Le Pape et la culture « slum » - France Catholique - 0 views
-
Veille & Documentation on 03 Dec 15"Le pape François possède ce don rare de traverser le miroir au sens où, contraint par les lourdeurs d'un programme officiel, il réussit néanmoins à faire passer son message spirituel. Son protocole allégé fait choc dans une société habituée au paraître, à commencer par le clergé local : déplacements dans une berline ordinaire et non un 4x4, pas de banquet, pas de trône rutilant, une chambre modeste à la nonciature. Le rituel célébré dans une église en briques et poutres métalliques construite par les paroissiens et conçue pour un maximum de 1 200 fidèles bien serrés l'emporte sur l'incontournable grand-messe multilingue ouverte à tous vents. Le pape François était handicapé par la pauvreté de son anglais qu'il reconnaît humblement. Il s'exprimait en italien et en espagnol avec un traducteur et la messe fut un mélange de latin et de kiswahili. On pouvait s'interroger sur sa capacité à communiquer. Mais la vraie communication n'est pas affaire de langue mais de cœur. Pour ses tout premiers pas en Afrique, timide et hésitant lors de la réception protocolaire à la Présidence, encore formel et si l'on peut dire « scriptural » ou « littéral » lors de l'homélie de la grand-messe du lendemain sous un déluge de pluie, le Pape a trouvé son style le surlendemain et dernier jour en répondant aux préoccupations des jeunes pour enfin se révéler au milieu des plus pauvres, dans un de ces nombreux bidonvilles (« slums ») où s'entasse la majorité de la population de la capitale (55 % de la population sur 5 % du sol)."