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peir ric

Contre-propagande - 3 views

  • Il nous semble qu'il y a pour le moins un problème de compréhension des grilles culturelles inversées
  • le comble de l'horreur pour nous -montrer que l'on fait des victimes désarmées ou que nos combattants risquent de mourir - peut être pour l'autre une perspective exaltante.
  • Et rajouter un simple jugement moral conforme à nos critères occidentaux (victimes, horreur, enfer, mort, terreur) ne désamorce pas la force d'humiliation et de défi des images qu'ils nous lancent à la face.
  • ...3 more annotations...
  • Nos images repoussantes sont leurs images pédagogiques.
  • Ajoutons que cette campagne sensés s'adresser à des jeunes qui passent leur temps sur les réseaux sociaux et ne croient plus un mot de ce que disent les médias classiques ou les autorités en général.
  • Notre contre-propagande fonctionne suivant le schéma du dévoilement -ils ne savaient pas, nous leur montrons- et sur la supposition que l'exposition à la vérité suscite les mêmes jugements moraux chez tous les êtres humains. Des présupposés qu'il faudrait peut-être réexaminer.
peir ric

Rudy Reichstadt: "la complosphère considère le Réseau Voltaire comme un site ... - 1 views

  • Sur tous les sites conspirationnistes, dans toutes les théories du complot, vous avez des faits exacts. Et c’est bien normal : pour être efficace, une théorie du complot doit s’ancrer dans la réalité
  • . Sur le Réseau Voltaire, c’est pareil et c’est même encore plus sophistiqué que cela : non seulement vous avez des faits exacts, mais vous avez aussi des éléments qui ne sont pas forcément connus du grand public – mais qui le sont en revanche des observateurs et des spécialistes.
  • C'est un mode de discours, qui peut être au service d'idéologies très différentes et même opposées, qui consiste à délivrer un récit alternatif, un récit concurrent de la version communément admise d'un événement. Et en plaçant au cœur de ce récit une idée de conspiration, de manipulation, de mensonge des autorités.
  • ...3 more annotations...
  • il répond à une demande sociale, il dit à une partie du public ce qu’il veut entendre.
  • Le Réseau Voltaire, si vous voulez, c'est un site prescripteur. Il donne le tempo. Il est ainsi beaucoup repris par la blogosphère conspirationniste,
  • Oui. Vous avez le Réseau Voltaire, Mécanopolis, Egalité & Réconciliation d'Alain Soral ou encore AlterInfo.net (lire notre article) de Zeynel Cekici (qui a été condamné en 2009 pour des contenus à caractère négationniste). Vous avez aussi Mondialisation.ca, qui est un site canadien fondé par Michel Chossudovsky. Et qui a une version en anglais, qui s'appelle GlobalResearch.ca. Tous ces sites sont vraiment sur la même ligne idéologique indissolublement antiaméricaine, "antisioniste" et conspirationniste.
peir ric

Lutter contre les rumeurs : mission impossible ? | InaGlobal - 0 views

  • vieux comme le monde social, le phénomène n’en emprunte pas moins sa dynamique aux représentations, aux émotions et aux technologies du temps présent, posant ainsi sans cesse de nouvelles questions aux sociétés.
  • Plus qu’une croyance collective irrationnelle, la rumeur doit être définie comme un dispositif communicationnel singulier au sein de l’économie générale de l’information.
  • un système de régulation de l’information
  • ...60 more annotations...
  • logiques structurantes de ce système est que les détenteurs de l’autorité publique, les professionnels agréés de l’information et les producteurs légitimes du savoir y revendiquent conjointement le monopole de certification des informations (Veyne, 1983)
  • se maintiennent toujours des dispositifs alternatifs  de communication, dont la rumeur est un instrument privilégié.
  • surveillée (Bigo et al., 2009) et parfois disqualifiée par les tenants du système légitime de production de l’information
  • quand il devient l’outil stratégique de groupes organisés et dissidents
  • la sémantique de la rumeur est marquée par la clandestinité
  • ’être une contre-version à la version officielle
  • Toléré en tant que pratique anodine et spontanée
  • Pour produire leur effet de dévoilement, les récits de rumeurs empruntent et combinent principalement quatre thèmes narratifs : la faute, la trahison, le complot et le mal dissimulé (Aldrin, 2005)
  • Ces « théories » renoncent, de fait, à considérer sérieusement ce que des individus font – mais aussi comment et pourquoi ils le font – quand ils échangent une nouvelle non vérifiée ou incertaine.
  • Que savons-nous des logiques sociales de ce processus de diffusion d’une nouvelle non vérifiée ?
  • nouvelle dit lien avec l’actualité et la réalité
  • non vérifiée dit circuit de diffusion qui contourne ou ignore les dispositifs institutionnels qui assurent de façon habituelle la certification et la promotion publique des informations
  • Si elle circule et se répand, c’est par une série d’échanges verbaux entre des individus
  • La rumeur est une révélation, étonnante, subversive voire scandaleuse.
  • « course aux armements communicationnels »
  • Norbert Elias a d’ailleurs relevé la « sociodynamique de la stigmatisation » à l’œuvre dans les rumeurs et le commérage (Elias, 1965)
  • La rumeur a donc à voir avec l’entre-soi, le sentiment d’appartenance et les identités collectives.
  • La mécanique de diffusion de la rumeur épouse précisément les ramifications des liens sociaux établis : entre-soi constitués par les univers d’existence (famille, travail, quartier), réseaux de relations ou communautés de valeurs
  • la rumeur est un phénomène banal, normal des sociétés humaines
  • tenter – collectivement – d’interpréter une situation inhabituelle
  • quand la demande sociale d’informations sur la situation inhabituelle ou l’événement inexpliqué est urgente et excessive, alors l’excitation collective renforce le crédit accordés à des récits moins vraisemblables et des comportements collectifs irrationnels
  • Pour autant, les individus qui entrent et participent au processus de transmission d’une rumeur n’y croient pas nécessairement.
  • il subsiste toujours un régime pluriel du croire
  • ces petits jeux mentaux d’arrangement avec le réel
  • Par contre, plusieurs éléments indiquent que le système de production de l’information s’est recomposé et, avec lui, les logiques et les pratiques du recours au processus communicationnel de la rumeur.
  • l’égalisation tendancielle des prises de parole publiques
  • la pluralisation des acteurs et des moyens de la communication médiatique
  • la mondialisation du marché des opinions, des émotions et des causes
  • généralisation de l’équipement et de l’usage en moyens de la communication stratégique.
  • des visées persuasives
  • sept points de connaissance sont aujourd’hui attestés quant aux formes sociales du phénomène
  • Chaque société historique possède un système sociotechnique de production et de régulation de l’information.
  • En contrepartie de la garantie d’exercice des libertés fondamentales (opinions, réunion, croyance) et de la liberté consubstantielle de la presse, des cadres juridiques et conventionnels assuraient ainsi leur bon usage.
  • Une part de ces cadres étaient des dispositifs de contention des fausses informations et des rumeurs.
  • En France, la première charte des journalistes (1918, remaniée en 1938) désignait « la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles »
  • cadre d’autocontrôle des journalistes à l’égard des rumeurs
  • dans toutes les démocraties modernes, des dispositions juridiques sanctionnent les différentes atteintes à l’honneur ou la réputation des personnes perpétrées par des révélations fausses
  • à un « marché noir » de l’information
  • dès la fin du XIXe siècle un processus de domestication de la violence dans la compétition politique et électorale (Garrigou, 2002) et dans les manifestations collectives publiques (Fillieule, 1997).
  • En quelques petites années, les professionnels agréés de l’information ont perdu leur monopole de gatekeepers de l’espace public et des mass media.
  • Face à cette égalisation tendancielle de l’accès à l’espace public, les sites des institutions publiques et de grandes marques commerciales se sont aussi adaptés, dressant plus rapidement des contre-feux aux rumeurs (communiqués, clarifications officielles…)
  • Le « fact checking » est devenu une pratique spécifique des journalistes de métier
  • Cet appareil de déminage des rumeurs, des « hoax » et des « fakes » s’opère désormais en direct on-line. I
  • La chaîne improvisée d’information est désormais une cohue d’annonces, d’interprétations, où les journalistes professionnels tiennent guichet à côté d’autres courtiers en nouvelles plus ou moins honnêtes et de propagandistes.
  • des répliques dans l’exercice de la représentation politique
  • Or, cette situation d’escalade communicationnelle génère principalement des effets de boucle (loops) informationnelle propices au phénomène de « bulles » électroniques autour de certains événements (cf. les rumeurs récentes, en France, autour des ABCD de l’égalité).
  • La rumeur apparaît en effet comme l’une des principales armes stratégiques des ennemis de la démocratie.
  • , ce combat pourrait bien se limiter à une concurrence stérile des vérités.
  • l’un des principaux indicateurs de la crise du système informationnel actuel réside justement dans la prolifération ad nauseam des sources concurrentes d’information, des analyses d’information-désinformation, des stratégies antagoniques d’influence.
  • prise de conscience de la nécessité de proposer une réponse adaptée à l’attitude d’élèves
  • « clinique des rumeurs » (démentis officiels radiodiffusés et publiés dans la presse, affiches disposées dans des lieux publics dénonçant l’irresponsabilité des colporteurs de rumeurs). Ces campagnes de contre-désinformation avaient principalement produit les effets attendus sur la part de la population qui attribuait encore crédibilité et légitimité aux autorités gouvernementales (Allport, Postman, 1947). On peut voir là une certaine parenté avec des initiatives récentes.
  • L’éducation critique aux médias se révèle indispensable, comme l’est l’éthique des journalistes de métier à l’égard des réseaux numériques.
  • le système informationnel ne peut être régulé par les seuls médiateurs du savoir et des faits que sont l’école et les journalistes professionnels. Car le système informationnel est désormais agencé autour de l’espace public numérique.
  • L’une des causes principales est à chercher du côté des « communautés » qui organisent l’économie des liens sur Internet, communautés présentant une structure sociologique très singulière.
  • Tissées en apparence autour d’« amis », d’« abonnés » ou de « followers », ces communautés sont dématérialisées, indénombrables et extraverties, à l’opposé donc des communautés physiques fondées sur des liens suivis, localisés et plus sélectifs d’interconnaissance.
  • Le sociologue Erving Goffman a abondamment montré que les mondes sociaux étaient régulés par toute une codification culturelle des interactions de co-présence en public, interactions analogues selon lui à la scène d’un théâtre (chacun y joue son rôle en respectant la partition de l’autre, les comportements en coulisse et sur scène sont différents, etc.)
  • La réussite de toute interaction, dit Goffman, est indexée sur la disposition des « partenaires de l’interaction » à respecter la face sociale des autres, à maîtriser leurs expressions et impressions, à éviter les gaffes et les offenses.
  • Rien ou presque n’y réfrène la « sociodynamique de la stigmatisation » à l’œuvre dans le commérage et le colportage de rumeurs
  • il faut noter que les rapports dans l’espace public numérique sont marqués par l’égalité, la publicité et la promiscuité, abolissant ainsi les frontières entre l’officiel et l’officieux, l’autorisé et le clandestin (entre les coulisses et la scène, dirait Goffman), le factuel et le conjecturel
  • Cette fluidité immédiate entre les divers secteurs du monde numérique rend, en outre, possible la mise en résonance soudaine entre le militantisme déterminé d’organisations engagées dans la fabrication propagandiste d’une Histoire révisionniste du monde et le goût à la mode pour les versions alternatives des événements et les récits survivantistes
  •  
    ce qui change avec internet ": l'égalisation tendancielle des prises de parole publiques ; la pluralisation des acteurs et des moyens de la communication médiatique ; la mondialisation du marché des opinions, des émotions et des causes."
peir ric

S'informer à l'ère numérique - 1 views

  • S’informer, au sens d’acquérir des connaissances vraies et pertinentes, mettre en forme, savoir et comprendre, éclairer la réalité, créer du sens,
  • Le facteur de l’oubli : celui qui fait que les médias s’intéressent aux thèmes qui intéressent les médias, qui pensent que les gens s’y intéressent.
  • oubliant des pans entiers de la réalité.
  • ...15 more annotations...
  • Le mensonge délibéré, bien sûr, l’information reformatée, décontextualisée, redécoupée, sélectionnée, la propagande, le faux contexte où la fausse légende, la désinformation / mésinformation,
  • l'amnésie s'instaure vite par surabondance,
  • Le quasi secret, la connivence entre les élites journalistiques, politiques, de l’autocensure
  • La surabondance de l’information elle-même
  • La rareté apparente : le fait qu’une information soit minoritaire, difficile à trouver, ou qu’elle ait été trouvée par un procédé compliqué ou grâce à un logiciel sophistiqué ne garantit en rien qu’elle soit plus pertinente que celle du JT regardé par des millions de gens.
  • Le risque du miroir ou de la contagion:
  • faire un « copier-coller »
  • Le pire est qu'au cours de ce processus sur les réseaux, chacun est tenté soit de citer ou recommander sans avoir vraiment lu ou vu la source primaire
  • La tentation, bien connue dans le phénomène de la rumeur p.e., de vouloir en rajouter pour gagner en prestige est ici aggravé par la facilité à contribuer et documenter.
  • La « bonne » nouvelle, c’est que tout cela est connu depuis longtemps : la rhétorique - art de persuader - est étudiée depuis deux millénaires et demi, il existe des listes de sophismes et de biais cognitifs depuis des siècles ; dès les années 20, des scientifiques ont établi les listes des procédés typiques de la propagande et ont décrit la façon de les détecter.
  • Mais le pire est le danger que chacun porte en soi. La tentation d’adopter la version de la réalité la plus simple, celle qui flatte le mieux nos stéréotypes ou nos conceptions idéologiques, celle que partage notre groupe, notre famille intellectuelle.
  • nos biais cognitifs, erreurs de raisonnement, conformismes, persistance des idées reçues, dissonance cognitive
  • e demander d’où provient l’information, reconstituer le trajet d’une dépêche ou d’une image, s’interroger sur les intérêts des acteurs qui la produisent ou la diffusent ; se méfier de la force de l’image et de l’émotion du direct, comparer des sources de différentes cultures ou de différentes familles idéologiques.
  • La « mauvaise » nouvelle, c’est que tout cela prend un temps considérable : vérifier, comparer, analyser est un travail que nous ne pouvons faire toujours et dans tous les domaines.
  • En clair : la quête de l'information va d'un processus de repérage et autorité vers un processus de confiance et coproduction. Ce n'est pas une catastrophe en soi ; c'est une nouvelle règle du jeu à apprendre.
  •  
    récapitulatif des processus qui tendent à biaiser la réception de l'information. Besoin de veille en mode collaboratif
peir ric

La guerre des mémoires - Propos recueillis par Martine Fournier, article Hist... - 2 views

  • mémoire de la guerre d’indépendance
  • légitimer l’État-nation.
  • pour mission d’écrire l’histoire officielle de la révolution et de la guerre.
  • ...12 more annotations...
  • de nouvelles interrogations traversent la société sur la généalogie de la violence, sur les pères fondateurs du nationalisme algérien,
  • en quoi le refoulement et les oublis ont vidé la politique de son sens pour aboutir à cette espèce de vertige identitaire auquel on assiste actuellement.
  • Toute une série de fractures profondes a traversé la société algérienne, des microguerres civiles qui n’ont cessé de se superposer parce que, dans la mémoire de la guerre d’indépendance, on a évacué les facteurs politiques au profit des facteurs militaires.
  • Le grand problème pour la jeunesse algérienne aujourd’hui est de sortir de cette culture de la guerre, tout en prenant possession d’un récit historique où doivent dominer les figures politiques, et plus simplement militaires.
  • où la mémoire de la guerre d’Algérie est essentiellement transmise dans les familles de soldats
  • pieds-noirs. Cette mémoire permet à ces derniers de se fabriquer une identité forte dans la société française.
  • : les enfants issus de l’immigration algérienne en France ont apporté, via leurs grands-pères et leurs pères, une nouvelle mémoire axée sur la mise en accusation du système colonial.
  • le 10 juin 1999. Ce jour-là, pour la première a été reconnu le terme de « guerre d’Algérie ».
  • Mais la guerre des mémoires a pris une tournure très violente à l’occasion de plusieurs événements
  • le 23 février 2005 d’une loi insistant sur les « aspects positifs » de la colonisation
  • l’inauguration d’un « mur » à Perpignan à la fin de l’année 2007
  • l’utilisation par les autorités algériennes du mot « génocide »
  •  
    est-ce qu'un travail sur cette guerre des mémoires ne rentre-t-il pas dans un processus d'explicitation type controverse scientifique ?
  •  
    Je ne pense pas du tout que la question de la guerre des mémoires ait quoi que ce soit à voir avec les controverses scientifiques (ni même avec l'évaluation de l'information !) : ce ne sont pas les mêmes processus, les mêmes objets, les mêmes enjeux, ni les mêmes conclusions. Par exemple, alors qu'une controverse scientifique est toujours appelée à être close, un jour ou l'autre, la guerre des mémoires est, par définition, presque impossible à être refermée (cf la guerre d'Algérie).
  •  
    pourtant on est face à deux visions d'un même évènement qui vont générer des points de vue différents ? Mais est-ce qu'on peut arriver à une objectivation de l'évènement, that is the question ? Si on quitte l'aspect idéologique qui est associé à la guerre d'Algérie en France, est-ce qu'on ne peut pas voir justement ces deux visions comme des visions concurrentes qui viser à l'emporter l'une sur l'autre ? Les controverses viseraient à arriver à une synthèse alors que les visions mémorielles viseraient à l'éradication de l'autre mémoire ? Je comprends qu'on ne soit pas dans la notion de controverses, mais pourquoi est-ce qu'on ne peut pas être dans l'évaluation de l'information alors ?
peir ric

Chiffrer pour évaluer ? - La Vie des idées - 0 views

  • Benchmarking. L’État sous pression statistique d’Isabelle Bruno et d’Emmanuel Didier (2013)
  • Désacraliser le chiffre dans l’évaluation du secteur public publié par Albert Ogien (en 2013)
  • Ces deux ouvrages ont en effet comme point commun fondamental de faire un lien explicite entre critique de l’évaluation et du benchmarking, et critique du chiffre.
  • ...44 more annotations...
  • la définition d’une période de temps pour atteindre l’objectif
  • la détermination des indicateurs permettant de mesurer l’activité
  • l’analyse des quatre temps de la démarche du benchmarking
  • le chiffrage d’un objectif à atteindre
  • l’analyse des résultats atteints et la définition des futurs objectifs
  • l’arrivée des outils du management quantitatif les conduit à percevoir bien différemment leur rôle, leur mission et leur relation aux usagers des services publics.
  • Les réflexions aboutissent à un constat sévère, qui est essentiel : « l’activité de quantification induit, de façon intrinsèque et fortuite, une a-moralisation des critères de jugement de l’activité politique »
  • Ces deux ouvrages constituent de belles illustrations des questionnements et méthodes qui fondent la sociologie de la quantification.
  • La sociologie de la quantification prend au sérieux l’idée selon laquelle statistique et quantification contribuent à établir « l’autorité des faits », tout en discutant fermement les notions d’autorité et de « fait ».
  • Ce qui est en cause n’est pas tant la mise en chiffre, que le chemin qui précède cette mise en chiffre
  • le processus qui conduit les acteurs à s’approprier une définition systématique de la qualité, à se discipliner pour se conformer à une exigence contraignante de l’évaluation méthodique de leur activité, à écouter les leçons que les chiffres semblent fournir
  • Un des premiers arguments est de constater que toute évaluation n’aboutit pas nécessairement à produire du « chiffre ».
  • Cette notion permet de focaliser l’attention de l’analyste sur la manière dont les chiffres sont construits et utilisés et donc de distinguer l’usage purement comptable et l’usage « sur un mode intelligent » contribuant à une compréhension des situations et des faits.
  • L’usage comptable correspond à l’évaluation gestionnaire et constitue une technique de gouvernement : c’est cet usage qu’Albert Ogien critique et qui fait, finalement, l’objet des analyses critiques conduites dans l’ouvrage.
  • L’usage « intelligent » est celui qui préside à la conception de la quantification comme « description rigoureuse de fragments de la réalité qui assure un avancée à la raison humaine ».
  • Il faut se garder de voir dans la critique de l’évaluation et de la statistique évaluative une simple reformulation de l’idée naïve que les chiffres ne sont que mensonges, qu’inventions et qu’outils de manipulations.
  • Il est impératif de dissocier le processus d’évaluation de celui de quantification, de fabrication de statistiques.
  • parler de « système du chiffre », c’est inclure dans l’analyse sociologique tout ce qui conduit, in fine, à produire des statistiques d’activité, de production, de résultat…
  • Et cela inclut notamment les mécanismes qui amènent les individus à consentir, adhérer et agir pour les dispositifs d’évaluation.
  • L’engagement de chacun est une des conditions fondamentales au fonctionnement des dispositifs. Cet engagement repose sur un « enrôlement de chacun dans un effort coordonné de compétitivité », une « bonne volonté », sur une mobilisation des participants, qui sont obtenus par « libre assentiment ».
  • Tout cela est possible grâce à des injonctions subtiles, qui rendent difficiles voire impossible de se retirer ou de se désolidariser du mouvement général :
  • C’est une des leçons les plus frappantes de ces enquêtes sur le benchmarking et l’évaluation : la capacité des dispositifs à enrôler chacun des protagonistes, en rencontrant finalement peu de résistance.
  • Peut-être que ce mode de gouvernance est d’autant plus efficace que le sentiment de crise et de menace permanente est omniprésent
  • Les nombres et les statistiques ne sont que l’aboutissement d’un processus plus profond et plus général, où les valeurs de concurrence, d’optimisation, de performance, d’évaluation gouvernent.
  • Il est nécessaire de réintroduire la critique des catégories, des principes de calculs, des normes implicites incorporées dans les statistiques.
  • les « données ne sont pas données » 
  • Les chiffres ne font qu’incarner les valeurs, choix et arbitrages sous-jacents à ces catégories, nomenclatures et critères.
  • Gouverner par des chiffres ce n’est pas dépasser les enjeux moraux, politiques ou économiques et les remplacer par des instruments neutres et rationnels.
  • C’est, plus subtilement, cacher ces choix dans ces instruments, puis présenter ces instruments comme objectifs et non discutables.
  • Le gouvernement par les nombres ne fait pas disparaître le politique, mais conduit à situer le politique dans le choix des grandeurs mesurées, dans les méthodes de leur mesure, dans les finalités des instances de mesure.
  • La notion de « système du chiffre » proposée par Albert Ogien nous semble pouvoir rendre justice au précepte selon lequel « les statistiques ne parlent pas d’elles-mêmes »
  • L’indicateur statistique ne fait pas tout, ne dit pas tout. L’action politique qui suit la production ou publication de chiffres n’est pas entièrement déterminée par les chiffres eux-mêmes.
  • compliquée la critique des choix opérés, car chiffres et statistiques tendent à figer les catégories.
  • La politique et les choix moraux ou sociaux ne disparaissent pas, mais ils tendent à être figés dans des indicateurs qui se chosifient, s’institutionnalisent et deviennent incontournables.
  • obstacles à changer l’outil de mesure lorsque celui-ci est installé et que son usage est routinier.
  • La première réponse, celle fournie par les deux ouvrages dont il est ici principalement question, est de critiquer cette avalanche de nombres, ce goût du chiffre et cette gourmandise de la gouvernance par les statistiques.
  • La deuxième réponse est, à l’instar de la conclusion de l’ouvrage d’Isabelle Bruno et d’Emmanuel Didier [13], d’engager une lutte à armes égales, par une démarche qu’ils nomment « statactivisme »
  • Au-delà de la critique, il s’agit de savoir détourner ou contourner les règles présidant à la fabrication des chiffres, de savoir bâtir des indicateurs qui peuvent mobiliser la contestation ou contribuer à une revendication, d’être force de propositions en créant ce que statisticiens, sociologues et économistes critiques appellent des « indicateurs alternatifs »
  • La troisième réponse réside dans l’analyse sociologique des promoteurs et initiateurs des dispositifs : qui sont-ils et quel profit en tirent-ils ?
  • Un instrument ou une savoir n’existent pas ex-nihilo, sans être promu par un collectif qui en tire un intérêt.
  • Inversement la faible résistance des agents et décideurs à cette vague de la mesure évaluative doit être questionnée.
  • en tout cas vigilante sur les usages et mésusages des données statistiques.
  • « Les modalités de la guerre se transforment continuellement, mais elle ne cesse jamais. Aujourd’hui multiple, diverse, elle manifeste les traits de l’époque qui est la nôtre en ce début de XXIe siècle : le déclin des figures d’autorité traditionnelles au profit du chiffre, des fonctions et des procédures standardisées ; le statut de Un-tout-seul du sujet qui modifie la psychologie des foules ; la montée au zénith des objets des technosciences, qui permettent de tout voir, de tout savoir et de faire la guerre sans y être physiquement ; l’information en temps réel pour tous » [16].
  • Avec la notion de système du chiffre, j’ai voulu préserver la grandeur et la beauté du chiffre intelligemment utilisé (en général à des fins de connaissance non instrumentalisée), tout en montrant qu’il recelait une puissance de contrôle et de reconfiguration du réel dont les gouvernants se servent à leur propre fin »
  •  
    très intéressant sur la notion de système du chiffre. L'évaluation se situe alors en amont autour des intentions des acteurs qui président à la constitution du chiffre / indicateur et en aval à l'utilisation par les acteurs politiques du chiffre en vue d'agir comme la réception du chiffre
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