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Jon Snow

« Le Moment unipolaire et l'ère Obama » : une conférence de Noam Chomsky - Ar... - 0 views

  • Quant on se penche sur les affaires internationales, il est important de garder à l’esprit plusieurs principes considérablement répandus et utilisés. Le premier est la maxime de Thucydide : les forts agissent tel qu’ils le veulent, et les faibles souffrent tel qu’ils le doivent.
  • Un second thème directeur fut exprimé par Adam Smith. Il parlait de l’Angleterre, la plus grande puissance de son époque, mais son observation peut se généraliser. Smith observait que les « architectes principaux » de la politique anglaise étaient les marchands et les fabricants, lesquels s’assuraient que leurs intérêts personnels soient bien servis par la politique, quelles qu’en soient les conséquences néfastes sur les autres (y compris sur le peuple anglais).
  • Dans un cours d’économie, on apprend que les marchés sont basés sur des consommateurs éclairés qui prennent leurs décisions de manière rationnelle. Mais quiconque regarde une publicité télé sait que les entreprises consacrent de grosses ressources à créer des consommateurs standardisés prenant des décisions irrationnelles. Les méthodes utilisées pour ébranler les marchés sont adaptées afin de saper la démocratie, créant un électorat profane qui prendra des décisions irrationnelles sur un faible éventail d’alternatives compatibles avec les intérêts des deux partis, lesquels devraient être considérés comme des factions concurrentes du parti unique des affaires. Dans le monde des affaires et celui de la politique, les architectes politiques ont régulièrement été hostiles aux marchés et à la démocratie, sauf en cas d’avantages temporaires. La rhétorique est différente bien sûr, mais les faits sont là.
  • ...36 more annotations...
  • Alors que les politiques bipartisanes [2] envers Cuba s’accordent avec la maxime de Thucydide, elles rentrent en conflit avec le principe de Smith et nous donnent donc un aperçu particulier sur la formation des politiques. Depuis des dizaines d’années, le peuple américain est en faveur de la normalisation des relations avec Cuba. Si ignorer la volonté de la population n’a rien d’inhabituel, ce qui est plus intéressant dans ce cas c’est que de puissants secteurs du monde des affaires sont en faveur de la normalisation : l’agroalimentaire, les industriels de l’énergie, les sociétés pharmaceutiques et bien d’autres qui forment d’habitude le cadre politique. Leurs intérêts dans ce cas sont supplantés par un principe des affaires internationales délaissé par la littérature universitaire spécialisée. C’est ce qu’on pourrait appeler le principe de la Mafia. Le parrain ne tolère pas les exemples de « défi réussi », même de la part d’un petit épicier qui ne peut payer pour sa protection. C’est trop dangereux. Par conséquent, il faut le réprimer, et ce de manière brutale, afin que les autres comprennent que la désobéissance, le « défi réussi », n’est pas une option valable. Un défi réussi envers le maître peut être un « virus  » qui « répand la contagion », pour emprunter un terme d’Henry Kissinger lorsqu’il préparait le renversement du gouvernement Allende
  • Par exemple, lorsque Washington se préparait à renverser le gouvernement Allende, le Conseil National de Sécurité nota que, si les États-Unis ne pouvaient pas contrôler l’Amérique Latine, ils ne pouvaient prétendre « obtenir un ordre satisfaisant ailleurs dans le monde  », c’est-à-dire imposer leur domination efficacement au reste du monde. La « crédibilité  » de Washington en aurait été entamée, comme l’a avoué Henry Kissinger. D’autres pourraient se tourner vers la désobéissance, s’inspirer des « défis réussis  », si le virus chilien n’était pas détruit avant qu’il ne puisse « répandre la contagion ». Par conséquent la démocratie parlementaire au Chili devait disparaître, comme ça s’est passé à l’occasion du premier 11 Septembre, en 1973. Cet événement a disparu de l’histoire occidentale, bien qu’en termes de conséquences pour le Chili et ailleurs, cela surpasse de loin les terribles crimes du 11 septembre 2001.
  • Avec cet arrière-plan en tête, tournons-nous vers le « moment unipolaire  », sujet d’un grand nombre de discussions universitaires et populaires depuis l’effondrement de l’Union Soviétique il y a 20 ans, qui fit passer les États-Unis de principale superpuissance mondiale à seule superpuissance mondiale. Nous apprenons beaucoup sur la nature de la Guerre Froide et des évènements survenus depuis lors en regardant la façon dont Washington a réagi à la disparition de son ennemi mondial, de cette « impitoyable et monolithique conspiration » visant à s’emparer du monde pour reprendre la description de John F. Kennedy.
  • il leur fallait trouver un nouveau prétexte. Il fut vite donné : la menace des narcotrafiquants hispaniques focalisés sur la destruction des EU. La « guerre contre la drogue » fut certes lancée par Nixon, mais elle prit un rôle nouveau et plus important au cours du moment unipolaire.
  • Le besoin d’un nouveau prétexte guida aussi la réaction officielle à l’effondrement de la superpuissance ennemie. En quelques mois, l’administration de Bush père exposa le nouveau cap de Washington : en bref, tout restera comme avant, mais sous de nouveaux prétextes. Nous avons toujours besoin d’un gros système militaire, mais pour une nouvelle raison : la « sophistication technologique » des puissances du Tiers-monde. Nous devons maintenir la « base industrielle de défense  », un euphémisme pour désigner l’industrie de haute technologie soutenue par l’État. Nous devons maintenir les forces d’intervention pour les régions du Moyen-Orient riches en énergie, où les menaces importantes contre nos intérêts ne peuvent plus être rejetées sur le Kremlin, contrairement aux décennies de mensonges précédentes. Tout ceci passa discrètement et fut à peine signalé. Mais pour ceux qui cherchent à comprendre le monde, c’est très instructif.
  • Les élites intellectuelles se mirent rapidement au travail et remplirent leur mission. Elles annoncèrent une «  révolution normative » qui accordait aux États-Unis le droit d’ « intervention humanitaire », ceci pour les plus nobles des raisons bien entendu. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les victimes traditionnelles n’étaient guère convaincues. Au Sud, des conférences de haut-niveau condamnèrent amèrement « le soi-disant ’droit’ d’intervention humanitaire ».
  • Un affinage était donc nécessaire, et le concept de la « responsabilité de protection » fut échafaudé à sa place. Ceux qui prêtent attention à l’histoire ne seront pas surpris de découvrir que les puissances occidentales exercent leur «  responsabilité de protection  » de manière extrêmement sélective, en parfaite correspondance avec les trois maximes.
  • Les faits concordent de manière troublante et requièrent une agilité considérable de la part des classes intellectuelles
  • Alors que l’Union Soviétique s’écroulait, Mikhaïl Gorbatchev fit une concession sidérante : il accepta que l’Allemagne réunifiée rejoigne l’alliance militaire hostile dirigée par la superpuissance mondiale, malgré le fait que les Allemands aient à eux-seuls quasi anéanti la Russie deux fois au cours du siècle. Il y avait cependant un quid pro quo [3].
  • L’administration Bush promit à Gorbatchev que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Allemagne de l’Est, et encore moins plus loin à l’Est. Elle garantit aussi à Gorbatchev que « l’OTAN se transformera elle-même en une organisation plus politique  ». Gorbatchev proposa aussi la création d’une zone dénucléarisée de l’Arctique à la Mer Noire, afin d’établir une « zone de paix  » pour lever toute menace sur l’Europe, de l’Est ou de l’Ouest. Cette proposition fut rejetée sans examen.
  • Clinton a pris ses fonctions peu de temps après. Les engagements de Washington ont rapidement disparu. Il est inutile de faire des commentaires sur la promesse que l’OTAN deviendrait une organisation plus politique. Clinton a élargi l’OTAN à l’Est, et Bush a surenchéri. Obama a apparemment l’intention de poursuivre cette expansion.
  • Juste avant le premier voyage d’Obama en Russie, son assistant spécial pour la Sécurité Nationale et les affaires eurasiennes informa la presse que « nous n’allons pas rassurer ou donner ou échanger quoi que ce soit aux Russes en ce qui concerne l’expansion de l’OTAN ou le système de défense anti-missiles  ». Il faisait référence au programme américain de défense anti-missiles en Europe de l’Est et à l’adhésion de deux voisins de la Russie, la Géorgie et l’Ukraine, à l’OTAN.
  • Ces deux décisions sont considérées par les analystes occidentaux comme de sérieuses menaces pour la sécurité russe, propres à enflammer les tensions internationales.
  • L’objectif des systèmes d’interception états-uniens, s’ils fonctionnent un jour, est d’empêcher toutes représailles en cas d’attaques américaine ou israélienne sur l’Iran, c’est-à-dire éliminer toute dissuasion iranienne. Les systèmes anti-missiles sont une arme de première frappe [4], et chaque côté l’a compris. Mais cela semble être un de ces faits qu’il vaut mieux laisser dans l’ombre.
  • Lors d’une conférence de l’OTAN, le secrétaire général, Jaap de Hoop Scheffer, indiquait que « les troupes de l’OTAN doivent surveiller les oléoducs de gaz et de pétrole à destination de l’Occident » et, plus globalement, protéger les routes maritimes empruntées par les tankers et les autres « infrastructures cruciales » du système énergétique. Cette décision explique plus clairement les politiques post-guerre froide visant à réformer l’OTAN en une force d’intervention mondiale dirigée par les États-Unis, particulièrement préoccupée par le contrôle de l’énergie.
  • Dès la fin de la seconde guerre mondiale, il était clair que l’Europe occidentale pouvait choisir de mener une politique indépendante, peut-être en conformité avec la vision gaulliste d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural. Dans ce cas le problème n’était plus qu’un « virus  » puisse « répandre la contagion », mais qu’une pandémie abatte le système tout entier de contrôle global. L’OTAN était considéré comme un remède à cette menace.
  • Dans cette « grande aire », les États-Unis détiendraient le « pouvoir incontesté » grâce à leur « supériorité militaire et économique » et agiraient de manière à s’assurer la « restriction de tout exercice de souveraineté » des États interférant avec leurs plans. Au début, les planificateurs pensèrent que l’Allemagne serait prédominante en Europe, mais lorsque la Russie commença à broyer la Wehrmacht, la vision devint plus large et la Grande Aire se dut d’ incorporer le plus de territoires possibles en Eurasie, avec au minimum l’Europe occidentale, cœur économique eurasien.
  • Des plans précis et rationnels d’organisation globale ont été développés, une “fonction” étant assignée à chaque région. Le Sud en général devait avoir un rôle de service : fournir des ressources, une main d’œuvre bon marché, des opportunités d’investissement et de marchés, ainsi que d’autres services comme l’importation des déchets et de la pollution. A cette époque les États-Unis n’étaient pas tellement intéressés par l’Afrique, elle fut donc confiée à l’Europe afin qu’elle l’ « exploite  » pour sa reconstruction après-guerre. On aurait pu imaginer des relations différentes entre l’Europe et l’Afrique vu leur passé historique, mais cela n’a pas été envisagé. Par contraste, les réserves de pétroles du Moyen-Orient étaient considérées comme étant « une prodigieuse source de pouvoir stratégique » et l’ « un des plus formidables trésors matériels de l’histoire mondiale  », la plus « importante aire stratégique dans le monde  », selon les mots d’Eisenhower. Les planificateurs influents admettaient que le contrôle du pétrole moyen-oriental fournirait aux États-Unis un « contrôle important sur le monde  ».
  • En ce qui concerne l’Amérique Latine, les planificateurs post-Seconde Guerre mondiale concluaient que la menace principale sur les intérêts des États-Unis était le fait de « régimes nationalistes radicaux [qui] séduisent les masses » et cherchent à satisfaire la « demande populaire d’amélioration immédiate des conditions de vie médiocres des masses  » ainsi que le développement selon les besoins domestiques. Ces tendances rentrent en conflit avec l’exigence d’ « un climat politique et économique favorable à l’investissement privé », avec un rapatriement satisfaisant des profits et avec la « protection de nos matières premières ». Une part conséquente de l’histoire ultérieure provient de ces conceptions non-contestées.
  • Si on prend le cas particulier de Mexico, un atelier du Pentagone sur la stratégie de développement pour l’Amérique Latine constatait en 1990 que les relations mexico-américaines étaient « extraordinairement positives », indifférent aux élections volées, à la violence étatique, à la torture, au traitement scandaleux des travailleurs et paysans et à d’autres menus détails. Les participants à l’atelier avaient cependant un souci en perspective : la menace d’une « ouverture démocratique  » au Mexique,
  • Le moment choisi pour l’opération Gatekeeper n’était certainement pas accidentel. Les analystes sensés avaient anticipé qu’ouvrir le Mexique à un flot d’exportations agroalimentaires fortement subventionnées ébranlerait tôt ou tard l’agriculture mexicaine, et que les entreprises mexicaines ne seraient pas capable de soutenir la compétition avec d’énormes sociétés aidées par l’État, lesquelles devaient être autorisées à opérer librement au Mexique selon le traité. Une conséquence probable était une hausse de l’émigration vers les États-Unis, à additionner à celle fuyant des pays d’Amérique Centrale, ravagés par la terreur reagannienne. La militarisation de la frontière fut une solution naturelle.
  • L’attitude populaire envers ceux qui fuient leurs pays (appelés “étrangers illégaux”) est complexe. Ils exécutent des services de grande valeur en tant que main d’œuvre très peu coûteuse et facilement exploitable. Aux États-Unis, l’agroalimentaire, le bâtiment et d’autres industries reposent massivement sur eux, et ils contribuent à la richesse des communautés où ils résident. D’un autre côté, ils réveillent le traditionnel sentiment anti-immigration.
  • Quelles que soient les réalités historiques et économiques, les immigrants ont été perçus par les pauvres et les travailleurs comme une menace pour leurs boulots, quartiers et modes de vie. Il est important de garder à l’esprit que les gens qui protestent aujourd’hui ont de réels doléances. Ils sont victimes de la financiarisation de l’économie et des programmes néolibéraux de mondialisation conçus pour transférer la production à l’étranger et les mettre en compétition avec les travailleurs du monde entier, et donc baisser leurs salaires et avantages. Pendant ce temps, les professionnels diplômés sont protégés des forces du marché et les propriétaires et dirigeants s’enrichissent. À nouveau la maxime de Smith.
  • Les répercussions sont sévères depuis les années Reagan et se manifestent de façon extrêmement déplaisante, comme on peut le voir actuellement en unes des journaux. Les deux partis politiques se battent pour savoir lequel des deux pourra proclamer avec le plus de ferveur son attachement à la doctrine sadique selon laquelle les soins médicaux doivent être refusés aux « étrangers illégaux ». Leur position est cohérente avec le principe juridique, établi par la Cour Suprême, selon lequel ces créatures ne sont pas des « personnes  » selon la loi, et qu’ils ne disposent donc pas des droits accordés aux personnes.
  • Au même moment, la Cour examine si les grandes sociétés ne devraient pas avoir la permission d’acheter les élections librement au lieu de le faire de manière détournée C’est un problème constitutionnel majeur, puisque les tribunaux ont établis que, contrairement aux sans-papiers, les entreprises sont des personnes réelles selon la loi, et ont en fait des droits bien supérieurs à celles faites de chair et de sang, tels ceux accordés par le mal nommé « accord de libre-échange ». Ces coïncidences parlantes ne suscitent aucun commentaire. La loi est bel et bien une solennelle et majestueuse affaire.
  • Une différence fondamentale entre Bush et Obama fut très bien formulée par l’un des hauts conseillers de l’administration Kennedy, à l’époque de la crise des missiles à Cuba. Les planificateurs de Kennedy prenaient des décisions qui menaçaient littéralement l’Angleterre d’extinction, mais n’en informaient pas les Britanniques. A ce moment là, le conseiller définissait ainsi la « relation spéciale » avec la Grande Bretagne : elle est , disait-il, « notre lieutenant – le terme en vogue étant ’partenaire’  ». Naturellement, l’Angleterre préfère le terme en vogue.
  • Bush et ses sbires traitent le monde comme « nos lieutenants ». Ainsi, en annonçant l’invasion de l’Irak, ils informèrent l’ONU qu’elle pouvait suivre les ordres américains ou « ne plus avoir de raison d’être ». Une telle arrogance a bien évidemment suscité de l’hostilité. Obama a choisi une autre méthode : il reçoit les dirigeants et les peuples du monde poliment, en tant que « partenaires  », et c’est seulement en privé qu’il continue à les traiter comme des « lieutenants  ». Les dirigeants étrangers préfèrent cette approche et le public est aussi parfois hypnotisé par cette attitude. Mais il est sage de s’en tenir aux faits et non au comportement rhétorique et plaisant. Les faits racontent une histoire différente d’habitude, et ce cas là ne fait pas exception.
  • Le système mondiale actuel reste unipolaire dans un domaine, celui de la force. Les États-Unis dépensent quasiment autant pour la force militaire que le reste du monde réuni, et sont bien plus avancés en ce qui concerne la technologie de destruction. C’est aussi le seul pays à avoir des centaines de bases militaires tout autour du monde et à occuper deux pays dans les régions cruciales pour la production d’énergie. Il y établit des méga-ambassades gigantesques, de l’ordre d’une ville à l’intérieur de la ville, ce qui est une claire indication de ses intentions futures. A Bagdad, les coûts prévisionnels de la méga-ambassade sont de 1.5 milliard de dollars cette année et de 1.8 dans les prochaines années. Le coût de leurs équivalents au Pakistan et en Afghanistan est inconnu, tout comme le futur des énormes bases militaires établies en Irak.
  • Dissoute en 1950, la quatrième Flotte US a été réactivée en 2008, peu de temps après l’invasion colombienne de l’Équateur. Son champ d’action couvre les Caraïbes, l’Amérique Centrale et du Sud ainsi que les eaux environnantes. La marine définit ses « diverses opérations » comme la lutte contre les trafics illégaux, la coopération régionale en matière de sécurité, l’interaction entre les forces armées et les formations militaires bilatérales ou multinationales. La réactivation de la flotte a naturellement provoqué un tollé et l’inquiétude des gouvernements brésilien, vénézuélien et autres.
  • Ces plans font partie d’une politique plus générale de militarisation de l’Amérique latine. L’entraînement des officiers latino-américains a fortement augmenté dans la dernière décennie, bien au dessus des niveaux de la Guerre Froide. La police se forme aux tactiques d’infanterie légère. Leur mission est de combattre les « gangs de jeunes  » et le «  populisme radical  », ce dernier terme n’étant que trop bien compris en Amérique latine.
  • Le prétexte est celui de la « guerre contre la drogue ». Mais, même si nous acceptons la singulière affirmation selon laquelle les EU ont le droit de mener cette « guerre  » dans des pays étrangers, il est difficile de le prendre au sérieux. Les raisons sont connues, elles ont été redites en février par la commission sur les drogues et la démocratie, dirigée par les anciens présidents sud américains Cardoso, Zedillo et Gaviria. Leur rapport conclut que la guerre contre la drogue a été un échec complet et appelle à changer radicalement de politique, en se détournant des mesures brutales vers d’autres plus efficaces et beaucoup moins coûteuses.
  • Quelque-uns accusaient même Washington de crimes, et non pas simplement d’erreurs commises par excès de naïveté et bienveillance comme le déclaraient les commentateurs libéraux, obéissant en cela à la logique bien établie de Thucydide. Un problème apparenté était l’activisme, particulièrement parmi les jeunes, qui provoquait un « excès de démocratie » selon les avertissements d’intellectuels libéraux. Ils demandaient la restauration de l’obéissance et de la passivité ainsi que l’application par Nixon de mesures beaucoup plus brutales.
  • Les fondations étaient posées pour une campagne nationale « Loi et Ordre » visant à discipliner ceux qui s’égaraient au-delà des limites de subordination à la doctrine et au pouvoir. Le succès fut conséquent. Sans susciter aucune critique ou commentaire, le président Carter pouvait expliquer que nous n’avions aucune dette envers les vietnamiens, car la « destruction était mutuelle ». Pour Reagan la guerre était une « noble cause » et le président Bush Sr. put continuer à informer les vietnamiens, sans aucune objection publique, que nous ne pourrions jamais pardonner leurs crimes envers nous, mais que par compassion nous serions d’accord pour les laisser rejoindre le monde que nous dirigions. Pour cela, il fallait qu’ils démontrent leur bonne volonté en s’occupant du seul problème moral subsistant : cette « noble cause  » qui consistait à se dévouer afin de retrouver les ossements des pilotes américains abattus alors qu’ils bombardaient le Vietnam.
  • Bien que le monde soit unipolaire sur le plan militaire, cela n’est plus le cas depuis quelque temps sur le plan économique. Au début des années 1970 le monde devenait économiquement « tripolaire  », avec des centres comparables en Amérique du Nord, Europe et dans le nord-est de l’Asie. De nos jours l’économie mondiale est devenue encore plus diverse, particulièrement avec la rapide croissance d’économies asiatiques défiant les règles néolibérales du « consensus de Washington ». L’Amérique latine aussi se défait de ce joug. Les efforts états-uniens pour la militariser sont une réponse à ces développements (particulièrement en Amérique du Sud), qui, pour la première fois depuis les conquêtes européennes, commencent à s’adresser aux problèmes fondamentaux qui ont empoisonné et continuent d’empoisonner le continent.
  • Les questions d’intégration interne sont encore plus significatives. Il y a enfin des efforts sérieux pour s’adresser à la pathologie latino-américaine de gouvernance par d’étroits secteurs nageant dans l’opulence au beau milieu d’un océan de misère, les riches étant exempts de responsabilité si ce n’est de celle de s’enrichir, contrairement à l’Asie de l’est. Une de ces mesures concerne la fuite des capitaux. En Amérique Latine elle atteint presque le montant de l’étouffante dette. Dans les pays d’Asie de l’est elle a été fermement contrôlée. En Corée du Sud par exemple, pendant la période de forte croissance, l’exportation de capital était passible de peine de mort.
  • Ces développements en Amérique latine, parfois menés par d’impressionnants mouvements populaires de masse, sont d’une grande importance. Ils suscitent bien évidemment des réactions amères de la part des élites traditionnelles, supportées par la superpuissance voisine. Les obstacles sont immenses mais s’ils sont surmontés, cela pourrait changer de façon significative le destin de l’Amérique latine et entraîner de véritables conséquences ailleurs.
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    Superbe conférence de Noam Chomsky sur l'histoire de la politique etrangère guerrière US.
Jon Snow

« On n'a plus le temps... », par Serge Halimi (Le Monde diplomatique) - 0 views

  • En particulier sur la Toile. Aujourd’hui, aux 35 millions de Français qui lisent un périodique s’ajoutent ou se superposent 25 millions d’internautes qui, chaque mois, consultent au moins un site de presse. Mais ces derniers ont été habitués à croire que le règne de la société sans argent était advenu — sauf lorsqu’ils se précipitent pour acheter, cette fois au prix fort, leur ordinateur, leur Smartphone ou leur tablette, souvent pour pouvoir consulter une presse qui leur est offerte... L’audience en ligne ne rapporte donc pas grand-chose à ceux qui recherchent, éditent, corrigent, vérifient l’information. Ainsi une structure économique parasitaire s’édifie peu à peu qui concède aux uns tous les profits du commerce. Et qui facture aux autres tous les coûts de la « gratuité » (2). Un quotidien comme The Guardian, par exemple, est devenu grâce à son site Internet numéro un de l’audience au Royaume-Uni et troisième dans le monde, sans que cela l’empêche — et, devrait-on dire, au contraire — de perdre l’année dernière 57 millions d’euros et de licencier plus de soixante-dix journalistes. Car bien qu’elle requière toujours davantage d’investissements, la croissance du trafic numérique des journaux coïncide en général avec la réduction de leurs ventes en kiosques. Assurément, près de 6 millions de Britanniques lisent au moins un article du Guardian par semaine, mais seuls 211 000 l’achètent quotidiennement. C’est cette petite population, déclinante, qui finance la lecture gratuite de la plupart des internautes. Un jour, forcément, ce voyage s’arrêtera pour tous faute de carburant.
  • vec l’information en ligne, le fiasco du même calcul est devenu patent. Les sites de presse ont beau aligner les succès d’audience, la ressource publicitaire ne leur parvient qu’au compte-gouttes. Car son produit profite avant tout aux moteurs de recherche, devenus selon M. Marc Feuillée, président du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), « des mégarégies publicitaires, absorbant comme des Moloch la quasi-totalité des revenus de nos annonceurs ». M. Feuillée précise : « Entre 2000 et 2010, le chiffre d’affaires publicitaire des moteurs est passé de 0 à 1,4 milliard d’euros, celui de la presse [en ligne] de 0 à 250 millions d’euros (3). » Informé en détail des goûts et des lectures de chacun d’entre nous, capable (comme Facebook) de vendre aussitôt cette avalanche de données personnelles aux publicitaires, qui s’en serviront pour mieux « cibler » leur gibier, Google est également passé maître dans l’art de faire de l’« optimisation fiscale » en Irlande et aux Bermudes. Très opulente, cette multinationale ne paie donc presque pas d’impôts.
  • Quant au nombre revendiqué d’abonnés, il s’écroulerait sans les techniques dignes du hard discount que colporte par exemple le jovial directeur du Nouvel Observateur chaque fois qu’il propose 13 numéros de son magazine pour 15 euros, avec en prime une « montre de collection Lip Classic ». Mais le patron de L’Express aux écharpes colorées surenchérit aussitôt : avec lui, c’est 45 numéros pour 45 euros, et en bonus un « réveil à ambiance lumineuse et sonore ».
  • ...4 more annotations...
  • Soyons donc singuliers également dans notre franchise : depuis janvier de cette année, la diffusion du Monde diplomatique a baissé de 7,2 %. Le temps qui fait défaut, l’argent aussi, un certain découragement face à une crise qui se déploie ainsi que nous l’avons anticipé, bien avant les autres, mais à laquelle nous ne pouvons pas seuls apporter remède, une contestation de l’ordre économique et social qui peine à trouver des débouchés politiques : tout cela a contribué à notre recul.
  • Au fond, peu importe : notre réseau social, c’est vous. C’est donc à vous qu’il revient d’abord de faire connaître ce mensuel, ses valeurs, d’encourager son aventure intellectuelle, ses engagements. De convaincre autour de vous qu’il n’est ni urgent ni nécessaire de réagir à toutes les « polémiques », de tout embrasser pour ne rien étreindre, de tout parcourir pour ne rien retenir. Et qu’il est bon — par exemple une fois par mois ? — de quitter la pièce où les gens vocifèrent, de décider qu’on s’arrête et qu’on réfléchit.
  • A quoi peut servir un journal ? A apprendre et à comprendre. A donner un peu de cohérence au fracas du monde là où d’autres empilent des informations. A penser posément ses combats, à identifier et faire connaître ceux qui les portent. A ne jamais rester solidaire d’un pouvoir au nom des références qu’il affiche sitôt que ses actions les démentent. A refuser le verrouillage identitaire d’un « choc des civilisations » oubliant que l’héritage de l’« Occident », c’est le sac du Palais d’été, la destruction de l’environnement, mais aussi le syndicalisme, l’écologie, le féminisme — la guerre d’Algérie et les « porteurs de valises ». Et que le « Sud », les pays émergents qui défont l’ordre colonial, englobe des forces religieuses moyenâgeuses, des oligarchies prédatrices, et des mouvements qui les combattent — le géant taïwanais Foxconn et les ouvriers de Shenzhen.
  • A quoi peut servir un journal ? En des temps de reculs et de résignations, à défricher les sentiers de nouveaux rapports sociaux, économiques, écologiques (4). A combattre les politiques austéritaires, à aiguillonner ou à tancer des social-démocraties sans souffle et sans sève.
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    A quoi peut servir un journal ? En des temps de reculs et de résignations, à défricher les sentiers de nouveaux rapports sociaux, économiques, écologiques (4). A combattre les politiques austéritaires.
Jon Snow

Le coton rouge sang d'Ouzbékistan - 0 views

  • Venons-en au coton. Ce qui était jadis une merveilleuse plante cultivée est devenue, pour cause de surexploitation industrielle et de mondialisation, une folle tueuse d’hommes et d’espaces. Dans le document que j’ai lu (de nouveau ici), on apprend quantité de choses. Pour commencer, vraiment désolé, on voit la photo de corps suppliciés par les flics du dictateur. L’un d’eux a été atrocement torturé. La suite s’appelle le coton, de loin la plus grande richesse du pays, qui est probablement aujourd’hui encore le second exportateur mondial. Les ventes représentent en tout cas des milliards de dollars chaque année, qui passent entre les mains du clan installé dans la capitale, Tachkent, mais aussi dans celles des barons régionaux sans lesquels on ne pourrait pas cultiver là-bas autant de coton. Rappelons en deux mots qu’il faut gâcher tant d’eau d’irrigation pour faire pousser cette manne que la mer d’Aral,  jadis un immense lac salé de 66 458 km2, a été réduit des trois quarts. Essentiellement par détournement des fleuves Amou-Daria et Syr-Daria. Essentiellement pour le coton d’Ouzbékistan et du Kazakhstan. Les 24 espèces endémiques de poissons présents dans cette merveille ont disparu à jamais. Aucun humain, aussi longue que durera notre aventure, ne les reverra plus.
  • Le système n’a que peu changé - rires préenregistrés -, et les flics de Karimov sillonnent les routes pour arrêter qui ils peuvent, et les envoyer au charbon. Pardon, au coton. Et quand je dis sillonnent, c’est à prendre au sens premier. Les flics de la route, comme le note le site moscovite Fergana.ru, se planquent avant d’arrêter les voitures imprudentes. Le système est incroyablement huilé, au point que des usines pourtant américano-ouzbèkes, comme General Motors, envoient « volontairement » et « gratuitement » travailler une partie de leurs employés dans les champs de coton. J’allais oublier - je blague - que deux millions d’enfants ouzbeks sont eux aussi envoyés au coton en septembre et octobre. Y compris des mioches de six ou sept ans. Faut remplir le bas de laine de Karimov.
  • L’agence Fergana assure le service d’infos fiables venues d’Asie centrale, parfois dans notre langue. Allez-y voir ! Et comme je suis un sadique accompli, je ne terminerai pas sans noter cette évidence : nous sommes des acteurs de ce désastre, qui touche, à des degrés certes divers, tant d’autres pays du Sud, en Asie et en Afrique surtout. Car partout, pour que l’on puisse acheter ici des cotonnades à deux balles, l’on fait travailler des gosses, l’on pressure les rivières, l’on épand des pesticides mortels sur des milliers et millions d’hectares. La solution ? Je l’ai déjà écrit tant de fois : la destruction de ce système fou, criminel, et parfaitement suicidaire. La prochaine fois que vous achèterez un tee-shirt, regardez, si toutefois l’origine est indiquée, d’où il vient. Que ce soit de Chine, du Cameroun, du Bangladesh ou d’Ouzbékistan, le coton est de nos jours rouge sang.
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    Y a des jours on ferait mieux de se ballader à poils. Ou alors d'abattre ce système de merde.
Jon Snow

Douze ans de culture du soja OGM en Argentine! - 0 views

  • L’application intensive, année après année, d’un seul herbicide (le glyphosate) a aboutit à l’émergence de mauvaises herbes qui sont devenues résistantes à ce produit chimique.
  • Pour lutter contre ces mauvaises herbes, et également contre le soja "spontané" (c’est-à-dire du soja qui pousse hors saison), les cultivateurs de soja ont commencé à pulvériser des herbicides plus forts sur leurs terres avant la plantation. On estime qu’actuellement 20 à 25 millions de litres de 2,4-D, 6 millions de litres d’atrazine (interdite dans l’Union européenne en 2004 parce qu’elle contamine les eaux souterraines) et 6 millions de litres d’endosulfan (un insecticide organochloré hautement toxique) sont utilisés sur les champs de soja chaque année. [4] Des experts cités dans une étude des Amis de la Terre considèrent que 25 millions de litres supplémentaires d’herbicides sans glyphosate seront nécessaires chaque année pour lutte contre le sorgho d'Alep.
  • Les cultivateurs de soja font peu d’efforts pour empêcher les produits chimiques d’être disséminés par le vent jusqu’aux maisons et aux terres de la population rurale. De ce fait, les produits chimiques ont eu de graves conséquences sur la santé des populations et des animaux domestiques, ils ont affecté les cultures vivrières et contaminé les sols, les cours d’eau et l’air.
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  • La production nationale de la plupart des aliments de base a baissé de façon brutale. L’Argentine, autrefois qualifiée de "grenier mondial", se retrouve obligée d’importer des denrées alimentaires. Une partie de la population commence même à souffrir de la faim. Les cultures vivrières ne sont pas les seules à avoir été affectées : la production de coton a chuté de 40 % dans la province de Chaco, et de 78 % dans la province de Formosa.
  • Toutefois, pour permettre à quelques groupes financiers d’obtenir des profits importants, l’Argentine paie le prix fort, en compromettant son avenir à long terme. Chaque année, plus de 200 000 hectares de forêts primaires sont abattues au fur et à mesure de l’avancée de la frontière des terres agricoles. [9] La monoculture intensive s’accompagne du lessivage, de l’érosion et de la dégradation des sols. On estime que la déforestation entraîne l’érosion de 19 à 30 millions de tonnes de sols par an.
  • Pendant six ans, un petit groupe de consommateurs et d’écologistes brésiliens ont lutté avec ténacité devant les tribunaux pour empêcher les OGM de pénétrer dans leur pays, mais leurs efforts ont été réduits à néant par le passage en fraude de soja RR à travers la frontière avec l’Argentine. Séduits par les promesses extravagantes des commerciaux, des agriculteurs brésiliens ont acheté ces semences illégales à une échelle si importante que l’interdiction officielle appliquée aux OGM s’est retrouvée vide de sens et a été abrogée par le président Lula. Des tactiques similaires ont été utilisées pour disséminer du soja RR au Paraguay et en Bolivie.
  • La folie du soja RR, qui est en train de transformer le Cône Sud en  "République du soja", comme certains l’ont appelée, n’a permis aucun augmentation de la productivité, malgré toutes les promesses des commerciaux. D’ailleurs, une enquête récente menée par l’Université du Kansas a montré que le soja RR avait un rendement moyen de 6 à 10 % inférieur à celui du soja conventionnel
  • Encore une technologie miracle, et un nouveau lot de problèmes pour les communautés argentines. Combien de temps cette folie va-t-elle continuer à sévir ?
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    Douze ans de monoculture OGM pour un résultat catastrophique. L'aveuglement et la cupidité gouvernent main dans la main.
Jon Snow

POURQUOI CONVOQUER UN NOUVEAU BRETTON WOODS, par Pierre Sarton du Jonchay - 0 views

  • La fin du système financier fondé à Bretton Woods intervient symboliquement le 2 aout 2011. Les États-Unis ont reconnu qu’ils n’avaient pas et n’auront jamais les recettes fiscales suffisantes pour réaligner leur dette fédérale avec la croissance réelle des revenus des contribuables étatsuniens. Il faut donc reconnaître une cessation mondiale des paiements sur les dettes.
  • Le prix mondial des actifs financiers toxiques sans valeur est très supérieur au total des fonds propres comptabilisés par le système financier. L’effondrement politique et économique des années trente est en passe de se reproduire pour les mêmes causes : désintégration de la monnaie par l’absence de règles internationales de crédit.
    • Jon Snow
       
      Ca sera l'occasion rêvée de voir enfin cette bonne vieille "main invisible" à l'oeuvre. Y a des requins qui vont pleurnicher... again.
  • La convocation du second Bretton Woods a les mêmes raisons que la première : solder les dettes du passé pour poursuivre une marche en avant universellement avantageuse. Solder un crédit n’est pas effacer le passé mais réconcilier le prix du droit convenu entre le créancier et le débiteur avec la valeur réelle attendue du futur. La philosophie de Bretton Woods reste la même mais les situations concrètes éclairent les parties d’une compréhension nouvelle de la monnaie entre les nations.
    • Jon Snow
       
      Dis comme ça!
  • ...3 more annotations...
  • Comme Keynes l’a expliqué il y a plus de 70 ans, une règle de crédit n’est pas une formule mathématique de provisionnement d’un prix à terme par une prime.
    • Jon Snow
       
      Et pan! Va l'expliquer à ta banque, ça la dépasse totalement. C'est du non-sens, c'est du socialisme! ^^
  • Une règle de crédit est d’abord un engagement collectif d’emprunter ce qu’on peut raisonnablement rembourser ; ensuite un système de négociation publique de la limite du raisonnable ; enfin un dispositif collectif de correction des engagements non tenus.Le crédit provient selon Keynes d’une compensation : premièrement de l’équivalence efficiente des engagements négociés entre prêteurs et emprunteurs ; deuxièmement de l’équivalence effective des prix attendus par les prêteurs avec les prix anticipés par les emprunteurs ; troisièmement de l’équivalence efficace des garanties proposées par les investisseurs avec le risque assumé par les prêteurs.Les trois équivalences en droit, en prix à terme et en prime de crédit définissent une unité de compte que Keynes appelle bancor. Une unité de compte rationnelle issue de la discussion permanente du crédit instaurée par la compensation. L’étalon monétaire de Keynes n’est pas un prix fixe entre une unité de compte et un bien particulier. L’étalon keynésien est une loi internationale de négociation du crédit.La loi internationale du crédit définit les limites de négociation de n’importe quel prix dans n’importe quel système juridique de n’importe quelle économie nationale. Le principe fondateur du bancor est l’égalité internationale de tout emprunteur face à tout prêteur. L’équivalence des droits est arbitrée par la compensation sous responsabilité publique inter-étatique.
    • Jon Snow
       
      Tu m'étonnes que c'est pas passé en 45. Une logique qui sous-tend de l'égalité (!), des droits et devoirs entre acteurs économiques !
  • Le néo-libéralisme marchand a perdu la guerre financière dans la crise des subprimes comme Hitler a perdu la deuxième guerre mondiale à Stalingrad. Ou bien il s’acharne jusqu’à la destruction totale, ou bien il reconnaît sa défaite pour épargner au monde des souffrances inutiles. Les chantiers de la reconstruction sont immenses. Est-il nécessaire d’empêcher les hommes de se mettre au travail ?
    • Jon Snow
       
      On voit rarement des mecs bourrés renoncés à conduire meme à contresens de la circulation. Nos hommes politiques c'est pareil. Comme le mur est pas loin, ils ont qu'à continuer. On mettra le tout à la poubelle après. :)
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    Véri goude pépeur!
Jon Snow

La Belgique part en guerre sans gouvernement par Pascal SACRE - 0 views

  • Pour nos journalistes en phase avec nos politiciens « humanitaires », toujours friands de ce genre de formule, je cite : « La Belgique » est « unanime pour intervenir en Lybie » [3].Belgique unanime, moins moi.
  • C’est l’enthousiasme parlementaire pour aller faire la guerre en Lybie.Bien entendu, chansonnette habituelle depuis quelques années, la motivation humanitaire, l’auto-persuasion de faire la guerre pour amener la paix, donne des ailes à nos gouvernants.C’est une petite berceuse que nous nous chantons en Occident, au moins depuis 1991 (première guerre du Golfe), plus longtemps pour les Etats-uniens.
  • « Dans les empennages des missiles Tomahawk se trouvent des barres d’uranium appauvri de 300 kilos. Si l’on pense qu’un projectile anti-char construit avec du métal d’uranium appauvri en contient environ 30 gr. seulement, on peut imaginer la quantité de poussières d’uranium qui se répand dans l’atmosphère dans les zones d’impact… Là-dessus le silence est total. » [5-6] La pluie envoyée par l’Occident, dont notre petit pays s’est rendu complice avec enthousiasme, cette pluie sur la Lybie sera mortelle et sans pitié, pour tous les Libyens, pas seulement Kadhafi.
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  • Tout cela, ces guerres, à un moment où nos gouvernants nous promettent des plans d’austérité comprenant le recul de l’âge de la retraite, le rognage des services publics et la réduction de nos salaires, sans compter la destruction de nos droits et libertés. Où se trouvent, dans les journaux écrits et parlés, dans les débats télévisés et radiophoniques, des politiciens, des journalistes, des experts honnêtes et courageux pour nous informer de cet aspect des choses, comme cela devrait être le cas dans une démocratie réelle, si fière de l’être ?
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