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Jon Snow

« Le Moment unipolaire et l'ère Obama » : une conférence de Noam Chomsky - Ar... - 0 views

  • Quant on se penche sur les affaires internationales, il est important de garder à l’esprit plusieurs principes considérablement répandus et utilisés. Le premier est la maxime de Thucydide : les forts agissent tel qu’ils le veulent, et les faibles souffrent tel qu’ils le doivent.
  • Un second thème directeur fut exprimé par Adam Smith. Il parlait de l’Angleterre, la plus grande puissance de son époque, mais son observation peut se généraliser. Smith observait que les « architectes principaux » de la politique anglaise étaient les marchands et les fabricants, lesquels s’assuraient que leurs intérêts personnels soient bien servis par la politique, quelles qu’en soient les conséquences néfastes sur les autres (y compris sur le peuple anglais).
  • Dans un cours d’économie, on apprend que les marchés sont basés sur des consommateurs éclairés qui prennent leurs décisions de manière rationnelle. Mais quiconque regarde une publicité télé sait que les entreprises consacrent de grosses ressources à créer des consommateurs standardisés prenant des décisions irrationnelles. Les méthodes utilisées pour ébranler les marchés sont adaptées afin de saper la démocratie, créant un électorat profane qui prendra des décisions irrationnelles sur un faible éventail d’alternatives compatibles avec les intérêts des deux partis, lesquels devraient être considérés comme des factions concurrentes du parti unique des affaires. Dans le monde des affaires et celui de la politique, les architectes politiques ont régulièrement été hostiles aux marchés et à la démocratie, sauf en cas d’avantages temporaires. La rhétorique est différente bien sûr, mais les faits sont là.
  • ...36 more annotations...
  • Alors que les politiques bipartisanes [2] envers Cuba s’accordent avec la maxime de Thucydide, elles rentrent en conflit avec le principe de Smith et nous donnent donc un aperçu particulier sur la formation des politiques. Depuis des dizaines d’années, le peuple américain est en faveur de la normalisation des relations avec Cuba. Si ignorer la volonté de la population n’a rien d’inhabituel, ce qui est plus intéressant dans ce cas c’est que de puissants secteurs du monde des affaires sont en faveur de la normalisation : l’agroalimentaire, les industriels de l’énergie, les sociétés pharmaceutiques et bien d’autres qui forment d’habitude le cadre politique. Leurs intérêts dans ce cas sont supplantés par un principe des affaires internationales délaissé par la littérature universitaire spécialisée. C’est ce qu’on pourrait appeler le principe de la Mafia. Le parrain ne tolère pas les exemples de « défi réussi », même de la part d’un petit épicier qui ne peut payer pour sa protection. C’est trop dangereux. Par conséquent, il faut le réprimer, et ce de manière brutale, afin que les autres comprennent que la désobéissance, le « défi réussi », n’est pas une option valable. Un défi réussi envers le maître peut être un « virus  » qui « répand la contagion », pour emprunter un terme d’Henry Kissinger lorsqu’il préparait le renversement du gouvernement Allende
  • Par exemple, lorsque Washington se préparait à renverser le gouvernement Allende, le Conseil National de Sécurité nota que, si les États-Unis ne pouvaient pas contrôler l’Amérique Latine, ils ne pouvaient prétendre « obtenir un ordre satisfaisant ailleurs dans le monde  », c’est-à-dire imposer leur domination efficacement au reste du monde. La « crédibilité  » de Washington en aurait été entamée, comme l’a avoué Henry Kissinger. D’autres pourraient se tourner vers la désobéissance, s’inspirer des « défis réussis  », si le virus chilien n’était pas détruit avant qu’il ne puisse « répandre la contagion ». Par conséquent la démocratie parlementaire au Chili devait disparaître, comme ça s’est passé à l’occasion du premier 11 Septembre, en 1973. Cet événement a disparu de l’histoire occidentale, bien qu’en termes de conséquences pour le Chili et ailleurs, cela surpasse de loin les terribles crimes du 11 septembre 2001.
  • Avec cet arrière-plan en tête, tournons-nous vers le « moment unipolaire  », sujet d’un grand nombre de discussions universitaires et populaires depuis l’effondrement de l’Union Soviétique il y a 20 ans, qui fit passer les États-Unis de principale superpuissance mondiale à seule superpuissance mondiale. Nous apprenons beaucoup sur la nature de la Guerre Froide et des évènements survenus depuis lors en regardant la façon dont Washington a réagi à la disparition de son ennemi mondial, de cette « impitoyable et monolithique conspiration » visant à s’emparer du monde pour reprendre la description de John F. Kennedy.
  • il leur fallait trouver un nouveau prétexte. Il fut vite donné : la menace des narcotrafiquants hispaniques focalisés sur la destruction des EU. La « guerre contre la drogue » fut certes lancée par Nixon, mais elle prit un rôle nouveau et plus important au cours du moment unipolaire.
  • Le besoin d’un nouveau prétexte guida aussi la réaction officielle à l’effondrement de la superpuissance ennemie. En quelques mois, l’administration de Bush père exposa le nouveau cap de Washington : en bref, tout restera comme avant, mais sous de nouveaux prétextes. Nous avons toujours besoin d’un gros système militaire, mais pour une nouvelle raison : la « sophistication technologique » des puissances du Tiers-monde. Nous devons maintenir la « base industrielle de défense  », un euphémisme pour désigner l’industrie de haute technologie soutenue par l’État. Nous devons maintenir les forces d’intervention pour les régions du Moyen-Orient riches en énergie, où les menaces importantes contre nos intérêts ne peuvent plus être rejetées sur le Kremlin, contrairement aux décennies de mensonges précédentes. Tout ceci passa discrètement et fut à peine signalé. Mais pour ceux qui cherchent à comprendre le monde, c’est très instructif.
  • Les élites intellectuelles se mirent rapidement au travail et remplirent leur mission. Elles annoncèrent une «  révolution normative » qui accordait aux États-Unis le droit d’ « intervention humanitaire », ceci pour les plus nobles des raisons bien entendu. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les victimes traditionnelles n’étaient guère convaincues. Au Sud, des conférences de haut-niveau condamnèrent amèrement « le soi-disant ’droit’ d’intervention humanitaire ».
  • Un affinage était donc nécessaire, et le concept de la « responsabilité de protection » fut échafaudé à sa place. Ceux qui prêtent attention à l’histoire ne seront pas surpris de découvrir que les puissances occidentales exercent leur «  responsabilité de protection  » de manière extrêmement sélective, en parfaite correspondance avec les trois maximes.
  • Les faits concordent de manière troublante et requièrent une agilité considérable de la part des classes intellectuelles
  • Alors que l’Union Soviétique s’écroulait, Mikhaïl Gorbatchev fit une concession sidérante : il accepta que l’Allemagne réunifiée rejoigne l’alliance militaire hostile dirigée par la superpuissance mondiale, malgré le fait que les Allemands aient à eux-seuls quasi anéanti la Russie deux fois au cours du siècle. Il y avait cependant un quid pro quo [3].
  • L’administration Bush promit à Gorbatchev que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Allemagne de l’Est, et encore moins plus loin à l’Est. Elle garantit aussi à Gorbatchev que « l’OTAN se transformera elle-même en une organisation plus politique  ». Gorbatchev proposa aussi la création d’une zone dénucléarisée de l’Arctique à la Mer Noire, afin d’établir une « zone de paix  » pour lever toute menace sur l’Europe, de l’Est ou de l’Ouest. Cette proposition fut rejetée sans examen.
  • Clinton a pris ses fonctions peu de temps après. Les engagements de Washington ont rapidement disparu. Il est inutile de faire des commentaires sur la promesse que l’OTAN deviendrait une organisation plus politique. Clinton a élargi l’OTAN à l’Est, et Bush a surenchéri. Obama a apparemment l’intention de poursuivre cette expansion.
  • Juste avant le premier voyage d’Obama en Russie, son assistant spécial pour la Sécurité Nationale et les affaires eurasiennes informa la presse que « nous n’allons pas rassurer ou donner ou échanger quoi que ce soit aux Russes en ce qui concerne l’expansion de l’OTAN ou le système de défense anti-missiles  ». Il faisait référence au programme américain de défense anti-missiles en Europe de l’Est et à l’adhésion de deux voisins de la Russie, la Géorgie et l’Ukraine, à l’OTAN.
  • Ces deux décisions sont considérées par les analystes occidentaux comme de sérieuses menaces pour la sécurité russe, propres à enflammer les tensions internationales.
  • L’objectif des systèmes d’interception états-uniens, s’ils fonctionnent un jour, est d’empêcher toutes représailles en cas d’attaques américaine ou israélienne sur l’Iran, c’est-à-dire éliminer toute dissuasion iranienne. Les systèmes anti-missiles sont une arme de première frappe [4], et chaque côté l’a compris. Mais cela semble être un de ces faits qu’il vaut mieux laisser dans l’ombre.
  • Lors d’une conférence de l’OTAN, le secrétaire général, Jaap de Hoop Scheffer, indiquait que « les troupes de l’OTAN doivent surveiller les oléoducs de gaz et de pétrole à destination de l’Occident » et, plus globalement, protéger les routes maritimes empruntées par les tankers et les autres « infrastructures cruciales » du système énergétique. Cette décision explique plus clairement les politiques post-guerre froide visant à réformer l’OTAN en une force d’intervention mondiale dirigée par les États-Unis, particulièrement préoccupée par le contrôle de l’énergie.
  • Dès la fin de la seconde guerre mondiale, il était clair que l’Europe occidentale pouvait choisir de mener une politique indépendante, peut-être en conformité avec la vision gaulliste d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural. Dans ce cas le problème n’était plus qu’un « virus  » puisse « répandre la contagion », mais qu’une pandémie abatte le système tout entier de contrôle global. L’OTAN était considéré comme un remède à cette menace.
  • Dans cette « grande aire », les États-Unis détiendraient le « pouvoir incontesté » grâce à leur « supériorité militaire et économique » et agiraient de manière à s’assurer la « restriction de tout exercice de souveraineté » des États interférant avec leurs plans. Au début, les planificateurs pensèrent que l’Allemagne serait prédominante en Europe, mais lorsque la Russie commença à broyer la Wehrmacht, la vision devint plus large et la Grande Aire se dut d’ incorporer le plus de territoires possibles en Eurasie, avec au minimum l’Europe occidentale, cœur économique eurasien.
  • Des plans précis et rationnels d’organisation globale ont été développés, une “fonction” étant assignée à chaque région. Le Sud en général devait avoir un rôle de service : fournir des ressources, une main d’œuvre bon marché, des opportunités d’investissement et de marchés, ainsi que d’autres services comme l’importation des déchets et de la pollution. A cette époque les États-Unis n’étaient pas tellement intéressés par l’Afrique, elle fut donc confiée à l’Europe afin qu’elle l’ « exploite  » pour sa reconstruction après-guerre. On aurait pu imaginer des relations différentes entre l’Europe et l’Afrique vu leur passé historique, mais cela n’a pas été envisagé. Par contraste, les réserves de pétroles du Moyen-Orient étaient considérées comme étant « une prodigieuse source de pouvoir stratégique » et l’ « un des plus formidables trésors matériels de l’histoire mondiale  », la plus « importante aire stratégique dans le monde  », selon les mots d’Eisenhower. Les planificateurs influents admettaient que le contrôle du pétrole moyen-oriental fournirait aux États-Unis un « contrôle important sur le monde  ».
  • En ce qui concerne l’Amérique Latine, les planificateurs post-Seconde Guerre mondiale concluaient que la menace principale sur les intérêts des États-Unis était le fait de « régimes nationalistes radicaux [qui] séduisent les masses » et cherchent à satisfaire la « demande populaire d’amélioration immédiate des conditions de vie médiocres des masses  » ainsi que le développement selon les besoins domestiques. Ces tendances rentrent en conflit avec l’exigence d’ « un climat politique et économique favorable à l’investissement privé », avec un rapatriement satisfaisant des profits et avec la « protection de nos matières premières ». Une part conséquente de l’histoire ultérieure provient de ces conceptions non-contestées.
  • Si on prend le cas particulier de Mexico, un atelier du Pentagone sur la stratégie de développement pour l’Amérique Latine constatait en 1990 que les relations mexico-américaines étaient « extraordinairement positives », indifférent aux élections volées, à la violence étatique, à la torture, au traitement scandaleux des travailleurs et paysans et à d’autres menus détails. Les participants à l’atelier avaient cependant un souci en perspective : la menace d’une « ouverture démocratique  » au Mexique,
  • Le moment choisi pour l’opération Gatekeeper n’était certainement pas accidentel. Les analystes sensés avaient anticipé qu’ouvrir le Mexique à un flot d’exportations agroalimentaires fortement subventionnées ébranlerait tôt ou tard l’agriculture mexicaine, et que les entreprises mexicaines ne seraient pas capable de soutenir la compétition avec d’énormes sociétés aidées par l’État, lesquelles devaient être autorisées à opérer librement au Mexique selon le traité. Une conséquence probable était une hausse de l’émigration vers les États-Unis, à additionner à celle fuyant des pays d’Amérique Centrale, ravagés par la terreur reagannienne. La militarisation de la frontière fut une solution naturelle.
  • L’attitude populaire envers ceux qui fuient leurs pays (appelés “étrangers illégaux”) est complexe. Ils exécutent des services de grande valeur en tant que main d’œuvre très peu coûteuse et facilement exploitable. Aux États-Unis, l’agroalimentaire, le bâtiment et d’autres industries reposent massivement sur eux, et ils contribuent à la richesse des communautés où ils résident. D’un autre côté, ils réveillent le traditionnel sentiment anti-immigration.
  • Quelles que soient les réalités historiques et économiques, les immigrants ont été perçus par les pauvres et les travailleurs comme une menace pour leurs boulots, quartiers et modes de vie. Il est important de garder à l’esprit que les gens qui protestent aujourd’hui ont de réels doléances. Ils sont victimes de la financiarisation de l’économie et des programmes néolibéraux de mondialisation conçus pour transférer la production à l’étranger et les mettre en compétition avec les travailleurs du monde entier, et donc baisser leurs salaires et avantages. Pendant ce temps, les professionnels diplômés sont protégés des forces du marché et les propriétaires et dirigeants s’enrichissent. À nouveau la maxime de Smith.
  • Les répercussions sont sévères depuis les années Reagan et se manifestent de façon extrêmement déplaisante, comme on peut le voir actuellement en unes des journaux. Les deux partis politiques se battent pour savoir lequel des deux pourra proclamer avec le plus de ferveur son attachement à la doctrine sadique selon laquelle les soins médicaux doivent être refusés aux « étrangers illégaux ». Leur position est cohérente avec le principe juridique, établi par la Cour Suprême, selon lequel ces créatures ne sont pas des « personnes  » selon la loi, et qu’ils ne disposent donc pas des droits accordés aux personnes.
  • Au même moment, la Cour examine si les grandes sociétés ne devraient pas avoir la permission d’acheter les élections librement au lieu de le faire de manière détournée C’est un problème constitutionnel majeur, puisque les tribunaux ont établis que, contrairement aux sans-papiers, les entreprises sont des personnes réelles selon la loi, et ont en fait des droits bien supérieurs à celles faites de chair et de sang, tels ceux accordés par le mal nommé « accord de libre-échange ». Ces coïncidences parlantes ne suscitent aucun commentaire. La loi est bel et bien une solennelle et majestueuse affaire.
  • Une différence fondamentale entre Bush et Obama fut très bien formulée par l’un des hauts conseillers de l’administration Kennedy, à l’époque de la crise des missiles à Cuba. Les planificateurs de Kennedy prenaient des décisions qui menaçaient littéralement l’Angleterre d’extinction, mais n’en informaient pas les Britanniques. A ce moment là, le conseiller définissait ainsi la « relation spéciale » avec la Grande Bretagne : elle est , disait-il, « notre lieutenant – le terme en vogue étant ’partenaire’  ». Naturellement, l’Angleterre préfère le terme en vogue.
  • Bush et ses sbires traitent le monde comme « nos lieutenants ». Ainsi, en annonçant l’invasion de l’Irak, ils informèrent l’ONU qu’elle pouvait suivre les ordres américains ou « ne plus avoir de raison d’être ». Une telle arrogance a bien évidemment suscité de l’hostilité. Obama a choisi une autre méthode : il reçoit les dirigeants et les peuples du monde poliment, en tant que « partenaires  », et c’est seulement en privé qu’il continue à les traiter comme des « lieutenants  ». Les dirigeants étrangers préfèrent cette approche et le public est aussi parfois hypnotisé par cette attitude. Mais il est sage de s’en tenir aux faits et non au comportement rhétorique et plaisant. Les faits racontent une histoire différente d’habitude, et ce cas là ne fait pas exception.
  • Le système mondiale actuel reste unipolaire dans un domaine, celui de la force. Les États-Unis dépensent quasiment autant pour la force militaire que le reste du monde réuni, et sont bien plus avancés en ce qui concerne la technologie de destruction. C’est aussi le seul pays à avoir des centaines de bases militaires tout autour du monde et à occuper deux pays dans les régions cruciales pour la production d’énergie. Il y établit des méga-ambassades gigantesques, de l’ordre d’une ville à l’intérieur de la ville, ce qui est une claire indication de ses intentions futures. A Bagdad, les coûts prévisionnels de la méga-ambassade sont de 1.5 milliard de dollars cette année et de 1.8 dans les prochaines années. Le coût de leurs équivalents au Pakistan et en Afghanistan est inconnu, tout comme le futur des énormes bases militaires établies en Irak.
  • Dissoute en 1950, la quatrième Flotte US a été réactivée en 2008, peu de temps après l’invasion colombienne de l’Équateur. Son champ d’action couvre les Caraïbes, l’Amérique Centrale et du Sud ainsi que les eaux environnantes. La marine définit ses « diverses opérations » comme la lutte contre les trafics illégaux, la coopération régionale en matière de sécurité, l’interaction entre les forces armées et les formations militaires bilatérales ou multinationales. La réactivation de la flotte a naturellement provoqué un tollé et l’inquiétude des gouvernements brésilien, vénézuélien et autres.
  • Ces plans font partie d’une politique plus générale de militarisation de l’Amérique latine. L’entraînement des officiers latino-américains a fortement augmenté dans la dernière décennie, bien au dessus des niveaux de la Guerre Froide. La police se forme aux tactiques d’infanterie légère. Leur mission est de combattre les « gangs de jeunes  » et le «  populisme radical  », ce dernier terme n’étant que trop bien compris en Amérique latine.
  • Le prétexte est celui de la « guerre contre la drogue ». Mais, même si nous acceptons la singulière affirmation selon laquelle les EU ont le droit de mener cette « guerre  » dans des pays étrangers, il est difficile de le prendre au sérieux. Les raisons sont connues, elles ont été redites en février par la commission sur les drogues et la démocratie, dirigée par les anciens présidents sud américains Cardoso, Zedillo et Gaviria. Leur rapport conclut que la guerre contre la drogue a été un échec complet et appelle à changer radicalement de politique, en se détournant des mesures brutales vers d’autres plus efficaces et beaucoup moins coûteuses.
  • Quelque-uns accusaient même Washington de crimes, et non pas simplement d’erreurs commises par excès de naïveté et bienveillance comme le déclaraient les commentateurs libéraux, obéissant en cela à la logique bien établie de Thucydide. Un problème apparenté était l’activisme, particulièrement parmi les jeunes, qui provoquait un « excès de démocratie » selon les avertissements d’intellectuels libéraux. Ils demandaient la restauration de l’obéissance et de la passivité ainsi que l’application par Nixon de mesures beaucoup plus brutales.
  • Les fondations étaient posées pour une campagne nationale « Loi et Ordre » visant à discipliner ceux qui s’égaraient au-delà des limites de subordination à la doctrine et au pouvoir. Le succès fut conséquent. Sans susciter aucune critique ou commentaire, le président Carter pouvait expliquer que nous n’avions aucune dette envers les vietnamiens, car la « destruction était mutuelle ». Pour Reagan la guerre était une « noble cause » et le président Bush Sr. put continuer à informer les vietnamiens, sans aucune objection publique, que nous ne pourrions jamais pardonner leurs crimes envers nous, mais que par compassion nous serions d’accord pour les laisser rejoindre le monde que nous dirigions. Pour cela, il fallait qu’ils démontrent leur bonne volonté en s’occupant du seul problème moral subsistant : cette « noble cause  » qui consistait à se dévouer afin de retrouver les ossements des pilotes américains abattus alors qu’ils bombardaient le Vietnam.
  • Bien que le monde soit unipolaire sur le plan militaire, cela n’est plus le cas depuis quelque temps sur le plan économique. Au début des années 1970 le monde devenait économiquement « tripolaire  », avec des centres comparables en Amérique du Nord, Europe et dans le nord-est de l’Asie. De nos jours l’économie mondiale est devenue encore plus diverse, particulièrement avec la rapide croissance d’économies asiatiques défiant les règles néolibérales du « consensus de Washington ». L’Amérique latine aussi se défait de ce joug. Les efforts états-uniens pour la militariser sont une réponse à ces développements (particulièrement en Amérique du Sud), qui, pour la première fois depuis les conquêtes européennes, commencent à s’adresser aux problèmes fondamentaux qui ont empoisonné et continuent d’empoisonner le continent.
  • Les questions d’intégration interne sont encore plus significatives. Il y a enfin des efforts sérieux pour s’adresser à la pathologie latino-américaine de gouvernance par d’étroits secteurs nageant dans l’opulence au beau milieu d’un océan de misère, les riches étant exempts de responsabilité si ce n’est de celle de s’enrichir, contrairement à l’Asie de l’est. Une de ces mesures concerne la fuite des capitaux. En Amérique Latine elle atteint presque le montant de l’étouffante dette. Dans les pays d’Asie de l’est elle a été fermement contrôlée. En Corée du Sud par exemple, pendant la période de forte croissance, l’exportation de capital était passible de peine de mort.
  • Ces développements en Amérique latine, parfois menés par d’impressionnants mouvements populaires de masse, sont d’une grande importance. Ils suscitent bien évidemment des réactions amères de la part des élites traditionnelles, supportées par la superpuissance voisine. Les obstacles sont immenses mais s’ils sont surmontés, cela pourrait changer de façon significative le destin de l’Amérique latine et entraîner de véritables conséquences ailleurs.
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    Superbe conférence de Noam Chomsky sur l'histoire de la politique etrangère guerrière US.
Jon Snow

Sanofi, une réussite française en clair-obscur - AgoraVox le média citoyen - 0 views

  • L’entreprise ne semble pas gênée par le fait d’affaiblir (et c est un euphémisme) un pôle clé en matière d’avancée en santé publique, dans la recherche et la vaccination, alors que dans le même temps ses principaux dirigeants se reversent des sommes invraisemblables, à coups de montages financiers. Sans doute que l’objectif pour Sanofi est de se concentrer sur la production de nouveaux médicaments, autrement plus rentables pour le laboratoire, que de financer des vaccins pour des maladies de pauvres, telles que le paludisme. Christian Lajoux, le président directeur général de Sanofi, semble en effet bien plus préoccupé par les actions de lobbying du groupe, (il l’a dit à maintes reprises, la question des visiteurs médicaux est centrale pour lui), que par l’investissement en recherche qui pourrait mener à des avancées majeures en protection de la santé publique.
  • Cette culture du lobby, le patron l’assume voire l’affiche avec panache. Christian Lajoux, dirige également le LEEM (Les entreprises du médicament) depuis 2006, syndicat du milieu pharmaceutique créé en 2002. L’industrie pharmaceutique est sans aucun doute le seul secteur où l’on peut encore voir des situations aussi ubuesques. En effet, voilà un groupe qui lance des recommandations sur les produits de toute la concurrence, édicte les règles d’éthique censées être suivies par les participants, fait office d’agent de liaison médiatique tout autant que de garde-fou moral, dirigé par… le leader du secteur en France !
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    "cteur. L'éviction de Servier laisse ainsi plus de place à Sanofi au sein du LEEM, Sanofi qui possède pourtant déjà la direction du syndicat. Dans un secteur où le contrepouvoir est quasi inexistant, il serait de bon ton de pouvoir écarter un concurrent aussi important que Servier, en jouant sur les deux tableaux :"
Jon Snow

« On n'a plus le temps... », par Serge Halimi (Le Monde diplomatique) - 0 views

  • En particulier sur la Toile. Aujourd’hui, aux 35 millions de Français qui lisent un périodique s’ajoutent ou se superposent 25 millions d’internautes qui, chaque mois, consultent au moins un site de presse. Mais ces derniers ont été habitués à croire que le règne de la société sans argent était advenu — sauf lorsqu’ils se précipitent pour acheter, cette fois au prix fort, leur ordinateur, leur Smartphone ou leur tablette, souvent pour pouvoir consulter une presse qui leur est offerte... L’audience en ligne ne rapporte donc pas grand-chose à ceux qui recherchent, éditent, corrigent, vérifient l’information. Ainsi une structure économique parasitaire s’édifie peu à peu qui concède aux uns tous les profits du commerce. Et qui facture aux autres tous les coûts de la « gratuité » (2). Un quotidien comme The Guardian, par exemple, est devenu grâce à son site Internet numéro un de l’audience au Royaume-Uni et troisième dans le monde, sans que cela l’empêche — et, devrait-on dire, au contraire — de perdre l’année dernière 57 millions d’euros et de licencier plus de soixante-dix journalistes. Car bien qu’elle requière toujours davantage d’investissements, la croissance du trafic numérique des journaux coïncide en général avec la réduction de leurs ventes en kiosques. Assurément, près de 6 millions de Britanniques lisent au moins un article du Guardian par semaine, mais seuls 211 000 l’achètent quotidiennement. C’est cette petite population, déclinante, qui finance la lecture gratuite de la plupart des internautes. Un jour, forcément, ce voyage s’arrêtera pour tous faute de carburant.
  • vec l’information en ligne, le fiasco du même calcul est devenu patent. Les sites de presse ont beau aligner les succès d’audience, la ressource publicitaire ne leur parvient qu’au compte-gouttes. Car son produit profite avant tout aux moteurs de recherche, devenus selon M. Marc Feuillée, président du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), « des mégarégies publicitaires, absorbant comme des Moloch la quasi-totalité des revenus de nos annonceurs ». M. Feuillée précise : « Entre 2000 et 2010, le chiffre d’affaires publicitaire des moteurs est passé de 0 à 1,4 milliard d’euros, celui de la presse [en ligne] de 0 à 250 millions d’euros (3). » Informé en détail des goûts et des lectures de chacun d’entre nous, capable (comme Facebook) de vendre aussitôt cette avalanche de données personnelles aux publicitaires, qui s’en serviront pour mieux « cibler » leur gibier, Google est également passé maître dans l’art de faire de l’« optimisation fiscale » en Irlande et aux Bermudes. Très opulente, cette multinationale ne paie donc presque pas d’impôts.
  • Quant au nombre revendiqué d’abonnés, il s’écroulerait sans les techniques dignes du hard discount que colporte par exemple le jovial directeur du Nouvel Observateur chaque fois qu’il propose 13 numéros de son magazine pour 15 euros, avec en prime une « montre de collection Lip Classic ». Mais le patron de L’Express aux écharpes colorées surenchérit aussitôt : avec lui, c’est 45 numéros pour 45 euros, et en bonus un « réveil à ambiance lumineuse et sonore ».
  • ...4 more annotations...
  • Soyons donc singuliers également dans notre franchise : depuis janvier de cette année, la diffusion du Monde diplomatique a baissé de 7,2 %. Le temps qui fait défaut, l’argent aussi, un certain découragement face à une crise qui se déploie ainsi que nous l’avons anticipé, bien avant les autres, mais à laquelle nous ne pouvons pas seuls apporter remède, une contestation de l’ordre économique et social qui peine à trouver des débouchés politiques : tout cela a contribué à notre recul.
  • Au fond, peu importe : notre réseau social, c’est vous. C’est donc à vous qu’il revient d’abord de faire connaître ce mensuel, ses valeurs, d’encourager son aventure intellectuelle, ses engagements. De convaincre autour de vous qu’il n’est ni urgent ni nécessaire de réagir à toutes les « polémiques », de tout embrasser pour ne rien étreindre, de tout parcourir pour ne rien retenir. Et qu’il est bon — par exemple une fois par mois ? — de quitter la pièce où les gens vocifèrent, de décider qu’on s’arrête et qu’on réfléchit.
  • A quoi peut servir un journal ? A apprendre et à comprendre. A donner un peu de cohérence au fracas du monde là où d’autres empilent des informations. A penser posément ses combats, à identifier et faire connaître ceux qui les portent. A ne jamais rester solidaire d’un pouvoir au nom des références qu’il affiche sitôt que ses actions les démentent. A refuser le verrouillage identitaire d’un « choc des civilisations » oubliant que l’héritage de l’« Occident », c’est le sac du Palais d’été, la destruction de l’environnement, mais aussi le syndicalisme, l’écologie, le féminisme — la guerre d’Algérie et les « porteurs de valises ». Et que le « Sud », les pays émergents qui défont l’ordre colonial, englobe des forces religieuses moyenâgeuses, des oligarchies prédatrices, et des mouvements qui les combattent — le géant taïwanais Foxconn et les ouvriers de Shenzhen.
  • A quoi peut servir un journal ? En des temps de reculs et de résignations, à défricher les sentiers de nouveaux rapports sociaux, économiques, écologiques (4). A combattre les politiques austéritaires, à aiguillonner ou à tancer des social-démocraties sans souffle et sans sève.
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    A quoi peut servir un journal ? En des temps de reculs et de résignations, à défricher les sentiers de nouveaux rapports sociaux, économiques, écologiques (4). A combattre les politiques austéritaires.
Jon Snow

Noam Chomsky : un Monde en soulèvement ou un Nouvel Âge des ténèbres ? - La R... - 0 views

  • Il y avait le syndicat du travail militant qui continuait à organiser, particulièrement le CIO (Congress of Industrial Organizations) [3]. On en venait au point des grèves sur le tas, qui effrayaient le monde des affaires — vous pouviez le voir dans la Presse d’affaires de l’époque, — parce qu’une grève sur le tas est juste l’étape qui précède la reprise de l’usine pour la faire tourner par vous-même. Par ailleurs, l’idée de prise de contrôle par les travailleurs est tout à fait quelque chose à l’ordre du jour aujourd’hui, et nous devrions le garder à l’esprit. En outre, la législation du New Deal commença à intervenir en tant que résultat de la pression populaire. Malgré les moments difficiles, il y avait un sentiment qu’en quelque sorte : « nous allons en sortir ».
  • Avec cela est venu un changement important de l’économie de l’entreprise productive — qui produit les choses dont les gens ont besoin ou qu’ils pourraient utiliser — à la manipulation financière. La financiérisation de l’économie a vraiment décollé à ce moment-là.
  • Avant les années 1970 les banques étaient des banques. Elles faisaient ce que des banques étaient supposées faire dans une économie capitaliste d’État : par exemple, elles prenaient les fonds inutilisés de votre compte bancaire pour les transférer à des objets potentiellement utiles, comme aider une famille à acheter une maison ou envoyer un enfant au collège. Cela changea dramatiquement dans les années 1970. Jusque-là, depuis la Grande Dépression, il n’y avait eu aucune crise financière. Les années 1950 et les années 1960 avaient été une période d’énorme croissance, les plus hautes dans l’histoire américaine, et peut-être dans l’histoire économique. Et c’était égalitaire. Le un cinquième du plus bas faisait aussi bien que le un cinquième du plus haut. Des tas des gens évoluaient dans des styles de vie raisonnables — appelés ici « la classe moyenne » et dans d’autres pays « la classe ouvrière », — et c’était une réalité ; et les années 1960 l’accélérèrent. L’activisme de ces années, après une décennie assez morne, civilisa vraiment le pays dans toutes sortes de voies inaliénables.
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  • Les développements qui eurent lieu pendant les années 1970 firent ressortir un cercle vicieux. Celui-ci mena à concentrer de plus en plus de richesse entre les mains du secteur financier. Ce qui ne profite pas à l’économie — lui nuit probablement ainsi qu’à la société — pour autant mena vraiment à une concentration énorme de la valeur.
  • Le projet de loi, essentiellement bipartite, entraîne de nouvelles politiques fiscales et des modifications des taxes, ainsi que des règles de gouvernance d’entreprise et la déréglementation. A côté de cela une forte hausse dans les coûts des élections a commencé, qui pousse et même plus profondément les partis politiques dans les poches du secteur d’entreprise.
  • J’ai déjà dit que, dans les années 1930, un des modes d’action les plus efficaces était la grève sit-down. La raison en est simple : il s’agit de l’ultime étape avant de prendre le contrôle d’une industrie.
  • Prenez, par exemple, Citigroup. Pendant des décennies, Citigroup a été l’une des sociétés bancaires d’investissement les plus corrompues, plusieurs fois renflouée par le contribuable dès le début des années Reagan et cela continue. Je ne vais pas pourfendre la corruption, mais c’est assez étonnant. En 2005, Citigroup s’est fait connaître grâce à une brochure pour investisseurs intitulée « Ploutonomie : Achat de luxe, explications des déséquilibres mondiaux ». Les investisseurs étaient exhortés à mettre de l’argent dans un « Indice de ploutonomie ». La brochure affirmant que « Le Monde est scindé en deux blocs — la Ploutonomie et le reste ».
  • Ainsi, par exemple, Alan Greenspan, le président de la Fed, au moment où il était encore « Saint Alan » — et qu’il était salué par la profession comme l’un des plus grands économistes de tous les temps (c’était avant le krach dont il était en grande partie responsable) — témoignant au Congrès durant les années Clinton, y expliqua les merveilles de la grande économie qu’il supervisait. Il affirmait que la majeure part de ces succès tenait surtout à ce qu’il appelle « l’insécurité croissante des travailleurs ». Si les travailleurs sont vulnérables, s’ils font partie du précariat et mènent des existences précaires, ils ne vont pas revendiquer, ils ne vont pas réclamer de meilleurs salaires et n’auront pas de meilleures prestations. On peut les virer si on n’en a pas besoin. Et c’est ce qu’on appelle une économie « saine » du point de vue technique. Et c’est ce dont on lui sut grandement gré, ce pourquoi il suscita l’admiration.
  • Il a toujours existé un fossé entre la politique publique et la volonté publique, simplement il a grandi en proportion astronomique. En fait, on peut le voir dès maintenant. Jetez un regard au grand sujet sur lequel tout le monde se concentre à Washington : le déficit. Pour le grand public, à juste titre, le déficit n’est pas considéré comme un gros problème. Et ce n’est pas vraiment un gros problème. La question est celle du chômage. Il y a une commission du déficit, mais aucune commission du chômage. Autant que le déficit le concerne, le public a des opinions. Jetez un coup d’oeil aux sondages. Le public appuie massivement des impôts plus élevés sur les riches, impôts qui ont fortement diminué dans cette période de stagnation et de déclin, et la préservation des prestations sociales qui furent limitées. Le résultat de la commission du déficit va probablement être à l’opposé. Les mouvements Occupy pourraient fournir une base de masse pour essayer d’éviter ce qui équivaudrait à un poignard planté dans le cœur du pays.
  • Nous traînons la première depuis 1945. C’est une sorte de miracle que nous y ayons échappé. Il s’agit de la menace des armes nucléaires et de la guerre nucléaire. Bien qu’on en parle peu, cette menace s’accroît du fait de la politique menée par cette administration et ses alliés. Et il faut faire quelque chose pour ça, sinon nous sommes dans un sacré pétrin. L’autre, bien sûr, est la catastrophe écologique. Il n’est pratiquement pas un pays qui n’essaie au moins de prendre des mesures pour essayer de l’enrayer. Les États-Unis aussi prennent des mesures, surtout pour accélérer la menace. Non seulement c’est le seul grand pays qui ne fait pas la moindre chose pour protéger l’environnement, mais il n’est même pas monté dans le train. A certains égards, il le tire vers l’arrière.
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    Les grèves ça sert !
Jon Snow

La science-fiction en prise avec le monde réel, par Valerio Evangelisti (Le M... - 0 views

  • La mondialisation de l’économie, le rôle hégémonique de l’informatique, le pouvoir d’une économie dématérialisée, les nouvelles formes d’autoritarisme liées au contrôle de la communication, tous ces thèmes paraissent laisser indifférents les écrivains de la « grande littérature », du moins en Europe. Dans la plupart de leurs romans, le monde semble immuable. Dominent les histoires intimistes, qui auraient pu se passer il y a cinquante ans - ou qui pourraient se produire dans cinquante ans... Amours, passions et trahisons perpétuent leur consommation sous une lumière tamisée, dans un monde aux couleurs pâles et aux fragrances de poussière et de talc. Certes, il y a quelques exceptions ; mais, la plupart du temps, le cadre général est immodérément « minimaliste ».
  • Certes, la littérature « blanche » traîne derrière elle son antithèse, le roman noir. Ici la rue, le conflit, l’urbain, le social jouent un rôle important. N’ont en revanche aucun rôle, sauf dans de rares cas, les structures planétaires du système, les évolutions historiques, les mutations psychologiques et comportementales qu’engendre le développement technologique. Les événements se réduisent au conflit entre quelques individus animés par d’éternelles passions : haine, vengeance, amour, soif de justice. Le « maximalisme » du cadre se dissout dans le « minimalisme » du traitement : policier corrompu ou douteux ou honnête contre criminel honnête ou douteux ou corrompu. Pas toujours mais assez souvent. Cependant, le système dans son ensemble est mis en cause. En fait, il s’agit d’un « minimalisme » plus large, ou d’un « maximalisme » réduit. Deux pas en avant pour un en arrière.
  • Tandis que la « grande littérature » se complaît à ignorer tout cela, la littérature des « étages inférieurs » a fait de l’époque son objet de prédilection. Je fais là allusion à la science-fiction. Pas à toute la science-fiction, bien entendu, car la pacotille abonde en ce domaine. Mais, par nature, le genre est « maximaliste » et incline à traiter de vastes sujets : peinture des mutations à large échelle, dévoilement de systèmes occultes de domination, dénonciation des effets tragiques ou bizarres de la technologie, invention de sociétés alternatives. De même qu’il pouvait arriver au plus balourd des spaghetti-westerns d’inclure des moments de cinéma de qualité, le moins lisible des romans de science-fiction peut contenir de grandes intuitions. Même s’il s’égare dans des aventures sans autre but qu’elles-mêmes, dans des portraits psychologiques bâclés, dans des simplifications d’historiette infantile. Mais le « minimalisme » lui reste à jamais intolérable. Il est étranger à son code génétique. Seule la science-fiction présente des descriptions réalistes (oui, réalistes !) du monde où nous vivons. Ainsi, quel autre genre littéraire a-t-il jamais consacré un roman aux mécanismes des crises économiques ? Aucun.
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  • Toujours dans le registre des hallucinations : un auteur italien de science-fiction, Vittorio Curtoni, a écrit il y a une vingtaine d’années une série de récits sur le thème d’une guerre du futur. Les protagonistes avaient recours à des armes psychédéliques, ce qui générait une humanité impuissante à distinguer le vrai du faux, incapable de se considérer comme appartenant à un tout solidaire... Ceux qui se souviennent encore du raz-de-marée de désinformation dispensé par les sources les plus fiables, lors de la guerre du Golfe et de la guerre du Kosovo, ont compris de quoi il s’agit : les nouveau-nés arrachés à leur couveuse par les hommes de Saddam Hussein, les 700 enfants kosovars enlevés pour donner leur sang aux soldats de Milosevic... Autant de fausses informations, qui nous conduisent à penser que la guerre des hallucinations a déjà commencé.
  • Le courant cyberpunk, encore actif il y a une dizaine d’années, en est l’exemple principal. Pour la première fois dans l’histoire, et bien avant les développements actuels d’Internet, de nombreux écrivains prenaient comme thème de leurs romans cette forme de relation entre l’homme et la machine qu’est l’informatique. S’agissait-il de romans « fantastiques », éloignés du réalisme considéré comme la forme littéraire privilégiée ? Permettez-moi d’en douter. Quand Internet s’est imposé, les œuvres de William Gibson, Bruce Sterling, Rudy Rucker et d’autres ont fourni à la nouvelle réalité les termes adaptés pour la décrire, et une carte de ses avenirs potentiels. Mieux encore, ils ont montré aux opposants la voie de la résistance, culturelle et pratique, face aux menaces contenues dans l’émergence d’un réseau de communication omniprésent et capable de reproduire les rapports de domination sur le terrain trompeur de l’immatériel. De leur propre aveu, des membres de l’extrême gauche européenne ont créé sous l’influence des récits cyberpunk le réseau European Counter Network (ECN) ; ils furent les premiers à utiliser la vitesse du nouveau système d’information pour coordonner leurs actions. Les centres sociaux des jeunes révoltés se sont remplis de modems et d’ordinateurs, régulièrement détruits pendant les descentes de police. Les pirates informatiques ont mené de titanesques batailles individuelles contre les grands groupes économiques, ralentissant l’accès à la Toile et son assujettissement.
  • Toutefois, il ne faut pas s’attendre que la « grande littérature », le mainstream (si indifférent à la société qui l’entoure qu’il a fait du désengagement et du repli sur soi un critère de qualité), guide la résistance contre la colonisation de l’imaginaire. Il faut pour cela une narration « maximaliste », consciente d’elle-même, qui inquiète et ne console pas. La science-fiction l’était. Elle peut l’être à nouveau
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    Quelle littérature sait interroger la réalité présente ? Se confronter au pouvoir moderne, à son anonymat, à la multiplicité de ses réseaux ? Prendre la mesure du rayonnement doctrinaire, de la machine du contrôle social, de l'envergure planétaire des ambitions ? En jouant avec les systèmes-mondes, en manipulant les hypothèses, la science-fiction constitue un de ces laboratoires où se lisent l'intime composition chimique du monde actuel... et les forces qui le feront entrer en explosion.
Jon Snow

Danger mondial : les combustibles usés de Fukushima - Réseau "Sortir du nuclé... - 4 views

  • Deux diplomates japonais tirent la sonnette d’alarme Akio Matsumura, diplomate ayant travaillé trois décennies pour divers organes des Nations-Unies et d’autres institutions internationales, estime qu’un effondrement de la piscine n°4 en cas de séisme "détruirait l’environnement mondial et notre civilisation. Ce n’est pourtant pas sorcier, et ce n’est pas non plus en rapport avec le débat vigoureux pour ou contre les centrales nucléaires. C’est une question de survie de l’humanité." Il insiste : "Il n’est pas exagéré de parler de catastrophe mondiale."
  • Le quotidien nippon Asahi rapporte que l’ex-ambassadeur a par ailleurs déclaré que "L’existence du réacteur n°4 est désormais un enjeu majeur de sécurité nationale pour le monde entier, dont la gravité ne le cède en rien même à la question des missiles nords-coréens." Murata a même estimé que "si un accident devait se produire sur le réacteur n°4, ce pourrait être le début de la catastrophe ultime pour le monde. […] Bien sûr, Tokyo deviendrait inhabitable." L’ex-ambassadeur a envoyé une lettre au Premier Ministre Yoshihiko Noda pour lui demander qu’une action forte soit entreprise. [13] Dans une lettre adressée le 25 mai au secrétaire général des Nations-Unies Ban Ki-moon, Mitsuhei Murata enfonçait le clou : "Il n’est pas exagéré d’affirmer que le destin du Japon et du monde entier dépend du réacteur n°4."
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    Situation critique à Fukushima en cas de séismes.
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    "situation critique" : t'es gentil :-))) Mais d'abord est-ce que ces diplomates sont crédibles ? connaissent-ils le sujet ? Moi je veux bien les croire, mais je suis surprise que si l'enjeu est si important que ça, on n'en parle pas plus ??
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    Sûr que ça ne fait pas plaisir à entendre. Mais bon faut être réaliste. Tchernobyl n'a pas contaminé que l'arriere cour ukrainienne. Si des médecins se battent aujourd'hui pour faire reconnaitre l'augmentation du nombre de cancers durant cette periode partout en europe c'est qu'ils ont des raisons de le faire. Tchernobyl etait déjà une catastrophe mondiale mais Fukushima est pire niveau rejets aeriens (sans meme compter les millions de litres d'eau hautement contaminées déversées directement en mer...). Ce n'est meme plus contesté par TEPCO. Maintenant sachant que cette fameuse piscine du reacteur 4 n'est pas plus protégé que ça, je me fie au discours de ces diplomates. Pour une fois que des officiels se mouillent... Par leur biais, il y a aussi et surtout des professionnels du nucléaire qui tentent d'alerter l'opinion. J'estime que leur valeur n'est pas à négliger en ces temps où l'intégrité est si bon marché.
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    C'est pas que ça fait pas plaisir à entendre, je ne suis pas pro-nucléaire... mais je suis prudente avec les articles militants, parfois la réalité n'est pas tout à fait celle qu'ils décrivent... En tout cas merci pour tous les articles que tu postes, ils secouent bien, c'était le but du groupe !
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    Tu as raison. Personnellement je crois qu'on en fait pas assez. On ne se rend pas compte de ce qu'on perd. Mais peut etre que le temps de la révolte nous est déjà passé sous le nez. S'il devait rester une chance ce serait: Se transformer soi. Qu'est ce qui en découlerait?On sait pas mais ça vaut la peine d'essayer. Agreed?
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    Depuis quelques années déjà j'ai repris pour motto personnel le principe de Socrates, repris par Gandhi : "he who wants to change the world must change himself first" ou "soyez le changement que vous voulez voir dans le monde"! Ce qui en découle : je me focalise sur le positif, le constructif. Ca change tout !
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    Je l'aime bien aussi cette phrase. j'essaye de m'y appliquer aussi. Mais il est triste parfois de se rendre compte qu'on continue de vivre avec les memes vieux schèmes. Pas facile de s'en débarrasser. Neanmoins: Persévérance rime avec patience.
Jon Snow

Proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête su... - 2 views

  • Dès lors, une investigation apparaît nécessaire pour vérifier la fiabilité du système d'évaluation des médicaments, et singulièrement la capacité des autorités sanitaires à exercer un contrôle réel, efficace et véritablement indépendant. Ces investigations devraient être menées dans quatre directions essentielles : 1. La qualité et la transparence des pratiques d'évaluation Les essais cliniques, qui servent de référence à l'évaluation du médicament par la commission de l'AMM, sont réalisés à l'initiative exclusive des laboratoires et pour 70% d'entre eux aux Etats-Unis. Aucun organisme public indépendant n'est sollicité pour effectuer éventuellement une nouvelle expérimentation de contrôle ou une comparaison du nouveau médicament avec un traitement de référence. Une telle procédure ne serait pourtant pas superflue car « beaucoup d'essais mal conçus, biaisés, voire falsifiés » (Pr. Debré, Le Monde du 21 décembre 2004). On estime que 90% d'entre eux ne sont jamais publiés. Les prescripteurs dont l'industrie pharmaceutique finance la formation médicale continue et la presse professionnelle sont conditionnés par une information à sens unique. L'absence des agences sur ce terrain, combinée à l'inertie des autorités sanitaires rendent compte du fait que de nombreux médicaments, notamment les antidépresseurs (Observatoire National des Prescriptions, 1998) sont prescrits en dehors des indications préconisées par la commission de l'AMM. Lorsque celles-ci n'ont pas été respectées, l'AMM n'est pratiquement jamais remise en cause lors de son renouvellement obligatoire tous les cinq ans. De 1994 à 1997, sur 622 demandes formulées, 14 avis négatifs seulement ont été rendus Une tentative de remise en ordre a bien été échafaudée avec la publication en juin 2001 d'une liste de 835 médicaments à service médical rendu (SMR) insuffisant mais elle a échoué. Ces médicaments, comme par exemple les vasodilatateurs et les veinotoniques, sont toujours sur le marché et remboursés par l'assurance maladie, en violation du décret du 27 octobre 1997.
  • 2. L'indépendance des agences L'autonomie de gestion dont bénéficient les agences depuis leur création à la fin des années 90 avait pour but d'assurer leur indépendance à l'égard des laboratoires et du pouvoir politique afin de leur permettre d'accomplir leur mission de service public en dehors de toute pression susceptible de les en écarter. Mais la tendance qu'on observe actuellement à un financement industriel croissant et à une diminution concomitante du financement public est en train de ruiner cette ambition. En 2003, les ressources de l'AFSSAPS provenaient pour 83% de l'industrie pharmaceutique et pour seulement 6,4% de l'Etat. Circonstance aggravante, l'agence européenne (EMEA) qui connaît la même dépendance financière est placée sous la Direction générale « entreprise » de la Commission européenne. Comment dans ces conditions ne pas redouter que les agences ne soient devenues au fil des années les instruments dociles de ceux qui fournissent la majorité de leurs subsides alors qu'elles n'ont pas pour seule vocation de rendre un service aux industriels ? La création de la Haute Autorité de Santé n'y changera rien, ne serait-ce que parce que les modalités de financement restent les mêmes. La situation est d'autant plus préoccupante que la mondialisation a considérablement modifié la donne. Confrontés à la financiarisation de l'économie et à un essoufflement de la recherche, les groupes pharmaceutiques de plus en plus concentrés doivent se livrer à une concurrence acharnée pour préserver des marges bénéficiaires extrêmement élevées. Cette logique industrielle impitoyable accule les laboratoires au mensonge et au bluff sur le coût de la recherche, le degré de nouveauté et le prix de revient des médicaments pour accélérer les procédures de mise sur le marché afin de réduire les délais de retour sur investissement. Pour contrecarrer cette stratégie industrielle agressive, les agences disposent de moyens dérisoires, sans commune mesure avec ceux des laboratoires : en 2003, le budget de l'AFSSAPS s'élevait à 91,97 millions d'euros soit 0,3% seulement des 30 milliards qu'a représenté en France pendant la même période le produit de la vente des médicaments que cette agence a pour mission de contrôler. N'étant plus soutenue financièrement par l'Etat (4,9 millions d'euros de subvention en 2003), l'AFSSAPS n'ose plus prendre de décisions contrariant un tant soit peu les intérêts immédiats des firmes. Des médicaments considérés à tort comme majeurs sont mis ou maintenus sur le marché sans avoir fait la preuve de leur efficacité ou de leur innocuité : en 2002, sur 185 avis rendus par la commission d'AMM, 112 soit 71% du total concernaient des médicaments considérés comme importants alors qu'il s'agissait en fait de simples copies de produits innovants, déjà sur le marché. La préservation de la santé de l'industrie pharmaceutique semble ainsi passer avant celle des patients, comme si l'on ne savait plus très bien faire la distinction entre un plan industriel de santé et un plan de santé publique.
  • 3. La qualité de l'expertise et l'indépendance des experts Même la Food and Drug Administration (FDA), pourtant régulièrement citée comme modèle, n'échappe pas à ce type d'interrogations : 18% de ses experts déclaraient en 2002 avoir « subi des pressions pour approuver ou recommander l'approbation » d'un médicament « en dépit de réserves concernant la sécurité, l'efficacité et la qualité du médicament ». Les experts de l'AFSSAPS exercent bénévolement leur activité d'évaluation ; ils sont rémunérés de fait par les laboratoires pour lesquels ils effectuent des prestations. Il n'est pas rare, comme dans l'affaire Bayer que des spécialistes « sollicités » par une firme comme consultant pour un médicament donné soit ensuite utilisés comme experts auprès de l'AFSSAPS pour évaluer ce même médicament (rapport d'expertise, préc.). Quel crédit accorder à des experts parvenus à un tel degré de confusion des rôles ? Quelles garanties peut offrir l'obligation qui leur est faite de publier leurs conflits d'intérêts mineurs ou majeurs ? Comment ne pas être inquiet lorsqu'on constate comme dans le cas des traitements hormonaux substitutifs (THS) ou du vaccin contre l'hépatite B, que les autorités sanitaires incapables de fournir des réponses claires et adaptées se réfugient dans une indécision motivée qui se veut rassurante mais qui produit les effets inverses. Enfin, comment interpréter le désaveu cinglant infligé en décembre dernier aux experts de l'AFSSAPS par le ministre de la santé à propos de l'interdiction de prescrire des antidépresseurs aux mineurs de 18 ans ? 4. La réalité du contrôle des médicaments après leur mise sur le marché Il est étrange que devant ce qu'il convient bien d'appeler par son nom : une véritable épidémie d'effets secondaires dus aux médicaments, qui fait chaque année en France environ 18 000 morts et provoque 3% du nombre total des hospitalisations, rien de sérieux n'ait jamais été entrepris. La France est le pays au monde où la consommation de médicaments est la plus élevée mais nous ne possédons pas le moindre élément de leur impact réel sur la santé publique et nous avons seulement une idée très vague de la manière dont ils sont réellement consommés. Notre système national de pharmacovigilance est défaillant, l'épidémiologie d'évaluation est pratiquement inexistante puisque seule une équipe de niveau international fait de ce sujet en France son principal objet d'étude (laboratoire du Pr. Bégaud à Bordeaux). Aucune étude sérieuse ne permet aujourd'hui de vérifier que les médicaments les plus prescrits, comme par exemple les molécules anticholestérol, expérimentés sur un nombre restreint de sujets sélectionnés, pas toujours représentatifs des futurs usagers, tiennent bien leurs promesses alors que la collectivité consacre à leur remboursement des sommes vertigineuses (les anticholestérols de la famille des statines coûtent chaque année à l'assurance maladie un milliard d'euros). Pourquoi avons-nous pris tant de retard ? Actuellement une seule étude de ce type est en cours : décidée en 2002 par les autorités françaises, à la suite de la délivrance par l'agence européenne de l'AMM de Vioxx, elle n'est toujours pas achevée, quatre mois après le retrait du médicament, alors que même l'AFSSAPS continue de défendre sa mise sur le marché. On a bien essayé, à juste titre, d'intéresser le syndicat des laboratoires pharmaceutiques (LEEM) à cette démarche, avec la signature de l'accord-cadre de juin 2003, mais ceux-ci ne semblent pas encore prêts à financer des études dont le risque potentiel est de remettre en cause l'AMM pour l'obtention de laquelle ils ont mobilisé d'importants moyens financiers et humains. * * * De telles carences et de tels dysfonctionnements, graves et répétés rendent nécessaire l'intervention de la représentation nationale dans sa fonction de contrôle pour clarifier les conditions dans lesquelles sont délivrées les autorisations de mise sur le marché des médicaments et la façon dont est assuré leur suivi. Les impératifs de santé publique nous imposent d'apporter une réponse claire à la question que tout le monde se pose : peut-on encore faire confiance aux agences qui ont pour mission d'évaluer la sécurité d'emploi, l'efficacité et la qualité des produits de santé ? Telles sont les motivations qui conduisent les auteurs de la proposition de résolution à vous proposer la création d'une commission d'enquête.
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    plutôt pas mal non? Pour une fois qu'une initiative va dans le bon sens!!
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    plutôt oui, mais je sais pas où ça en est, ça commence à dater.
Jon Snow

Douze ans de culture du soja OGM en Argentine! - 0 views

  • L’application intensive, année après année, d’un seul herbicide (le glyphosate) a aboutit à l’émergence de mauvaises herbes qui sont devenues résistantes à ce produit chimique.
  • Pour lutter contre ces mauvaises herbes, et également contre le soja "spontané" (c’est-à-dire du soja qui pousse hors saison), les cultivateurs de soja ont commencé à pulvériser des herbicides plus forts sur leurs terres avant la plantation. On estime qu’actuellement 20 à 25 millions de litres de 2,4-D, 6 millions de litres d’atrazine (interdite dans l’Union européenne en 2004 parce qu’elle contamine les eaux souterraines) et 6 millions de litres d’endosulfan (un insecticide organochloré hautement toxique) sont utilisés sur les champs de soja chaque année. [4] Des experts cités dans une étude des Amis de la Terre considèrent que 25 millions de litres supplémentaires d’herbicides sans glyphosate seront nécessaires chaque année pour lutte contre le sorgho d'Alep.
  • Les cultivateurs de soja font peu d’efforts pour empêcher les produits chimiques d’être disséminés par le vent jusqu’aux maisons et aux terres de la population rurale. De ce fait, les produits chimiques ont eu de graves conséquences sur la santé des populations et des animaux domestiques, ils ont affecté les cultures vivrières et contaminé les sols, les cours d’eau et l’air.
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  • La production nationale de la plupart des aliments de base a baissé de façon brutale. L’Argentine, autrefois qualifiée de "grenier mondial", se retrouve obligée d’importer des denrées alimentaires. Une partie de la population commence même à souffrir de la faim. Les cultures vivrières ne sont pas les seules à avoir été affectées : la production de coton a chuté de 40 % dans la province de Chaco, et de 78 % dans la province de Formosa.
  • Toutefois, pour permettre à quelques groupes financiers d’obtenir des profits importants, l’Argentine paie le prix fort, en compromettant son avenir à long terme. Chaque année, plus de 200 000 hectares de forêts primaires sont abattues au fur et à mesure de l’avancée de la frontière des terres agricoles. [9] La monoculture intensive s’accompagne du lessivage, de l’érosion et de la dégradation des sols. On estime que la déforestation entraîne l’érosion de 19 à 30 millions de tonnes de sols par an.
  • Pendant six ans, un petit groupe de consommateurs et d’écologistes brésiliens ont lutté avec ténacité devant les tribunaux pour empêcher les OGM de pénétrer dans leur pays, mais leurs efforts ont été réduits à néant par le passage en fraude de soja RR à travers la frontière avec l’Argentine. Séduits par les promesses extravagantes des commerciaux, des agriculteurs brésiliens ont acheté ces semences illégales à une échelle si importante que l’interdiction officielle appliquée aux OGM s’est retrouvée vide de sens et a été abrogée par le président Lula. Des tactiques similaires ont été utilisées pour disséminer du soja RR au Paraguay et en Bolivie.
  • La folie du soja RR, qui est en train de transformer le Cône Sud en  "République du soja", comme certains l’ont appelée, n’a permis aucun augmentation de la productivité, malgré toutes les promesses des commerciaux. D’ailleurs, une enquête récente menée par l’Université du Kansas a montré que le soja RR avait un rendement moyen de 6 à 10 % inférieur à celui du soja conventionnel
  • Encore une technologie miracle, et un nouveau lot de problèmes pour les communautés argentines. Combien de temps cette folie va-t-elle continuer à sévir ?
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    Douze ans de monoculture OGM pour un résultat catastrophique. L'aveuglement et la cupidité gouvernent main dans la main.
Jon Snow

LA DETTE PUBLIQUE… OU LE PARTAGE DU BUTIN ?, par Jean-Luc D. - 1 views

  • Fort de la lecture de ce blog dont la 1ère qualité est de nous dessiller l’esprit en levant  le voile sur une réalité financière nébuleuse et donc complexe, mon daimôn me soufflait à l’oreille que ce discours sur la dette publique était trop insistant pour être vrai, trop simpliste pour décrire une réalité complexe, trop accusateur pour ne pas cacher derrière son index pointé une éventuelle autre cause à nos supposés malheurs d’aujourd’hui. Bien sûr, la dette existe, elle est réelle, mais qu’en est-il de sa cause ? Les néolibéraux vous répondront à l’unanimité et dans un chœur harmonieux que l’État dépense trop, qu’il gaspille ses recettes dans des investissements non productifs (entendu récemment dans la bouche de J.-C. Trichet), en d’autres termes que le social lui coûte ses deux bras et ses deux jambes. Par contre sur les recettes, pas un mot, rien, nada… Ils y ont bien sûr tout intérêt quand vous verrez les  graphiques ci-dessous. D’autant plus d’intérêt que dans le monde doré et angélique qu’ils nous proposent – un monde capitonné d’« épanouissement au travail », de « développement personnel », de « plan de sauvegarde de l’emploi » et j’en passe -, moins-disant social rime avec moins-disant fiscal.
  • La propagande bat son plein œuvrant sans cesse à la manipulation des opinions publiques et à la fabrique des consentements. Edward Bernays, neveu de Freud et 1er grand théoricien de la propagande, n’hésitait  pas écrire au tout début du 1er chapitre de son livre Propaganda ou Comment manipuler l’opinion en démocratie : « la manipulation consciente, intellectuelle, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique » et de conclure dans une formule derrière laquelle perce un cynisme à peine voilé :  « les esprits intelligents doivent comprendre qu’elle (la propagande) leur offre l’outil moderne dont ils doivent se saisir à des fins productives, pour créer de l’ordre à partir du chaos ». Le message étant clair et le décor bien planté, il nous appartient d’en déjouer les rouages et de proposer, dans un au-delà prospectif et constructif, à partir de toutes vos contributions, un contre-modèle syncrétique.
Jon Snow

La vérité sur les renflouages de la Fed - 1 views

  • Selon The Nation, "le document confirme que les 700 milliards de dollars du département du Trésor consacrés au sauvetage des banques... et votés dans une loi sous l'ère du président George W. Bush en 2008, n'étaient en fait qu'un petit acompte d'un ‘sauvetage déguisé' secret qui a vu la Fed fournir environ 3 300 milliards de dollars en disponibilités de trésorerie et plus de 9 000 milliards de dollars en prêts à court terme et autres arrangements financiers".
  • Bernanke s'est violemment opposé à ces révélations... pour des raisons évidentes. En effet, celles-ci révèlent la relation trop intime entre la Fed et Wall Street. Elles mettent également en lumière une sorte d'arrogance institutionnalisée : la Federal Reserve sait ce qui est le mieux pour nous même si nous ne le savons pas nous-mêmes... ou si nous ne la croyons pas. Au cours de ces derniers mois, le président Bernanke a régulièrement et constamment affirmé le besoin de secret de la Réserve fédérale. Selon lui, la transparence compromettrait l'indépendance de la Fed. Cet argument est ridicule. Le secret facilite la corruption et les abus. La transparence permet de les éviter.
  • "Morgan Stanley a vendu à la Fed plus de 205 milliards de dollars de titres hypothécaires de janvier 2009 à juillet 2010", affirme The Huffington Post, "tandis que son plus grand rival, Goldman Sachs, en vendait pour 159 milliards de dollars. Citigroup, la troisième plus grande banque américaine en valeur d'actifs, a vendu à la Fed près de 185 milliards de dollars en bons hypothécaires. Merrill Lynch/Bank of America en a vendu près de 174 milliards de dollars. On ne sait pas clairement de combien ces sociétés ont profité mais il est évident qu'elles ont bien fait des bénéfices". Ces sauvetages d'une importance indécente, financés par les contribuables, ne sont pas seulement répréhensibles pour avoir été menés de façon secrète ; ils sont répréhensibles car ils ont dupé les contribuables, les détenteurs de dollars, les investisseurs et tous les autres individus qui méritent des marchés financiers honnêtes et transparents.
Jon Snow

Hydrofracked? One Man's Mystery Leads to a Backlash Against Natural Gas Drilling - ProP... - 0 views

  • Meeks used to have abundant water on his small alfalfa ranch, a 40-acre plot speckled with apple and plum trees northeast of the Wind River Mountains and about five miles outside the town of Pavillion. For 35 years he drew it clear and sweet from a well just steps from the front door of the plain, eight-room ranch house that he owns with his wife, Donna. Neighbors would stop off the rural dirt road on their way to or from work in the gas fields to fill plastic jugs; the water was better than at their own homes. But in the spring of 2005, Meeks’ water had turned fetid. His tap ran cloudy, and the water shimmered with rainbow swirls across a filmy top. The scent was sharp, like gasoline. And after 20 minutes — scarcely longer than you’d need to fill a bathtub — the pipes shuttered and popped and ran dry.
  • As a result, drilling was about to happen in states not typically known for oil and gas exploration, including Michigan, New York and even Maryland. It would go from rural, sparsely populated outposts like Pavillion to urban areas outside Dallas, Denver and Pittsburgh. Along the way, a string of calamitous accidents and suspicious environmental problems would eventually make hydraulic fracturing so controversial that it would monopolize congressional hearings, draw hundreds in protests and inspire an Academy-Award-nominated documentary produced for Hollywood.
  • At 540 feet the new well still wasn’t drawing water suitable for the cattle trough, and Meeks’ contractor, Louis Dickinson, shut down the engines and brought the drill bit to a rest. But before Dickinson could finish the job, a distant rumbling began echoing from below. It grew steadily louder, like some paranormal force winding its way through the earth. “Then, holy mackerel,” says Meeks, “it just came on us.” An explosion of white foam and water, chased by a powerful stream of natural gas, shot out of the ground where Meeks had drilled his well. It sprayed 200 feet through the air, nearly blowing the 70-foot-tall drilling derrick off its foundation, crystallizing in the frigid winter air and precipitating into a giant tower of ice. A Suspicious Correlation The blowout, roaring like a jet engine, continued for 72 hours, until a judge ordered EnCana engineers to use their equipment to control it. In that time, according to one estimate a gasfield worker gave Meeks, 6 million cubic feet of natural gas shot out of his 540-foot-deep water well, more than many gas wells in that part of Wyoming produced in an entire month.
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  • As Meeks continued his quest, hydraulic fracturing was transforming the energy industry and unfurling a wave of drilling that rippled quickly across the country. The fracturing technology that was first used commercially by Halliburton in 1949 had been reworked until a sweet spot combination of chemicals and pressure was derived that made it possible to reach gas far deeper in the earth than energy companies had previously been able to. In 1995 hydraulic fracturing was used in only a small fraction of gas wells, and the nation’s gas reserves were around 165 trillion cubic feet. The United States was so desperate for energy that energy companies were scrambling to secure foreign oil and building $300-million ports to import liquefied natural gas from Russia, Qatar and elsewhere.
  • By late 2008, however, fracturing was being used in nine out of 10 of the roughly 33,000 wells drilled in the United States each year, and estimates of the nation’s gas reserves had jumped by two thirds. Drilling was taking place in 31 states, and geologists claimed the United States contained enough natural gas to supply the country for a century. Russia’s president (and former chairman of its state gas company, Gazprom), Dmitri Medvedev, said he would curtail his own nation’s gas drilling efforts because he thought the United States might have so much gas that it wouldn’t buy more from Russia.
  • As more wells were drilled, however, more reports began to emerge from people who had similar experiences to that of Louis Meeks.
  • Much of the land in Sublette County is owned by the federal government, which meant that the Environmental Protection Agency — not just state regulators — was charged with conducting an environmental review before drilling is allowed. As part of that review, in 2007 EPA hydrologists sampled a pristine drinking water aquifer that underlay the region. What they found was a show-stopper: frighteningly high levels of benzene, a known carcinogen, in 88 separate samples stretching across 28 miles. “It was like, holy shit, this is huge,” said Greg Oberley, a groundwater specialist at the EPA’s Region 8 headquarters in Denver. “You’ve got benzene in a usable aquifer and nobody is able to verbalize well, using factual information, how the benzene got there. Nobody understood what caused this.” One thing was clear: There was little industrial activity in the Pinedale area other than drilling, and few other potential causes for the pollution.
  • It wasn’t at all clear that the EPA had the budget, the political fortitude or the impetus to pursue the thorough study that Oberley and other scientists thought was needed. The agency had looked, briefly, at hydraulic fracturing before. In 2004 it published a report examining how it affected water supplies in a type of geologic formation, called coalbed methane, which is different from the rocks being drilled in most of the nation’s new gas fields. The report detailed numerous concerns about the potential for dangerous fluids to migrate underground. But then, in an abrupt turn, it concluded that hydraulic fracturing “poses little or no threat” and “does not justify additional study.” The one exception, it found, was when diesel fuel was used in fracturing fluids. But the industry insisted that it was discontinuing that practice. The EPA’s findings were criticized in some scientific circles at the time, and by an EPA whistleblower, Wes Wilson, for bending to Bush administration dictates and ignoring scientific methods for analyzing contamination complaints.
  • In March 2009, six weeks after President Obama’s inauguration and four years after Meeks first had trouble with his water, a team from the EPA’s Superfund program began collecting 39 water samples from properties around the Pavillion area. It was the first formal investigation into complaints of water pollution in Pavillion after many years of letter writing and phone calls and visits to the governor’s office and even a couple of lawsuits. Across the mountains in Pinedale, Oberley had also continued to collect water samples from the aquifer underneath the Anticline drilling fields — where he’d found the benzene the year before — and was carefully assembling a broader body of data. The EPA scientists preferred to keep a low profile and dodge the political canon fire that was bound to be returned from any perceived assault on the oil and gas industry. But, in effect, the EPA had begun its first robust scientific examination of the environmental effects of natural gas drilling on the nation’s water supply. By this time, complaints about water contamination in drilling areas had become a national issue.
  • In the face of this tornado of worry, the drilling industry remained steadfast in its insistence that fracturing and all the drilling processes related to it were completely safe. They continued to spend tens of millions of dollars lobbying against regulation and peppered websites and publications with pro-gas advertisements. Industry trade groups pointed out that drilling development brings jobs and economic bounty to ailing communities and painted critics as unpatriotic heretics working against U.S. energy independence. They drew support from local businesses and residents whose communities needed the money and needed the jobs.
  • Late that summer Meeks was told that the EPA was ready to reveal its first findings. On August 11, 2009, eager to finally hear what was in his water, Meeks got in his red 1994 Nissan pickup and drove the five miles to Pavillion’s community center, a corrugated steel building with bare walls and poured-concrete floors at the end of one of the two roads that cut through town. He had been anticipating the meeting for six months. Along with 80-some other residents, some who had driven from as far as Riverton, 26 miles away, Meeks took a seat on one of the wooden benches that were lined up facing a folding table and a projection screen, eager to hear the preliminary findings from the EPA’s first round of water testing. With the room quiet and tense, Luke Chavez, the EPA Superfund investigator, started off tentatively. He was shy and non-committal. But he proceeded to make headlines. Of the 39 water samples his team had taken from a smattering of properties around Pavillion, Chavez said 11 were contaminated with chemicals, including some with strong ties to hydraulic fracturing. The EPA found arsenic, methane gas, diesel-fuel-like compounds and metals including copper and vanadium. Of particular concern were compounds called adamantanes — a natural hydrocarbon found in gas — and an obscure chemical called 2-butoxyethanol phosphate. 2-BEp is a compound closely related to 2-BE, a substance known to be used in hydraulic fracturing solutions, and that is known to cause reproductive problems in animals. It was a chief suspect when Colorado regulators investigated the well explosion in Silt. Meeks’ well contained traces of petroleum hydrocarbons, bisphenol A, the adamantanes, and methane. John Fenton’s water, which tasted good and hadn’t even been suspected to have been contaminated, had methane and bisphenols. And Jeff Locker’s water, even after filtering with a reverse osmosis system, contained arsenic, methane and metals.
  • In the fall of 2009, Meeks got a call to meet Randy Teeuwen, the EnCana representative, at the Holiday Inn in Riverton. The company had warned him months earlier that it would stop paying for his water supply and had given him the option to continue the service and pay for it himself. Meeks declined. There was no way he could afford the payments. He was still hoping that a broader settlement might be reached and EnCana would buy him out. If his property was worthless, Meeks wanted them to pay for his entire loss.
  • On September 14, HB Rentals, the global oilfield services supplier EnCana had hired to supply Meeks with water, sent Scott Farrell with a truck to remove the tanker of water from Meeks’ home. Farrell found himself facing a cluster of television crews and reporters. But Meeks, for all his blustery anger, was uncharacteristically quiet. After all these years the wind seemed to have been sucked out of his lungs, and he had nothing to say. He fought tears, and his voice quivered as he told his story to the TV cameras. Taking the water was like issuing a life sentence. Once it was gone, there was no way he would be able to replace it. “I can’t believe someone would do something like that,” he told the reporters. Farrell was visibly affected. “We decided that we were not going to leave Mr. Meeks without any water,” he said, when the cameras turned to him. “We’re going to leave the tank and everything here at no charge.”
  • But a few hours later, HB returned, loaded the tanker, and finally took Louis Meeks’ water away.
  • It’s really easy to say you should just get out of this situation,” says Deb Thomas, Meeks’ friend and the environmental organizer from Clark. “But they are not young. Everything that they have is wrapped up in that place — not just in their home. They’ve got animals and a life here. It’s pretty hard to leave that.” Meeks didn’t drink the water but used it to bathe and clean his dishes. By January he was complaining of ill effects on his health. He suffered of shortness of breath and described lesions and sores on his arms and legs. At the veterans hospital, he was told he had a respiratory infection and prescribed prednisone and moxifloxacin — but the doctors couldn’t say whether it was the water, the stress, or his persistent medical problems that were to blame. While he suffered, EPA took its biggest step on the fracturing issue in more than six years. In March 2010, EPA administrator Lisa Jackson announced that the EPA would undertake a major national study of risks to water supplies from hydraulic fracturing far bigger than the Pavillion study. This time, scientists would broaden their definition of fracturing beyond the energy industry’s version, and examine every aspect of the process, from the transportation and disposal of the chemicals to the water supplies needed to make the process happen. In New York, Gov. Paterson issued an executive order banning one type of hydraulic fracturing until July 1, 2011, by which time he hoped environmental officials would have thoroughly examined its safety. And in several states — including Wyoming — laws were passed to require drilling companies to disclose the chemicals they pump into the ground. A group of Democratic members of Congress ratcheted up the debate by revealing that fracking companies had continued to inject tens of millions of gallons of diesel fuel and diesel mixtures into the ground as part of the fracturing process long after they promised not to in 2005.
  • Whatever the EPA does, its environmental research is guaranteed to go slower than the pace of drilling development. In 2010, another 14,324 new gas wells were drilled in the United States, including in Wyoming. “If things don’t change now it’s going to be just a big polluted dump,” said Meeks Jr.
  • “I think a lot of people look at me and think what did I end up with after five years,” Meeks says. “I’m stupid for going up against a billion-dollar company.” “There is no end in sight,” he adds. “But at least they are listening now.”
Jon Snow

Koch Whore | The Beast - 2 views

  • Walker: I mean paying for the senators to be put up. I know they’re paying for these guy—I mean, people can pay for protesters to come in and that’s not an ethics code, but, I mean, literally if the unions are paying the 14 senators—their food, their lodging, anything like that…[*** Important regarding his later acceptance of a Koch offer to “show him a good time.” ***] [I was stunned. I am stunned. In the interest of expediting the release of this story, here are the juiciest bits:] Walker: …I’ve got layoff notices ready…
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    Imposture téléphonique de l'éditeur du site activiste satyrique The Beast se faisant passer pour David Koch, milliardaire républicain, félicitant Scott Walker, Gouverneur du Wisconsin, pour ses propositions de loi visant à supprimer les syndicats de l'état. Complètement berné Walker se flatte d'être un nouveau Reagan. Si les manifestants ne se calment pas il envisage même de virer les 6000 fonctionnaires que composent police, pompiers etc. Des feuilles de licenciements sont prêtent à être envoyé s'il découvre que des fonctionnaires hébergent les Démocrates en fuite. Bref une situation ahurissante! Une bombe politique..; Info reprise dans The guardian et le huffingtonpost à ce jour.
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    Crazy!! Mais ils ont le droit de faire ça aux US? C'est de l'usurpation d'identité, + rediffusion en intégralité de l'enregistrement sans l'accord de l'interlocuteur, ça me parait assez limite, même si évidemment l'exercice est très intéressant, et la conclusion assez instructive...!!
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    C'est la patrie de la liberté d'expression il paraît, alors on s'exprime par les biais qu'on peut. En tout cas c'est fait et c'est tant mieux! : )
Jon Snow

Tepco executives to quit over atomic plant scandal | The Japan Times Online - 0 views

  • The government has also expressed its dissatisfaction with the company. It was also learned Saturday that Tepco employees may not have placed enough importance on cracks found at its nuclear facilities during inspections. The employees apparently believed there was no need to repair the damage and did not report the problem. They based their decision on similar cases abroad that had not been considered dangerous, sources said. Cracks are usually caused by decay and stress. A number of similar problems have been reported in the United States and Europe since the 1990s. Cracked shrouds are usually replaced in Japan. In the U.S. and Europe, however, they are often mended, or left alone if the damage is not considered dangerous, the sources said. The Nuclear and Industrial Safety Agency at the Ministry of Economy, Trade and Industry plans to investigate the suspected coverup when it begins inspecting the three Tepco plants on Monday. The investigation is to cover the Fukushima No. 1 and No. 2 plants and the Kashiwazaki-Kariwa facility -- one of the world's largest nuclear power plants. TEPCO and its subcontractor may have acted illegally in their alleged failure to report the damage, according to the agency.
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    Article de 2002 parlant des faux rapports écrits par la firme japonaise Tepco pour cacher de nombreuses défaillances des centrales nucléaires. Des fissures dans les sarcophages de la centrale Fukushima ont été dissimulé... Celle-là même qui s'est effondrée ce matin à la suite des séismes...
Jon Snow

En Espagne, la « génération perdue » se révolte contre les politiques et les ... - 0 views

  • Qualifiée de « génération perdue » par le Fonds monétaire international, la jeunesse espagnole montre qu’elle ne s’est pas endormie. Depuis le 15 mai, ils sont des centaines de milliers dans la rue, avec pour mot d’ordre : « Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiques et des banquiers ». Face aux mesures d’austérité, la révolte gronde...
  • En Europe, on voit ce mouvement d’un très mauvais œil. A commencer par la chancelière allemande Angela Merkel, qui n’a pas hésiter à railler, en termes peu amènes, « les Européens du Sud peu travailleurs », le 17 mai lors d’une manifestation de son parti : « Il faudrait que dans des pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal, on ne parte pas à la retraite plus tôt qu’en Allemagne, que tous fassent un peu les mêmes efforts, c’est important ». Outre-Rhin, l’âge de la retraite a été porté à 67 ans. Et les conseillers économiques du gouvernement allemand préconisent de le fixer progressivement à 68 ou 69 ans. « Nous ne pouvons pas avoir une monnaie commune et accepter le fait que certains aient beaucoup de vacances et d’autres très peu », a-t-elle ajouté.
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    Ah ces gens du nord quel mépris... d'ailleurs nos voisins de l'aile nord de la residence ont tjs eu cet air condescendant maintenant que j'y pense.... à moins que ça soit l'aile sud... hum..
Jon Snow

Bactérie E.Coli : les abattoirs industriels sont-ils en cause ? - Agriculture... - 0 views

  • Les méthodes industrielles mises en œuvre actuellement favorisent la prise de risque. Autrefois, les abattoirs traitaient de plus petits volumes. Les bêtes étaient allongées au berceau (petite table, ndlr) sur le dos. Quand la bête était incisée, la peau était déployée vers le bas, limitant le risque de souillure. Aujourd’hui, dans les chaînes d’abattage, les animaux sont suspendus du fait de la mécanisation. Les rythmes de découpe imposés aux travailleurs peuvent provoquer des situations d’anomalie. L’infection peut avoir lieu lors d’un contact entre la viande et des cuirs souillés, ou lors d’un accident d’éviscération de l’animal. Lors d’une rupture du système digestif d’un bovin, le jus du tube digestif se répand dans la cavité abdominale, ce qui souille ainsi la viande. C’est une des possibilités de contamination. La Confédération Paysanne demande donc le maintien des abattoirs « de proximité », près des lieux de production. Ce qui entraîne de plus petits volumes de production. Des initiatives commerciales de vente directe peuvent venir s’y greffer. Les collectivités territoriales et les politiques ont un rôle à jouer pour favoriser ces abattoirs de proximité.
  • L’ensemble de la filière est conditionnée par ce schéma de sélection pyramidale : les critères de résistance aux maladies ou d’adaptation aux milieux n’ont pas été pris en compte par les instituts techniques. Le risque, c’est que les animaux ne manifestent plus de capacités immunitaires pour résister aux maladies. Il faut revenir à une autre façon de concevoir l’élevage dans laquelle ce n’est plus l’institut technique mais l’éleveur qui est au centre des initiatives et des décisions.
  • Une bête risque d’être éliminée d’un troupeau parce qu’elle n’atteint pas un certain niveau de production, alors même qu’elle a développé d’autres qualités comme l’adaptation à la vie pastorale ou la résistance aux maladies. Ce qui est très important pour moi, par exemple, c’est « la longévité de carrière » : une bête qui vieillit est un animal qui a su s’adapter aux aléas de la production ou des dérèglements climatiques.
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  • Quand on banalise l’utilisation des antibiotiques, on favorise l’émergence de souches bactériennes résistantes et mutantes. Notre refus du vaccin contre la FCO est une manière d’interroger la façon dont on soigne, on alimente et on loge les animaux. La maladie traduit un problème lié aux conditions de vie imposées aux animaux. Bien sur, la vaccination peut être une solution pour les éleveurs qui se sentent démunis.
Jon Snow

En finir avec le déficit des finances publiques - LeMonde.fr - 0 views

  • Les rumeurs les plus folles sont relayées dans les salles de marchés, les médias, les dîners en ville, et prospèrent à la vitesse à laquelle les marchés pris de panique s'effondrent. J'y vois un seul signe positif : le nécessaire rappel à l'ordre, brutal et impératif, de remettre de l'ordre dans nos finances publiques. Notre pays est en déficit chronique depuis la seconde partie des années 1970. Pas un gouvernement, quelle que soit son appartenance politique, qui ne se soit adonné à l'addiction au déficit, à la dette, ajoutant ainsi à l'idée que les Français ont de l'Etat-providence et de l'assistanat : "L'Etat y pourvoira !"
    • Jon Snow
       
      Allons y gaiement, c'est le moment rêvé pour cette clique! Donc ce cher monsieur parmi les seize autres qui s'est évertué à profiter au max des niches fiscales pour etre imposé moins que ses salariés sa vie durant, ramène aujourd'hui sa fraise républicaine pour dire qu'il consent à contribuer EXCEPTIONNELLEMENT à l'effort GENERAL....... à CONDITION QUE l'on démembre définitivement L'Etat providence, cette bonne mère qui s'occupe de TOUS ces enfants sans distinction de riches ou de pauvres (enfin en théorie). C'est sous couvert de magnanimité voire de pitié pour l'Etat qu'il se présente alors que ce n'est que de la rapacité déguisée. On peut compter sur les journaux pour mettre en avant cette image de chevalier désintéressé tout en enfonçant le clou de la nécessaire austérité.
  • Pendant toutes ces décennies nous avons vécu au-dessus de nos moyens, défendant bec et ongles un modèle que nous n'avions plus les moyens de financer. Aujourd'hui la facture nous est présentée, et il faut payer.
  • 2. Une contribution exceptionnelle des plus riches, des plus favorisés, des nantis. Il semblera peut-être curieux à certains de voir que le président de l'Association française des entreprises privées (AFEP) préconise une telle mesure, mais il me paraît indispensable que l'effort de solidarité passe d'abord par ceux que le sort a préservés.
    • Jon Snow
       
      Oh mé qu'il est mugnonnn :') Faut surtout pas te sentir obligé, c'est notre faute si tout va de travers, on veut tellement gagner de sous qu'on autorise toutes les déviances financieres... Non tu n'as pas à nous aider, garde ton oseille ... et tes foutus conseils!
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  • 3. Une vraie, une sérieuse, une profonde réforme de nos structures administratives et de nos systèmes sociaux, pour pouvoir à l'avenir réduire drastiquement nos coûts afin de pouvoir servir la dette, la réduire (au besoin et en complément, par un programme de privatisation dédié exclusivement au désendettement), et investir dans l'avenir. Osons nous attaquer aux vaches sacrées.
    • Jon Snow
       
      "servir la dette", "attaquer les vaches sacrées".... Ah ils sont beaux nos chevaliers. Servir la dette. Fallait y penser!
  • Ne nous trompons pas : il ne s'agit pas d'idéologie mais d'un impératif qui s'impose à nous si l'on veut casser la spirale du déclin économique. Est-ce cela la rigueur ? Les mots ont leur importance, et celui-là fait peur. Je ne sais pas si c'est le mot qui convient.
    • Jon Snow
       
      Heureusement que c'est la fin du papier parce qu'on serait tenter de lui lancer un STFU ou un FTG. STFU stupid!!!!!
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    Ahhh cher Guillotin, "ton" chef-d'oeuvre nous manque parfois.
Jon Snow

ContreInfo :: Le protectionnisme plébiscité par les Français, par Jacques Sapir - 0 views

  • Ce jugement est sans appel. Sur les trois grandes questions qui concernent l’économie, l’emploi, les salaires et les déficits, il se trouve une écrasante majorité de français pour considérer que l’ouverture de l’économie a eu des conséquences néfastes. Très clairement, la « mondialisation heureuse » n’existe que dans certains journaux ou sous certaines plumes.
  • Cette ouverture est aussi considérée comme une mauvaise chose pour les pays développés en général (52%) et pour la France en particulier (57%). C’est aussi une mauvaise chose pour la sécurité des produits distribués en France (71%), pour les salariés (72%) et pour l’environnement (73%). La conscience des résultats négatifs de l’ouverture ne se limite donc pas à la question sociale. Elle touche aussi massivement la question de la sécurité des produits de consommation (et la sécurité alimentaire) ainsi que l’environnement. La prise de conscience qu’il y a une contradiction radicale entre le libre-échange et la préservation de l’environnement apparaît particulièrement massive.
  • Massivement, les personnes interrogées pensent que c’est à l’Europe qu’il revient de mettre en œuvre cette politique protectionniste (80%). Mais, au cas où l’on se heurterait à un refus de nos partenaires européens à appliquer une telle politique, 57% des personnes interrogées répondent qu’il faut que la France fasse cavalier seul. On ne saurait mieux exprimer la formule « avec l’Europe si on le peut, avec la France s’il faut, contre l’Europe si on le doit » !
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  • Il y a donc une contradiction évidente entre l’électorat et les principaux partis (PS et UMP) sur la question européenne. Par contre, le Front de Gauche et le Front National apparaissent comme bien plus en cohérence avec leurs électeurs. N’en doutons pas : si un référendum devait être organisé demain sur une telle question, il aboutirait au même désaveu de la classe politique, et des grands médias, que celui de 2005. D’ailleurs, 61% des personnes interrogées se prononcent en faveur d’une pétition pour l’organisation d’un débat à l’échelle européenne contre 21% de réponses opposées.
  • Jamais la divergence entre le discours des états-majors ou des futurs candidats des partis centraux de l’échiquier politique français (PS et UMP) et leurs électeurs n’aura été aussi grande que sur la question des conséquences de la mondialisation.
  • Une telle divergence est suicidaire. Elle l’est pour chacun de ces partis qui prend le risque de passer à côté d’un thème majeur de la future campagne électorale, et ainsi de favoriser les partis qui, eux, sont beaucoup plus en phase avec l’opinion des Français, et en particulier le Front de Gauche et le Front National. Mais, cette divergence est aussi, et même avant tout, suicidaire pour la classe politique et pour la démocratie. Elle contribue à asseoir dans l’opinion l’idée que la classe politique, du moins pour ce qui concerne les « grands partis » a des intérêts et des préoccupations radicalement différents de ceux de la population. La vague populiste qui monte dans notre pays comme dans de nombreux pays d’Europe y trouvera certainement un aliment important, et peut-être même décisif dans les mois qui viennent
Jon Snow

Témoignage de Norio HIRAI, chaudronnier du nucléaire (1) : « Les centrales nu... - 0 views

  • « En plus, il ne faut pas confondre la sûreté et la sécurité. S’il y a des centrales nucléaires, il n’y a plus rien de sûr. »   Quand Norio a appris qu’il avait un cancer, il a décidé de mettre à jour tout ce qu’il connaissait des centrales nucléaires. Il nous explique entre autres que : - On n’explique pas les dangers dus à la radioactivité aux ouvriers. - Quand il y a un accident nucléaire, peu de personnes sont compétentes pour comprendre ce qu’il se passe. - La surveillance des travaux n’est pas faite par des gens qualifiés. - Les contrôleurs sont souvent des personnes qui ne connaissent rien à l’énergie nucléaire. - Le service de l’inspection nucléaire est assuré par des retraités du ministère du commerce et de l’industrie.
  • Ce plan chimérique part de l’idée que ce sont des ouvriers experts qui le réalisent, mais nous ne nous sommes jamais posé des questions sur la qualité des ouvriers et leurs conditions de travail. Pour les centrales nucléaires comme pour les autres chantiers, la main d’œuvre et même les inspecteurs sont constitués par des gens sans qualification suffisante. C’est compréhensible qu’un grave accident se produise dans les centrales nucléaires, les Shinkansen ou sur les autoroutes.
  • Malheureusement cette maison ce sont les centrales nucléaires japonaises.
    • Jon Snow
       
      Voilà. Pas de bol hein.
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  • En général, nous imaginons que les constructions des centrales nucléaires, du Shinkansen ou des autoroutes sont soumises à des contrôles rigoureux de l’administration. Mais à Kobé, nous avons découvert des coffrages laissés dans les poteaux en béton du Shinkansen. Les armatures de l’autoroute avaient été mal soudées: (elles avaient été collées par le métal de la soudure mais les bords de l’armature eux-mêmes n’avaient pas été fusionnés). Elles ont toutes été disloquées avec le séisme. Pourquoi une telle chose s’est-elle produite ? Parce qu’on a accordé trop d’importance au plan, au bureau, mais on a négligé la surveillance sur le chantier. Si ce ne fut pas la cause directe, on peut dire que cette négligence a provoqué l’ampleur de la catastrophe.
    • Jon Snow
       
      Ce sont des hommes qui construisent sur les chantiers pas des robots, avec tout ce que ça comporte comme conséquences possibles: défauts, malfaçons, oublis, vols, qualité des matériaux douteuse etc.
  • Depuis environ 10 ans, il n’y a plus de manœuvres compétents. On ne demande aucune expérience au moment du recrutement. Les ouvriers sans compétence ne savent pas le danger de l’accident. Ils ne savent même pas quels sont les travaux non réglementaires et mal faits. C’est la réalité des centrales nucléaires japonaises.
    • Jon Snow
       
      ça coute moins cher et ça se trouve partout un type pas qualifié, ça accepte tout et ça ne se préoccupe que de peu, surtout s'il ne comprend pas la situation.
  • Par exemple à la centrale de Fukushima de TEPCO, nous avons démarré la centrale en laissant un bout de fil de fer et on a échappé de peu à un grave accident qui aurait pu avoir une répercussion sur le monde entier. L’ouvrier savait qu’il avait fait tomber ce fil de fer mais il ne savait pas à quel point la conséquence de son acte était dangereuse. Dans ce sens, une centrale nucléaire toute neuve construite par ces gens incompétents est aussi bien dangereuse qu’une vieille centrale.
  • Dans la centrale nucléaire, il y a aussi le problème de l’irradiation qui empêche de former les successeurs. Quand on travaille dans la centrale nucléaire, il fait très sombre et chaud et avec la protection c’est impossible de parler. Alors les ouvriers se communiquent par gestes. Comment peuvent ils dans ces conditions transmettre leurs savoir faire? En plus, on envoie d’abord les gens compétents travailler et ils s’exposent très vite à la quantité de radioactivité annuelle autorisée et ne peuvent plus travailler, ça accentue encore l’incompétence des ouvriers. Par exemple pour les soudeurs, ils fatiguent leurs yeux en travaillant. Après 30 ans, ils ne peuvent plus faire de travaux précis et ils ne trouvent plus d’embauche dans la pétrochimie. Et c’est comme ça qu’ils arrivent aux centrales nucléaires.
    • Jon Snow
       
      CQFD.
  • le gouvernement a décidé d’envoyer des conseillers de sécurité spécialisés dans chaque centrale nucléaire pour donner l’autorisation du démarrage après la construction ou du redémarrage après les contrôles réguliers. Je savais que ces conseillers ne connaissaient pas grande chose du nucléaire mais je n’imaginais pas à quel point. Quand j’ai fait une conférence à Mito, il y a un homme du Ministère de la science et la technologie qui s’est présenté en public en disant: « Je me sens tellement mal à l’aise d’avouer ce fait, mais je ne connais rien du nucléaire », et il a continué: « De la peur d’être irradiés, les inspecteurs n’ont pas voulu travailler dans les centrales en marche. Comme on vient de supprimer des places dans le ministère de l’agriculture avec le remaniement gouvernemental, ils ont envoyé des fonctionnaires qui donnaient des conseils aux éleveurs du ver à soie ou de la sériole (poisson), sans aucune formation. Voilà pourquoi les conseillers qui n’y connaissent rien du tout, donnent l’autorisation du démarrage dans toutes les centrales. Le conseiller de la centrale de Mihama, contrôlait la qualité du riz jusqu’à il y a 3 mois».
  • Au-dessous de ces fonctionnaires irresponsables du ministère, dans la hiérarchie nucléaire, il y a le service de l’inspection nucléaire. Ce sont des gens du Ministère du Commerce et de l’Industrie qui ont pris leur retraite et sont embauchés dans ce service. Ils occupent des postes importants et enrichissent le service en demandant des contrats à des anciens subordonnés. Ils n’ont jamais travaillé dans ce domaine. Ils possèdent tous les pouvoirs sur l’inspection de la centrale nucléaire et on ne peut rien faire sans leur autorisation bien qu’ils n’y connaissent rien. Ils viennent au contrôle mais, bien sûr, ils ne font que regarder. Malheureusement, ils ont quand même un pouvoir colossal. Encore au-dessous de la hiérarchie, il y a les compagnies d’électricité et les trois fabricants de réacteurs nucléaires qui suivent: Hitachi, Toshiba et Mitsubishi. Moi, j’ai travaillé chez Hitachi. Après les fabricants, il y a encore des sous-traitants de la construction dont j’ai parlé tout à l’heure. Ca veut dire qu’au dessus des fabricants, ils ne sont pas compétents et au dessous des fabricants non plus, il n’y a pas beaucoup de gens compétents. C’est aussi pour cela que les compagnies d’électricité ne peuvent pas expliquer les détails au moment des accidents.
  • Après le grand séisme de Kobé, on a très vite vérifié le plan antisismique de toutes les centrales nucléaires du Japon. Le résultat absurde publié en septembre 1995 disait que toutes les centrales résisteront aux tremblements de terre de n’importe quel niveau.
    • Jon Snow
       
      Comme sarko l'a dit, le nucléaire c'est la FOI qui le fait tenir debout !!! D'où la religieuse propagande entoure le "phénomène".
  • Je disais toujours, avant et après ma retraite, qu’il faut que ce soient des organismes compétents et indépendants qui s’occupent de l’inspection mais non pas des entreprises nationalisées ou des services où les anciens fonctionnaires du ministère travaillent. Et indépendants de l’influence du Ministère du Commerce et de l’Industrie qui préconise l’installation des centrales nucléaires.
  • Le démarrage du réacteur émet plein de radioactivité et de radiations. Les gens qui y travaillent subissent des radiations. Avant de se rendre auprès du réacteur, ils se déshabillent et se mettent en combinaison de protection. Peut-être vous imaginez que cette combinaison protège le corps de la radioactivité mais en réalité, ce n’est pas le cas. La preuve, on place le radiamètre, sous la combinaison, sur le gilet. La combinaison de protection est un simple vêtement de travail qui sert à ne pas emporter la radioactivité à l’extérieur mais il ne protège pas les manœuvres de l’irradiation. Donc après le travail, ils doivent se mettre en slip pour vérifier s’ils ne sont pas contaminés. Si la radioactivité reste uniquement sur la peau, c’est ce qu’on appelle la contamination externe, on peut l’enlever presque entièrement avec la douche. Ils se lavent minutieusement jusqu’à ce qu’ils ne soient plus radioactifs avant de sortir dehors.      Les manœuvres mettent aussi des chaussures qui ont été préparées par l’entreprise mais on n’est pas sûr de trouver la bonne taille. Alors, leurs pas sont mal assurés. En plus ils doivent mettre un masque qui couvre la tête. Ils travaillent avec ces combinaisons et l’angoisse de la radioactivité. Pratiquement, personne ne peut faire de bon travail avec cet équipement. C’est complètement différent d’un chantier normal. En plus, plus que 95% des personnes qui s’occupent de ce travail n’ont aucune expérience. Ce sont des agriculteurs et des pêcheurs désœuvrés en dehors de la saison. Ces gens qui n’ont pas d’expérience, travaillent sans savoir le danger que ça représente. Par exemple, pour serrer une cheville avec un écrou, on dit au manœuvre «serrez la en diagonale, sinon ça fuit». L’opération se déroule dans une zone de radiations contrôlée, un endroit très dangereux plein de rayonnements. Les manœuvres amènent le radiamètre. Mais comme la quantité de radiations varie d’une pièce à l’autre, la durée du temps acceptable en minutes change chaque fois.
  • Avant de rentrer au chantier, on explique aux ouvriers le travail d’aujourd’hui et la durée de ce travail décidée en fonction de la quantité autorisée journalière d’irradiation. S’ils vont travailler au chantier où on peut rester 20 minutes, on leur donne une minuterie qui sonne au bout de 20 minutes en disant «Vous devez sortir quand ça sonne». Mais ils ne sont pas munis d’une montre car elle serait polluée par la radioactivité. Ils doivent donc deviner le temps restant. C’est comme ça qu’on les envoie au travail.    Là-bas, ils n’arrivent pas à se concentrer pour serrer la cheville car ils se demandent toujours combien de temps est déjà passé. Est ce que c’est 10 minutes? Ou peut-être déjà 15 minutes? Ils ont très peur de l’alarme de la minuterie, cela les fait plus que sursauter. Le bruit de l’alarme est assez fort pour rendre tout pâle quelqu’un qui ne l’a pas jamais entendue. Quand ça sonne, ils ont déjà reçu une irradiation équivalente à des dizaines de radiographies. C’est bien normal qu’ils ne puissent pas fournir des prestations assez correctes comme tout simplement serrer des chevilles en diagonale. Pouvez-vous imaginer les conséquences?
  • Le contrôle régulier se fait souvent en hiver. Mais à la fin du contrôle, on verse dans la mer des tonnes d’eau contaminée par la radioactivité. Honnêtement, il n’y a pas beaucoup de poissons pêchés en bordure des îles nipponnes que l’on peut manger sans craindre le risque de la contamination radioactive. La mer du Japon est déjà contaminée par la radioactivité. Ce n’est pas uniquement au moment du contrôle régulier que l’on effectue le rejet d’eau irradiée dans la mer. Pour baisser la température que la centrale dégage, au Japon, on utilise l’eau de la mer. Elle devient de l’eau chaude qui contient de la radioactivité. Ainsi on rejette des tonnes d’eau par minute à la mer. 
  • l y a quelques années, à l’exposé du procès qui demandait l’arrêt de la centrale de Shiga dans la préfecture d’Ishikawa, une vieille colporteuse de 80 années toute déconcertée, a raconté cette histoire. « Je ne connaissais rien de la centrale nucléaire jusqu’à maintenant. Mais aujourd’hui, une jeune dame qui était toujours fidèle a refusé mes algues. Elle m’a dit « Je suis désolée mais je ne peux plus acheter vos algues ». La centrale de Shiga a démarré aujourd’hui. Je ne connaissais rien au nucléaire, mais maintenant je sais ce que c’est. Qu’est ce que je vais devenir alors? » Même aujourd’hui, on continue de polluer la mer du Japon sans que vous le sachiez.
  • Vous devez le savoir, si vous avez déjà visité une centrale nucléaire, c’est très bien nettoyé où il y a des accès au public. Peut-être le guide vous a même vanté « regardez, comme c’est propre ». Mais c’est bien normal. Ça serait dangereux s’il y avait de la poussière radioactive dans l’air. Moi, j’ai développé un cancer à cause de la contamination interne que j’ai reçu plus que cent fois. Quand le docteur m’a diagnostiqué un cancer, j’avais très peur. Mais je me suis rappelé ce que ma mère disait toujours « rien est plus grand que la mort ». Ca m’a donné envie de faire quelque chose. Alors, j’ai décidé de mettre au jour tout ce que je connais des centrales nucléaires.
  • 9. Rien à voir avec le chantier normal La radioactivité s’accumule. Même si ce sont des petites quantités, si vous travaillez 10 ans dans une centrale, vous accumulez la radioactivité de 10 ans et c’est très dangereux. Le règlement pris par le gouvernement exige de ne pas dépasser la limite de 50 millisiverts (mSv) par an. Cela veut dire que l’on peut tout faire si on respecte cette limitation. Par exemple, les travaux au moment du contrôle régulier demandent environ 3 mois. Donc on divise la limite de 50 mSv par cette durée des travaux pour avoir la limite autorisée journalière. Mais, dans un endroit où il y a beaucoup de radiations, on ne peut travailler que 5 à 7 minutes par jour. On ne peut pas faire grand chose avec si peu de temps. Alors on rassemble les temps de travail sur 3 jours ou une semaine afin de travailler 10 ou 20 minutes de suite, bien que ce soit une méthode inadmissible. Au moins, si les ouvriers savaient qu’il y a un grand risque de leucémie ou du cancer… Mais les compagnies d’électricité n’avertissent d’aucun de ces risques. Une fois, une grande vis qui se trouvait sur le réacteur s’est desserrée quand la centrale nucléaire était en plein fonctionnement. Comme la centrale émet une colossale quantité de radioactivité en état de marche, on a préparé 30 personnes pour serrer une seule vis. Ils ont fait la queue devant la porte. Ils devaient courir jusqu’à la vis qui se situait à environ 7 mètres de là. Après 3 secondes, l’alarme sonnait. Il y eu même des ouvriers qui ont passé tout leur temps ouvrable en cherchant la clé. Finalement, ça a coûté 4 millions de yens, l’équivalent de salaire de 160 personnes, pour faire uniquement quelques tours de vis.  Vous vous demandez peut-être pourquoi on n’a pas arrêté la centrale pour serrer la vis. Mais la compagnie d’électricité veut l’éviter autant que possible car l’arrêt d’une journée de la centrale lui cause des milliards de perte. La radioactivité est quelque chose de très dangereux, mais pour l’entreprise, l’intérêt financier passe avant la sécurité humaine.
    • Jon Snow
       
      On est plus à une absurdité près, mais là c'est grandiose!
  • Le but de ces cours est tout d’abord d’atténuer leur angoisse. On ne leur dit jamais qu’il y a des dangers. L’Etat surveille la quantité de la radioactivité et donc il n’y a pas de danger, « les anti-nucléaires parlent du risque de cancer et de la leucémie à cause de la radioactivité mais ce sont que des gros mensonges, si on respecte bien les normes imposées par le gouvernement il n’y a aucun problème ». Un tel lavage de cerveau dure 5 heures. Les compagnies d’électricité procèdent à ce lavage de cerveau également avec les gens qui habitent à côté des centrales. Elles font venir les personnes connues pour faire des conférences, elles donnent des cours de cuisine, ou insèrent des encarts publicitaires imprimés en couleur dans les journaux. Peut-être les accidents dans les centrales angoissent les habitants, mais grâce à toutes ces propagandes de l’Agence de sécurité nucléaire, ils ne peuvent pas penser autrement que «nous ne pouvons pas nous passer du nucléaire pour avoir suffisamment d’électricité». Moi-même, pendant presque 20 ans en tant que responsable de terrain, j’ai procédé au lavage des cerveaux, une plus grande manipulation mentale que celles d’Asahara et d’Oume, vis à vis des ouvriers. Je ne sais pas combien de personnes j’ai tué. Il y a des gens qui me demandent si les ouvriers ne sont pas inquiets. Mais comme ils ne sont pas avertis des dangers de la radioactivité ou de la contamination, la plupart ne sont pas inquiets. Ils ne pensent même pas que c’est à cause de leur travail dans les centrales, quand ils tombent malades. Tous les ouvriers sont irradiés quotidiennement. Le travail des responsables consiste de cacher cette réalité à ceux-ci et à l’extérieur de la centrale. Si les ouvriers ou même n’importe qui s’inquiète du problème de l’irradiation, vous n’êtes pas digne d’être responsable sur place. Ainsi, sont les conditions de travail dans les centrales nucléaires. J’ai exercé un tel travail longtemps. Il m’arrivait souvent que je ne pouvais plus le supporter sans aide de l’alcool et j’en buvais de plus en plus. Ainsi, je me posais souvent des questions. Pourquoi, et pour qui, il faut vivre des jours plein de mensonges? Au bout de 20 ans, je me suis aperçu que mon corps lui même était déjà gravement détruit par les radiations.
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    1996. C'est un chaudronnier du nucléaire qui parle. C'est franchement bouleversant. Ce qu'il a craint toute sa vie s'est réalisé.
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