“l’écrémage est la nouvelle normalité”, assène-t-elle. “Avec le numérique, on scanne, on navigue, on rebondit, on repère. Nous avons tendance à bouger, à cliquer et cela réduit notre attention profonde, notre capacité à avoir une lecture concentrée. Nous avons tendance à porter plus d’attention à l’image. Nous avons tendance à moins internaliser la connaissance et à plus dépendre de sources extérieures.”
8More
Notre cerveau à l'heure des nouvelles lectures « InternetActu.net - 0 views
-
Nous pouvons deviner que l’accès à l’information ne va cesser d’augmenter. Mais nous ne savons pas si l’accès immédiat à de vastes quantités d’informations va transformer la nature du processus de lecture interne, à savoir la compréhension profonde et l’internalisation de la connaissance.
-
Nous ne savons pas si l’accès immédiat à cette quantité croissante d’information externe va nous éloigner du processus de lecture profonde ou au contraire va nous inciter à explorer la signification des choses plus en profondeur, estime Wolf en reconnaissant tout de même, après bien des alertes, l’ignorance des neuroscientifiques en la matière. Bref, nous ne savons pas si les changements qui s’annoncent dans l’intériorisation des connaissances vont se traduire par une altération de nos capacités cognitives, ni dans quel sens ira cette altération.
- ...5 more annotations...
-
Nos organes physiologiques n’évoluent pas indépendamment de nos organes techniques et sociaux”, rappelle Christian Fauré. Dans cette configuration entre 3 organes qui se surdéterminent les uns les autres, le processus d’hominisation semble de plus en plus porté, “transporté” par l’organe technique. Car dans un contexte d’innovation permanente, le processus d’hominisation, ce qui nous transforme en hommes, est de plus en plus indexé par l’évolution de nos organes techniques
-
L’écriture a longtemps été notre principal organe technique. Parce qu’elle est mnémotechnique, elle garde et conserve la mémoire. Par son statut, par les interfaces de publication, elle rend public pour nous-mêmes et les autres et distingue le domaine privé et le domaine public. Or l’évolution actuelle des interfaces d’écriture réagence sans arrêt la frontière entre le privé et le public. Avec le numérique, les interfaces de lecture et d’écriture ne cessent de générer de la confusion entre destinataire et destinateur, entre ce qui est privé et ce qui est public, une distinction qui est pourtant le fondement même de la démocratie, via l’écriture publique de la loi. Avec le numérique, on ne sait plus précisément qui voit ce que je publie… ni pourquoi on voit les messages d’autrui.
-
La question qui écrit à qui est devenue abyssale, car, avec le numérique, nous sommes passés de l’écriture avec les machines à l’écriture pour les machines. L’industrie numérique est devenue une industrie de la langue, comme le soulignait Frédéric Kaplan. Et cette industrialisation se fait non plus via des interfaces homme-machine mais via de nouvelles interfaces, produites par et pour les machines, dont la principale est l’API, l’interface de programmation, qui permet aux logiciels de s’interfacer avec d’autres logiciels.
-
Le monde industriel va déjà plus loin que le langage, rappelle Christian Fauré sur la scène des Entretiens du Nouveau Monde industriel. “Nous n’écrivons plus. Nous écrivons sans écrire, comme le montre Facebook qui informe nos profils et nos réseaux sociaux sans que nous n’ayons plus à écrire sur nos murs. Nos organes numériques nous permettent d’écrire automatiquement, sans nécessiter plus aucune compétence particulière. Et c’est encore plus vrai à l’heure de la captation de données comportementales et corporelles. Nos profils sont renseignés par des cookies que nos appareils techniques écrivent à notre place. Nous nous appareillons de capteurs et d’API “qui font parler nos organes”. Les interfaces digitales auxquelles nous nous connectons ne sont plus des claviers ou des écrans tactiles… mais des capteurs et des données.”
-
Google et Intel notamment investissent le champ des API neuronales et cherchent à créer un interfaçage direct entre le cerveau et le serveur. Le document n’est plus l’interface. Nous sommes l’interface ! “Que deviennent la démocratie et la Res Publica quand les données s’écrivent automatiquement, sans passer par le langage ? Quand la distinction entre le public et le privé disparaît ? Alors que jusqu’à présent, la compétence technique de la lecture et de l’écriture était la condition de la citoyenneté”, interroge Christian Fauré.
Le devenir machinique du livre - 0 views
1More
Comment le roman a transformé l'écriture savante « Frederic Kaplan - 0 views
Comment le livre devient machine | La Feuille - 0 views
43More
Reading in a Whole New Way | 40th Anniversary | Smithsonian Magazine - 0 views
www.printthis.clickability.com/pt/cpt?action=cpt&title=Reading+in+a+Whole+New+Way+|+40th+Anniversary+|+Smithsonian+Magazine&expire=&urlID=430056402&fb=Y&url=http://www.smithsonianmag.com/specialsections/40th-anniversary/Reading-in-a-Whole-New-Way.h
lecture Kelly littératie
shared by Michel Roland-Guill on 11 Sep 11
- No Cached
-
Being able to read silently to yourself was considered an amazing talent. Writing was an even rarer skill. In 15th-century Europe only one in 20 adult males could write.
-
Vision technicisée et progressiste des pratiques de l'écriture, où il est assez naturel de retrouver relayé le mythe de la rareté de la lecture silencieuse dans l'Antiquité. Je crois avoir lu quelque part, et même en plusieurs endroits, que la connaissance et la pratique au moins rudimentaire de l'écriture était très répandue dans l'antiquité classique (grecque et romaine) au rebours de ce que soutient Kelly ici. Mais il s'appuie vraisemblablement sur des études sérieuses valant pour le 15e s. et dans sa vision linéaire d'un progrès fondé sur la succession des innovations techniques cela implique qu'on ne savait généralement pas écrire dans l'antiquité.Il n'est pas difficile de deviner combien une vision aussi simpliste, aussi simplement orientée de l'évolution des pratiques de la lettre est aujourd'hui, au moment où il nous faut évaluer une révolution nouvelle de ces pratiques est sinon nuisible au moins handicapante.
-
- ...28 more annotations...
-
the romance novel was invented in 1740
-
a people of the book.
-
Intéressant comme est ici condensé un imaginaire américain de la lettre. A remarquer que cet attachement au livre et à la chose écrite ne se double d'aucun intellectualisme, au contraire. La situation française est bien différentes et à plusieurs égards opposée. Au point qu'on peut se demander si la crise de la culture française ne s'explique pas, en partie et à ce niveau, par une contradiction entre ses éléments structurants et ceux de la culture américaine telle qu'elle est transmise par les médias de la culture populaire, cinéma et télévision au premier chef.
-
-
In time, the power of authors birthed the idea of authority and bred a culture of expertise. Perfection was achieved “by the book.”
-
This new platform is very visual, and it is gradually merging words with moving images
-
it seemed weird five centuries ago to see someone read silently
-
Propaganda is less effective in a world of screens, because while misinformation travels fast, corrections do, too.
-
On networked screens everything is linked to everything else.
-
Ici le coeur de la contradiction chez Kelly: la révolution numérique est appréhendée depuis le paradigme américain pré-révolution numérique qui oppose autorité et individualisme. Or la RN redistribue ici (peut-être plus qu'ailleurs) les cartes en contestant, en même temps que le rôle de l'autorité, l'individualisme libéral dont les historiens de la lecture ont montré qu'il s'est construit, depuis Augustin mais particulièrement à la Renaissance par le commerce singulier avec le livre.
-
-
In books we find a revealed truth; on the screen we assemble our own truth from pieces
-
the degree to which it is linked to the rest of the world.
-
informational layer