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Aurialie Jublin

Fake news et neurosciences - Albert Moukheiber : "Notre cerveau est attiré pa... - 0 views

  • Le scientifique établit un parallèle entre la façon dont fonctionne notre cerveau face aux fausses informations, qui touchent à l'émotionnel et répond au besoin d'explications de notre cerveau et la manière dont nous réagissons aux tours de magie.
  • En matière de manipulation, enfin, Albert Moukheiber souligne aussi combien notre besoin de se situer dans la norme peut influencer nos actions. C'est sur cette théorie du "nudge" que s'appuie d'ailleurs le marketing.
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    "Le docteur en neurosciences cognitives Albert Moukheiber publie "Votre cerveau vous joue des tours", un ouvrage sur la manière dont nos souvenirs peuvent être altérés et la propension que nous avons à adhérer aux fake news. Ces fausses informations, qui versent souvent dans la théorie du complot, répondent à un besoin de notre cerveau, explique le chercheur. En jouant sur l'émotionnel, une fake news va activer un "signal d'alerte" dans notre tête, nous faisant percevoir l'information comme plus crédible."
Cécile Christodoulou

Minimal : le plugin qui préserve le temps de cerveau disponible - 0 views

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    "Tim Krief (@timkrief), étudiant ingénieur à l'initiative du plugin, déclare avoir voulu s'affranchir de la manipulation permise par les design trompeurs ou addictifs (dits aussi « dark patterns »). En cause, les techniques dites « captologiques » qui orientent les utilisateurs malgré eux sur un service et les amènent à l'utiliser plus que ce qui ne leur est réellement utile." "Son extension permet de modifier considérablement les interfaces des services suivants : YouTube, Facebook, Twitter, Google ou encore Amazon. Concrètement, Minimal change les couleurs du service (interfaces, boutons, etc.), le système de recommandations ou encore l'auto-play qui permet à une vidéo de se lancer toute seule sur YouTube."
Aurialie Jublin

Censure antiterroriste : Macron se soumet aux géants du Web pour instaurer un... - 0 views

  • Pour rappel, le texte, poussé par la France et l’Allemagne, utilise le prétexte de la lutte contre le terrorisme pour soumettre l’ensemble des hébergeurs (et pas seulement les grandes plateformes) à des obligations extrêmement strictes : retrait en une heure de contenus qualifiés de terroristes par une autorité nationale (en France, ce sera l’OCLCTIC, le service de la police chargé de la cybercriminalité)  la mise en place d’un « point de contact » disponible 24h/24 et 7j/7  l’instauration de « mesures proactives » pour censurer les contenus avant même leur signalement  si ces mesures sont jugées insatisfaisantes par les États, ces derniers peuvent imposer des mesures spécifiques telles que la surveillance généralisée de tous les contenus.
  • D’un point de vue humain, technique et économique, seules les grandes plateformes qui appliquent déjà ces mesures depuis qu’elles collaborent avec les polices européennes seront capables de respecter ces obligations : Google, Facebook et Twitter en tête. Les autres acteurs n’auront d’autres choix que de cesser leur activité d’hébergement ou (moins probable, mais tout aussi grave) de sous-traiter aux géants l’exécution de leurs obligations.
  • Ce texte consacre l’abandon de pouvoirs régaliens (surveillance et censure) à une poignée d’acteurs privés hégémoniques. Pourtant, la Commission et les États membres, en 146 pages d’analyse d’impact, ne parviennent même pas à expliquer en quoi ces obligations pourraient réellement être efficaces dans la lutte contre le terrorisme.
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  • Quand nous avons dit aux ministères que leur texte détruirait l’ensemble du Web décentralisé, ne laissant qu’une poignée de géants en maîtres, on nous a laissé comprendre que, oui, justement, c’était bien le but. Tranquillement, nos interlocuteurs nous ont expliqué que Google-Youtube et d’autres multinationales numériques avaient convaincu le gouvernement que la radicalisation terroriste était facilitée par les petites et moyennes plateformes, et qu’il fallait donc laisser la régulation du Web aux seuls géants prétendument capables de la gérer. Où sont les preuves de cette radicalisation plus facile en dehors de leurs plateformes ? Nulle part. Sans aucune honte, le gouvernement s’est même permis de sortir l’argument du secret défense, complètement hors sujet, pour masquer son manque de preuve et afficher son irrespect de toute idée de débat démocratique. C’est comme ça : Google l’a dit, ne discutez pas.
  • Macron se moque de détruire tout espoir d’une économie numérique européenne. Il veut simplement un texte sécuritaire qu’il pourra afficher au moment des élections européennes (ses « mid-terms » à lui), afin de draguer une partie de la population inquiète du terrorisme et qu’il s’imagine assez stupide pour tomber dans le panneau. Dans son arrogance délirante, il n’a même plus peur de renier ses électeurs pro-Europe ou pro-business, ni la population attachée aux libertés qui, pensant repousser l’extrême droite, l’aura élu.
  • Dans ce dossier, la menace terroriste est instrumentalisée pour transformer le Web en GAFAMinitel, pour acter la fusion de l’État et des géants du Net, et ainsi consacrer la surveillance généralisée et la censure automatisée de nos échanges en ligne. Tout ça pour quoi ? Pour lutter contre une auto-radicalisation fantasmée dont la preuve serait secret-défense (la bonne affaire !), et alors que les enquêtes sérieuses sur la question montrent que les terroristes ne se sont pas radicalisés sur Internet.
  • Le seul effet de ce texte sera de renforcer les multinationales du numériques et les dérives de l’économie de l’attention dont ils sont porteurs : la sur-diffusion de contenus anxiogènes, agressifs et caricaturaux capables de capter notre temps de cerveau disponible. L’urgence législative est de combattre ces dérives : de limiter l’économie de l’attention tout en favorisant le développement de modèles respectueux de nos libertés. C’est ce que nous proposons.
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    "Il y a deux mois, la Commission européenne a publié sa proposition de règlement « censure antiterroriste ». Nous le dénoncions, expliquant que ce projet aura pour effet de détruire l'ensemble du Web décentralisé. Depuis, nous avons rencontré les ministères français en charge du dossier : nos craintes se sont amplifiées. La France, avec le soutien de l'Allemagne et du Parlement européen, va tout faire pour empêcher un débat démocratique sur ce texte : le gouvernement n'en parle pas dans la presse, veut forcer son adoption urgente et invoque le secret-défense pour empêcher tout débat factuel. Pourquoi tant de secret ? Probablement parce que ce texte, écrit en collaboration avec Google et Facebook, aura pour effet de soumettre l'ensemble du Web à ces derniers, à qui l'État abandonne tout son rôle de lutte contre les contenus terroristes. La collaboration annoncée lundi par Macron entre l'État et Facebook n'en est que le prémice, aussi sournois que révélateur."
Aurialie Jublin

Mais pourquoi les GAFA nous rendent notre temps ? - 0 views

  • En réalité, les internautes devraient plutôt s’inquiéter de ces nouvelles fonctionnalités annoncées par les GAFA. Car cela sous-entend que ces derniers ont trouvé le moyen de faire de l’argent d’autres manières qu’en vendant notre temps de cerveau disponible au mieux offrant. Cela veut dire que l’économie de l’attention, qui pré-existe largement au Web puisqu’elle est au coeur du modèle économique de nos industries culturelles et médiatiques, n’est plus nécessairement le seul modèle possible pour ces grands groupes du numérique. Ou plutôt, ce que laisse entendre Mark Zukerberg, c’est que cette économie de l’attention n’a plus une valeur quantitative, mais qualitative : « aider les gens à se connecter est plus important que de maximiser le temps passé sur Facebook ». Nul besoin de garder présent un utilisateur durant une grande plage de temps si on peut s’assurer qu’il génèrera rapidement de la valeur.
  • Ainsi, il est notable de constater que les fonctionnalités annoncées ne permettent d’évaluer que le temps que l’on passe sur notre téléphone. Cela nous renvoie à une vision très utilitariste de notre société et de son rapport aux nouvelles technologies : optimiser son temps, le dépenser utilement. Cependant, les internautes sont loin de ne dépenser que du temps. Nous dépensons de l’argent (via le e-commerce) et nous “dépensons” des données personnelles (sur les réseaux sociaux ou via les applications de nos smartphones). Or ce sont ces deux dépenses qui sont les plus rémunératrices pour les géants du numérique. Ce n’est donc pas un hasard si la nouvelle application d’Apple nous indique le temps passé sur notre téléphone et non le montant cumulé que nous dépensons sur l’App Store ou sur les différentes applications que nous utilisons.
  • En effet, ce combat détourne en partie l’attention du fond du problème, c’est-à-dire la capacité des utilisateurs à maîtriser leurs usages dans leurs diversités des services numériques.
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  • C’est pourquoi il est aujourd’hui impératif de repenser la conception des services numériques, aussi bien dans ses méthodes, d’exploitation des données personnelles ou de l’attention, que dans ses objectifs, business models et impacts sur nos sociétés. De nombreux concepteurs de services numériques cherchent ainsi à remettre du sens dans leur travail et dans leurs produits, avec pour soucis de remettre l’exigence de choix et de liberté de l’utilisateur au centre de la conception.
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    "Ces dernières semaines, parmis les nouveautés annoncées par les géants américains du numérique pour leurs services respectifs, figuraient un certain nombre de fonctionnalités visant à "rendre le contrôle aux utilisateurs". Apple le formule ainsi : "iOS 12 intègre de nouvelles fonctionnalités pour limiter les interruptions et gérer le temps passé devant les écrans". iOS et Android offriront donc dorénavant la possibilité de monitorer le temps passé sur son téléphone, ainsi que la possibilité - à l'instar de Facebook - de mieux contrôler les notifications que l'on souhaite recevoir."
Aurialie Jublin

Dans un monde de la post-vérité, de nouvelles formes de luttes émergent | Met... - 0 views

  • Le terme de « post-vérité » a été utilisé pour la première fois en 2004 par l’écrivain américain Ralph Keyes. Il décrit la post-vérité comme l’apparition d’un système ou d’une société où la différence entre le vrai ou le faux n’a plus d’importance. Cette définition a éclaté aux yeux du monde en 2016 avec le vote pour le Brexit et l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Et fake news a été élu terme de l’année 2017.
  • C’est pourquoi RSF a créé une commission sur l’information et la démocratie, composée de 25 personnalités de 18 nationalités différentes. Y figurent des lauréats du prix Nobel, des spécialistes des nouvelles technologies, des journalistes, des juristes et des anciens dirigeants d’organisations internationales. Cette commission a édicté une déclaration qui « vise à entrer dans cette nouvelle logique afin de définir les obligations des entités structurantes de l’espace public ». RSF a donc sélectionné douze pays qui vont s’engager à signer un pacte sur l’information et la démocratie sur la base de la déclaration évoquée ci-dessus. Le but est, à terme, de créer une entité qui associera des experts indépendants qui pourra édicter des propositions avec un monopole de l’initiative et qui pourront être mises en œuvre par des Etats.
  • Elle repose sur des principes forts : Le droit à l’information fiable La liberté de la presse La vie privée La responsabilité des participants du débat public La transparence des pouvoirs
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  • Pour lutter face à cela, Gerald Bronner préconise une nouvelle forme de régulation : une régulation individuelle. Cette forme de régulation consiste à développer un esprit critique, on parle même de « système de pensée analytique ». Scientifiquement, il a été prouvé que la stimulation de la pensée analytique réduit l’adhésion à des théories complotistes. C’est la raison pour laquelle le sociologue recommande d’apprendre aux élèves du cycle primaire jusqu’à l’université le fonctionnement de leur cerveau. Le principal biais dont il est question est le biais de la taille de l’échantillon.
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    "« Le sort de la vérité a toujours été très fragile », a déclaré il y a quelques jours Edgar Morin lors du colloque sur la post-vérité à la Cité des sciences et de l'industrie à Paris. A cette occasion, chercheurs, décideurs publics et professionnels des médias ont décrit cette société de la désinformation, rétablit quelques faits sur les fake news et proposé quelques pistes pour lutter contre l'infox.  "
Aurialie Jublin

Society in the loop : vers un intelligence artificielle plus démocratique ? -... - 0 views

  • Mais l’intelligence artificielle se diffuse également dans des sphères qui concernent plus directement la vie publique, et donc la société. Pour ne citer qu’eux : le classement de lycéens après leurs bacs[4], l’automatisation de procédures judiciaires[5] ou des horaires de ramassage scolaire[6], la dérégulation du flux automobile dans les villes dus à l’utilisation d’un service de GPS comme Waze[7], l’utilisation de la reconnaissance faciale dans des lieux publics[8] et privés[9], l’usage de « détecteurs de mensonges » aux frontières[10], la police prédictive[11], ou même plus simplement l’usage de systèmes reposant sur la captation de l’attention de l’utilisateur[12].  A leurs échelles, ces sujets touchent la vie sociale dans des dimensions qui pourraient légitimement demander à ce que des discussions plus démocratiques aient lieu. Ils entrent certes, plus ou moins directement dans la catégorie « intelligence artificielle » mais participent de la numérisation du monde à travers des algorithmes, et feront tous le pas vers l’IA si ce n’est déjà fait.
  • C’est là qu’intervient le passage qualitatif du « human in the loop » (HITL) au « society in the loop » (SITL). Pour le dire simplement, le SITL devient nécessaire lorsqu’un système utilisant l’intelligence artificielle a des implications importantes sur la sphère sociale. Iyad Rahwan explique : « alors que le HITL utilise le jugement d’un individu ou d’un groupe pour optimiser un système pensé trop étroitement, SITL embarque le jugement et les valeurs d’une société vue comme un tout, dans la définition la gouvernance algorithmique[13] de questions sociétales ». En résumé, le SITL est une forme de contrat social entre ceux qui doivent obéir aux règles et ceux qui écrivent les règles.
  • Coupons court au débat qui concerne les bulles de filtres : leur émergence et leurs effets dépendent du paramétrage des algorithmes de Facebook, de Google et des autres services susceptibles de créer ces bulles. Par conséquent, elles restent à leur main, notamment à travers leurs Conditions générales d’utilisation (CGU) et le secret d’affaires qui protègent ces systèmes (et les modèles d’affaires de captation du « temps de cerveau disponible » qui y sont directement liés). Pas de démocratie à cet endroit, quand bien même les impacts sur la démocratie pourraient être réels, même s’ils sont encore mal mesurés. C’est une des premières limites du modèle « Society in the loop ».
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  • Dans le cas des véhicules autonomes en revanche, une vaste étude a été réalisée sur plusieurs années par le MIT Lab. Elle a concerné des millions de personne dans 233 pays (à travers le petit jeu http://moralmachine.mit.edu/) et a montré à quel point le traitement des questions éthique est variable, même lorsqu’on parle de conduite automobile ! Comme le relate Hubert Guillaud : « la question éthique diverge selon la culture, le niveau économique et la localisation géographique ; bien plus que selon des préférences individuelles (…) les Japonais ont plutôt tendance à préférer des véhicules qui épargnent les piétons alors que d’autres cultures, comme la culture chinoise, préfèrent des véhicules qui épargnent les passagers. » L’objectif d’une telle étude est d’apporter l’éclairage de la société toute entière afin que le système technique réponde au « bien commun ».
  • A l’initiative de Grégoire Japiot (@gregoire) et Matteo Mazzeri (@matemaz), le projet GEnIAL (voir le site internet) est « Une plateforme qui utilise les interfaces conversationnelles et l’intelligence artificielle afin de permettre à la population d’un territoire de mieux vivre dans sa ville à l’ère de la Smart City en offrant des moyens simples pour accéder aux services des administrations et des autres acteurs de la région. » Le projet, qui se revendique de « Society in the loop », est d’utilité publique et censé resté « la propriété des citoyens », contrairement aux services d’assistants proposés par les géants d’internet. Les données collectées ne sont pas commercialisées et la vie privée reste préservée. Grégoire, le fondateur, précise que les concertations citoyennes sont au cœur du projet. L’idée : intégrer dans le service les retours de la société (citoyens, administrations/institutions publiques, chercheurs et acteurs économiques) en vue d’élaborer des modèles d’apprentissage utilisés pour construire une « intelligence artificielle concertée ».
  • Concrètement, GEnIAL Bot, est une « solution qui vise à permettre aux utilisateurs d’interagir avec l’ensemble des informations d’un territoire via des interfaces conversationnelles de type chatbot et assistant vocal. » Au lieu de devoir utiliser des moteurs de recherche pour identifier les différents sites où se trouvent les informations recherchées ou bien de devoir téléphoner aux services concernés, les utilisateurs peuvent interroger GEnIAL Bot en s’adressant en langage naturel et se laisser guider sous forme de conversations vers l’information. Pour la partie technologique, GEnIAL « dispose d’une convention de partenariat avec le CERN qui lui permet de concevoir avec les équipes les plus pointues, une intelligence artificielle éthique et explicable, dont les modèles d’apprentissage sont pensés de manière à refléter l’identité du territoire et intégrer un processus de concertation continue avec ses habitants. »
  • A une échelle très locale, le projet GEnIAL pourrait entrer dans ce qu’il convient d’appeler la « démocratie technique ». La formule que j’emprunte ici à Callon, Barthes et Lascoumes dans l’ouvrage fondateur Agir dans un monde incertain, Essai sur la démocratie technique (Seuil, 2011) désigne notamment les dispositifs par lesquels des profanes peuvent peser sur les modes de conception et de diffusion des sciences et des techniques. A l’évocation de la démocratie technique, on pense souvent aux grandes polémiques et controverses qui ont agité des sujets technoscientifiques comme les OGM, l’enfouissement des déchets nucléaires, ou encore les traitements contre le SIDA. Ce dernier cas a montré que l’intrusion des malades parmi les experts a pu conduire à améliorer les protocoles des laboratoires pharmaceutiques, alors très éloignés de leurs vies.
  • Si ces exemples peuvent paraître éloignés des questions relatives à l’intelligence artificielle, ils permettent d’entrouvrir une autre dimension de la démocratie technique. Par-delà la pure contestation ou modification a posteriori d’une technique existante, Callon, Barthes et Lascoumes décrivent un modèle de « co-production des savoirs ». Ce modèle postule que les non-spécialistes peuvent produire des connaissances à partir de leurs intérêts propres. Ils sont les plus à même d’entrevoir les risques d’un projet et de les faire reconnaître comme légitimes lors d’une étape de conception commune. Ce faisant, ils participent pleinement à la production des sciences et des techniques. Ce modèle suscite des critiques : on pointe le fait que des profanes ne seraient pas capables de s’exprimer sur un sujet technique, et que par conséquent, l’avis des experts serait toujours supérieur, de meilleure qualité, et devrait être pris en compte en priorité.
  • De nombreux contre-exemples viennent infirmer ces thèses. L’expérience prouve que si les conditions sont réunies, des personnes éloignées d’un sujet technique ou scientifique peuvent tout à fait construire des rapports de grande qualité et reconnus comme tels par les experts eux-mêmes. Ce fut le cas lors des controverses concernant les OGM il y a de cela une vingtaine d’années. Callon, Barthes et Lascoumes racontent également comment les amateurs contribuent à améliorer la connaissance scientifique dans de nombreux domaines, comme par exemple l’astronomie.
  • pourquoi ce traitement démocratique si spécial devrait-il se limiter à l’intelligence artificielle ? Une des raisons est sans doute que l’on pressent que son déploiement va changer le monde et susciter des controverses qu’il vaut mieux anticiper. N’oublions pas cependant que de nombreuses technologies numériques (ou non) changent le monde plus insidieusement et suivant des échelles temporelles qui nous les rendent « invisibles à l’œil nu ». Légitimement, on pourrait aussi poser la question démocratique à leur endroit[20].
  • Ce que la démocratie technique questionne, c’est non seulement l’aménagement du progrès, mais aussi sa définition. C’est-à-dire la direction donnée à la civilisation. Entraîner une intelligence artificielle – même avec la méthodologie Society in the loop – c’est déjà faire le choix d’une intelligence artificielle. Ce qui ne veut pas dire que ce choix soit mauvais. Pas plus qu’il n’est naturellement bon. Disons que c’est un choix parmi d’autres. Ce point chaud qui concerne la définition du progrès est et sera de plus en plus au centre de toutes les questions liant technosciences et démocratie.
  • Parallèlement, l’Université de Montréal a bâti une « Déclaration pour un développement responsable de l’intelligence artificielle[23] ». Cette déclaration décrit dix principes phares pour guider le développement de l’IA, parmi lesquels un « principe de bien être » ou encore un « principe d’inclusion de la diversité » (
  • Toutes les controverses techniques n’ont pas vocation à passer sous les fourches caudines de la démocratie, il existe une multitude d’autres échelons pour co-construire, réguler, interdire ou favoriser des systèmes. En témoignent les nombreuses villes qui se « défendent » contre AirBnb ou Uber puis qui finissent par utiliser les données que ces sociétés récoltent, à d’autres fins (des « arrangements » a posteriori[25]). Par ailleurs, c’est aussi dans les écoles qui forment les ingénieurs, designers et entrepreneurs de demain et bien sûr dans les entreprises elles-mêmes, dont certaines décident d’être plus soucieuses des effets générés par leurs activités, que l’avenir se joue
  • Bien sûr, ces quelques pages souffrent de nombreuses limites et à de multiples niveaux. A mon sens néanmoins, le fond de la question consiste (aussi) à savoir quelle « dose » de démocratie nous sommes prêts à mettre dans nos ambitions technologiques. Et en retour, dans quelle mesure les technologies que nous produirons permettront ou non à la démocratie de continuer d’exister[26].
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    "En 2017, Iyad Rahwan (@iyadrahwan), responsable du groupe des coopérations évolutives au MIT posait avec Joi Ito (@Joi) du MIT Medialab le concept de « Society in the loop » (SITL), une méthode pour impliquer différentes parties-prenantes dans la conception d'un système d'apprentissage automatique[1] (ou machine learning), à la base des intelligences artificielles (IA) qui jalonnent le quotidien. L'idée : co-construire plutôt qu'imposer les solutions au grand public, en faisant intervenir dès la phase de conception une diversité d'acteurs. J'en retrace ici un court historique, une illustration et les quelques perspectives et limites qu'il me paraît intéressant de pointer, notamment au regard des questions relatives à ce qu'on appelle la « démocratie technique »."
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