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Fabien Cadet

La désobéissance civile (1), extraits, Henri David Thoreau (1817-1862) - La r... - 0 views

  • L’armée permanente n’est que l’arme d’un gouvernement permanent.
  • Les gouvernements nous montrent avec quel succès on peut imposer aux hommes, et mieux, comme ceux-ci peuvent s’en imposer à eux-mêmes, pour leur propre avantage.
  • Le citoyen doit-il jamais un instant abdiquer sa conscience au législateur ? A quoi bon la conscience individuelle alors ?
  • ...3 more annotations...
  • On a dit assez justement qu’un groupement d’hommes n’a pas de conscience, mais un groupement d’hommes consciencieux devient un groupement doué de conscience.
    • Jon Snow
       
      ohoh :) pas mal ça.
  • C’est eux l’armée permanente, et la milice, les geôliers, les gendarmes, la force publique, etc... La plupart du temps sans exercer du tout leur libre jugement ou leur sens moral ; au contraire, il se ravalent au niveau du bois, de la terre et des pierres et on doit pouvoir fabriquer de ces automates qui rendront le même service.
  • Quelle attitude doit adopter aujourd’hui un homme face au gouvernement américain ? Je répondrai qu’il ne peut sans déchoir s’y associer. Pas un instant, je ne saurais reconnaître pour mon gouvernement cette organisation politique qui est aussi le gouvernement de l’esclave.
    • Jon Snow
       
      Rassures moi il a fini pendu ce type au moins ?!
  •  
    « Quelle attitude doit adopter aujourd'hui un homme face au gouvernement américain ? Je répondrai qu'il ne peut sans déchoir s'y associer. Pas un instant, je ne saurais reconnaître pour mon gouvernement cette organisation politique qui est aussi le gouvernement de l'esclave. »
Jon Snow

LE SIONISME : PETIT COURS DE RATTRAPAGE « Libertes & Internets - 0 views

  • Le premier attentat-suicide palestinien s’est produit en 1994, quarante jours après le massacre, par Baruch Goldstein, natif de Brooklyn, de vingt-neuf fidèles en prière à la Mosquée d’Abraham, à Hébron. A l’époque, cela faisait plus de vingt-cinq ans que la Cisjordanie, Jérusalem Est et la bande de Gaza étaient sous occupation, à la suite de la guerre de juin 1967. Ainsi, une génération entière de Palestiniens avait accédé à l’âge adulte sans avoir rien connu d’autre que l’occupation militaire, au moment où le premier attentat-suicide s’est produit.
  • L’idée qu’il s’agirait d’un conflit religieux, qui se poursuivrait depuis des milliers d’années, est inexacte. Depuis près de deux mille ans, juifs et Arabes entretenaient des relations harmonieuses et, depuis quatre siècles avant la Première guerre mondiale jusqu’à celle-ci incluse, ils avaient les mêmes droits, en tant que citoyens de l’Empire ottoman. De fait, les juifs occupaient des positions officielles éminentes, dans l’administration dudit Empire.
  • Tout a changé en 1896, avec la publication de l’ouvrage de Theodore Herzl, L’Etat juif, dans lequel il proposait l’idée de l’inévitabilité, de l’immuabilité, de la permanence et de l’omniprésence de l’antisémitisme, arguant que la seule solution à ce problème était un Etat séparé, pour les juifs.
  • ...13 more annotations...
  • Les deux mouvements réactionnaires (le nazisme et le sionisme, ndt) avaient en partage l’idée que les juifs qui vivaient en Allemagne représentaient dans ce pays une « race » étrangère et que la séparation raciale devait être pérennisée à tout prix (l’historien Lenny Brenner a écrit trois ouvrages remarquables sur la collaboration siono-nazie). L’utilisation du nazisme par les sionistes prit notamment la forme du blocage de voies de secours pour les juifs vers d’autres pays d’Europe et leur détournement vers la Palestine, même après que les trains de la mort eurent commencé à sillonner l’Europe. L’ascension politique d’Hitler et son accession au pouvoir n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque opposition du mouvement sioniste, antérieurement à la création de l’Etat d’Israël.
  • Voici ce qu’en dit Lenni Brenner : … parmi tous les juifs opposants actifs à l’idée de boycotter l’Allemagne nazie, le plus important fut l’Organisation Sioniste Mondiale [World Zionists Organisation – WZO]. Non seulement cette organisation acheta des équipements allemands, elle les revendit et elle alla jusqu’à chercher de nouveaux clients à Hitler et aux industriels qui le finançaient et le soutenaient.
  • … « La WZO perçut la victoire d’Hitler comme sa filiale allemande, la ZVfD, l’Organisation Sioniste d’Allemagne : elles y virent non pas principalement une défaite pour tous les juifs, mais comme une preuve positive de l’échec de l’assimilation et du libéralisme » [Brenner, Zionism in the Age of Dictators].
  • Bien qu’Herzl eût envisagé de jeter son dévolu sur une région d’Argentine, et même sur une région de l’Ethiopie, la Palestine fut le site sur lequel se dégagea le plus important consensus. A propos des indigènes palestiniens, qui étaient à l’époque environ un million à vivre en Palestine, il avait dit : «Nous ferons disparaître la population sans le sous à travers la frontière en lui refusant tout emploi. Le processus de l’expropriation et le déplacement des pauvres doivent être menés à bien avec discrétion et circonspection. »
  • Dans son ouvrage Le Mur de fer, paru en 1923, Vladimir Jabotinsky, fondateur de l’aile « révisionniste » du sionisme, écrivait :
  • « Tout peuple voit dans son pays son foyer national, dont il veut être le maître total. Un peuple ne laissera jamais son pays, de son plein gré, à un nouveau maître. Ce sont donc les tenants d’un compromis avec les Arabes, parmi nous, qui sont invités à nous convaincre que les Arabes sont des sortes d’imbéciles qu’il serait possible de duper avec des formulations dissimulant nos objectifs fondamentaux. Je refuse tout de go d’avaliser cette vision avilissante des Arabes palestiniens… « Les Palestiniens vont se battre comme ils le font tant qu’il leur restera la moindre étincelle d’espoir…. Peu importe les termes dont nous usons pour expliquer notre colonisation. La colonisation a sa signification, intégrale et inéluctable, que chaque juif et que chaque Arabe connaît fort bien. La colonisation n’a qu’un seul but. C’est dans la nature même des choses. Changer cette nature est quelque chose d’impossible. Il a été nécessaire de poursuivre la colonisation à l’encontre de la volonté des Arabes palestiniens, et les conditions actuelles sont strictement les mêmes.
  • « Si vous voulez coloniser une terre déjà habitée par des gens, vous devez lever une armée pour conquérir cette terre… Sinon ? Sinon, renoncez à votre colonisation, car, à défaut d’une armée qui rende physiquement impossible toute tentative pour détruire cette colonisation ou en empêcher l’installation, la colonisation est impossible. Le sionisme est une aventure de colonisation : la question de son échec ou de sa réussite tourne toute entière autour de sa force armée. Bien entendu, parler hébreu, c’est important. Mais, malheureusement, il est encore plus important de savoir viser et tirer – sinon, je n’ai rien contre l’idée de jouer à la colonisation…
  • Les « sionistes révisionnistes » étaient partisans de réviser le mandat britannique sur la Palestine afin d’y inclure la rive orientale du Jourdain (la Transjordanie, ndt), qui constitue aujourd’hui la Jordanie, aussi bien que la Cisjordanie, le Jourdain formant la frontière orientale du territoire sous mandat britannique, à l’époque. Le parti « révisionniste » s’est transformé, au fil des années, en l’actuel parti Likoud, le parti de droite de Menahem Begin, qui voyait en Jabotinsky sont parangon et son mentor philosophique. C’est aussi le parti d’Yitzhak Shamir, qui est devenu le chef du parti Révisionniste au moment de la mort de Jabotinksky, ainsi que celui d’Ariel Sharon et de Benjamin Netanyahu.
  • Et, en février 1948, Ben Gourion disait à Yosef Weitz, directeur de la colonisation du Fonds National Juif et chef du Comité du Transfert de 1948 : « C’est la guerre qui nous donnera notre terre. Le concept de ce qui est à nous et de ce qui n’est pas à nous est un concept qui relève uniquement d’une situation de paix : nous sommes en guerre, et ces concepts ont perdu toute signification. »
  • En 1983, Raphael Eytan, alors chef d’état major des Forces Israéliennes de Défonce [Tsahal, ndt] a dit : « Nous déclarons ouvertement que les Arabes n’ont aucun droit à s’installer sur le moindre centimètre carré de la Terre (sacrée) d’Israël [Eretz Israel]… Apparemment, la force est la seule chose qu’ils comprennent ou comprendront. Nous devons user de la force la plus extrême jusqu’à ce que les Palestiniens viennent ramper devant nous… Quand nous aurons peuplé les terres, la seule chose que les Arabes seront en mesure de faire, c’est de courir partout, comme des cafards saouls enfermés dans une bouteille… »
  • En 2002, Moshe Yaalon, chef d’état-major de l’armée israélienne, a dit : « Il faut faire comprendre aux Palestiniens, jusqu’aux tréfonds de leur conscience, qu’ils sont un peuple vaincu. » Entre l’époque où Israël s’est autoproclamé un Etat, en mai 1948, et l’été 2005, Israël a tué 50 000 Palestiniens, estime l’historien israélien Ilan Pappe. Et depuis octobre 2000, Israël a tué 6 348 Palestiniens, affirme le site ouèbe If Americans Knew [Si les Américains savaient ça…] Ce dernier chiffre correspond à environ 2 Palestiniens tués, chaque jour, par Israël [1,932, selon un calcul personnel]
  • Il est des sionistes qui seraient favorables à une solution à deux Etats et à un retrait de la présence militaire israélienne à l’intérieur des frontières de l’Israël pré-1967, tout en autorisant la création d’un mini-état « palestinien » sur les 22 % de la Palestine restants. Mais la réalité, sur le terrain, c’est qu’Israël s’est étendu au-delà du point de ce retrait, avec l’installation de 300 000 colons en Cisjordanie et de 183 000 colons à Jérusalem Est (à la date où cet article est écrit), avec au minimum 200 colonies en Cisjordanie dont certaines sont deux fois plus étendues que Manhattan, avec leurs écoles, leurs universités, leurs centres commerciaux et leurs milliards de dollars d’investissements en infrastructures tant publiques que privées et un système ségrégué de 4502 km d’autoroutes réservées aux seuls juifs, coupant en deux la Cisjordanie, les Palestiniens étant emprisonnés entre ces barrières de béton et d’asphalte, en des bantoustans discontinus.
  • Mais, quoi que pensent ces sionistes modérés qui prônent le retrait à l’intérieur des frontières de 1967, la dynamique d’Israël, c’est l’expansion, comme cela a toujours été le cas, depuis sa création. Les forces centrifuges qui poussent à cette expansion sont multiples et complexes ; elles sont religieuses, elles sont militaires, elles sont sécuritaires, elles sont dues à une soif de pouvoir pour le pouvoir. Mais elles sont constantes, elles ont derrière elles un élan séculaire, et elles représentent un siècle de sionisme en action.
Jon Snow

Adieu la République… Vive l'Oligarchie ! (Episode 1) - Etat prédateur - Basta ! - 0 views

  • « Sous George W. Bush, les bases du conservatisme de libre marché ont été abandonnées et ont été remplacées par les structures d’un État prédateur, la capture des administrations publiques par la clientèle privée d’une élite au pouvoir », écrit-il. Pour l’économiste, l’exaltation du marché libre et de son efficacité par les néolibéraux n’est qu’un discours à usage externe qui permet de faire main basse sur les ressources du Trésor public. « L’État prédateur est un système économique au sein duquel des secteurs entiers ont été construits pour festoyer aux dépens d’institutions publiques initialement mises en place à des fins d’intérêt publics (…). La république-entreprise administre simplement le « spoils system », le partage du butin. »
  • En France, cette mainmise du privé sur l’argent public est aisément illustrée par la politique de partenariat public-privé mise en avant dans tous les secteurs où la puissance publique intervient : voirie, éclairage public, gestion du trafic urbain ou de l’eau, construction de bâtiments administratifs, culturels, éducatifs, sanitaires ou pénitentiaires… On peut aussi y ajouter les infrastructures sportives, le réseau Internet, le traitement des déchets, l’aménagement et les transports urbains, la formation, la vidéo surveillance ou l’accompagnement des demandeurs d’emplois.
  • Le principe est que l’État contracte l’achat de services de longue durée auprès du secteur privé. C’est le privé qui fournit le financement des infrastructures et qui a la charge de leur construction et de leur maintenance. En retour, il exploite pendant 15 à 30 ans le service fourni et reçoit un loyer de la collectivité locale ou de l’État, donc des contribuables. En janvier 2008, l’ensemble des partenariats public-privé (PPP) signés représentait 10 milliards d’euros. A terme, ces contrats représenteront 10 à 15 % des 60 milliards d’euros consacrés à l’investissement public, soit entre six et neuf milliards.
  • ...5 more annotations...
  • « Le résultat est impressionnant. Vinci a la concession de ponts, de tunnels, d’aéroports et de plus de 4.400 kilomètres d’autoroutes en Europe. (…) Les concessions sont accordées pour des durées de trente à soixante-dix ans. Elles compensent le caractère cyclique de l’activité de construction et sont très rentables. Au premier semestre, elles ont généré 62 % du résultat opérationnel, pour moins de 15 % du chiffre d’affaires... », commente Le Journal des Finances. Merci l’Etat !
    • Jon Snow
       
      Il est loin le mythe du capital libre et innovant.
  • Pourtant les exemples de dysfonctionnement abondent : écoles qui refusent d’inscrire certains élèves pour maintenir leur taux de « réussite » et donc leur attractivité, fermeture de 15.000 lits d’hôpital en 9 ans… Un million et demi de Britanniques attendent parfois un an pour se faire soigner à l’hôpital.
  • « L’État concurrentiel, ce n’est pas l’État arbitre entre intérêts, c’est l’État partenaire des intérêts oligopolistiques dans la guerre économique mondiale », écrivent Philippe Dardot et Christian Laval dans La Nouvelle raison du monde (La Découverte). Sous couvert d’« urgence nationale », de véritables cadeaux sont offerts aux multinationales. Citons la débauche de moyens mis en place en direction des laboratoires pharmaceutiques en charge de créer un vaccin contre la grippe AH1N1.
  • De son côté, GlaxoSmithKline, malgré 1,3 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2008, s’apprête à licencier 434 personnes en France. Suppressions d’emploi qui viennent s’ajouter aux 750 de début 2009. Sans oublier la culpabilisation des citoyens face au trou de la Sécurité sociale et les pubs gouvernementales contre la fraude. Ces grands discours ne concernent évidemment pas l’argent que retirent les actionnaires des grands groupes pharmaceutiques des juteux investissements que leur offre l’Etat.
  • Sans ses interventions économiques, ces entreprises ne pourraient prospérer. « Leur raison d’être est plutôt de tirer de l’argent de l’État. Cela exige le mariage d’une organisation économique et d’une organisation politique, explique-t-il. Ce qui s’y joue n’est pas l’affrontement bipolaire sur lequel se concentre une si large part des efforts de pensée et d’argumentation — « l’État » contre « le marché ». Contrairement à ce que leur formation en économie conduit de nombreux esprits à supposer, on n’y livre pas non plus, pour l’essentiel, un combat perpétuel autour de l’enjeu : « Faut-il élargir ou rétrécir le champ d’action de l’État ? » On y postule plutôt que peu à peu, au fil du temps, le rôle de l’État va grandir. Tous ceux qui jouent un rôle sérieux dans les débats sur l’action publique, au fond, sont d’accord là-dessus. »
Jon Snow

Quand Freud et Einstein imaginaient l'ONU (Le Monde diplomatique) - 0 views

  • « Tout ce qui travaille au développement de la culture travaille aussi contre la guerre. »
  • La culture, remède ultime ? Une remarque qui en rappelle une autre, émise en 1889 par l’une des plus ardentes militantes pacifistes de l’histoire moderne, Bertha von Suttner : si « la guerre est la négation de la culture », cette dernière est aussi un moyen de mettre un terme à la guerre
  • « L’avenir appartient à la gentillesse. »
  • ...5 more annotations...
  • Bertha von Suttner, qui convainquit Alfred Nobel de créer son fameux Prix de la paix, fut la première femme, neuf ans après le décès de celui-ci, à se le voir décerner, en 1905
  • Au cours des siècles furent ainsi initiées diverses formes d’alliances, internationales ou régionales, tel le traité de Westphalie, adopté en 1648 lors du premier congrès diplomatique moderne, qui mit fin à la guerre de Trente Ans (laquelle avait impliqué plusieurs territoires de ce que l’on appelle aujourd’hui l’Europe), tout en entérinant en quelque sorte pour la première fois la naissance d’Etats territoriaux en tant qu’entités politiques à part entière.
  • Mais c’est véritablement le congrès de Vienne, motivé par le souhait des pays vainqueurs de Napoléon (3) de se protéger de toute autre tentative d’invasion par la France, et de rendre aux pays leurs frontières d’avant la Révolution française de 1789, qui marqua la première étape importante dans l’édification d’une organisation interétatique et du concept de coopération internationale.
  • Dès le lendemain de ce congrès entra en fonctions la première organisation internationale jamais créée, la Commission centrale pour la navigation du Rhin, établie officiellement en 1816 après avoir pris racine dès 1804 par un accord passé entre l’Allemagne et la France. Une institution aux objectifs très limités, certes, visant à réglementer de manière pacifique tout aspect de la circulation sur le fleuve et dans les environs, mais toujours en activité aujourd’hui, et basée à Strasbourg.
  • Quant aux efforts de paix directement consécutifs au congrès de Vienne, ils se remarquèrent surtout lors de la conférence internationale de la paix, rassemblant vingt-six nations, tenue à La Haye en 1899 à la convocation du tsar Nicolas II de Russie et de la reine Wilhelmine des Pays-Bas. La conférence, à laquelle assistèrent Bertha von Suttner et d’autres pacifistes, aboutit à la création de la Cour d’arbitrage international de La Haye, mécanisme visant à faciliter le règlement pacifique des différends internationaux, toujours en vigueur.
Jon Snow

« Le Moment unipolaire et l'ère Obama » : une conférence de Noam Chomsky - Ar... - 0 views

  • Quant on se penche sur les affaires internationales, il est important de garder à l’esprit plusieurs principes considérablement répandus et utilisés. Le premier est la maxime de Thucydide : les forts agissent tel qu’ils le veulent, et les faibles souffrent tel qu’ils le doivent.
  • Un second thème directeur fut exprimé par Adam Smith. Il parlait de l’Angleterre, la plus grande puissance de son époque, mais son observation peut se généraliser. Smith observait que les « architectes principaux » de la politique anglaise étaient les marchands et les fabricants, lesquels s’assuraient que leurs intérêts personnels soient bien servis par la politique, quelles qu’en soient les conséquences néfastes sur les autres (y compris sur le peuple anglais).
  • Dans un cours d’économie, on apprend que les marchés sont basés sur des consommateurs éclairés qui prennent leurs décisions de manière rationnelle. Mais quiconque regarde une publicité télé sait que les entreprises consacrent de grosses ressources à créer des consommateurs standardisés prenant des décisions irrationnelles. Les méthodes utilisées pour ébranler les marchés sont adaptées afin de saper la démocratie, créant un électorat profane qui prendra des décisions irrationnelles sur un faible éventail d’alternatives compatibles avec les intérêts des deux partis, lesquels devraient être considérés comme des factions concurrentes du parti unique des affaires. Dans le monde des affaires et celui de la politique, les architectes politiques ont régulièrement été hostiles aux marchés et à la démocratie, sauf en cas d’avantages temporaires. La rhétorique est différente bien sûr, mais les faits sont là.
  • ...36 more annotations...
  • Alors que les politiques bipartisanes [2] envers Cuba s’accordent avec la maxime de Thucydide, elles rentrent en conflit avec le principe de Smith et nous donnent donc un aperçu particulier sur la formation des politiques. Depuis des dizaines d’années, le peuple américain est en faveur de la normalisation des relations avec Cuba. Si ignorer la volonté de la population n’a rien d’inhabituel, ce qui est plus intéressant dans ce cas c’est que de puissants secteurs du monde des affaires sont en faveur de la normalisation : l’agroalimentaire, les industriels de l’énergie, les sociétés pharmaceutiques et bien d’autres qui forment d’habitude le cadre politique. Leurs intérêts dans ce cas sont supplantés par un principe des affaires internationales délaissé par la littérature universitaire spécialisée. C’est ce qu’on pourrait appeler le principe de la Mafia. Le parrain ne tolère pas les exemples de « défi réussi », même de la part d’un petit épicier qui ne peut payer pour sa protection. C’est trop dangereux. Par conséquent, il faut le réprimer, et ce de manière brutale, afin que les autres comprennent que la désobéissance, le « défi réussi », n’est pas une option valable. Un défi réussi envers le maître peut être un « virus  » qui « répand la contagion », pour emprunter un terme d’Henry Kissinger lorsqu’il préparait le renversement du gouvernement Allende
  • Par exemple, lorsque Washington se préparait à renverser le gouvernement Allende, le Conseil National de Sécurité nota que, si les États-Unis ne pouvaient pas contrôler l’Amérique Latine, ils ne pouvaient prétendre « obtenir un ordre satisfaisant ailleurs dans le monde  », c’est-à-dire imposer leur domination efficacement au reste du monde. La « crédibilité  » de Washington en aurait été entamée, comme l’a avoué Henry Kissinger. D’autres pourraient se tourner vers la désobéissance, s’inspirer des « défis réussis  », si le virus chilien n’était pas détruit avant qu’il ne puisse « répandre la contagion ». Par conséquent la démocratie parlementaire au Chili devait disparaître, comme ça s’est passé à l’occasion du premier 11 Septembre, en 1973. Cet événement a disparu de l’histoire occidentale, bien qu’en termes de conséquences pour le Chili et ailleurs, cela surpasse de loin les terribles crimes du 11 septembre 2001.
  • Avec cet arrière-plan en tête, tournons-nous vers le « moment unipolaire  », sujet d’un grand nombre de discussions universitaires et populaires depuis l’effondrement de l’Union Soviétique il y a 20 ans, qui fit passer les États-Unis de principale superpuissance mondiale à seule superpuissance mondiale. Nous apprenons beaucoup sur la nature de la Guerre Froide et des évènements survenus depuis lors en regardant la façon dont Washington a réagi à la disparition de son ennemi mondial, de cette « impitoyable et monolithique conspiration » visant à s’emparer du monde pour reprendre la description de John F. Kennedy.
  • il leur fallait trouver un nouveau prétexte. Il fut vite donné : la menace des narcotrafiquants hispaniques focalisés sur la destruction des EU. La « guerre contre la drogue » fut certes lancée par Nixon, mais elle prit un rôle nouveau et plus important au cours du moment unipolaire.
  • Le besoin d’un nouveau prétexte guida aussi la réaction officielle à l’effondrement de la superpuissance ennemie. En quelques mois, l’administration de Bush père exposa le nouveau cap de Washington : en bref, tout restera comme avant, mais sous de nouveaux prétextes. Nous avons toujours besoin d’un gros système militaire, mais pour une nouvelle raison : la « sophistication technologique » des puissances du Tiers-monde. Nous devons maintenir la « base industrielle de défense  », un euphémisme pour désigner l’industrie de haute technologie soutenue par l’État. Nous devons maintenir les forces d’intervention pour les régions du Moyen-Orient riches en énergie, où les menaces importantes contre nos intérêts ne peuvent plus être rejetées sur le Kremlin, contrairement aux décennies de mensonges précédentes. Tout ceci passa discrètement et fut à peine signalé. Mais pour ceux qui cherchent à comprendre le monde, c’est très instructif.
  • Les élites intellectuelles se mirent rapidement au travail et remplirent leur mission. Elles annoncèrent une «  révolution normative » qui accordait aux États-Unis le droit d’ « intervention humanitaire », ceci pour les plus nobles des raisons bien entendu. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les victimes traditionnelles n’étaient guère convaincues. Au Sud, des conférences de haut-niveau condamnèrent amèrement « le soi-disant ’droit’ d’intervention humanitaire ».
  • Un affinage était donc nécessaire, et le concept de la « responsabilité de protection » fut échafaudé à sa place. Ceux qui prêtent attention à l’histoire ne seront pas surpris de découvrir que les puissances occidentales exercent leur «  responsabilité de protection  » de manière extrêmement sélective, en parfaite correspondance avec les trois maximes.
  • Les faits concordent de manière troublante et requièrent une agilité considérable de la part des classes intellectuelles
  • Alors que l’Union Soviétique s’écroulait, Mikhaïl Gorbatchev fit une concession sidérante : il accepta que l’Allemagne réunifiée rejoigne l’alliance militaire hostile dirigée par la superpuissance mondiale, malgré le fait que les Allemands aient à eux-seuls quasi anéanti la Russie deux fois au cours du siècle. Il y avait cependant un quid pro quo [3].
  • L’administration Bush promit à Gorbatchev que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Allemagne de l’Est, et encore moins plus loin à l’Est. Elle garantit aussi à Gorbatchev que « l’OTAN se transformera elle-même en une organisation plus politique  ». Gorbatchev proposa aussi la création d’une zone dénucléarisée de l’Arctique à la Mer Noire, afin d’établir une « zone de paix  » pour lever toute menace sur l’Europe, de l’Est ou de l’Ouest. Cette proposition fut rejetée sans examen.
  • Clinton a pris ses fonctions peu de temps après. Les engagements de Washington ont rapidement disparu. Il est inutile de faire des commentaires sur la promesse que l’OTAN deviendrait une organisation plus politique. Clinton a élargi l’OTAN à l’Est, et Bush a surenchéri. Obama a apparemment l’intention de poursuivre cette expansion.
  • Juste avant le premier voyage d’Obama en Russie, son assistant spécial pour la Sécurité Nationale et les affaires eurasiennes informa la presse que « nous n’allons pas rassurer ou donner ou échanger quoi que ce soit aux Russes en ce qui concerne l’expansion de l’OTAN ou le système de défense anti-missiles  ». Il faisait référence au programme américain de défense anti-missiles en Europe de l’Est et à l’adhésion de deux voisins de la Russie, la Géorgie et l’Ukraine, à l’OTAN.
  • Ces deux décisions sont considérées par les analystes occidentaux comme de sérieuses menaces pour la sécurité russe, propres à enflammer les tensions internationales.
  • L’objectif des systèmes d’interception états-uniens, s’ils fonctionnent un jour, est d’empêcher toutes représailles en cas d’attaques américaine ou israélienne sur l’Iran, c’est-à-dire éliminer toute dissuasion iranienne. Les systèmes anti-missiles sont une arme de première frappe [4], et chaque côté l’a compris. Mais cela semble être un de ces faits qu’il vaut mieux laisser dans l’ombre.
  • Lors d’une conférence de l’OTAN, le secrétaire général, Jaap de Hoop Scheffer, indiquait que « les troupes de l’OTAN doivent surveiller les oléoducs de gaz et de pétrole à destination de l’Occident » et, plus globalement, protéger les routes maritimes empruntées par les tankers et les autres « infrastructures cruciales » du système énergétique. Cette décision explique plus clairement les politiques post-guerre froide visant à réformer l’OTAN en une force d’intervention mondiale dirigée par les États-Unis, particulièrement préoccupée par le contrôle de l’énergie.
  • Dès la fin de la seconde guerre mondiale, il était clair que l’Europe occidentale pouvait choisir de mener une politique indépendante, peut-être en conformité avec la vision gaulliste d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural. Dans ce cas le problème n’était plus qu’un « virus  » puisse « répandre la contagion », mais qu’une pandémie abatte le système tout entier de contrôle global. L’OTAN était considéré comme un remède à cette menace.
  • Dans cette « grande aire », les États-Unis détiendraient le « pouvoir incontesté » grâce à leur « supériorité militaire et économique » et agiraient de manière à s’assurer la « restriction de tout exercice de souveraineté » des États interférant avec leurs plans. Au début, les planificateurs pensèrent que l’Allemagne serait prédominante en Europe, mais lorsque la Russie commença à broyer la Wehrmacht, la vision devint plus large et la Grande Aire se dut d’ incorporer le plus de territoires possibles en Eurasie, avec au minimum l’Europe occidentale, cœur économique eurasien.
  • Des plans précis et rationnels d’organisation globale ont été développés, une “fonction” étant assignée à chaque région. Le Sud en général devait avoir un rôle de service : fournir des ressources, une main d’œuvre bon marché, des opportunités d’investissement et de marchés, ainsi que d’autres services comme l’importation des déchets et de la pollution. A cette époque les États-Unis n’étaient pas tellement intéressés par l’Afrique, elle fut donc confiée à l’Europe afin qu’elle l’ « exploite  » pour sa reconstruction après-guerre. On aurait pu imaginer des relations différentes entre l’Europe et l’Afrique vu leur passé historique, mais cela n’a pas été envisagé. Par contraste, les réserves de pétroles du Moyen-Orient étaient considérées comme étant « une prodigieuse source de pouvoir stratégique » et l’ « un des plus formidables trésors matériels de l’histoire mondiale  », la plus « importante aire stratégique dans le monde  », selon les mots d’Eisenhower. Les planificateurs influents admettaient que le contrôle du pétrole moyen-oriental fournirait aux États-Unis un « contrôle important sur le monde  ».
  • En ce qui concerne l’Amérique Latine, les planificateurs post-Seconde Guerre mondiale concluaient que la menace principale sur les intérêts des États-Unis était le fait de « régimes nationalistes radicaux [qui] séduisent les masses » et cherchent à satisfaire la « demande populaire d’amélioration immédiate des conditions de vie médiocres des masses  » ainsi que le développement selon les besoins domestiques. Ces tendances rentrent en conflit avec l’exigence d’ « un climat politique et économique favorable à l’investissement privé », avec un rapatriement satisfaisant des profits et avec la « protection de nos matières premières ». Une part conséquente de l’histoire ultérieure provient de ces conceptions non-contestées.
  • Si on prend le cas particulier de Mexico, un atelier du Pentagone sur la stratégie de développement pour l’Amérique Latine constatait en 1990 que les relations mexico-américaines étaient « extraordinairement positives », indifférent aux élections volées, à la violence étatique, à la torture, au traitement scandaleux des travailleurs et paysans et à d’autres menus détails. Les participants à l’atelier avaient cependant un souci en perspective : la menace d’une « ouverture démocratique  » au Mexique,
  • Le moment choisi pour l’opération Gatekeeper n’était certainement pas accidentel. Les analystes sensés avaient anticipé qu’ouvrir le Mexique à un flot d’exportations agroalimentaires fortement subventionnées ébranlerait tôt ou tard l’agriculture mexicaine, et que les entreprises mexicaines ne seraient pas capable de soutenir la compétition avec d’énormes sociétés aidées par l’État, lesquelles devaient être autorisées à opérer librement au Mexique selon le traité. Une conséquence probable était une hausse de l’émigration vers les États-Unis, à additionner à celle fuyant des pays d’Amérique Centrale, ravagés par la terreur reagannienne. La militarisation de la frontière fut une solution naturelle.
  • L’attitude populaire envers ceux qui fuient leurs pays (appelés “étrangers illégaux”) est complexe. Ils exécutent des services de grande valeur en tant que main d’œuvre très peu coûteuse et facilement exploitable. Aux États-Unis, l’agroalimentaire, le bâtiment et d’autres industries reposent massivement sur eux, et ils contribuent à la richesse des communautés où ils résident. D’un autre côté, ils réveillent le traditionnel sentiment anti-immigration.
  • Quelles que soient les réalités historiques et économiques, les immigrants ont été perçus par les pauvres et les travailleurs comme une menace pour leurs boulots, quartiers et modes de vie. Il est important de garder à l’esprit que les gens qui protestent aujourd’hui ont de réels doléances. Ils sont victimes de la financiarisation de l’économie et des programmes néolibéraux de mondialisation conçus pour transférer la production à l’étranger et les mettre en compétition avec les travailleurs du monde entier, et donc baisser leurs salaires et avantages. Pendant ce temps, les professionnels diplômés sont protégés des forces du marché et les propriétaires et dirigeants s’enrichissent. À nouveau la maxime de Smith.
  • Les répercussions sont sévères depuis les années Reagan et se manifestent de façon extrêmement déplaisante, comme on peut le voir actuellement en unes des journaux. Les deux partis politiques se battent pour savoir lequel des deux pourra proclamer avec le plus de ferveur son attachement à la doctrine sadique selon laquelle les soins médicaux doivent être refusés aux « étrangers illégaux ». Leur position est cohérente avec le principe juridique, établi par la Cour Suprême, selon lequel ces créatures ne sont pas des « personnes  » selon la loi, et qu’ils ne disposent donc pas des droits accordés aux personnes.
  • Au même moment, la Cour examine si les grandes sociétés ne devraient pas avoir la permission d’acheter les élections librement au lieu de le faire de manière détournée C’est un problème constitutionnel majeur, puisque les tribunaux ont établis que, contrairement aux sans-papiers, les entreprises sont des personnes réelles selon la loi, et ont en fait des droits bien supérieurs à celles faites de chair et de sang, tels ceux accordés par le mal nommé « accord de libre-échange ». Ces coïncidences parlantes ne suscitent aucun commentaire. La loi est bel et bien une solennelle et majestueuse affaire.
  • Une différence fondamentale entre Bush et Obama fut très bien formulée par l’un des hauts conseillers de l’administration Kennedy, à l’époque de la crise des missiles à Cuba. Les planificateurs de Kennedy prenaient des décisions qui menaçaient littéralement l’Angleterre d’extinction, mais n’en informaient pas les Britanniques. A ce moment là, le conseiller définissait ainsi la « relation spéciale » avec la Grande Bretagne : elle est , disait-il, « notre lieutenant – le terme en vogue étant ’partenaire’  ». Naturellement, l’Angleterre préfère le terme en vogue.
  • Bush et ses sbires traitent le monde comme « nos lieutenants ». Ainsi, en annonçant l’invasion de l’Irak, ils informèrent l’ONU qu’elle pouvait suivre les ordres américains ou « ne plus avoir de raison d’être ». Une telle arrogance a bien évidemment suscité de l’hostilité. Obama a choisi une autre méthode : il reçoit les dirigeants et les peuples du monde poliment, en tant que « partenaires  », et c’est seulement en privé qu’il continue à les traiter comme des « lieutenants  ». Les dirigeants étrangers préfèrent cette approche et le public est aussi parfois hypnotisé par cette attitude. Mais il est sage de s’en tenir aux faits et non au comportement rhétorique et plaisant. Les faits racontent une histoire différente d’habitude, et ce cas là ne fait pas exception.
  • Le système mondiale actuel reste unipolaire dans un domaine, celui de la force. Les États-Unis dépensent quasiment autant pour la force militaire que le reste du monde réuni, et sont bien plus avancés en ce qui concerne la technologie de destruction. C’est aussi le seul pays à avoir des centaines de bases militaires tout autour du monde et à occuper deux pays dans les régions cruciales pour la production d’énergie. Il y établit des méga-ambassades gigantesques, de l’ordre d’une ville à l’intérieur de la ville, ce qui est une claire indication de ses intentions futures. A Bagdad, les coûts prévisionnels de la méga-ambassade sont de 1.5 milliard de dollars cette année et de 1.8 dans les prochaines années. Le coût de leurs équivalents au Pakistan et en Afghanistan est inconnu, tout comme le futur des énormes bases militaires établies en Irak.
  • Dissoute en 1950, la quatrième Flotte US a été réactivée en 2008, peu de temps après l’invasion colombienne de l’Équateur. Son champ d’action couvre les Caraïbes, l’Amérique Centrale et du Sud ainsi que les eaux environnantes. La marine définit ses « diverses opérations » comme la lutte contre les trafics illégaux, la coopération régionale en matière de sécurité, l’interaction entre les forces armées et les formations militaires bilatérales ou multinationales. La réactivation de la flotte a naturellement provoqué un tollé et l’inquiétude des gouvernements brésilien, vénézuélien et autres.
  • Ces plans font partie d’une politique plus générale de militarisation de l’Amérique latine. L’entraînement des officiers latino-américains a fortement augmenté dans la dernière décennie, bien au dessus des niveaux de la Guerre Froide. La police se forme aux tactiques d’infanterie légère. Leur mission est de combattre les « gangs de jeunes  » et le «  populisme radical  », ce dernier terme n’étant que trop bien compris en Amérique latine.
  • Le prétexte est celui de la « guerre contre la drogue ». Mais, même si nous acceptons la singulière affirmation selon laquelle les EU ont le droit de mener cette « guerre  » dans des pays étrangers, il est difficile de le prendre au sérieux. Les raisons sont connues, elles ont été redites en février par la commission sur les drogues et la démocratie, dirigée par les anciens présidents sud américains Cardoso, Zedillo et Gaviria. Leur rapport conclut que la guerre contre la drogue a été un échec complet et appelle à changer radicalement de politique, en se détournant des mesures brutales vers d’autres plus efficaces et beaucoup moins coûteuses.
  • Quelque-uns accusaient même Washington de crimes, et non pas simplement d’erreurs commises par excès de naïveté et bienveillance comme le déclaraient les commentateurs libéraux, obéissant en cela à la logique bien établie de Thucydide. Un problème apparenté était l’activisme, particulièrement parmi les jeunes, qui provoquait un « excès de démocratie » selon les avertissements d’intellectuels libéraux. Ils demandaient la restauration de l’obéissance et de la passivité ainsi que l’application par Nixon de mesures beaucoup plus brutales.
  • Les fondations étaient posées pour une campagne nationale « Loi et Ordre » visant à discipliner ceux qui s’égaraient au-delà des limites de subordination à la doctrine et au pouvoir. Le succès fut conséquent. Sans susciter aucune critique ou commentaire, le président Carter pouvait expliquer que nous n’avions aucune dette envers les vietnamiens, car la « destruction était mutuelle ». Pour Reagan la guerre était une « noble cause » et le président Bush Sr. put continuer à informer les vietnamiens, sans aucune objection publique, que nous ne pourrions jamais pardonner leurs crimes envers nous, mais que par compassion nous serions d’accord pour les laisser rejoindre le monde que nous dirigions. Pour cela, il fallait qu’ils démontrent leur bonne volonté en s’occupant du seul problème moral subsistant : cette « noble cause  » qui consistait à se dévouer afin de retrouver les ossements des pilotes américains abattus alors qu’ils bombardaient le Vietnam.
  • Bien que le monde soit unipolaire sur le plan militaire, cela n’est plus le cas depuis quelque temps sur le plan économique. Au début des années 1970 le monde devenait économiquement « tripolaire  », avec des centres comparables en Amérique du Nord, Europe et dans le nord-est de l’Asie. De nos jours l’économie mondiale est devenue encore plus diverse, particulièrement avec la rapide croissance d’économies asiatiques défiant les règles néolibérales du « consensus de Washington ». L’Amérique latine aussi se défait de ce joug. Les efforts états-uniens pour la militariser sont une réponse à ces développements (particulièrement en Amérique du Sud), qui, pour la première fois depuis les conquêtes européennes, commencent à s’adresser aux problèmes fondamentaux qui ont empoisonné et continuent d’empoisonner le continent.
  • Les questions d’intégration interne sont encore plus significatives. Il y a enfin des efforts sérieux pour s’adresser à la pathologie latino-américaine de gouvernance par d’étroits secteurs nageant dans l’opulence au beau milieu d’un océan de misère, les riches étant exempts de responsabilité si ce n’est de celle de s’enrichir, contrairement à l’Asie de l’est. Une de ces mesures concerne la fuite des capitaux. En Amérique Latine elle atteint presque le montant de l’étouffante dette. Dans les pays d’Asie de l’est elle a été fermement contrôlée. En Corée du Sud par exemple, pendant la période de forte croissance, l’exportation de capital était passible de peine de mort.
  • Ces développements en Amérique latine, parfois menés par d’impressionnants mouvements populaires de masse, sont d’une grande importance. Ils suscitent bien évidemment des réactions amères de la part des élites traditionnelles, supportées par la superpuissance voisine. Les obstacles sont immenses mais s’ils sont surmontés, cela pourrait changer de façon significative le destin de l’Amérique latine et entraîner de véritables conséquences ailleurs.
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    Superbe conférence de Noam Chomsky sur l'histoire de la politique etrangère guerrière US.
Jon Snow

Noam Chomsky : un Monde en soulèvement ou un Nouvel Âge des ténèbres ? - La R... - 0 views

  • Il y avait le syndicat du travail militant qui continuait à organiser, particulièrement le CIO (Congress of Industrial Organizations) [3]. On en venait au point des grèves sur le tas, qui effrayaient le monde des affaires — vous pouviez le voir dans la Presse d’affaires de l’époque, — parce qu’une grève sur le tas est juste l’étape qui précède la reprise de l’usine pour la faire tourner par vous-même. Par ailleurs, l’idée de prise de contrôle par les travailleurs est tout à fait quelque chose à l’ordre du jour aujourd’hui, et nous devrions le garder à l’esprit. En outre, la législation du New Deal commença à intervenir en tant que résultat de la pression populaire. Malgré les moments difficiles, il y avait un sentiment qu’en quelque sorte : « nous allons en sortir ».
  • Avec cela est venu un changement important de l’économie de l’entreprise productive — qui produit les choses dont les gens ont besoin ou qu’ils pourraient utiliser — à la manipulation financière. La financiérisation de l’économie a vraiment décollé à ce moment-là.
  • Avant les années 1970 les banques étaient des banques. Elles faisaient ce que des banques étaient supposées faire dans une économie capitaliste d’État : par exemple, elles prenaient les fonds inutilisés de votre compte bancaire pour les transférer à des objets potentiellement utiles, comme aider une famille à acheter une maison ou envoyer un enfant au collège. Cela changea dramatiquement dans les années 1970. Jusque-là, depuis la Grande Dépression, il n’y avait eu aucune crise financière. Les années 1950 et les années 1960 avaient été une période d’énorme croissance, les plus hautes dans l’histoire américaine, et peut-être dans l’histoire économique. Et c’était égalitaire. Le un cinquième du plus bas faisait aussi bien que le un cinquième du plus haut. Des tas des gens évoluaient dans des styles de vie raisonnables — appelés ici « la classe moyenne » et dans d’autres pays « la classe ouvrière », — et c’était une réalité ; et les années 1960 l’accélérèrent. L’activisme de ces années, après une décennie assez morne, civilisa vraiment le pays dans toutes sortes de voies inaliénables.
  • ...7 more annotations...
  • Les développements qui eurent lieu pendant les années 1970 firent ressortir un cercle vicieux. Celui-ci mena à concentrer de plus en plus de richesse entre les mains du secteur financier. Ce qui ne profite pas à l’économie — lui nuit probablement ainsi qu’à la société — pour autant mena vraiment à une concentration énorme de la valeur.
  • Le projet de loi, essentiellement bipartite, entraîne de nouvelles politiques fiscales et des modifications des taxes, ainsi que des règles de gouvernance d’entreprise et la déréglementation. A côté de cela une forte hausse dans les coûts des élections a commencé, qui pousse et même plus profondément les partis politiques dans les poches du secteur d’entreprise.
  • Prenez, par exemple, Citigroup. Pendant des décennies, Citigroup a été l’une des sociétés bancaires d’investissement les plus corrompues, plusieurs fois renflouée par le contribuable dès le début des années Reagan et cela continue. Je ne vais pas pourfendre la corruption, mais c’est assez étonnant. En 2005, Citigroup s’est fait connaître grâce à une brochure pour investisseurs intitulée « Ploutonomie : Achat de luxe, explications des déséquilibres mondiaux ». Les investisseurs étaient exhortés à mettre de l’argent dans un « Indice de ploutonomie ». La brochure affirmant que « Le Monde est scindé en deux blocs — la Ploutonomie et le reste ».
  • Il a toujours existé un fossé entre la politique publique et la volonté publique, simplement il a grandi en proportion astronomique. En fait, on peut le voir dès maintenant. Jetez un regard au grand sujet sur lequel tout le monde se concentre à Washington : le déficit. Pour le grand public, à juste titre, le déficit n’est pas considéré comme un gros problème. Et ce n’est pas vraiment un gros problème. La question est celle du chômage. Il y a une commission du déficit, mais aucune commission du chômage. Autant que le déficit le concerne, le public a des opinions. Jetez un coup d’oeil aux sondages. Le public appuie massivement des impôts plus élevés sur les riches, impôts qui ont fortement diminué dans cette période de stagnation et de déclin, et la préservation des prestations sociales qui furent limitées. Le résultat de la commission du déficit va probablement être à l’opposé. Les mouvements Occupy pourraient fournir une base de masse pour essayer d’éviter ce qui équivaudrait à un poignard planté dans le cœur du pays.
  • Ainsi, par exemple, Alan Greenspan, le président de la Fed, au moment où il était encore « Saint Alan » — et qu’il était salué par la profession comme l’un des plus grands économistes de tous les temps (c’était avant le krach dont il était en grande partie responsable) — témoignant au Congrès durant les années Clinton, y expliqua les merveilles de la grande économie qu’il supervisait. Il affirmait que la majeure part de ces succès tenait surtout à ce qu’il appelle « l’insécurité croissante des travailleurs ». Si les travailleurs sont vulnérables, s’ils font partie du précariat et mènent des existences précaires, ils ne vont pas revendiquer, ils ne vont pas réclamer de meilleurs salaires et n’auront pas de meilleures prestations. On peut les virer si on n’en a pas besoin. Et c’est ce qu’on appelle une économie « saine » du point de vue technique. Et c’est ce dont on lui sut grandement gré, ce pourquoi il suscita l’admiration.
  • J’ai déjà dit que, dans les années 1930, un des modes d’action les plus efficaces était la grève sit-down. La raison en est simple : il s’agit de l’ultime étape avant de prendre le contrôle d’une industrie.
  • Nous traînons la première depuis 1945. C’est une sorte de miracle que nous y ayons échappé. Il s’agit de la menace des armes nucléaires et de la guerre nucléaire. Bien qu’on en parle peu, cette menace s’accroît du fait de la politique menée par cette administration et ses alliés. Et il faut faire quelque chose pour ça, sinon nous sommes dans un sacré pétrin. L’autre, bien sûr, est la catastrophe écologique. Il n’est pratiquement pas un pays qui n’essaie au moins de prendre des mesures pour essayer de l’enrayer. Les États-Unis aussi prennent des mesures, surtout pour accélérer la menace. Non seulement c’est le seul grand pays qui ne fait pas la moindre chose pour protéger l’environnement, mais il n’est même pas monté dans le train. A certains égards, il le tire vers l’arrière.
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    Les grèves ça sert !
Jon Snow

La désobéissance civile (1) - La Revue des Ressources - 0 views

  • Le commerce et les affaires s’ils n’avaient pas de ressort propre, n’arriveraient jamais à rebondir par-dessus les embûches que les législateurs leur suscitent perpétuellement et, s’il fallait juger ces derniers en bloc sur les conséquences de leurs actes, et non sur leurs intentions, ils mériteraient d’être classés et punis au rang des malfaiteurs qui sèment des obstacles sur les voies ferrées.
    • Jon Snow
       
      Les conservateurs doivent le kiffer et le hair en meme temps :)
  • Mais pour parler en homme pratique et en citoyen, au contraire de ceux qui se disent anarchistes, je ne demande pas d’emblée "point de gouvernement", mais d’emblée un meilleur gouvernement. Que chacun fasse connaître le genre de gouvernement qui commande son respect et ce sera le premier pas pour l’obtenir.
  • Je crois que nous devrions être hommes d’abord et sujets ensuite. Il n’est pas souhaitable de cultiver le même respect pour la loi et pour le bien. La seule obligation qui m’incombe est de faire bien. On a dit assez justement qu’un groupement d’hommes n’a pas de conscience, mais un groupement d’hommes consciencieux devient un groupement doué de conscience. La loi n’a jamais rendu les hommes un brin plus justes, et par l’effet du respect qu’ils lui témoignent les gens les mieux intentionnés se font chaque jour les commis de l’injustice. Le résultat courant et naturel d’un respect induit pour la loi, c’est qu’on peut voir une file de militaires, colonel, capitaine, caporal et simples soldats, enfants de troupe et toute la clique, marchant au combat par monts et par vaux dans un ordre admirable contre leur gré, que dis-je ? contre leur bon sens et contre leur conscience, ce qui rend cette marche fort âpre en vérité et éprouvante pour le cœur. Ils n’en doutent pas le moins du monde : c’est une vilaine affaire que celle où ils sont engagés. Ils ont tous des dispositions pacifiques. Or, que sont-ils ? Des hommes vraiment ?, ou bien des petits fortins, des magasins ambulants au service d’un personnage sans scrupule qui détient le pouvoir ? Visitez l’arsenal de la flotte et arrêtez-vous devant un fusilier marin, un de ces hommes comme peut en fabriquer le gouvernement américain ou ce qu’il peut faire d’un homme avec sa magie noire ; ombre réminiscente de l’humanité, un homme debout vivant dans son suaire et déjà, si l’on peut dire, enseveli sous les armes, avec les accessoires funéraires, bien que peut être...
    • Jon Snow
       
      Superbe. Et que dire de l'excuse du devoir patriotique, de l'hÔnneur de la nation que l'on agite sous le nez de la population? Carotte bien tentante meme si on voit qu'elle est pourrie! Choix ou asservissement volontaire?
  • ...9 more annotations...
  • La plupart du temps sans exercer du tout leur libre jugement ou leur sens moral ; au contraire, il se ravalent au niveau du bois, de la terre et des pierres et on doit pouvoir fabriquer de ces automates qui rendront le même service. Ceux-là ne commandent pas plus le respect qu’un bonhomme de paille ou une motte de terre. Ils ont la même valeur marchande que des chevaux et des chiens. Et pourtant on les tient généralement pour de bons citoyens.
    • Jon Snow
       
      Et pan! :)
  • D’autres, comme la plupart des législateurs, des politiciens, des juristes, des ministres et des fonctionnaires, servent surtout l’État avec leur intellect et, comme ils font rarement de distinctions morales, il arrive que sans le vouloir, ils servent le Démon aussi bien que Dieu.
    • Jon Snow
       
      Ahah excellent!
  • Quelle attitude doit adopter aujourd’hui un homme face au gouvernement américain ? Je répondrai qu’il ne peut sans déchoir s’y associer. Pas un instant, je ne saurais reconnaître pour mon gouvernement cette organisation politique qui est aussi le gouvernement de l’esclave.
    • Jon Snow
       
      A garder en mémoire pour une pancarte future !!
  • En d’autres termes, lorsqu’un sixième de la population d’une nation qui se prétend le havre de la liberté est composé d’esclaves, et que tout un pays est injustement envahi et conquis par une armée étrangère et soumis à la loi martiale, je pense qu’il n’est pas trop tôt pour les honnêtes gens de se soulever et de passer à la révolte. Ce devoir est d’autant plus impérieux que ce n’est pas notre pays qui est envahi, mais que c’est nous l’envahisseur.
  • En langage clair, ce n’est pas la kyrielle de politiciens du Sud qui s’oppose à une réforme au Massachusetts, mais la kyrielle de marchands et de fermiers qui s’intéressent davantage au commerce et à l’agriculture qu’à l’humanité et qui ne sont nullement prêts à rendre justice à l’esclave et au Mexique, à tout prix.
    • Jon Snow
       
      Parfois on peut se demander de quels moyens d'information il disposait pour etre capable de séparer vérité étatique de la Vérité tout court?! Meme aujourd'hui c'est pas simple du tout alors à l'époque!
  • Je ne cherche pas querelle à des ennemis lointains mais à ceux qui, tout près de moi, collaborent avec ces ennemis lointains et leur sont soumis : privés d’aide ces gens-là seraient inoffensifs
    • Jon Snow
       
      Merde je vais finir par tout annoter.. La formule est subtile: "ces ennemis lointains qui leur sont soumis" et implacable " privés d'aide ces gens-là seraient inoffensifs"!
  • Quel est le cours d’un honnête homme et d’un patriote aujourd’hui ? On tergiverse, on déplore et quelquefois on pétitionne, mais on n’entreprend rien de sérieux ni d’effectif. On attend, avec bienveillance, que d’autres remédient au mal, afin de n’avoir plus à le déplorer. Tout au plus, offre-t-on un vote bon marché, un maigre encouragement, un "Dieu vous assiste" à la justice quand elle passe. Il y a 999 défenseurs de la vertu pour un seul homme vertueux. Mais il est plus facile de traiter avec le légitime possesseur d’une chose qu’avec son gardien provisoire.
    • Jon Snow
       
      ~soupir~ :)
  • Un sage n’abandonne pas la justice aux caprices du hasard 
    • Jon Snow
       
      Pffff je suis béat d'admiration !!!
  • Ils adoptent sans tarder un des candidats ainsi choisis comme le seul disponible, prouvant ainsi leur propre disponibilité aux desseins du démagogue.
    • Jon Snow
       
      Eh oui c'était déjà comme ça à l'époque.... pas eu d'améliorations depuis.
Jon Snow

Grippe: des vaccins qui font peur | slate - 0 views

  • C'est The Lancet qui, il y a quelques jours, a tiré le signal d'alarme. Dans un éditorial aussi court que solennel il a mis en garde les responsables sanitaires des pays qui souhaitent assouplir les procédures réglementaires de manière à disposer au plus vite des premières doses vaccinales. Or tout indique qu'un tel assouplissement équivaut immanquablement à exposer les populations concernées à des risques nullement négligeables de complications post-vaccinales. The Lancet rappelle qu'une campagne accélérée de vaccination de masse pratiquée en 1976 aux Etats-Unis l'a malheureusement démontré.
  • Dans certains pays, les organismes de réglementation imposent des essais cliniques avant d'homologuer le vaccin, ce qui ajoute un délai supplémentaire avant que le vaccin puisse être disponible.  Dans le meilleur des cas, l'ensemble du processus peut être achevé en cinq à six mois. Les premiers vaccins contre la grippe pandémique peuvent alors être distribués et administrés.»
  • Or les  «cinq à six mois» risquent fort de disparaître sous l'action conjuguée de deux éléments inédits. Le premier est la volonté acharnée de nombreux gouvernements de pays industriels de disposer au plus vite de quantités massives de doses vaccinales anti -A(H1N1). Le second est la compétition acharnée à laquelle se livrent les quelques multinationales spécialisées qui achèvent dans le même temps la production du vaccin contre la future grippe saisonnière. On en arrive ainsi à ce que redoute  The Lancet: faire l'économie de certaines procédures visant à étudier dans le calme l'efficacité et l'innocuité de cette arme préventive qui va être administrée à des centaines de millions de personnes. L'argument généralement avancé pour justifier cette initiative est que l'on dispose d'une très bonne et très longue expérience avec les vaccins de la grippe saisonnière...
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  • les premiers essais expérimentaux sur l'homme avaient déjà commencé dans cinq pays : les Etats-Unis, l'Australie, la Chine, l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Ils devraient débuter dans les prochains jours dans plusieurs autres pays. Les premiers résultats de ces essais devraient selon elle être connus «au cours de la première quinzaine de septembre», les premières vaccinations pouvant alors être pratiquées vers la fin septembre.
  • Et une nouvelle fois, l'OMS souffle le chaud et le froid. Le Dr Kieny insiste sur le fait que les effets  secondaires graves de vaccins contre la grippe saisonnière sont en général «très rares» tandis que son organisation reconnaît que les contraintes de temps font que  les données cliniques seront inévitablement limitées quand les premiers vaccins contre la pandémie seront administrés. Pour le dire autrement on sait d'ores et déjà que les premiers lots vaccinaux auront inévitablement un caractère quelque peu expérimental.
  • C'est dans ce contexte d'incertitudes que la multinationale américaine Baxter a annoncé le 5 août, être en tête de cette course contre-la-montre hors du commun. Baxter assure avoir terminé fin juillet la production de ses premiers lots de vaccins et dit ne plus attendre que les premières autorisations de mise sur le marché. La firme serait déjà en discussion avec les autorités sanitaires américaines. Fin juillet ces dernières ont recommandé que les enfants et les femmes enceintes figurent parmi les quelque 160 millions de personnes aux Etats-Unis qui doivent être vaccinées en priorité cet automne.
  • Après réception de la souche virale (fin mai), il aura suffi de 12 semaines à Baxter pour produire son vaccin. Plus de 3.500 personnes l'auraient déjà reçu dans le cadre d'une étude de phase III, la dernière avant la demande d'autorisation de mise sur le marché. D'autres essais cliniques complémentaires sont prévus en août sur des adultes, des enfants et des personnes âgées.
  • Baxter est en tête, mais le géant suisse Novartis n'est pas loin. Il assure avoir commencé à administrer son propre vaccin dans le cadre de premiers tests qui concerneront au total 6.000 personnes en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Etats-Unis. Paradoxe des paradoxes: ces essais cliniques sont prévus pour durer un an mais le vaccin devrait toutefois être commercialisé avant qu'ils arrivent à leur terme.
  • Enfin, la veille de l'annonce de Baxter un autre géant, britannique, GlaxoSmithKline, annonçait avoir reçu des nouvelles demandes de la part de neuf pays, portant son carnet de commandes à 291 millions de doses.
Jon Snow

- Les contradictions du projet de réforme du système de santé - 0 views

  • Avec la réforme, dans les années 1980, le système de gratuité des soins a volé en éclats : les Chinois ont gagné la liberté économique, mais perdu leur couverture médicale. L’investissement économique a été privilégié au détriment du social. En 1992, une réforme a, en quelque sorte, privatisé la santé comme le reste de l’économie : le désengagement de l’Etat signifiait pour le secteur l’ouverture à une dynamique de marché, et donc de profitabilité. Inévitablement, cette politique a entraîné de graves dysfonctionnements et, avec l’explosion des coûts, le creusement des inégalités dans l’accès aux soins.
  • 30 % des dépenses médicales sont couvertes par des assurances, 52 % directement par les patients. C’est une des raisons pour lesquelles les Chinois économisent entre 40 et 60 % de leurs revenus : en prévision d’un accident de santé.
  • En effet, selon une récente étude de la revue médicale britannique The Lancet (1), « le coût moyen d'une hospitalisation représente le double du salaire annuel moyen des 20% de la population ayant les salaires les plus bas » ; toujours selon la revue, plus de 35 % des foyers urbains et 43 % des foyers ruraux ont des difficultés à payer les soins médicaux et s’en trouvent appauvris, ou s'en passent carrément.
  • ...7 more annotations...
  • La principale cause de cette situation est l’obligation d’autofinancement imposée aux hôpitaux, entraînant une course au profit, et le développement parallèle de la corruption. Pour boucler leurs budgets, les hôpitaux ont tendance à prescrire plus de médicaments et d’analyses que nécessaire, et à des prix prohibitifs – quand ce ne sont pas les médecins qui le font, pour améliorer leurs fins de mois. Les scandales sont maintenant de plus en plus relayés par la presse.
  • En 2004, le ministre de la santé, Gao Qiang (高强), a publiquement reconnu l'échec de la réforme du système de soin. En 2007, le gouvernement a annoncé une augmentation de sa contribution au système de santé en zones rurales ; un système d'assurance maladie devait couvrir l'essentiel des coûts des soins médicaux dans ces zones.
  • Les quatre interlocuteurs ont cependant été incapables de définir un projet commun, si bien que l’Etat a finalement mandaté huit organisations internationales dont l'Organisation mondiale de la santé,  McKinsey, la Banque mondiale, le Centre de recherche et de  développement du Conseil des Affaires d'Etat et quatre universités chinoises pour soumettre leurs propositions de réforme au ministre de la santé ; celui-ci devait ensuite élaborer un projet final intégrant les parties rédigées par chacun des ministères et une synthèse des propositions remises.
  • Le point le plus important est celui de la couverture médicale universelle. Pour le reste, le projet recentre les activités de santé sur le secteur public en limitant la part dévolue au marché, ce qui semble une manière d’éviter la course au profit qui a entraîné tant de dérives.
  • Ce qui est intéressant, c’est que le projet de réforme a fait l’objet d’un débat public lancé sur le site internet de la Commission nationale pour le développement et la réforme, une première dans ce domaine. C’est peut-être ce qui a suscité le plus de commentaires, jusqu’à maintenant, et sur la forme plus que sur le fond.
  • Le président Hu Jintao a lui-même lancé le mouvement en juin dernier, en déclarant publiquement qu’il utilisait internet pour s’informer de l’actualité, mais aussi des intérêts et des désirs de la population ; il a alors fait la une en échangeant par ce biais, en public, quelques idées avec des internautes. Il a ajouté que sonder ainsi l’opinion publique était une manière de recueillir la sagesse populaire et donc un important moyen d’information
  • La consultation, en l’occurrence, a tourné court car la réponse générale a été celle d’une totale incompréhension du texte ainsi soumis « au peuple ». De toute façon, il n’y avait aucune indication claire sur la manière dont d’éventuelles critiques pourraient être prises en compte.
Jon Snow

2009/07/10 > BE Etats-Unis 173 > La santé et les groupes de pression, une aff... - 0 views

  • Comme souvent aux Etats-Unis, les sommes en jeu sont assez colossales. Pour les débats qui entourent l'adoption d'une loi sur une couverture publique, les assurances privées continuent d'exercer de fortes pressions sur les parlementaires. On apprend ainsi qu'aux moments les plus critiques du travail parlementaire, la journée de lobbyiste de haut niveau a atteint quelque 1,4 million de dollars. A ce tarif, personne ne doute de la motivation et de la qualité des représentations faites par d'anciens sénateurs ou autres. Une organisation comme PhRMA (association regroupant des sociétés pharmaceutiques et d'appareillage médical) a récemment doublé son budget consacré au travail de lobby qui a atteint au premier trimestre 7 millions de dollars. Quant à Pfizer, la dépense se monte sur la même période à 6 millions de dollars.
  • En 2007, déjà, le Congrès s'était ému de ces pratiques, susceptibles de se rapprocher du conflit d'intérêt. Une loi avait même été passée. Elle interdisait aux anciens membres du Congrès d'y introduire leurs clients ou employeurs, d'agir sur d'anciens parlementaires, ou encore d'intervenir auprès de ceux qui fréquentent "des clubs de salles de sport" réservés aux parlementaires. De même, pour la branche exécutive, l'un des premier "executive orders" du Président Obama en janvier 2009 visait à interdire aux agents quittant l'administration de travailler pour des entreprises qu'ils auraient eu à réguler, et ce pour une durée de 2 ans. Mais de toute évidence, ces dispositions ne suffisent pas et à mesure que les décisions se rapprochent sur le dossier médical informatisé et les réformes de santé, l'activité des groupes de pression augmente et les transferts de la sphère publique vers les lobbies de toutes sortes s'accélèrent.
  • A ceci s'ajoute le fait que les lobbyistes en profitent sans doute pour actionner les parlementaires sur des questions connexes qui coûtent ou rapportent des milliards aux sociétés pharmaceutiques et que le gouvernement fédéral a remis sur le métier : la réforme de l'USPTO (un million de brevets en retard, le dépôt d'un médicament coûte plus d'un million), le système national des brevets, la réforme de la FDA, la relance des programmes d'innovation, etc.
Fabien Cadet

Obama parle d'Israel et de Palestine par Noam CHOMSKY - 0 views

  • La proposition de la Ligue Arabe appelle évidemment à la normalisation des relations avec Israël, mais dans le contexte - répétons le, dans le contexte d’un règlement à deux états selon les termes d’un consensus international ancien, que les Etats-Unis et Israël ont bloqué et continuent de bloquer depuis plus de 30 ans dans un isolement international complet.
  • Son appel aux états Arabes de se concentrer sur un corollaire de leur proposition, alors que les Etats-Unis ignorent jusqu’à l’existence du contenu principal qui est une condition à ce corollaire, est d’une mauvaise foi totale.
  • “Pour être un véritable partenaire pour la paix“, a déclaré Obama, “le quartet [Etats-Unis, Union Européenne, Russie, Nations Unies] a fait clairement savoir que le Hamas devait remplir trois conditions sans ambiguïté : reconnaître le droit d’exister à Israël, renoncer à la violence et respecter les accords passés“. Sans mentionner, comme d’habitude, l’inconvénient majeur que les Etats-Unis et Israël rejettent fermement ces trois conditions.
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  • Ignorée aussi l’utilisation par Israël d’armes étasuniennes à Gaza, en violation non seulement des lois internationales mais aussi étasuniennes. Oublié l’envoi par Washington à l’apogée de l’attaque israélo-étasunienne de nouvelles armes à Israël, ce que les conseillers d’Obama sur le Moyen-Orient n’ignoraient certainement pas.
  • Obama a cependant été ferme. La contrebande d’armes vers Gaza doit cesser.
  • Le jour suivant, un officiel Egyptien a décrit cet accord comme digne d’une fiction“. Les objections de l’Egypte ont été ignorées.
    • Fabien Cadet
       
      Ça va loin quand même hein.
  • Obama persiste à restreindre son appui au parti vaincu aux élections de 2006, les seules élections libres dans le monde Arabe, auxquelles les USA et Israël ont immédiatement et ouvertement réagi en punissant sévèrement les Palestiniens pour n’avoir pas respecté la volonté des Maîtres. Un détail technique mineur est que le mandat d’Abbas s‘est terminé le 9 janvier et que Fayyad fut nommé sans la confirmation du Parlement Palestinien (dont beaucoup de membres ont été enlevés et sont détenus dans les prisons israéliennes).
  • C’est le grand mérite du livre de Jimmy Carter “Palestine : la Paix, pas l’Apartheid“, d’avoir porté ces faits à l’attention publique pour la première, et en même temps la seule fois
  • Le premier message du Président Afghan Karzai à Obama après son élection en novembre était pour demander la fin des bombardements de civils Afghans, demande réitérée quelques heures après qu’Obama ait prêté serment. La même attention a été apportée à cette demande de Karzai qu’à celle qu’il avait faite pour un calendrier de retrait des forces armées des Etats-Unis et d’autres nations étrangères. Les riches et les puissants ont leurs “responsabilités“. Parmi celles-ci, rapporte le New York Times, il y a celle d’ “assurer la sécurité“ dans le sud de l’Afghanistan où “l’insurrection est endémique et soutenue de l’intérieur“. Très familier ; la Pravda dans les années 1980 par exemple.
  • Quasi universelles aussi sont les références habituelles au Hamas comme organisation terroriste dont le but est d’éradiquer Israël (ou peut-être tous les Juifs). On oublie ainsi l’inconvénient que les Etats-Unis et Israël ont non seulement pour but de détruire tout état Palestinien viable, mais qu’ils mettent en œuvre perpétuellement des politiques en ce sens.
  • Obama a commencé ses remarques en disant : “Je veux être clair : l’Amérique est s’engagée pour la sécurité d’Israël. Et nous soutiendrons toujours le droit d’Israël à se défendre contre des menaces légitimes“. Rien sur le droit des Palestiniens à se défendre contre des menaces beaucoup plus sérieuses,
  • Une alternative simple serait qu’Israël respecte un cessez-le-feu, par exemple celui qui a été proposé par le chef politique du Hamas Khaled Mishal peu de jours avant qu’Israël ne lance son attaque le 27 décembre. Mishal avait appelé à reprendre l’accord de 2005. Cet accord réclamait la fin des violences et une ouverture continue des frontières, avec la garantie d’Israël que les biens et les personnes pourraient circuler librement entre les deux parties de la Palestine occupée, la Cisjordanie et la bande de Gaza.
  • Il faut se souvenir que durant les 30 dernières années, les Etats-Unis et Israël se sont écartés une fois de leur rejectionisme : pendant les négociations de Taba en janvier 2001, qui promettaient une solution pacifique avant qu’Israël ne s’en retire.
  • C’est vrai que la Jordanie a aidé les USA à armer et entraîner les forces de sécurité Palestiniennes pour qu’elles puissent réprimer violement toute manifestation de soutien aux malheureuses victimes de l’attaque israélo-étasunienne à Gaza, et arrêter des partisans du Hamas et le journaliste très connu, Khaled Amayreh. Pendant ce temps, elles organisaient leurs propres manifestations en faveur d’Abbas et du Fatah dans lesquelles la plupart des participants “étaient des fonctionnaires et des écoliers auxquels l’autorité Palestinienne avait demandé de manifester“, selon le Jérusalem Post. C’est la démocratie que nous aimons
  • La capture de Shalit est une question sérieuse à l’Ouest, une autre preuve de la criminalité du Hamas. Quoi que l’on pense à ce sujet, il est indiscutable que la capture d’un soldat d’une armée d’agression est un bien moindre crime que l’enlèvement de civils, exactement ce qu’ont fait les forces israéliennes la veille de la capture de Shalit en pénétrant dans la ville de Gaza pour enlever deux frères et les entraîner au-delà de la frontière où ils disparurent dans les prisons d’Israël. A l’opposé du cas de Shalit, ce crime fut virtuellement tu et a été oublié, tout comme les pratiques régulières d’Israël, sur plusieurs décennies, d’enlever des civils au Liban et en haute mer, de les répartir dans ses prisons et de les retenir en otages pendant plusieurs années. Mais la capture de Shalit empêche le cessez-le-feu.
  • Obama ne dit pas un mot sur l’extension du peuplement et des constructions en Cisjordanie, ni sur les mesures alambiquées pour contrôler la vie des Palestiniens, dans le dessein de détruire les perspectives d’une solution pacifique à deux états. Son silence est la sinistre réfutation de ses fioritures oratoires sur la façon dont “je ferais tous les efforts pour obtenir deux états vivant côte à côte dans la paix et la sécurité“.
  • Mais les Etats-Unis et Israël (et quelques îles du Pacifique) ont voté contre une résolution en faveur du “droit du peuple Palestinien à l’autodétermination“ (adoptée à 173 voix contre 5, avec l’opposition des USA et d’Israël sous des prétextes ambigus).
    • Fabien Cadet
       
      Belle connerie que ces droits de veto >:- et combien il est clair qu'un petit groupe d'états s'est approprié le pouvoir de décision aux nations unies.
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    « En bref, la rengaine constante d'Obama sur le droit d'Israël à se défendre est un autre exercice de mise en scène cynique qui, on doit l'admettre, ne lui est pas propre mais quasiment universel. »
Jon Snow

Le complot de l'OMC contre les services publics - 0 views

  • On pouvait déjà passer son permis de conduire chez Carrefour, s'assurer chez Auchan et partir en vacances avec Leclerc. Demain, le petit Kevin Dubois ira à l'école chez Nestlé puis préparera son bac au lycée Vivendi. Bien sûr, on supprimera davantage de lits d'hôpital, on fermera encore des maternités, mais il ne faut pas s'inquiéter. La santé est un gigantesque marché et Microsoft, American Express ou Boeing sauront occuper l'espace - au moins sa partie solvable - que leur auront abandonné nos services publics nationaux. Cauchemar, dites-vous ? Retenez bien ce sigle: AGCS. Derrière ce nom barbare se cache l'un des accords les plus redoutables de l'OMC (Organisation mondiale du commerce): l'Accord général sur le commerce des services (1). Sans précédent et sans équivalent juridique, il contraint les pays membres à renégocier périodiquement jusqu'à la privatisation de tous leurs services publics (à l'exception de la police, de la justice et de la défense). Le jeu, auquel les principaux intéressés ne sont pas invités à participer, se déroule à l'échelle planétaire. Mieux qu'au Monopoly ! Même pas la peine d'acheter. Il suffit de demander pour être servi. L'avocate américaine Lori Wallach (2) résume ainsi ce qui se trame en coulisses: «L'AGCS équivaut à verrouiller les Parlements derrière des grillages dont seules les firmes transnationales posséderont les clefs.»
  • Si l'AGCS entre en vigueur, tout pays disposant d'écoles ou d'hôpitaux privés pourra se voir adresser une demande d'un autre pays pour implanter, sur son territoire, un établissement concurrent. Ce nouvel arrivant pourra exiger de bénéficier des mêmes aides, subventions et financements que ceux accordés aux établissements publics qu'il vient concurrencer. Le pays d'accueil ne pourra rien lui refuser, sous peine de s'exposer à de très lourdes sanctions financières. Prenons un exemple concret: imaginons que General Motors décide de créer une université à Montpellier. L'Etat français devra lui réserver le même sort, les mêmes conditions, avantages et financements publics que ceux qu'il accorde aux établissements placés sous la tutelle du ministère de l'Education. Autant dire que la facture risque d'être salée. Au point, sans doute, de mettre en péril le budget national. L'Etat devra alors renoncer et refuser tout avantage à tout demandeur public, par crainte de se voir réclamer l'équivalent par des opérateurs privés. Il ne restera plus qu'à s'en remettre à la seule initiative privée. Un mécanisme imparable que la régionalisation devrait encore aggraver. Et ce n'est pas tout...
  • Chaque Etat membre a dû, avant le 30 juin 2002, communiquer à l'OMC et aux pays concernés ses «demandes» relatives aux secteurs de services qu'il souhaite voir libéraliser sur le territoire des autres membres. Chaque pays membre a par ailleurs jusqu'au 31 mars 2003 pour faire connaître à l'OMC et aux autres Etats membres les services qu'il «offre» à libéraliser. Selon Agnès Bertrand, de l'Observatoire de la mondialisation, «la Commission européenne travaille en parfaite synergie avec ses homologues d'outre-Atlantique pour établir la suprématie du droit des affaires sur le droit des peuples». Dès la fin mars 2003, et malgré les démentis formels, le commissaire européen au Commerce extérieur, le socialiste français Pascal Lamy, engagera dans ces tractations des secteurs aussi essentiels que la santé, l'éducation, la culture et l'environnement. Devant son refus de révéler la liste des secteurs que la Commission se propose de faire figurer dans le projet d'accord OMC, une première manifestation a été organisée le 9 février à Bruxelles. Selon l'avocate Laurence Kalafatides, «l'AGCS est une bombe juridique à fragmentation. Sa portée est telle que l'accord s'applique à tous les échelons de décision politique: gouvernements, conseils régionaux, généraux et communes sont tenus de se mettre en conformité avec l'accord».
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  • La question de l'AGCS mériterait, pour le moins, d'être posée. Elle ne le sera pas. Le gouvernement ne l'a pas décidé. Le Parlement ne s'est pas prononcé. La presse n'en parle pas. Pourtant, une décision de cette ampleur constitue un véritable choix de société.
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    2003... On croit rêver... Ceci explique donc cela: hôpitaux fermés, retraites volées etc... Crise ou pas crise, on l'aurait eu dans l'os! Le mensonge grossit de jour en jour...
Jon Snow

Le compteur électrique « intelligent » : outil écolo ou mouchard social ? - E... - 0 views

  • Plusieurs journaux ont également dénoncé l’intrusion dans la vie privée permise par ce compteur, après la tenue à Madrid en novembre 2009 de la 31ème Conférence internationale de protection des données et de la vie privée. A cette occasion, Elias Quinn du Centre pour la sécurité énergétique et environnementale de l’Université du Colorado, a pointé le risque d’une tentation par les compagnies électriques de vendre les données collectées par les compteurs intelligents. «  La vision instantanée de la consommation électrique s’apparente à une fenêtre ouverte sur le mode de vie de son utilisateur, constate t-il. Ne peut-on imaginer que des fabricants de somnifères soient intéressés par des clients allumant souvent leur lumière au milieu de la nuit ? » Le chercheur préconise donc « un strict encadrement juridique ».
  • Surtout, pour les ménages ayant des difficultés à payer leur facture, la sanction sera désormais instantanée. « Avec le linky, ce sera la coupure ferme et immédiate pour le client qui n’aura pas payé sa facture », prévient le syndicaliste Guy Habai. En permettant l’ouverture et la fermeture de l’alimentation à distance, les fournisseurs pourront d’un simple clic couper ou limiter l’accès à l’énergie de toute personne en défaut de paiement, voire l’obliger à prépayer sa consommation. « Nous, les techniciens, avons du mal à arriver chez le client et à lui couper l’électricité. Nous avons la possibilité de le mettre en consommation restreinte en posant des fusibles avec moins d’ampères, témoigne le syndicaliste. Dans plus de 80 % des cas, après avoir discuté avec le client qui a des difficultés de paiement, l’agent repart avec un chèque ou la preuve que ça a été payé la veille.
  • Les détracteurs du linky pointent également du doigt la facturation basée sur la consommation réelle mensuelle : les montants seraient très élevés en hiver et très faibles en été. Sans estimations de factures, la possibilité pour les ménages les moins argentés de lisser sur l’année le surcoût hivernal disparaît. FO Énergie et Mines dénonce également le coût prévisionnel de l’opération qui s’élèverait à 4 milliards d’euros. « Qui va payer la note ? interroge le syndicat. La Commission de régulation de l’énergie ? L’entreprise et par voie de conséquence le client ?  » En Belgique, l’installation de ces compteurs représenterait un surcoût annuel de 25 à 50 euros pour les consommateurs.
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  • La Belgique, elle, reste divisée en l’absence d’évaluation. Si la Flandre s’engage pleinement dans le processus, la Commission wallonne pour l’énergie met la pédale douce estimant qu’ « un examen scrupuleux » est nécessaire avant tout investissement. Le débat fait également rage aux Pays-Bas depuis plusieurs mois. Un projet de loi organisant la mise en place du compteur intelligent prévoyait rien de moins qu’une amende de 17 000 euros et 6 mois de prison pour ceux qui s’opposeraient à cette installation. Les mobilisations citoyennes ont conduit le Sénat hollandais à refuser d’adopter le projet de loi en avril dernier. « En France, la fédération CGT discute avec les collectivités de l’arrivée du compteur, explique Guy Habai. Et avec la libéralisation totale des prix de l’énergie à partir du 1er juillet 2010, les maires et les élus de la région ont tendance à être sur la réserve. »
Jon Snow

Dedefensa.org : Le tourbillon de Madison - 0 views

  • Enfin, après deux années d’exubérance de la droite conservatrice, dans la vague de Tea Party, c’est la gauche progressiste US qui exulte. Elle est du côté de la révolte, du soulèvement contre un pouvoir jugé oppressif et arbitraire. Tea Party, lui, se trouve exposé dans son côté le plus ambigu, – lequel n’a jamais été dissimulé à nos yeux, tant ce mouvement est insaisissable dans son identification, – notamment par le biais indirect des liens entre le gouverneur Walker, qui se réclame de l’esprit de Tea Party, et les frères milliardaires Koch qui le subventionnent, – tout comme ils subventionnent Tea Party d’ailleurs, au nom de leur hostilité à tout ce qui est service public (et de tout ce qui est, ajouteront les critiques, faveur et puissance pour le corporate power). (Au reste, ces liens ne sont pas plus incestueux et révélateurs que ceux de l’administration Obama et des démocrates avec Wall Street, ce qui n’enlève rien au mouvement de Madison, soutenu par les démocrates et Obama.)
  • Pour l’instant, à Madison, Wisconsin, tous les ingrédients de la crise sont là, et les grands esprits progressistes, même les plus prudents comme Noam Chomsky, y voient les prémisses de la grande révolte attendue aux USA. Une détermination et une organisation exceptionnelles des foules, avec des actes entravant effectivement le fonctionnement des institutions de l’Etat du Wisconsin ; un soutien affirmé des officiels démocrates de l’Etat, avec des actes à mesure (“exil” dans l’Ohio, pour échapper à l’obligation de présence au vote de la loi Walker, qui permettrait d’atteindre le quorum) ; une détermination affichée comme sans faille du gouverneur Walker pour imposer sa loi ; après un temps d’hésitation, la crise de Madison élevée au rang de grande crise intérieure US, et traitée comme telle par les réseaux de communication, et aussi par les commentateurs et intellectuels comme on l’a vu plus haut avec Chomsky. (Pour l’instant, on s’abstiendra de dire un mot sur Obama, dont le soutien au mouvement est trop calculé pour avoir un impact décisif.)
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    Résumé des manifs aux USA, en français
G Hald

L'industrie nucléaire française procède à un véritable pillage au Niger - Fra... - 1 views

  • La Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) révèle que les eaux distribuées dans la ville minière d’Arlit, où opère Areva, ne sont pas aux normes de potabilité : d’après les prélèvements de 2004 et 2005, le taux de contamination de ces eaux dépasse de 7 à 110 fois les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé ! Toujours selon la Criirad, des boues radioactives et d’énormes masses de déchets radioactifs, les « stériles », sont stockées à l’air libre.
  • « L’économie pastorale est en train de disparaître dans le Nord du Niger, région où s’installent les miniers du monde entier. On va vers une catastrophe environnementale et économique », prévient l’hydrogéologue Alain Joseph. L’élevage extensif - principale source de revenus d’un des Etats les plus pauvres de la planète - mené par les Touaregs, les Peulhs et les tribus arabes Kounta dans l’immense plaine de l’Irhazer est fortement remis en cause par l’assèchement des nappes phréatiques d’Agadez (nord du Niger), seule ressource en eau de la région. La cause de leur épuisement ? L’octroi de concessions minières : 139 permis de recherche et d’exploitation ont été vendus en moins d’un an. L’eau des nappes est acheminée vers des mines de charbon qui alimente en électricité les installations d’Areva à Arlit.
  • A Akokan et Arlit, les sociétés Cominak et Somaïr, dont Areva est l’opérateur, ont déjà épuisé à 70% l’aquifère carbonifère au nord du Tarat, à raison de 22 000 m3/j depuis 38 ans. Ces deux sociétés envisagent d’utiliser un pipeline de 30 km et de déplacer leurs pompages vers l’ouest, dans la nappe des grès d’Agadez. « C’est significatif du comportement prédateur minier : on s’installe, on prend le maximum et après moi, le désert,
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  • Johnny Da Silva du Réseau Sortir du Nucléaire. « La France importe 100 % de son uranium pour 80 % de son électricité. C’est sans compter les transports de matières radioactives sur des milliers de kilomètres. » « Quand on nous explique que le nucléaire est une énergie propre, c’est un mensonge à plusieurs niveaux, poursuit le Député Vert Noël Mamère. Ce n’est ni une énergie renouvelable, ni une énergie propre mais bien une énergie sale dans sa contribution à soutenir les réseaux de la Françafrique et les régimes dictatoriaux. »
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    Par Sophie Chapelle (26 octobre 2009) Depuis 40 ans, la multinationale Areva puise abondamment dans les ressources d'un des pays les plus pauvres de la planète. Le Niger pourrait demain devenir le deuxième producteur mondial d'uranium. Pourtant, le pays figure à la dernière place de l'indicateur de développement humain. C'est dans cette absence de partage des richesses et sur fond de crise institutionnelle, que se profile une catastrophe sociale, environnementale et économique. Produire ici de l'électricité d'origine nucléaire a pour corollaire, là-bas, contaminations radioactives et désertification.
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    Il y aura des comptes à rendre un de ces jours. Le plus tôt sera le mieux. Une idée comme ça: démanteler Areva et en faire une organisation d'intervention pour le recyclage et la dépollution nucléaire.
Jon Snow

Looting with the lights on | Naomi Klein | Comment is free | The Guardian - 0 views

  • There was Baghdad in the aftermath of the US invasion – a frenzy of arson and looting that emptied libraries and museums. The factories got hit too. In 2004 I visited one that used to make refrigerators. Its workers had stripped it of everything valuable, then torched it so thoroughly that the warehouse was a sculpture of buckled sheet metal.Back then the people on cable news thought looting was highly political. They said this is what happens when a regime has no legitimacy in the eyes of the people. After watching for so long as Saddam Hussein and his sons helped themselves to whatever and whomever they wanted, many regular Iraqis felt they had earned the right to take a few things for themselves. But London isn't Baghdad, and the British prime minister, David Cameron, is hardly Saddam, so surely there is nothing to learn there.
  • Back then the people on cable news thought looting was highly political. They said this is what happens when a regime has no legitimacy in the eyes of the people. After watching for so long as Saddam Hussein and his sons helped themselves to whatever and whomever they wanted, many regular Iraqis felt they had earned the right to take a few things for themselves. But London isn't Baghdad, and the British prime minister, David Cameron, is hardly Saddam, so surely there is nothing to learn there.
  • Argentina's mass looting was called el saqueo – the sacking. That was politically significant because it was the very same word used to describe what that country's elites had done by selling off the country's national assets in flagrantly corrupt privatisation deals, hiding their money offshore, then passing on the bill to the people with a brutal austerity package.
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  • They are just about lawless kids taking advantage of a situation to take what isn't theirs. And British society, Cameron tells us, abhors that kind of behaviour.This is said in all seriousness. As if the massive bank bailouts never happened, followed by the defiant record bonuses. Followed by the emergency G8 and G20 meetings, when the leaders decided, collectively, not to do anything to punish the bankers for any of this, nor to do anything serious to prevent a similar crisis from happening again. Instead they would all go home to their respective countries and force sacrifices on the most vulnerable. They would do this by firing public sector workers, scapegoating teachers, closing libraries, upping tuition fees, rolling back union contracts, creating rush privatisations of public assets and decreasing pensions – mix the cocktail for where you live. And who is on television lecturing about the need to give up these "entitlements"? The bankers and hedge-fund managers, of course.
  • This is what Cameron got wrong: you can't cut police budgets at the same time as you cut everything else. Because when you rob people of what little they have, in order to protect the interests of those who have more than anyone deserves, you should expect resistance – whether organised protests or spontaneous looting. And that's not politics. It's physics.
    • Jon Snow
       
      Bien la preuve qu'ils manquent d'oxygène là où ils sont tous.
Jon Snow

L'Europe menace d'interdire les suppléments nutritionnels - 0 views

  • Une législation qui devrait sévèrement limiter le droit d’un consommateur de choisir et d’utiliser des suppléments nutritionnels est actuellement à l’étude en Europe. Cette réglementation restrictive est une première étape importante vers l’adoption de normes mondiales pour la réglementation des suppléments nutritionnels. De même, la Commission du Codex Alimentarius des Nations Unies travaille dans ce sens.
  •  Les Etats-Unis, étant membres de l’Organisation Mondiale du Commerce (World Trade Organisation), pourraient être contraints d’harmoniser leur législation sur les vitamines avec ces nouvelles normes internationales hautement restrictives.
  • Les 13 principales vitamines sont autorisées, mais la Directive exclut la plupart des formes biodisponibles de complexes de vitamine. Ainsi, elle bannit tout minéral chélaté ou composant minéral organique comme la sélénométhionine. De plus, elle n’autorisera que les alpha-tocophérols de la vitamine E mais exclura l’éventail complet des tocophérols tels qu’on les trouve dans la nature (y compris le gamma-tocophérol) et qui sont des antioxydants beaucoup plus efficaces que le seul alpha-tocophérol. La recherche a prouvé que de nombreux minéraux et vitamines ont une bien meilleure biodisponibilité lorsqu’ils sont dans les formes que l’on trouve dans la nature. Tant que la Directive actuelle n’aura pas été annulée, beaucoup de produits seront bannis, et les fabricants de suppléments seront contraints de cesser la vente de certains produits spécifiques ou d’en reformuler certains pourtant scientifiquement équilibrés.
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  • J’ai eu la grande chance d’être rejoint, pour défendre nos droits à la santé et les suppléments nutritionnels, par Clinton Ray Miller, un vétéran du lobbying pour la liberté de la santé en Angleterre. A 81 ans, Clinton n’aurait pas quitté le confort de sa maison de Statesville en Caroline du Nord s’il n’avait pas pensé que nous étions face à ces enjeux cruciaux. A la conférence que j’ai donnée récemment lors du salon Vitality vitamin en Angleterre, j’ai annoncé que la Food and Drug Administration (FDA), sous couvert de “mettre complètement en application le DSHEA”, avait signé un contrat avec l’Académie Nationale des Sciences pour qu’elle prépare un rapport et un avant-projet de monographie sur la sécurité des suppléments nutritionnels les plus efficaces et les plus vendus: le palmier scie, le chaparral, le picolinate de chrome, la mélatonine, la DHEA et le cartilage de requin. Cette monographie sera finalement appliquée à tous les nutriments des suppléments alimentaires dans le cadre d’un processus en trois étapes. Dans la dernière, le processus est très similaire à celui, très rigoureux, d’évaluation des médicaments considérée comme une évaluation critique de la sécurité. La FDA veut qu’avec le temps, tous les ingrédients des compléments nutritionnels passent par cette troisième voie très onéreuse tout comme l’ensemble des nouveaux ingrédients, sans considération pour leur étroite similitude avec d’autres ingrédients très connus et sans danger
  • Les remplacer signifierait que les vitamines auraient une moins bonne biodisponibilité, qu’elles seraient potentiellement plus toxiques et mieux adaptées à la fabrication de suppléments nutritionnels par des sociétés affiliées à l’industrie pharmaceutique. Dans d’autres cas, des minéraux comme le bore, le soufre, ou le vanadium devront être éliminés parce qu’ils ne seront pas autorisés par cette Directive européenne. Si elle n’est pas annulée, elle sera applicable dans chaque pays membre de l’Union Européenne, y compris le Royaume Uni, l’Irlande, les Pays-bas et la Suède qui, actuellement, ont des lois libérales similaires à celles des Etats-Unis. En plus de la Directive des Suppléments Alimentaires, il existe une autre menace venant de la Directive sur les produits traditionnels de phytothérapie qui devrait imposer une loi sur les produits de phytothérapie et autres suppléments qualifiés de limites. Ces deux Directives devraient sérieusement limiter nos chances de prendre en charge notre santé comme nous le souhaiterions.
  • Ce dernier mouvement, venant de la FDA, a immédiatement attiré l’attention du DrRobert Verkerk et de David Hinde, avocat, de l’Alliance pour la Médecine Naturelle. Ils ont tout de suite compris que l’impact du projet de la FDA pouvait avoir un impact plus ou moins identique à celui des législations proposées par l’Union Européenne. Vues de l’extérieur, les législations américaines et européennes peuvent paraître différentes, mais elles auraient la même incidence sur notre liberté de gérer nous-mêmes notre santé. Les deux systèmes sont mis en place pour tuer l’innovation dans le secteur de l’industrie des suppléments nutritionnels non pharmaceutiquement alignés, pour ne laisser la porte ouverte qu’aux seules sociétés de l’industrie pharmaceutique. Le programme de la FDA est clairement une initiative visant à pousser les Etats-Unis à harmoniser leurs lois sur les suppléments nutritionnels avec une norme internationale émergeante scandaleusement restrictive. L’avocate Suzanne Harris du Law Loft dans le Missouri a souligné que la Conférence Internationale des Nations Unies sur les Autorités de Régulation des Médicaments a coordonné les actions générées par des idées en vogue venues du monde entier. Un grand nombre de documents officiels sur le web sont remplis d’éléments qui le prouvent.
  •  Un fait encore plus perturbant est la mise en place par l’industrie pharmaceutique, à travers le monde entier, de groupes d’opposition contrôlés. Ces groupes énigmatiques semblent entrer seulement dans des mouvements de défense et, trop souvent, les consommateurs et les fabricants de vitamines sont manipulés pour les rejoindre sans comprendre leur véritable programme.
  • L’International Alliance of Dietary Supplement Associations (IADSA) est un exemple de groupe d’opposition contrôlé. (www.iadsa.org) L’IADSA a un statut d’organisme non gouvernemental des Nations Unies pour représenter l’industrie des suppléments nutritionnels aux réunions du Codex en Allemagne. Son président, Randy Dennin, employé par Pfizer, une des plus grandes sociétés pharmaceutiques mondiales. Le programme de l’IADSA a été dévoilé lors d’une interaction avec un membre de la NNFA de Nouvelle Zélande (National Foods Association of New Zealand). Une correspondance entre la NNFA de Nouvelle Zélande et l’IADSA montre que cette dernière ne voulait pas aider la Nouvelle Zélande à défendre sa loi, très libérale, sur les suppléments alimentaires contre une harmonisation avec les réglementations pharmaceutiques australiennes. Ces dernières, bien plus rigoureuses, empêchent le consommateur d’avoir accès aux produits. Lorsque la NNFA de Nouvelle Zélande a soulevé la question d’un conflit d’intérêt et a interrogé l’IADSA sur ses véritables intentions pour défendre la liberté de la santé, celle-ci l’a jetée hors de l’association.
Jon Snow

Ces puissantes officines qui notent les Etats, par Ibrahim Warde (Le Monde diplomatique) - 0 views

  • « Le monde de l’après-guerre froide compte deux superpuissances, les Etats-Unis et l’agence Moody’s. » Thomas Friedman, éditorialiste de politique étrangère du New York Times, explicite ainsi sa formule : si les Etats-Unis peuvent anéantir un ennemi en faisant usage de leur arsenal militaire, l’agence de notation financière Moody’s possède les moyens d’étrangler financièrement un pays en lui décernant une « mauvaise note ».
  • Une bonne note permet d’emprunter au moindre coût. Plus la note baisse, plus le taux d’intérêt augmente, car les investisseurs exigeront une prime de risque. Les obligations mal notées (ou pas notées du tout) sont considérées comme des obligations « pourries » (junk bonds), même si leurs vendeurs préfèrent l’appellation d’« obligations à haut rendement » (high yield bonds).
    • Jon Snow
       
      Tous les acheteurs sont au courant, mais c'est à qui se retirera le premier du merdier en regardant les autres sombrer...
  • Deuxième critique : les agences de notation commettent de graves erreurs. En 1975, à la veille de sa mise en cessation de paiements, la ville de New York était encore bien notée. Plus récemment, à la suite de la faillite du comté d’Orange, Standard and Poor’s a été prise en défaut de vigilance et fait l’objet de nombreuses poursuites judiciaires. Là encore, l’agence assurait les investisseurs que le comté d’Orange était en bonne santé et bien géré, alors même que 2 milliards de dollars partaient en fumée, à la suite de spéculations sur les produits dérivés (4). En octobre 1994, le bulletin de la Réserve fédérale américaine cautionna les investisseurs.
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  • Moody’s est l’objet d’une enquête du ministère de la justice, pour concurrence déloyale, et d’un procès intenté par le district scolaire de Jefferson County dans l’Etat du Colorado. En 1993, cette collectivité, refusant de solliciter Moody’s, demanda à la petite agence Fitch Investors Services de noter son émission d’obligations. En réplique à l’affront, Moody’s décerna une note « non sollicitée » (ou « note sauvage »), et bien entendu mauvaise, ce qui rendit l’émission impossible. Pour l’agence de notation, il ne s’agissait pas là d’un chantage, mais d’un service rendu au public et couvert par le premier amendement de la Constitution, qui garantit le droit à la libre expression (2).
  • L’autre note dont l’annonce déclencha un long suspense fut celle de l’Egypte. En septembre 1996, après que l’agence Moody’s eut annoncé qu’elle s’apprêtait à émettre une note non sollicitée, le gouvernement décida de demander à être noté (tout en affirmant qu’il n’avait pas l’intention d’émettre des obligations). S’entourant des banques d’investissement Goldman Sachs et EFG Hermes, les dirigeants égyptiens se livrèrent à un bachotage forcené et s’empressèrent d’accéder aux exigences du Fonds monétaire international en matière d’ajustement structurel.
    • Jon Snow
       
      Pan! Rien que ça!
  • Mieux vaut coopérer, c’est-à-dire fournir tous les documents demandés et recevoir la visite d’« examinateurs », que se voir décerner une note non sollicitée. Le système renforce les inégalités et regorge d’effets pervers. Le plus spectaculaire étant celui que les Anglo-Saxons appellent « self-fulfilling prophecy » : le simple fait de prévoir, même à tort, une déconfiture amène la déconfiture.
  • C’est cependant le pouvoir de noter des Etats qui vaut aux agences l’image de superpuissance politique. En effet, depuis 1990 - la crise de la dette, l’asséchement de l’aide extérieure et des prêts bancaires, et les recettes néo-libérales des organisations internationales étant passés par là - l’essentiel du financement extérieur des Etats se fait sur les marchés obligataires. Depuis que la « loi Wriston » n’a plus cours (6), les investisseurs veulent s’assurer de la solvabilité des Etats emprunteurs... que seules les agences de notation se disent capables d’apprécier.
  • Très sourcilleuses en matière de transparence lorsqu’il s’agit des notés, les agences de notation restent elles-mêmes bien mystérieuses. Leur pouvoir exorbitant et leurs abus appellent à un contrôle plus strict de leurs pratiques ou du moins à l’adoption d’un code de déontologie. De telles initiatives sont à l’étude, mais on peut douter de leurs succès. Les agences ne peuvent en effet être contrôlées que par ces mêmes gouvernements qu’elles tiennent sous haute surveillance.
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    Février 97.
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