Skip to main content

Home/ Vers un monde nouveau/ Group items tagged mode de vie

Rss Feed Group items tagged

Jon Snow

« Le Moment unipolaire et l'ère Obama » : une conférence de Noam Chomsky - Ar... - 0 views

  • Quant on se penche sur les affaires internationales, il est important de garder à l’esprit plusieurs principes considérablement répandus et utilisés. Le premier est la maxime de Thucydide : les forts agissent tel qu’ils le veulent, et les faibles souffrent tel qu’ils le doivent.
  • Un second thème directeur fut exprimé par Adam Smith. Il parlait de l’Angleterre, la plus grande puissance de son époque, mais son observation peut se généraliser. Smith observait que les « architectes principaux » de la politique anglaise étaient les marchands et les fabricants, lesquels s’assuraient que leurs intérêts personnels soient bien servis par la politique, quelles qu’en soient les conséquences néfastes sur les autres (y compris sur le peuple anglais).
  • Dans cette « grande aire », les États-Unis détiendraient le « pouvoir incontesté » grâce à leur « supériorité militaire et économique » et agiraient de manière à s’assurer la « restriction de tout exercice de souveraineté » des États interférant avec leurs plans. Au début, les planificateurs pensèrent que l’Allemagne serait prédominante en Europe, mais lorsque la Russie commença à broyer la Wehrmacht, la vision devint plus large et la Grande Aire se dut d’ incorporer le plus de territoires possibles en Eurasie, avec au minimum l’Europe occidentale, cœur économique eurasien.
  • ...36 more annotations...
  • Alors que les politiques bipartisanes [2] envers Cuba s’accordent avec la maxime de Thucydide, elles rentrent en conflit avec le principe de Smith et nous donnent donc un aperçu particulier sur la formation des politiques. Depuis des dizaines d’années, le peuple américain est en faveur de la normalisation des relations avec Cuba. Si ignorer la volonté de la population n’a rien d’inhabituel, ce qui est plus intéressant dans ce cas c’est que de puissants secteurs du monde des affaires sont en faveur de la normalisation : l’agroalimentaire, les industriels de l’énergie, les sociétés pharmaceutiques et bien d’autres qui forment d’habitude le cadre politique. Leurs intérêts dans ce cas sont supplantés par un principe des affaires internationales délaissé par la littérature universitaire spécialisée. C’est ce qu’on pourrait appeler le principe de la Mafia. Le parrain ne tolère pas les exemples de « défi réussi », même de la part d’un petit épicier qui ne peut payer pour sa protection. C’est trop dangereux. Par conséquent, il faut le réprimer, et ce de manière brutale, afin que les autres comprennent que la désobéissance, le « défi réussi », n’est pas une option valable. Un défi réussi envers le maître peut être un « virus  » qui « répand la contagion », pour emprunter un terme d’Henry Kissinger lorsqu’il préparait le renversement du gouvernement Allende
  • Par exemple, lorsque Washington se préparait à renverser le gouvernement Allende, le Conseil National de Sécurité nota que, si les États-Unis ne pouvaient pas contrôler l’Amérique Latine, ils ne pouvaient prétendre « obtenir un ordre satisfaisant ailleurs dans le monde  », c’est-à-dire imposer leur domination efficacement au reste du monde. La « crédibilité  » de Washington en aurait été entamée, comme l’a avoué Henry Kissinger. D’autres pourraient se tourner vers la désobéissance, s’inspirer des « défis réussis  », si le virus chilien n’était pas détruit avant qu’il ne puisse « répandre la contagion ». Par conséquent la démocratie parlementaire au Chili devait disparaître, comme ça s’est passé à l’occasion du premier 11 Septembre, en 1973. Cet événement a disparu de l’histoire occidentale, bien qu’en termes de conséquences pour le Chili et ailleurs, cela surpasse de loin les terribles crimes du 11 septembre 2001.
  • Avec cet arrière-plan en tête, tournons-nous vers le « moment unipolaire  », sujet d’un grand nombre de discussions universitaires et populaires depuis l’effondrement de l’Union Soviétique il y a 20 ans, qui fit passer les États-Unis de principale superpuissance mondiale à seule superpuissance mondiale. Nous apprenons beaucoup sur la nature de la Guerre Froide et des évènements survenus depuis lors en regardant la façon dont Washington a réagi à la disparition de son ennemi mondial, de cette « impitoyable et monolithique conspiration » visant à s’emparer du monde pour reprendre la description de John F. Kennedy.
  • il leur fallait trouver un nouveau prétexte. Il fut vite donné : la menace des narcotrafiquants hispaniques focalisés sur la destruction des EU. La « guerre contre la drogue » fut certes lancée par Nixon, mais elle prit un rôle nouveau et plus important au cours du moment unipolaire.
  • Le besoin d’un nouveau prétexte guida aussi la réaction officielle à l’effondrement de la superpuissance ennemie. En quelques mois, l’administration de Bush père exposa le nouveau cap de Washington : en bref, tout restera comme avant, mais sous de nouveaux prétextes. Nous avons toujours besoin d’un gros système militaire, mais pour une nouvelle raison : la « sophistication technologique » des puissances du Tiers-monde. Nous devons maintenir la « base industrielle de défense  », un euphémisme pour désigner l’industrie de haute technologie soutenue par l’État. Nous devons maintenir les forces d’intervention pour les régions du Moyen-Orient riches en énergie, où les menaces importantes contre nos intérêts ne peuvent plus être rejetées sur le Kremlin, contrairement aux décennies de mensonges précédentes. Tout ceci passa discrètement et fut à peine signalé. Mais pour ceux qui cherchent à comprendre le monde, c’est très instructif.
  • Les élites intellectuelles se mirent rapidement au travail et remplirent leur mission. Elles annoncèrent une «  révolution normative » qui accordait aux États-Unis le droit d’ « intervention humanitaire », ceci pour les plus nobles des raisons bien entendu. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les victimes traditionnelles n’étaient guère convaincues. Au Sud, des conférences de haut-niveau condamnèrent amèrement « le soi-disant ’droit’ d’intervention humanitaire ».
  • Un affinage était donc nécessaire, et le concept de la « responsabilité de protection » fut échafaudé à sa place. Ceux qui prêtent attention à l’histoire ne seront pas surpris de découvrir que les puissances occidentales exercent leur «  responsabilité de protection  » de manière extrêmement sélective, en parfaite correspondance avec les trois maximes.
  • Les faits concordent de manière troublante et requièrent une agilité considérable de la part des classes intellectuelles
  • Alors que l’Union Soviétique s’écroulait, Mikhaïl Gorbatchev fit une concession sidérante : il accepta que l’Allemagne réunifiée rejoigne l’alliance militaire hostile dirigée par la superpuissance mondiale, malgré le fait que les Allemands aient à eux-seuls quasi anéanti la Russie deux fois au cours du siècle. Il y avait cependant un quid pro quo [3].
  • L’administration Bush promit à Gorbatchev que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Allemagne de l’Est, et encore moins plus loin à l’Est. Elle garantit aussi à Gorbatchev que « l’OTAN se transformera elle-même en une organisation plus politique  ». Gorbatchev proposa aussi la création d’une zone dénucléarisée de l’Arctique à la Mer Noire, afin d’établir une « zone de paix  » pour lever toute menace sur l’Europe, de l’Est ou de l’Ouest. Cette proposition fut rejetée sans examen.
  • Clinton a pris ses fonctions peu de temps après. Les engagements de Washington ont rapidement disparu. Il est inutile de faire des commentaires sur la promesse que l’OTAN deviendrait une organisation plus politique. Clinton a élargi l’OTAN à l’Est, et Bush a surenchéri. Obama a apparemment l’intention de poursuivre cette expansion.
  • Juste avant le premier voyage d’Obama en Russie, son assistant spécial pour la Sécurité Nationale et les affaires eurasiennes informa la presse que « nous n’allons pas rassurer ou donner ou échanger quoi que ce soit aux Russes en ce qui concerne l’expansion de l’OTAN ou le système de défense anti-missiles  ». Il faisait référence au programme américain de défense anti-missiles en Europe de l’Est et à l’adhésion de deux voisins de la Russie, la Géorgie et l’Ukraine, à l’OTAN.
  • Ces deux décisions sont considérées par les analystes occidentaux comme de sérieuses menaces pour la sécurité russe, propres à enflammer les tensions internationales.
  • L’objectif des systèmes d’interception états-uniens, s’ils fonctionnent un jour, est d’empêcher toutes représailles en cas d’attaques américaine ou israélienne sur l’Iran, c’est-à-dire éliminer toute dissuasion iranienne. Les systèmes anti-missiles sont une arme de première frappe [4], et chaque côté l’a compris. Mais cela semble être un de ces faits qu’il vaut mieux laisser dans l’ombre.
  • Lors d’une conférence de l’OTAN, le secrétaire général, Jaap de Hoop Scheffer, indiquait que « les troupes de l’OTAN doivent surveiller les oléoducs de gaz et de pétrole à destination de l’Occident » et, plus globalement, protéger les routes maritimes empruntées par les tankers et les autres « infrastructures cruciales » du système énergétique. Cette décision explique plus clairement les politiques post-guerre froide visant à réformer l’OTAN en une force d’intervention mondiale dirigée par les États-Unis, particulièrement préoccupée par le contrôle de l’énergie.
  • Dès la fin de la seconde guerre mondiale, il était clair que l’Europe occidentale pouvait choisir de mener une politique indépendante, peut-être en conformité avec la vision gaulliste d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural. Dans ce cas le problème n’était plus qu’un « virus  » puisse « répandre la contagion », mais qu’une pandémie abatte le système tout entier de contrôle global. L’OTAN était considéré comme un remède à cette menace.
  • Dans un cours d’économie, on apprend que les marchés sont basés sur des consommateurs éclairés qui prennent leurs décisions de manière rationnelle. Mais quiconque regarde une publicité télé sait que les entreprises consacrent de grosses ressources à créer des consommateurs standardisés prenant des décisions irrationnelles. Les méthodes utilisées pour ébranler les marchés sont adaptées afin de saper la démocratie, créant un électorat profane qui prendra des décisions irrationnelles sur un faible éventail d’alternatives compatibles avec les intérêts des deux partis, lesquels devraient être considérés comme des factions concurrentes du parti unique des affaires. Dans le monde des affaires et celui de la politique, les architectes politiques ont régulièrement été hostiles aux marchés et à la démocratie, sauf en cas d’avantages temporaires. La rhétorique est différente bien sûr, mais les faits sont là.
  • Des plans précis et rationnels d’organisation globale ont été développés, une “fonction” étant assignée à chaque région. Le Sud en général devait avoir un rôle de service : fournir des ressources, une main d’œuvre bon marché, des opportunités d’investissement et de marchés, ainsi que d’autres services comme l’importation des déchets et de la pollution. A cette époque les États-Unis n’étaient pas tellement intéressés par l’Afrique, elle fut donc confiée à l’Europe afin qu’elle l’ « exploite  » pour sa reconstruction après-guerre. On aurait pu imaginer des relations différentes entre l’Europe et l’Afrique vu leur passé historique, mais cela n’a pas été envisagé. Par contraste, les réserves de pétroles du Moyen-Orient étaient considérées comme étant « une prodigieuse source de pouvoir stratégique » et l’ « un des plus formidables trésors matériels de l’histoire mondiale  », la plus « importante aire stratégique dans le monde  », selon les mots d’Eisenhower. Les planificateurs influents admettaient que le contrôle du pétrole moyen-oriental fournirait aux États-Unis un « contrôle important sur le monde  ».
  • En ce qui concerne l’Amérique Latine, les planificateurs post-Seconde Guerre mondiale concluaient que la menace principale sur les intérêts des États-Unis était le fait de « régimes nationalistes radicaux [qui] séduisent les masses » et cherchent à satisfaire la « demande populaire d’amélioration immédiate des conditions de vie médiocres des masses  » ainsi que le développement selon les besoins domestiques. Ces tendances rentrent en conflit avec l’exigence d’ « un climat politique et économique favorable à l’investissement privé », avec un rapatriement satisfaisant des profits et avec la « protection de nos matières premières ». Une part conséquente de l’histoire ultérieure provient de ces conceptions non-contestées.
  • Si on prend le cas particulier de Mexico, un atelier du Pentagone sur la stratégie de développement pour l’Amérique Latine constatait en 1990 que les relations mexico-américaines étaient « extraordinairement positives », indifférent aux élections volées, à la violence étatique, à la torture, au traitement scandaleux des travailleurs et paysans et à d’autres menus détails. Les participants à l’atelier avaient cependant un souci en perspective : la menace d’une « ouverture démocratique  » au Mexique,
  • Le moment choisi pour l’opération Gatekeeper n’était certainement pas accidentel. Les analystes sensés avaient anticipé qu’ouvrir le Mexique à un flot d’exportations agroalimentaires fortement subventionnées ébranlerait tôt ou tard l’agriculture mexicaine, et que les entreprises mexicaines ne seraient pas capable de soutenir la compétition avec d’énormes sociétés aidées par l’État, lesquelles devaient être autorisées à opérer librement au Mexique selon le traité. Une conséquence probable était une hausse de l’émigration vers les États-Unis, à additionner à celle fuyant des pays d’Amérique Centrale, ravagés par la terreur reagannienne. La militarisation de la frontière fut une solution naturelle.
  • L’attitude populaire envers ceux qui fuient leurs pays (appelés “étrangers illégaux”) est complexe. Ils exécutent des services de grande valeur en tant que main d’œuvre très peu coûteuse et facilement exploitable. Aux États-Unis, l’agroalimentaire, le bâtiment et d’autres industries reposent massivement sur eux, et ils contribuent à la richesse des communautés où ils résident. D’un autre côté, ils réveillent le traditionnel sentiment anti-immigration.
  • Quelles que soient les réalités historiques et économiques, les immigrants ont été perçus par les pauvres et les travailleurs comme une menace pour leurs boulots, quartiers et modes de vie. Il est important de garder à l’esprit que les gens qui protestent aujourd’hui ont de réels doléances. Ils sont victimes de la financiarisation de l’économie et des programmes néolibéraux de mondialisation conçus pour transférer la production à l’étranger et les mettre en compétition avec les travailleurs du monde entier, et donc baisser leurs salaires et avantages. Pendant ce temps, les professionnels diplômés sont protégés des forces du marché et les propriétaires et dirigeants s’enrichissent. À nouveau la maxime de Smith.
  • Les répercussions sont sévères depuis les années Reagan et se manifestent de façon extrêmement déplaisante, comme on peut le voir actuellement en unes des journaux. Les deux partis politiques se battent pour savoir lequel des deux pourra proclamer avec le plus de ferveur son attachement à la doctrine sadique selon laquelle les soins médicaux doivent être refusés aux « étrangers illégaux ». Leur position est cohérente avec le principe juridique, établi par la Cour Suprême, selon lequel ces créatures ne sont pas des « personnes  » selon la loi, et qu’ils ne disposent donc pas des droits accordés aux personnes.
  • Au même moment, la Cour examine si les grandes sociétés ne devraient pas avoir la permission d’acheter les élections librement au lieu de le faire de manière détournée C’est un problème constitutionnel majeur, puisque les tribunaux ont établis que, contrairement aux sans-papiers, les entreprises sont des personnes réelles selon la loi, et ont en fait des droits bien supérieurs à celles faites de chair et de sang, tels ceux accordés par le mal nommé « accord de libre-échange ». Ces coïncidences parlantes ne suscitent aucun commentaire. La loi est bel et bien une solennelle et majestueuse affaire.
  • Une différence fondamentale entre Bush et Obama fut très bien formulée par l’un des hauts conseillers de l’administration Kennedy, à l’époque de la crise des missiles à Cuba. Les planificateurs de Kennedy prenaient des décisions qui menaçaient littéralement l’Angleterre d’extinction, mais n’en informaient pas les Britanniques. A ce moment là, le conseiller définissait ainsi la « relation spéciale » avec la Grande Bretagne : elle est , disait-il, « notre lieutenant – le terme en vogue étant ’partenaire’  ». Naturellement, l’Angleterre préfère le terme en vogue.
  • Bush et ses sbires traitent le monde comme « nos lieutenants ». Ainsi, en annonçant l’invasion de l’Irak, ils informèrent l’ONU qu’elle pouvait suivre les ordres américains ou « ne plus avoir de raison d’être ». Une telle arrogance a bien évidemment suscité de l’hostilité. Obama a choisi une autre méthode : il reçoit les dirigeants et les peuples du monde poliment, en tant que « partenaires  », et c’est seulement en privé qu’il continue à les traiter comme des « lieutenants  ». Les dirigeants étrangers préfèrent cette approche et le public est aussi parfois hypnotisé par cette attitude. Mais il est sage de s’en tenir aux faits et non au comportement rhétorique et plaisant. Les faits racontent une histoire différente d’habitude, et ce cas là ne fait pas exception.
  • Le système mondiale actuel reste unipolaire dans un domaine, celui de la force. Les États-Unis dépensent quasiment autant pour la force militaire que le reste du monde réuni, et sont bien plus avancés en ce qui concerne la technologie de destruction. C’est aussi le seul pays à avoir des centaines de bases militaires tout autour du monde et à occuper deux pays dans les régions cruciales pour la production d’énergie. Il y établit des méga-ambassades gigantesques, de l’ordre d’une ville à l’intérieur de la ville, ce qui est une claire indication de ses intentions futures. A Bagdad, les coûts prévisionnels de la méga-ambassade sont de 1.5 milliard de dollars cette année et de 1.8 dans les prochaines années. Le coût de leurs équivalents au Pakistan et en Afghanistan est inconnu, tout comme le futur des énormes bases militaires établies en Irak.
  • Dissoute en 1950, la quatrième Flotte US a été réactivée en 2008, peu de temps après l’invasion colombienne de l’Équateur. Son champ d’action couvre les Caraïbes, l’Amérique Centrale et du Sud ainsi que les eaux environnantes. La marine définit ses « diverses opérations » comme la lutte contre les trafics illégaux, la coopération régionale en matière de sécurité, l’interaction entre les forces armées et les formations militaires bilatérales ou multinationales. La réactivation de la flotte a naturellement provoqué un tollé et l’inquiétude des gouvernements brésilien, vénézuélien et autres.
  • Ces plans font partie d’une politique plus générale de militarisation de l’Amérique latine. L’entraînement des officiers latino-américains a fortement augmenté dans la dernière décennie, bien au dessus des niveaux de la Guerre Froide. La police se forme aux tactiques d’infanterie légère. Leur mission est de combattre les « gangs de jeunes  » et le «  populisme radical  », ce dernier terme n’étant que trop bien compris en Amérique latine.
  • Le prétexte est celui de la « guerre contre la drogue ». Mais, même si nous acceptons la singulière affirmation selon laquelle les EU ont le droit de mener cette « guerre  » dans des pays étrangers, il est difficile de le prendre au sérieux. Les raisons sont connues, elles ont été redites en février par la commission sur les drogues et la démocratie, dirigée par les anciens présidents sud américains Cardoso, Zedillo et Gaviria. Leur rapport conclut que la guerre contre la drogue a été un échec complet et appelle à changer radicalement de politique, en se détournant des mesures brutales vers d’autres plus efficaces et beaucoup moins coûteuses.
  • Quelque-uns accusaient même Washington de crimes, et non pas simplement d’erreurs commises par excès de naïveté et bienveillance comme le déclaraient les commentateurs libéraux, obéissant en cela à la logique bien établie de Thucydide. Un problème apparenté était l’activisme, particulièrement parmi les jeunes, qui provoquait un « excès de démocratie » selon les avertissements d’intellectuels libéraux. Ils demandaient la restauration de l’obéissance et de la passivité ainsi que l’application par Nixon de mesures beaucoup plus brutales.
  • Les fondations étaient posées pour une campagne nationale « Loi et Ordre » visant à discipliner ceux qui s’égaraient au-delà des limites de subordination à la doctrine et au pouvoir. Le succès fut conséquent. Sans susciter aucune critique ou commentaire, le président Carter pouvait expliquer que nous n’avions aucune dette envers les vietnamiens, car la « destruction était mutuelle ». Pour Reagan la guerre était une « noble cause » et le président Bush Sr. put continuer à informer les vietnamiens, sans aucune objection publique, que nous ne pourrions jamais pardonner leurs crimes envers nous, mais que par compassion nous serions d’accord pour les laisser rejoindre le monde que nous dirigions. Pour cela, il fallait qu’ils démontrent leur bonne volonté en s’occupant du seul problème moral subsistant : cette « noble cause  » qui consistait à se dévouer afin de retrouver les ossements des pilotes américains abattus alors qu’ils bombardaient le Vietnam.
  • Bien que le monde soit unipolaire sur le plan militaire, cela n’est plus le cas depuis quelque temps sur le plan économique. Au début des années 1970 le monde devenait économiquement « tripolaire  », avec des centres comparables en Amérique du Nord, Europe et dans le nord-est de l’Asie. De nos jours l’économie mondiale est devenue encore plus diverse, particulièrement avec la rapide croissance d’économies asiatiques défiant les règles néolibérales du « consensus de Washington ». L’Amérique latine aussi se défait de ce joug. Les efforts états-uniens pour la militariser sont une réponse à ces développements (particulièrement en Amérique du Sud), qui, pour la première fois depuis les conquêtes européennes, commencent à s’adresser aux problèmes fondamentaux qui ont empoisonné et continuent d’empoisonner le continent.
  • Les questions d’intégration interne sont encore plus significatives. Il y a enfin des efforts sérieux pour s’adresser à la pathologie latino-américaine de gouvernance par d’étroits secteurs nageant dans l’opulence au beau milieu d’un océan de misère, les riches étant exempts de responsabilité si ce n’est de celle de s’enrichir, contrairement à l’Asie de l’est. Une de ces mesures concerne la fuite des capitaux. En Amérique Latine elle atteint presque le montant de l’étouffante dette. Dans les pays d’Asie de l’est elle a été fermement contrôlée. En Corée du Sud par exemple, pendant la période de forte croissance, l’exportation de capital était passible de peine de mort.
  • Ces développements en Amérique latine, parfois menés par d’impressionnants mouvements populaires de masse, sont d’une grande importance. Ils suscitent bien évidemment des réactions amères de la part des élites traditionnelles, supportées par la superpuissance voisine. Les obstacles sont immenses mais s’ils sont surmontés, cela pourrait changer de façon significative le destin de l’Amérique latine et entraîner de véritables conséquences ailleurs.
  •  
    Superbe conférence de Noam Chomsky sur l'histoire de la politique etrangère guerrière US.
Fabien Cadet

Rapport Bourdieu-Gros (8 Mars 1989) : Principes pour une réflexion sur les co... - 2 views

  • Premier principe Les programmes doivent être soumis à une remise en question périodique visant à y introduire les savoirs exigés par les progrès de la science et les changements de la société (au premier rang desquels 1'unification européenne), toute adjonction devant être compensée par des suppressions.
  • une telle réduction, opérée avec discernement, doit permettre une élévation du niveau dans la mesure (et dans la mesure seulement) où elle permet de travailler moins longtemps, mais mieux, en remplaçant l'apprentissage passif par la lecture active, qu'il s'agisse de livres ou de supports audio-visuels, par la discussion ou par l'exercice pratique, et en redonnant ainsi toute sa place à la créativité et à l'esprit d'invention.
  • Deuxième principe L'éducation doit privilégier tous les enseignements propres à offrir des modes de pensée dotés d'une validité et d'une applicabilité générales par rapport aux enseignements proposant des savoirs susceptibles d'être appris de manière aussi efficace (et parfois plus agréable) par d'autres voies.
  • ...13 more annotations...
  • Il faut résolument privilégier les enseignements qui sont chargés d'assurer l'assimilation réfléchie et critique des modes de pensée fondamentaux comme le mode de pensée déductif, le mode de pensée expérimental ou le mode de pensée historique, et aussi le mode de pensée réflexif et critique qui devrait leur être toujours associé. Dans un souci de rééquilibrage, il faudrait notamment rendre plus clairement perceptible la spécificité du mode de pensée expérimental
  • Et il faudrait enfin veiller à faire une place importante à tout un ensemble de techniques qui, quoiqu'elles soient tacitement exigées par tous les enseignements, font rarement l'objet d'une transmission méthodique : utilisation du dictionnaire, usage des abréviations, rhétorique de communication, établissement d'un fichier, création d'un index, utilisation d'un fichier signalétique ou d'une banque de données, préparation d'un manuscrit, recherche documentaire, usage des instruments informatiques, lecture de tableaux de nombres et de graphiques, etc.
  • Troisième principe Ouverts, souples, révisables, les programmes sont un cadre et non un carcan : ils doivent être de moins en moins contraignants à mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie des ordres d'enseignement
  • Sans sacrifier à l'imitation servile des modèles étrangers, on devrait trouver une inspiration critique dans la comparaison méthodique avec les programmes en vigueur dans d'autres pays, européens notamment
  • Quatrième principe L'examen critique des contenus actuellement exigés doit toujours concilier deux variables : leur exigibilité et leur transmissibilité
  • Ce principe devrait conduire à exclure toute espèce de transmission prématurée.
  • Cinquième principe Dans le souci d'améliorer le rendement de la transmission du savoir en diversifiant les formes de la communication pédagogique
  • L’accroissement de la connaissance rend vaine l'ambition de l'encyclopédisme : on ne peut enseigner toutes les spécialités et la totalité de chaque spécialité. En outre, des spécialités sont apparues qui allient la science fondamentale et l'application technique (c'est le cas de l'informatique dans tous les ordres d'enseignement ou de la technologie au collège). Leur introduction dans l'enseignement ne peut être une simple addition : elle devrait avoir pour effet d'imposer à plus ou moins long terme une redéfinition des divisions de l'enseignement.
  • Il importe de substituer à l'enseignement actuel, encyclopédique, additif et cloisonné, un dispositif articulant des enseignements obligatoires, chargés d'assurer l'assimilation réfléchie du minimum commun de connaissances, des enseignements optionnels, directement adaptés aux orientations intellectuelles et au niveau des élèves, et des enseignements facultatifs et interdisciplinaires relevant de l'initiative des enseignants.
  • Sixième principe Le souci de renforcer la cohérence des enseignements devrait conduire à favoriser les enseignements donnés en commun par des professeurs de différentes spécialités et même à repenser les divisions en "disciplines", en soumettant à l'examen certains regroupements hérités de l'histoire et en opérant, toujours de manière progressive, certains rapprochements imposés par l'évolution de la science.
  • Septième principe La recherche de la cohérence devrait se doubler d'une recherche de l'équilibre et de l'intégration entre les différentes spécialités et, en conséquence, entre les différentes formes d'excellence. Il importerait en particulier de concilier l'universalisme inhérent à la pensée scientifique et le relativisme qu'enseignent les sciences historiques, attentives à la pluralité des modes de vie et des traditions culturelles.
  • Tout devrait être mis en oeuvre pour réduire (toutes les fois que cela parait possible et souhaitable) l'opposition entre le théorique et le technique, entre le formel et le concret, entre le pur et l'appliqué et pour réintégrer la technique à l'intérieur même des enseignements fondamentaux.
  • L’opposition entre les "lettres" et les "sciences", qui domine encore aujourd'hui l'organisation de l'enseignement et les 'mentalités' des maîtres, des élèves et des parents d'élèves, peut et doit être surmontée par un enseignement capable de professer à la fois la science et l'histoire des sciences ou l'épistémologie, d'initier aussi bien à l'art ou à la littérature qu'à la réflexion esthétique ou logique sur ces objets, d'enseigner non seulement la maîtrise de la langue et des discours littéraire, philosophique, scientifique, mais aussi la maîtrise active des procédés ou des procédures logiques ou rhétoriques qui y sont engagés.
Jon Snow

Noam Chomsky : un Monde en soulèvement ou un Nouvel Âge des ténèbres ? - La R... - 0 views

  • Il y avait le syndicat du travail militant qui continuait à organiser, particulièrement le CIO (Congress of Industrial Organizations) [3]. On en venait au point des grèves sur le tas, qui effrayaient le monde des affaires — vous pouviez le voir dans la Presse d’affaires de l’époque, — parce qu’une grève sur le tas est juste l’étape qui précède la reprise de l’usine pour la faire tourner par vous-même. Par ailleurs, l’idée de prise de contrôle par les travailleurs est tout à fait quelque chose à l’ordre du jour aujourd’hui, et nous devrions le garder à l’esprit. En outre, la législation du New Deal commença à intervenir en tant que résultat de la pression populaire. Malgré les moments difficiles, il y avait un sentiment qu’en quelque sorte : « nous allons en sortir ».
  • Avec cela est venu un changement important de l’économie de l’entreprise productive — qui produit les choses dont les gens ont besoin ou qu’ils pourraient utiliser — à la manipulation financière. La financiérisation de l’économie a vraiment décollé à ce moment-là.
  • Avant les années 1970 les banques étaient des banques. Elles faisaient ce que des banques étaient supposées faire dans une économie capitaliste d’État : par exemple, elles prenaient les fonds inutilisés de votre compte bancaire pour les transférer à des objets potentiellement utiles, comme aider une famille à acheter une maison ou envoyer un enfant au collège. Cela changea dramatiquement dans les années 1970. Jusque-là, depuis la Grande Dépression, il n’y avait eu aucune crise financière. Les années 1950 et les années 1960 avaient été une période d’énorme croissance, les plus hautes dans l’histoire américaine, et peut-être dans l’histoire économique. Et c’était égalitaire. Le un cinquième du plus bas faisait aussi bien que le un cinquième du plus haut. Des tas des gens évoluaient dans des styles de vie raisonnables — appelés ici « la classe moyenne » et dans d’autres pays « la classe ouvrière », — et c’était une réalité ; et les années 1960 l’accélérèrent. L’activisme de ces années, après une décennie assez morne, civilisa vraiment le pays dans toutes sortes de voies inaliénables.
  • ...7 more annotations...
  • Les développements qui eurent lieu pendant les années 1970 firent ressortir un cercle vicieux. Celui-ci mena à concentrer de plus en plus de richesse entre les mains du secteur financier. Ce qui ne profite pas à l’économie — lui nuit probablement ainsi qu’à la société — pour autant mena vraiment à une concentration énorme de la valeur.
  • Le projet de loi, essentiellement bipartite, entraîne de nouvelles politiques fiscales et des modifications des taxes, ainsi que des règles de gouvernance d’entreprise et la déréglementation. A côté de cela une forte hausse dans les coûts des élections a commencé, qui pousse et même plus profondément les partis politiques dans les poches du secteur d’entreprise.
  • Il a toujours existé un fossé entre la politique publique et la volonté publique, simplement il a grandi en proportion astronomique. En fait, on peut le voir dès maintenant. Jetez un regard au grand sujet sur lequel tout le monde se concentre à Washington : le déficit. Pour le grand public, à juste titre, le déficit n’est pas considéré comme un gros problème. Et ce n’est pas vraiment un gros problème. La question est celle du chômage. Il y a une commission du déficit, mais aucune commission du chômage. Autant que le déficit le concerne, le public a des opinions. Jetez un coup d’oeil aux sondages. Le public appuie massivement des impôts plus élevés sur les riches, impôts qui ont fortement diminué dans cette période de stagnation et de déclin, et la préservation des prestations sociales qui furent limitées. Le résultat de la commission du déficit va probablement être à l’opposé. Les mouvements Occupy pourraient fournir une base de masse pour essayer d’éviter ce qui équivaudrait à un poignard planté dans le cœur du pays.
  • Prenez, par exemple, Citigroup. Pendant des décennies, Citigroup a été l’une des sociétés bancaires d’investissement les plus corrompues, plusieurs fois renflouée par le contribuable dès le début des années Reagan et cela continue. Je ne vais pas pourfendre la corruption, mais c’est assez étonnant. En 2005, Citigroup s’est fait connaître grâce à une brochure pour investisseurs intitulée « Ploutonomie : Achat de luxe, explications des déséquilibres mondiaux ». Les investisseurs étaient exhortés à mettre de l’argent dans un « Indice de ploutonomie ». La brochure affirmant que « Le Monde est scindé en deux blocs — la Ploutonomie et le reste ».
  • Ainsi, par exemple, Alan Greenspan, le président de la Fed, au moment où il était encore « Saint Alan » — et qu’il était salué par la profession comme l’un des plus grands économistes de tous les temps (c’était avant le krach dont il était en grande partie responsable) — témoignant au Congrès durant les années Clinton, y expliqua les merveilles de la grande économie qu’il supervisait. Il affirmait que la majeure part de ces succès tenait surtout à ce qu’il appelle « l’insécurité croissante des travailleurs ». Si les travailleurs sont vulnérables, s’ils font partie du précariat et mènent des existences précaires, ils ne vont pas revendiquer, ils ne vont pas réclamer de meilleurs salaires et n’auront pas de meilleures prestations. On peut les virer si on n’en a pas besoin. Et c’est ce qu’on appelle une économie « saine » du point de vue technique. Et c’est ce dont on lui sut grandement gré, ce pourquoi il suscita l’admiration.
  • J’ai déjà dit que, dans les années 1930, un des modes d’action les plus efficaces était la grève sit-down. La raison en est simple : il s’agit de l’ultime étape avant de prendre le contrôle d’une industrie.
  • Nous traînons la première depuis 1945. C’est une sorte de miracle que nous y ayons échappé. Il s’agit de la menace des armes nucléaires et de la guerre nucléaire. Bien qu’on en parle peu, cette menace s’accroît du fait de la politique menée par cette administration et ses alliés. Et il faut faire quelque chose pour ça, sinon nous sommes dans un sacré pétrin. L’autre, bien sûr, est la catastrophe écologique. Il n’est pratiquement pas un pays qui n’essaie au moins de prendre des mesures pour essayer de l’enrayer. Les États-Unis aussi prennent des mesures, surtout pour accélérer la menace. Non seulement c’est le seul grand pays qui ne fait pas la moindre chose pour protéger l’environnement, mais il n’est même pas monté dans le train. A certains égards, il le tire vers l’arrière.
  •  
    Les grèves ça sert !
Jon Snow

ContreInfo :: Pic pétrolier : l'AIE connaît les faits depuis 1998, par Colin ... - 0 views

  • Pour résumer, le pétrole conventionnel classique a atteint un sommet en 2005. Le déficit a été comblé par un pétrole couteux, provenant principalement de gisements en eau profonde et de l’exploitation des sables bitumineux canadiens, ce qui a provoqué une hausse des cours. Cette tendance a été identifiée par des négociants avisés qui ont commencé à acheter des contrats sur le marché à terme, tandis que l’industrie pétrolière a maintenu des niveaux élevés de stock, puis les a regardés s’apprécier, sans avoir le moindre effort à fournir. La hausse des prix a également dirigé un flot de pétrodollars vers le Moyen-Orient, où il coûte environ 10 dollars pour produire un baril. Ces excédents de revenus ont ensuite été partiellement redirigés vers les établissements financiers occidentaux, contribuant ainsi à l’instabilité. La flambée des prix a atteint des niveaux extrêmes à la mi-2008, à près de 150 dollars le baril, ce qui a incité les négociants à commencer à vendre à découvert sur le marché à terme, et pour l’industrie pétrolière, à commencer à vider ses stocks avant qu’ils ne perdent de la valeur. Ces prix élevés ont dans le même temps déclenché une récession économique qui a freiné la demande, provoquant une chute des prix qui sont retournés aux niveaux de 2005 avant de remonter à environ 70 dollars aujourd’hui.
  • Pour résumer, le pétrole conventionnel classique a atteint un sommet en 2005. Le déficit a été comblé par un pétrole couteux, provenant principalement de gisements en eau profonde et de l’exploitation des sables bitumineux canadiens, ce qui a provoqué une hausse des cours. Cette tendance a été identifiée par des négociants avisés qui ont commencé à acheter des contrats sur le marché à terme, tandis que l’industrie pétrolière a maintenu des niveaux élevés de stock, puis les a regardés s’apprécier, sans avoir le moindre effort à fournir. La hausse des prix a également dirigé un flot de pétrodollars vers le Moyen-Orient, où il coûte environ 10 dollars pour produire un baril. Ces excédents de revenus ont ensuite été partiellement redirigés vers les établissements financiers occidentaux, contribuant ainsi à l’instabilité. La flambée des prix a atteint des niveaux extrêmes à la mi-2008, à près de 150 dollars le baril, ce qui a incité les négociants à commencer à vendre à découvert sur le marché à terme, et pour l’industrie pétrolière, à commencer à vider ses stocks avant qu’ils ne perdent de la valeur. Ces prix élevés ont dans le même temps déclenché une récession économique qui a freiné la demande, provoquant une chute des prix qui sont retournés aux niveaux de 2005 avant de remonter à environ 70 dollars aujourd’hui.
  • Étant donné le rôle central du pétrole dans l’économie moderne, le pic de production s’annonce comme un tournant d’ampleur historique. Il semble que les banques aient prêté plus que ce qu’elles n’avaient en dépôt, convaincues que la croissance économique de demain représentait une garantie pour la dette d’aujourd’hui, sans comprendre que la croissance a été alimentée par l’énergie fournie par un pétrole bon marché. Les gouvernements impriment aujourd’hui encore plus d’argent, en vertu des principes keynésiens, dans l’espoir de rétablir la prospérité passée, et le succès pourrait être de courte durée. Mais cela pourrait stimuler la demande de pétrole qui dépasserait bientôt à nouveau les limites de l’offre, conduisant à un nouveau choc sur les cours, entrainant une dépression économique pouvant être pire encore. De fait, les 28 milliards de barils extraits chaque année sont utilisés par une population mondiale de 6,7 milliards de personnes, mais en 2050 l’offre sera tombée à un niveau capable d’approvisionner moins de la moitié de ce chiffre, avec le mode de vie actuel.
  • ...1 more annotation...
  • On peut faire beaucoup pour réduire le gaspillage et développer les énergies renouvelables. Le charbon et l’énergie nucléaire peuvent également faciliter la transition même si, eux aussi, sont sujets à l’épuisement. Les défis sont si grands qu’il est clair que les gouvernements doivent agir de toute urgence pour se préparer à ce qui se profile. Dans le même temps, se posent les défis du changement climatique qui sont dans une certaine mesure liés à l’approvisionnement pétrolier. Il est possible que nous assistions aujourd’hui à une forme de réveil, et les gouvernements de l’OCDE pourraient alors avoir besoin d’une justification au nom de laquelle seraient introduites de nouvelles politiques nationales. Ce qui, à son tour, pourrait permettre à l’AIE de proposer une évaluation plus réaliste de la véritable situation. Les médias ont aussi un rôle important à jouer en alertant l’opinion publique sur ce qui se déroule. Cela souligne la valeur de l’article que vous avez publié, et cela doit être porté à votre crédit.
Fabien Cadet

Le scandale des banques qui créent - effectivement - de l'argent | Blog de Pa... - 0 views

  • Aujourd’hui, le système monnaie participe d’un système économique général dont aucune des tendances n’est soutenable à long terme (ni l’augmentation rapide des inégalités, ni l’accroissement monétaire, ni la croissance économique infinie, ni la disparition de la biodiversité, ni l’exploitation des ressources naturelles, ni…). Il est même possible qu’il soit un des moteurs de cette évolution dangereuse, en instituant par le mécanisme de la dette des promesses sur l’avenir…
  • e me demande donc comment faire pour que la monnaie soit une institution humaine reconnue comme telle et comme elle pourrait servir l’intérêt collectif de la société… Il ne suffit donc pas qu’elle soit “solide” (vis-à-vis de l’inflation par ex.) mais aussi “adéquate” vis-à-vis des objectifs que se donnerait la société humaine, en termes sociaux ou environnementaux par ex. Je n’ai pas de réponse à cette question aujourd’hui…
  • A partir de la monnaie centrale qu’elles contrôlent (sous forme électronique à son compte à la BC, ou en stock via les dépôts de ses clients) ces banques de premier niveau peuvent créer autant de monnaie bancaire que leur permet le « coefficient de réserves obligatoires » fixé par la BC.
  • ...17 more annotations...
  • En accordant un prêt, la banque crée à son tour, ex-nihilo, de la monnaie bancaire électronique qui s’appelle euro, dollar ou pesos mais qui n’existe pas. Ou plutôt, elle n’en possède sous forme matérielle (billets) que ce pourcentage.
  • ne banque peut donc créer 12 fois plus de monnaie bancaire qu’elle n’a de monnaie centrale !
  • Conclusion intermédiaire : dans un système bancaire à réserves fractionnaires toute banque est en permanence en faillite potentielle !!!
  • un « bank run »
  • Pour conclure ce mot de Henry Ford, au début du 20ème siècle, alors que la FED venait d’être créée (1913) : « si le peuple comprennait comment fonctionne la monnaie fiduciaire et le système bancaire à réserves fractionnaires, il y aurait une révolution avant demain matin ».
  • la monnaie bancaire est la contre-partie de dettes ou plutôt d’emprunts.
  • Le vice du système est que cette monnaie bancaire peut être retirée au guichet sous forme de monnaie centrale fiduciaire, des billets, alors que ceux-ci sont en nombre insuffisant. Et qu’elle utilise la même unité, le même nom.
  • eule la dernière transaction définit le prix d’une chose, donc besoin marginal de monnaie.
  • Si tous les propriétaires de ces choses voulaient vendre pour obtenir de la monnaie, alors les cours (prix) s’effondreraient :
  • il y aurait assez de monnaie pour faire face. Mais la représentation intellectuelle qu’ils en ont est fausse, « l’effet richesse » ne joue que si peu de personnes cherchent à la concrétiser sous forme fiduciaire ; la mauvaise compréhension vient de l’amalgame entre prix et valeur qui utilisent les mêmes unités et pour lesquels l’esprit humain ne fait plus la différence car en situation statistiquement normale, on peut passer facilement de l’un à l’autre. Mais que survienne un accident et la différence se sent, souvent douloureusement.
  • Quant à la garantie de l’Etat, ce n’est que le fait qu’un gouvernement (en général non élu directement !) engage … le contribuable, c’est-à-dire socialise la faillite en allant chercher la monnaie dans la poche du contribuable.
  • Ron PAUL a introduit l’année derière une proposition de loi pour abolir la FED, proposition toujours en attente.
  • Les Américains, et le monde, se retrouvent dans la situation juridique suivante : une monnaie ayant cours légal, mais non convertible en or, l’actuel USdollar, mais … inconstitutionnelle ! En effet la constitution US dispose que seuls ont cours légal le gold-dollar et le silver-dollar (convertibles à vue contre une once de métal fin). La Cour Suprême n’a jamais eu à se prononcer sur ce problème (ou elle a évité d’avoir à se prononcer). C’est la base de l’argument de Ron PAUL.
  • mais plutôt sur le fait que des mécanismes aussi instables aient justement été choisis comme mode d’organisation de la vie en société.
  • Ainsi les banques vont avoir des besoins énormes en monnaie centrale …
  • le système bancaire CREE dans son ensemble de la monnaie ex-nihilo de par le système de réserves fractionnaires
  • en 2002 les seules transactions annuelles sur produits dérivés (dont on parle tant actuellement) étaient 21 fois supérieures au PIB mondial, soit (700 Tdollars pour 33 Tdollars de PIB mondial).
  •  
    Pour conclure ce mot de Henry Ford, au début du 20ème siècle, alors que la FED venait d'être créée (1913) : « si le peuple comprennait comment fonctionne la monnaie fiduciaire et le système bancaire à réserves fractionnaires, il y aurait une révolution avant demain matin ».
  •  
    Mea culpa ! Vous m'avez convaincu que je me suis trompé : si des intérêts sont bien perçus sur de sommes créées de manière ad hoc par les banques commerciales - même si celles-ci sont neutralisées ensuite - il y a bien création d'argent ex nihilo. Comme le dit alors très justement Armand dans son commentaire au billet précédent [...]
Jon Snow

Le compteur électrique « intelligent » : outil écolo ou mouchard social ? - E... - 0 views

  • Plusieurs journaux ont également dénoncé l’intrusion dans la vie privée permise par ce compteur, après la tenue à Madrid en novembre 2009 de la 31ème Conférence internationale de protection des données et de la vie privée. A cette occasion, Elias Quinn du Centre pour la sécurité énergétique et environnementale de l’Université du Colorado, a pointé le risque d’une tentation par les compagnies électriques de vendre les données collectées par les compteurs intelligents. «  La vision instantanée de la consommation électrique s’apparente à une fenêtre ouverte sur le mode de vie de son utilisateur, constate t-il. Ne peut-on imaginer que des fabricants de somnifères soient intéressés par des clients allumant souvent leur lumière au milieu de la nuit ? » Le chercheur préconise donc « un strict encadrement juridique ».
  • Surtout, pour les ménages ayant des difficultés à payer leur facture, la sanction sera désormais instantanée. « Avec le linky, ce sera la coupure ferme et immédiate pour le client qui n’aura pas payé sa facture », prévient le syndicaliste Guy Habai. En permettant l’ouverture et la fermeture de l’alimentation à distance, les fournisseurs pourront d’un simple clic couper ou limiter l’accès à l’énergie de toute personne en défaut de paiement, voire l’obliger à prépayer sa consommation. « Nous, les techniciens, avons du mal à arriver chez le client et à lui couper l’électricité. Nous avons la possibilité de le mettre en consommation restreinte en posant des fusibles avec moins d’ampères, témoigne le syndicaliste. Dans plus de 80 % des cas, après avoir discuté avec le client qui a des difficultés de paiement, l’agent repart avec un chèque ou la preuve que ça a été payé la veille.
  • Les détracteurs du linky pointent également du doigt la facturation basée sur la consommation réelle mensuelle : les montants seraient très élevés en hiver et très faibles en été. Sans estimations de factures, la possibilité pour les ménages les moins argentés de lisser sur l’année le surcoût hivernal disparaît. FO Énergie et Mines dénonce également le coût prévisionnel de l’opération qui s’élèverait à 4 milliards d’euros. « Qui va payer la note ? interroge le syndicat. La Commission de régulation de l’énergie ? L’entreprise et par voie de conséquence le client ?  » En Belgique, l’installation de ces compteurs représenterait un surcoût annuel de 25 à 50 euros pour les consommateurs.
  • ...1 more annotation...
  • La Belgique, elle, reste divisée en l’absence d’évaluation. Si la Flandre s’engage pleinement dans le processus, la Commission wallonne pour l’énergie met la pédale douce estimant qu’ « un examen scrupuleux » est nécessaire avant tout investissement. Le débat fait également rage aux Pays-Bas depuis plusieurs mois. Un projet de loi organisant la mise en place du compteur intelligent prévoyait rien de moins qu’une amende de 17 000 euros et 6 mois de prison pour ceux qui s’opposeraient à cette installation. Les mobilisations citoyennes ont conduit le Sénat hollandais à refuser d’adopter le projet de loi en avril dernier. « En France, la fédération CGT discute avec les collectivités de l’arrivée du compteur, explique Guy Habai. Et avec la libéralisation totale des prix de l’énergie à partir du 1er juillet 2010, les maires et les élus de la région ont tendance à être sur la réserve. »
Fabien Cadet

decroissance.info - Adaptations et nomadisme. Pratique d'un style de vie alte... - 0 views

  •  
    Tu vires extrémiste de la bougie toi : ) L'un des pb principaux de ce genre de mode de vie, c'est que pour pas te retrouver isolé t'es obligé de suivre ces "communautés" travellers. Motivations très hetérogènes ds les groupes comme dit l'auteur... Malgré tous les inconvénients ça reste attirant tt de meme.
Jon Snow

Impermanence Film - Episode 1! - 2 views

  •  
    Premier épisode d'une longue série de films sur les actions alternatives en cours dans le monde et ... à côté de chez nous!
1 - 8 of 8
Showing 20 items per page