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peir ric

Lutter contre les rumeurs : mission impossible ? | InaGlobal - 0 views

  • vieux comme le monde social, le phénomène n’en emprunte pas moins sa dynamique aux représentations, aux émotions et aux technologies du temps présent, posant ainsi sans cesse de nouvelles questions aux sociétés.
  • Plus qu’une croyance collective irrationnelle, la rumeur doit être définie comme un dispositif communicationnel singulier au sein de l’économie générale de l’information.
  • un système de régulation de l’information
  • ...60 more annotations...
  • logiques structurantes de ce système est que les détenteurs de l’autorité publique, les professionnels agréés de l’information et les producteurs légitimes du savoir y revendiquent conjointement le monopole de certification des informations (Veyne, 1983)
  • se maintiennent toujours des dispositifs alternatifs  de communication, dont la rumeur est un instrument privilégié.
  • surveillée (Bigo et al., 2009) et parfois disqualifiée par les tenants du système légitime de production de l’information
  • quand il devient l’outil stratégique de groupes organisés et dissidents
  • la sémantique de la rumeur est marquée par la clandestinité
  • ’être une contre-version à la version officielle
  • Toléré en tant que pratique anodine et spontanée
  • Pour produire leur effet de dévoilement, les récits de rumeurs empruntent et combinent principalement quatre thèmes narratifs : la faute, la trahison, le complot et le mal dissimulé (Aldrin, 2005)
  • Ces « théories » renoncent, de fait, à considérer sérieusement ce que des individus font – mais aussi comment et pourquoi ils le font – quand ils échangent une nouvelle non vérifiée ou incertaine.
  • Que savons-nous des logiques sociales de ce processus de diffusion d’une nouvelle non vérifiée ?
  • nouvelle dit lien avec l’actualité et la réalité
  • non vérifiée dit circuit de diffusion qui contourne ou ignore les dispositifs institutionnels qui assurent de façon habituelle la certification et la promotion publique des informations
  • Si elle circule et se répand, c’est par une série d’échanges verbaux entre des individus
  • La rumeur est une révélation, étonnante, subversive voire scandaleuse.
  • « course aux armements communicationnels »
  • Norbert Elias a d’ailleurs relevé la « sociodynamique de la stigmatisation » à l’œuvre dans les rumeurs et le commérage (Elias, 1965)
  • La rumeur a donc à voir avec l’entre-soi, le sentiment d’appartenance et les identités collectives.
  • La mécanique de diffusion de la rumeur épouse précisément les ramifications des liens sociaux établis : entre-soi constitués par les univers d’existence (famille, travail, quartier), réseaux de relations ou communautés de valeurs
  • la rumeur est un phénomène banal, normal des sociétés humaines
  • tenter – collectivement – d’interpréter une situation inhabituelle
  • quand la demande sociale d’informations sur la situation inhabituelle ou l’événement inexpliqué est urgente et excessive, alors l’excitation collective renforce le crédit accordés à des récits moins vraisemblables et des comportements collectifs irrationnels
  • Pour autant, les individus qui entrent et participent au processus de transmission d’une rumeur n’y croient pas nécessairement.
  • il subsiste toujours un régime pluriel du croire
  • ces petits jeux mentaux d’arrangement avec le réel
  • Par contre, plusieurs éléments indiquent que le système de production de l’information s’est recomposé et, avec lui, les logiques et les pratiques du recours au processus communicationnel de la rumeur.
  • l’égalisation tendancielle des prises de parole publiques
  • la pluralisation des acteurs et des moyens de la communication médiatique
  • la mondialisation du marché des opinions, des émotions et des causes
  • généralisation de l’équipement et de l’usage en moyens de la communication stratégique.
  • des visées persuasives
  • sept points de connaissance sont aujourd’hui attestés quant aux formes sociales du phénomène
  • Chaque société historique possède un système sociotechnique de production et de régulation de l’information.
  • En contrepartie de la garantie d’exercice des libertés fondamentales (opinions, réunion, croyance) et de la liberté consubstantielle de la presse, des cadres juridiques et conventionnels assuraient ainsi leur bon usage.
  • Une part de ces cadres étaient des dispositifs de contention des fausses informations et des rumeurs.
  • En France, la première charte des journalistes (1918, remaniée en 1938) désignait « la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles »
  • cadre d’autocontrôle des journalistes à l’égard des rumeurs
  • dans toutes les démocraties modernes, des dispositions juridiques sanctionnent les différentes atteintes à l’honneur ou la réputation des personnes perpétrées par des révélations fausses
  • à un « marché noir » de l’information
  • dès la fin du XIXe siècle un processus de domestication de la violence dans la compétition politique et électorale (Garrigou, 2002) et dans les manifestations collectives publiques (Fillieule, 1997).
  • En quelques petites années, les professionnels agréés de l’information ont perdu leur monopole de gatekeepers de l’espace public et des mass media.
  • Face à cette égalisation tendancielle de l’accès à l’espace public, les sites des institutions publiques et de grandes marques commerciales se sont aussi adaptés, dressant plus rapidement des contre-feux aux rumeurs (communiqués, clarifications officielles…)
  • Le « fact checking » est devenu une pratique spécifique des journalistes de métier
  • Cet appareil de déminage des rumeurs, des « hoax » et des « fakes » s’opère désormais en direct on-line. I
  • La chaîne improvisée d’information est désormais une cohue d’annonces, d’interprétations, où les journalistes professionnels tiennent guichet à côté d’autres courtiers en nouvelles plus ou moins honnêtes et de propagandistes.
  • des répliques dans l’exercice de la représentation politique
  • Or, cette situation d’escalade communicationnelle génère principalement des effets de boucle (loops) informationnelle propices au phénomène de « bulles » électroniques autour de certains événements (cf. les rumeurs récentes, en France, autour des ABCD de l’égalité).
  • La rumeur apparaît en effet comme l’une des principales armes stratégiques des ennemis de la démocratie.
  • , ce combat pourrait bien se limiter à une concurrence stérile des vérités.
  • l’un des principaux indicateurs de la crise du système informationnel actuel réside justement dans la prolifération ad nauseam des sources concurrentes d’information, des analyses d’information-désinformation, des stratégies antagoniques d’influence.
  • prise de conscience de la nécessité de proposer une réponse adaptée à l’attitude d’élèves
  • « clinique des rumeurs » (démentis officiels radiodiffusés et publiés dans la presse, affiches disposées dans des lieux publics dénonçant l’irresponsabilité des colporteurs de rumeurs). Ces campagnes de contre-désinformation avaient principalement produit les effets attendus sur la part de la population qui attribuait encore crédibilité et légitimité aux autorités gouvernementales (Allport, Postman, 1947). On peut voir là une certaine parenté avec des initiatives récentes.
  • L’éducation critique aux médias se révèle indispensable, comme l’est l’éthique des journalistes de métier à l’égard des réseaux numériques.
  • le système informationnel ne peut être régulé par les seuls médiateurs du savoir et des faits que sont l’école et les journalistes professionnels. Car le système informationnel est désormais agencé autour de l’espace public numérique.
  • L’une des causes principales est à chercher du côté des « communautés » qui organisent l’économie des liens sur Internet, communautés présentant une structure sociologique très singulière.
  • Tissées en apparence autour d’« amis », d’« abonnés » ou de « followers », ces communautés sont dématérialisées, indénombrables et extraverties, à l’opposé donc des communautés physiques fondées sur des liens suivis, localisés et plus sélectifs d’interconnaissance.
  • Le sociologue Erving Goffman a abondamment montré que les mondes sociaux étaient régulés par toute une codification culturelle des interactions de co-présence en public, interactions analogues selon lui à la scène d’un théâtre (chacun y joue son rôle en respectant la partition de l’autre, les comportements en coulisse et sur scène sont différents, etc.)
  • La réussite de toute interaction, dit Goffman, est indexée sur la disposition des « partenaires de l’interaction » à respecter la face sociale des autres, à maîtriser leurs expressions et impressions, à éviter les gaffes et les offenses.
  • Rien ou presque n’y réfrène la « sociodynamique de la stigmatisation » à l’œuvre dans le commérage et le colportage de rumeurs
  • il faut noter que les rapports dans l’espace public numérique sont marqués par l’égalité, la publicité et la promiscuité, abolissant ainsi les frontières entre l’officiel et l’officieux, l’autorisé et le clandestin (entre les coulisses et la scène, dirait Goffman), le factuel et le conjecturel
  • Cette fluidité immédiate entre les divers secteurs du monde numérique rend, en outre, possible la mise en résonance soudaine entre le militantisme déterminé d’organisations engagées dans la fabrication propagandiste d’une Histoire révisionniste du monde et le goût à la mode pour les versions alternatives des événements et les récits survivantistes
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    ce qui change avec internet ": l'égalisation tendancielle des prises de parole publiques ; la pluralisation des acteurs et des moyens de la communication médiatique ; la mondialisation du marché des opinions, des émotions et des causes."
peir ric

La guerre des mémoires - Propos recueillis par Martine Fournier, article Hist... - 2 views

  • mémoire de la guerre d’indépendance
  • légitimer l’État-nation.
  • Toute une série de fractures profondes a traversé la société algérienne, des microguerres civiles qui n’ont cessé de se superposer parce que, dans la mémoire de la guerre d’indépendance, on a évacué les facteurs politiques au profit des facteurs militaires.
  • ...12 more annotations...
  • de nouvelles interrogations traversent la société sur la généalogie de la violence, sur les pères fondateurs du nationalisme algérien,
  • en quoi le refoulement et les oublis ont vidé la politique de son sens pour aboutir à cette espèce de vertige identitaire auquel on assiste actuellement.
  • pour mission d’écrire l’histoire officielle de la révolution et de la guerre.
  • Le grand problème pour la jeunesse algérienne aujourd’hui est de sortir de cette culture de la guerre, tout en prenant possession d’un récit historique où doivent dominer les figures politiques, et plus simplement militaires.
  • le 10 juin 1999. Ce jour-là, pour la première a été reconnu le terme de « guerre d’Algérie ».
  • pieds-noirs. Cette mémoire permet à ces derniers de se fabriquer une identité forte dans la société française.
  • : les enfants issus de l’immigration algérienne en France ont apporté, via leurs grands-pères et leurs pères, une nouvelle mémoire axée sur la mise en accusation du système colonial.
  • où la mémoire de la guerre d’Algérie est essentiellement transmise dans les familles de soldats
  • Mais la guerre des mémoires a pris une tournure très violente à l’occasion de plusieurs événements
  • le 23 février 2005 d’une loi insistant sur les « aspects positifs » de la colonisation
  • l’inauguration d’un « mur » à Perpignan à la fin de l’année 2007
  • l’utilisation par les autorités algériennes du mot « génocide »
  •  
    est-ce qu'un travail sur cette guerre des mémoires ne rentre-t-il pas dans un processus d'explicitation type controverse scientifique ?
  •  
    Je ne pense pas du tout que la question de la guerre des mémoires ait quoi que ce soit à voir avec les controverses scientifiques (ni même avec l'évaluation de l'information !) : ce ne sont pas les mêmes processus, les mêmes objets, les mêmes enjeux, ni les mêmes conclusions. Par exemple, alors qu'une controverse scientifique est toujours appelée à être close, un jour ou l'autre, la guerre des mémoires est, par définition, presque impossible à être refermée (cf la guerre d'Algérie).
  •  
    pourtant on est face à deux visions d'un même évènement qui vont générer des points de vue différents ? Mais est-ce qu'on peut arriver à une objectivation de l'évènement, that is the question ? Si on quitte l'aspect idéologique qui est associé à la guerre d'Algérie en France, est-ce qu'on ne peut pas voir justement ces deux visions comme des visions concurrentes qui viser à l'emporter l'une sur l'autre ? Les controverses viseraient à arriver à une synthèse alors que les visions mémorielles viseraient à l'éradication de l'autre mémoire ? Je comprends qu'on ne soit pas dans la notion de controverses, mais pourquoi est-ce qu'on ne peut pas être dans l'évaluation de l'information alors ?
peir ric

Le web, plus qu'un bavardage, un vrai lieu «d'interaction politique» » OWNI, ... - 0 views

  • les internautes apportent une information soit locale, soit experte, qui n’est pas relayée par les médias traditionnels parce qu’elle est jugée sans importance ou trop compliquée ; en cela, ils enrichissent l’espace public.
  • L’innovation créative y est d’abord comprise comme un effet émergeant de la mise en commun d’idées qui se reprennent, se mêlent, se déforment et se recombinent les unes les autres.
  • Internet produit surtout un enchevêtrement d’interprétations.
  • ...21 more annotations...
  • En multipliant les points de vue, on contribue à socialiser et à politiser la conversation publique. Ce n’est pas grand-chose, mais cela modifie les perceptions que l’on peut avoir de l’actualité.
  • Les tweets ne font bien souvent que relayer un lien vers un site en ajoutant quelques mots de préface qui donnent un point de vue possible sur le lien en question. Or quand vous allez lire l’article, vous le ferez avec en tête le point de vue de celui qui vous l’a recommandé, en vous demandant s’il a raison ou tort d’avoir perçu les choses ainsi.
  • la seconde voie, la plus exigeante et la plus conforme à la culture d’expressivité individuelle de l’Internet, est très compliquée à mettre en œuvre.
  • Comme l’a récemment très bien mis en valeur Yves Citton, une interprétation – à la différence d’une connaissance – ne peut se déployer que si elle rencontre l’assentiment d’une communauté d’interprètes – et la production de cet assentiment/dissentiment est la raison pour laquelle nous conversons tant.
  • Soit le Web est un support de mobilisation des électeurs et des prescripteurs d’opinion, comme dans le cas de BarackObama.com.
  • Soit on demande aux militants et aux électeurs de coproduire le programme du candidat en mettant la société en conversation, comme dans l’expérience de Désirs d’avenir de Ségolène Royal.
  • C’est cette incorporation des points de vue des autres dans l’appréhension de l’information qui contribue à transformer la relation descendante et silencieuse de l’information des professionnels vers le public.
  • Plutôt que de limiter ces interprétations à un cercle d’herméneutes spécialisés qui proposeront une lecture particulière des données en les agrégeant selon certaines catégories statistiques, les tenants des données ouvertes pensent qu’une ouverture plus large des données publiques permettra à de nouvelles communautés interprétatives de révéler des significations non-anticipées ou non vues.
  • D’une certaine manière, l’Internet des réseaux sociaux ne fait que rendre visible ce qui a toujours constitué le quotidien des individus. On expose un babil qui a toujours existé ; mais désormais celui-ci accède a plus de visibilité, rencontre des interlocuteurs nouveaux en périphérie du réseau social de chacun et peut, rarement, mais cela arrive, accéder à une large publicité virale.
  • Il est frappant de voir que les études sur la viralité sur Internet ont remis au goût du jour, The People’s Choice, le livre de 1955 de Katz et Lazarsfeld sur les deux étages de la communication qui insistait sur les médiations sociales de proximité dans la diffusion des messages venus de l’espace public.
  • travail pour accrocher le débat intellectuel au débat public.
  • Mais la question est de savoir si cela peut désenclaver l’agenda médiatique en favorisant une meilleure articulation du débat public avec les savoirs en marge ou en périphérie de l’espace médiatique traditionnel.
  • Le mode de prise de décision de l’Internet est le consensus entre les plus agissants. Il y a une différence majeure entre les techniques électorales de la démocratie représentative où l’on cherche à faire voter l’ensemble d’une population définie et connue à l’avance en donnant le même poids à chaque voix et le processus de prise de décision dans les mondes en réseaux où l’on cherche à obtenir le consensus de ceux qui sont les plus mobilisés et donc les plus enclins à débattre, argumenter et accepter la décision collective.
  • c’est la forme du “consensus apparent”, comme l’appelle Philippe Urfalino , qui domine. On est d’accord jusqu’à ce que quelqu’un de la communauté exprime publiquement un désaccord.
  • Dans ce système, ce sont les plus convaincus et les plus actifs qui créent la tendance dominante ; par une sorte de division du travail interne aux communautés de l’Internet, ceux qui s’intéressent moins à la question ou sont moins convaincus délèguent leur voix aux plus actifs en se taisant, jusqu’au point de rupture.
  • La manière dont Internet agit sur l’espace public est beaucoup plus proche des techniques de mobilisation collective, comme la manifestation ou la pétition, que du choix électoral.
  • Internet a contribué à rendre beaucoup plus visible et accessible le travail d’expertise mené par des chercheurs, des passionnés, des militants et des petits collectifs qui étaient souvent extrêmement marginalisés dans le débat public.
  • D’une part, on assiste à un renforcement des techniques de captation de l’attention de l’électeur qui fonctionnent sur l’hyperpersonnalisation du candidat, la peoplisation du milieu, le storytelling et les “éléments de langage”. Ce formatage communicationnel et narratif du discours politique se représente un électeur qui réfléchit peu et attend de belles histoires.
  • Ce qui change alors, dans l’esprit des professionnels de la communication politique, c’est que l’électeur n’est plus un spectateur inerte mais un internaute mimétique et qu’il faut lui servir des narrations virales pour faire l’opinion.
  • Mais d’autre part, et cette ambivalence caractérise très bien notre situation actuelle, on observe sur Internet des attentes à l’égard de l’espace public qui sont toutes différentes : une forme de distanciation critique, une reprise d’autonomie à l’égard des messages médiatiques, une volonté de participation à la définition des enjeux publics,
  • Le développement d’une “société d’interprètes” augmente la diversité des points de saisie de l’événement, tout en accroissant les contraintes de vérification et de certification des faits qui le sous-tendent. Dans une époque où le décalage entre les discours et les actes est devenu si important, l’invocation d’un accès plus large, et non déformé, à l’information est devenue essentielle, non seulement pour les citoyens, mais aussi pour les journalistes qui honorent le mieux la déontologie de leur profession, comme l’a montré le travail commun de grandes rédactions de journaux et de Wikileaks.
Alexandre Serres

Infocalypse : la propagation des hypertrucages menace la société - 0 views

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    "Infocalypse : la propagation des hypertrucages menace la société" 20 avril 2021, "
peir ric

L'avenir, une catégorie anthropologique - La Vie des idées - 0 views

  • Ainsi, son analyse de l’incertitude sociale qui affecte les communautés nationales dans la globalisation, et du rôle décisif qu’elle joue dans le surgissement de mouvements ethnocidaires à l’égard des minorités (développée dans Géographie de la colère et reprise dans La Condition de l’homme global), permet de mieux comprendre la montée des extrêmes qui déchire la France de 2014.
  • Appadurai argumente que ces formes de « démocratie sans frontières » sont plus proches de l’idéal démocratique, puisqu’elles ne limitent pas la portée de valeurs universelles à un territoire restreint.
  •  Dans un monde en transformation rapide, où les marchés, les médias et la migration ont déstabilisé les niches sûres de la connaissance, [...] la capacité à distinguer la connaissance de la rumeur, la réalité de la fiction, la propagande de l’information et l’anecdote de la tendance à long terme est désormais vitale pour l’exercice de la citoyenneté informée. »
  • ...21 more annotations...
  • Appadurai incite ainsi à faire de l’anthropologie un outil démocratique au service du peuple, capable de participer à la profonde mutation du politique dans la globalisation.
  • Caractéristique des mouvements transnationaux de la société civile, cette « éthique de la possibilité » serait authentiquement démocratique, car capable « d’intégrer une pluralité de visions de la bonne vie »
  • D’une façon ou d’une autre, l’anthropologie continue à s’intéresser à la logique de la reproduction, à la puissance de la coutume, à la dynamique de la mémoire, à la persistance de l’habitus, au mouvement figé du quotidien et à la ruse de la tradition dans la vie sociale, y compris chez les communautés les plus modernes, celles par exemple des scientifiques, des réfugiés, des migrants, des évangélistes et des stars de cinéma. »
  • L’anthropologie aurait également contribué à la prédominance de la conception du futur comme risque, en laissant à l’économie le monopole du futur.
  • aujourd’hui internationalement dominée par des techniques et des mentalités « orientées vers la manipulation ou la résistance au risque, comprises comme la représentation statistique de toutes les incertitudes de la vie »
  • le risque est devenu un thème central de la théorie économique.
  • la catégorie des tournois de valeurs.
  • En transmettant aux plus démunis un savoir concret sur les moyens d’arriver à leurs fins, les mouvements de la société civile permettraient donc de combler des manques de la démocratie classique.
  • Habitués à ne pas être écoutés et à ne pas voir leurs désirs se réaliser, les pauvres auraient une « capacité à l’aspiration » moindre que les riches.
  • Son analyse de la mondialisation l’a amené à réviser la conceptualisation anthropologique de la localité, qu’il invite à percevoir non plus comme un support de la vie sociale, mais comme le produit d’un effort collectif de différenciation, éminemment processuel, relationnel et conflictuel
  • Lesmenaces permanentes de déplacement et de destruction pesant sur les plus démunis les empêcheraient d’exercer une citoyenneté réelle, révélant une zone d’ombre de la démocratie.
  • Dans son dernier livre, après avoir montré que l’économie néolibérale est un système culturel, il développe une réflexion sur les mouvements de solidarité transnationaux, à partir d’une recherche menée auprès d’associations de défense des pauvres de Mumbai.
  • Ainsi, le nouvel esprit du capitalisme consisterait en une capacité à calculer le risque et à affronter l’incertitude, nouveau paradigme de notre temps.
  • En faisant ce parallèle, Appadurai tire le néolibéralisme de son halo de technicité pour le lire comme un système culturel.
  • Avec sa notion de « capacité à l’aspiration », comprise comme la capacité à imaginer des futurs crédibles, Appadurai confirme son intérêt pour la dimension intime de la vie sociale, et son habileté à en tirer des thèses d’anthropologie politique.
  • Appadurai réalise une audacieuse analyse comparative entre la Bourse et la Kula, un système d’échange cérémoniel pratiqué entre différents groupes de Papouasie Nouvelle-Guinée qui est souvent cité comme un contre-modèle de l’esprit marchand « occidental »
  • Appadurai invite à reconsidérer la demande et la consommation comme des forces centrales de l’économie politique, et par conséquent à penser l’impact des gens ordinaires sur le système global.
  • Les objets étant porteurs de valeurs culturelles, le renouvellement rapide des modes et la circulation globale des marchandises constitueraient des forces démocratiques déstabilisantes pour les élites politiques contemporaines.
  • Appadurai invite à prêter attention aux moments où les objets en circulation entrent et sortent du statut de marchandise
  • Dans La Condition de l’homme global, il entreprend un large travail de relecture des classiques de l’anthropologie économique, à l’aune de la globalisation néolibérale.
  • Plus qu’une réflexion sur le monde contemporain, il s’agit d’un appel à appréhender le futur en tant que fait culturel, en vue de mettre en place une « politique de l’espoir »
peir ric

Selon Samsung, les téléphones HTC sont moisis- Ecrans - 0 views

  • Ses rédacteurs ont mis la main sur un long tableau (ici en .xls) « cataloguant les différents messages dépréciatifs postés l’an dernier » sur des sites technophiles, émanant selon eux d’une société de marketing engagée par Samsung.
peir ric

Pour Taguieff, la complotologie est un sport de combat ! | JSS News - 0 views

  • Taguieff nous rappellerait donc que la sagesse implique d’accepter qu’une part du monde reste le fruit du fortuit.
  • es adeptes du complot n’y croient pas. Ils ont besoin de se raccrocher à une intentionnalité préexistant au mal.
  • Le conspirationniste cherche donc la corporéité du diable dans une société sans Dieu maintenant.
  • ...9 more annotations...
  • Taguieff débusque systématiquement des sentiments collectifs, d’abord la peur, puis la haine
  • « trois qualités sociocognitives dont la combinaison semble assurer le succès d’une rumeur sur le marché cognitif : l’évocabilite, la crédibilité et la mémorabilité. »
  • Il n’y a pas pire comploteur que celui qui prête à autrui ses propres désirs.
  • Pour Taguieff, ce qui a permis l’explosion des théories du complot à la fin du XXème siècle et au début du notre, est lié à l’influence de la sociologie. Cette dernière postulant régulièrement que l’individu n’est qu’un pion mu et pensé par des déterminismes sociétaux, produit automatiquement des thèses visant à identifier l’origine de ces déterminismes. 
  • L’actualité est digérée par ce ventre conspirationniste résolu à combattre les puissants.
  • La deuxième partie de ce court traité, ou plus exactement, le deuxième livre, porte exclusivement sur le complot judéo-maçonnique, son histoire, sa construction et son « enrichissement » au fil des siècles.
  • Taguieff traque toutes les récupérations de la théorie du complot judéo-maçonnique, son caractère de mutant.
  • Une bonne théorie du complot est avant tout une théorie pâte-à-modeler.
  • Et dans cette veine, l’Histoire embarrasse, les faits sont des obstacles, la théorie du complot justifie donc tout négationnisme.
peir ric

De l'irresponsabilité comme ligne éditoriale - Les Cahiers du football - 1 views

  • Les attaques contre leur compétence, leur honnêteté, se sont multipliées en ce XXIe siècle naissant, appuyées sur des preuves dont la validité n’est jamais mise en question.
  • Comme dans la majorité des emballements médiatiques de ce type, la défense n’a pas droit à la parole.
  • Ne restent dans le débat public que la colère des Niçois et le délibéré sans appel de faillite arbitrale.
  • ...22 more annotations...
  • N’importe quel procès civil ou pénal ainsi mené serait frappé de nullité, mais le sport ne laisse pas place à l’échange d’arguments, à la nuance. Il n’est après tout qu’une reproduction adoucie des combats de gladiateurs de la Rome antique, des joutes chevaleresques du XVe siècle ou des parties de chasse du XIXe, selon la célèbre thèse du "procès de civilisation" d’Elias et Dunning [1].
  • Nous l’avons dit, le sport moderne dans sa dimension compétitive n’aime pas la nuance, pas plus que l’incertitude et le doute. Il vit de scores limpides [5], de verdicts clairs.
  • Désormais, le journaliste qui veut affirmer une vérité indiscutable n’a qu’à la soutenir de la preuve de l’image, indiscutable elle aussi, qu’elle soit photographique ou télévisée.
  • En deux mots, l’arbitraire est le propre de l’arbitre. Constat contrariant, néanmoins longtemps accepté comme tel, pénible mais nécessaire. Jusqu’à ce que la progression corrélée des enjeux financiers et des techniques de l’image, traduite dans les faits par l’explosion du nombre d’heures de football télévisé (donc démonté, remonté, fabriqué, commenté, disséqué), ne change la donne.
  • Le téléspectateur ayant fait le choix de ne pas être au stade, il faut que le diffuseur lui propose une plus-value, un ensemble de sensations qui compensent l’absence de l’émotion collective que procurent les gradins d’un stade.
  • L’omniscience est la principale, la plus évidente. Le simple fait de surplomber le terrain, de pouvoir en scruter tous les angles procure une impression de supériorité presque divine qui augmente avec le nombre de caméras.
  • Mais l’arbitre est structurellement limité à une obligation de moyens, par la faillibilité de ses sens et par l’infinité des situations possibles dans un match de football.
  • Le mythe de l’image objective soutient cette chimère. On ne voit pas seulement si la décision de l’arbitre est contestée, avec gros plan sur l’indignation des "victimes", on sait aussi si l’arbitre a eu raison ou non
  • une idée reçue redoutable, celle de la faillibilité de l’arbitre face au pouvoir révélateur de l’image, colportée dans le débat public par le bavardage sportif contenu dans le spectacle vendu au téléspectateur
  • Bien que principal intéressé de ce débat dirigé par les journalistes, l’arbitre en est le grand absent. Noyé sous les propos et images mettant en relief ses erreurs, ses manquements, son incompétence, il ne peut répondre, pénalisé à la fois par la rigidité institutionnelle de la DNA et l’irresponsabilité des journalistes.
  • Nous avons bien écrit "irresponsabilité". Nous défendons dans notre thèse l’hypothèse que les médias et leurs journalistes sont responsables de ce qu’ils écrivent.
  • signifie qu’ils doivent répondre des sens et valeurs encodés dans leurs messages.
  • À force de répétition, ces sens et valeurs se sédimentent dans l’espace public, selon un modèle théorique répandu dans les années 70 par Stuart Hall
  • La liberté d’expression du journaliste est aussi la source de sa responsabilité et devrait forger son éthique,
  • Il semble néanmoins que la seule maxime suivie par les journalistes et leurs supérieurs soit celle des chiffres de vente ou des parts d’audience.
  • L’arbitrage de football est un exemple pioché parmi d’autres de l’irresponsabilité des médias, mais très parlant car le sport est un terrain d’innovation des techniques de l’image, auxquelles les discours médiatiques sont perméables.
  • en nous donnant l’illusion de nous rapprocher du terrain, les caméras nous ont ôté tout recul critique par rapport au jeu.
  • la photographie au XIXe siècle avait déjà fasciné les scientifiques de l’époque, qui y voyaient un moyen d’accéder à une dimension alors inexplorée de la vérité.
  • Quelle que soit l’immédiateté apparente de la transmission ou de la diffusion, elle compose avec des choix, du cadrage, de la sélectivité. (…) Ce qui est ‘transmis’ ‘en direct’ sur une chaîne de télévision est produit avant d’être transmis: l’image n’est pas une reproduction fidèle et intégrale de ce qu’elle est censée reproduire."
  • Il aurait fallu, à l’arrivée dans le football des nouvelles technologies de l’image, élaborer une réflexion quant à leur utilisation.
  • Cela n’a jamais été fait en l’absence de contrepoids déontologique à la fascination qu’elles provoquent.
  • Ceux de 2012 ne sont pas moins bons que leurs aînés, mais le regard porté sur eux a changé. Ils n’ont plus le droit à l’indulgence, la tolérance nécessaire à la bonne marche de leur travail.
  •  
    cet article qui parle de football est à lire. Pourquoi ? - d'abord parce qu'il parle de la construction de la preuve qui est au centre de l'évaluation de l'information mais aussi et surtout car cette construction est au coeur de l'évaluation par compétence et la certification - il parle ensuite de la responsabiltié sociétale du journaliste et de l'irresponsabilité du producteur de contenu qu'il est devenu. De ce fait, cela interroge tout producteur de contenu, y compris un blogueur. Cela revient à poser la question de l'archive créé du café du commerce. Et in fine est-ce qu'écrire c'est à dire inscrire dans la matière est-il, devient-il, synonyme de dire. - Enfin le football est aujourd'hui, à mon avis, au coeur de la société. Il l'imprime ! On parle de transfert à propos de tout et n'importe quoi. Le footballeur est devenu le modèle de l'auto-entrepreneur et de cette personne qui réussit. Noter par exemple l'importance accordée aujourd'hui au couple personne/identité au détriment de l'individu/citoyen... - Enfin le pouvoir de l'image dont on attend tout au détriment du texte qui est devenu trop difficile à lire. Et de l'obligation d'en passer par un éducation à l'image - et dans cette logique de la toute puissance de l'image... SI elle est toute puissante, c'est que les faits ne le sont plus ! D'où le besoin de rendre spectaculaire la banalité..
peir ric

Rumeurs complotistes : de la croyance à la défiance | InaGlobal - 0 views

  • une petite construction narrative,
  • une révélation inquiétante,
  • une source d’autorité donnant tout son poids et sa crédibilité au message (la fameuse « source sûre »)
  • ...36 more annotations...
  • La rumeur stricto sensu est une construction collective, à l’instar des contes et des histoires drôles
  • une anticipation du discrédit (ce n’est pas une plaisanterie)
  • enfin, une diffusion « rumorale », c’est-à-dire par des canaux interindividuels et informels qui échappent aux radars de l’État et des médias généralistes.
  • une rumeur qu’on observe en temps de guerre), est dévoilée par un ennemi qui alerte quelqu’un lui ayant rendu service de façon désintéressée, ici en lui rendant son portefeuille
  • Ces récits ne sont pas seulement à lire sous l’angle de la psychologie sociale, selon laquelle ils expriment des peurs collectives
  • On peut plutôt les penser comme des constructions de groupe, identitaires, passant par des outils dédiés et maîtrisés, avec un contenu et des objectifs politiques, mais dont l’entrée sur le marché de l’information ne se fait plus maintenant sans résistance
  • prendre le contenu des rumeurs au sérieux, aussi fantaisiste paraisse-t-il car, pour ses tenants, il sert à donner du sens aux événements, ou à intervenir et porter des jugements sur le monde social et l’action politique
  • Elle est une forme langagière, une forme de discours, et une forme de discussion qui relève de la sociabilité.
  • , la viralité permet de toucher des groupes qui sont éclatés géographiquement, mais partagent une socialisation, une culture ou une religion communes, qui les rend réceptifs à des messages particuliers.
  • Le « rumoral » renvoie à la modalité de circulation d’informations dans des groupes qui ne prétendent pas en vérifier la véracité, ou n’ont pas de raisons de le faire
  • Ce qui est intéressant tient dans la capacité d’un groupe à produire et échanger des rumeurs, donc à « dire en groupe ».
  • Le sociologue allemand Norbert Elias avait montré en 1965 dans son livre Logiques de l’exclusion que le commérage manifestait la présence d’un groupe intégré, et avait précisément pour fonction de l’intégrer encore davantage, et de lui conférer une identité propre contre un autre groupe, qui est justement l’objet négatif de tous les discours. « Dire le groupe », cette fois.
  • Les rumeurs en général et, en particulier, les rumeurs complotistes, donnent donc prise à un discours de défiance dirigé vers l’extérieur,
  • Au point que le travail sur les rumeurs devrait porter davantage sur les groupes que sur la rhétorique propre des messages.
  • Non seulement d’ailleurs le démenti ne met pas fin à la rumeur, mais il la fait connaître à ceux qui l’ignoraient. Une expérience menée aux États-Unis a aussi montré l’existence d’un backfire effect, un obstacle à la déconstruction des rumeurs
  • Le poids des rumeurs dans la formation des croyances attire souvent l’attention dans les moments de crise, parce qu’elles témoignent de basculements cognitifs qui n’avaient pas été anticipés, et qu’elles renvoient à des phénomènes de foule jugés inquiétants.
  • Pourtant, il ne circule pas nécessairement davantage de rumeurs en période critique, même si nous pouvons avoir cette impression, sans doute parce que leur contenu est plus frappant ou dérangeant dans les temps troublés.
  • Internet constitue pour les messagers complotistes un écrin gratuit, qui permet d’animer une communauté de convaincus et de militants de la cause.
  • une formulation normative (ne pas sortir)
  • Les rumeurs de crise ou de guerre portent des motifs narratifs universels, que l’on retrouve dans des sociétés et à des époques très différentes.
  • des rumeurs sur le « vrai » nombre de victimes des violences, revu à la hausse ; car les informations officielles le sous-estimeraient.
  • donnent des éléments factuels encore plus tristes sur les vies fauchées
  • « à qui profite le crime »
  • Comme s’il était impossible de penser la violence de l’autre, les rumeurs complotistes déplacent la responsabilité de la violence. Pour la trouver partout, sauf chez ceux qui la revendiquent,
  • Le motif narratif qui pose que certains individus ou groupes étaient au courant de l’attaque qui allait se produire est fréquent.
  • La rumeur est la forme que peuvent prendre une idée, un discours, ou une revendication, pour pénétrer le marché de l’information.
  • contrer le monopole des médias, et entend fabriquer un espace public alternatif à l’espace public médiatisé
  • une parole « citoyenne », non filtrée, qui relèverait du sens commun et dirait le vrai
  • Il s’agit de court-circuiter le gatekeeping des médias, pour fonder une communication de citoyen à citoyen.
  • Sauf que les rumeurs complotistes et les informations journalistiques n’ont pas nécessairement la même nature, et cette différence autorise la mise à distance des discours rumoraux, et les résistances à leur légitimité comme information
  • les articles complotistes ne s’embarrassent pas du minutieux travail de vérification des sources et du fact-checking journalistique
  • Ils n’ont rien de commun non plus avec la production scientifique de connaissances, comme l’a montré le philosophe Mathias Girel
  • D’autre part, le message conspirationniste occulte sa dimension idéologique ou sa dimension politique radicale.
  • se poser en victimes des médias « officiels »
  • et surtout d’exister un temps dans la presse généraliste
  • e livrer à la vindicte divers ennemis qui écrasent leur prétendue parole citoyenne
peir ric

Désinformation, l'offensive russe - Le Temps - 0 views

  • Il est entretenu en particulier par la diffusion de fausses informations ou de théories du complot de la part des télévisions et des sites internet financés par le Kremlin, principalement Russia Today (RT) et Sputnik.
  • La désinformation comme arme de guerre «asymétrique» a été remise au goût du jour par les stratèges militaires chinois dans les années 1990.
  • En Russie, c’est le général Valeriy Gerasimov qui l’a théorisée. On parle aujourd’hui de «doctrine Gerasimov».
  • ...4 more annotations...
  • l’objectif n’est plus, comme du temps de l’Union soviétique, de vendre un modèle mais de «saper la notion de vérité objective et la possibilité même de faire du journalisme».
  • d’affaiblir l’immunité morale face à la propagande»
  • «réduire la confiance dans les sources du savoir» des sociétés occidentales. «Avec des médias traditionnels, les réseaux sociaux, des SMS et des trolls, la Russie, comme l’Etat islamique, tente de décrédibiliser les processus démocratiques»,
  • En 2006, Vladimir Poutine déclarait devant le parlement russe qu’il fallait penser les conflits en termes de «supériorité intellectuelle», de façon «asymétrique» et «moins coûteuse».
peir ric

L'évidence du complot : un défi à l'argumentation. Douter de tout pour ne plu... - 1 views

  • tout en affichant son objectivité absolue, s’attache à mettre en cohérence des événements épars prélevés çà et là dans la réalité observable.
  • Elles intègrent ces événements à l’intérieur d’une trame narrative déterministe (mais non assumée comme telle) capable de leur donner du sens et de l’épaisseur ; capable, en somme, de les faire parler.
  • dans le but (2) d’apporter la preuve que ces faits sont nécessairement liés entre eux
  • ...48 more annotations...
  • ces théories (1) recueillent et assemblent des événements élevés au statut de faits
  • (3) parce qu’ils résultent d’une cause unique
  • et (5) au sein duquel les participants agissent conformément à une nature profonde qui les détermine.
  • c’est-à-dire (4) d’un complot dont ils témoignent
  • les théories en question pointent et dévoilent les supposées raisons cachées qui justifient qu’on présente les faits collectés en un seul geste discursif, d’un seul trait.
  • évacuant complètement le rôle du hasard, du flou et du précaire qui habitent les affaires humaines
  • en sollicitant des explications où prédominent les intentions inavouables (et partant inavouées) de groupes d’individus motivés par une essence ou une propriété commune
  • C’est justement cette capacité unificatrice, cette plasticité même qui donne réponse à tout, que j’ai appelée ailleurs « rhétorique de la facilité »
  • La mise à jour de ce maillage, donc sa production, reposent sur l’accumulation d’indices, de signes, de traces plus ou moins visibles.
  • Ceux-ci sont alors investis et interprétés à l’aune de l’explication totale ( = la vision du monde) sur laquelle repose tout l’édifice théorique.
  • il n’est jamais difficile de trouver, dans la masse des informations disponibles, celles qui, justement, vont pouvoir confirmer la thèse initiale et renforcer la clôture du monde.
  • Statistiquement, il n’est d’ailleurs pas « anormal » que des événements ou des coïncidences improbables aient lieu – même si cela déroute ou intrigue.
  • Bronner montre combien le « biais de confirmation » constitue un mécanisme cognitif particulièrement efficace lorsqu’il s’agit de légitimer et de pérenniser ses propres croyances.
  • Traité de l’Argumentation, « on ne délibère pas là où la solution est nécessaire et on n’argumente pas contre l’évidence »
  • la pensée conspirationniste en affichant un respect scrupuleux des contraintes de production du savoir scientifique (les faits, rien que les faits), profite de l’extraordinaire légitimité que nos sociétés démocratiques attachent à la position critique.
  • Elle parvient alors, nouveau tour de force, à s’immuniser face à la critique même, par un recours systématique à l’effet d’évidence. C’est à ce titre qu’elle est si persuasive.
  • reconsidérer le type d’argumentation propre à cette pensée-là à la lumière du couple doute-évidence.
  • En effet, dans un même geste, le doute qui envahit l’espace social (sur le mode du « tout n’est qu‘apparences », ou du « on nous cache tout ») en vient à quitter totalement celui du discours à l’intérieur duquel, justement – évidence oblige –, on ne doute pas.
  • En conséquence, l’adhésion à ces preuves constitue un droit et non pas un fait. Le but n’est pas de rallier l’adversaire récalcitrant, mais bien de le combattre pour lui faire entendre raison.
  • [d’]une argumentation rhétorique tout peut toujours être remis en question ; on peut toujours retirer son adhésion : ce que l’on accorde est un fait, non un droit. […] On ne peut être obligé d’adhérer à une proposition ou obligé d’y renoncer à cause d’une proposition à laquelle on serait acculé. L’argumentation rhétorique n’est pas contraignante parce qu’elle ne se déroule pas à l’intérieur d’un système dont les prémisses et les règles de déduction sont univoques et fixées de manière invariable (Perelman & Olbrechts-Tyteca, 1952 [1950] : 26).
  • Concrètement, le raisonnement conspirationniste crée un espace qui semble ouvert au doute et à l’argumentation, alors même qu’il rend l’expression de l’un comme de l’autre impossible.
  • Au contraire, tout semble fait pour lui retirer sa dimension pratique, mais aussi pour dissiper la part incompressible d’incertitude et de jeu qui permet à la liberté de choix d’opérer.
  • Pour le dire sans détour, il ne s’agit pas de se « poser des questions », ni même d’argumenter, mais bien de confirmer une matière qui est déjà jugée, à savoir que tout est « fabriqué ».
  • une incertitude
  • (1) l’argumentation puisse se déployer sur le mode de l’invention,
  • le fait d’être persuadé puisse constituer un acte libre et responsable.
  • Nous ne délibérons que sur les questions qui sont manifestement susceptibles de recevoir deux solutions opposées ; quant aux choses qui, dans le passé, l’avenir ou le présent ne sauraient être autrement, nul n’en délibère, s’il les juge telles ; car cela ne lui servirait à rien. (Aristote 1960 : 79)
  • une incertitude qui donne prise à l’argumentation.
  • Perelman
  • une intuition relative au doute, mais aussi à l’intrication d’éléments épars qu’il veut réunir : le libre examen, la parole persuasive, l’incertitude, l’orientation dans un monde flou, la décision.
  • Perelman se demande comment faire pour conférer au doute une dimension pratique, pour lui donner force et vigueur afin d’éviter qu’il ne sclérose la pensée, la parole et l’action
  • D’abord, Perelman refuse de réduire le doute à une posture – sociale ou discursive.
  • La recherche des preuves et, partant, leur administration en vue de les faire admettre comme des raisons, et même de « bonnes raisons » d’adhérer est la première charge des protagonistes de l’interaction, par laquelle ils manifestent, justement, leur raison pratique.
  • Perelman n’invite nullement à renoncer au doute. Il propose, à l’inverse, de l’assumer : d’en faire une occasion, un kairos.
  • Ensuite, l’auteur lie le doute et l’action : à une action personnelle (délibérer avec soi-même pour se décider), d’une part ; à une action vers autrui (convaincre, nous aurions préféré persuader, mais peu importe), d’autre part
  • convaincre, c’est
  • accepter de s’exposer soi-même aux arguments qu’autrui pourrait également formuler
  • C’est parce qu’il n’y a pas de règles susceptibles de fournir une solution définitive au problème du bon choix que chaque choix constitue un risque, une option engageant la responsabilité de l’homme qui a choisi, que l’appréciation morale a un sens et que l’on peut parler de liberté humaine. (Perelman 1952 [1948] :160)
  • La liberté dont il est question ici est intimement liée à la démarche rhétorique. Celle-ci ne saurait d’aucune façon se déployer dans un monde clos, ni dans un système où il s’agirait de « transformer [l]es consciences humaines en automates ajustés aux besoins d’une idéologie »
  • En pénétrant dans l’espace d’opposition  des preuves et des arguments, les adversaires (réels ou potentiels) contractent, l’un envers l’autre, une obligation qui les met en devoir de se respecter comme tels, c’est-à-dire comme adversaires
  • chacun des protagonistes se charge successivement de se défendre et d’accuser, c’est-à-dire de rechercher (et donc de prendre en charge) les preuves les mieux à même de supporter une défense toujours à venir.
  • reconnaitre la précarité même des arguments avancés à l’intention d’autrui, leur caractère critiquable et, dans un même mouvement (c’est le corrélat)
  • « Rien n’arrive par accident. »
  • (1) « À qui profite le crime ? »
  • (3) « Rien n’est tel qu’il paraît être. »
  • (4) « Tout est lié, des forces occultes tirent les ficelles. »
  • (5) « Qu’on me prouve le contraire ! »
  • je soulignerai d’abord que la pensée conspirationniste constitue un remarquable laboratoire pour aborder, par contraste, la pratique rhétorique, c’est-à-dire pour mieux comprendre sa valeur profonde, ses usages autant que ses outils.
peir ric

S'admirer dans les yeux des autres - 0 views

  •  
    "e manière indirecte, ce même test permettait de mesurer l'importance de certaines grandes valeurs types a"
peir ric

Une théorie du complot ? « En cas de doute, il y a trois questions à se poser... - 0 views

  • On appelle ça le rasoir d’Ockham, du nom du philosophe médiéval Guillaume d’Ockham.
  • Derrière chaque rumeur ou chaque complot, il y a souvent une explication un peu plus simple.
  • Mais c’est une rumeur intéressante à observer. Si on la pousse jusqu’au bout, ça voudrait dire qu’il y a un budget antivomitif chez McDo. Il faut acheter ces médicaments en grande quantité. Combien de personnes ça impliquerait ? Combien seraient tenues au secret ?
  • ...24 more annotations...
  • « La Société de défiance », de Pierre Cahuc et Yann Algan.
  • rigueur
  • Donc, sur la question des messages subliminaux, quand vous voyez des gens qui font des triangles dans les clips de Lady Gaga, ça crée une ambiance de mystère, mais rien n’entre dans notre cerveau.
  • La deuxième origine, c’est un exemple magnifique de complot, dont on a la preuve grâce à des documents déclassifiés.
  • On a fini par découvrir que ce directeur de cinéma avait complètement bidonné l’expérience. Le problème, c’est que la panique était lancée.
  • Il y a deux origines principales aux messages subliminaux. Deux raisons pour lesquelles ça nous fait peur.
  • quelles sont les sources ? Essayez d’en croiser plusieurs ; qu’est-ce que ça donnerait si on poussait la théorie jusqu’au bout ? Qu’est-ce que ça aurait impliqué, très concrètement ? Est-ce qu’il n’y a pas une explication beaucoup plus simple ?
  • C’est une question de démarche. Ces personnes ont développé une certaine curiosité intellectuelle et sont habituées à s’intéresser à tout plein de sujets.
  • si l’on s’attarde sur les sensibilités aux croyances en fonction du niveau d’étude, une étude sociologique de Daniel Boy et Guy Michelat, qui date de 1986, dit que les plus crédules sont ceux qui ont fait des études supérieures non scientifiques.
  • Cela m’étonnerait fort que le niveau social y soit pour quelque chose. 
  • C’est ce que le sociologue Daniel Bougnoux appelle la « clôture informationnelle » : on est enfermé à l’intérieur de la façon dont on s’informe.
  • Un certain nombre de jeunes sont seuls sur Internet et ne parlent pas d’actualité avec leur famille.
  • de s’autodonner tort à chaque fois qu’on cherche à construire un raisonnement.
  • Qu’est-ce qui nous mène vers l’erreur ? C’est le biais de confirmation, c’est-à-dire chercher à confirmer ce que l’on pense déjà.
  • En faisant des recherches là-dessus, on a réalisé que 9 personnes sur 10 ne dépassent jamais la première page de résultats sur Google. Or entre 75 et 95% des pages sont favorables à cette croyance.
  •  Et dans cette catégorie, il y a les complotistes, qui s’expriment beaucoup plus que ceux qui luttent contre les théories du complot.
  • une démocratie où certains voteraient une fois et d’autres voteraient 1 000 fois. 
  • libéralisation du marché cognitif
  • L’un d’entre vous, dans un article sur les ex-fans des Illuminati, parlait de l’information comme un marché.
  • c’est une qualité qui peut être un petit peu dévoyée quand on n’a pas trop de méthode.
  • Vous n’avez pas de bol parce que vous êtes les premiers à vous informer principalement sur Internet donc peut-être que finalement il y a un effet trompeur
  • On travaille aussi sur les connotations qu’on peut donner aux mots.
  • Puis on enchaîne sur le discours publicitaire
  • Il y a d’abord une partie sur le langage, les mots, les arguments
peir ric

Contre l'innovation : de l'invisible importance de la maintenance « InternetA... - 0 views

  • le capitalisme excelle dans l’innovation, mais échoue à maintenir les infrastructures de la société
  • assurer la continuité de nos infrastructures, leur entretien et leur amélioration est plus important que les changer.
  • Si l’innovation est devenue l’idéologie dominante, une injonction permanente, force est de constater qu’elle peine, par nature, à se dépasser. Si elle sait construire à côté, repartir à zéro, elle peine à maintenir, à entretenir, à consolider les innovations passées,
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