CRIF - Antisémitismes d'hier et d'aujourd'hui, par Luc Ferry - 0 views
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Veille & Documentation on 30 Sep 20"A l'encontre de ce que les tenant du multiculturalisme prétendent, ce n'est pas la conception française de l'idée républicaine qui favorise l'antisémitisme, mais c'est tout l'inverse : c'est parce que la France a abandonné peu à peu l'idée républicaine, à droite avec les partisans de la discrimination positive, à gauche avec ceux du droit à la différence, que l'intégration des quartiers est tombée en panne, permettant à l'antisémitisme de refleurir dans les années 90, et ce comme jamais depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Dans la France d'aujourd'hui, hélas, la haine des juifs a retrouvé droit de cité. Quatre courants - et non pas trois, comme on le croit souvent - se partagent le paysage nauséabond de l'antisémitisme. Le premier est heureusement résiduel, c'est l'antisémitisme de la vieille droite catholique, celle qui oublie volontiers que Jésus était juif. En voie d'extinction aujourd'hui, il n'en fut pas moins virulent pendant des siècles, comme en témoigne la fameuse affaire Mortara qui, vue d'aujourd'hui, semble hallucinante, et qui fut à l'origine de la création de l'Alliance israélite universelle comme j'ai pu le rappeler lors du discours d'honneur que j'ai prononcé sur ce sujet, le 12 octobre 2010, à l'Unesco, à l'occasion de l'anniversaire des cent cinquante ans de l'Alliance. On a oublié aujourd'hui celle histoire aussi absurde qu'effroyable, mais je voudrais la rappeler ici, car elle est typique de ce que fut ce premier antisémitisme. Tout commence le 23 juin l858, en Italie, à Bomlogne. A la nuit tombée, une famille juive est brutalement réveillée par les hommes de la police pontificale. Ils mettent la main sur le petit Edgardo Mortara, alors âgé de six ans. Malgré les protestations désespérées des parents, ils l'emmènent de force avec eux. Le motif de cet enlèvement ? Une servante de la famille Mortara vient de révéler à so