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Aurialie Jublin

La génération internet et recherche d'emploi en ligne - 0 views

  • Par ailleurs s’ils utilisent beaucoup internet, que ce soit dans le cadre des loisirs (90 % des jeunes interrogés par questionnaire), des démarches administratives (60 %) ou de la recherche d’emploi (87 %), ils exploitent rarement les ressources numériques de manière optimale. Les entretiens avec les conseillers viennent ici contrebalancer des préjugés répandus sur la maîtrise supposée innée du numérique par les digital natives. Comme l’expliquait un encadrant, « les jeunes ont une mauvaise maîtrise d’internet, même de Google. Ils ne savent pas forcément reformuler des requêtes et creuser ».
  • Cela est particulièrement vrai pour la recherche d’emploi : à leur arrivée en mission locale entre 40 et 50 % des jeunes ne possèdent pas d’adresse électronique, outil pourtant essentiel. Peu ont une connaissance de la variété des sites de recherche d’emploi ou des fonctions complexes comme la « recherche avancée ». En un mot, si internet est le premier réflexe pour commencer une recherche d’emploi ou de formation, tous ne sont pas suffisamment armés pour réaliser une démarche construite et ciblée.
  • Mais il faut également prendre en considération des lacunes en compétences de base qui constituent un prérequis indispensable. Des jeunes se trouvent par exemple bloqués dans leur accès à l’information car ils ne rédigent pas correctement les termes d’une requête, ne sont pas capables de déterminer les mots-clés pour effectuer une recherche, ou ne comprennent pas les termes d’une offre d’emploi.
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  • En effet, même s’ils disposent de tout l’arsenal numérique à la maison, nombreux sont ceux qui viennent à la mission locale pour consulter les offres d’emploi et en discuter avec un conseiller, ou simplement investir un lieu pleinement dédié à cette démarche et où ils peuvent, dans le même temps, se sentir moins seuls.
  • L’élaboration de nouveaux dispositifs numériques doit être pensée dans une démarche agile pour permettre aux jeunes les plus éloignés de l’emploi de s’en saisir facilement et rapidement, seuls ou accompagnés par un conseiller. Pour les jeunes rencontrés, il ne s’agit pas de choisir entre un outil numérique ou un accompagnement humain mais, comme le résumait un jeune interrogé, « de mettre toutes les chances de son côté ».
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    "En France, alors que deux millions de jeunes ne sont ni en emploi, ni en éducation, ni en formation, le numérique offre de nombreux services innovants destinés à faciliter leur insertion professionnelle. Ce paradoxe, allié à l'intuition que le numérique pourrait profiter davantage à ces jeunes, est à l'origine d'une enquête de plusieurs mois, conduite en immersion dans quatre missions locales, urbaines et rurales. Le premier constat est sans appel, un jeune homme de 25 ans me le résume parfaitement « Les gens estiment que la maîtrise d'internet ne nécessite pas de formation car c'est la génération internet, alors qu'en réalité, il y a plein de choses qu'on ne connaît pas ». En effet, comme j'ai pu le constater, et comme l'observent les spécialistes du numérique chez les digital natives, les usages et les habiletés numériques des 16-25 ans sont très variables. Ces experts ajoutent que les compétences numériques acquises dans le domaine récréatif (par les réseaux sociaux, les jeux vidéo, etc.) ne sont pas transférées dans d'autres domaines (scolaire, professionnel). Il m'est donc apparu nécessaire d'interroger les conséquences de ce décalage, alors qu'aujourd'hui l'accès aux offres d'emploi ou aux différents services d'insertion professionnelle est de plus en plus tributaire du numérique"
Aurialie Jublin

Des plateformes en leurs limites | InternetActu.net - 0 views

  • L’ouvrage commence par remettre la réalité des plateformes en perspective… Après le temps des promesses de l’avènement de « l’économie du partage » (voir notre dossier de 2014) voire de « la quatrième révolution industrielle », Srnicek rappelle que nous en sommes bien loin. Le secteur des technologies reste relativement modeste dans l’économie, tant en terme de valeur ajouté que d’emplois. Le secteur industriel, malgré la désindustrialisation, est encore bien plus flamboyant que le monde des nouvelles technologies.
  • Pour Srnicek, le capitalisme s’est tourné vers les données pour assurer la croissance et la vitalité de l’économie, à l’heure où l’industrie ralentissait. En ce sens, les plateformes sont un nouveau modèle d’entreprise, dont la fonction est d’extraire, de contrôler et de rendre productifs les données. Un « mirage compétitif », comme l’évoquaient Maurice Stucke et Ariel Ezrachi dans leur livre, qui tend à devenir de plus en plus monopolistique.
  • Le capitalisme s’est restructuré autour du numérique, réservoir de nouveaux concepts, d’innovations réelles ou à venir, reposant sur l’extraction des données. Les données sont devenues la matière première à extraire et les activités des usagers, leur source naturelle. Elles sont désormais au coeur du système capitaliste : « elles nourrissent les algorithmes et donnent [aux entreprises] des avantages concurrentiels, elles coordonnent la main d’oeuvre et permettent souvent de l’externaliser, elles optimisent et flexibilisent les processus de production, elles transforment des produits peu rentables en services hautement profitables et, après leur analyse, elles donnent accès à toujours plus de données – dans une sorte de cercle vertueux. »
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  • La plupart des entreprises capitalistes n’étaient pas conçues pour extraire et utiliser des données, mais pour produire des marchandises. Pour améliorer l’extraction de données, un nouveau type d’entreprise s’est développée : la plateforme. Ce nouveau modèle est un intermédiaire entre différents usagers qui vise via des outils ou une infrastructure dédiée à produire des données à exploiter. Leur seconde caractéristique est de reposer sur des effets de réseaux qui favorisent le nombre et donc produits par nature des formes monopolistiques, très rapidement. Autre caractéristique des plateformes, contrairement aux entreprises allégées qui ne visaient qu’à conserver les compétences essentielles au coeur du projet, les plateformes démultiplient les activités rentables et non rentables pour diversifier les données, comme Google fourbit des services gratuits pour capter un maximum de données. Enfin, elles se présentent souvent comme des espaces ouverts, alors que les services sont entièrement déterminés par leurs propriétaires. Bien que se présentant comme des intermédiaires, les plateformes contrôlent et gouvernent les règles du jeu !
  • Srnicek distingue 5 catégories de plateformes : la plateforme publicitaire (type Google ou Facebook qui consiste à extraire de l’information pour vendre de l’espace publicitaire), la plateforme nuagique (type Amazon Web Services… qui loue de l’équipement à la demande), la plateforme industrielle (comme celles développées par GE ou Siemens… qui visent à transformer la production industrielle en processus produisant des données), la plateforme de produits (comme celles mises en place par Rolls Royce ou Spotify… qui transforment les produits en service sous forme de location ou d’abonnement) et enfin, la plateforme allégée (type Uber ou Airbnb… qui réduisent les actifs au minimum et dégage des profits en baissant au maximum leurs coûts de fonctionnement).
  • Plus qu’un digital labor, concept à l’égard duquel le philosophe semble méfiant, les plateformes publicitaires reposent sur l’appropriation des données et leur raffinage pour assortir annonceurs et usagers. Ce modèle n’est pas seulement prédominant sur internet : Dunnhumby, propriété de Tesco, est une entreprise d’analyse des habitudes de consommation. Ces plateformes publicitaires ont connu un grand succès. Leurs revenus, leurs profits sont élevés.
  • Les plateformes nuagiques permettent aux entreprises de sous-traiter leur développement technologique. Le modèle locatif permet aux entreprises qui développent des services en ligne de collecter de nouvelles données pour renforcer l’extraction. Là encore, les profits et revenus s’envolent.
  • Les plateformes industrielles, comme MindSphere de Siemens ou Predix de GE, sont certainement moins connues. Elles consistent à introduire des capteurs et des puces dans la chaîne de production pour améliorer la traçabilité logistique, afin d’optimiser l’efficacité du processus de production, de développer de la personnalisation dans la chaîne de montage et dans la chaîne de distribution. Ces plateformes construites pour collecter des mégadonnées de filières industrielles spécifiques, sont, elles aussi, particulièrement rentables.
  • Les plateformes de produits et de services en tant que produits reposent pour beaucoup sur le modèle de l’abonnement, à l’image de Spotify ou encore de Rolls Royce, qui, pour ses moteurs d’avion, fait payer les compagnies aériennes pour l’utilisation de ses moteurs plutôt que de les leur vendre. En retour, Rolls Royce prend en charge l’entretien et les pièces de rechange. En récupérant ainsi les données, ces plateformes améliorent leurs produits, à l’image de Rolls Royce qui a pu ainsi améliorer la consommation de carburant de ses moteurs et leur durée de vie, au détriment de ses compétiteurs.
  • Enfin, les plateformes allégées externalisent à maximum leurs coûts. La plateforme contrôle uniquement ce qui lui permet de percevoir une rente de monopole (un pourcentage sur les transactions qu’elle facilite). C’est là clairement le modèle d’Uber ou de Airbnb, de TaskRabbit ou Mechanical Turk. Mais, rappelle Srnicek, ce phénomène n’est pas propre au numérique. Le marché des travailleurs journaliers, des emplois informels, de la sous-traitance… bref du travail traditionnel… est également très proche de ce modèle.
  • Le numérique y ajoute une couche de surveillance. Aux États-Unis, les emplois non conventionnels représenteraient 15 millions de travailleurs soit 10 % de la main d’oeuvre du pays en 2005, et 15,8 % en 2015. Ces emplois non conventionnels ont même dépassé le nombre d’emplois créés entre 2005 et 2015 aux États-Unis (9,4 millions contre 9,1 millions). Reste que l’accélération de la précarisation de l’emploi n’est pas tout entier imputable aux plateformes numériques. On estime que l’économie du partage en ligne représente 1 % de la main-d’oeuvre américaine et que les chauffeurs d’Uber en représenteraient la grande majorité. En fait, ce secteur demeure encore relativement marginal, estime Srnicek. Ces plateformes prolongent la précarisation du travail initié par les entreprises allégées dès les années 70. Srnicek rappelle très justement que ce travail « autonome » demeure largement contraint 
  • Pour Srnicek, ces entreprises qui bénéficient de force investissements, sont un phénomène consécutif à la crise de 2008, mais Uber, Airbnb et Didi Chuxing (le concurrent chinois d’Uber), ont raflé à elles trois en 2015 59 % du financement des entreprises émergentes des services à la demande. Elles ont surtout bénéficié de capitaux excédentaires cherchant des opportunités de rendements élevés dans un contexte de faible taux d’intérêt. Pour Srnicek, la rentabilité des plateformes allégées est encore largement à prouver. Elle repose sur leur capacité à comprimer les coûts et à abaisser les salaires… comme on le constate dans le monde des livreurs à vélo où le prix de la course n’a cessé de s’effondrer.
  • Srnicek en tire un enseignement qui va à l’encontre des discours ambiants sur le modèle des plateformes : « le modèle allégé reste un joueur marginal », qui ne survit que par l’apport de capital-risque plutôt qu’en générant ses propres revenus. « Loin d’incarner l’avenir du travail ou de l’économie, il est fort probable que ces modèles finissent par s’écrouler dans les années à venir ».
  • Reste souligne Srnicek, que « nous n’assistons pas à la fin de la propriété, mais bien à sa concentration ». Les plateformes en imposant leur monopole sur l’extraction des données sont en passe de devenir « propriétaires de l’infrastructure même de la société ».
  • Le problème est que les monopoles qu’elles construisent sont donc de plus en plus importants. Qui pourrait aujourd’hui venir défaire le monopole d’un Google par exemple ? Pour autant, cela ne signifie pas que la concurrence est morte, souligne Srnicek, mais qu’elle a changé de forme. Pour lui, nous serions plutôt dans un colonialisme de plateforme, un moment où la capitalisation sur la quantité et la diversité des données importent plus que leur qualité.
  • Outre l’extraction de données, l’autre travail des plateformes repose sur leur capacité d’analyse et de traitement qui participe lui aussi à la concentration. D’où les investissements massifs dans l’intelligence artificielle : « le moindre goulot d’étranglement dans la circulation de données (…) contribue à entraver la production de valeur ». Pour Srnicek, l’expansionnisme des plateformes repose sur un modèle de convergence, tant et si bien que malgré leurs différences, les grandes plateformes se concurrencent de plus en plus entre elles.
  • Pour Srnicek, cette tendance devrait à terme se cristalliser dans des écosystèmes de plus en plus clos : « la concurrence capitaliste risque fort bien de mener à une fragmentation d’internet » que seule une intervention politique pourrait ralentir ou renverser.
  • Encore faudrait-il être sûr que la concurrence soit encore une caractéristique du capitalisme tel qu’il s’est transformé ces dernières années… C’est peut-être oublier combien celui-ci est en train de muter. Les comportements assez similaires des grandes plateformes, leurs ententes et collusions, montrent que si elles se font effectivement une petite guerre entre elles, leurs principes semblent imposer une vision du monde sans grande concurrence. Le retour des monopoles, le fait que d’énormes conglomérats dominent les marchés, souligne que nous ne sommes peut-être plus dans un capitalisme où la concurrence était un préalable. Peut-être que l’analyse de Srnicek n’est peut-être pas assez radicale ?
  • La conclusion de Srnicek est limpide. Le numérique ne nous conduit pas du tout à dépasser le capitalisme. Nous restons dans une économie où règne la concurrence et la rentabilité. Pour lui cependant, le modèle des plateformes fait face à un défi d’importance qui risque d’éprouver leurs limites : la crise de la production industrielle. Depuis 2008, la croissance est en berne. La Chine elle-même connaît une surcapacité industrielle, qui entraîne une baisse des prix… L’internet industriel est vu comme un espoir pour inverser la situation et ajuster la production à la demande. Or, souligne Srnicek, l’internet industriel lui-même ne semble pas capable de transformer le mode de production en profondeur : il se cantonne plutôt à réduire les coûts et le temps de production, plutôt que d’améliorer la productivité ou de développer de nouveaux marchés. L’internet industriel vise plutôt à agir sur la baisse des prix, et ce alors que l’austérité tend à diminuer la demande et à faire chuter la productivité. Quant au capital, explique-t-il, il cherche un peu partout les moindres opportunités, mais sans qu’elles soient raccord avec les difficultés actuelles.
  • Pour Srnicek, le scénario le plus probable est que les plateformes se propagent dans tous les secteurs, alors que la concurrence les entraîne à se refermer sur elles-mêmes. Les plateformes publicitaires pourraient être poussées à offrir des services payants, alors que les plateformes allégées pourraient être amenées à se transformer en plateformes de produits. « En dernière analyse, il semble que le capitalisme de plateforme tende inéluctablement à prendre la forme d’un échange d’une rente contre un service ». C’est-à-dire à construire des rentes par ceux qui souhaitaient les défaire…
  • La grande promesse de libération des plateformes, de fluidification de l’économie, se termine sous la forme de simples droits de péages (le fameux 30 % de marge qu’elles pratiquent toutes peu ou prou) pour accéder aux services, selon le modèle de bien des entreprises traditionnelles qu’elles prétendaient détrôner.
  • Dans une conclusion certainement trop rapide, Nick Srnicek, rappelle que les enjeux à venir consistent à s’opposer aux monopoles, à développer d’autres types de plateformes qui bénéficient à ceux qui les utilisent, à l’image du coopérativisme de plateforme, à lutter contre l’ubérisation, c’est-à-dire contre la précarisation, qu’induisent les plateformes allégées, à lutter contre l’évasion fiscale et l’exploitation des données… Pour lui, pour agir sur ce qui a permis le développement des plateformes, il est nécessaire de construire des plateformes publiques, de collectiviser les plateformes existantes pour mettre leurs données au service d’une meilleure redistribution des ressources, d’une plus grande participation… D’imaginer une autre innovation ne reposant plus sur l’optimisation capitalistique. Dommage que cette dernière partie ne dépasse pas l’appel d’intention.
  • Pour Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, dans Des machines, des plateformes et des foules (2018), la plateforme était encore définie comme une solution magique, puissante, sans réelle externalité (« la plateforme est un environnement numérique qui se caractérise par un coût marginal d’accès, de reproduction et de distribution proche de zéro »). La catégorisation de Srnicek apporte donc un peu de complexité et de mise en perspective et permet de relativiser l’enthousiasme et la fascination pour les plateformes, longtemps vues comme des infrastructures qui mettent en correspondance l’offre et la demande.
  • La plateforme était surtout un instrument pour industrialiser la création de valeurs et accélérer les rendements d’échelle nécessaires à l’établissement d’une position dominante sur les marchés, via un ensemble de mécanismes allant du crowdsourcing à l’appariement, en passant par des technologies comme les API et toutes les capacités offertes aux développeurs tiers. Reste que ces mécanismes et ces technologies ne sont plus magiques.
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    "En attendant leurs nouvelles publications, intéressons-nous au précédent livre de Nick Srnicek Plaform Capitalism (2016), qui vient d'être traduit en français sous le titre Capitalisme de plateforme (Lux éditeur, 2018). Il est certainement moins ambitieux sur le plan politique que son manifeste, mais très stimulant pour comprendre les transformations concrètes de l'économie numérique. Ce court essai d'analyse de la réalité économique des plateformes nous aide à en saisir leur impact en les situant dans leur réalité économique."
Aurialie Jublin

[Tribune] Haine en ligne : pour en finir avec des décennies d'indigence des p... - 0 views

  • Notre droit est déjà outillé pour pouvoir identifier et juger des internautes qui abusent de la liberté d’expression, même sous pseudonyme. L’anonymat n’existe pas depuis la LCEN de 2004, et l’article A-43-9 du Code de procédure pénale offre aux enquêteurs un vaste ensemble de possibilités pour identifier le titulaire d’une adresse IP à partir d’un tweet, d’un post Facebook, d’un commentaire sous un article de presse en ligne tel que Next INpact.
  • Mais en pratique, les victimes doivent remuer ciel et terre, le plus souvent avec l’assistance d’un avocat, pour parvenir à un jugement et une condamnation. S’il est indispensable de rappeler aux géants du numérique que tirer un profit de leur activité depuis le territoire national emporte des responsabilités comme celle de collaborer avec la Justice, toute mesure en ce sens restera de l’incantation sans effet si l’État ne donne pas lui aussi l’exemple en gagnant en efficacité. Depuis plusieurs décennies la France se complaît dans le bas de classement en matière de budget de la Justice par habitant. Selon les chiffres publiés par Bercy à l’occasion du Grand Débat, pour 100 euros de dépense publique, la justice, service régalien par essence, est reléguée au dernier rang et ne récolte que… 40 centimes, soit 0,4 %.
  • Trop souvent de nombreuses réquisitions omettent des éléments essentiels (comme le port source ou un horodatage fiable) pour orienter les plateformes et FAI sur l'identification des auteurs d'actes délictueux en ligne. Cet exemple est loin d’être anecdotique, car il explique le faible taux de retour aux réquisitions judiciaires adressées aux plateformes comme l’établissent leurs rapports de transparence : alors que le Royaume-Uni obtient 91 % de réponses positives, la France (qui part de très loin, car il y a peu c'était 30 %) doit se contenter de 69 %.
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  • Car la chaîne de lancement des poursuites n’est pas du tout adaptée aux enjeux du numérique. L’accueil des plaignants dans les commissariats est clairement défaillant, et lorsqu’une plainte est enregistrée, le circuit de traitement n’est pas optimal.
  • Pour faire efficacement l’interface avec les géants du numérique et obtenir des délais de réponse rapides, d’autres pays se sont engagés sur la voie d’un parquet spécialisé de compétence nationale, à l’image de ce qu’on a su faire pour le terrorisme et le financier avec les succès que l’on connaît. Ainsi, à Madrid en Espagne, plus de 70 magistrats sont affectés pour instruire exclusivement les sujets de délinquance numérique.
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    "Me Alexandre Archambault publie dans nos colonnes une tribune sur la haine en ligne. Sujet épineux qui suscite toutes les attentions, au groupe LR comme au sein de la majorité. Or, selon l'ex-responsable des affaires règlementaires de Free, notre droit est déjà suffisamment outillé. Il souffre toutefois de trop d'obstacles, pas seulement financiers."
Aurialie Jublin

Déclaration de Bologne pour une Reconnaissance Ouverte - Bologna Open Recogni... - 0 views

  • En 1999, la Déclaration de Bologne proposait l’établissement d’un espace européen de l’enseignement supérieur dans lequel les étudiants et les diplômés pourraient se déplacer librement entre les pays, utilisant les qualifications acquises antérieurement dans un pays comme conditions d’entrée acceptables pour la poursuite de ses études dans un autre pays. Ceci a lancé le processus de Bologne de réforme des systèmes de qualification, qui a été depuis adopté par 50 pays.
  • Aujourd’hui, en 2016, une nouvelle coalition d’acteurs de l’éducation publie la déclaration de Bologne pour une reconnaissance ouverte : un appel à une architecture ouverte universelle pour la reconnaissance des apprentissages tout au long de la vie.
  • Nous assistons à une prise de conscience croissante dans de nombreux secteurs de la politique, de l’éducation et de l’emploi ainsi que dans l’opinion publique de la nécessité d’adopter une approche plus ouverte, transparente, fiable et digne de confiance pour la reconnaissance des apprentissages.
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  • Open Badges, le standard ouvert pour la reconnaissance des apprentissages, a prouvé la puissance d’une technologie simple, abordable, résiliente et digne de confiance pour créer un écosystème de reconnaissance ouvert fonctionnant à travers les pays, les secteurs éducatifs, l’emploi, les environnements sociaux et les technologies.
  • Les badges numériques ouverts ont démontré que nous avons les moyens et la possibilité de mettre fin aux disparités du paysage de la reconnaissance. En reliant et en nourrissant les référentiels de compétences, ils deviennent les éléments constitutifs d’une architecture ouverte pour la reconnaissance des apprentissages tout au long de la vie. Ils créent les conditions pour que les individus aient le contrôle de leur propre reconnaissance, pour fonder leur identité et leur capacité d’agir en toute autonomie, que ce soit formellement (au sein des institutions) ou informellement (à travers les communautés).
  • Le libre accès à la connaissance et à l’éducation est largement reconnu comme un facteur irremplaçable de croissance sociale et humaine et un élément indispensable pour consolider et enrichir la citoyenneté, capable de donner aux citoyens les compétences nécessaires pour relever les défis du nouveau millénaire, ainsi que la conscience de valeurs partagées et de l’appartenance à divers espaces sociaux et culturels.
  • La création d’un espace ouvert pour la délivrance et la reconnaissance de l’apprentissage tout au long de la vie et à vie est un facteur clé pour la promotion de l’inclusion sociale, l’employabilité et la mobilité des citoyens du monde, et le développement de notre planète. En fin de compte, la capacité de reconnaître ses apprentissages, sociaux ou professionnels, est un facteur clé dans la construction de la capacité d’agir en toute autonomie et dans l’établissement de la confiance au sein d’une communauté.
  • Nous devons maintenant étendre ce travail au-delà des frontières de l’enseignement supérieur, pour créer un continuum au travers de tous les apprentissages, tout au long et dans toutes les dimensions de la vie. Ceci pourra être obtenu en encourageant l’adoption d’unités de valeur plus ouvertes pour représenter et partager les acquis d’apprentissage, que ce soit dans des contextes formels, informels ou non-formels.
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    "Vers une architecture ouverte pour la reconnaissance des acquis des apprentissages"
Aurialie Jublin

[Écologie] Le monde du logiciel est en train de se détruire... Manifeste pour... - 0 views

  • Tout est lent, et cela ne va pas dans le bon sens. Certaines voix s’élèvent. Je vous invite notamment à lire “Le désenchantement du logiciel”. Tout est insupportablement lent, tout est ÉNORME, tout finit par devenir obsolète… La taille des sites web explose. Un site web est aussi gros que le jeu Doom. Le phénomène ne touche pas que le Web mais aussi l’IoT, le mobile… Le saviez-vous ? Il faut 13% de CPU pour faire clignoter un curseur…
  • Tout grossit : la taille des applications, les données stockées, la taille des pages web, la mémoire des téléphones… Les téléphones ont maintenant 2 Go de mémoire, échanger une photo de 10 Mo par mail est maintenant classique… À la limite, cela ne serait peut-être pas un problème si tous les logiciels étaient utilisés, efficaces et performants… Mais cela n’est pas le cas,
  • Alors tout le monde se cale sur une lenteur. Tout est uniformément lent. On se cale sur cela et tout va bien. Être performant aujourd’hui, c’est arriver à atteindre un ressenti utilisateur qui correspond à cette lenteur uniforme. On élague les choses qui pourraient être trop visibles. Une page qui met plus de 20 secondes à se charger, c’est trop lent. Par contre, 3 secondes c’est bien. 3 secondes ? Avec les multicoeurs de nos téléphones/PC et les data centers partout dans le monde, le tout relié par des supers technologies de communication (4G, fibre…),c’est un peu bizarre non ? Si on regarde la débauche de ressources pour le résultat obtenu, 3 secondes, c’est énorme. D’autant plus que les bits circulent dans nos processeurs avec des unités de temps du niveau de la nanoseconde. Donc oui, tout est uniformément lent.
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  • Il est nécessaire de revenir à plus d’efficience, de « challenger » les besoins en matériel, de redéfinir ce qu’est la performance. Tant que l’on se satisfera de cette lenteur uniforme avec des solutions pour ne pas ralentir plus (comme l’ajout de matériel), nous n’avancerons pas. La dette technique, notion largement assimilée par les équipes de développement, n’est malheureusement pas adaptée à ce problème (on y reviendra). Nous sommes sur une dette de ressources matérielles et de mauvaise adéquation entre le besoin utilisateur et la solution technique. On parle ici d’efficience et non pas uniquement de performance. L’efficience est une histoire de mesure du gaspillage. L’ISO définie l’efficience avec comme domaine : Time behaviour, Resource utilization et Capacity. Pourquoi ne pas pousser plus ces concepts ?
  • Développez du code Java pour un serveur J2EE ou pour un téléphone Android, ce n’est pas pareil. Des structures spécifiques existent par exemple pour traiter des données en Android mais les structures classiques sont toujours utilisées. Les développeurs ont perdu le lien avec le hardware. C’est malheureux car c’est passionnant (et utile) de savoir comment fonctionne un processeur. Pourquoi : abstraction et spécialisation (nous verrons cela plus loin). Car en perdant ce lien, on perd une des forces du développement. Ce lien est important chez les hackers ou chez les développeurs d’informatique embarquée mais malheureusement de moins en moins présent chez les autres développeurs.
  • Les pratiques devops pourraient répondre à cette perte de lien. Là, c’est pareil, nous n’allons pas jusqu’au au bout : généralement le devops va se focaliser à bien gérer le déploiement d’une solution logicielle sur une infrastructure mixte (matérielle et un peu logicielle). Il faudrait aller plus loin en remontant par exemple les métriques de consommation, en discutant sur les contraintes d’exécution… plutôt que de “scaler” juste parce que c’est plus simple.
  • Certaines technologies ont une utilité mais sont maintenant systématiquement utilisées. C’est le cas par exemple des ORM qui sont devenus systématiques. Aucune réflexion n’est faite sur son intérêt en début des projets. Résultat : on a rajouté une surcouche qui consomme, qu’il faut maintenir et des développeurs qui n’ont plus l’habitude d’effectuer des requêtes natives. Cela ne serait pas un problème si chaque développeur connaissait très bien le fonctionnement des couches d’abstraction : comment fonctionne HIBERNATE par exemple ? On s’appuie hélas de façon aveugle sur ces frameworks.
  • Le besoin d’abstraction est lié à un autre défaut: nous attendons toujours des outils miracles. La silver bullet qui améliorera encore plus nos pratiques. Le langage idéal, le framework pour aller plus vite, l’outil de gestion miracle des dépendances… C’est la promesse à chaque fois d’un nouveau framework : gagner du temps en développement, être plus performant… Et on y croit, on fonce. On abandonne les frameworks sur lesquels nous avions investi, sur lesquels on avait passé du temps… et on passe au nouveau. C’est le cas actuellement des frameworks JS. L’histoire du développement est pavé de framework oubliés, non maintenus, abandonnés… Nous sommes les champions pour réinventer ce qui existe déjà. Si on le gardait suffisamment longtemps, on aurait le temps de maîtriser un framework, de l’optimiser, de le comprendre. Mais ce n’est pas le cas. Et que l’on ne me dise pas que si on n’avait pas continuellement réinventé la roue, on aurait encore des roues en pierre… Innover serait d’améliorer les frameworks existants .
  • Sur les langages, c’est la même rengaine. Attention, je ne préconise pas de rester sur l’assembleur et sur le C… C’est le cas par exemple dans le monde Android, pendant plus de 10 ans les développeurs ont pu travailler sur des outils et des frameworks Java. Et comme cela, par magie, le nouveau Langage de la communauté est Kotlin. On imagine l’impact sur les applications existantes (si elles doivent changer), il faut recréer des outils, retrouver des bonnes pratiques… Pour quel gain?
  • Sincèrement, on ne voit aucun ralentissement sur les cycles de renouvellement des technologies. C’est toujours un rythme frénétique. Nous trouverons bien le Graal un jour. Le problème est ensuite l’empilement de ses technologies. Comme aucune ne meurt vraiment et que l’on en maintient toujours des parties, on développe d’autres couches pour s’adapter et continuer à maintenir ces bouts de code ou ces librairies. Le problèmen’est pas le code legacy,, c’est la glue que l’on développe autour qui pêche.
  • Au final, on passe du temps à résoudre des problèmes techniques internes, on recherche des outils pour résoudre les problèmes que l’on ajoute, on passe son temps à s’adapter à ses nouveaux outils, on ajoute des surcouches (voir chapitre précédent…) … et on n’a pas améliorer la qualité intrinsèque du logiciel ou les besoins auxquels on doit répondre.
  • Au final, le rythme frénétique des changements ne nous permet pas de nous stabiliser sur une technologie. J’avoue qu’en tant que vieux développeur que je suis, j’ai été découragé par le changement Java vers Kotlin pour Android. C’est peut-être pour certains de véritables challenges, mais quand je repense au temps que j’ai passé sur l’apprentissage, sur la mise en place d’outils
  • Ensuite, comme aucune solution ne meurt vraiment, que de nouvelles arrivent… on se retrouve avec des projets avec des multitudes de technologies à gérer avec les compétences associées aussi… On s’étonne ensuite que le marché du recrutement de développeur soit bouché. Pas étonnant.. Il y a énormément de développeurs mais il est difficile de trouver un développeur React avec 5 ans d’expérience qui connaîsse le Go. Le marché est fractionné, comme les technologies. C’est peut-être bon pour les développeurs car cela crée de la rareté et cela fait monter les prix, mais pas pour le projet !
  • Cependant, cet apprentissage continu des technologies pose le problème d’apprentissage de domaines transverses : accessibilité, agilité, performance… En effet, qu’est-ce qui nous prouve que les outils et les langages que nous allons choisir ne vont pas changer dans 4 ans ? Rust, Go… dans 2 ans ? Rien ne tend à donner une tendance.
  • On ne se remet pas en question car on veut s’amuser. Le fun est important, car si l’on s’ennuie dans son boulot, on va déprimer. Par contre, on ne peut pas, sous prétexte de vouloir du fun tout le temps, changer nos outils continuellement. Il y a un déséquilibre entre l’expérience du développeur et l’expérience de l’utilisateur. On veut du fun, mais qu’est-ce que cela va réellement apporter à l’utilisateur ? Un produit plus « joyeux » ? Non, nous ne sommes pas des acteurs.
  • On ne se pose pas de question sur l’éthique de notre domaine, sur sa durabilité… Cela vient peut-être du fait que notre domaine n’a pas réellement de code éthique (comme par exemple les médecins ou les avocats). Mais sommes-nous en tant que développeurs réellement libres si l’on ne peut pas avoir une autocritique ? Nous sommes peut être asservis à une cause portée par d’autres personnes ? Le problème n’est pas simple mais nous avons dans tous les cas une responsabilité. Sans code éthique, c’est le plus fort et le plus malhonnête qui est le plus fort. Le buzz et les pratiques pour manipuler les utilisateurs sont de plus en plus répandus. Sans Dark Pattern ton produit ne sera rien. Les plus gros (GAFA…) n’en sont pas arrivés là pour rien.
  • Est-ce que la solution est politique ? Il faut légiférer pour mieux gouverner le monde du logiciel. On le voit avec les dernières réponses législatives aux problèmes concrets : RGPD, notification des cookies… la source du problème n’est pas résolue. Peut-être parce que les politiques ne comprennent que très mal le monde du logiciel.
  • Car si cette structuration n’est pas faite, les développeurs vont perdre la main sur ce qu’ils font. Or le manque d’éthique de la profession est critiqué à l’extérieur. Rachel Coldicutt (@rachelcoldicutt) directrice de DotEveryOne, un think tank britannique qui promeut une technologie plus responsable, encourage à former des diplômés non-informaticiens qui traiteraient de ces problèmes (Voir plus précisément dans l’article d’Internet Actu). Pour poursuivre sur ce dernier article, cela serait dans la droite ligne de l’informatique, domaine issu du monde militaire où les ingénieurs et développeurs seraient formés à suivre des décisions et des commandements.
  • Le monde du logiciel s’intègre dans un système organisationnel classique. Grands groupes, sous-traitances via des ESN, web agencies… Tous suivent les mêmes techniques de gestion des projets informatiques. Et tout le monde va « dans le mur ». Aucune analyse sérieuse n’est faite sur le coût global d’un logiciel (TCO), sur son impact sur la société, sur son bénéfice, sa qualité… C’est la rapidité de release(Time to Market), la surcharge featurale (fonctionnelle), la productivité immédiate, qui comptent. Premièrement car les gens externes à ce monde ne connaissent que trop peu la technicité du logiciel et son monde. Il est virtuel donc simple (sic). Mais ce n’est pas le cas. Les écoles de commerce et autres usines de managers n’ont pas de cours de développement. Comment peuvent-ils bien diriger et piloter des projets ?
  • On continue a vouloir chiffrer des projets informatiques comme de simples projets alors que des mouvements comme le no estimate propose des approches innovantes. Les projets continuent d’échouer : le chaos report rapporte que simplement 30% des projets réussissent bien. Et face à cette mauvaise gouvernance, les équipes techniques continuent de se battre sur les technologies. Dommages collatéraux : la qualité, l’éthique, l’environnement… et au final l’utilisateur. Cela ne serait pas si critique si le logiciel n’avait pas un impact aussi fort sur le monde. Software eats the world… et oui, on le « bouffe »…
  • Si ces décisions absurdes arrivent, ce n’est pas uniquement la faute du développeur mais bien de l’organisation. Et qui dit organisation dit management (sous-différente forme). Si l’on revient au livre de Morel, il parle de piège cognitif dans lesquels les managers et les techniciens tombent souvent. C’est le cas de la navette Challenger qui a été quand même lancée malgré la connaissance du problème d’un joint défectueux. Les managers ont sous-évalué les risques et les ingénieurs ne les ont pas prouvés. Chacun a reproché à l’autre de ne pas fournir assez de preuves scientifiques. C’est souvent ce qui se passe dans les entreprises : des warnings sont levés par certains développeurs mais le management ne les prend pas assez au sérieux.
  • En même temps, on revient aux causes précédentes (silver bullet, on s’amuse…), il est nécessaire d’avoir une vraie ingénierie et une vraie analyse des technologies. Sans cela, les équipes techniques seront toujours non-écoutées par le management. Des outils et benchmark existent mais ils sont encore trop peu connus. Par exemple, Technologie Radar qui classe les technologies en terme d’adoption.
  • Ce phénomène de décision absurde est renforcé par le tissu complexe du développement logiciel : Les sociétés historiquement hors du numérique sous-traitent à des entreprises du numérique, les ESN sous-traitent aux freelances… Le partage de responsabilité technique / management est encore plus complexe et les décisions absurdes plus nombreuses.
  • Mais cela ne s’arrête pas là. On peut aussi voir l’usage de l’open-source comme une sorte de sous-traitance. Idem pour l’usage de framework. On est juste consommateur passif, on se déleste de plein de problématiques (qui ont un impact sur les ressources, la qualité…).
  • C’est d’autant plus facile que le domaine est passionnant et que la pratique des sides-projects, du temps passé sur les projets open-source hors des horaires de bureau est chose commune… La recherche de “fun” et le temps passé bénéficient alors plus aux organisations qu’aux développeurs. Difficile dans ce cas de chiffrer le coût réel d’un projet. Et pourtant, cela ne serait pas un problème si on arrivait à des logiciels « au top ».
  • Le développeur n’est ici plus un artisan du code, mais plutôt un pion dans un système critiquable du point de vue humain. Cela n’est pas visible, tout va bien et on s’amuse. En apparence seulement, car certains domaines du développement logiciel vont plus loin et rendent beaucoup plus visible cette exploitation : Le domaine du jeux-vidéo où les heures explosent.
  • Et donc, toutes ces maladresses (logiciel trop lourd, sans qualité…) se retrouvent chez les utilisateurs. Comme on doit releaser au plus vite les logiciels, que l’on ne tente pas de résoudre les inefficiences internes, et que l’on ne met pas plus de ressource pour faire de la qualité, on arrive à des logiciels médiocres. Mais on a tellement d’outils de monitoring et de suivi des utilisateurs pour détecter ce qui se passe directement chez eux qu’au final, on pense que ce n’est pas grave. Cela serait une bonne idée si les outils étaient bien utilisés. Or la multitude d’informations récoltées (en plus des bugs remontés par les utilisateurs) n’est que faiblement utilisée. Trop d’information, difficulté de cibler la vraie source du problème… on s’y perd et au final, c’est l’utilisateur qui trinque. Tous les logiciels sont maintenant en bêta-test. A quoi bon faire de la sur-qualité, autant attendre que l’utilisateur le demande. Et on revient ainsi au premier chapitre : un logiciel uniformément lent … et médiocre.
  • Heureusement, on est sauvé par la non-sensibilisation des utilisateurs au monde du logiciel. C’est un monde effectivement virtuel et magique qu’ils ont l’habitude d’utiliser. On leur a mis en main les outils mais sans notice explicative. Comment évaluer la qualité d’un logiciel, les risques sur l’environnement, les problèmes de sécurité… si l’on n’a pas des notions d’informatique, même rudimentaires ?
  • L’informatique du 21ème siècle est ce que l’agroalimentaire était pour les consommateurs au 20ème siècle. Pour des raisons de productivité, on a poussé des solutions médiocres avec un calcul court-termiste : mise sur le marché de plus en plus rapide, profit en hausse constante… agriculture intensive, malbouffe, pesticides… avec des impacts importants sur la santé, sur l’environnement… Les consommateurs savent maintenant (de plus en plus) les conséquences désastreuses de ces dérives, l’industrie agroalimentaire doit donc se réinventer, techniquement, commercialement et éthiquement. Pour le logiciel, quand les utilisateurs comprendront les tenants et les aboutissants des choix techniques, l’industrie du logiciel devra gérer les mêmes problèmes. En effet, le retour au bon sens et aux bonnes pratiques n’est pas une chose simple pour l’agroalimentaire. Dans l’IT, on commence à le voir avec ses conséquence sur la vie privée des utilisateurs (mais nous n’en sommes qu’aux balbutiements).
  • On va dans la mauvaise direction. L’industrie de l’informatique a déjà effectué dans les années 70 des erreurs avec des impacts non-négligeables. L’exclusion des femmes de l’informatique en fait partie. Non seulement cela a été fatal pour certaines industries mais on peut se poser la question de comment on peut maintenant adresser des réponses à seulement 50% de la population informatique, avec une représentativité très faible. Le chemin est maintenant difficile à retrouver.
  • Mais l’impact du monde IT ne s’arrête pas là. La source et le modèle d’une grosse partie de l’informatique sont issus de la Silicon valley. Si l’on écarte les gagnants de la Silicon Valley, les populations locales subissent la montée des prix, le déclassement, la pauvreté…
  • Dans sa lancée vers le progrès technique, le monde du logiciel crée aussi sa dette environnementale…
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    "Le monde du logiciel va mal et si l'on n'agit pas, on risque de le regretter. Environnement, qualité, exclusion… Software Eats The World (Le logiciel mange le monde…) ? Oui un peu trop. "
Aurialie Jublin

[Logiciel libre] Et si le monde numérique devenait vraiment « libre » ? - 0 views

  • « Je ne vois pas ce qui peut exister et qui ne soit pas remplaçable par une solution open source, en particulier dans les innovations sociales et tous les projets d’intérêt général, dit-elle. Hier, je suis tombée sur un logiciel qui gère la projection dans les cinémas... Le libre permet aussi de répondre à des besoins publics, à l’image d’OpenCimetière qui a été produit pour une commune et qui sert à présent à d’autres mairies.
  • Cet élan d’ouverture s’est décliné dans la production de marchandises avec l’open hardware, dans les données avec l’open data (mise à disposition de données publiques) ou encore dans le partage des connaissances avec l’open innovation, l’open science, etc. Ce mouvement général repose sur la libre circulation des savoirs, l’accessibilité au « faire » et la coopération entre pairs.
  • « Quand des salariés transforment leur entreprise en coopérative, cela ne les empêche pas de recruter un directeur, mais la direction est une compétence de coordination et non un organe de pouvoir. C’est la même chose dans le pair-à-pair », précise-t-elle.
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  • Mais, si l’open source a permis au libre de gagner en efficacité, sa focalisation sur la technique l’a sans doute éloigné de ceux à qui il s’adressait en premier lieu : tous les autres, qui ne développent pas. Le libre reste, en effet, très circonscrit au monde de l’informatique et se compose majoritairement d’hommes, même si d’une multitude de nationalités.
  • Les logiciels libres ne permettent pas forcément de protéger les données, mais on est sûr que l’exploitation des données ne constitue pas le modèle économique du service. Quand on entre dans l’état d ’esprit du logiciel libre, on prend conscience de l’impact de l’informatique dans sa propre vie, on est plus vigilant et on est assuré que quelqu’un quelque part vérifiera s’il y a des mouchards dans le code et alertera les autres. La faiblesse du libre, c’est que si j’envoie un mail à un ami qui est sur Gmail, malgré tous mes efforts, Google aura mes données. Le libre te pousse à considérer l’interconnexion aux autres et le risque qu’on fait prendre aux autres en laissant ses données sur internet sans s’assurer de ce qu’elles deviennent », explique Catherine Guillard.
  • L’une des clés serait sans doute de rendre l’engagement dans le libre aussi mobilisateur pour d’autres métiers que ceux du développement... Par exemple les graphistes, les juristes ou pourquoi pas le monde médical, qui tous doivent composer avec le numérique et les dérives de certains de ses acteurs. Enfin, il faudrait peut-être revenir aux origines sociales et politiques du libre.
  • En effet, à l’image du bio qui n’est pas qu’une méthode de culture, le libre n’est pas qu’une méthode de développement, mais propose un modèle de société plus respectueux des autres, plus solidaire, plus attentif aux impacts sociaux et environnementaux. Faire un pas vers le libre, c’est, au fond, soutenir le « faire ensemble ».
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    "Les logiciels libres et le mouvement open source luttent contre les boîtes noires, prônant le partage des savoirs et le « faire ensemble ». Mais l'ouverture des codes est-elle vraiment un gage d'ouverture aux autres ? Le monde du « libre » ne devrait-il pas engager une mutation pour rendre plus tangible sa dimension solidaire et toucher un public plus large ? Ce sont les questions que pose cet article de Solidarum, issu du numéro 3 de la revue Visions solidaires pour demain, en librairie depuis la mi-janvier."
Aurialie Jublin

Paris se dote de sa propre infrastructure pour héberger les données de ses ad... - 0 views

  • Alors que les services publics sont de plus en plus numérisés, ce nouvel équipement doit offrir les plus hauts standards de sécurité quant à l’hébergement des données. Il permet notamment à Paris, qui externalisait jusque-là cette prestation, de ne plus dépendre d’acteurs étrangers – possiblement soumis à des réglementations, comme le Cloud Act, lequel permet aux Etats-Unis de réclamer à des fournisseurs de service américains l’accès à des données stockées à l’étranger – et de garantir ainsi la souveraineté des données. En outre, sauf dans le cas de missions ponctuelles, les équipements sont entièrement gérés par les services informatiques de la mairie. « Nous avons la maîtrise physique du stockage de bout en bout », se réjouit M. Grégoire.
  • La mairie a également tenu à ce que cette installation ait une empreinte environnementale limitée. Manifestation la plus visible de cette volonté, la chaleur dégagée par le data center est utilisée pour alimenter le réseau de chauffage de bâtiments voisins.
  • Ce nouvel équipement a nécessité un investissement de 16 millions d’euros. Pour faire baisser la facture, la mairie a dimensionné le lieu de telle sorte qu’il puisse proposer à d’autres services publics d’accueillir leurs serveurs, moyennant finances – à un coût qu’elle assure avantageux. L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris et Eau de Paris comptent parmi ses premiers clients, et des discussions sont en cours pour conclure de nouveaux contrats.
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  • Une telle solution pourrait-elle être adoptée par d’autres villes françaises ? L’adjoint au maire admet que le coût d’entrée est prohibitif et que Paris n’aurait pas pu faire ce choix s’il ne disposait pas des compétences en interne pour créer et maintenir ce site. Mais, veut-il croire, « c’est une philosophie qui est appelée à se développer ».
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    "Alors qu'elle externalisait jusque-là le stockage de ses données numériques, la ville a investi 16 millions d'euros dans un centre de données pour en reprendre le contrôle."
Aurialie Jublin

Concrètement, comment rendre les algorithmes responsables et équitables ? | I... - 0 views

  • Et rappelle la difficulté à définir mathématiquement l’équité, comme l’a souligné l’informaticien Arvind Narayanan (@random_walker) lors de la dernière édition de la conférence FAT (la conférence annuelle sur l’équité, la responsabilité et la transparence). Outre les biais et déséquilibres statistiques, rappelle David Robinson (@drobinsonian), responsable des associations EqualFuture et Upturn (et qui a notamment publié un rapport sur la question de l’examen public des décisions automatisées (.pdf)), leur impact dépend surtout de la manière dont sont utilisés ces systèmes, avec le risque, que pointait Eubanks, que les plus discriminés soient encore plus surveillés par ces systèmes.
  • Pour remédier à ces problèmes, beaucoup d’agences américaines ont recours à des chercheurs extérieurs pour déjouer les biais de leurs systèmes. En avril, l’AI Now Institute a défini un cadre (voir le rapport (.pdf)) pour les organismes publics qui souhaitent mettre en place des outils de prise de décision algorithmique, recommandant notamment de mettre à contribution la communauté de la recherche et de permettre à ceux que le système calcul de faire appel des décisions prises à leur sujet.
  • Leurs recommandations invitent les systèmes à respecter le droit d’information du public, à recourir à des examens par des chercheurs indépendants, à améliorer l’expertise des organismes qui les conçoivent et à développer des modalités pour permettre au public de contester les décisions prises. L’initiative recommande aux agences publiques de répertorier et décrire les systèmes de décision automatisés, y compris d’évaluer leur portée et impact. Elle recommande également de mettre en place des modalités d’accès afin que des chercheurs, des experts indépendants, des associations ou des journalistes puissent accéder et évaluer ces systèmes et pour cela doivent s’assurer notamment que leurs fournisseurs privés de systèmes acceptent ces vérifications. Elle souligne également que les agences doivent monter en compétences pour être expertes des systèmes qu’elles mettent en place, notamment pour mieux informer le public, et invite les fournisseurs de solutions à privilégier l’équité, la responsabilité et la transparence dans leurs offres.
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  • Mais ce n’est pas la seule piste qui permettrait d’interroger les biais des systèmes automatisés. Microsoft travaille à un outil de détection automatique des biais, Facebook également (notamment via le projet Fairness Flow annoncé par Isabel Kloumann du département d’IA de FB research à la dernière conférence de F8 Conference parmi une longue liste d’outils pour l’IA) rapporte la Technology Review.
  • La mathématicienne Cathy O’Neil (@mathbabedotorg, blog), qui s’est fait connaître en dénonçant les dangers de ces outils, a lancé une entreprise d’audit algorithmique. Visiblement, souligne Wired, ses premiers clients sont des entreprises qui ont besoin de certifier qu’elles sont équitables : comme cela a été le cas de Rentlogic, une entreprise qui évalue les immeubles automatiquement pour leur attribuer une note, ou comme Pymetrics, une entreprise qui utilise des tests de personnalité pour aider les entreprises à embaucher qui avait besoin d’assurer que ses logiciels n’étaient pas discriminants.
  • Dans son livre, Weapons of Math Destruction, Cathy O’Neil avait émis l’idée de créer un serment d’Hippocrate pour les datascientists, sous la forme d’un code de conduite édictant quelques principes moraux. Elle soulignait dans une remarquable interview pour Wired, que ce code de conduite n’était certes pas suffisant en soi, notamment parce que les datascientists ne sont pas seuls à décider de ce qui sera implémenté dans les services développés par les entreprises. Pour autant, ces techniciens ne peuvent pas seulement suivre « les recommandations des manuels d’optimisation qu’ils utilisent, sans tenir compte des conséquences plus larges de leur travail ».
  • Cathy O’Neil a proposé une matrice éthique, basée sur les travaux du philosophe Ben Mepham qui l’a utilisé en bioéthique, qui aide à saisir ce sur quoi ce que l’on développe a un impact, et de l’autre ce dont s’inquiète les gens qui sont impactés par ce que l’on développe. Cette grille confronte quelques notions (exactitude, cohérence, partialité, transparence, équité, rapidité) à leur impact sur chacune des parties prenantes. La matrice sert à créer une conversation. Chaque case propose des questions : « qui souffre si le système se trompe ? » Le but est de révéler des problèmes. Quand la réponse pose problème, la case est colorée de rouge.
  • Elle propose également de se poser plusieurs questions, comme « les algorithmes que nous déployons vont-ils améliorer les processus humains qu’ils remplacent ? » Bien souvent, on constate qu’ils fonctionnent beaucoup plus mal que les systèmes précédents. Pour elle, il est également nécessaire de se demander : « pour qui l’algorithme échoue-t-il ? » Un système de reconnaissance facial échoue-t-il plus souvent pour les femmes que pour les hommes, pour les gens de couleurs que pour les blancs, pour les personnes âgées que pour les jeunes ?… Enfin, elle invite à se poser une troisième catégorie de questions : « est-ce que cela fonctionne pour la société (donc à très large échelle) ? Est-ce que nous enregistrons les erreurs du système ? Peut-on les réintroduire dans l’algorithme pour l’améliorer ? Est-ce que le système a des conséquences non intentionnelles ?… » Et la chercheuse de rappeler qu’aucunes de ces questions ne mettent en danger les secrets des algorithmes que les entreprises veulent protéger.
  • Le militant pour la protection de la vie privée Aral Balkan (@aral) estime qu’un code d’éthique risque surtout d’être utilisé comme caution de vertu par les entreprises pour continuer à faire comme d’habitude. Appliquer le RGPD aux États-Unis aurait plus d’impact pour prévenir les dommages algorithmiques. Sur son blog, Virginia Eubanks a réagi en proposant plutôt un « serment de non-violence numérique », qui, dans la forme au moins, est plus impliquant pour celui amené à le prononcer que de signer à quelques grands principes vagues
  • Mais l’enjeu demeure de les mettre en pratique. « Tout code d’éthique des données vous indiquera que vous ne devez pas collecter des données de sujets expérimentaux sans leur consentement éclairé. Mais ce code de conduite ne vous dira pas comment implémenter ce consentement éclairé. Or, celui-ci est facile si vous interrogez quelques personnes pour une expérience de psychologie. Mais il signifie quelque chose de bien différent en ligne ». Et ce n’est pas la même chose bien sûr de demander la permission via une fenêtre pop-up par exemple ou que via une case précochée cachée… La mise en oeuvre de principes éthiques englobe des questions qui vont des choix dans l’interface utilisateur aux choix de structuration des données ou d’interrogation des données de connexion. Et pose la question de rendre néanmoins le service utilisable sans dégrader l’expérience utilisateur…
  •  
    "Face aux multiples biais inscrits dans la production même des données utilisées par les algorithmes et les outils d'apprentissage automatisés, le risque, rappelle la chercheuse Kate Crawford (@katecrowford), co-fondatrice de l'AI Now Institute (@AINowInstitute), est que « plutôt que de concevoir des systèmes censés résoudre les problèmes, nous les exacerbions »."
Aurialie Jublin

La fibre, « facteur clé » de la survie des FAI associatifs - 0 views

  • Pour la fédération, une éviction de ses membres de la fibre est « tout à fait inquiétant ». Aujourd'hui, le marché est dominé par l'opérateur historique (voir notre analyse), qui compte pour plus des deux tiers de recrutement de clients en fibre, en embarquant notamment des abonnés ADSL de concurrents. « On est en train de refermer un marché vivace, qui a permis à une foule d'acteurs locaux d'exister, sur quelques gros acteurs qui n'ont pas la même capacité d'innovation » appuie FFDN.
  • Il serait donc nécessaire de défendre l'accès de ces petits acteurs aux réseaux FTTH, à la fois pour leurs offres « neutres » et pour leur statut de « poisson-pilote », avec des compétences particulières. La fédération se targue de fournir un regard unique, fondé sur les droits fondamentaux et une longue expérience. Elle répond aussi bénévolement à des problèmes locaux (comme les réseaux hertziens en zones blanches) ou en palliant les manquements des opérateurs commerciaux. « La santé des associations que je représente est un des marqueurs du respect ou non de l'intérêt général sur ce marché. On est un peu des canaris, déclare Oriane Piquer-Louis. Si les plus petits meurent, les plus grands doivent quitter la mine. » 
  • Les réseaux d'initiative publique (RIP), initiés par des départements et régions, sont la voie la plus évidente vers la fibre pour les FAI associatifs. Ces réseaux sont tenus à une obligation de non-discrimination, soit les mêmes conditions tarifaires pour l'ensemble des opérateurs qui veulent y proposer leurs offres. Or, pour FFDN, les conditions ne conviennent pas à des acteurs qui comptent quelques centaines d'abonnés sur toute la France, alors que Bouygues Telecom ou Free négocient avec les délégataires des réseaux publics sur des millions de lignes.
  • ...1 more annotation...
  • Qu'en disent les réseaux publics ? Pour l'Avicca, la principale association de collectivités sur le numérique, une partie des difficultés des FAI associatifs résulteraient de l'absence d'offres activées sur certains réseaux publics. Une situation qui devrait changer.
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    "Alors que la fibre jusqu'à l'abonné grignote chaque trimestre des dizaines de milliers d'abonnés à l'ADSL. Au sein de FFDN, des fournisseurs d'accès associatifs cherchent une porte d'entrée vers ces nouveaux réseaux, encore inaccessibles pour ces petits acteurs."
Aurialie Jublin

L'empire du signal, ou les dangers d'un contrôle social par les corps - Libér... - 0 views

  • Mais réguler un tel déploiement s’annonce complexe. Car les usages de reconnaissance faciale proposés sont multiformes, à la fois commerciaux, publicitaires, sécuritaires, sanitaires ou éducatifs. Le privé et le public, le divertissement et le punitif s’entremêlent sans que l’on ne puisse y voir clair. Un thème récurrent est largement mobilisé pour justifier l’usage de ces technologies de surveillance biométrique : la sécurité. Et c’est toujours au nom du Bien qu’elle se voit matérialisée.
  • De façon assez inédite, la plupart des technologies de surveillance publique, à l’instar de la reconnaissance faciale, ont d’abord été élaborées et diffusées à des fins commerciales par des géants numériques de la publicité et de la recommandation. La reconnaissance faciale, dont on ne sait plus très bien si elle est proposée à des fins commerciales ou sécuritaires, a été banalisée par la domotique, et amplement développée avec les smartphones ou les réseaux sociaux, pour un confort d’utilisation et une expérience client toujours plus forte. En procédant par pseudomorphisme, l’omniprésence de technologies d’identification qui servent à un moment donné une entreprise de quadrillage techno-sécuritaire du territoire semble aller de soi.
  • L’enjeu technique ne sera bientôt plus la reconnaissance en elle-même, mais l’interprétation comportementale des surveillés. Des systèmes de vidéosurveillance bientôt augmentés d’algorithmes puissants seront capables d’analyser nos comportements et de désigner ceux qui seraient «inhabituels» ou jugés «subversifs».
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  • A la suite des travaux de la mathématicienne américaine Cathy O’Neil, il convient ici d’insister sur les biais qui seront encodés dans les algorithmes modélisant les critères de dangerosité qui pourront toujours accompagner, de manière fluctuante et totalement «liquide», les logiques de surveillance d’une population.
  • Passé d’Etat de droit à Etat de l’ultrasécurité, inquiet pour sa propre survie et par conséquent boulimique de données de surveillance, il semble moins se préoccuper de fabriquer des libertés par la loi dans un cadre de surveillance bienveillant que d’industrialiser, de concert avec les acteurs privés compétents. Ainsi assistons-nous à une marchandisation de la souveraineté territoriale.
  • Il s’agit de trouver le juste équilibre entre la nécessaire sécurisation du territoire et le respect des libertés fondamentales. Et le glissement conceptuel de la Smart City à la Safe City actuellement à l’œuvre pose la question fondamentale de nos libertés, du droit à évoluer dans l’espace public sans être identifié. Surtout, quels contre-pouvoirs, quels recours mettre en place face à des dispositifs algorithmiques intangibles ? Comment rééquilibrer ce système qui invisibilise le pouvoir des surveillants privés et publics, où la transparence est en réalité un «jeu» à géométrie très variable ?
  • Nous évoluons dans des sociétés qui créent des effets de structuration sociotechnique où le passage de la sphère ludique à la sphère politique n’a sans doute jamais été aussi facilité. Le niveau d’acceptation sociale des technologies d’identification, qui nous assure toujours plus de «commodité», tend à créer les conditions d’un contrôle social total.
  • De tels lieux de transmission d’éclairages techno-scientifiques rétabliraient également les principes de responsabilité sociale que certaines communautés d’ingénieurs intégraient jadis dans leur conception de l’innovation. Des lieux et des agencements doivent être incontestablement imaginés et institués dans cet horizon, en vu de faciliter l’hybridation des compétences et le renforcement du jugement critique à l’égard de technologies qui s’avèrent de plus en plus difficiles à cerner d’un point de vue éthique et qui se révèlent toujours plus ambiguës sur le plan démocratique, en rappelant que le progrès technologique doit être toujours pensé dans sa relation au progrès sociétal.
  • Compte tenu de l’accélération croissante de l’innovation dans le domaine de l’identification, une proposition serait de favoriser la création de lieux où les citoyens pourraient librement être amenés à prendre connaissance des avancées technologiques, avec leurs possibles effets éthico-politiques.
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    "Avec la reconnaissance faciale, une nouvelle forme de gouvernementalité se met en place, où des plateformes privées collaborent avec les dispositifs publics de sécurité. Un tel déploiement technologique dans notre quotidien, une telle capture de nos visages et de nos traits constituent un redoutable pallier vers une surveillance généralisée."
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