La question : c’est pourquoi 600 millions de personnes se sentent à l’aise dans l’esprit de Mark Zuckerberg ? Pourquoi 600 millions jouissent manifestement d’être dans l’esprit de Mark Zuckerberg ? Cette question, qui peut paraître étrange, est la même que celle qui pose toute grande œuvre d’art. Pourquoi des millions de gens de par le monde ont-ils lu et continue de lire La Recherche du Temps Perdu, alors que s’y déploie dans ses moindres méandres l’esprit de Proust ? Pourquoi des millions de gens ont-ils écouté et continuent d’écouter Mozart alors que s’y épanouit la folie de Mozart ? Cette triangulation miraculeuse entre un génie névrotique, une forme d’expression parfaitement maîtrisée et un public, l’art nous y a habitués. La technologie un peu moins, et c’est pourquoi Facebook nous trouble autant, c’est pourquoi on ne sait pas très bien comment le prendre. Mais c’est peut-être cela Facebook. Un génie névrotique qu’est Mark Zuckerberg, la maîtrise d’une forme d’expression qu’est l’informatique et la rencontre avec ce qu’est un public dans le monde sans frontières qu’est l’Internet. Facebook est bien autre chose qu’un outil ou un phénomène de société : Facebook, c’est le premier chef d’œuvre de l’art nu