sont ceux dont souffre la représentativité citoyenne en général (la démocratie participative, le tirage au sort) : une certaine peur de la parole populaire et une foi aveugle en un régime technocratique qui pourrait s’absoudre de toute position idéologique, quand bien même il est incapable d’observer les siennes. Cela s’explique. Pour Sclove, les citoyens ont davantage d’intérêt au développement de la démocratie que les experts car ils sont plus à même de comprendre comment la technologie va concrètement changer leur vie.
  • Très concrètement, les technologies peuvent être autoritaires (quand par exemple elles perpétuent des hiérarchies illégitimes), individualisées (lorsque les individus peuvent leur attribuer seuls un rôle ou un autre), communautaires ou coopératives (lorsqu’elles perpétuent des hiérarchies légitimes, par exemple une hiérarchie qui amène à plus de démocratie), de masse (ce qui implique une élite détachée du reste) et transcommunautaires (qui facilite les relations entre plusieurs communautés).
  • De cette patiente déconstruction des enjeux démocratiques liés aux différents régimes technologiques, Richard Sclove dégage un certain nombre de critères de nature à faciliter la prise de décision démocratique. Pour commencer, il faudrait veiller à trouver le juste équilibre entre toutes ces formes de technologies (c’est-à-dire le bon rapport de pouvoir). Richard Sclove propose ensuite de « limiter les techniques débilitantes »
  • Parmi les autres « critères de conception démocratiques », Richard Sclove mentionne les technologies permettant une relative autonomie, capables de contenir les externalités environnementales et sociales à l’intérieur du domaine politique local, soutenables écologiquement et flexibles, c’est-à-dire susceptible de recevoir des évolutions facilement.
  • Ces critères peuvent bien sûr soulever un certain nombre de craintes légitimes. Un cadre aussi strict n’est-il pas l’assurance de signer l’arrêt de mort de toute innovation ? Richard Sclove répond par la négative. D’une part, les procédés démocratiques qu’il promeut (inspirés des modèles de conférences de consensus et autres conférences citoyennes) agissent toujours à un niveau relativement local. Si une technologie n’est pas adoptée à un endroit, elle le sera probablement ailleurs, l’objectif étant de favoriser un pluralisme technologique. Si la technologie s’avère être sans risque, alors elle pourra se diffuser.
  • Entrer dans le concret est une autre paire de manche. Pour Sclove, la première étape doit être celle de la prise de conscience. Il faudrait commencer au niveau local, par inventorier les technologies selon les critères déjà expliqués.
  • Il faudrait aussi changer de regard sur la technologie, les discours médiatiques sont bien souvent focalisés sur des « découvertes stupéfiantes » et autres « récits sensationnels ». Il faut une critique sociale de la technologie qui ne soit pas une parole descendante de la part des « experts-qui-éclairent-les-masses. »
  • Concernant le type d’institutions à mettre en place, pas de suspense, il faut tester, échouer, apprendre. De nombreuses approches déjà bien documentées ont fait leurs preuves. Le point sensible reste la bonne représentativité des citoyens. Structurellement, les experts sont surreprésentés car le personnel politique, peu formé et en manque de temps, se repose sur un personnel non-élu qui les sollicite. Ceux-là sont rarement impartiaux, peu à même d’envisager les implications sociales et politiques d’une technologie et participent pourtant à des décisions d’envergure (comme on l’a vu dans le cas des systèmes automatisés pour les aides sociales). I
  • Pour autant, nous ne devrions pas totalement baisser les bras : il reste des tas d’endroits où un contrôle démocratique est possible et même souhaitable : transport et mobilité, urbanisme, automatisation du travail, ces champs sont bien souvent laissés à l’appréciation d’entreprises, de techniciens et d’experts qui peinent à solliciter les citoyens (si tant est qu’ils le veuillent).
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    "L'innovation, loin de n'être qu'une affaire technique, transforme profondément et durablement les sociétés. La plupart des technologies sont pourtant adoptées sans qu'aucun processus démocratique ne soit mis en oeuvre. Le citoyen peut-il avoir son mot à dire, et sous quelle forme ? Cette question essentielle a été posée il y a 15 ans par Richard Sclove, fondateur du Loka Institute. Mais Où Va Le Web, média d'analyse souhaitant « p(a)nser le numérique », s'est plongé dans un essai d'autant plus intéressant qu'il promeut des procédés démocratiques concrets, des conférences de consensus aux « Déclarations d'impact social et politique »"
Aurialie Jublin

« Avec la blockchain, on peut surveiller les humains comme du bétail » - 0 views

  • Certaines technologies telles que le chiffrement des messages ou l’anonymisation sont émancipatrices et contribuent à créer un monde plus libre. En revanche, elles coexistent avec des innovations principalement coercitives dont la reconnaissance faciale automatique. Les crypto-monnaies, elles, se situent à mi-chemin : elles peuvent à la fois être vecteur d’oppression et de liberté. Cela dépend vraiment de la façon dont elles sont mises en œuvre. Libres d’accès et anonymes, elle peuvent accélérer l’innovation positive et connecter un grand nombre de personnes « non bancarisées », et ainsi les aider à sortir de la pauvreté. Contrôlées centralement et traçables, elles pourraient rigidifier l’innovation et exclure les « individus subversifs » des services financiers.
  • Mais l’effet serait totalement déshumanisant. Pourquoi ? Parce que la technologie conditionnerait massivement et automatiquement des individus à adopter un comportement souhaité.
  • le totalitarisme technologique est le totalitarisme efficacement et massivement mis en œuvre avec l’aide de la technologie, tout simplement. Il est une forme plus subreptice et molle du totalitarisme que l’on connaît, les forces oppressives étant moins visibles. Vous avez l’illusion du choix et de la liberté, tout en étant conditionné. Les personnes non conformes sont simplement exclues des systèmes technologiques qui composent le tissu de la société. Elles ne sont plus visibles parce que leurs voix sont filtrées et isolées.
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  • Iansiti, Marco Lakhani et Karim R dans la revue de Harvard Business The Truth About Blockchain définissaient la blockchain ainsi : « La blockchain est un registre ouvert et distribué qui peut enregistrer les transactions entre deux parties de manière efficace, vérifiable et permanente.» Autrement dit, les blockchains sont publiques et non modifiables. S’il n’y a pas de couche cryptographique qui anonymise les transactions (comme dans Monero ou Zcash), tout le monde peut voir qui sont les destinataires et les expéditeurs. De plus, cette information est permanente. Il y a plusieurs projets qui veulent mettre des identifiants « sur la blockchain ». Cela signifie que chaque être humain puisse toujours être identifié.
  • Si vous combinez une blockchain d’identification avec une blockchain de paiement, une blockchain de propriété de voiture, une blockchain de suivi de vaccination, etc. vous vous retrouvez dans une situation où chaque humain et toutes ses actions sont stockées de manière permanente et publique. Les humains sont finalement étiquetés et surveillés comme du bétail. Si vous combinez cela avec des contrats intelligents, ce qui est une idée vraiment stupide, ce sont finalement les algorithmes qui régissent la vie des humains, sans aucune marge de manœuvre pour réagir à des situations inattendues. Pour moi, c’est la définition même de la technologie déshumanisante.
  • Le contrôle totalitaire consiste à détecter les « comportements déviants » et à les punir. La blockchain a le potentiel de rendre ces deux fonctions plus efficaces.
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    "La blockchain ne trouve pas grâce aux yeux de Frank Braun, figure reconnue du crypto-anarchisme. C'est le moins qu'on puisse dire : pour le militant allemand, elle pourrait potentiellement servir le « totalitarisme technologique » déjà à l'oeuvre aujourd'hui, surtout si différentes blockchains sont combinées. Elles élargissent alors les possibilités de surveillance des citoyens. Un entretien réalisé par Blocs, le média de la blockchain. "
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