"31 janvier, midi moins quelques poussières, le téléphone se met à vibrer, mails, sms, news ; il ne cesse de vrombir. Le pape Benoît XVI vient de demander à l'évêque de Coutances, notre évêque, de consentir à une nouvelle mission au service du diocèse de Pontoise. La nouvelle nous dé(ca)pite, prêtres, collaborateurs d'icelui. Là n'importent pas tant ses qualités personnelles, ou même ses pauvretés, c'est l'absence de celui chargé de la communion, l'unité, et sans doute aussi de l'impulsion qui se fait sentir. Et dans ces périodes tendues par le faible nombre de confrères, le choix, la réflexion, l'action ne sauraient trop longtemps souffrir de l'absence, de la paralysie, de l'attente. C'est la deuxième fois, pour moi, que la cathèdre se vide. "
"'empêche que comme aumônier, et prêtre, je suis un peu plus réservé. Ce n'est pas mon habitude, il faut dire, de pousser les gens à aller manifester dans la rue. Je déteste les mouvements de foule, et être associé à des slogans idiots que des imbéciles ne manquent jamais de scander. Rarement ça vient de l'organisation, mais des imbéciles, dans un groupe, y en a toujours suffisamment, et avec des voix puissantes ou des marqueurs (in)dé(lé)biles. Si bien que des questions me viennent pour ces jeunes. Comment les aider à prendre place dans un mouvement de foule qui ne sera pas un lieu de dialogue mais de scansion, et éventuellement d'opposition? Comment les aider à gérer la violence éventuelle qui leur sera adressée personnellement par des militants opposés et rendus agressifs par un rapport de force perdu? Comment les aider à discerner pour ne pas se laisser emporter par leur propre enthousiasme, et finir par crier des slogans auxquels ils ne croient pas, posant des gestes qu'ils n'assumeront pas? Bref, il y a un devoir des parents et des adultes pour accompagner ces jeunes."
"Le catholique est salement irascible ces temps-ci, et comme il découvre que ses grognements plaisent beaucoup aux médias et rassemblent du populo, il s'indigne, il s'offusque, il réagit. Il y a de quoi, certes, quand tant d'enjeux de société se jouent, et pas des moindres. La mort, la naissance, l'amour : qu'un gouvernement s'y attelle et s'accapare le droit de les régenter sans en parler, c'est plus réactionnaire que n'auraient osé nombre de curés, et même de prétendues divinités."