Le numérique n’a rien de virtuel. Il mobilise
toute une infrastructure, des serveurs, des bornes wifi, des
antennes-relais, des routeurs, des câbles terrestres et
sous-marins, des satellites, des centres de données… Il faut
d’abord extraire les métaux (argent, lithium, cobalt, étain,
indium, tantale, or, palladium…), engendrant destruction de sites
naturels, consommation d’eau, d’énergie et de produits chimiques
nocifs, rejets de soufre ou de métaux lourds et déchets miniers.
Ensuite fabriquer les composants, comme les puces au silicium qui
nécessitent quantité d’eau purifiée, mais aussi du coke de pétrole,
du charbon, de l’ammoniaque, du chlore, des acides, etc., fournis
par le cœur du capitalisme « carbonifère9 ». Puis faire fonctionner le tout,
avec plus de 10 % de l’électricité mondiale ! Enfin, se
débarrasser des déchets électroniques, parmi les plus complexes à
traiter : une partie – majoritaire – est incinérée ou jetée en
décharge ; une autre rejoint les circuits
« informels » (Afrique de l’Ouest, Chine…), où ils sont
brûlés à l’air libre et empoisonnent les sols et les eaux. Le reste
rejoint quelques usines spécialisées, qui ne récupèrent que
partiellement les ressources. In fine, le taux de recyclage
de nombreux métaux rares est inférieur à 1 %, un terrible
gâchis.