Critique de la réforme de l'orthographe d'André Chervel | skhole.fr - 2 views
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e langage SMS serait, selon Nicolas Sarkozy, responsable de la déplorable orthographe des écoliers
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Pour corriger des copies de philosophie de classes terminales à longueur d’année depuis dix ans, je peux témoigner du fait que l’orthographe est loin de constituer le plus grave défaut de la production écrite des élèves d’aujourd’hui : ce qui est bien plus préoccupant et plus difficile à corriger, ce sont les difficultés dans la construction des phrases, le manque de richesse et de précision lexicale et grammaticale, et les problèmes concernant l’élaboration de développements structurés d’une certaine longueur et ampleur.
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si, par exemple, des fautes d’accord[15] sont commises en grand nombre dans les copies d’élèves, ces erreurs n’ont rien de propre à l’écrit – et ne doivent donc rien à « ce sentiment d'insécurité face à une orthographe difficile, voire imprévisible » (sic !) ; elles sont ou seraient commises aussi bien à l’oral, et sont simplement transposées à l’écrit.
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les difficultés de lecture de certains textes, telles qu’on les rencontre également chez les élèves d’aujourd’hui, ne sont probablement pas non plus produites en premier lieu par les subtilités et irrégularités de l’orthographe française : ce sont là encore des problèmes beaucoup plus larges et profonds, que les élèves rencontrent d’abord face à des constructions syntaxiques élaborées, des subtilités dans l’usage des temps et des modes, un vocabulaire particulièrement riche, etc.
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La position de Chervel adopte par moments, me semble-t-il, des arguments et une rhétorique qui font penser à ceux de la critique bourdieusienne de l’école, notamment à travers la dénonciation d’une « orthographe de caste » et d’une « fracture orthographique », de la crispation des instituteurs de la IIIe République sur leur savoir-faire et leur pouvoir social, ou encore du rôle joué naguère par le latin.
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on ne peut pas, sauf à caricaturer, considérer qu’un esprit cultivé et bien formé au sens du XIXe s. consiste purement et simplement en un esprit manifestant sa « volonté d'adaptation aux règles de la société bourgeoise ».
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On ne peut pas, non plus, sauf à caricaturer, considérer qu'un esprit cultivé et bien formé au sens du XIXe s. consiste purement et simplement en un esprit manifestant sa volonté de justifier l'institution. La question de fond est bien celle de la maîtrise de la langue, dans ses aspects aussi bien oraux qu'écrits. Et la difficulté réside en ce que l'enseignement de la maîtrise de la langue occupe une place bien modeste dans les programmes d'enseignement du français à partir de la 6e. Que les professeurs du secondaire ne sont pas formés pour cela et que, par tradition, ils ont toujours répugné à le faire, laissant cette tâche subalterne au corps des instituteurs. Et d'ailleurs, les instituteurs étant formés comme ils le sont, et les programmes étant ce qu'ils sont, la part d'enseignement de la langue dans l'enseignement dit "de français" diminue à l'intérieur même du cursus élémentaire. Si bien que nous voyons de plus en plus souvent des élèves lire/écrire moins bien en CM2 qu'ils ne faisaient 2 voire 3 ans auparavant.