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Aurialie Jublin

La génération internet et recherche d'emploi en ligne - 0 views

  • Par ailleurs s’ils utilisent beaucoup internet, que ce soit dans le cadre des loisirs (90 % des jeunes interrogés par questionnaire), des démarches administratives (60 %) ou de la recherche d’emploi (87 %), ils exploitent rarement les ressources numériques de manière optimale. Les entretiens avec les conseillers viennent ici contrebalancer des préjugés répandus sur la maîtrise supposée innée du numérique par les digital natives. Comme l’expliquait un encadrant, « les jeunes ont une mauvaise maîtrise d’internet, même de Google. Ils ne savent pas forcément reformuler des requêtes et creuser ».
  • Cela est particulièrement vrai pour la recherche d’emploi : à leur arrivée en mission locale entre 40 et 50 % des jeunes ne possèdent pas d’adresse électronique, outil pourtant essentiel. Peu ont une connaissance de la variété des sites de recherche d’emploi ou des fonctions complexes comme la « recherche avancée ». En un mot, si internet est le premier réflexe pour commencer une recherche d’emploi ou de formation, tous ne sont pas suffisamment armés pour réaliser une démarche construite et ciblée.
  • Mais il faut également prendre en considération des lacunes en compétences de base qui constituent un prérequis indispensable. Des jeunes se trouvent par exemple bloqués dans leur accès à l’information car ils ne rédigent pas correctement les termes d’une requête, ne sont pas capables de déterminer les mots-clés pour effectuer une recherche, ou ne comprennent pas les termes d’une offre d’emploi.
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  • En effet, même s’ils disposent de tout l’arsenal numérique à la maison, nombreux sont ceux qui viennent à la mission locale pour consulter les offres d’emploi et en discuter avec un conseiller, ou simplement investir un lieu pleinement dédié à cette démarche et où ils peuvent, dans le même temps, se sentir moins seuls.
  • L’élaboration de nouveaux dispositifs numériques doit être pensée dans une démarche agile pour permettre aux jeunes les plus éloignés de l’emploi de s’en saisir facilement et rapidement, seuls ou accompagnés par un conseiller. Pour les jeunes rencontrés, il ne s’agit pas de choisir entre un outil numérique ou un accompagnement humain mais, comme le résumait un jeune interrogé, « de mettre toutes les chances de son côté ».
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    "En France, alors que deux millions de jeunes ne sont ni en emploi, ni en éducation, ni en formation, le numérique offre de nombreux services innovants destinés à faciliter leur insertion professionnelle. Ce paradoxe, allié à l'intuition que le numérique pourrait profiter davantage à ces jeunes, est à l'origine d'une enquête de plusieurs mois, conduite en immersion dans quatre missions locales, urbaines et rurales. Le premier constat est sans appel, un jeune homme de 25 ans me le résume parfaitement « Les gens estiment que la maîtrise d'internet ne nécessite pas de formation car c'est la génération internet, alors qu'en réalité, il y a plein de choses qu'on ne connaît pas ». En effet, comme j'ai pu le constater, et comme l'observent les spécialistes du numérique chez les digital natives, les usages et les habiletés numériques des 16-25 ans sont très variables. Ces experts ajoutent que les compétences numériques acquises dans le domaine récréatif (par les réseaux sociaux, les jeux vidéo, etc.) ne sont pas transférées dans d'autres domaines (scolaire, professionnel). Il m'est donc apparu nécessaire d'interroger les conséquences de ce décalage, alors qu'aujourd'hui l'accès aux offres d'emploi ou aux différents services d'insertion professionnelle est de plus en plus tributaire du numérique"
Aurialie Jublin

« Dans mon livre, j'ai imaginé un mélange entre l'ONU et Google » - 0 views

  • Un autre anachronisme consiste à penser que plus un pays est grand géographiquement, plus il est puissant. La situation économique et l’étendue du territoire sont de moins en moins intriqués. Je trouve plus intéressant d’imaginer une organisation plus flexible, qui donne à chaque personne la possibilité de choisir le gouvernement qu’elle souhaite.
  • L’Etat-nation, c’est l’idée que nous avons une identité liée à l’Etat plutôt qu’à notre ethnie, à notre religion ou à notre langue. C’est un progrès mais ce n’est qu’une étape si nous voulons échapper au déterminisme de nos identités liés à nos gènes, à notre naissance. Cette étape continue à nous lier par notre naissance puisque, si l’on n’a pas beaucoup d’argent, il reste très difficile de changer de nationalité. Il faut continuer à chercher d’autres étapes pour définir une autre identité, plus globale, en tant qu'être vivant. D’un point de vue écologique, il faut aussi se mettre à penser comme élément d’un écosystème
  • Oui, il y a une grande bureaucratie centrale qui facilite tout ça, qui s’appelle tout simplement « Information ». C’est une espèce de mélange entre l’ONU et Google, qui gère toute l’information dans le monde. Elle permet d’amener l’information à tout le monde tout en exerçant une surveillance globale. C’est une organisation très puissante. L’idée est d’interroger la possibilité et le bien-fondé d’une telle organisation globale, qui se réclame d’une neutralité en réalité impossible.
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  • Aujourd’hui, en France comme aux Etats-Unis et dans la plupart des démocraties, il y a le même problème d’un gouvernement devenu monolithique, qui n’offre que peu de choix et peu d’alternatives aux citoyens. Il y a également ce problème de la fragmentation de l’information et des « bulles » d’information favorisées par les réseaux sociaux comme Twitter, qui renforcent mes opinions en me suggérant de suivre seulement des gens qui me ressemblent et qui ne me permettent plus de distinguer ce qui relève d’une information ou d’une opinion.
  • Internet et les réseaux sociaux ont le potentiel d’être très « démocratisants ». J’ai imaginé une organisation qui éviterait cette fragmentation de l’information. Il faut explorer ka gestion de l’information comme bien public. Mais la question du contrôle d’un tel organisme soulèvet évidemment des difficultés…
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    "Le rattachement à un gouvernement par la géographie est aujourd'hui un anachronisme. Ça ne fait plus sens. J'ai travaillé dans beaucoup de pays connaissant des mouvements de sécession régionale ; presque tous les pays du monde sont concernés. C'est un gros problème pour la démocratie. On a d'un coté des populations qui ne se sentent plus appartenir à l'État-nation, qui veulent en sortir, et de l'autre des migrants qui veulent y entrer. C'est une contradiction fondamentale qu'il faut repenser. Ça ne marche plus d'avoir des frontières fixes qui ne changent pas avec les générations, et qui cherchent à conserver un peuple ayant un sentiment cohérent d'appartenance. C'est ridicule. C'est une résistance à l'idée que le monde change, que la démographie change, ainsi que les idées des gens."
Aurialie Jublin

Réseaux sociaux : « Les utilisateurs sont conscients de leur dépendance aux a... - 0 views

  • Il y a eu une chute des audiences de Facebook depuis les révélations sur son implication dans la diffusion de « fake news » lors des dernières élections présidentielles américaines et l’affaire Cambridge Analytica. Les géants du numérique sont aujourd’hui globalement dans une tentative de reconquête, en affirmant qu’ils agiront de manière plus responsable, plus régulée.Mais leur objectif est aussi d’obtenir de nouvelles métriques pour affiner encore l’extraction intentionnelle des informations sur leurs utilisateurs. C’est sur ces méthodes d’exploitation que repose leur modèle : susciter l’attention, définir notre profil de données pour vendre ensuite de la publicité.
  • Comment changer les choses, plus globalement ?H. G. : Je pense qu’il faut porter cette question de l’attention sur le plan politique, en réglementant davantage. Nous appelons aussi, avec la Fondation Internet nouvelle génération (Fing), à nommer dans les entreprises du numérique, des médiateurs chargés des questions attentionnelles, pour qu’elles soient enfin prises au sérieux.
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    "Facebook a annoncé début août la mise en place en cours d'un outil permettant de mieux maîtriser le temps passé sur le réseau social. Google et Apple avaient déjà lancé ce genre d'option. Analyse d'Hubert Guillaud, spécialiste des questions d'attention sur les réseaux et responsable de la veille à la Fondation Internet nouvelle génération (Fing)."
Aurialie Jublin

Appel aux ingénieurs face à l'urgence climatique - C'est maintenant. - 0 views

  • Comme cette remarque d’un collègue « Tu te rends compte, cette génération d’ingénieurs brillants qui dédient leur temps à faire cliquer des gens sur des pubs… » Pourquoi ?Google Apple Facebook Amazon, façonnent notre quotidien, dépassent les états et sont maintenant des forces qui ébranlent nos sociétés : évasion fiscale, contrôle des données personnelles, bouleversement de l’information, incitation à la consommation à renfort de publicité et d’obsolescence programmée. Pourquoi ?
  • La Charte d’Éthique de l’Ingénieur lit entre autres :« L’ingénieur est […] moteur de progrès. »« [il] fait prendre conscience de l’impact des réalisations techniques sur l’environnement. »« L’ingénieur cherche à atteindre le meilleur résultat […] en intégrant les dimensions […] économique, […], sociale et environnementale. »« [il] sait admettre ses erreurs, […] et en tirer des leçons pour l’avenir. »
  • Internet a 30 ans. Mais pour son inventeur, « sa créature lui a échappé ».Aujourd’hui, la data et l’intelligence artificielle sont annoncées comme le pétrole du 21e siècle et son moteur. Peut-être plus juste qu’on ne croit : le numérique génère déjà plus d’émissions que l’aviation civile. Pensons bien à ces questions pour que cette nouvelle créature-là ne nous échappe pas.
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  • Préservons-nous du temps, pour nous informer.Rappelons-nous de lever le nez du guidon, questionnons, interrogeons nos fascinations, discutons, gardons le doigt sur le pouls du monde. N’attendons pas d’avoir 30 ans. C’est maintenant.
  • Et avec éthique et conscience, agissons, collectivement.Il y a un monde à réinventer, si nous apprenons du passé et avons le courage d’oser au présent. C’est maintenant.
  • Project Drawdown, un comité d’experts et de scientifiques a aussi évalué les initiatives les plus prometteuses pour réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre. Une mine d’idées assez précises à y trouver parmi les 100 initiatives les plus impactantes.
  • Nous pouvons également imaginer de nouveaux modèles pour une économie durable :Développer l’économie circulaire et le marché de l’occasion par exemple. Connaissez-vous la Blue Economy ?Repensez les services et infrastructures que nous utilisons comme plateformes en commun, au service de l’intérêt collectif et non d’intérêts privés.
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    "Il y a quelques semaines, j'ai été contactée par les alumni de mon école d'ingénieur - Télécom Paristech - pour venir témoigner de mon expérience lors de la cérémonie de remise des diplômes de la promotion 2018, et donner quelques conseils aux jeunes diplômés à l'aube de leur carrière. Alors moi-même en pleine transition professionnelle suite à ma prise de conscience accélérée de l'urgence climatique, je me suis dit que décidément oui, j'avais quelques messages qui me semblaient potentiellement utiles, et que j'aurais sûrement aimé entendre à la cérémonie de remise de diplôme que je n'ai pas vécue il y a 13 ans de cela."
Asso Fing

Il est temps de reconnaître l'intégrité numérique des individus - Le Temps - 0 views

  • Aujourd’hui, les individus ont une existence numérique qui ne dépend pas de leur propre volonté. En effet, quelqu’un qui ne s’inscrit pas sur un réseau social a toutes les chances d’être connu de ce réseau social du simple fait que son entourage interagit avec cette plateforme. La compilation et l’analyse des données personnelles sont déjà suffisamment sophistiquées pour réaliser le profil précis d’un individu sans qu’il ait lui-même fourni des données personnelles à l’entreprise concernée. Il suffit par exemple pour cela, lorsqu’on s’inscrit sur un tel site, de donner accès à son répertoire.
  • De même, on commence à voir l’émergence d’une génération d’individus qui ont une existence numérique antérieure à leur naissance. Des parents qui partagent leur échographie sur un réseau social, cela existe. Il suffit aussi d’annoncer la naissance de cet enfant pour qu’il existe déjà numériquement. Bref, que nous le voulions ou non, une partie de notre existence est désormais numérique. C’est pourquoi les données qui nous concernent ne sont pas de simples propriétés, elles font partie de notre individualité, elles nous définissent, disent beaucoup de choses de nous. «Nous» sommes nos données personnelles et ces données personnelles, c’est «nous».
  • Si les êtres humains ont une existence numérique, il y a lieu de considérer que leur intégrité s’étend aussi à cette dimension. Puisqu’il y a une intégrité physique, qui correspond à notre corps, une intégrité psychique qui correspond à notre monde mental, il doit y avoir une intégrité numérique, laquelle se réfère logiquement à la dimension numérique de notre existence.
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  • De ce fait, nos données personnelles font partie intégrante de notre intégrité numérique, ce qui revient à dire qu’exploiter nos données porte atteinte à notre intégrité.
  • Aujourd’hui, les Etats et les entreprises invoquent toujours d’excellentes raisons pour porter atteinte à l’intégrité numérique des individus en exploitant leurs données personnelles. Mais bien souvent, le traitement de ces données sert à influencer, de façon opaque, nos comportements, ou à mener des politiques sécuritaires de surveillance massive. La révolution numérique doit profiter à l’humanité, et non pas faciliter son exploitation pour favoriser des intérêts particuliers, dont seule une caste privilégiée en tirera la quasi-totalité des profits.
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    "Reconnaître et protéger notre intégrité numérique constituent un premier pas nécessaire pour que l'humain ne soit pas l'objet de la technologie, écrit le journaliste Grégoire Barbey "
Aurialie Jublin

Internet est mort, vive le Trinet ? - Usbek&Rica - 0 views

  • Mais le développeur brésilien a, lui, daté très précisément le « début de la fin » : le Web est mort en 2014.
  • « Facebook et Google ont désormais une influence directe sur 70 % du trafic Internet » - rappelons ici qu’Internet désigne le réseau et que le Web en est sa principale application, le partage de fichiers ou la messagerie instantanée étant quelques-uns de ses autres usages - et la domination est particulièrement flagrante sur les médias, avec un basculement notable de la suprématie de Google à celle de Facebook, comme nous l’évoquions déjà récemment : avec Facebook Paper, puis Facebook Instant Articles, le réseau social de Zuckerberg s’est imposé comme source de trafic n°1 pour les médias, et une forme de dépendance s’est très rapidement installée.
  • Chaque entreprise a misé pleinement sur ce qu’elle faisait le mieux : le social pour Facebook (qui a racheté Whatsapp, Instagram...), l’intelligence artificielle pour Google, et elles ont ainsi cessé d’être concurrentes directes. Quant à Amazon, sa montée en puissance spectaculaire a été bien expliquée par Scott Galloway et se traduit par un chiffre récent : aux Etats-Unis, sa part sur le marché du e-commerce doit atteindre 43,5 % en 2017, contre 38 % l'année précédente.
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  • Se pose alors la question de la mort du Web. En quoi laisser ce triumvirat aux commandes met-il le Web en péril ? D’abord parce qu’in fine, les 30 % du Web qu’ils ne maîtrisent pas devraient finir par être écrasés, assure André Staltz. La diversité du Web a permis à de multiples entreprises d’innover et de prospérer, à des communautés de grandir, à des sites indépendants d’être hébergés un peu partout, puis « à partir de 2014, nous avons commencé à perdre les bénéfices de la diversité d’Internet, en termes d’infrastructures et d’économie ».
  • Le développeur extrapole ensuite « à partir des stratégies exprimées par les cadres de Google, Facebook et Amazon », et décrit une bataille pour la neutralité du Net « que nous avons toutes les chances de perdre ».
  • « À cause de la demande du marché, les fournisseurs d’accès à Internet fourniront un accès moins cher à Google, Facebook et Amazon, et l’offre sera plus chère pour un accès complet au Web ». Comme le souligne André Staltz, c’est déjà le cas : le Portugal vient de décider de laisser faire le marché et d’offrir des forfaits Internet à la carte, chacun étant libre de n’avoir accès qu’à des applications de messagerie ou des réseaux sociaux pour moins cher.
  • Dans un tel scénario, « les petites entreprises ne seraient plus incitées économiquement à avoir leurs propres sites, et migrer vers des pages Facebook pourrait avoir plus de sens. Les petits sites de e-commerce serait rachetés par Amazon ou feraient faillite. Et parce que la plupart des internautes ne pourraient pas avoir accès à l’ensemble des sites, Google n’aurait que peu d’intérêt à continuer d’être ce pont entre les utilisateurs et les sites ».
  • Plus facile à percevoir dès aujourd’hui, plus palpable, et plus fréquemment discuté, l’autre signe de la mort du World Wide Web, c’est que Facebook, Google et Amazon grandissent toujours plus en dehors des frontières du Web. Il suffit de voir les Amazon Echo ou Google Home pulluler, écouter Google expliquer que l’avenir du search est dans la recherche vocale et dans l'intelligence artificielle, ou voir comme la plus jeune génération se contente de communiquer sur mobile, sur les applications de messagerie, sans jamais passer par un navigateur web.
  • En suivant une trajectoire qu’André Staltz appelle une « Apple-ification » - parce qu'ils construisent des écosystèmes fermés, deviennent des entreprises de hardware et soignent le marketing de leur design - les trois géants vont de plus en plus contourner le Web et créer de  « nouveaux espaces virtuels où la data est créée et partagée ». C’est la stratégie que mène Facebook depuis dix ans en misant sur la réalité virtuelle et la réalité augmentée.
  • « Vingt-cinq ans de Web nous ont habitués à des libertés fondamentales que l’on croit acquises », tranche le développeur. Nous avons oublié combien l'anonymat est précieux, tout comme l'est la possibilité de contrôler ce que nous partageons, ou celle de lancer une start-up qui ait ses propre serveurs, indépendamment de Google. « Sur le Trinet, si vous êtes bannis de Google et Facebook, vous n'aurez pas d'alternative ». Plus personne ne garantira votre droit d'accès à Internet. Les entreprises privées n'auront aucune obligation de vous fournir ce qu'un pays comme l'Estonie est allé jusqu'à ériger en droit de l'Homme.
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    "Google, Facebook et Amazon se sont accaparés le Web. Cette domination était loin d'être aussi écrasante il y a encore quatre ans, et semble non seulement bien partie pour durer, mais devrait signer la mort d'un Web fondé sur la diversité et la liberté, comme le démontre le développeur brésilien André Medeiros - dit André Staltz - dans un post publié sur Medium. Nous nous dirigeons, à ses yeux, vers l'avènement d'un « Trinet » aux allures de dystopie."
Aurialie Jublin

Facebook n'est pas un réseau social, c'est un scanner qui nous numérise - Fra... - 0 views

  • Le modèle économique de Facebook, Google et de la cohorte des startups financées par le capital-risque de la Silicon Valley, j’appelle ça de l’élevage d’être humains. Facebook est une ferme industrielle pour les êtres humains. Et le manifeste de Mark n’est rien d’autre que la dernière tentative d’un milliardaire paniqué pour enjoliver un modèle d’affaires répugnant fondé sur la violation des droits humains avec l’objectif faussement moral de se débarrasser de la réglementation et de justifier un désir décomplexé de créer une seigneurie à l’échelle planétaire, en connectant chacun d’entre nous à Facebook, Inc.
  • Ce n’est pas le rôle d’une entreprise de « développer l’infrastructure sociale d’une communauté » comme Mark veut le faire. L’infrastructure sociale doit faire partie des biens communs, et non pas appartenir aux entreprises monopolistiques géantes comme Facebook. La raison pour laquelle nous nous retrouvons dans un tel bazar avec une surveillance omniprésente, des bulles de filtres et des informations mensongères (de la propagande) c’est que, précisément, la sphère publique a été totalement détruite par un oligopole d’infrastructures privées qui se présente comme un espace public.
  • Il est grand temps que nous commencions à financer et à construire l’équivalent numérique de parcs à l’ère du numérique au lieu de construire des centres commerciaux de plus en plus grands.
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  • Nous ne pouvons plus nous offrir le luxe de ne pas comprendre la nature du « moi » à l’âge numérique. L’existence même de nos libertés et de la démocratie en dépend. Nous sommes (et nous le sommes depuis un moment maintenant) des organismes cybernétiques. Nous devons résister de toutes nos forces à toute tentative de réduire les personnes à des propriétés.
  • il s’ensuit que nous devons étendre les protections du moi au-delà de nos limites biologiques pour y inclure toutes ces technologies qui servent à nous prolonger. Par conséquent, toute tentative par des tierces parties de posséder, contrôler et utiliser ces technologies comme une marchandise est une tentative de posséder, contrôler et monétiser les éléments constitutionnels des individus comme des marchandises. Pour faire court, c’est une tentative de posséder, contrôler et utiliser les êtres humains comme des marchandises.
  • Inutile de dire que nous devons résister avec la plus grande vigueur à toute tentative de réduire les êtres humains à de la marchandise. Car ne pas le faire, c’est donner notre consentement tacite à une nouvelle servitude : une servitude qui ne fait pas commerce des aspects biologiques des êtres humains mais de leurs paramètres numériques. Les deux, bien sûr, n’existent pas séparément et ne sont pas réellement séparables lorsque la manipulation de l’un affecte nécessairement l’autre.
  • Il s’ensuit également que toute tentative de violation des limites de ce moi doit être considérée comme une attaque du moi cybernétique. C’est précisément cette violation qui constitue aujourd’hui le modèle économique quotidien de Facebook, Google et des majors de la technologie de la Sillicon Valley. Dans ce modèle, que Shoshana Zuboff appelle le capitalisme de surveillance, ce que nous avons perdu, c’est notre souveraineté individuelle. Les personnes sont à nouveau redevenues des possessions, bien que sous forme numérique et non biologique.
  • Imaginez un monde où chacun possède son propre espace sur Internet, fondé sur les biens communs. Cela représente un espace privé (un organe de notre être cybernétique) auquel nos appareils dits intelligents (qui sont aussi des organes), peuvent se connecter.
  • Au lieu d’envisager cet espace comme un nuage personnel, nous devons le considérer comme un nœud particulier, permanent, dans une infrastructure de pair à pair dans laquelle nos appareils divers (nos organes) se connectent les uns aux autres. En pratique, ce nœud permanent est utilisé pour garantir la possibilité de trouver la localisation (à l’origine en utilisant des noms de domaine) et la disponibilité (car il est hébergé/toujours en service) tandis que nous passerons de l’architecture client/serveur du Web actuel à l’architecture de pair à pair de la prochaine génération d’Internet.
  • Les fournisseurs de services doivent, naturellement, être libres d’étendre les fonctionnalités du système tant qu’ils partagent les améliorations en les remettant dans les biens communs (« partage à l’identique »), évitant ainsi le verrouillage. Afin de fournir des services au-dessus et au-delà des services de base fondés sur les biens communs, les organisations individuelles doivent leur attribuer un prix et faire payer les services selon leur valeur ajoutée. De cette manière, nous pouvons construire une économie saine basée sur la compétition reposant sur un socle éthiquement sain à la place du système de monopoles que nous rencontrons aujourd’hui reposant sur une base éthiquement pourrie.
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    "Dans son manifeste récent Mark Zuckerberg mettait en valeur sa vision d'une colonie mondiale centralisée dont les règles seraient dictées par l'oligarchie de la Silicon Valley. J'affirme que nous devons faire exactement l'inverse et œuvrer à un monde fondé sur la souveraineté individuelle et un patrimoine commun sain."
Aurialie Jublin

TRIBUNE. Comment la France s'est vendue aux Gafam - Le Point - 0 views

  • L'histoire du déclin du numérique français est une tragédie en trois actes. Il y eut d'abord les «  30 honteuses du numérique  », où une petite élite arrogante et dénuée de vision stratégique a démantelé notre industrie informatique et électronique grand public. Elle a débranché les travaux de recherches les plus intéressants et laissé nos meilleurs développeurs partir à l'étranger faute de pouvoir les associer à des projets ambitieux. Vient ensuite la capitulation vis-à-vis des grands acteurs américains. Ainsi, de nombreux politiques et hauts fonctionnaires français leur ont permis d'intégrer leurs technologies au cœur des prérogatives régaliennes de l'État : défense, renseignement, éducation, sécurité, mais aussi culture. Plusieurs d'entre eux quitteront leurs fonctions pour aller rejoindre ces sociétés. Le troisième acte se joue en ce moment. Alors que nos dirigeants se préparent à une vente à la découpe, il reste cependant un mince espoir d'inventer une autre manière d'utiliser le réseau plus en phase avec nos principes et nos valeurs. Mais pouvons-nous encore changer la doctrine des politiques numériques de la France  ? Quand on écoute nos hommes politiques, le déclassement de l'Europe vis-à-vis de l'Internet est présenté comme une fatalité. Un accident de l'Histoire à l'issue duquel les clés du monde de demain auraient été données aux États-Unis et à la Chine.
  • Nous aurions pu avoir un autre destin, car si les États-Unis avaient la vision et l'argent, c'est en Europe qu'ont été inventées deux des briques fondamentales de l'Internet : Linux et le Web. Mais à la différence du standard GSM, ces dernières ont eu le malheur d'être conçues par des individus talentueux hors des grandes institutions. Snobés chez nous, ces deux projets deviendront le moteur des plateformes numériques américaines et chinoises et l'instrument de leur domination mondiale.
  • Tout commence dans les années 70, avec l'abandon du réseau Cyclades de Louis Pouzin au profit du Minitel. Louis Pouzin en est le concepteur et il est l'inventeur de la segmentation des données en «  Datagramme  ». Il sera récompensé (avec Tim Berners-Lee et Vinton Cerf) par la reine d'Angleterre pour ses contributions essentielles à la création de l'Internet et il reste à ce jour un inconnu du grand public en France. Il faudra attendre 1994 pour que nos chercheurs acceptent enfin de s'intéresser à autre chose qu'à des technologies incompatibles avec l'Internet.
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  • Quasiment au même moment, Alcatel décide de transférer ses usines vers la Chine. Son PDG veut appliquer la stratégie du «  fabless  », à savoir délocaliser la production tout en conservant le design en France. Ce sera une grossière erreur d'analyse. Lorsque les smartphones deviennent un succès international, la France n'a plus de capacités industrielles dans ce secteur, alors qu'elle était l'un des principaux fabricants dans le monde.
  • Alors que la Silicon Valley parie sur les talents et les start-up, la France préfère s'embourber dans des grands projets institutionnels sans avenir. Mais ces projets permettent aux politiques de faire des annonces et aux industriels déjà établis de bénéficier de la manne de l'argent public. Ainsi, le projet Quaero, qui visait à créer un «  Google Européen  », a été lancé par Jacques Chirac. Il terminera rapidement dans les oubliettes technologiques. Plus récemment, le Cloud souverain, qui se targuait d'être la réponse française à Amazon et Microsoft, sera abandonné en rase campagne puis revendu (et sans ironie aucune)… au chinois Huawei. Au final, beaucoup d'argent aura été dépensé soit pour concurrencer l'Internet lui-même soit pour contourner les start-up qui voulaient développer des solutions alternatives aux Gafam. C'est une génération entière d'entrepreneurs et de chercheurs que l'on a écartés pour redéfinir la politique industrielle du secteur. Tout récemment, le rapport sur l'intelligence artificielle de Cédric Villani n'a pas fait mention des deux meilleures solutions open sources dans le domaine : SciKit Learn et Keras qui se trouvent être… françaises.
  • L'acte deux commence avec le quinquennat Hollande. Un changement d'attitude va s'opérer vis-à-vis des grandes plateformes. La défaite est désormais entérinée en coulisses. Il ne s'agit plus d'exister au niveau mondial, mais de négocier avec les Gafam tout en faisant mine de s'indigner publiquement de leurs abus de position dominante.
  • Microsoft est devenue le partenaire de l'Éducation nationale, et Google le parrain de la Grande École du Numérique. La société de Big Data Palantir, proche des services secrets américains, a conclu un contrat avec la DGSI (et peut-être la DGSE  ?), et elle est également présente chez Airbus. Enfin, à l'échelon des collectivités territoriales, les régions vont s'appuyer sur Facebook pour «  la formation au numérique  ».Comment, dans ces conditions, se plaindre des conséquences des réseaux sociaux et de l'impact des Gafam sur notre démocratie quand nous leur avons ouvert si largement les portes de l'État  ?
  • En effet, ce gouvernement prend un risque inconsidéré en pariant notre avenir sur une hypothétique transformation numérique autour de «  l'intelligence artificielle  ». Si nous ne nous donnons pas les moyens de réguler la manière dont ses entreprises et ce type de technologies fonctionnent, nous pourrions détruire notre modèle social en tentant de copier ceux de la Chine ou des États-Unis. L'ironie du sort veut que, désormais, certains industriels et chercheurs américains s'appuient sur l'Europe et sa réglementation sur les données personnelles pour sortir d'un modèle numérique qui n'est pas «  durable  ». Aux États-Unis, le ministère de la Santé a ainsi lancé une grande étude sur l'impact des écrans et le Sénat a analysé, dans un rapport très détaillé, les manipulations des réseaux sociaux qui ont eu lieu lors de la dernière campagne présidentielle.
  • Il existe pourtant un scénario de sortie de crise. En effet, la meilleure réponse à la crise de confiance systémique vis-à-vis des Gafam est de soutenir les mouvements autour des technologies «  éthiques  ». Il s'agit d'un nouveau terrain de croissance industrielle pour l'Europe, comme le Bio l'a été pour l'agriculture. De nombreux entrepreneurs réfléchissent à d'autres façons de concevoir la technologie, s'appuyant beaucoup moins sur la donnée et créant moins d'intrusions vis-à-vis de leurs utilisateurs. C'est le mouvement autour des logiciels éthiques et du Slow Web. Ce mouvement, qui s'est réuni en septembre dernier à Copenhague, souhaite définir un meilleur équilibre entre usage numérique et monde réel pour ne pas rendre ces technologies aliénantes. Il prône notamment l'arrêt de certaines pratiques toxiques comme le profilage (micro targeting) ou la manipulation de nos émotions via des messages ciblés sur nos mobiles dont nous avons vu les conséquences désastreuses lors du référendum sur le Brexit ou l'élection américaine.
  • Nous devons désormais exiger que les choix technologiques faits par l'État (comme les décisions politiques dans ces domaines) soient lisibles et compréhensibles par l'ensemble des citoyens… Car s'il s'agit de faire de la France une colonie numérique des plateformes et qui ne profiterait qu'à une petite bourgeoisie d'Internet, alors il faudra le dire clairement  
  • Il est temps également de voir émerger une nouvelle forme de résistance citoyenne. Car l'usage de ces technologies n'est pas neutre, la substitution de l'action de l'État par des algorithmes rend caduque l'égalité de traitement entre chaque Français. Le remplacement de nos services publics par un «  État plateforme  » totalitaire (à l'instar du «  Crédit social  » qui voit chaque Chinois recevoir une note qui détermine leur capacité à se déplacer ou à obtenir un crédit) n'est pas la vision que nous souhaitons promouvoir. C'est pourtant ce qui se prépare dans certains cabinets ministériels lorsqu'il est question d'État plateforme…
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    "Pour le pionnier du Web français Tariq Krim, l'histoire du déclin du numérique français est une tragédie en 3 actes. Il existe pourtant une sortie de crise."
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