Pourquoi on pédale dans le vite ? - Philosophie Magazine - 0 views
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hubert guillaud on 09 Mar 12Philosophie Magazine revient sur notre sentiment d'accélération du rythme de vie, de la communication, du traitement de l'information, des transports... Alors que la durée moyenne du sommeil a baissé de deux heures depuis le 19e siècle. "Qu'est-il arrivé à notre expérience du temps ?" Hartmut Rosa, l'auteur de l'excellent essai sur l'accélération, répond : "La technique est une réponse à une demande de vitesse qui vient d'ailleurs." Le monde prémoderne est resté dominé par la tradition : les choses devaient resté telles qu'elles étaient. Puis nous sommes passés à un rythme intergénérationnel : chaque génération devait avoir son expérience du monde. Désormais nous sommes à un rythme intragénérationnel : les cycles de vies familiaux des individus durent moins longtemps que la vie de l'individu : nous changeons plusieurs fois de métiers dans une vie. C'est ce qui explique, pour le philosophe, que nous tentions d'accélérer notre processus de vie lui-même. "La technologie ne nous aide pas à résoudre le problème du temps, elle l'aggrave." Plus nous produisons et consommons de biens, plus nous multiplions les options et possibilités, plus vous avez le choix de faire des choses. Conséquence : vous avez moins de temps pour suivre chaque option, car nul ne peut augmenter le temps ! "Avant d'être aliénante, l'accélération est grisante : elle est l'équivalent fonctionnel de la promesse religieuse de vie éternelle." Nous vivons dans un monde où les codes éthiques ont été remplacés par les normes temporelles : nous sommes sous l'emprise d'horaires et de délais. "Le régime normatif de la modernité est temporel". La vie est devenue un océan d'exigences, où l'on se couche avec la culpabilité de n'avoir pas fait tout ce qu'on devait faire.