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Aurialie Jublin

Qui crée la valeur économique d'une nation ? - 0 views

  • Nous devons changer de cap, insiste-t-elle, dans ce livre stimulant. Entre autres choses, nous devons repenser la relation entre marchés et gouvernements ; faire une distinction claire entre créateurs de richesse et ceux qui ne font qu’en profiter ; avoir des ambitions collectives plus audacieuses, notamment passer à une économie plus écologique ; et investir pour l’avenir, au lieu de choisir une austérité stérile et contre-productive.
  • Ce livre vient après ‘The Entrepreneurial State’, dans lequel Mme Mazzucato a soutenu que le gouvernement a joué un rôle d’innovateur puissant dans l’économie moderne. L’argument principal de ce livre est qu’il est beaucoup trop facile pour ceux qui interviennent dans l’économie de marché de s’enrichir en profitant de la valeur économique créée par d’autres, au lieu d’en générer eux-mêmes.
  • La manière dont le secteur financier a généré une énorme augmentation de l’endettement des ménages au cours des années qui ont conduit à la crise financière de 2007-2009 en est un exemple évident. Cette concurrence stérile a financé l’achat du parc de logements existants à des prix très élevés. Cela a provoqué une crise importante, un surendettement, une faible croissance et un désenchantement politique. Ceci alors que, pour ceux qui ont créé, manipulé et vendu cette dette, c’était une mine d’or. C’était en fait de la valorisation accompagnée de destruction. Il en va de même pour la gestion d’actifs, avec ses pratiques abusives, ses frais exorbitants, son manque de transparence, sa mauvaise gestion et ses conflits d’intérêts. Ce secteur financier, ainsi que la “maximisation de la valeur pour les actionnaires” que les économistes ont défendu, a eu un effet néfaste sur l’ensemble des entreprises, soutient Mme Mazzucato, en encourageant les rémunérations exorbitantes ainsi que la manipulation des cours boursiers au détriment de l’investissement à long terme.
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  • La finance n’est pas seule sur le banc des accusés. Mme Mazzucato s’attaque également à ce qui se passe dans des secteurs qui paraissent avoir un effet plus bénéfique, tels que les technologies de l’information ou les produits pharmaceutiques. Selon elle, l’un des problèmes est l’octroi de droits de propriété intellectuelle trop généreux ou simplement injustifiables, comme le fait de pouvoir breveter des richesses biologiques ou des processus commerciaux très basiques.
  • Elle souligne également l’importance d’un secteur trop souvent considéré comme ne créant aucune valeur économique : le gouvernement. Le gouvernement fait plus que faire respecter la justice et assurer la sécurité, selon elle. Il construit des infrastructures, éduque les jeunes, prend en charge la santé de la population, finance la recherche fondamentale, et a souvent favorisé directement le développement économique. C’est le gouvernement américain, et non des entreprises privées, qui a créé bon nombre des technologies les plus fondamentales et celles qui ont le plus d’impact d’aujourd’hui : l’Internet et le système mondial de positionnement GPS en sont deux exemples spectaculaires.
  • Une thèse fondamentale du livre est que la confusion entre la captation de valeur et la création de valeur, et vice versa, a ses racines dans les erreurs des économistes. Une longue partie du livre traite de l’histoire de la notion de valeur en économie, depuis les mercantilistes du XVIIe siècle jusqu’aux économistes classiques du XVIIIe et du début du XIXe siècle, puis aux marginaux (ou “économistes néoclassiques”) de la fin du XIXe et du XXe siècle.
  • Les économistes classiques, notamment Adam Smith, David Ricardo et Karl Marx, étaient préoccupés par la distinction entre ceux qui créent de la valeur, ceux qui ne font que la faire circuler, et ceux qui vivent du travail des autres comme des parasites (exemple : les aristocrates propriétaires des terres), souligne-t-elle. C’étaient des distinctions à la fois économiques et morales. Les économistes néoclassiques, tels que Léon Walras, Stanley Jevons et Alfred Marshall, avec leur révolution marginale et leur volonté d’équilibre, ont supprimé ces distinctions : selon la théorie subjective de la valeur, le prix est simplement la meilleure indication de la valeur (marginale) : ce qui est cher est, au moins à la marge, précieux. Les choix que font les gens sont les seuls déterminants de la valeur.
  • Le fait que les économistes se concentrent sur ce qui est produit et mis sur le marché a deux autres conséquences, affirme Mme Mazzucato : l’hypothèse de base est que le gouvernement est considéré comme improductif, voire parasitaire, et les activités domestiques deviennent invisibles. Ces hypothèses ont été reprises dans le nouveau système de comptabilité nationale élaboré dans les années 1930 et 1940, d’où est née notre mesure du “produit intérieur brut”.
  • Néanmoins, elle met en avant un point crucial : ce que nous valorisons est un choix social, et une partie de ce que nous valorisons aujourd’hui – l’ingénierie financière, par exemple – relève plus de la justification du fait de profiter de la valeur, que de la création de valeur ajoutée.
  • Ce qui n’est pas mesuré ne compte pas. Mais ce qui est mesuré compte. Mme Mazzucato montre au lecteur la manière dont on donne de la valeur aux activités bancaires. Cette valeur économique ajoutée est actuellement mesurée par le coût des “services d’intermédiation financière indirectement mesurés”, c’est-à-dire par l’écart entre le coût de l’emprunt et le taux d’intérêt des prêts. Plus l’écart est grand, par hypothèse, plus les banques sont censées créer de la valeur. Cela revient à confondre un coût avec un bénéfice.
  • Selon Mme Mazzucato, les évidentes défaillances de nos économies sont la conséquence de notre incapacité à distinguer entre les activités qui créent, redistribuent et détruisent la valeur. Ceci, ensuite, encourage les profiteurs de valeur (comme les compagnies pharmaceutiques qui fixent les prix en fonction de ce que le marché supporte) ; cela effraie les acteurs non marchands, y compris les bureaucrates, qui auraient pu aider à créer de la valeur ; et cela encourage les décideurs politiques à croire que les solutions de marché, comme la Private Finance Initiative (PFI, partenariat public-privé britannique), qui ne fonctionne pas correctement, sont nécessairement supérieures à celles qui sont proposées par les gouvernements.
  • Ce que j’aurais préféré lire, cependant, c’est une enquête approfondie sur quand et comment les gouvernements ajoutent de la valeur. Le gouvernement américain, par exemple, a joué un rôle extraordinaire en matière d’innovation, en particulier par l’intermédiaire du ministère de la Défense et des National Institutes of Health. Mais dans quelle mesure cela est-il vraiment pertinent pour les pays dont les ressources économiques et scientifiques sont plus limitées ? Comment s’assurer que les gouvernements ajoutent de la valeur plutôt que de simplement l’extraire, la prélever et la gaspiller ? Dans son enthousiasme sur le rôle potentiel de l’État, l’auteur sous-estime considérablement les importants dangers que représentent l’incompétence et la corruption gouvernementales.
  • Néanmoins, il y a trois points forts importants dans cet ouvrage. Premièrement, Mme Mazzucato nous pousse à nous éloigner du credo simpliste selon lequel les marchés sont toujours positifs et les gouvernements toujours négatifs. Deuxièmement, elle propose à la gauche un objectif positif de prospérité grâce à l’innovation, à la place d’une politique stérile et, finalement destructrice, de redistribution. Enfin, elle nous oblige à nous demander ce qui ajoute de la valeur à la société et comment créer un ordre économique et social qui favorise cela. En lui-même, ce livre crée de la valeur en nous forçant à nous confronter à ces points de vue.
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    "Qui crée de la valeur ? Qui profite de la valeur ? Qui détruit de la valeur ? Si nous confondons ceux qui profitent de la valeur ou détruisent la valeur avec ceux qui la créent, nous finirons avec des sociétés appauvries et malheureuses, au sein desquelles règnent les pillards."
Aurialie Jublin

Interview des auteurs du livre : "Blockchain - vers de nouvelles chaînes de v... - 0 views

  • Une monnaie, qu’elle qu’en soit la forme, remplit une fonction d’utilité : principalement celle d’être un moyen d’échange facilitant les transactions. Le point commun entre les pièces d’argile, les pièces métalliques, les monnaies fiduciaire et scripturale est donc de remplir cette fonction de média d’échange. L’utilisation d’un média d’échange dans le cadre d’une transaction permet de réduire les coûts associés à celle-ci.
  • Le troc est facilement imaginable, notamment au sein de petites communautés, mais est extrêmement coûteux puisqu’il nécessite « une coïncidence des volontés ». Il faut qu’à un instant t, deux personnes aient besoin du bien proposé par l’autre mais surtout que chacun estime que la transaction est équitable. L’utilisation d’une monnaie supprime ce problème : je peux vendre un bien, conserver la monnaie en « réserve de valeur » avant de racheter un autre bien lorsque l’envie m’en prendra. Plus largement, une monnaie remplit donc classiquement trois fonctions économiques : medium d’échange, réserve de valeur (possibilité de transférer des valeurs dans le temps) et unité de compte (métrique / libellé de référence pour des acteurs).
  • Vous dites aussi qu’une autre caractéristique de la monnaie est qu’elle n’a peu ou pas de valeur intrinsèque.En effet. La valeur qu’on lui accorde dépasse de loin sa valeur fondamentale. Nul doute que le poids du métal d’une pièce de deux euros valle bien moins que deux euros. La valeur d’une monnaie repose sur la confiance, la croyance collective que lui apporte un groupe d’individus, le symbole. Nous aimons beaucoup les thèses de Yuval Noah Harari sur la construction collective des mythes et des croyances ; selon nous, une monnaie en est une. La monnaie est «l’avatar le plus représentatif de la capacité des hommes à créer des mondes intersubjectifs ». Ce constat est d’autant plus fort depuis que la fin de la convertibilité or du dollar a été actée en 1971.
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  • Nous démontrons que les média d’échange ont toujours évolué dans l’histoire économique, prise dans le temps long. A ce titre, Bitcoin ne mérite pas de statut plus négatif que le billet de banque lors de son invention. Cette évolution historique n’est certes pas linéaire, et prudence doit être de mise pour ne pas tomber ni dans l’anachronisme ni dans un évolutionnisme mal placé. On peut toutefois identifier de grands changements associés au progrès technique : à chaque révolution industrielle son support. L’apprentissage de la manipulation des métaux a permis la création des pièces métalliques, l’invention de l’imprimerie a ouvert la voie à la création des billets et de la monnaie fiduciaire, la création de la comptabilité en partie double au XVe siècle a rendu possible la compensation de compte à compte sans déplacement physique de moyens d’échange. Il n’y a donc rien d’aberrant ou de surprenant à voir émerger de nouvelles formes d’échanges et de monnaies, comme le bitcoin, au gré des évolutions technologiques et sociétales. En cela, Bitcoin et la blockchain constituent une étape supplémentaire dans l’évolution de l’histoire monétaire et des transactions.
  • Pourtant, aujourd’hui, le bitcoin est rarement utilisé comme une monnaie.C’est vrai. Certes Bitcoin s’inscrit dans la continuité de l’histoire monétaire, repose sur un nouveau consensus, une nouvelle construction collective ; comme c’est le cas pour le dollar depuis des dizaines d’années. Cependant, nous pensons qu’à date Bitcoin remplit imparfaitement les fonctions monétaires, de médium d’échange, de réserve de valeur et dans une moindre mesure d’unité de compte. Imparfaitement puisque la volatilité reste trop importante et l’acceptation trop limitée pour prétendre au même statut que le dollar ou l’euro.
  • Avec le Bitcoin, c’est la première fois dans l’Histoire que l’évolution des médias d’échange se traduit par une décentralisation absolue, ou presque. Rappelons pour les novices que le protocole Bitcoin — et d’autres — permettent de transférer des valeurs en pair-à-pair, c’est-à-dire sans l’intervention de tiers centralisé, donc complètement à côté du système monétaire, financier et bancaire actuel. Bitcoin s’est donc construit selon une gouvernance diamétralement opposée au système monétaire actuel, sans lien aux Etats ou aux banques centrales ; mais aussi sans entreprise.
  • Le paradoxe en question réside dans le fait que se libérer d’un pouvoir ou d’une autorité donné ne signifie pas pour autant échapper à toute forme de contrôle. Ainsi, Bitcoin et d’autres protocoles parviennent à trouver des moyens d’échapper aussi bien au contrôle des États de manière générale, qu’à celui de la banque centrale pour ce qui concerne l’application monétaire de cette technologie. Mieux encore, elle abolit l’idée même d’autorité entre agents, ce qui constitue la condition sine qua non de l’accomplissement de la liberté dans l’optique crypto-anarchiste où fut élaborée cette technologie.
  • C’est précisément parce que tout est traçable et transparent au sein de la chaîne, que se crée une double situation dont on peut douter qu’elle soit propice à une liberté authentique. D’une part, par la sécurisation de l’information, chacun devient aliéné à son passé transactionnel, la blockchain enchaînant au sens propre l’utilisateur — fût-il anonyme — aux opérations qu’il accompli. D’autre part, au sein du système disparaissent les notions de secret et d’opacité, qui semblent constituer des fondements tout aussi décisifs d’une liberté concrète comme la volonté de ne pas être soumis à une surveillance continue.
  • Il ne faut pas confondre la dissimulation, qui est une négation — je ne suis pas identifiable — et la liberté, qui est une affirmation — je suis maître de ma volonté et de mes actes de telle sorte qu’ils me soient imputables. Or, à moins de disposer d’une définition extrêmement pauvre de la liberté — ne pas être identifié –, il semble impossible de déduire d’un anonymat la preuve d’une liberté effective ; par ailleurs, le propre de la blockchain consiste justement à rendre impossible (ou du moins difficile) l’attribution de transactions à l’identité réelle d’un individu donné. La condition même par laquelle l’individu échappe au contrôle devient la raison pour laquelle sa liberté perd son sens puisque que rien ne peut lui être imputé et que rien ne s’apparente de près ou de loin à une maîtrise responsable de sa volonté et de ses actes.
  • Enfin, la soustraction à l’endroit d’une certaine forme de contrôle (autorité, État, banques) ne garantit en rien d’éviter l’activation d’une autre forme de contrôle, plus contraignante encore puisqu’accomplie au nom de la sacro-sainte transparence mais supposant un contrôle autrement plus poussé et aliénant que le contrôle traditionnel de la puissance publique.
Aurialie Jublin

Mariana Mazzucato, une économiste qui fait des vagues - 0 views

  • Elle pense que les décideurs du secteur public en Grande Bretagne sont otages du discours si souvent servi par les lobbyistes de l’industrie selon lequel “ils ne devraient pas prendre trop de risques, ils ne devraient pas choisir les gagnants”. Les conséquences en sont l’hémorragie des talents qui quittent le secteur public, et la validation sans remise en cause du mantra des lobbyistes : baisses d’impôts et assouplissement de la réglementation sont la recette pour attirer investisseurs et entrepreneurs.
  • “Aux États-Unis, ils parlent comme Jefferson mais ils agissent comme Hamilton” dit-elle. “Ici, en Grande-Bretagne, ils parlent et ils agissent comme Jefferson.” (Thomas Jefferson écrivait qu’il “n’était pas un ami d’un gouvernement très énergique”, alors que son grand rival insistait pour que les États-Unis lancent une politique industrielle volontariste). Un contre-exemple : le Government Digital Service [administration britannique chargée de la transformation numérique, ndt]. Des fonctionnaires, et non les habituels sous-traitants informatiques, ont créé un site qui répond vraiment aux besoins des citoyens, et, souligne-t-elle, “ils en ont fait un endroit vraiment, vraiment cool où travailler, au point que les types de la tech à la City avaient du mal à les recruter”.
  • Marianna Mazzucato défend ces idées depuis longtemps. Elle a publié en 2013 ‘The Entrepreneurial State’ (L’État entrepreneur) pour protester contre les politiques d’austérité post-crise. Elle voulait démontrer à quel point le succès de la Silicon Valley reposait sur les recherches financées par l’État, et qu’ailleurs, dans beaucoup d’autres économies, des agences gouvernementales jouaient ce même rôle essentiel. Son dernier livre veut donner une assise théorique à ses idées. Un long chapitre décortique comment différentes écoles d’économie ont traité le concept de la valeur au cours des siècles, avant que s’imposent les mantras “les prix sont fixés par l’offre et la demande” et “la valeur est dans l’œil de celui qui regarde”.
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  • L’influence de Mariana Mazzucato est particulièrement visible dans la politique publique. Elle est généralement vue comme une sympathisante de gauche, mais elle affirme n’avoir pas d’agenda politique et être prête à conseiller “ceux qui écouteront”. Au Royaume-Uni, on reconnaît son empreinte dans le projet de politique industrielle du gouvernement conservateur actuel, publié en novembre dernier, tout autant que dans le manifeste du Parti travailliste de l’an dernier. Elle désapprouve le nationalisme “sous toutes ses formes”, mais elle joue aussi un rôle officiel de conseillère du Parti nationaliste écossais de Nicola Sturgeon, et revendique l’idée de la création par le gouvernement écossais d’une banque nationale d’investissement.
  • Elle admet que ce qui a “probablement le plus d’impact, dans tout ce que j’ai écrit et que j’écrirai” est le rapport publié en février sur les programmes de recherche et d’innovation européens. Il concrétise son idée que les gouvernements devraient piloter la croissance en coordonnant des “missions” – dotées de visées sociales ambitieuses et d’objectifs quantifiables – qui propageront l’innovation de secteurs en secteurs. Un précédent connu est la décision américaine d’envoyer un homme sur la lune. De nos jours, un objectif pourrait être d’atteindre les cent villes à bilan carbone neutre d’ici 2030.
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    "Elle souhaite avant tout contrer l'opinion dominante selon laquelle l'innovation naît dans le secteur privé, et le rôle du gouvernement se limite à redistribuer, à délimiter le terrain de jeu et à réparer les erreurs du marché. En réalité, argumente-t-elle, beaucoup d'acteurs du privé, de la finance aux grands laboratoires pharmaceutiques, extraient ou détruisent de la valeur créée par autrui. Pour elle, le secteur public peut et devrait être un co-créateur de richesses qui pilote volontairement la croissance pour atteindre ses objectifs, que ce soit dans le domaine des énergies alternatives, du vieillissement des sociétés ou de la participation des citoyens à l'économie numérique."
Aurialie Jublin

L'âge du web décentralisé - The Digital New Deal Foundation - 0 views

  • Les blockchains permettent par ailleurs de lever un obstacle jusqu’ici insurmonté : pouvoir transférer sur Internet de la valeur rare en pair à pair. Cette valeur est représentée par la notion de token : un actif numérique émis et échangeable sans duplication sur une blockchain, sans nécessiter d’autorité centrale.
  • Les tokens sont au cœur de la nouvelle économie numérique qui s’ouvre. Ils permettent de faire fonctionner des applications décentralisées, et rendent possible de nouvelles stratégies, de nouveaux modèles d’affaires et un partage de la valeur mieux distribué – de là l’émergence de la « token économie », qui fera émerger de nouveaux acteurs et de nouveaux champions.
  • Internet a permis de décentraliser l’information, en permettant à chacun de publier et d’échanger instantanément toute information auprès du monde entier, sans besoin d’autorisation préalable. La blockchain et les tokens permettent de décentraliser la valeur, en offrant à chacun un nouveau pouvoir : créer et échanger de la valeur instantanément auprès de tout autre internaute, sans nécessiter ni tiers ni permission.
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  • Trois orientations, déclinées en 15 propositions présentées dans le rapport, permettraient aux pouvoirs publics de renverser la situation : faire émerger des talents à l’intérieur du pays, retenir nos talents déjà formés, et attirer les talents étrangers.
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    "Les technologies blockchain et les cryptoactifs ouvrent la voie d'un nouveau web : le web décentralisé. En son cœur figure une notion phare, le token, dont il est essentiel de comprendre dès à présent les principes, les usages et les implications. Ce web décentralisé et l'émergence de la « token économie » constituent une opportunité inédite pour la France et l'Europe, qui peuvent devenir leader de cette révolution, à condition d'agir sans attendre."
Aurialie Jublin

Des plateformes en leurs limites | InternetActu.net - 0 views

  • L’ouvrage commence par remettre la réalité des plateformes en perspective… Après le temps des promesses de l’avènement de « l’économie du partage » (voir notre dossier de 2014) voire de « la quatrième révolution industrielle », Srnicek rappelle que nous en sommes bien loin. Le secteur des technologies reste relativement modeste dans l’économie, tant en terme de valeur ajouté que d’emplois. Le secteur industriel, malgré la désindustrialisation, est encore bien plus flamboyant que le monde des nouvelles technologies.
  • Pour Srnicek, le capitalisme s’est tourné vers les données pour assurer la croissance et la vitalité de l’économie, à l’heure où l’industrie ralentissait. En ce sens, les plateformes sont un nouveau modèle d’entreprise, dont la fonction est d’extraire, de contrôler et de rendre productifs les données. Un « mirage compétitif », comme l’évoquaient Maurice Stucke et Ariel Ezrachi dans leur livre, qui tend à devenir de plus en plus monopolistique.
  • Le capitalisme s’est restructuré autour du numérique, réservoir de nouveaux concepts, d’innovations réelles ou à venir, reposant sur l’extraction des données. Les données sont devenues la matière première à extraire et les activités des usagers, leur source naturelle. Elles sont désormais au coeur du système capitaliste : « elles nourrissent les algorithmes et donnent [aux entreprises] des avantages concurrentiels, elles coordonnent la main d’oeuvre et permettent souvent de l’externaliser, elles optimisent et flexibilisent les processus de production, elles transforment des produits peu rentables en services hautement profitables et, après leur analyse, elles donnent accès à toujours plus de données – dans une sorte de cercle vertueux. »
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  • La plupart des entreprises capitalistes n’étaient pas conçues pour extraire et utiliser des données, mais pour produire des marchandises. Pour améliorer l’extraction de données, un nouveau type d’entreprise s’est développée : la plateforme. Ce nouveau modèle est un intermédiaire entre différents usagers qui vise via des outils ou une infrastructure dédiée à produire des données à exploiter. Leur seconde caractéristique est de reposer sur des effets de réseaux qui favorisent le nombre et donc produits par nature des formes monopolistiques, très rapidement. Autre caractéristique des plateformes, contrairement aux entreprises allégées qui ne visaient qu’à conserver les compétences essentielles au coeur du projet, les plateformes démultiplient les activités rentables et non rentables pour diversifier les données, comme Google fourbit des services gratuits pour capter un maximum de données. Enfin, elles se présentent souvent comme des espaces ouverts, alors que les services sont entièrement déterminés par leurs propriétaires. Bien que se présentant comme des intermédiaires, les plateformes contrôlent et gouvernent les règles du jeu !
  • Srnicek distingue 5 catégories de plateformes : la plateforme publicitaire (type Google ou Facebook qui consiste à extraire de l’information pour vendre de l’espace publicitaire), la plateforme nuagique (type Amazon Web Services… qui loue de l’équipement à la demande), la plateforme industrielle (comme celles développées par GE ou Siemens… qui visent à transformer la production industrielle en processus produisant des données), la plateforme de produits (comme celles mises en place par Rolls Royce ou Spotify… qui transforment les produits en service sous forme de location ou d’abonnement) et enfin, la plateforme allégée (type Uber ou Airbnb… qui réduisent les actifs au minimum et dégage des profits en baissant au maximum leurs coûts de fonctionnement).
  • Plus qu’un digital labor, concept à l’égard duquel le philosophe semble méfiant, les plateformes publicitaires reposent sur l’appropriation des données et leur raffinage pour assortir annonceurs et usagers. Ce modèle n’est pas seulement prédominant sur internet : Dunnhumby, propriété de Tesco, est une entreprise d’analyse des habitudes de consommation. Ces plateformes publicitaires ont connu un grand succès. Leurs revenus, leurs profits sont élevés.
  • Les plateformes nuagiques permettent aux entreprises de sous-traiter leur développement technologique. Le modèle locatif permet aux entreprises qui développent des services en ligne de collecter de nouvelles données pour renforcer l’extraction. Là encore, les profits et revenus s’envolent.
  • Les plateformes industrielles, comme MindSphere de Siemens ou Predix de GE, sont certainement moins connues. Elles consistent à introduire des capteurs et des puces dans la chaîne de production pour améliorer la traçabilité logistique, afin d’optimiser l’efficacité du processus de production, de développer de la personnalisation dans la chaîne de montage et dans la chaîne de distribution. Ces plateformes construites pour collecter des mégadonnées de filières industrielles spécifiques, sont, elles aussi, particulièrement rentables.
  • Les plateformes de produits et de services en tant que produits reposent pour beaucoup sur le modèle de l’abonnement, à l’image de Spotify ou encore de Rolls Royce, qui, pour ses moteurs d’avion, fait payer les compagnies aériennes pour l’utilisation de ses moteurs plutôt que de les leur vendre. En retour, Rolls Royce prend en charge l’entretien et les pièces de rechange. En récupérant ainsi les données, ces plateformes améliorent leurs produits, à l’image de Rolls Royce qui a pu ainsi améliorer la consommation de carburant de ses moteurs et leur durée de vie, au détriment de ses compétiteurs.
  • Enfin, les plateformes allégées externalisent à maximum leurs coûts. La plateforme contrôle uniquement ce qui lui permet de percevoir une rente de monopole (un pourcentage sur les transactions qu’elle facilite). C’est là clairement le modèle d’Uber ou de Airbnb, de TaskRabbit ou Mechanical Turk. Mais, rappelle Srnicek, ce phénomène n’est pas propre au numérique. Le marché des travailleurs journaliers, des emplois informels, de la sous-traitance… bref du travail traditionnel… est également très proche de ce modèle.
  • Le numérique y ajoute une couche de surveillance. Aux États-Unis, les emplois non conventionnels représenteraient 15 millions de travailleurs soit 10 % de la main d’oeuvre du pays en 2005, et 15,8 % en 2015. Ces emplois non conventionnels ont même dépassé le nombre d’emplois créés entre 2005 et 2015 aux États-Unis (9,4 millions contre 9,1 millions). Reste que l’accélération de la précarisation de l’emploi n’est pas tout entier imputable aux plateformes numériques. On estime que l’économie du partage en ligne représente 1 % de la main-d’oeuvre américaine et que les chauffeurs d’Uber en représenteraient la grande majorité. En fait, ce secteur demeure encore relativement marginal, estime Srnicek. Ces plateformes prolongent la précarisation du travail initié par les entreprises allégées dès les années 70. Srnicek rappelle très justement que ce travail « autonome » demeure largement contraint 
  • Pour Srnicek, ces entreprises qui bénéficient de force investissements, sont un phénomène consécutif à la crise de 2008, mais Uber, Airbnb et Didi Chuxing (le concurrent chinois d’Uber), ont raflé à elles trois en 2015 59 % du financement des entreprises émergentes des services à la demande. Elles ont surtout bénéficié de capitaux excédentaires cherchant des opportunités de rendements élevés dans un contexte de faible taux d’intérêt. Pour Srnicek, la rentabilité des plateformes allégées est encore largement à prouver. Elle repose sur leur capacité à comprimer les coûts et à abaisser les salaires… comme on le constate dans le monde des livreurs à vélo où le prix de la course n’a cessé de s’effondrer.
  • Srnicek en tire un enseignement qui va à l’encontre des discours ambiants sur le modèle des plateformes : « le modèle allégé reste un joueur marginal », qui ne survit que par l’apport de capital-risque plutôt qu’en générant ses propres revenus. « Loin d’incarner l’avenir du travail ou de l’économie, il est fort probable que ces modèles finissent par s’écrouler dans les années à venir ».
  • Reste souligne Srnicek, que « nous n’assistons pas à la fin de la propriété, mais bien à sa concentration ». Les plateformes en imposant leur monopole sur l’extraction des données sont en passe de devenir « propriétaires de l’infrastructure même de la société ».
  • Le problème est que les monopoles qu’elles construisent sont donc de plus en plus importants. Qui pourrait aujourd’hui venir défaire le monopole d’un Google par exemple ? Pour autant, cela ne signifie pas que la concurrence est morte, souligne Srnicek, mais qu’elle a changé de forme. Pour lui, nous serions plutôt dans un colonialisme de plateforme, un moment où la capitalisation sur la quantité et la diversité des données importent plus que leur qualité.
  • Outre l’extraction de données, l’autre travail des plateformes repose sur leur capacité d’analyse et de traitement qui participe lui aussi à la concentration. D’où les investissements massifs dans l’intelligence artificielle : « le moindre goulot d’étranglement dans la circulation de données (…) contribue à entraver la production de valeur ». Pour Srnicek, l’expansionnisme des plateformes repose sur un modèle de convergence, tant et si bien que malgré leurs différences, les grandes plateformes se concurrencent de plus en plus entre elles.
  • Pour Srnicek, cette tendance devrait à terme se cristalliser dans des écosystèmes de plus en plus clos : « la concurrence capitaliste risque fort bien de mener à une fragmentation d’internet » que seule une intervention politique pourrait ralentir ou renverser.
  • Encore faudrait-il être sûr que la concurrence soit encore une caractéristique du capitalisme tel qu’il s’est transformé ces dernières années… C’est peut-être oublier combien celui-ci est en train de muter. Les comportements assez similaires des grandes plateformes, leurs ententes et collusions, montrent que si elles se font effectivement une petite guerre entre elles, leurs principes semblent imposer une vision du monde sans grande concurrence. Le retour des monopoles, le fait que d’énormes conglomérats dominent les marchés, souligne que nous ne sommes peut-être plus dans un capitalisme où la concurrence était un préalable. Peut-être que l’analyse de Srnicek n’est peut-être pas assez radicale ?
  • La conclusion de Srnicek est limpide. Le numérique ne nous conduit pas du tout à dépasser le capitalisme. Nous restons dans une économie où règne la concurrence et la rentabilité. Pour lui cependant, le modèle des plateformes fait face à un défi d’importance qui risque d’éprouver leurs limites : la crise de la production industrielle. Depuis 2008, la croissance est en berne. La Chine elle-même connaît une surcapacité industrielle, qui entraîne une baisse des prix… L’internet industriel est vu comme un espoir pour inverser la situation et ajuster la production à la demande. Or, souligne Srnicek, l’internet industriel lui-même ne semble pas capable de transformer le mode de production en profondeur : il se cantonne plutôt à réduire les coûts et le temps de production, plutôt que d’améliorer la productivité ou de développer de nouveaux marchés. L’internet industriel vise plutôt à agir sur la baisse des prix, et ce alors que l’austérité tend à diminuer la demande et à faire chuter la productivité. Quant au capital, explique-t-il, il cherche un peu partout les moindres opportunités, mais sans qu’elles soient raccord avec les difficultés actuelles.
  • Pour Srnicek, le scénario le plus probable est que les plateformes se propagent dans tous les secteurs, alors que la concurrence les entraîne à se refermer sur elles-mêmes. Les plateformes publicitaires pourraient être poussées à offrir des services payants, alors que les plateformes allégées pourraient être amenées à se transformer en plateformes de produits. « En dernière analyse, il semble que le capitalisme de plateforme tende inéluctablement à prendre la forme d’un échange d’une rente contre un service ». C’est-à-dire à construire des rentes par ceux qui souhaitaient les défaire…
  • La grande promesse de libération des plateformes, de fluidification de l’économie, se termine sous la forme de simples droits de péages (le fameux 30 % de marge qu’elles pratiquent toutes peu ou prou) pour accéder aux services, selon le modèle de bien des entreprises traditionnelles qu’elles prétendaient détrôner.
  • Dans une conclusion certainement trop rapide, Nick Srnicek, rappelle que les enjeux à venir consistent à s’opposer aux monopoles, à développer d’autres types de plateformes qui bénéficient à ceux qui les utilisent, à l’image du coopérativisme de plateforme, à lutter contre l’ubérisation, c’est-à-dire contre la précarisation, qu’induisent les plateformes allégées, à lutter contre l’évasion fiscale et l’exploitation des données… Pour lui, pour agir sur ce qui a permis le développement des plateformes, il est nécessaire de construire des plateformes publiques, de collectiviser les plateformes existantes pour mettre leurs données au service d’une meilleure redistribution des ressources, d’une plus grande participation… D’imaginer une autre innovation ne reposant plus sur l’optimisation capitalistique. Dommage que cette dernière partie ne dépasse pas l’appel d’intention.
  • Pour Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee, dans Des machines, des plateformes et des foules (2018), la plateforme était encore définie comme une solution magique, puissante, sans réelle externalité (« la plateforme est un environnement numérique qui se caractérise par un coût marginal d’accès, de reproduction et de distribution proche de zéro »). La catégorisation de Srnicek apporte donc un peu de complexité et de mise en perspective et permet de relativiser l’enthousiasme et la fascination pour les plateformes, longtemps vues comme des infrastructures qui mettent en correspondance l’offre et la demande.
  • La plateforme était surtout un instrument pour industrialiser la création de valeurs et accélérer les rendements d’échelle nécessaires à l’établissement d’une position dominante sur les marchés, via un ensemble de mécanismes allant du crowdsourcing à l’appariement, en passant par des technologies comme les API et toutes les capacités offertes aux développeurs tiers. Reste que ces mécanismes et ces technologies ne sont plus magiques.
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    "En attendant leurs nouvelles publications, intéressons-nous au précédent livre de Nick Srnicek Plaform Capitalism (2016), qui vient d'être traduit en français sous le titre Capitalisme de plateforme (Lux éditeur, 2018). Il est certainement moins ambitieux sur le plan politique que son manifeste, mais très stimulant pour comprendre les transformations concrètes de l'économie numérique. Ce court essai d'analyse de la réalité économique des plateformes nous aide à en saisir leur impact en les situant dans leur réalité économique."
Aurialie Jublin

Comment les blockchains peuvent sauver la culture - 0 views

  • Le premier est de former des registres immuables et distribués, enrichis au fil de l’eau et de façon sécurisée, tout en restant facilement consultables par tous à tout moment. En matière de gestion des droits d’auteur, ou de simple référencement des oeuvres, c’est un fort atout, en rupture avec la logique de fichier centralisé qui prévaut aujourd’hui.
  • Le second est de permettre la création de « contrats intelligents », c’est-à-dire des transactions programmables, conditionnées à des événements futurs. Ce sont ces contrats qui sont à l’origine de toutes les ICO (« Initial Coin Offering »), permettant à quiconque d’acquérir un token avant qu’il ne soit créé. Transposé au domaine culturel, le principe d’associer flux financiers et conditions pré-programmées automatisables peut s’avérer puissant. Il devient par exemple facile de faire évoluer le prix d’un album musical en fonction de son succès, ou d’offrir aux 100 premiers acheteurs de cet album une remise sur un concert à venir.
  • Le troisième atout tient aux paiements proprement dits : toute blockchain publique (ou tout token) est aussi une crypto-monnaie, convertible en d’autres monnaies, et autorisant de façon efficace des transactions de montants très faibles (inférieurs au centime d’euro), ce que nulle autre solution ne permettait jusqu’alors.
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  • Voise, développé en OpenSource sur la plate-forme Ethereum, dispose ainsi de sa propre monnaie (VOISE) pour créer « une plate-forme libre et équitable permettant aux artistes de monétiser leur contenu sans intermédiaire ». Ciblant les artistes indépendants et déjà disponible en version alpha, la plate-forme offrira comme d’autres du streaming payant, mais sans abonnement et avec une différence de taille : les artistes fixent eux-mêmes le prix de leur musique et conservent 100% des revenus
  • De son côté, Ujo est encore plus ambitieux, en tirant parti de plusieurs blockchains et outils décentralisés pour créer « une plate-forme où la musique reste en permanence sous le contrôle de l’artiste » : stockage décentralisé via IPFS et Swarm, licensing et paiements via Ethereum, gestion des identités sans mot de passe via uPort, lui-même un projet blockchain innovant... Chaque artiste est responsable de ses données et de son contenu, fixant les prix et les licenses, et pourra vendre par ce biais non seulement sa musique mais tous les produits dérivés (goodies, places de concert, etc.)
  • Autres exemples, Opus, disponible en version beta, et « s’opposant aux modèles monopolistiques et centralisés actuels » ou Muse qui, bien que tardant à se concrétiser (en développement depuis plus de deux ans), entend également créer « un réseau P2P globalement distribué appartenant aux musiciens eux-mêmes, où les royalties de tous les ayant-droits sont payées directement et instantanément, sans intermédiaires qui prélèvent des commissions ».
  • Sur le Web, la monétisation des textes a toujours été un problème. Un auteur de blog ou un petit éditeur de presse n’ont que peu de choix : couvrir leurs pages de bannières (dont l’immense majorité est gérée par une seule entreprise, Google) et espérer s’adjuger une (maigre) part du gâteau publicitaire. Là encore, les blockchains peuvent changer la donne.
  • On peut faire autrement, et deux plates-formes de contenu éditorial, Steemit et Yours, le prouvent. Toutes deux, inspirées de Reddit et opérationnelles (en version beta), permettent à quiconque d’ouvrir un blog, en dégageant des revenus directement liés à la popularité de ce qu’il/elle publie. L’idée est bien de s’opposer aux modèles en vigueur. « La plupart des médias sociaux extraient de la valeur de leurs utilisateurs pour le seul bénéficie de leurs actionnaires. Steemit est différent, formant un nouveau genre d’économie de l’attention. Etant connecté à une blockchain décentralisée et contrôlée par les gens, ce sont les utilisateurs eux-mêmes qui perçoivent tous les bénéfices et toutes les récompenses pour leur attention », explique Steemit, dont la monnaie (STEEM) pèse près de 300 millions de dollars en capitalisation.
  • « Les paiements en pair à pair sont la pièce manquante aux médias sociaux. Cette absence de paiement explique pourquoi Internet est rempli de clickbait, de spam et de fausses actus. Les gens devraient être capables de gagner de l’argent directement depuis celles et ceux qui les soutiennent, et tout ne devrait pas été financé par la publicité », ajoute Yours, dont la principale différence avec Steemit est d’imposer un coût initial pour la publication de nouveaux contenus.
  • Alors qu’on peut tout dupliquer en deux clics, comment prouver l’antériorité d’un texte, s’assurer qu’une photo émane bien de la personne qui prétend en être l’auteur, ou reproduire facilement un contenu en toute légitimité, en créditant ou payant les auteurs initiaux ? Plusieurs (ambitieux) projets s’attaquent au problème.
  • Po.et, après la création de son token POE ayant levé 10 millions de dollars en ICO, veut créer « un registre universel partagé pour tracer l’existence et la propriété de tous les actifs culturels mondiaux ». Initialement, le dispositif se contente d’établir une « preuve d’existence » de tout document numérique en lui adjoignant des méta-données rattachées à la blockchain Bitcoin. Tout article publié sur un site Web peut ainsi être horodaté de façon irréfutable, tout en étant plus facilement indexable (titre, mots-clés, auteur, lieu de publication, etc.).
  • A terme (d’ici à 2019), l’idée va bien au-delà, avec la création d’un dispositif de gestion automatisée des licenses, permettant de former un marché mondial du contenu numérique, quel que soit son format. Tout ebook, tout article de presse ou de blog, toute image ou tout enregistrement numérique seront dûment identifiés, et les licenses acquittées, via un réseau décentralisé et des crypto-monnaies, sans intermédiaires entres éditeurs et producteurs de contenus. Au passage, « non seulement un enregistrement Po.et stockera plus de méta-données qu’un ISBN, mais ce sera un service gratuit »
  • Des dizaines de projets à base de cryptos et tokens montrent la voie. Automatisation du traitement des droits d’auteur, indexation intelligente et pérenne des oeuvres, plus grande transparence, mise en rapport direct des artistes/auteurs et de leurs fans, suppression partielle ou totale des intermédiaires financiers et leurs commissions, réduction du modèle publicitaire... On comprend que les blockchains ont de sérieux atouts pour disrupter l’industrie culturelle.
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    "Les blockchains et les crypto-monnaies intriguent, excitent ou effraient, c'est selon, mais tout porte à croire qu'elles sont en train de donner naissance à une nouvelle économie, déjà baptisée « Token economy », reposant sur une myriade de monnaies et/ou jetons électroniques qui réinventent les usages, décentralisent la valeur et bousculent les systèmes en place. Pour démarrer cette série de « Mes tokens et moi », penchons-nous sur la diffusion d'oeuvres culturelles grâce aux blockchains. Episode 1 : Décentraliser la culture. "
Aurialie Jublin

Facebook n'est pas un réseau social, c'est un scanner qui nous numérise - Fra... - 0 views

  • Le modèle économique de Facebook, Google et de la cohorte des startups financées par le capital-risque de la Silicon Valley, j’appelle ça de l’élevage d’être humains. Facebook est une ferme industrielle pour les êtres humains. Et le manifeste de Mark n’est rien d’autre que la dernière tentative d’un milliardaire paniqué pour enjoliver un modèle d’affaires répugnant fondé sur la violation des droits humains avec l’objectif faussement moral de se débarrasser de la réglementation et de justifier un désir décomplexé de créer une seigneurie à l’échelle planétaire, en connectant chacun d’entre nous à Facebook, Inc.
  • Ce n’est pas le rôle d’une entreprise de « développer l’infrastructure sociale d’une communauté » comme Mark veut le faire. L’infrastructure sociale doit faire partie des biens communs, et non pas appartenir aux entreprises monopolistiques géantes comme Facebook. La raison pour laquelle nous nous retrouvons dans un tel bazar avec une surveillance omniprésente, des bulles de filtres et des informations mensongères (de la propagande) c’est que, précisément, la sphère publique a été totalement détruite par un oligopole d’infrastructures privées qui se présente comme un espace public.
  • Il est grand temps que nous commencions à financer et à construire l’équivalent numérique de parcs à l’ère du numérique au lieu de construire des centres commerciaux de plus en plus grands.
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  • Nous ne pouvons plus nous offrir le luxe de ne pas comprendre la nature du « moi » à l’âge numérique. L’existence même de nos libertés et de la démocratie en dépend. Nous sommes (et nous le sommes depuis un moment maintenant) des organismes cybernétiques. Nous devons résister de toutes nos forces à toute tentative de réduire les personnes à des propriétés.
  • il s’ensuit que nous devons étendre les protections du moi au-delà de nos limites biologiques pour y inclure toutes ces technologies qui servent à nous prolonger. Par conséquent, toute tentative par des tierces parties de posséder, contrôler et utiliser ces technologies comme une marchandise est une tentative de posséder, contrôler et monétiser les éléments constitutionnels des individus comme des marchandises. Pour faire court, c’est une tentative de posséder, contrôler et utiliser les êtres humains comme des marchandises.
  • Inutile de dire que nous devons résister avec la plus grande vigueur à toute tentative de réduire les êtres humains à de la marchandise. Car ne pas le faire, c’est donner notre consentement tacite à une nouvelle servitude : une servitude qui ne fait pas commerce des aspects biologiques des êtres humains mais de leurs paramètres numériques. Les deux, bien sûr, n’existent pas séparément et ne sont pas réellement séparables lorsque la manipulation de l’un affecte nécessairement l’autre.
  • Il s’ensuit également que toute tentative de violation des limites de ce moi doit être considérée comme une attaque du moi cybernétique. C’est précisément cette violation qui constitue aujourd’hui le modèle économique quotidien de Facebook, Google et des majors de la technologie de la Sillicon Valley. Dans ce modèle, que Shoshana Zuboff appelle le capitalisme de surveillance, ce que nous avons perdu, c’est notre souveraineté individuelle. Les personnes sont à nouveau redevenues des possessions, bien que sous forme numérique et non biologique.
  • Imaginez un monde où chacun possède son propre espace sur Internet, fondé sur les biens communs. Cela représente un espace privé (un organe de notre être cybernétique) auquel nos appareils dits intelligents (qui sont aussi des organes), peuvent se connecter.
  • Au lieu d’envisager cet espace comme un nuage personnel, nous devons le considérer comme un nœud particulier, permanent, dans une infrastructure de pair à pair dans laquelle nos appareils divers (nos organes) se connectent les uns aux autres. En pratique, ce nœud permanent est utilisé pour garantir la possibilité de trouver la localisation (à l’origine en utilisant des noms de domaine) et la disponibilité (car il est hébergé/toujours en service) tandis que nous passerons de l’architecture client/serveur du Web actuel à l’architecture de pair à pair de la prochaine génération d’Internet.
  • Les fournisseurs de services doivent, naturellement, être libres d’étendre les fonctionnalités du système tant qu’ils partagent les améliorations en les remettant dans les biens communs (« partage à l’identique »), évitant ainsi le verrouillage. Afin de fournir des services au-dessus et au-delà des services de base fondés sur les biens communs, les organisations individuelles doivent leur attribuer un prix et faire payer les services selon leur valeur ajoutée. De cette manière, nous pouvons construire une économie saine basée sur la compétition reposant sur un socle éthiquement sain à la place du système de monopoles que nous rencontrons aujourd’hui reposant sur une base éthiquement pourrie.
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    "Dans son manifeste récent Mark Zuckerberg mettait en valeur sa vision d'une colonie mondiale centralisée dont les règles seraient dictées par l'oligarchie de la Silicon Valley. J'affirme que nous devons faire exactement l'inverse et œuvrer à un monde fondé sur la souveraineté individuelle et un patrimoine commun sain."
Aurialie Jublin

Acrasie : l'intime désaccord - 0 views

  • Ce phénomène que nous essayons de mettre en lumière ici, qui fait que nous prenons des décisions qui vont à l’encontre de nos valeurs, est plus fréquent qu’on ne pourrait le croire. Il est même quasi-quotidien chez certains d’entre nous. En philo éthique, c’est ce qu’on appelle l’acrasie (du grec akrasia). « Je vois le bien, je l’approuve, et je fais le mal ». C’est ce que Médée explique à Jason dans Métamorphoses d’Ovide (non, ce n’est pas une sitcom). Et ça résume bien la situation dans laquelle beaucoup d’entre nous se trouvent quotidiennement : ils ne sont pas d’accord avec le fait d’être assis sur leur canapé devant Netflix, à s’empiffrer de chips et à scroller sur Instagram, cependant, ils sont confrontés à des choix qu’ils n’arrivent (apparemment) pas à résoudre.
  • Cette caractéristique du comportement, propre à pas mal d’entre nous, c’est ce que Alain Anquetil, auteur d’un travail de recherche sur la question, appelle « l’expression molle d’une préférence pour le statu quo ».
  • L’acrasie par contre, c’est bien cette incontinence, cette faiblesse de ne pas arriver à prendre la bonne décision, alors que précisément nous savons quelle est cette « bonne » décision. Parce que je ne reçois aucune gratification instantanée dans le fait d’utiliser Qwant à la place de Google. Cependant, si je suis d’accord avec les arguments énoncés un peu plus haut, je devrais opter pour un autre moteur de recherche.
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  • Vous l’aurez compris : les pays avec le plus haut score d’acceptation étaient ceux dans lesquels les gens devaient faire un effort, et une démarche, afin de se désinscrire, alors que ceux dans lesquels il fallait tout simplement s’inscrire (ce qui semble, il est vrai, le plus logique) ont eu beaucoup de mal à fédérer plus de 10 % de réponses positives. Les conclusions de l’enquête ? Que ce soit en Suède, en Autriche ou même en France, les personnes interrogées ne sont certainement pas CONTRE le don d’organe, mais encore faudrait-il qu’elle fasse l’effort de le dire et d’exprimer leur choix. Nous sommes donc là en face d’un pur cas d’acrasie (les gens ont d’ailleurs souvent un vrai avis moral et éthique sur la question du don d’organe) : peu importe la raison, quand il s’agit de passer à l’action, l’incontinence reprend le dessus.
  • Comme le souligne Attali, l’engagement citoyen de façade est parfois doublé d’un égoïsme social présent lorsqu’il s’agit de nos intérêts personnels et de nos habitudes.
  • Le philosophe Ruwen Ogien pose la question de façon très ouverte dans La Faiblesse de la Volonté : « À quelles conditions un agent rationnel peut-il choisir le pire alors que le meilleur est accessible ? ». Quel est l’effet de dissonance cognitive qui est à l’œuvre, et qui nous fait penser que ces baskets, chèrement payées, valent l’argent que nous y mettons ? Le mimétisme ? La sensibilité aux histoires et aux émotions véhiculées par les marques ? 
  • Le « pré-engagement ». C’est la façon dont vous allez vous engager socialement par rapport à vos convictions, en les exprimant à vos proches, amis ou collègues. Reprenons l’exemple de la consommation de viande : une fois que vous avez dit à tous vos collègues que vous ne mangez plus de viande parce que vous êtes choqués par le traitement fait aux animaux dans l’élevage industriel, vous pourrez bien sur en reprendre, mais vous risquez quand même de passer pour quelqu’un de pas très « fiable ».
  • Les « intentions de mise en œuvre ». Contrairement au pré-engagement, les intentions de mise en œuvre s’adressent uniquement à vous même. Il s’agit tout simplement d’outils pour vous motiver et vous organiser de façon à mettre en œuvre ce que vous avez prévu. Un exemple très parlant, et pourtant totalement banal, est celui de la to-do list.
  • Les « embûches ». La légende dit que pour finaliser Notre-Dame de Paris dans le temps imparti, Victor Hugo s’est débarrassé de ses vêtements, afin de ne plus avoir de moyen de sortir de chez lui, et de s'obliger à rester assis devant son bureau – n’ayant plus rien d’autre à faire que d’écrire. Résultat : il a rendu son ouvrage plusieurs jours avant la date limite.
  • Si l’acrasie représente cette faiblesse de volonté, l’encrasie serait donc cette force de caractère nous permettant d’agir conformément à nos valeurs, à ce que nous pensons profondément être bon, et non à ce qui nous arrange ou ce qui peut arranger nos petites affaires sur le moment présent. C’est un long chemin, mais il ne faut pas le considérer comme hors d'atteinte pour autant. Au contraire.
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    "Nous avons pris l'habitude de blâmer les géants du numérique pour tous les maux de la Terre. Serait-ce de leur faute si nos données personnelles sont revendues et utilisées contre notre gré ? Est-ce à cause d'eux que nous devenons de vraies loques humaines, incapables de faire autre chose de que scroller une quantité invraisemblable de contenu par jour, et d'emmagasiner des informations dont nous n'avons (en vrai) rien à faire ? Bonne nouvelle : les individus derrière l'excellente newsletter Tech Trash vous révèlent dans cet article initialement publié sur leur site le principal responsable de vos faits et gestes (qui ne sont pas, contrairement à ce que vous pensez peut-être, téléguidés par la Silicon Valley) : VOUS. Et un mécanisme de nos cerveaux baptisé acrasie : le fait de ne pas parvenir à prendre la bonne décision, alors que précisément nous savons quelle est cette « bonne » décision. "
Aurialie Jublin

Contributopia : Dégoogliser ne suffit pas ! Peut-on faire du libre sans visio... - 0 views

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    "Peut-on faire du libre sans vision politique ? Suite à sa campagne « Dégooglisons Internet » (oct 2014 - oct 2017), l'association a fait le bilan, calmement. Et il n'est pas brillant. En quelques années, les GAFAM/BATX/NATU (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi, Netflix, AirBnb, Tesla, Uber) ont « colonisé » le monde, en formatant nos interactions, en normalisant nos relations, en orientant nos consommations, en contrôlant notre pouvoir d'agir. À l'œuvre derrière cette mécanique, une mutation économique et sociale : le capitalisme de surveillance. Avec sa nouvelle feuille de route « Contributopia », Framasoft souhaite mettre en place des outils et accompagner des dynamiques collectives qui permettraient de pouvoir agir plutôt que de subir. Il ne s'agit plus seulement de savoir « ce que nous refusons » (le logiciel propriétaire, les attaques contre nos libertés fondamentales, etc.), mais aussi de définir « quel monde nous souhaitons », et comment le logiciel libre et les communs peuvent nous aider à y le mettre en œuvre. Nous essaierons donc de poser les faits qui démontrent que l'open source se porte (très) bien mais que le logiciel libre (= open source + valeurs + éthique) soit dans une ornière depuis plusieurs années. Pour sortir de l'ornière, mais aussi de l'épuisement, ne devrions-nous pas faire un pas de côté et réinterroger les pratiques, les fonctionnements et les visions de nos communautés libristes ? Ne plus voir le logiciel libre comme une fin en soi nous permettant de nous libérer nous (libristes), mais comme un outil inspirant capable de favoriser l'émancipation de toutes et tous, et d'accélérer des transformations sociales positives ? La question politique a toujours été centrale dans le mouvement du logiciel libre, mais les questions économiques, techniques et juridiques - elles aussi profondément politiques, mais évitant soigneusement notre capacit
Aurialie Jublin

Mais pourquoi les GAFA nous rendent notre temps ? - 0 views

  • En réalité, les internautes devraient plutôt s’inquiéter de ces nouvelles fonctionnalités annoncées par les GAFA. Car cela sous-entend que ces derniers ont trouvé le moyen de faire de l’argent d’autres manières qu’en vendant notre temps de cerveau disponible au mieux offrant. Cela veut dire que l’économie de l’attention, qui pré-existe largement au Web puisqu’elle est au coeur du modèle économique de nos industries culturelles et médiatiques, n’est plus nécessairement le seul modèle possible pour ces grands groupes du numérique. Ou plutôt, ce que laisse entendre Mark Zukerberg, c’est que cette économie de l’attention n’a plus une valeur quantitative, mais qualitative : « aider les gens à se connecter est plus important que de maximiser le temps passé sur Facebook ». Nul besoin de garder présent un utilisateur durant une grande plage de temps si on peut s’assurer qu’il génèrera rapidement de la valeur.
  • Ainsi, il est notable de constater que les fonctionnalités annoncées ne permettent d’évaluer que le temps que l’on passe sur notre téléphone. Cela nous renvoie à une vision très utilitariste de notre société et de son rapport aux nouvelles technologies : optimiser son temps, le dépenser utilement. Cependant, les internautes sont loin de ne dépenser que du temps. Nous dépensons de l’argent (via le e-commerce) et nous “dépensons” des données personnelles (sur les réseaux sociaux ou via les applications de nos smartphones). Or ce sont ces deux dépenses qui sont les plus rémunératrices pour les géants du numérique. Ce n’est donc pas un hasard si la nouvelle application d’Apple nous indique le temps passé sur notre téléphone et non le montant cumulé que nous dépensons sur l’App Store ou sur les différentes applications que nous utilisons.
  • En effet, ce combat détourne en partie l’attention du fond du problème, c’est-à-dire la capacité des utilisateurs à maîtriser leurs usages dans leurs diversités des services numériques.
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  • C’est pourquoi il est aujourd’hui impératif de repenser la conception des services numériques, aussi bien dans ses méthodes, d’exploitation des données personnelles ou de l’attention, que dans ses objectifs, business models et impacts sur nos sociétés. De nombreux concepteurs de services numériques cherchent ainsi à remettre du sens dans leur travail et dans leurs produits, avec pour soucis de remettre l’exigence de choix et de liberté de l’utilisateur au centre de la conception.
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    "Ces dernières semaines, parmis les nouveautés annoncées par les géants américains du numérique pour leurs services respectifs, figuraient un certain nombre de fonctionnalités visant à "rendre le contrôle aux utilisateurs". Apple le formule ainsi : "iOS 12 intègre de nouvelles fonctionnalités pour limiter les interruptions et gérer le temps passé devant les écrans". iOS et Android offriront donc dorénavant la possibilité de monitorer le temps passé sur son téléphone, ainsi que la possibilité - à l'instar de Facebook - de mieux contrôler les notifications que l'on souhaite recevoir."
Aurialie Jublin

A qui profite le clic ? Le partage de la valeur sur internet ? - 0 views

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Aurialie Jublin

Pour la consécration constitutionnelle des droits fondamentaux des utilisateu... - 0 views

  • Une charte du numérique pourrait porter ces principes fondamentaux : • Le droit d’accès à Internet pour tous Comme prérequis de l’inclusion dans la Société : de la participation à la vie publique jusqu’à la communication dans la vie privée ; • Le droit à la neutralité du net Garant d’un Internet sans barrières de coûts et d’une capacité d’innovation sans permission préalable • Le droit d’accès gratuit et de réutilisation libre des informations publiques C’est-à-dire des informations produites, collectées ou recueillies dans le cadre d’une mission de service public, dans le respect de la vie privée des individus et des secrets protégés par la loi • Le droit à la protection des données personnelles Et le contrôle des usages qui en sont faits.
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    "Parce qu'Internet est un bien commun : nous, citoyens engagés en faveur d'un numérique au service des individus et de la société, invitons ardemment le constituant à adopter une charte du numérique à valeur constitutionnelle"
Aurialie Jublin

Transition énergétique citoyenne - Le Labo de l'économie sociale et solidaire - 1 views

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    "La transition énergétique recouvre un ensemble de modifications structurelles pour passer de l'utilisation de ressources énergétiques non renouvelables à des ressources renouvelables dans notre production et notre consommation : industrie, transports, éclairage et chauffage… La transition énergétique citoyenne est faite « avec des citoyens qui se réapproprient la gestion de l'énergie, de sa production à sa consommation en passant par sa maîtrise, dans un esprit d'intérêt général. » Depuis 2015, le Labo de l'ESS analyse les leviers de la participation citoyenne dans cette transformation de modèle à partir des expériences des acteurs de l'ESS qui apportent aujourd'hui des réponses par leurs valeurs, dont notamment la gouvernance démocratique et leur ancrage territorial."
Aurialie Jublin

CHATONS, le collectif anti-GAFAM ? - Framablog - 0 views

  • Pour faire court, CHATONS serait un peu aux services libres ce que la Fédération FDN est aux fournisseurs d’accès internet libres : un moyen de rassembler, de mutualiser, de décentraliser, de donner de la visibilité, de fédérer autour de valeurs communes, de faciliter l’essaimage, mais sans pour autant centraliser, rigidifier, contrôler ces structures.
  • Framasoft ne couvre pas l’ensemble des besoins, et ne propose aucune garantie de disponibilités dans ses Conditions Générales d’Utilisation. Il serait donc utile de répartir la charge et les services sur différentes organisations, non seulement pour éviter les silos de données, mais aussi pour s’assurer de ne laisser aucun utilisateur dans l’impasse. L’un des objectifs serait de mettre en réseau les différentes organisations volontaires, afin qu’elles puissent proposer des services complémentaires (voir redondants) aux utilisateurs.
  • Pas encore, mais il est certain qu’Internet, tel que nous le connaissons, est en train de changer. Et pas forcément dans le bon sens. Les attaques contre la neutralité du net se multiplient (malgré quelques victoires). Google et Apple sont aujourd’hui les deux plus grosses capitalisation boursières mondiales, tous secteurs confondus. La valeur de leurs actions équivaut aux PIB d’États « riches » comme l’Argentine, la Belgique ou la Suède. La trésorerie des GAFAM leur permettent de faire un lobbying à une échelle jamais connue auparavant, leur assurant à terme d’avoir des lois, des réglementations, qui joueront en leur faveur. Cette puissance financière leur permet de racheter n’importe quelle start-up de la planète, leur confiant la maîtrise des innovations. La loi de Moore permet d’envisager des collectes, agrégation et analyse de données toujours plus importantes. L’internet des objets va accélérer ce mouvement et lui donner une ampleur nouvelle en « sortant » les pratiques de surveillance des périphériques habituels. Ces pratiques de surveillance sont adossées à des lois publiées en procédure accélérée, sans recul sur leur efficacité.
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  • Si nous voulons une économie qui soit aussi sociale et solidaire, il va nous falloir un internet qui soit aussi social et solidaire. Et cela passera entre autre par une diversité d’acteurs indépendants proposant des services web libres, éthiques et respectueux de vos données, décentralisés et solidaires.
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    "Suite à la mise en place de la campagne Dégooglisons Internet, Framasoft souhaite impulser la création d'un Collectif d'Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires (C.H.A.T.O.N.S. ! :-P ). Ce collectif rassemblerait les organisations souhaitant proposer des services alternatifs à ceux de GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), respectueux de la vie privée des utilisateurs."
Aurialie Jublin

CHATONS, ces hébergeurs alternatifs qui ne collectent pas vos données personn... - 0 views

  • en détenant bien un quart des capitaux des entreprises américaines, Apple, Microsoft et Google forment à eux trois une domination économique, technologique et culturelle monstrueuse. Par principe de précaution, a-t-on réellement envie de totalement dépendre de ces géants de la télécommunication ?
  • C'est là que se situe tout l'intérêt d'avoir recours à des hébergeurs locaux. "Plutôt que de machinalement faire confiance au 'cloud', mot qui veut surtout dire 'serveur d'un géant du numérique', il est important de pousser la réflexion autour des hébergeurs transparents et neutres", propose Pierre-Yves Gosset. Outre-Atlantique par exemple, on a vu comme le Patriot Act avait servi de passe-droit aux autorités américaines voulant obliger les entreprises à leur céder des données personnelles de citoyens surveillés. Stocker ses informations dans des endroits moins centralisés, c'est donc aussi complexifier l'accès à nos données personnelles.
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    "Aujourd'hui, Framasoft va plus loin encore. L'association qui promeut la culture du libre veut créer un réseau d'hébergeurs libres. But : mettre à disposition des internautes la possibilité de ne pas stocker toutes leurs données personnelles au même endroit, c'est-à-dire chez les géants du numérique qui tiennent le monde entier dépendant d'eux. Pour cela, à la façon d'une AMAP, il suffit à chaque aspirant libriste [NDLR : citoyen attaché aux valeurs éthiques du logiciel libre] de consulter cette carte afin de choisir un hébergeur pas loin de chez lui. À condition d'avoir la fibre et un garage, il est également possible de soi-même devenir hébergeur. "
Aurialie Jublin

Déclaration de Bologne pour une Reconnaissance Ouverte - Bologna Open Recogni... - 0 views

  • En 1999, la Déclaration de Bologne proposait l’établissement d’un espace européen de l’enseignement supérieur dans lequel les étudiants et les diplômés pourraient se déplacer librement entre les pays, utilisant les qualifications acquises antérieurement dans un pays comme conditions d’entrée acceptables pour la poursuite de ses études dans un autre pays. Ceci a lancé le processus de Bologne de réforme des systèmes de qualification, qui a été depuis adopté par 50 pays.
  • Aujourd’hui, en 2016, une nouvelle coalition d’acteurs de l’éducation publie la déclaration de Bologne pour une reconnaissance ouverte : un appel à une architecture ouverte universelle pour la reconnaissance des apprentissages tout au long de la vie.
  • Nous assistons à une prise de conscience croissante dans de nombreux secteurs de la politique, de l’éducation et de l’emploi ainsi que dans l’opinion publique de la nécessité d’adopter une approche plus ouverte, transparente, fiable et digne de confiance pour la reconnaissance des apprentissages.
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  • Open Badges, le standard ouvert pour la reconnaissance des apprentissages, a prouvé la puissance d’une technologie simple, abordable, résiliente et digne de confiance pour créer un écosystème de reconnaissance ouvert fonctionnant à travers les pays, les secteurs éducatifs, l’emploi, les environnements sociaux et les technologies.
  • Les badges numériques ouverts ont démontré que nous avons les moyens et la possibilité de mettre fin aux disparités du paysage de la reconnaissance. En reliant et en nourrissant les référentiels de compétences, ils deviennent les éléments constitutifs d’une architecture ouverte pour la reconnaissance des apprentissages tout au long de la vie. Ils créent les conditions pour que les individus aient le contrôle de leur propre reconnaissance, pour fonder leur identité et leur capacité d’agir en toute autonomie, que ce soit formellement (au sein des institutions) ou informellement (à travers les communautés).
  • Le libre accès à la connaissance et à l’éducation est largement reconnu comme un facteur irremplaçable de croissance sociale et humaine et un élément indispensable pour consolider et enrichir la citoyenneté, capable de donner aux citoyens les compétences nécessaires pour relever les défis du nouveau millénaire, ainsi que la conscience de valeurs partagées et de l’appartenance à divers espaces sociaux et culturels.
  • La création d’un espace ouvert pour la délivrance et la reconnaissance de l’apprentissage tout au long de la vie et à vie est un facteur clé pour la promotion de l’inclusion sociale, l’employabilité et la mobilité des citoyens du monde, et le développement de notre planète. En fin de compte, la capacité de reconnaître ses apprentissages, sociaux ou professionnels, est un facteur clé dans la construction de la capacité d’agir en toute autonomie et dans l’établissement de la confiance au sein d’une communauté.
  • Nous devons maintenant étendre ce travail au-delà des frontières de l’enseignement supérieur, pour créer un continuum au travers de tous les apprentissages, tout au long et dans toutes les dimensions de la vie. Ceci pourra être obtenu en encourageant l’adoption d’unités de valeur plus ouvertes pour représenter et partager les acquis d’apprentissage, que ce soit dans des contextes formels, informels ou non-formels.
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    "Vers une architecture ouverte pour la reconnaissance des acquis des apprentissages"
Aurialie Jublin

Le Libre peut-il faire le poids ? - Framablog - 0 views

  • l’économie des géants du numérique est, pour certains, basée sur une attitude extrêmement agressive : il faut être le moins cher possible, perdre de l’argent à en crever et lever des fonds à tire-larigot pour abattre ses concurrents avec comme logique un pari sur la quantité d’argent disponible à perdre par participants. Celui qui ne peut plus se permettre de vider les poches de ses actionnaires a perdu. Tout simplement. Si ces entreprises imaginent, un jour, remonter leurs prix pour envisager d’être à l’équilibre ou rentable, l’argument du « ce n’est pas possible puisque ça rouvrira une possibilité de concurrence » sortira du chapeau de ces génies pour l’interdire. Du capitalisme qui marche sur la tête.
  • La deuxième grande technique des géants du numérique est basée sur la revente de statistiques collectées auprès de leurs utilisateurs. Ces données privées que vous fournissez à Google, Facebook Inc,, Twitter & co permettent à ces sociétés de disposer d’une masse d’informations telle que des entreprises sont prêtes à dégainer leurs portefeuilles pour en dégager des tendances.
  • Une troisième technique consiste à reprendre les données collectées auprès des utilisateurs pour afficher de la pub ciblée, donc plus efficace, donc plus cher. C’est une technique connue, alors je ne développe pas.
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  • Une autre technique est plus sournoise. Pas pour nous autres, vieux loubards, mais pour les jeunes : le placement produit. Même si certain Youtubeurs en font des blagues pas drôles (Norman…), ce truc est d’un vicieux.
  • Ces influenceurs sont friands de plateformes taillées pour leur offrir de la visibilité et clairement organisées pour attirer l’œil des Directeurs de Communication des marques. Mastodon, Pixelfed, diaspora* et les autres ne permettent pas de spammer leurs utilisateurs, n’attirent donc pas les marques, qui sont la cible des influenceurs, ces derniers n’y dégageant, in fine, aucun besoin d’y être présents.
  • On peut attendre que les Uber se cassent la figure calmement, on peut attendre que le droit décide enfin de protéger les données des utilisateurs, on peut aussi attendre le jour où les consommateurs comprendront qu’ils sont les seuls responsables de l’inintérêt de ce qu’ils regardent à la télé, au cinéma, en photos ou encore que les mastodontes du numérique soient démantelés. Bref, on peut attendre. La question est : qu’aurons-nous à proposer quand tout ceci finira par se produire ?
  • Après la FinTech, la LegalTech, etc, faites place à la LowTech ou SmallTech. Je ne connaissais pas ces expressions avant de tomber sur cet article dans le Framablog et celui de Ubsek & Rica d’Aral. On y apprend que c’est un mouvement qui s’oppose frontalement aux géants, ce qui est fantastique. C’est une vision du monde qui me va très bien, en tant que militant du Libre depuis plus de 10 ans maintenant. On peut visiblement le rapprocher de l’initiative CHATONS. Cependant, j’ai du mal à saisir les moyens qui pourraient être mis en œuvre pour sa réussite.
  • Les mentalités actuelles sont cloisonnées : le Libre, même s’il s’impose dans quelques domaines, reste mal compris. Rien que l’idée d’utiliser un programme au code source ouvert donne des sueurs froides à bon nombre de DSI. Comment peut-on se protéger des méchants si tout le monde peut analyser le code et en sortir la faille de sécurité qui va bien ? Comment se démarquer des concurrents si tout le monde se sert du même logiciel ? Regardez le dernier changelog : il est plein de failles béantes : ce n’est pas sérieux !
  • Parlons aussi de son mode de fonctionnement : qui se souvient d’OpenSSL utilisé par tout le monde et abandonné pendant des années au bénévolat de quelques courageux qui n’ont pas pu empêcher l’arrivée de failles volontaires ? Certains projets sont fantastiques, vraiment, mais les gens ont du mal à réaliser qu’ils sont, certes, très utilisés mais peu soutenus. Vous connaissez beaucoup d’entreprises pour lesquelles vous avez bossé qui refilent une petite partie de leurs bénéfices aux projets libres qui les font vivre ?
  • On peut faire un vrai parallèle entre la situation de la Presse en ligne et les services numériques. Trouver des gens pour payer l’accès à un Nextcloud, un Matomo ou que sais-je est une gageure. La seule différence qui me vient à l’esprit est que des services en ligne arrivent à s’en sortir en coinçant leurs utilisateurs dans des silos : vous avez un Windows ? Vous vous servirez des trucs de Microsoft. Vous avez un compte Gmail, vous vous servirez des trucs de Google. Les premiers Go sont gratuits, les autres seront payants. Là où les journaux généralistes ne peuvent coincer leurs lecteurs, les géants du numérique le peuvent sans trop de souci.
  • Perso, je l’ai déjà dit, j’adhère volontiers à cette vision du monde horizontale et solidaire. Malgré tout, mon envie de travailler, d’avoir un salaire, une couverture sociale, une activité rentable, et peut-être un jour une retraite, me poussent à grimacer. Si les bribes d’idéologie LowTech orientent les gens vers des associations, comment fait-on pour sortir de terre une entreprise éthique, rentable et solidaire ?
  • L’idée, connue, serait de s’attaquer au marché des entreprises et des collectivités pour laisser celui des particuliers aux associations sérieuses. Mais là encore, on remet un pied dans le combat pour les logiciels libres contre les logiciels propriétaires dans une arène encerclée par des DSI pas toujours à jour. Sans parler de la compétitivité, ce mot adoré par notre Président, et de l’état des finances de ces entités. Faire le poids face à la concurrence actuelle, même avec les mots « éthique, solidaire et responsable » gravés sur le front, n’est pas évident du tout.
  • Cette conférence vue au FOSDEM, The Cloud Is Just Another Sun, résonne terriblement en moi. L’intervenant y explique que les outils libres que nous utilisons dans le cloud sont incontrôlables. Qui vous certifie que vous tapez bien dans un MariaDB ou un ES quand vous n’avez accès qu’a une boite noire qui ne fait que répondre à vos requêtes ? Rien.
  • Pour finir, ne mettons pas complètement de côté l’existence réelle d’un marché : Nextcloud en est la preuve, tout comme Dolibarr et la campagne de financement réussie d’OpenDSI. Tout n’est peut-être pas vraiment perdu. C’est juste très compliqué.
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    "Dans un article assez lucide de son blog que nous reproduisons ici, Dada remue un peu le fer dans la plaie. Faiblesse économique du Libre, faiblesse encore des communautés actives dans le développement et la maintenance des logiciels et systèmes, manque de visibilité hors du champ de perception de beaucoup de DSI. En face, les forces redoutables de l'argent investi à perte pour tuer la concurrence, les forces tout aussi redoutables des entreprises-léviathans qui phagocytent lentement mais sûrement les fleurons du Libre et de l'open source… Lucide donc, mais aussi tout à fait convaincu depuis longtemps de l'intérêt des valeurs du Libre, Dada appelle de ses vœux l'émergence d'entreprises éthiques qui permettraient d'y travailler sans honte et d'y gagner sa vie décemment. Elles sont bien trop rares semble-t-il. D'où ses interrogations, qu'il nous a paru pertinent de vous faire partager. Que cette question cruciale soit l'occasion d'un libre débat : faites-nous part de vos réactions, observations, témoignages dans les commentaires qui comme toujours sont ouverts et modérés. Et pourquoi pas dans les colonnes de ce blog si vous désirez plus longuement exposer vos réflexions."
Aurialie Jublin

Réseau Libre-entreprise [Libre-Entreprise] - 0 views

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    "Le réseau Libre-entreprise regroupe des entreprises à taille humaine ayant des spécialités proches ou complémentaires dans le domaine du logiciel libre. Toutes partagent les mêmes valeurs et modes de fonctionnement, basés sur la démocratie d'entreprise, la transparence et la compétence. Le réseau est présent en France (Bayonne, Grenoble, Laval, Liévin, Lille, Montpellier, Nantes (Saint Sébastien sur Loire), Paris, Rennes, Tours) et en Belgique (Bruxelles, Liège, Mons). "
Aurialie Jublin

The next billion users : une immersion dans l'internet des pauvres - Digital Society Forum - 0 views

  • Rien n’y fait : équipés d’Internet, les pauvres ne font pas du tout ce qu’on attend d’eux, à savoir se sortir de la pauvreté. Les cabines numériques disposées dans les villages indiens deviennent des bornes d’arcade et, surprise, les cent millions d’ordinateurs de l’opération « One laptop per child » (financée par des entreprises, notamment AMD, Brightstar Corporation, eBay, Google, Marvell, etc.) n’ont pas réduit le fossé éducatif, sans doute parce qu’ils avaient été distribués à des enfants ne sachant parfois ni lire ni écrire. Des absurdités de ce type, l’autrice en dresse une longue liste, comme ces smartphones que l’on distribue à de jeunes femmes n’ayant le droit de s’en servir que pour passer des appels d’urgence. A New Delhi, d’autres jeunes femmes (les « computer girls ») deviennent des craques de l’informatique, mais restent assignées à leur statut traditionnel, système de castes oblige. Le constat est sans ambiguïté : non seulement la technologie tombe du ciel sans être intégrée dans une quelconque stratégie sociale, mais toute tentative de réappropriation est méprisée et découragée.
  • Histoire similaire en Chine, où l’on craignait que les cybercafés populaires ne favorisent les activités anti-régime. Ils furent rapidement interdits aux mineurs et on y généralisa le tracking, une pratique désormais monnaie courante dans l’Empire du Milieu. D’exemple en exemple, Payal Arora démontre que les décisions prises par les pouvoirs en place n’ont eu de cesse de réduire l’accès à Internet et à la culture aux personnes les moins dotées, sous prétexte que l’usage qui en serait fait n’entrerait pas dans les bons standards de moralité. Comme souvent, les pauvres font l’objet de politiques paternalistes : on leur demande d’être vertueux et le moindre faux pas les condamne.
  • A l’inverse, la débrouille des quartiers défavorisés est érigée en exemple à suivre. La mode de l’innovation frugale (ou « Jugaad innovation » ) qui consiste à innover avec des ressources limitées, en témoigne. En Inde par exemple, la customisation des véhicules afin de transporter plus de passagers est souvent mise en avant. Cependant, elle augmente sensiblement le nombre d’accidents : « la frugalité a un coût, celui de la sécurité », écrit Arora. Les Nano cars de Tata – des petites voitures accessibles au plus grand nombre – quant à elles, sont certes pratiques mais occasionnent de lourds dégâts environnementaux : rien ne dit aujourd’hui que ces innovations améliorent réellement la vie des pauvres, affirme la chercheuse
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  • Plus grave encore, il y a fort à parier qu’elles freinent les solutions de plus long terme comme par exemple le développement de transports publics accessibles à tous. Côté mobile, une application comme AquaSift permet de détecter la toxicité de l’eau mais ne résout en rien le fait que dans beaucoup de communautés pauvres, y accéder reste difficile. On ne change pas le gouvernement avec une application. Si l’innovation frugale rencontre un succès fulgurant en Occident, ce n’est que parce que nous en avons totalement romantisé l’image.
  • En somme, la frugalité (Jugaad en Inde, « Shan-zaï » en Chine, « Gambiarra », « Bacalhau » ou « Jeitinho » au Brésil) est aussi une forme de solutionnisme technologique qui repose, une fois encore, sur la confortable conviction que les pauvres ont toutes les ressources en eux pour s’en sortir, pourvu qu’ils articulent habilement leurs problèmes aux dernières technologies disponibles.
  • Payal Arora n’a pas de mots assez durs pour dénoncer la vaste supercherie du système. Non seulement aucune relation de causalité n’a prouvé son efficacité, mais en plus, il structure l’éducation dans un sens qui pose une multitude de questions d’ordre éthiques et politiques. Ainsi, ces appareils et les programmes soi-disant éducatifs avec lesquels ils fonctionnent restent des boîtes noires, indisponibles à tout audit sérieux. L’expérimentation, qui dure 75 jours, nécessite la présence d’un ou plusieurs adultes dont on ne connaît pas la rémunération et le protocole de suivi des enfants est tout sauf rigoureux scientifiquement. Des études plus sérieuses ont rapporté que la plupart des machines ne fonctionnaient pas, faute de connexion Internet. Et quand elles marchaient, elles étaient souvent monopolisés par de jeunes garçons devant des jeux vidéos. Enfin, les contenus pédagogiques, souvent en anglais, présentent un danger pour la pérennité des langues traditionnelles. Pour le professeur Mark Warschauer (University of California), cité par Arora, ces dispositifs sont un échec total. Pourtant, Mitra a bien récolté un million d’euros grâce au Ted Prize pour cette « école dans le cloud » résolument inefficace… Pour Arora, cette triste histoire trouve ses racines dans la foi encore trop peu contestée dans le constructivisme , une théorie qui stipule que l’enfant peut apprendre seul et sans professeur.
  • En prenant un peu de hauteur, la chercheuse critique plus largement une certaine forme de philanthropie très à la mode dans les milieux technologiques. Elle l’accuse ouvertement d’être contre-productive et de servir les intérêts de grandes corporations plus que des populations pauvres : « la technologie est devenue une institution en soi, la pauvreté une opportunité. La croyance néolibérale en l’efficacité absolue du marché transforme n’importe quelle inégalité en actif pour l’innovation. » Pour Arora, cette idéologie vient justifier la nécessité de tester sur les moins aisés de nouvelles solutions qu’un riche Occidental n’imaginerait même pas pour ses propres enfants. Les pauvres n’ont pas besoin de plus d’innovation, mais de moins d’innovation, affirme-telle : « Si l’innovation est une courroie de transmission pour des projets pilote, alors les pauvres seront mieux sans. Ils ne devraient pas servir de rats de laboratoires pour les nouvelles technologies. Le simple fait qu’une technologie est nouvelle ne devrait pas justifier en soi qu’on l’expérimente sur des pauvres ».
  • Sa dénonciation englobe aussi le projet « AltSchool » largement financé par Mark Zuckerberg et Priscilla Chan, une sorte de « classe Ikea », où les enfants terminent seuls devant des écrans, pour un prix conséquent et sans que son efficacité réelle soit démontrée. Le plus grand problème selon elle, reste que le marché pardonne plus facilement les défaillances technologiques qu’humaines : la Silicon Valley peut réinjecter des millions de dollars pour trouver une nouvelle solution technique à un problème ancien, mais elle refuse de réfléchir aux problèmes de fond, comme le manque de professeurs ou l’état désastreux des écoles dans certains quartiers.
  • En dernière partie d’ouvrage, Payal Arora attaque les questions liant surveillance et vie privée. On le savait déjà, les pauvres en ont toujours été surveillés. Le « social credit system » chinois et son cousin indien « Unique Digital Number » (UID) sont ainsi connus pour conforter les hiérarchies sociales en place et agir par contagion : en Chine, fréquenter une personne dont le score est bas revient à prendre le risque de voir baisser son propre score. On en déduirait un peu rapidement que dans les pays pauvres, et plus généralement en dehors de l’Occident, la vie privée aurait moins de valeur aux yeux des individus. A y regarder de près, cela semble un peu plus compliqué. En interrogeant plus largement les usages quotidiens des réseaux sociaux dans les favelas et autres bidonvilles, Arora montre qu’ici comme là-bas, la vie privée n’est pas sans valeur ni abstraite, mais un concept avant tout lié à des particularités culturelles. Au Brésil par exemple, une jeune femme déclare ne pas en vouloir à sa mère de la « stalker » en ligne (c’est-à-dire à suivre ces déplacements, fouiller ses messages et autres réseaux d’amis)
  • En Inde, Facebook est pour de nombreux jeunes l’occasion de parler au sexe opposé, chose difficile dans la vie réelle. Le Chat est à ce titre tout à fait adapté à la romance, à travers des poèmes et autres conversations romantiques. Cependant, à l’échelle mondiale, un tiers de ces échanges se font anonymement, avant tout pour protéger les données personnelles et par souci de réputation, notamment en Asie.
  • Arora en profite pour démonter les profonds préjugés qui tendent nous à faire croire que parce que l’on est pauvre, parce que l’on vit dans une communauté étroitement liée, parfois à plusieurs dans une même pièce, on ne valoriserait pas la vie privée. En réalité, les pauvres, dans les pays étudiés par Arora, ne sont pas moins attachés à la confidentialité que les Occidentaux, même si celle-ci prend différentes significations en fonction des pays, des cultures et des genres. Dans un village en Jordanie, la confidentialité sert avant tout à protéger la vertu féminine et l’honneur masculin (préserver son image dans la communauté, ne pas s’exposer publiquement pour les femmes). Dans une famille aisée du Royaume-Uni, elle préserve l’innocence des jeunes (notamment à travers le filtrage des contenus). Plus encore qu’en Occident, préserver sa confidentialité dans les pays pauvres relève de la lutte car le succès immense des réseaux amène aussi son lot de danger : « revenge porn » et harcèlement peuvent ruiner la réputation d’un individu, conduire à l’exil et même au suicide.
  • The Next Billion Users, Digital Life Beyond the West est, en résumé, une étude inestimable, formidablement documentée et regorgeant d’illustrations plus pertinentes les unes que els autres. Loin des théories globalisantes qui tendent à mettre dans un même sac « Les Chinois », « Les Indiens », quitte à les opposer à l’Occident dans une lutte pour la puissance technologique, cette enquête de terrain vient au contraire contredire nos préjugés sur ce monde que nous jugeons bien souvent à l’emporte-pièce et sans nous embarrasser de détails. A travers son étude et notamment ses entretiens et anecdotes, la chercheuse met en lumière les relents colonialistes qui ponctuent les relations Nord-Sud, notamment en matière numérique. Arora brise notre propension à romantiser la pauvreté, à ne l’envisager qu’à travers nos lunettes postcoloniales, comme une tribu de bons sauvages qu’il faudrait éduquer à notre mode de vie. Enfin, elle réduit en poussière le fantasme du pauvre débrouillard, entrepreneur par nature, auto-organisé et vertueux. Cette vision, biaisée, n’a pour objet que d’asseoir les projets technocratiques de l’Occident, qui ne regarde que ses intérêts propres et surtout pas ceux des populations « à civiliser ».
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    "A quoi ressemble l'Internet des pauvres ? Pas à l'image romantique forgée par la philanthropie occidentale, explique l'anthropologue Payal Arora. Pourtant, cette conception paternaliste de la pauvreté informe toujours nombre d'initiatives de développement par la technologie, qui s'apparentent à une nouvelle forme de solutionnisme."
Aurialie Jublin

Chartes et manifestes numérique et éthique - HackMD - 0 views

  • En français Manifeste RESET - 2019 - FING Label territoire numérique inclusif-mars 2019 Orientations stratégiques cadrant le développement des projets numériques au Pôle Solidarité Citoyenneté Culture de Rennes métropole 1 Développer des services numériques nouveaux pour une accessibilité renforcée aux services publics 2 Lutter contre la fracture numérique (et l’intégrer dans le point numéro 1) 3 Impulser une culture collaborative (personnes morales, habitants, institutions, etc) 4 Faire place et donner à voir l’innovation et l’expérimentation 5 Accompagner en interne l’appropriation d’une culture du numérique dans la collectivité. Conception numérique responsable - Low tech - Green IT (eco-responsable) Charte territoire France connectée pour un numérique inclusif (décembre 2018 - Etat-Gironde) - il existerait un pdf en ligne :-) Déclaration de Montréal IA Responsable Charte sur l’usage de la donnée - Nantes métropole - juin 2019 Manifeste de la fabcity Manifeste pour une démocratie délibérative (civic tech-BlueNove) Projet de charte des smart cities (ADULLACT - juin 2019) Charte PrestaLibre pour les relations entre prestataires informatiques et collectivités (2018, Lorient et les Consometers). Charte de l’aidant numérique, ville de Paris Charte de l’aidant numérique, Grand Chambery CHARTE DE L’ACCOMPAGNEMENT NUMERIQUE DES RESEAUX LOCAUX D’INCLUSION NUMERIQUE, Stratégie Départementale d’Inclusion numérique des Pyrénées-Atlantique Kit et modèle de mandat de la CNIL pour les travailleurs sociaux Charte internationale des données ouvertes [Serment d’Hippocrate pour Data Scientist by Data For Good] Explications (https://www.hippocrate.tech/) Serment (https://framavox.org/g/Qtz0JHr9/dataforgood-serment) Charte qualité des données de Datatourisme Charte de l’IFLA sur Internet en bibliothèque Charte Biblib ABF (Association des bibliothécaire de France)
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    "L'objectif est de recenser des ressources de type "charte" ou "manifeste" permettant de cadrer éthiquement les développements de projets/plateformes/services/médiations outillés par du numérique, notamment sur des territoires. L'idée est de ne pas se focaliser sur la performance, la précision, le passage à l'échelle de nouveaux services ou de processus optimisés, mais de fabriquer des territoires souhaitables, à l'aide du numérique (le numérique peut servir à "ralentir" ou "déconnecter" des espaces-temps, par exemple. Il peut respecter des principes, utiliser des méthodes éco-responsables, des valeurs comme la démocratie, etc)."
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