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Aurialie Jublin

Tout ce que dit Mark Zuckerberg sur Facebook dans sa tribune est vrai* - Numerama - 0 views

  • Dans ces lignes, tout est effectivement vrai : Le « produit Facebook » n’est pas son business model (Facebook est un service pour mettre en relation les particuliers entre eux et les particuliers avec des professionnels). Facebook ne vend pas vos données à des tiers (ce serait céder son trésor de guerre qui, du coup perdrait énormément de valeur). Facebook n’a pas d’intérêt à favoriser des contenus « appât à clic » sur sa plateforme (il n’est pas apprécié par ses utilisateurs et n’a qu’une durée de vie à court terme qui n’est pas rémunératrice) Facebook n’a pas intérêt à garder les contenus de haine sur sa plateforme (il n’est pas rémunéré, car les marques qui font de la pub ne s’y associent pas). Humains et algorithmes ont une tâche encore jamais vue dans l’histoire, pour modérer une quantité de données colossale et font encore des erreurs même s’ils cherchent à faire de leur mieux.
  • Par exemple, quand il est question de vendre des données pour la publicité, il est évident que Facebook ne les vend pas : il n’a aucun intérêt, en tant qu’entreprise, à faire sortir ce précieux trésor de son enclave. Si Facebook vendait vos données à une marque, pourquoi paierait-elle Facebook la fois d’après, pour vendre ses produits ? Et pourtant, une fois cette tournure exclue, on se rappelle que Facebook vend un droit d’utilisation de ces profils publicitaires ciblés. Ce qui, pour l’utilisateur, est exactement la même chose en termes d’expérience : il va être pressé par la publicité ciblée.
  • Oui, des données collectées par Facebook ont été sorties illégalement et utilisées illégalement — c’est toute l’affaire Cambridge Analytica. Oui, tout logiciel, même sur le web, contient des bugs, des failles de sécurité ou des problèmes de fonctionnement qui peuvent entraîner une perte de données — Facebook, comme Google, n’est pas épargné. La question est donc plutôt à reposer en ces termes : de quelles données a-t-on vraiment besoin pour faire tourner un business  ? Peut-on prendre le risque de collecter autant d’information, parce que l’on peut ? Et si Mark Zuckerberg semble croire que ce profilage permet un meilleur ciblage et une plus grande satisfaction des internautes, l’esprit du privacy by design qui semble prendre de l’ampleur dans le web dit tout au contraire qu’il n’y a aucun intérêt, ni économique ni pratique, à s’embarrasser de données inutiles.
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  • La tribune de Mark Zuckerberg n’est donc pas fausse, mais elle parle d’un Facebook dans un best case scenario. Alors oui, si tout se passait bien, Facebook serait utilisé pour rapprocher les gens et se rémunérerait avec de la publicité tout juste ciblée qui rendrait tout le monde plus heureux. Mais les affaires à répétition, mises en évidence depuis que la presse s’intéresse sérieusement aux acteurs du web, montrent que ce scénario idéal n’existe pas. S’il veut grandir et être une meilleure version de lui-même pour ses 25 ans, au lieu de répéter qu’il n’est pas dangereux par essence, Facebook devrait au contraire mettre les deux pieds dans le plat et affronter son pire cauchemar : qu’est-ce qu’il se passe si tout va mal ?
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    "*mais c'est ce qu'il ne dit pas qui nous intéresse. Pour la nouvelle année, Facebook a lancé en Europe et aux États-Unis un plan de communication articulée autour d'une tribune de son CEO, Mark Zuckerberg. En France, c'est le quotidien Le Monde qui a eu la primeur sur la parole du fondateur du réseau social - et a réservé la tribune à ses abonnés, comme d'autres médias. Une version gratuite en anglais est disponible à cette adresse pour qui souhaiterait se confronter directement à la prose de M. Zuckerberg."
Aurialie Jublin

« Dans mon livre, j'ai imaginé un mélange entre l'ONU et Google » - 0 views

  • Un autre anachronisme consiste à penser que plus un pays est grand géographiquement, plus il est puissant. La situation économique et l’étendue du territoire sont de moins en moins intriqués. Je trouve plus intéressant d’imaginer une organisation plus flexible, qui donne à chaque personne la possibilité de choisir le gouvernement qu’elle souhaite.
  • L’Etat-nation, c’est l’idée que nous avons une identité liée à l’Etat plutôt qu’à notre ethnie, à notre religion ou à notre langue. C’est un progrès mais ce n’est qu’une étape si nous voulons échapper au déterminisme de nos identités liés à nos gènes, à notre naissance. Cette étape continue à nous lier par notre naissance puisque, si l’on n’a pas beaucoup d’argent, il reste très difficile de changer de nationalité. Il faut continuer à chercher d’autres étapes pour définir une autre identité, plus globale, en tant qu'être vivant. D’un point de vue écologique, il faut aussi se mettre à penser comme élément d’un écosystème
  • Oui, il y a une grande bureaucratie centrale qui facilite tout ça, qui s’appelle tout simplement « Information ». C’est une espèce de mélange entre l’ONU et Google, qui gère toute l’information dans le monde. Elle permet d’amener l’information à tout le monde tout en exerçant une surveillance globale. C’est une organisation très puissante. L’idée est d’interroger la possibilité et le bien-fondé d’une telle organisation globale, qui se réclame d’une neutralité en réalité impossible.
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  • Aujourd’hui, en France comme aux Etats-Unis et dans la plupart des démocraties, il y a le même problème d’un gouvernement devenu monolithique, qui n’offre que peu de choix et peu d’alternatives aux citoyens. Il y a également ce problème de la fragmentation de l’information et des « bulles » d’information favorisées par les réseaux sociaux comme Twitter, qui renforcent mes opinions en me suggérant de suivre seulement des gens qui me ressemblent et qui ne me permettent plus de distinguer ce qui relève d’une information ou d’une opinion.
  • Internet et les réseaux sociaux ont le potentiel d’être très « démocratisants ». J’ai imaginé une organisation qui éviterait cette fragmentation de l’information. Il faut explorer ka gestion de l’information comme bien public. Mais la question du contrôle d’un tel organisme soulèvet évidemment des difficultés…
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    "Le rattachement à un gouvernement par la géographie est aujourd'hui un anachronisme. Ça ne fait plus sens. J'ai travaillé dans beaucoup de pays connaissant des mouvements de sécession régionale ; presque tous les pays du monde sont concernés. C'est un gros problème pour la démocratie. On a d'un coté des populations qui ne se sentent plus appartenir à l'État-nation, qui veulent en sortir, et de l'autre des migrants qui veulent y entrer. C'est une contradiction fondamentale qu'il faut repenser. Ça ne marche plus d'avoir des frontières fixes qui ne changent pas avec les générations, et qui cherchent à conserver un peuple ayant un sentiment cohérent d'appartenance. C'est ridicule. C'est une résistance à l'idée que le monde change, que la démographie change, ainsi que les idées des gens."
Aurialie Jublin

Contributopia : Dégoogliser ne suffit pas ! Peut-on faire du libre sans visio... - 0 views

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    "Peut-on faire du libre sans vision politique ? Suite à sa campagne « Dégooglisons Internet » (oct 2014 - oct 2017), l'association a fait le bilan, calmement. Et il n'est pas brillant. En quelques années, les GAFAM/BATX/NATU (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi, Netflix, AirBnb, Tesla, Uber) ont « colonisé » le monde, en formatant nos interactions, en normalisant nos relations, en orientant nos consommations, en contrôlant notre pouvoir d'agir. À l'œuvre derrière cette mécanique, une mutation économique et sociale : le capitalisme de surveillance. Avec sa nouvelle feuille de route « Contributopia », Framasoft souhaite mettre en place des outils et accompagner des dynamiques collectives qui permettraient de pouvoir agir plutôt que de subir. Il ne s'agit plus seulement de savoir « ce que nous refusons » (le logiciel propriétaire, les attaques contre nos libertés fondamentales, etc.), mais aussi de définir « quel monde nous souhaitons », et comment le logiciel libre et les communs peuvent nous aider à y le mettre en œuvre. Nous essaierons donc de poser les faits qui démontrent que l'open source se porte (très) bien mais que le logiciel libre (= open source + valeurs + éthique) soit dans une ornière depuis plusieurs années. Pour sortir de l'ornière, mais aussi de l'épuisement, ne devrions-nous pas faire un pas de côté et réinterroger les pratiques, les fonctionnements et les visions de nos communautés libristes ? Ne plus voir le logiciel libre comme une fin en soi nous permettant de nous libérer nous (libristes), mais comme un outil inspirant capable de favoriser l'émancipation de toutes et tous, et d'accélérer des transformations sociales positives ? La question politique a toujours été centrale dans le mouvement du logiciel libre, mais les questions économiques, techniques et juridiques - elles aussi profondément politiques, mais évitant soigneusement notre capacit
Aurialie Jublin

Let's make private data into a public good - MIT Technology Review - 0 views

  • Why is this a problem? Well, maybe because these giants are making huge profits from technologies originally created with taxpayer money. Google’s algorithm was developed with funding from the National Science Foundation, and the internet came from DARPA funding. The same is true for touch-screen displays, GPS, and Siri. From this the tech giants have created de facto monopolies while evading the type of regulation that would rein in monopolies in any other industry. And their business model is built on taking advantage of the habits and private information of the taxpayers who funded the technologies in the first place.
  • Apologists like to portray the internet giants as forces for good. They praise the sharing economy in which digital platforms empower people via free access to everything from social networking to GPS navigation to health monitoring. But Google doesn’t give us anything for free. It’s really the other way around—we’re handing over to Google exactly what it needs. When you use Google’s services it might feel as if you’re getting something for nothing, but you’re not even the customer—you’re the product. The bulk of Google’s profits come from selling advertising space and users’ data to firms. Facebook’s and Google’s business models are built on the commodification of personal data, transforming our friendships, interests, beliefs, and preferences into sellable propositions.
  • And because of network effects, the new gig economy doesn’t spread the wealth so much as concentrate it even more in the hands of a few firms (see Rein in the Data Barons). Like the internal-combustion engine or the QWERTY keyboard, a company that establishes itself as the leader in a market achieves a dominance that becomes self-perpetuating almost automatically.
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  • The low tax rates that technology companies are typically paying on these large rewards are also perverse, given that their success was built on technologies funded and developed by high-risk public investments: if anything, companies that owe their fortunes to taxpayer-funded investment should be repaying the taxpayer, not seeking tax breaks.
  • We should ask how the value of these companies has been created, how that value has been measured, and who benefits from it. If we go by national accounts, the contribution of internet platforms to national income (as measured, for example, by GDP) is represented by the advertisement-related services they sell. But does that make sense? It’s not clear that ads really contribute to the national product, let alone to social well-being—which should be the aim of economic activity. Measuring the value of a company like Google or Facebook by the number of ads it sells is consistent with standard neoclassical economics, which interprets any market-based transaction as signaling the production of some kind of output—in other words, no matter what the thing is, as long as a price is received, it must be valuable. But in the case of these internet companies, that’s misleading: if online giants contribute to social well-being, they do it through the services they provide to users, not through the accompanying advertisements.
  • This way we have of ascribing value to what the internet giants produce is completely confusing, and it’s generating a paradoxical result: their advertising activities are counted as a net contribution to national income, while the more valuable services they provide to users are not.
  • Let’s not forget that a large part of the technology and necessary data was created by all of us, and should thus belong to all of us. The underlying infrastructure that all these companies rely on was created collectively (via the tax dollars that built the internet), and it also feeds off network effects that are produced collectively. There is indeed no reason why the public’s data should not be owned by a public repository that sells the data to the tech giants, rather than vice versa. But the key issue here is not just sending a portion of the profits from data back to citizens but also allowing them to shape the digital economy in a way that satisfies public needs. Using big data and AI to improve the services provided by the welfare state—from health care to social housing—is just one example.
  • Only by thinking about digital platforms as collective creations can we construct a new model that offers something of real value, driven by public purpose. We’re never far from a media story that stirs up a debate about the need to regulate tech companies, which creates a sense that there’s a war between their interests and those of national governments. We need to move beyond this narrative. The digital economy must be subject to the needs of all sides; it’s a partnership of equals where regulators should have the confidence to be market shapers and value creators. 
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    "The internet giants depend on our data. A new relationship between us and them could deliver real value to society."
Aurialie Jublin

There is a leftwing way to challenge big tech for our data. Here it is | Evgeny Morozov... - 0 views

  • There is also an emerging leftwing undercurrent to this movement. The idea of a new approach to data ownership, including the possibility of a national data trust, has gained some currency with the Labour party. Writing in Handelsblatt, Germany’s leading business paper, the Social Democrat leader, Andrea Nahles, argued that technology firms should be forced to share their data with the rest of society, so as not to impede social progress. She compared big tech to big pharma, which, thanks to legal interventions, cannot enjoy indefinite exclusive rights over its intellectual property.
  • A reasonable position, it seems. Yet to be credible and effective, the leftwing distributist agenda needs to overcome a great obstacle: citizens’ falling trust in the state as a vehicle of advancing their interests.
  • Handing more data to state institutions that already thrive on excessive surveillance would not restore that trust. Then there’s always the temptation that such data will be used for state-approved social engineering otherwise known as “nudging” and “behavioural change”. Giving government institutions even more data will only fuel the “deep state” conspiracy theories of the fringe rightwing groups.
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  • The true challenge for the data distributist left is, thus, to find a way to distribute power, not just data. It must mobilise the nation state to turn cities into the harbingers of a new, radical democracy keen on deploying socialised big data and artificial intelligence in the interests of citizens. Without such an emphasis on radical empowerment, the data distributism of the left will only be a boon to the loony far right.
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    "Only with radical empowerment can we as citizens halt further intrusion from Google and co"
Aurialie Jublin

A Toronto, le projet de « Google City » sort du bois - 0 views

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    Sidewalk Labs, filiale d'Alphabet, a dévoilé mi-août les premières images de la ville futuriste qu'elle entend développer dans la métropole canadienne.
Aurialie Jublin

Microsoft Bug Testers Unionized. Then They Were Dismissed - Bloomberg - 0 views

  • In California, Uber, Lyft, TaskRabbit, and a half-dozen other companies are lobbying to defang a court ruling that could make it difficult to avoid reclassifying such workers as employees. And in Washington, the Republican-dominated National Labor Relations Board has made moves to undo an Obama-era precedent that could make big employers legally liable for contract workers even if they have only indirect control over them.The GOP takeover in Washington is one reason the Temporary Workers of America, a union of bug testers for Microsoft Corp., gave up on what had been, for people in the software world, an almost unheard of unionization victory, says the group’s founder, Philippe Boucher.
  • Boucher and his ex-colleagues are among a growing population of tech workers, including many Uber drivers, Amazon.com warehouse loaders, and Google software engineers, who lack the rights and perks of those companies’ full-fledged employees.
  • Google parent Alphabet Inc. now has fewer direct employees than it does contract workers, some of whom write code and test self-driving cars.
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  • “Companies are deciding they don’t want to make long-term commitments to people, and they’re using a variety of devices to shift that work out,” says David Weil, dean of Brandeis University’s social policy and management school who oversaw federal wage-and-hour enforcement during the Obama presidency.
  • To help demonstrate that Microsoft was a joint employer, the union provided documents such as an email appearing to show a Lionbridge manager sharing performance metrics with Microsoft counterparts and a list of Microsoft managers who worked in the same office and oversaw Lionbridge employees’ work—at least one of whom listed his management of contractors on his LinkedIn résumé.
Aurialie Jublin

"I Was Devastated": Tim Berners-Lee, the Man Who Created the World Wide Web, Has Some R... - 2 views

  • Initially, Berners-Lee’s innovation was intended to help scientists share data across a then obscure platform called the Internet, a version of which the U.S. government had been using since the 1960s. But owing to his decision to release the source code for free—to make the Web an open and democratic platform for all—his brainchild quickly took on a life of its own.
  • He also envisioned that his invention could, in the wrong hands, become a destroyer of worlds, as Robert Oppenheimer once infamously observed of his own creation. His prophecy came to life, most recently, when revelations emerged that Russian hackers interfered with the 2016 presidential election, or when Facebook admitted it exposed data on more than 80 million users to a political research firm, Cambridge Analytica, which worked for Donald Trump’s campaign. This episode was the latest in an increasingly chilling narrative. In 2012, Facebook conducted secret psychological experiments on nearly 700,000 users. Both Google and Amazon have filed patent applications for devices designed to listen for mood shifts and emotions in the human voice.
  • This agony, however, has had a profound effect on Berners-Lee. He is now embarking on a third act—determined to fight back through both his celebrity status and, notably, his skill as a coder. In particular, Berners-Lee has, for some time, been working on a new platform, Solid, to reclaim the Web from corporations and return it to its democratic roots.
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  • What made the Web powerful, and ultimately dominant, however, would also one day prove to be its greatest vulnerability: Berners-Lee gave it away for free; anyone with a computer and an Internet connection could not only access it but also build off it. Berners-Lee understood that the Web needed to be unfettered by patents, fees, royalties, or any other controls in order to thrive. This way, millions of innovators could design their own products to take advantage of it.
  • “Tim and Vint made the system so that there could be many players that didn’t have an advantage over each other.” Berners-Lee, too, remembers the quixotism of the era. “The spirit there was very decentralized. The individual was incredibly empowered. It was all based on there being no central authority that you had to go to to ask permission,” he said. “That feeling of individual control, that empowerment, is something we’ve lost.”
  • The power of the Web wasn’t taken or stolen. We, collectively, by the billions, gave it away with every signed user agreement and intimate moment shared with technology. Facebook, Google, and Amazon now monopolize almost everything that happens online, from what we buy to the news we read to who we like. Along with a handful of powerful government agencies, they are able to monitor, manipulate, and spy in once unimaginable ways.
  • The idea is simple: re-decentralize the Web. Working with a small team of developers, he spends most of his time now on Solid, a platform designed to give individuals, rather than corporations, control of their own data. “There are people working in the lab trying to imagine how the Web could be different. How society on the Web could look different. What could happen if we give people privacy and we give people control of their data,” Berners-Lee told me. “We are building a whole eco-system.”
  • For now, the Solid technology is still new and not ready for the masses. But the vision, if it works, could radically change the existing power dynamics of the Web. The system aims to give users a platform by which they can control access to the data and content they generate on the Web. This way, users can choose how that data gets used rather than, say, Facebook and Google doing with it as they please. Solid’s code and technology is open to all—anyone with access to the Internet can come into its chat room and start coding.
  • It’s still the early days for Solid, but Berners-Lee is moving fast. Those who work closely with him say he has thrown himself into the project with the same vigor and determination he employed upon the Web’s inception. Popular sentiment also appears to facilitate his time frame. In India, a group of activists successfully blocked Facebook from implementing a new service that would have effectively controlled access to the Web for huge swaths of the country’s population. In Germany, one young coder built a decentralized version of Twitter called Mastodon. In France, another group created Peertube as a decentralized alternative to YouTube.
  • Berners-Lee is not the leader of this revolution—by definition, the decentralized Web shouldn’t have one—but he is a powerful weapon in the fight. And he fully recognizes that re-decentralizing the Web is going to be a lot harder than inventing it was in the first place.
  • But laws written now don’t anticipate future technologies. Nor do lawmakers—many badgered by corporate lobbyists—always choose to protect individual rights. In December, lobbyists for telecom companies pushed the Federal Communications Commission to roll back net-neutrality rules, which protect equal access to the Internet. In January, the U.S. Senate voted to advance a bill that would allow the National Security Agency to continue its mass online-surveillance program. Google’s lobbyists are now working to modify rules on how companies can gather and store biometric data, such as fingerprints, iris scans, and facial-recognition images.
  • It’s hard to believe that anyone—even Zuckerberg—wants the 1984 version. He didn’t found Facebook to manipulate elections; Jack Dorsey and the other Twitter founders didn’t intend to give Donald Trump a digital bullhorn. And this is what makes Berners-Lee believe that this battle over our digital future can be won.
  • When asked what ordinary people can do, Berners-Lee replied, “You don’t have to have any coding skills. You just have to have a heart to decide enough is enough. Get out your Magic Marker and your signboard and your broomstick. And go out on the streets.” In other words, it’s time to rise against the machines.
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    "We demonstrated that the Web had failed instead of served humanity, as it was supposed to have done, and failed in many places," he told me. The increasing centralization of the Web, he says, has "ended up producing-with no deliberate action of the people who designed the platform-a large-scale emergent phenomenon which is anti-human." "While the problems facing the web are complex and large, I think we should see them as bugs: problems with existing code and software systems that have been created by people-and can be fixed by people." Tim Berners-Lee
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    "Berners-Lee has seen his creation debased by everything from fake news to mass surveillance. But he's got a plan to fix it."
Aurialie Jublin

It's Time to Break Up Facebook - The New York Times - 0 views

  • Mark’s influence is staggering, far beyond that of anyone else in the private sector or in government. He controls three core communications platforms — Facebook, Instagram and WhatsApp — that billions of people use every day. Facebook’s board works more like an advisory committee than an overseer, because Mark controls around 60 percent of voting shares. Mark alone can decide how to configure Facebook’s algorithms to determine what people see in their News Feeds, what privacy settings they can use and even which messages get delivered. He sets the rules for how to distinguish violent and incendiary speech from the merely offensive, and he can choose to shut down a competitor by acquiring, blocking or copying it.
  • Mark is a good, kind person. But I’m angry that his focus on growth led him to sacrifice security and civility for clicks. I’m disappointed in myself and the early Facebook team for not thinking more about how the News Feed algorithm could change our culture, influence elections and empower nationalist leaders. And I’m worried that Mark has surrounded himself with a team that reinforces his beliefs instead of challenging them.
  • We are a nation with a tradition of reining in monopolies, no matter how well intentioned the leaders of these companies may be. Mark’s power is unprecedented and un-American.It is time to break up Facebook.
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  • We already have the tools we need to check the domination of Facebook. We just seem to have forgotten about them.America was built on the idea that power should not be concentrated in any one person, because we are all fallible. That’s why the founders created a system of checks and balances. They didn’t need to foresee the rise of Facebook to understand the threat that gargantuan companies would pose to democracy. Jefferson and Madison were voracious readers of Adam Smith, who believed that monopolies prevent the competition that spurs innovation and leads to economic growth.
  • The Sherman Antitrust Act of 1890 outlawed monopolies. More legislation followed in the 20th century, creating legal and regulatory structures to promote competition and hold the biggest companies accountable. The Department of Justice broke up monopolies like Standard Oil and AT&T.
  • For many people today, it’s hard to imagine government doing much of anything right, let alone breaking up a company like Facebook. This isn’t by coincidence. Starting in the 1970s, a small but dedicated group of economists, lawyers and policymakers sowed the seeds of our cynicism. Over the next 40 years, they financed a network of think tanks, journals, social clubs, academic centers and media outlets to teach an emerging generation that private interests should take precedence over public ones. Their gospel was simple: “Free” markets are dynamic and productive, while government is bureaucratic and ineffective. By the mid-1980s, they had largely managed to relegate energetic antitrust enforcement to the history books.
  • It was this drive to compete that led Mark to acquire, over the years, dozens of other companies, including Instagram and WhatsApp in 2012 and 2014. There was nothing unethical or suspicious, in my view, in these moves.
  • Over a decade later, Facebook has earned the prize of domination. It is worth half a trillion dollars and commands, by my estimate, more than 80 percent of the world’s social networking revenue. It is a powerful monopoly, eclipsing all of its rivals and erasing competition from the social networking category. This explains why, even during the annus horribilis of 2018, Facebook’s earnings per share increased by an astounding 40 percent compared with the year before. (I liquidated my Facebook shares in 2012, and I don’t invest directly in any social media companies.)
  • Facebook’s dominance is not an accident of history. The company’s strategy was to beat every competitor in plain view, and regulators and the government tacitly — and at times explicitly — approved. In one of the government’s few attempts to rein in the company, the F.T.C. in 2011 issued a consent decree that Facebook not share any private information beyond what users already agreed to. Facebook largely ignored the decree. Last month, the day after the company predicted in an earnings call that it would need to pay up to $5 billion as a penalty for its negligence — a slap on the wrist — Facebook’s shares surged 7 percent, adding $30 billion to its value, six times the size of the fine.
  • As markets become more concentrated, the number of new start-up businesses declines. This holds true in other high-tech areas dominated by single companies, like search (controlled by Google) and e-commerce (taken over by Amazon). Meanwhile, there has been plenty of innovation in areas where there is no monopolistic domination, such as in workplace productivity (Slack, Trello, Asana), urban transportation (Lyft, Uber, Lime, Bird) and cryptocurrency exchanges (Ripple, Coinbase, Circle).
  • Facebook’s business model is built on capturing as much of our attention as possible to encourage people to create and share more information about who they are and who they want to be. We pay for Facebook with our data and our attention, and by either measure it doesn’t come cheap.
  • The most problematic aspect of Facebook’s power is Mark’s unilateral control over speech. There is no precedent for his ability to monitor, organize and even censor the conversations of two billion people.Facebook engineers write algorithms that select which users’ comments or experiences end up displayed in the News Feeds of friends and family. These rules are proprietary and so complex that many Facebook employees themselves don’t understand them.
  • Facebook has responded to many of the criticisms of how it manages speech by hiring thousands of contractors to enforce the rules that Mark and senior executives develop. After a few weeks of training, these contractors decide which videos count as hate speech or free speech, which images are erotic and which are simply artistic, and which live streams are too violent to be broadcast. (The Verge reported that some of these moderators, working through a vendor in Arizona, were paid $28,800 a year, got limited breaks and faced significant mental health risks.)
  • As if Facebook’s opaque algorithms weren’t enough, last year we learned that Facebook executives had permanently deleted their own messages from the platform, erasing them from the inboxes of recipients; the justification was corporate security concerns. When I look at my years of Facebook messages with Mark now, it’s just a long stream of my own light-blue comments, clearly written in response to words he had once sent me. (Facebook now offers this as a feature to all users.)
  • Mark used to insist that Facebook was just a “social utility,” a neutral platform for people to communicate what they wished. Now he recognizes that Facebook is both a platform and a publisher and that it is inevitably making decisions about values. The company’s own lawyers have argued in court that Facebook is a publisher and thus entitled to First Amendment protection.
  • Mark knows that this is too much power and is pursuing a twofold strategy to mitigate it. He is pivoting Facebook’s focus toward encouraging more private, encrypted messaging that Facebook’s employees can’t see, let alone control. Second, he is hoping for friendly oversight from regulators and other industry executives.
  • In an op-ed essay in The Washington Post in March, he wrote, “Lawmakers often tell me we have too much power over speech, and I agree.” And he went even further than before, calling for more government regulation — not just on speech, but also on privacy and interoperability, the ability of consumers to seamlessly leave one network and transfer their profiles, friend connections, photos and other data to another.
  • Facebook isn’t afraid of a few more rules. It’s afraid of an antitrust case and of the kind of accountability that real government oversight would bring.
  • Mark may never have a boss, but he needs to have some check on his power. The American government needs to do two things: break up Facebook’s monopoly and regulate the company to make it more accountable to the American people.First, Facebook should be separated into multiple companies. The F.T.C., in conjunction with the Justice Department, should enforce antitrust laws by undoing the Instagram and WhatsApp acquisitions and banning future acquisitions for several years. The F.T.C. should have blocked these mergers, but it’s not too late to act. There is precedent for correcting bad decisions — as recently as 2009, Whole Foods settled antitrust complaints by selling off the Wild Oats brand and stores that it had bought a few years earlier.
  • Still others worry that the breakup of Facebook or other American tech companies could be a national security problem. Because advancements in artificial intelligence require immense amounts of data and computing power, only large companies like Facebook, Google and Amazon can afford these investments, they say. If American companies become smaller, the Chinese will outpace us.While serious, these concerns do not justify inaction. Even after a breakup, Facebook would be a hugely profitable business with billions to invest in new technologies — and a more competitive market would only encourage those investments. If the Chinese did pull ahead, our government could invest in research and development and pursue tactical trade policy, just as it is doing today to hold China’s 5G technology at bay.
  • The cost of breaking up Facebook would be next to zero for the government, and lots of people stand to gain economically. A ban on short-term acquisitions would ensure that competitors, and the investors who take a bet on them, would have the space to flourish. Digital advertisers would suddenly have multiple companies vying for their dollars.
  • But the biggest winners would be the American people. Imagine a competitive market in which they could choose among one network that offered higher privacy standards, another that cost a fee to join but had little advertising and another that would allow users to customize and tweak their feeds as they saw fit. No one knows exactly what Facebook’s competitors would offer to differentiate themselves. That’s exactly the point.
  • Just breaking up Facebook is not enough. We need a new agency, empowered by Congress to regulate tech companies. Its first mandate should be to protect privacy.The Europeans have made headway on privacy with the General Data Protection Regulation, a law that guarantees users a minimal level of protection. A landmark privacy bill in the United States should specify exactly what control Americans have over their digital information, require clearer disclosure to users and provide enough flexibility to the agency to exercise effective oversight over time. The agency should also be charged with guaranteeing basic interoperability across platforms.
  • Finally, the agency should create guidelines for acceptable speech on social media. This idea may seem un-American — we would never stand for a government agency censoring speech. But we already have limits on yelling “fire” in a crowded theater, child pornography, speech intended to provoke violence and false statements to manipulate stock prices. We will have to create similar standards that tech companies can use. These standards should of course be subject to the review of the courts, just as any other limits on speech are. But there is no constitutional right to harass others or live-stream violence.
  • These are difficult challenges. I worry that government regulators will not be able to keep up with the pace of digital innovation. I worry that more competition in social networking might lead to a conservative Facebook and a liberal one, or that newer social networks might be less secure if government regulation is weak. But sticking with the status quo would be worse: If we don’t have public servants shaping these policies, corporations will.
  • Similarly, the Justice Department’s 1970s suit accusing IBM of illegally maintaining its monopoly on personal computer sales ended in a stalemate. But along the way, IBM changed many of its behaviors. It stopped bundling its hardware and software, chose an extremely open design for the operating system in its personal computers and did not exercise undue control over its suppliers. Professor Wu has written that this “policeman at the elbow” led IBM to steer clear “of anything close to anticompetitive conduct, for fear of adding to the case against it.”
  • Finally, an aggressive case against Facebook would persuade other behemoths like Google and Amazon to think twice about stifling competition in their own sectors, out of fear that they could be next. If the government were to use this moment to resurrect an effective competition standard that takes a broader view of the full cost of “free” products, it could affect a whole host of industries.
  • I take responsibility for not sounding the alarm earlier. Don Graham, a former Facebook board member, has accused those who criticize the company now as having “all the courage of the last man leaping on the pile at a football game.” The financial rewards I reaped from working at Facebook radically changed the trajectory of my life, and even after I cashed out, I watched in awe as the company grew. It took the 2016 election fallout and Cambridge Analytica to awaken me to the dangers of Facebook’s monopoly. But anyone suggesting that Facebook is akin to a pinned football player misrepresents its resilience and power.
  • This movement of public servants, scholars and activists deserves our support. Mark Zuckerberg cannot fix Facebook, but our government can.
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    "Since then, Mark's personal reputation and the reputation of Facebook have taken a nose-dive. The company's mistakes - the sloppy privacy practices that dropped tens of millions of users' data into a political consulting firm's lap; the slow response to Russian agents, violent rhetoric and fake news; and the unbounded drive to capture ever more of our time and attention - dominate the headlines. It's been 15 years since I co-founded Facebook at Harvard, and I haven't worked at the company in a decade. But I feel a sense of anger and responsibility."
Aurialie Jublin

Jaron Lanier: How we need to remake the internet | TED Talk - 0 views

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    "In the early days of digital culture, Jaron Lanier helped craft a vision for the internet as public commons where humanity could share its knowledge -- but even then, this vision was haunted by the dark side of how it could turn out: with personal devices that control our lives, monitor our data and feed us stimuli. (Sound familiar?) In this visionary talk, Lanier reflects on a "globally tragic, astoundingly ridiculous mistake" companies like Google and Facebook made at the foundation of digital culture -- and how we can undo it. "We cannot have a society in which, if two people wish to communicate, the only way that can happen is if it's financed by a third person who wishes to manipulate them," he says."
Aurialie Jublin

Réseaux sociaux : « Les utilisateurs sont conscients de leur dépendance aux a... - 0 views

  • Il y a eu une chute des audiences de Facebook depuis les révélations sur son implication dans la diffusion de « fake news » lors des dernières élections présidentielles américaines et l’affaire Cambridge Analytica. Les géants du numérique sont aujourd’hui globalement dans une tentative de reconquête, en affirmant qu’ils agiront de manière plus responsable, plus régulée.Mais leur objectif est aussi d’obtenir de nouvelles métriques pour affiner encore l’extraction intentionnelle des informations sur leurs utilisateurs. C’est sur ces méthodes d’exploitation que repose leur modèle : susciter l’attention, définir notre profil de données pour vendre ensuite de la publicité.
  • Comment changer les choses, plus globalement ?H. G. : Je pense qu’il faut porter cette question de l’attention sur le plan politique, en réglementant davantage. Nous appelons aussi, avec la Fondation Internet nouvelle génération (Fing), à nommer dans les entreprises du numérique, des médiateurs chargés des questions attentionnelles, pour qu’elles soient enfin prises au sérieux.
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    "Facebook a annoncé début août la mise en place en cours d'un outil permettant de mieux maîtriser le temps passé sur le réseau social. Google et Apple avaient déjà lancé ce genre d'option. Analyse d'Hubert Guillaud, spécialiste des questions d'attention sur les réseaux et responsable de la veille à la Fondation Internet nouvelle génération (Fing)."
Aurialie Jublin

Facebook n'est pas un réseau social, c'est un scanner qui nous numérise - Fra... - 0 views

  • Le modèle économique de Facebook, Google et de la cohorte des startups financées par le capital-risque de la Silicon Valley, j’appelle ça de l’élevage d’être humains. Facebook est une ferme industrielle pour les êtres humains. Et le manifeste de Mark n’est rien d’autre que la dernière tentative d’un milliardaire paniqué pour enjoliver un modèle d’affaires répugnant fondé sur la violation des droits humains avec l’objectif faussement moral de se débarrasser de la réglementation et de justifier un désir décomplexé de créer une seigneurie à l’échelle planétaire, en connectant chacun d’entre nous à Facebook, Inc.
  • Ce n’est pas le rôle d’une entreprise de « développer l’infrastructure sociale d’une communauté » comme Mark veut le faire. L’infrastructure sociale doit faire partie des biens communs, et non pas appartenir aux entreprises monopolistiques géantes comme Facebook. La raison pour laquelle nous nous retrouvons dans un tel bazar avec une surveillance omniprésente, des bulles de filtres et des informations mensongères (de la propagande) c’est que, précisément, la sphère publique a été totalement détruite par un oligopole d’infrastructures privées qui se présente comme un espace public.
  • Il est grand temps que nous commencions à financer et à construire l’équivalent numérique de parcs à l’ère du numérique au lieu de construire des centres commerciaux de plus en plus grands.
  • ...7 more annotations...
  • Nous ne pouvons plus nous offrir le luxe de ne pas comprendre la nature du « moi » à l’âge numérique. L’existence même de nos libertés et de la démocratie en dépend. Nous sommes (et nous le sommes depuis un moment maintenant) des organismes cybernétiques. Nous devons résister de toutes nos forces à toute tentative de réduire les personnes à des propriétés.
  • il s’ensuit que nous devons étendre les protections du moi au-delà de nos limites biologiques pour y inclure toutes ces technologies qui servent à nous prolonger. Par conséquent, toute tentative par des tierces parties de posséder, contrôler et utiliser ces technologies comme une marchandise est une tentative de posséder, contrôler et monétiser les éléments constitutionnels des individus comme des marchandises. Pour faire court, c’est une tentative de posséder, contrôler et utiliser les êtres humains comme des marchandises.
  • Inutile de dire que nous devons résister avec la plus grande vigueur à toute tentative de réduire les êtres humains à de la marchandise. Car ne pas le faire, c’est donner notre consentement tacite à une nouvelle servitude : une servitude qui ne fait pas commerce des aspects biologiques des êtres humains mais de leurs paramètres numériques. Les deux, bien sûr, n’existent pas séparément et ne sont pas réellement séparables lorsque la manipulation de l’un affecte nécessairement l’autre.
  • Il s’ensuit également que toute tentative de violation des limites de ce moi doit être considérée comme une attaque du moi cybernétique. C’est précisément cette violation qui constitue aujourd’hui le modèle économique quotidien de Facebook, Google et des majors de la technologie de la Sillicon Valley. Dans ce modèle, que Shoshana Zuboff appelle le capitalisme de surveillance, ce que nous avons perdu, c’est notre souveraineté individuelle. Les personnes sont à nouveau redevenues des possessions, bien que sous forme numérique et non biologique.
  • Imaginez un monde où chacun possède son propre espace sur Internet, fondé sur les biens communs. Cela représente un espace privé (un organe de notre être cybernétique) auquel nos appareils dits intelligents (qui sont aussi des organes), peuvent se connecter.
  • Au lieu d’envisager cet espace comme un nuage personnel, nous devons le considérer comme un nœud particulier, permanent, dans une infrastructure de pair à pair dans laquelle nos appareils divers (nos organes) se connectent les uns aux autres. En pratique, ce nœud permanent est utilisé pour garantir la possibilité de trouver la localisation (à l’origine en utilisant des noms de domaine) et la disponibilité (car il est hébergé/toujours en service) tandis que nous passerons de l’architecture client/serveur du Web actuel à l’architecture de pair à pair de la prochaine génération d’Internet.
  • Les fournisseurs de services doivent, naturellement, être libres d’étendre les fonctionnalités du système tant qu’ils partagent les améliorations en les remettant dans les biens communs (« partage à l’identique »), évitant ainsi le verrouillage. Afin de fournir des services au-dessus et au-delà des services de base fondés sur les biens communs, les organisations individuelles doivent leur attribuer un prix et faire payer les services selon leur valeur ajoutée. De cette manière, nous pouvons construire une économie saine basée sur la compétition reposant sur un socle éthiquement sain à la place du système de monopoles que nous rencontrons aujourd’hui reposant sur une base éthiquement pourrie.
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    "Dans son manifeste récent Mark Zuckerberg mettait en valeur sa vision d'une colonie mondiale centralisée dont les règles seraient dictées par l'oligarchie de la Silicon Valley. J'affirme que nous devons faire exactement l'inverse et œuvrer à un monde fondé sur la souveraineté individuelle et un patrimoine commun sain."
Aurialie Jublin

dWeb : vers un web (à nouveau) décentralisé ? | InternetActu.net - 0 views

  • Les partisans du web décentralisé, explique Corbyn, souhaitent promouvoir et développer un web qui ne dépendrait plus des grandes entreprises qui amassent nos données pour en tirer profit. Pour ses promoteurs (parmi lesquels on trouve Tim Berners-Lee, Brewster Kahle ou Ted Nelson…), l’enjeu est de revenir à un web originel, avant qu’il ne soit perverti par les grandes plateformes qui ont émergé avec le web 2.0. Redistribuer le web afin que les utilisateurs gardent le contrôle de leurs données, interagissent et échangent des messages directement avec les autres membres du réseau sans passer par des services centralisés : tel est l’enjeu du dWeb.
  • Dans une série de billets un peu techniques présentant des applications concrètes de ce nouveau web décentralisé, on découvre plusieurs solutions émergentes comme Scuttlebutt, un réseau social décentralisé qui repose sur un protocole chiffré qui permet de stocker ses messages en local afin de les partager avec d’autres utilisateurs en pair à pair ; WebTorrent, un lecteur de torrent qui fonctionne dans le navigateur ; ou encore IPFS, un protocole pour remplacer le protocole HTTP du web…
  • Si ce web décentralisé est encore balbutiant, ce mouvement a été largement renouvelé par le développement des protocoles blockchain. De nouvelles applications sont apparues, comme Stealthy (un système de messagerie instantanée décentralisée), OpenBazaar (une place de marché décentralisée), GraphiteDocs (une alternative à Google Doc), Textile (une alternative à Instagram), Matrix (une alternative à Slack), DTube (une alternative à YouTube)… On y trouve aussi bien sûr les alternatives décentralisées aux réseaux sociaux que sont Akasha et Diaspora… Et même un navigateur pour explorer le web en pair à pair : Beaker Browser basé sur le protocole dat (voire les explications).
  • ...13 more annotations...
  • Cet espace ressemble plutôt à une niche de geeks, à l’image des vidéos que l’on trouve sur DTube. La contestation de la centralisation ne suffira pas à faire décoller ce nouvel attrait pour la décentralisation, pointait-il avec pertinence.
  • Dans cet essai, intitulé « Information Civics » (qu’on pourrait traduire par la citoyenneté de l’information ou par l’éducation civique des réseaux), Frazee invite à reprendre le pouvoir sur les grands réseaux sociaux. Il rappelle combien nous sommes déconnectés de la gouvernance des grandes plateformes et que cette déconnexion est ce qui motive la réponse proposée par la décentralisation.
  • Paul Frazee rappelle néanmoins que toute décentralisation n’est pas démocratique pour autant. Il égratigne notamment la gouvernance de Bitcoin qui est plus ploutocratique qu’autre chose, donnant le pouvoir à ceux qui ont le plus de capital. Etherum a provoqué la colère de nombre de ses membres lorsque l’état du registre a été modifié pour contrer un piratage. Pour Frazee, cet exemple est également la preuve que des autorités existent en dehors du code du protocole. « Ces controverses montrent que nous pourrions avoir une vision incomplète de la gouvernance et de l’autorité ».
  • Peut-on considérer la décentralisation comme étant simplement une élimination de toute autorité ? Si c’était le cas, nous n’aurions pas à discuter d’éducation civique aux réseaux, estime-t-il. Pour lui, la décentralisation ne peut pas seulement reposer sur la maximalisation de la répartition du pouvoir, au risque de donner plus de pouvoir à certains qu’à d’autres.
  • Dans les applications centralisées comme Facebook ou Google, toute autorité est confiée au serveur. Pour Frazee, ils sont par essence des services autoritaires. Les utilisateurs n’ont aucun mécanisme à leur disposition pour contraindre ou ignorer les décisions du serveur. Aucune loi ne restreint la puissance du serveur. Dire qu’ils sont autoritaires n’est pas les dénigrer, c’est décrire leur conception politique. Cet autoritarisme est particulièrement saillant lors de controverses, comme lors de mécontentement des utilisateurs dû à des changements d’interfaces, lors de colères contre les politiques de modération, la conception d’algorithmes, le placement publicitaire ou l’utilisation des données personnelles des utilisateurs… Mais au-delà de leur indignation, les utilisateurs n’ont aucun pouvoir sur ces politiques autoritaires, qui, si elles apportent du confort, apportent aussi leur lot d’anxiété quant à la manipulation, la surveillance ou la censure. Dans ce système politique, pour l’utilisateur, se révolter consiste à changer de service, bien souvent au détriment de leurs données – perdues -, ce qui ne laisse en fait pas beaucoup de place à la révolte. En passant d’un service à un autre, « les utilisateurs ne trouvent aucune libération politique ».
  • Proposer des alternatives nécessite donc de distribuer l’autorité, à l’image des services P2P, des services d’adressage chiffrés, des blockchains… Chacune de ces méthodes n’empêche pas l’utilisation de serveurs centraux ni la formation d’autorités, mais vise à les réduire. Proposer de nouvelles applications nécessite également de nouveaux protocoles qui sont plus lents à changer et à se déployer. Mais au-delà des défis techniques et sociaux liés à la mise en application, il existe des défis politiques liés à trouver des accords sur ces nouvelles normes tout comme à trouver des processus de partage de pouvoir qui ne provoquent pas de dysfonctionnements.
  • Pour y remédier, Frazee propose de s’appuyer sur des « protocoles de réseaux constitutionnels », c’est-à-dire des protocoles qui appliquent automatiquement le code, comme dans les contrats intelligents. Le code est alors une constitution parce qu’elle fournit les règles pour le fonctionnement de l’autorité et que les utilisateurs peuvent s’assurer à tout moment que la constitution est respectée. « Le constitutionnalisme de réseaux a pour effet de transférer l’autorité de l’opérateur au code » : elle assure du processus, décrit des autorités et limites leurs possibilités d’action.
  •  Je crois en l’engagement civique. Nous disposons d’outils puissants qui encodent des valeurs et des droits. Nous devons transformer les architectures de pouvoir qui sont les nôtres. »
  • Pour améliorer la structure civique du web – le rendre plus démocratique -, il faut donc rééquilibrer les droits. Peut-on permettre que les clients (c’est-à-dire les ordinateurs de chacun) aient plus de droits que les serveurs, qu’ils aient le droit de publier, le droit d’avoir une identité, le droit de déployer du code (pour décider de comment ils souhaitent que leurs applications fonctionnent) ? Seuls les réseaux pair-à-pair déploient des noeuds avec des droits égaux, rappelle-t-il. Cette question n’est pas qu’une question technique, estime Frazee, c’est une question démocratique, une question civique. Les techniciens n’ont pas à résoudre les problèmes pour les gens, mais à laisser les gens résoudre ces problèmes comme ils veulent.
  • En février, l’entrepreneur et investisseur Chris Dixon (@cdixon) était déjà revenu sur l’importance de la décentralisation. Il rappelait que le premier internet était basé sur des protocoles décentralisés, mais qu’il avait été dépassé dans les années 2000 par des services qui avaient supplanté les capacités des protocoles ouverts, comme ceux des majors du web. Pour lui aussi, la centralisation est l’une des causes des tensions sociales qui s’expriment aujourd’hui que ce soit la désinformation, la surveillance, les brèches de données… Pour autant, souligne-t-il, les réseaux décentralisés ne résoudront pas tous les problèmes.
  • Pour Primavera De Filippi (@yaoeo) – qui a publié avec Aaron Wright, Blockchain and the law ainsi qu’un Que-sais-Je ? sur ces sujets -, le web décentralisé pose également des défis juridiques et de gouvernance : qui est responsable des problèmes quand tout est décentralisé ?
  • Comme elle le souligne en conclusion de son livre, si ces systèmes promettent d’améliorer la société, ils pourraient également restreindre plus que renforcer l’autonomie et la liberté des individus. L’hypothèse qui veut que la règle du code soit supérieure à celle du droit n’est pas sans poser problème. Comme Lawrence Lessig l’a déjà dit : « Quand le gouvernement disparaît, ce n’est pas comme si le paradis allait prendre sa place. Quand les gouvernements sont partis, d’autres intérêts prendront leur place. » Pour Primavera de Filippi et Aaron Wright, le déploiement de systèmes autonomes régulés seulement par le code nous pose de nouveaux défis de responsabilité.
  • Comme le dit Yochai Benkler : «Il n’y a pas d’espace de liberté parfaite hors de toute contrainte ». Tout ce que nous pouvons faire est de choisir entre différents types de contraintes. (…) Les applications décentralisées basées sur une blockchain pourraient bien nous libérer de la tyrannie des intermédiaires centralisés et des autorités de confiance, mais cette libération pourrait se faire au prix d’une menace beaucoup plus grande encore : celle de la chute sous le joug de la tyrannie du code. »
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    "La journaliste Zoë Corbyn, pour le Guardian est revenue sur le Sommet pour un web décentralisé (vidéos), qui se tenait début août à San Francisco."
Aurialie Jublin

GAFA : « Il faut prendre la Bastille numérique » | Alternatives Economiques - 0 views

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    "Ils bousculent tout sur leur passage. Les GAFA (pour Google, Apple, Facebook et Amazon) ont pris le contrôle d'un monde numérique en expansion continue. Leur emprise soulève une opposition croissante de la part des citoyens comme des gouvernements, que ce soit parce que ces entreprises évitent massivement l'impôt, ou parce que l'économie de plate-forme qu'elles instaurent bouleverse les règles d'organisation de notre économie. Comment les pouvoirs publics peuvent-ils réagir ? Sébastien Soriano, à la tête de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), s'est saisi de cette question. Pour Alternatives Economiques et en parallèle des Etats généraux du numérique qu'organise actuellement le gouvernement, celui qui dirige le « gendarme » des télécoms livre sa vision et les bases d'une régulation de ces géants du numérique."
Aurialie Jublin

Technologie : l'âge sombre | InternetActu.net - 0 views

  • Pire, la technologie s’est fait la complice de tous les défis auxquels nous sommes confrontés : à la fois d’un système économique hors de contrôle qui ne cesse d’élargir les inégalités, la polarisation politique comme le réchauffement climatique. Pour Bridle, la technologie n’est pas la solution à ces défis, elle est devenue le problème. Il nous faut la comprendre plus que jamais, dans sa complexité, ses interconnexions et ses interactions : mais cette compréhension fonctionnelle ne suffit pas, il faut en saisir le contexte, les conséquences, les limites, le langage et le métalangage.
  • Trop souvent, on nous propose de résoudre ce manque de compréhension de la technologie par un peu plus d’éducation ou son corollaire, par la formation d’un peu plus de programmeurs. Mais ces deux solutions se limitent bien souvent en une compréhension procédurale des systèmes. Et cette compréhension procédurale vise surtout à renforcer la « pensée computationnelle », c’est-à-dire la pensée des ingénieurs et des informaticiens qui n’est rien d’autre que le métalangage du solutionnisme technologique 
  • Les systèmes techniques sont devenus de plus en plus complexes. Trop critiques et interconnectés pour être compris, pensés ou conçus. Leur compréhension n’est disponible plus que pour quelques-uns et le problème est que ces quelques-uns sont les mêmes que ceux qui sont au sommet des structures de pouvoir. Pour James Bridle, il y a une relation causale entre la complexité des systèmes, leur opacité, et les violences et inégalités qu’ils propagent.
  • ...32 more annotations...
  • Le cloud (l’informatique en nuage) n’est plus une métaphore du réseau, c’est l’incarnation de ce système global et surpuissant qu’aucun d’entre nous ne peut désormais attraper. Ce nuage est pourtant une bien mauvaise métaphore. Rien de ce qu’il recèle n’y est sans poids, rien n’y est amorphe ou invisible. Le cloud cache une infrastructure physique complexe faite de lignes téléphoniques, de fibre optique, de satellite, de vastes entrepôts d’ordinateurs, qui consomment d’énormes quantités d’énergie et qui influent sur de multiples juridictions. Le cloud est l’incarnation d’une nouvelle industrie.
  • De la sécurité nationale aux secrets industriels, il y a beaucoup de raisons à obscurcir ce que recouvre ce nuage. Mais ce qui s’en évapore est assurément notre propriété (dans les nuages, tout appartient à d’autres) et notre agentivité, c’est-à-dire notre capacité à faire.
  • Le réseau donne l’impression d’être à la fois l’idéal de progrès le plus abouti et l’idéal de base de notre culture tout en paraissant avoir émergé inconsciemment, poursuivant son but d’interconnexion sans fin pour lui-même et par lui-même… « Nous présumons que l’interconnexion est inhérente et inévitable. Le réseau semble être devenu le résultat du progrès, son accomplissement ultime », à l’image de machines qui accompliraient ainsi leurs propres désirs. Internet semble avoir accompli l’idéal des Lumières, l’idéal du progrès : celui que plus de connaissance et plus d’information conduit toujours à prendre de meilleures décisions.
  • Mais n’est-ce pas plutôt le contraire auquel nous assistons ? « Ce qui était censé éclairer le monde l’a obscurci. L’abondance d’information et la pluralité d’opinion accessible à tous n’ont pas produit un consensus cohérent, mais au contraire a déchiré la réalité en narrations simplistes, en théories fumeuses et en politique d’opinion. Contrairement au Moyen Âge, où l’âge sombre était lié à une perte de connaissance antique, l’âge sombre moderne est lié à une abondance de connaissance dont nous ne savons plus démêler collectivement l’apport. »
  • L’obscurité dont parle Bridle c’est notre incapacité à voir clairement ce qui est devant nous, avec capacité et justice. Pour Bridle pourtant, ce constat ne doit pas être lu comme une condamnation de la technologie. Au contraire. Pour relever l’âge sombre qui s’annonce, il nous faut nous engager plus avant dans la technologie, avec elle, mais avec une compréhension radicalement différente de ce qu’il est possible d’en faire, en retrouver un sens que la seule recherche d’efficacité nous a fait perdre. Tout comme le changement climatique, les effets de la technologie s’étendent sur le globe et affectent tous les aspects de nos vies. Mais comme le changement climatique, ses effets sont potentiellement catastrophiques et résultent de notre incapacité à comprendre les conséquences de nos propres inventions. Nous devons changer de manière de voir et penser le monde, nous invite Bridle, un peu facilement ou naïvement.
  • « En rapprochant la simulation de l’approximation, les grands prêtres de la pensée computationnelle pensent remplacer le monde par des modèles biaisés de lui-même ; et en le faisant, les modeleurs s’assurent du contrôle du monde. » James Bridle s’inscrit dans la continuité des constats de l’historien des sciences David Noble qui, dans Le progrès sans le peuple notamment, soulignait combien la pensée des ingénieurs avait contribué à donner du pouvoir aux puissants plutôt que favoriser l’équité ou la démocratie ; comme dans celle de Richard Sclove du Loka Institute, qui dans Choix technologiques, choix de société, soulignait combien les enjeux démocratiques restaient le parent pauvre de la question technologique.
  • La pensée computationnelle s’infiltre partout : elle devient notre culture. Elle nous conditionne à la fois parce qu’elle nous est illisible et à la fois parce que nous la percevons comme neutre émotionnellement et politiquement. Les réponses automatisées nous semblent plus dignes de confiance que celles qui ne le sont pas. Dans la pensée computationnelle, nous sommes victimes du biais d’automatisation : « nous avons plus confiance dans l’information automatisée que dans notre propre expérience, même si elle est en conflit avec ce qu’on observe ». Les conducteurs de voitures comme les pilotes d’avion ont plus tendance à croire leurs instruments que leur expérience, même si celle-ci n’est pas alignée.
  • Pour Bridle, l’informatique, en ce sens, est un piratage de notre capacité cognitive, de notre capacité attentionnelle, qui renvoie toute responsabilité sur la machine. « À mesure que la vie s’accélère, les machines ne cessent de prendre en main de plus en plus de tâches cognitives, renforçant par là leur autorité – sans regarder les conséquences ». « Nous nous accommodons de mieux en mieux et de plus en plus aux confortables raccourcis cognitifs que nous proposent nos machines. L’informatique remplace la pensée consciente. Nous pensons de plus en plus comme des machines, ou plutôt nous ne pensons plus du tout ! ».
  • « Ce qui est difficile à modéliser, à calculer, à quantifier, ce qui est incertain ou ambigu, est désormais exclu du futur possible. » L’informatique projette un futur qui ressemble au passé (« Les algorithmes ne prédisent pas le futur, ils codifient le passé », disait déjà Cathy O’Neil). La pensée computationnelle est paresseuse. Elle propose finalement des réponses faciles. Elle nous fait croire qu’il y a toujours des réponses.
  • les réseaux souffrent d’une gouvernance fragmentée, sans responsabilités claires, peu cartographiés et sous-financés ; des infrastructures en silos ; des investissements privés comme publics insuffisants et plus encore un manque de compréhension de la complexité de leur fonctionnement… expliquent leur fragilité intrinsèque et la difficulté de leur maintenance. Ajoutez à cela les impacts du changement climatique sur leur maintenance et leur évolution et vous comprendrez que les réseaux ne sont pas dimensionnés pour faire face au futur. Bref, non seulement l’informatique contribue largement au réchauffement climatique, mais elle risque d’en être l’une des principales victimes.
  • Mais les grands volumes de données ne produisent pas de la connaissance automatiquement. Dans la recherche pharmacologique par exemple, les dépenses et investissements n’ont jamais été aussi forts alors que les découvertes, elles, n’ont jamais produit aussi peu de nouveaux traitements. On appelle cela la loi d’Eroom : l’exact inverse de la loi de Moore. Le nombre de résultats de recherche chute et ces résultats sont de moins en moins dignes de confiance. Si les publications scientifiques n’ont jamais été aussi volumineuses (au détriment de leur qualité), les rétractions ont augmenté et le nombre de recherches ayant un impact significatif, elles, ont diminué proportionnellement. La science connaît une crise de réplicabilité majeure.
  • Plusieurs facteurs expliquent ce revirement de la loi du progrès. La première est que les choses les plus évidentes à découvrir ont été exploitées. La régulation est également devenue plus exigeante et la société moins tolérante aux risques. Mais le problème principal relève certainement des méthodes désormais employées. Historiquement, la découverte de médicament était le fait de petites équipes de chercheurs qui se concentrait intensément sur de petits groupes de molécules. Mais depuis 20 ans, ces processus ont été largement automatisés, sous la forme de ce qu’on appelle le HTS (High-throughput screening pour criblage à haut débit) qui consiste en des recherches automatisées de réactions potentielles via de vastes bibliothèques de composants. Le HTS a priorisé le volume sur la profondeur. Ce qui a marché dans d’autres industries a colonisé la recherche pharmaceutique : automatisation, systématisation et mesures… Certains commencent à douter de l’efficacité de ces méthodes et voudraient revenir à l’empirisme humain, au hasard, au bordel, au jeu… À nouveau, « la façon dont nous pensons le monde est façonnée par les outils à notre disposition ». Nos instruments déterminent ce qui peut être fait et donc, ce qui peut être pensé. À mesure que la science est de plus en plus technologisée, tous les domaines de la pensée humaine le sont à leur tour. Les vastes quantités de données ne nous aident qu’à voir les problèmes des vastes quantités de données.
  • Les bourses et places de marchés d’antan ont été remplacées par des entrepôts, des data centers, anonymes, dans des banlieues d’affaires impersonnelles. La dérégulation et la numérisation ont transformé en profondeur les marchés financiers. La vitesse des échanges s’est accélérée avec la technologie. Les transactions à haute fréquence (HFT, High-frequency trading) reposent sur la latence et la visibilité. La latence, c’est-à-dire la rapidité d’échange où des millions peuvent s’échanger en quelques millisecondes et la visibilité (sauf pour les non-initiés), c’est-à-dire le fait que les échanges sont visibles de tous les participants, instantanément. Les échanges reposent sur des algorithmes capables de calculer des variations éclair et de masquer les mouvements de fonds. Les échanges sont plus opaques que jamais : ils s’imposent sur des forums privés, les « dark pools » (en 2015, la SEC, l’organisme américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, estimait que les échanges privés représentaient 1/5e du total des échanges)… Les échanges financiers ont été rendus obscurs et plus inégaux que jamais, rappelle Bridle.
  • Pour Bridle, l’une des clefs qui expliquent que les inégalités se renforcent avec la technologie est intrinsèquement liée à l’opacité des systèmes. Comme les robots des entrepôts d’Amazon et ses employés commandés par des commandes vocales émanant de robots, nous sommes en train d’arranger le monde pour rendre les machines toujours plus efficaces, quitte à ce que le monde devienne incompréhensible et inadapté aux humains. Les travailleurs deviennent le carburant des algorithmes, utiles seulement pour leurs capacités à se déplacer et à suivre des ordres. Pour Bridle, les startups et les Gafam signent le retour des barons voleurs, ces tyrans industriels du XIXe siècle. La technologie est venue couvrir d’un voile d’opacité la prédation : l’avidité s’est habillée de la logique inhumaine des machines. Amazon ou Uber cachent derrière des pixels lumineux un système d’exploitation sans faille
  • Pour la sociologue Deborah Cowen (@debcowen), nous sommes entrés dans la tyrannie de la techne explique-t-elle dans The Deadly Life of Logistics (2014) : l’efficacité est devenu primordiale sur tous les autres objectifs, sur toutes les autres valeurs
  • Autre exemple avec How-Old.net un outil de reconnaissance faciale qui tente de prédire l’âge d’une personne, et qui a été utilisée pour deviner l’âge de migrants arrivants au Royaume-Uni. Microsoft, qui a développé cette application, s’est défendu et a dénoncé cette utilisation… comme les 2 chercheurs chinois. Ceux-ci expliquaient néanmoins dans leur défense que leur système était « sans préjugé » (sic). Comme souvent, on nous explique que la technologie, et plus encore l’apprentissage automatisé, est neutre. Mais « la technologie n’émerge pas de nulle part. Elle est toujours la réification de croyances et de désirs, notamment de ses créateurs. Leurs biais sont encodés dans les machines et les bases de données ou les images que nous prenons du monde. »
  • Pour Bridle, le problème n’est pas tant que les machines puissent réécrire la réalité, mais que la réalité, le passé comme le futur, ne puissent plus être correctement racontés. DeepDream de Google illustre parfaitement cela. L’enjeu n’est pas pour nous de comprendre ce qu’est l’image, mais de nous demander ce que le réseau de neurones veut y voir ?
  • Pour Bridle, nous devrions ajouter une 4e loi aux trois lois de la robotique d’Asimov. Les machines intelligentes devraient être capables de s’expliquer aux humains. Ce devrait être une loi première, car éthique. Mais le fait que ce garde-fou ait déjà été brisé laisse peu d’espoir quant au fait que les autres règles le soient à leur tour. « Nous allons devoir affronter un monde où nous ne comprendrons plus nos propres créations et le résultat d’une telle opacité sera toujours et inévitablement violent ».
  • Pour Bridle, l’alliance entre l’humain et la machine peut encore fonctionner, comme l’a montré Garry Kasparov avec les échecs avancés, consistant à ce qu’une IA et qu’un humain jouent ensemble plutôt qu’ils ne s’affrontent. C’est dans la perspective d’associer les talents des humains et des machines, d’associer leurs différences d’une manière coopérative plutôt que compétitive que nous parviendrons à réduire l’opacité computationnelle. La perspective que l’intelligence des machines nous dépasse dans nombre de disciplines est une perspective destructrice. Nous devons trouver la voie d’une éthique de la coopération avec les machines, plutôt qu’un affrontement.
  • Bridle s’en prend également longuement à la surveillance et notamment à la surveillance d’Etat pour souligner combien elle nous est masquée et continue à l’être, malgré les révélations d’Edward Snowden. Vous pouvez lire n’importe quel e-mail dans le monde d’une personne dont vous avez l’adresse. Vous pouvez regarder le trafic de tout site web. Vous pouvez suivre les mouvements de tout ordinateur portable à travers le monde. Pour Bridle, cela nous a montré qu’il n’y a pas de restriction possible à la capacité de surveillance du réseau. L’échelle et la taille de la surveillance a excédé ce que nous pensions comme étant techniquement possible.
  • En opposition au secret, nous demandons de la transparence, mais elle n’est peut-être pas le bon levier. La NSA et Wikileaks partagent la même vision du monde avec des finalités différentes, rappelle Bridle. Les deux pensent qu’il y a des secrets au coeur du monde qui, s’ils étaient connus, pourraient rendre le monde meilleur. Wikileaks veut la transparence pour tous. La NSA veut la transparence pour elle. Les deux fonctionnent sur une même vision du monde. Wikileaks ne voulait pas devenir le miroir de la NSA, mais voulait briser la machine de surveillance. En 2006, Assange a écrit « Conspiracy as Governance » (.pdf). Pour lui, tout système autoritaire repose sur des conspirations, car leur pouvoir repose sur le secret. Les leaks minent leur pouvoir, pas par ce qui fuite, mais parce que la peur et la paranoïa dégradent la capacité du système autoritaire à conspirer. Mais les fuites de données ne suffisent pas à remettre en cause ou à abattre l’autorité. Les révélations ne font pas bouger l’opinion, sinon, nous aurions réagi bien avant les révélations de Snowden. Tant que les organisations de surveillance ne changent pas de l’intérieur, ceux qui sont en dehors de ces organisations, comme les lanceurs d’alertes, n’ont pas de capacité d’action. Ils attendent que des fonctionnaires ou que la justice confirment ce qu’ils avancent.
  • Mais la lumière du calcul nous dépossède de pouvoir, car elle nous fait crouler sous l’information et nous donne un faux sens de la sécurité. C’est là encore une conséquence de la pensée computationnelle. « Notre vision est devenue universelle, mais notre capacité d’action, elle, s’est réduite plus que jamais. » A l’image du réchauffement climatique, à nouveau, « nous savons de plus en plus de choses sur le monde, mais nous sommes de moins en moins capable d’agir sur lui ». Au final, nous nous sentons plus démunis que jamais. Plutôt que de reconsidérer nos hypothèses, nous nous enfonçons dans la paranoïa et la désintégration sociale.
  • Le monde est devenu trop complexe pour des histoires simples. En fait, « la démultiplication de l’information ne produit pas plus de clarté, mais plus de confusion ». L’un des symptômes de la paranoïa consiste à croire que quelqu’un vous surveille. Mais cette croyance est désormais devenue raisonnable, s’amuse Bridle en évoquant la surveillance d’Etat comme la surveillance des services numériques. Nous sommes entièrement sous contrôle, tant et si bien qu’on peut se demander qui est paranoïaque désormais ?
  • « Les théories conspirationnistes sont le dernier ressort des sans pouvoirs, imaginant ce que serait que d’être puissant », avance Bridle. Pour le spécialiste de la postmodernité, Frederic Jameson, les théories conspirationnistes sont « la cartographie cognitive des plus démunis dans un âge postmoderne ». C’est la figure dégradée de la logique par ceux qui ont le moins de capital culturel, une tentative désespérée de se représenter un système qu’ils ne comprennent pas. Encerclé par l’évidence de la complexité, l’individu a recours à un récit simpliste pour tenter de regagner un peu de contrôle sur la situation. À mesure que la technologie augmente et accélère le monde, celui-ci devient plus complexe. Les théories conspirationnistes deviennent alors des réponses, étranges, intriquées et violentes, pour s’en accommoder.
  • Ainsi, si vous cherchez de l’information sur les vaccins, vous tomberez invariablement sur de l’information contre les vaccins. Si vous cherchez de l’information sur la rotondité de la terre, vous tomberez inexorablement sur ceux qui pensent qu’elle est plate. Ces opinions divergentes semblent devenir la majorité tant elles sont exprimées et répétées avec force. « Ce qui se passe quand vous désirez en savoir de plus en plus sur le monde entre en collision avec un système qui va continuer à assortir ses réponses à n’importe quelle question, sans résolution ». Vous trouverez toujours quelqu’un pour rejoindre vos points de vue. Et toujours un flux pour les valider. Voici l’âge de la radicalisation algorithmique (à l’image de ce que disait Zeynep Tufekci de YouTube). Les théories conspirationnistes sont devenues la narration dominante. Elles expliquent tout. Dans la zone grise des connaissances, tout prend un sens.
  • Les failles des algorithmes sont les dernières failles du capitalisme où certains s’infiltrent non pas pour le renverser, mais pour tenter de gratter un peu d’argent que les plus gros systèmes s’accaparent. Au final, des vidéos automatisées finissent par être vues par des enfants. Leurs personnages préférés y font n’importe quoi, parfois suggèrent des scènes de meurtre ou de viols. Ces effets de réseaux causent des problèmes réels. Les algorithmes de YouTube ont besoin d’exploitation pour produire leurs revenus. Derrière leurs aspects séduisants, ils encodent les pires aspects du marché, notamment l’avidité. « La capacité à exploiter l’autre est encodée dans les systèmes que nous construisons », pointe très justement James Bridle, puisque leur efficacité repose sur leur capacité à extraire de l’argent de nos comportements.
  • À défaut d’une solution, Google annonçait en avril que l’application YouTube Kids allait devenir « non-algorithmique »… À croire, comme le pointait très justement le chercheur Olivier Ertzscheid, que l’algorithimsation n’est pas une solution sans limites.
  • Pour Bridle, les humains sont dégradés des deux côtés de l’équation : à la fois dans l’exploitation qui est faite de leur attention et à la fois dans l’exploitation de leur travail. Ces nouvelles formes de violence sont inhérentes aux systèmes numériques et à leur motivation capitaliste. Le système favorise l’abus et ceux qui le produisent sont complices, accuse-t-il. L’architecture qu’ils ont construite pour extraire le maximum de revenus des vidéos en ligne a été hackée par d’autres systèmes pour abuser d’enfants à une échelle massive. Les propriétaires de ces plateformes ont une responsabilité forte dans l’exploitation qu’ils ont mise en place. « C’est profondément un âge sombre quand les structures qu’on a construites pour étendre la sphère de communications sont utilisées contre nous d’une manière systématique et automatique. »
  • Pour Bridle, les fausses nouvelles ne sont pas le produit de l’internet. Elles sont le produit de la cupidité et de la démocratisation de la propagande où tout a chacun peut devenir un propagandiste. Elles sont un amplificateur de la division qui existe déjà dans la société, comme les sites conspirationnistes amplifient la schizophrénie.
  • Mais ce qu’il y a de commun avec le Brexit, les élections américaines ou les profondeurs de YouTube, c’est que malgré tous les soupçons, il reste impossible de savoir qui fait ça, qu’elles sont leurs motivations, leurs intentions. On peut regarder sans fin ces flux vidéos, on peut parcourir sans fin les murs de mises à jour de statuts ou de tweets… cela ne permet pas de discerner clairement ce qui est généré algorithmiquement ou ce qui est construit délibérément et soigneusement pour générer des revenus publicitaires. On ne peut pas discerner clairement la fiction paranoïaque, l’action d’États, la propagande du spam… Ces confusions servent les manipulateurs quels qu’ils soient bien sûr, mais cela les dépasse aussi. C’est la manière dont le monde est. Personne ne semble réellement décider de son évolution… « Personne ne veut d’un âge sombre, mais nous le construisons quand même et nous allons devoir y vivre. »
  • Exploiter plus de données pour construire de meilleurs systèmes est une erreur. Cette méthode ne parviendra pas à prendre en compte la complexité humaine ni à la résoudre. Le développement de l’information n’a pas conduit à une meilleure compréhension du monde, mais au développement de points de vue alternatifs et concurrents. Nous devons changer nos façons de penser comme nous y invitait Lovecraft. Nous ne survivrons pas plus à l’information brute qu’à la bombe atomique. Le nouvel âge sombre est un lieu où le futur devient radicalement incertain et où le passé devient irrévocablement contesté. Mais c’est le présent dans lequel nous devons vivre et penser. Nous ne sommes pas sans pouvoir ni capacités. Mais pour cela nous devons nous défaire des promesses illusoires de la pensée computationnelle. Penser le monde autre, c’est ce à quoi nous invite James Bridle dans le nouvel âge sombre.
  • Reste à savoir si cet âge sombre des technologies est vraiment notre avenir. L’âge sombre du Moyen Âge n’a jamais vraiment existé ailleurs que dans les lacunes des historiens. On peut douter également de cette nouvelle obscurité ou regretter le titre faussement prophétique. Reste que la complexité et l’intrication du monde que décrit James Bridle, montrent combien il nous faut, plus que jamais, nous défaire justement d’une vision simple et manichéenne de la technologie.
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    "Ce New Dark Age porte un titre prophétique et apocalyptique. Un peu trop peut-être. C'est effectivement un livre très critique sur notre rapport à la technologie, très éloigné du rapport souvent curieux et amusé que Bridle portait aux technologies avec la nouvelle esthétique. En une dizaine de chapitres, Bridle explore les glitchs qui sont désormais devenus des schismes, des scissions, des ruptures… comme s'ils n'étaient plus aussi distrayants. Dans son livre, il montre combien les bugs se cristallisent en caractéristiques. Combien la complexité technique que nous avons construite s'entremêle pour produire des effets en réseau, complexes, profonds, intriqués que nous ne parvenons plus vraiment à démêler. Son constat principal consiste à dire que ces dysfonctionnements ne sont pas amenés à être corrigés. Ils sont au contraire intrinsèques à la nature même des technologies qui se déploient aujourd'hui. Contrairement à ce que nous annonçaient les pionniers et les prophètes des technologies, pour Bridle, la technologie n'annonce pas de nouvelles Lumières ou une Renaissance, mais, comme Jules Michelet parlait du Moyen Âge, un âge sombre, une ère d'obscurité pour ne pas dire d'obscurantisme. Ni les réseaux sociaux, ni l'intelligence artificielle, ni les systèmes techniques ne vont nous aider à faire monde commun. Au contraire."
Aurialie Jublin

Le Libre peut-il faire le poids ? - Framablog - 0 views

  • l’économie des géants du numérique est, pour certains, basée sur une attitude extrêmement agressive : il faut être le moins cher possible, perdre de l’argent à en crever et lever des fonds à tire-larigot pour abattre ses concurrents avec comme logique un pari sur la quantité d’argent disponible à perdre par participants. Celui qui ne peut plus se permettre de vider les poches de ses actionnaires a perdu. Tout simplement. Si ces entreprises imaginent, un jour, remonter leurs prix pour envisager d’être à l’équilibre ou rentable, l’argument du « ce n’est pas possible puisque ça rouvrira une possibilité de concurrence » sortira du chapeau de ces génies pour l’interdire. Du capitalisme qui marche sur la tête.
  • La deuxième grande technique des géants du numérique est basée sur la revente de statistiques collectées auprès de leurs utilisateurs. Ces données privées que vous fournissez à Google, Facebook Inc,, Twitter & co permettent à ces sociétés de disposer d’une masse d’informations telle que des entreprises sont prêtes à dégainer leurs portefeuilles pour en dégager des tendances.
  • Une troisième technique consiste à reprendre les données collectées auprès des utilisateurs pour afficher de la pub ciblée, donc plus efficace, donc plus cher. C’est une technique connue, alors je ne développe pas.
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  • Une autre technique est plus sournoise. Pas pour nous autres, vieux loubards, mais pour les jeunes : le placement produit. Même si certain Youtubeurs en font des blagues pas drôles (Norman…), ce truc est d’un vicieux.
  • Ces influenceurs sont friands de plateformes taillées pour leur offrir de la visibilité et clairement organisées pour attirer l’œil des Directeurs de Communication des marques. Mastodon, Pixelfed, diaspora* et les autres ne permettent pas de spammer leurs utilisateurs, n’attirent donc pas les marques, qui sont la cible des influenceurs, ces derniers n’y dégageant, in fine, aucun besoin d’y être présents.
  • On peut attendre que les Uber se cassent la figure calmement, on peut attendre que le droit décide enfin de protéger les données des utilisateurs, on peut aussi attendre le jour où les consommateurs comprendront qu’ils sont les seuls responsables de l’inintérêt de ce qu’ils regardent à la télé, au cinéma, en photos ou encore que les mastodontes du numérique soient démantelés. Bref, on peut attendre. La question est : qu’aurons-nous à proposer quand tout ceci finira par se produire ?
  • Après la FinTech, la LegalTech, etc, faites place à la LowTech ou SmallTech. Je ne connaissais pas ces expressions avant de tomber sur cet article dans le Framablog et celui de Ubsek & Rica d’Aral. On y apprend que c’est un mouvement qui s’oppose frontalement aux géants, ce qui est fantastique. C’est une vision du monde qui me va très bien, en tant que militant du Libre depuis plus de 10 ans maintenant. On peut visiblement le rapprocher de l’initiative CHATONS. Cependant, j’ai du mal à saisir les moyens qui pourraient être mis en œuvre pour sa réussite.
  • Les mentalités actuelles sont cloisonnées : le Libre, même s’il s’impose dans quelques domaines, reste mal compris. Rien que l’idée d’utiliser un programme au code source ouvert donne des sueurs froides à bon nombre de DSI. Comment peut-on se protéger des méchants si tout le monde peut analyser le code et en sortir la faille de sécurité qui va bien ? Comment se démarquer des concurrents si tout le monde se sert du même logiciel ? Regardez le dernier changelog : il est plein de failles béantes : ce n’est pas sérieux !
  • Parlons aussi de son mode de fonctionnement : qui se souvient d’OpenSSL utilisé par tout le monde et abandonné pendant des années au bénévolat de quelques courageux qui n’ont pas pu empêcher l’arrivée de failles volontaires ? Certains projets sont fantastiques, vraiment, mais les gens ont du mal à réaliser qu’ils sont, certes, très utilisés mais peu soutenus. Vous connaissez beaucoup d’entreprises pour lesquelles vous avez bossé qui refilent une petite partie de leurs bénéfices aux projets libres qui les font vivre ?
  • On peut faire un vrai parallèle entre la situation de la Presse en ligne et les services numériques. Trouver des gens pour payer l’accès à un Nextcloud, un Matomo ou que sais-je est une gageure. La seule différence qui me vient à l’esprit est que des services en ligne arrivent à s’en sortir en coinçant leurs utilisateurs dans des silos : vous avez un Windows ? Vous vous servirez des trucs de Microsoft. Vous avez un compte Gmail, vous vous servirez des trucs de Google. Les premiers Go sont gratuits, les autres seront payants. Là où les journaux généralistes ne peuvent coincer leurs lecteurs, les géants du numérique le peuvent sans trop de souci.
  • Perso, je l’ai déjà dit, j’adhère volontiers à cette vision du monde horizontale et solidaire. Malgré tout, mon envie de travailler, d’avoir un salaire, une couverture sociale, une activité rentable, et peut-être un jour une retraite, me poussent à grimacer. Si les bribes d’idéologie LowTech orientent les gens vers des associations, comment fait-on pour sortir de terre une entreprise éthique, rentable et solidaire ?
  • L’idée, connue, serait de s’attaquer au marché des entreprises et des collectivités pour laisser celui des particuliers aux associations sérieuses. Mais là encore, on remet un pied dans le combat pour les logiciels libres contre les logiciels propriétaires dans une arène encerclée par des DSI pas toujours à jour. Sans parler de la compétitivité, ce mot adoré par notre Président, et de l’état des finances de ces entités. Faire le poids face à la concurrence actuelle, même avec les mots « éthique, solidaire et responsable » gravés sur le front, n’est pas évident du tout.
  • Cette conférence vue au FOSDEM, The Cloud Is Just Another Sun, résonne terriblement en moi. L’intervenant y explique que les outils libres que nous utilisons dans le cloud sont incontrôlables. Qui vous certifie que vous tapez bien dans un MariaDB ou un ES quand vous n’avez accès qu’a une boite noire qui ne fait que répondre à vos requêtes ? Rien.
  • Pour finir, ne mettons pas complètement de côté l’existence réelle d’un marché : Nextcloud en est la preuve, tout comme Dolibarr et la campagne de financement réussie d’OpenDSI. Tout n’est peut-être pas vraiment perdu. C’est juste très compliqué.
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    "Dans un article assez lucide de son blog que nous reproduisons ici, Dada remue un peu le fer dans la plaie. Faiblesse économique du Libre, faiblesse encore des communautés actives dans le développement et la maintenance des logiciels et systèmes, manque de visibilité hors du champ de perception de beaucoup de DSI. En face, les forces redoutables de l'argent investi à perte pour tuer la concurrence, les forces tout aussi redoutables des entreprises-léviathans qui phagocytent lentement mais sûrement les fleurons du Libre et de l'open source… Lucide donc, mais aussi tout à fait convaincu depuis longtemps de l'intérêt des valeurs du Libre, Dada appelle de ses vœux l'émergence d'entreprises éthiques qui permettraient d'y travailler sans honte et d'y gagner sa vie décemment. Elles sont bien trop rares semble-t-il. D'où ses interrogations, qu'il nous a paru pertinent de vous faire partager. Que cette question cruciale soit l'occasion d'un libre débat : faites-nous part de vos réactions, observations, témoignages dans les commentaires qui comme toujours sont ouverts et modérés. Et pourquoi pas dans les colonnes de ce blog si vous désirez plus longuement exposer vos réflexions."
Aurialie Jublin

Commentaires pédophiles sous les vidéos de mineurs : que peut faire YouTube ?... - 0 views

  • Pour faire face à une telle demande de modération, les algorithmes ne suffisent pas. C’est pour cela que Google, qui détient YouTube, s’était engagée l’année dernière à « porter à 10 000 » le nombre de modérateurs, soit des « personnes chargées de lutter contre les contenus susceptibles de violer les politiques de Google et YouTube ». YouTube rappelle également s'être rapprochée d’organismes à but non lucratif comme la NCMEC aux Etats-Unis (Centre National pour les enfants disparus ou exploités) ou Point de Contact en France afin qu’ils transmettent les informations aux autorités compétentes. 
  • La modération, qu'elle soit algorithmique ou humaine, peut-elle suffir ? L'embauche de modérateurs laisse Fabrice Epelboin, spécialiste des réseaux sociaux et auteur d’une étude sur la pédophilie en ligne en 2010, perplexe : « Lorsqu’un juge prend une décision, il utilise son intelligence ou son jugement. Ici, on est face à des employés qui ne font qu’appliquer des règles, et qui en plus, sont payés au lance-pierre. » La modération algorithmique ne suffit pas non plus face à un contenu si immense, estime-t-il : « YouTube ne peut pas lutter. Il y a une quantité de contenus postés qui dépasse l’entendement. Je ne pense pas que cela soit utile de renforcer les algorithmes de YouTube pour l’instant, car l’intelligence artificielle n’est pas suffisamment opérationnelle aujourd’hui pour filtrer le web.»
  • Il ajoute également que dans le cas de cette nouvelle affaire, on ne peut pas écarter « l’option trollesque ». Il se peut, selon lui, qu’une partie des commentaires soit postée par des « trolls », des internautes qui postent des messages tendancieux pour alimenter les polémiques. « Ma première réaction a été de penser au forum 4chan, un équivalent de jeuxvideos.com aux Etats-Unis. Dans les années 2000, des utilisateurs s’amusaient à tourner en dérision la pédophilie en "trollant" sur des vidéos YouTube. Je me souviens notamment d’une vidéo de Justin Bieber qui avait été prise pour cible. »
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  • Mais alors, quelle est la responsabilité de la plateforme dans la prolifération de ces commentaires et la facilité d'accès à ces vidéos, recommandées par son algorithme ? Le débat n’est pas nouveau. Facebook avait été fustigé pour avoir « laissé proliférer » des théories complotistes, voire encouragé celles-ci, notamment après la fusillade de Parkland en février 2018. La question ne cesse de revenir : doit-on simplement considérer YouTube, Twitter ou Facebook comme des plateforme d’hébergement et de partage, et donc accepter qu’elles ne soient pas responsables des contenus qui y sont publiés, ou doit-on exiger qu'elles soient responsables juridiquement en cas de scandales comme celui-ci ? 
  • Sur la question spécifique des contenus ou commentaires pédophiles, YouTube n’en est pas à son premier nettoyage. En décembre dernier, The Times of London avait révélé que 100 enfants avaient été les victimes de potentiels pédophiles sur YouTube. Alors qu’ils se filmaient en direct devant leur caméra pour s’amuser (livestreaming), des internautes leur ont demandé de retirer leurs vêtements ou d’adopter des poses sexualisées. Selon le journal, qui avait signalé ces vidéos, seulement la moitié des contenus avaient alors été supprimés par YouTube. Les journalistes ont dû contacter le service de presse de YouTube pour retirer l’autre moitié.
  •  
    "Malgré la vivacité des algorithmes ayant repéré les « CP » sur cette affaire Pokémon Go, des millions de vidéos d'enfants pullulent sur la plateforme sans que des commentaires pédophiles qui y sont associés ne soient modérés. Le contenu de ces vidéos n'est pas pédopornographique. On y voit majoritairement des jeunes filles en train de faire du yoga, de la gymnastique, ou de jouer au jeu d'équilibre Twister. Des vidéos familiales ou filmées par des enfants eux-mêmes, suffisamment habiles pour jouer avec leur mobile ou leur tablette. Mais ce qu'a soulevé le YouTubeur MattsWhatItIs dans une vidéo postée le 17 février, ce sont la non modération des commentaires pédophiles sous ces vidéos, ainsi que le rôle de l'algorithme de recommandation de YouTube. Muni d'un VPN et d'un nouveau compte, le Youtubeur a réussi à atteindre ces vidéos en quelques clics, en tapant « bikini haul » (une pratique qui consiste à montrer les maillots de bain qu'on vient d'acheter), « gymnastics » (gymnastique), ou encore « yoga ». Au départ, les vidéos proposées correspondent aux mots-clefs. Mais après deux ou trois clics dans la barre « vidéos similaires », des vidéos d'enfants apparaissent. Une fois le premier clic enclenché, on est plongé dans une bulle pernicieuse qui ne nous propose rien d'autre que des vidéos de petites filles."
Aurialie Jublin

Bienvenue dans le «World Wide Fake» - Libération - 0 views

  • Le Web existe officiellement depuis le mois de mars 1989. Il s’est construit sur différentes strates, dont la rétro-archéologie pourrait être la suivante. D’abord, le «World Wide Web». Le Web des documents : ses utilisateurs, ses ingénieurs, ses interfaces et ses intérêts économiques, tout sur la planète web tourne autour de l’axe documentaire. Il faut indexer, classer, donner accès à ce qui va très vite devenir une quasi-infinité de documents d’abord disponibles sous forme de texte, puis d’images, dans des pages et des sites.
  • Ensuite, un «World Live Web» car tout s’accélère, de la production des contenus à leur mise à disposition quasi instantanée dans les architectures de moteurs de recherche qui se font désormais fort d’indexer toute l’actualité et ce en temps réel.
  • uis, le «World Life Web». L’axe autour duquel tourne toute la planète web n’est plus celui des documents mais celui des «profils». Ce qui change tout, tant sur le plan trivial de l’ergonomie que sur celui - crucial - de l’économie.
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  • Enfin, avec l’Internet des objets vient alors le règne du «World Wide Wear». Les interfaces sont désormais celles de nos vêtements, elles siègent sous la forme d’enceintes connectées au milieu même de nos maisons. Des technologies littéralement «prêtes à porter» autant qu’elles sont prêtes et toujours «à portée». Et, avec elles, l’anecdotisation des régimes de surveillance qui conduit tout droit au «World Wide Orwell».
  • Nous sommes aujourd’hui à l’étape d’après. Celle du «World Wide Fake». Un environnement, un écosystème dont l’essentiel des interactions est artificiellement fabriqué sur la base d’une spéculation qui n’a d’autre but que de s’entretenir elle-même. Issue d’une forme de capitalisme linguistique se déclinant en un capitalisme de surveillance, cette spéculation avait initialement pour but de nous maintenir le plus attentionnellement captifs possible, nous rappelant sans cesse qu’il fallait interagir, notamment par le biais de ces contremaîtres cognitifs que sont les notifications. Mais aujourd’hui le «faux» se déploie au sein des architectures techniques toxiques de plateformes prédatrices qui ont presque totalement phagocyté tout ce qui fut l’espace public du Web, et contraint nos usages à prendre place dans ces espaces privés et privatifs.
  • Aujourd’hui, «de faux internautes avec de faux cookies et de faux comptes sur des réseaux sociaux effectuent de faux mouvements de souris, activent de faux clics vers de faux sites webs [….], créant un simulacre d’Internet dans lequel la seule chose encore réelle ce sont les publicités», écrit Max Read dans un papier pour le New York Magazine.
  • Nous y sommes et dans des proportions encore plus ahurissantes : presque 52 % du trafic internet mondial en 2016 a été généré par des bots. De faux utilisateurs donc.
  • Le faux est souvent l’autre nom du «mensonge». Et on semble découvrir que tout le monde ment sur le Web. Puisque chacun est seul à disposer de ses propres chiffres au service de ses propres certitudes ou de ses propres intérêts comment pourrait-il en être autrement ? On a découvert, presque étonnés, que Facebook avait menti sur les chiffres d’audience de ses vidéos, qu’il mentait également sur les métriques liées à «l’engagement». On a découvert que Google mentait si on lui posait la question de savoir si l’Holocauste avait vraiment existé. On a compris qu’en plus de leurs architectures techniques toxiques, les grandes plateformes disposaient chacune de leur propre régime de vérité - celui de la popularité pour Google et celui de l’engagement pour Facebook - qui rendait encore plus difficile la construction d’un espace culturel commun permettant de faire société
  • Au niveau géopolitique même, de faux comptes utilisant de fausses publicités ont permis d’influencer le résultat de vraies élections. Les technologies de l’artefact, les «Deep Fakes», qui permettent à moindre coût de truquer le réel avec un effet de vraisemblance quasi indétectable, sont aujourd’hui en passe de devenir des technologies «grand public» : on peut grâce à elles remplacer le visage d’un acteur par celui d’un autre dans un film mais également modifier la vocalisation du discours tenu par un homme politique pour lui faire dire ce que l’on veut.
  • Ce faisant, c’est tout ce qui dans notre société permettait d’établir la valeur de preuve d’une image, d’un discours, d’un témoignage ou d’un fait, qui vole en éclats et qu’il nous faut réapprendre à définir et à construire. Voilà des années qu’avec d’autres, je milite pour une prise en compte et une intervention sur la dimension non pas économique mais simplement politique des grandes plateformes.
  • Hannah Arendt est morte en 1975 et n’a donc jamais connu Internet. Dans un entretien de 1974 sur la question du totalitarisme, elle écrivait ceci : «Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et, avec un tel peuple, vous pouvez faire ce qu’il vous plaît.» C’est très exactement cela, le risque et la promesse du World Wide Fake si nous n’y faisons rien : la conjugaison d’un emballement spéculatif autour d’une industrie publicitaire de la falsification et de l’altération et l’annonce d’un effondrement de notre capacité collective à faire société dans un espace public commun. Et, avec un tel peuple, vous pouvez faire ce qu’il vous plaît
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    "Aujourd'hui, plus de la moitié du trafic internet mondial est généré par des bots, c'est-à-dire des faux utilisateurs, qui manipulent les audiences et orientent les débats. Et c'est notre capacité collective à faire société qui est en jeu."
Aurialie Jublin

TRIBUNE. Comment la France s'est vendue aux Gafam - Le Point - 0 views

  • L'histoire du déclin du numérique français est une tragédie en trois actes. Il y eut d'abord les «  30 honteuses du numérique  », où une petite élite arrogante et dénuée de vision stratégique a démantelé notre industrie informatique et électronique grand public. Elle a débranché les travaux de recherches les plus intéressants et laissé nos meilleurs développeurs partir à l'étranger faute de pouvoir les associer à des projets ambitieux. Vient ensuite la capitulation vis-à-vis des grands acteurs américains. Ainsi, de nombreux politiques et hauts fonctionnaires français leur ont permis d'intégrer leurs technologies au cœur des prérogatives régaliennes de l'État : défense, renseignement, éducation, sécurité, mais aussi culture. Plusieurs d'entre eux quitteront leurs fonctions pour aller rejoindre ces sociétés. Le troisième acte se joue en ce moment. Alors que nos dirigeants se préparent à une vente à la découpe, il reste cependant un mince espoir d'inventer une autre manière d'utiliser le réseau plus en phase avec nos principes et nos valeurs. Mais pouvons-nous encore changer la doctrine des politiques numériques de la France  ? Quand on écoute nos hommes politiques, le déclassement de l'Europe vis-à-vis de l'Internet est présenté comme une fatalité. Un accident de l'Histoire à l'issue duquel les clés du monde de demain auraient été données aux États-Unis et à la Chine.
  • Nous aurions pu avoir un autre destin, car si les États-Unis avaient la vision et l'argent, c'est en Europe qu'ont été inventées deux des briques fondamentales de l'Internet : Linux et le Web. Mais à la différence du standard GSM, ces dernières ont eu le malheur d'être conçues par des individus talentueux hors des grandes institutions. Snobés chez nous, ces deux projets deviendront le moteur des plateformes numériques américaines et chinoises et l'instrument de leur domination mondiale.
  • Tout commence dans les années 70, avec l'abandon du réseau Cyclades de Louis Pouzin au profit du Minitel. Louis Pouzin en est le concepteur et il est l'inventeur de la segmentation des données en «  Datagramme  ». Il sera récompensé (avec Tim Berners-Lee et Vinton Cerf) par la reine d'Angleterre pour ses contributions essentielles à la création de l'Internet et il reste à ce jour un inconnu du grand public en France. Il faudra attendre 1994 pour que nos chercheurs acceptent enfin de s'intéresser à autre chose qu'à des technologies incompatibles avec l'Internet.
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  • Quasiment au même moment, Alcatel décide de transférer ses usines vers la Chine. Son PDG veut appliquer la stratégie du «  fabless  », à savoir délocaliser la production tout en conservant le design en France. Ce sera une grossière erreur d'analyse. Lorsque les smartphones deviennent un succès international, la France n'a plus de capacités industrielles dans ce secteur, alors qu'elle était l'un des principaux fabricants dans le monde.
  • Alors que la Silicon Valley parie sur les talents et les start-up, la France préfère s'embourber dans des grands projets institutionnels sans avenir. Mais ces projets permettent aux politiques de faire des annonces et aux industriels déjà établis de bénéficier de la manne de l'argent public. Ainsi, le projet Quaero, qui visait à créer un «  Google Européen  », a été lancé par Jacques Chirac. Il terminera rapidement dans les oubliettes technologiques. Plus récemment, le Cloud souverain, qui se targuait d'être la réponse française à Amazon et Microsoft, sera abandonné en rase campagne puis revendu (et sans ironie aucune)… au chinois Huawei. Au final, beaucoup d'argent aura été dépensé soit pour concurrencer l'Internet lui-même soit pour contourner les start-up qui voulaient développer des solutions alternatives aux Gafam. C'est une génération entière d'entrepreneurs et de chercheurs que l'on a écartés pour redéfinir la politique industrielle du secteur. Tout récemment, le rapport sur l'intelligence artificielle de Cédric Villani n'a pas fait mention des deux meilleures solutions open sources dans le domaine : SciKit Learn et Keras qui se trouvent être… françaises.
  • L'acte deux commence avec le quinquennat Hollande. Un changement d'attitude va s'opérer vis-à-vis des grandes plateformes. La défaite est désormais entérinée en coulisses. Il ne s'agit plus d'exister au niveau mondial, mais de négocier avec les Gafam tout en faisant mine de s'indigner publiquement de leurs abus de position dominante.
  • Microsoft est devenue le partenaire de l'Éducation nationale, et Google le parrain de la Grande École du Numérique. La société de Big Data Palantir, proche des services secrets américains, a conclu un contrat avec la DGSI (et peut-être la DGSE  ?), et elle est également présente chez Airbus. Enfin, à l'échelon des collectivités territoriales, les régions vont s'appuyer sur Facebook pour «  la formation au numérique  ».Comment, dans ces conditions, se plaindre des conséquences des réseaux sociaux et de l'impact des Gafam sur notre démocratie quand nous leur avons ouvert si largement les portes de l'État  ?
  • En effet, ce gouvernement prend un risque inconsidéré en pariant notre avenir sur une hypothétique transformation numérique autour de «  l'intelligence artificielle  ». Si nous ne nous donnons pas les moyens de réguler la manière dont ses entreprises et ce type de technologies fonctionnent, nous pourrions détruire notre modèle social en tentant de copier ceux de la Chine ou des États-Unis. L'ironie du sort veut que, désormais, certains industriels et chercheurs américains s'appuient sur l'Europe et sa réglementation sur les données personnelles pour sortir d'un modèle numérique qui n'est pas «  durable  ». Aux États-Unis, le ministère de la Santé a ainsi lancé une grande étude sur l'impact des écrans et le Sénat a analysé, dans un rapport très détaillé, les manipulations des réseaux sociaux qui ont eu lieu lors de la dernière campagne présidentielle.
  • Il existe pourtant un scénario de sortie de crise. En effet, la meilleure réponse à la crise de confiance systémique vis-à-vis des Gafam est de soutenir les mouvements autour des technologies «  éthiques  ». Il s'agit d'un nouveau terrain de croissance industrielle pour l'Europe, comme le Bio l'a été pour l'agriculture. De nombreux entrepreneurs réfléchissent à d'autres façons de concevoir la technologie, s'appuyant beaucoup moins sur la donnée et créant moins d'intrusions vis-à-vis de leurs utilisateurs. C'est le mouvement autour des logiciels éthiques et du Slow Web. Ce mouvement, qui s'est réuni en septembre dernier à Copenhague, souhaite définir un meilleur équilibre entre usage numérique et monde réel pour ne pas rendre ces technologies aliénantes. Il prône notamment l'arrêt de certaines pratiques toxiques comme le profilage (micro targeting) ou la manipulation de nos émotions via des messages ciblés sur nos mobiles dont nous avons vu les conséquences désastreuses lors du référendum sur le Brexit ou l'élection américaine.
  • Nous devons désormais exiger que les choix technologiques faits par l'État (comme les décisions politiques dans ces domaines) soient lisibles et compréhensibles par l'ensemble des citoyens… Car s'il s'agit de faire de la France une colonie numérique des plateformes et qui ne profiterait qu'à une petite bourgeoisie d'Internet, alors il faudra le dire clairement  
  • Il est temps également de voir émerger une nouvelle forme de résistance citoyenne. Car l'usage de ces technologies n'est pas neutre, la substitution de l'action de l'État par des algorithmes rend caduque l'égalité de traitement entre chaque Français. Le remplacement de nos services publics par un «  État plateforme  » totalitaire (à l'instar du «  Crédit social  » qui voit chaque Chinois recevoir une note qui détermine leur capacité à se déplacer ou à obtenir un crédit) n'est pas la vision que nous souhaitons promouvoir. C'est pourtant ce qui se prépare dans certains cabinets ministériels lorsqu'il est question d'État plateforme…
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    "Pour le pionnier du Web français Tariq Krim, l'histoire du déclin du numérique français est une tragédie en 3 actes. Il existe pourtant une sortie de crise."
Aurialie Jublin

Qu'est devenue l'utopie d'Internet ? | Revue Projet - 0 views

  • Si les années 1990 constituent bien une sorte d’âge d’or de l’utopie numérique, l’expansion d’Internet va progressivement remettre en cause cette vision enchantée du cyberespace. Afin de financer le développement de l’infrastructure, l’administration scientifique en charge d’Internet décide, en 1993, d’ouvrir le réseau aux entreprises privées. Jusqu’alors soutenu par la puissance publique, il était considéré comme un outil de coordination scientifique dont les usages se devaient d’être strictement non lucratifs. Mais le développement de services commerciaux d’accès favorise la découverte du web par un plus large public.
  • La deuxième trahison tient à l’accroissement du contrôle des communications dans un espace numérique jusqu’ici marqué par le principe d’auto-régulation et de responsabilisation de chaque participant. Dans les années 1990, les premières « affaires du net » révèlent la face sombre du web : incitations à la haine, pédopornographie, piratage informatique, propagande, etc. Ces menaces favorisent un retour progressif des États, jusqu’alors remarquablement absents, pour réguler les échanges et protéger les droits sur Internet. Depuis les années 2000, les initiatives législatives se multiplient pour lutter contre le piratage, la prolifération de contenus haineux ou, plus récemment, la manipulation de l’information.
  • Retour du contrôle des communications, règne de la marchandisation et centralisation du web autour des grandes plateformes : ces transformations d’Internet sont dénoncées comme autant de coups portés au projet initial de « l’Internet libre », principalement de la part des Gafam. Pour autant, on aurait tort d’opposer schématiquement les défenseurs aux fossoyeurs de l’utopie numérique. Google s’est parfois trouvé aux côtés des militants du net pour défendre la libre circulation de l’information, la neutralité du net ou l’assouplissement de la propriété intellectuelle. Le projet « Google books » de numérisation de livres, par exemple, n’est pas sans rappeler celui de bibliothèque universelle formulé par les premiers concepteurs du réseau. On songe également aux prises de position très strictes d’Apple au sujet de la protection de la vie privée5. Ces affinités s’expliquent aussi par les racines culturelles de l’utopie numérique. Les fondateurs d’entreprises numériques, les développeurs qui y travaillent, sont bien souvent des utilisateurs pionniers et passionnés d’Internet. Pour certains, l’esprit de la Silicon Valley, loin de marquer une trahison de l’utopie numérique, en constitue l’expression la plus aboutie en tant que synthèse entre l’esprit de la contre-culture et l’enthousiasme technologique d’entrepreneurs innovants.
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    "Aux débuts d'Internet, un idéal d'horizontalité, de gratuité, de liberté. Trente ans après, le web s'est centralisé, marchandisé, et a été colonisé par les géants du numérique. Ces derniers ont-ils trahi l'utopie des pionniers d'Internet ?"
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