Le premier: jusqu'où les politiciens peuvent-ils robotiser les juges?
New item has been created. View it here
46More
Les juges-robots et les politiciens | Yves Boisvert | Yves Boisvert - 0 views
-
Depuis l'adoption de la Charte des droits, en 1982, les nostalgiques du pouvoir du Parlement nous parlent d'un
- ...28 more annotations...
-
Le judiciaire aurait usurpé le pouvoir des élus et imposé différents choix politiques et moraux au Canada, de la légalisation de l'avortement et de la prostitution au mariage gai, en passant par l'impossibilité future du rétablissement de la peine de mort, pour ne citer que quelques exemples évidents. Dans le cas qui nous occupe, toutefois, on est dans la situation inverse. C'est le Parlement qui entre avec ses sabots idéologiques sur le terrain des juges.
-
En 2008, au nom de la sécurité publique, le Parlement - disons plutôt les conservateurs - triple la peine minimale automatique infligée aux détenteurs d'armes illégalement détenues. On parle d'armes de poing ou d'armes à canon tronçonné, réservées à quelques détenteurs de permis, et pour lesquelles des règles très strictes sont en vigueur. La peine minimale était d'un an, elle est maintenant de trois ans de pénitencier. En cas de récidive, la peine minimale est de cinq ans. La gravité de ce crime est assez évidente: on ne se balade pas avec un pistolet .22 chargé à bloc dans le centre-ville de Toronto pour aller chasser l'écureuil. Il y a d'excellentes raisons de sécurité publique de sévir contre la possession illégale de ce type d'armes. Le Code criminel prévoit un maximum de 10 ans, ce qui exprime assez clairement la gravité du crime.
-
C'est un courant américain qui a mené à des absurdités judiciaires et pénitentiaires. Dans certains États, selon le poids de la drogue, on prévoit une panoplie de peines pour les délinquants. Sans aucune vraie discrétion pour le juge. Ce qui entraîne une explosion de la population dans les prisons américaines.
-
Or, sauf quelques cas absurdes corrigés par les tribunaux d'appel, les peines sont généralement bien construites par les juges. Il y a donc une allergie assez viscérale dans le monde judiciaire à voir le politique attacher les deux mains des juges au moment de décider du sort d'un délinquant. Chaque cas est différent et appelle une solution particulière. La question ici est de savoir si cette répulsion naturelle des juges devant les peines minimales les rend pour autant inconstitutionnelles.
-
Étonnamment, dans les deux cas soumis au plus haut tribunal, tous les juges s'entendent sur une chose: les deux méritaient la peine qu'ils ont reçue. (J'avoue mon étonnement, parce que dans le cas de Nur, il s'agissait d'un jeune étudiant au dossier impeccable arrêté avec une arme chargée.
-
L'autre est plus évident, il s'agit d'un récidiviste.)
-
Oui, a dit une majorité de six juges menée par la juge en chef Beverley McLachlin. Une veuve hérite d'une arme prohibée et l'entrepose mal, par exemple
-
Le problème avec cette hypothèse, c'est que dans la vraie vie, ça n'arrive pas, réplique la minorité de trois juges, menée par le juge Michael Moldaver. Quand l'infraction est purement technique, le ministère public passe par la voie de l'infraction sommaire. On ne répertorie aucun cas comme ceux imaginés par la majorité. Des problèmes futurs purement hypothétiques imaginés par des juges ne suffisent pas à rendre inconstitutionnelle une mesure soigneusement dessinée par le Parlement pour s'attaquer à un problème grave.
-
À l'inverse, on ne peut pas tabler sur le futur comportement
-
des procureurs pour dire qu'une loi est constitutionnelle, réplique la majorité. Sans parler de l'outil de négociation dont dispose l'État face à un accusé.
-
Je trouve aussi détestables les peines automatiques. Tout ce que j'ai lu chez les chercheurs indique qu'elles n'ont aucun effet dissuasif sur le taux de criminalité, bref, qu'elles ne rendent pas
-
comme disent les conservateurs.
-
Mais être en désaccord profond avec une politique pénale du gouvernement ne m'autorise pas à la déclarer inconstitutionnelle. Il me semble qu'il y a un espace juridique d'autonomie des politiques pour ce qui est exagéré, mal avisé, sans pour autant être
-
Bref, j'aime mieux le genre de monde judiciaire auquel nous convie la majorité. Mais il me semble que, juridiquement, la minorité a raison cette fois.
49More
Chronique à annoter - Stéphane Laporte - 0 views
-
Lâche pas la patate moche!
-
Vous êtes une carotte. Vous poussez dans un champ de carottes. En poussant, vous avez frappé une racine dans le sous-sol qui vous a toute tordue. Vous êtes une carotte, mais vous ressemblez plus à un boomerang.
- ...32 more annotations...
-
Le fermier vous a-t-il pilé dessus avec ses grosses bottes lorsque vous veniez de sortir votre graine de la terre?
-
Toujours est-il que vous êtes bizarrement aplati.
-
Carotte-boomerang, patate-phallus, concombre-frisbee ne se rendent pas au marché. Tous les légumes ne correspondant pas aux critères de beauté des légumes sont mis de côté. Impropres à la consommation. On les jette directement aux poubelles.
-
À quoi ça sert d'être un légume si t'as aucune chance d'être mangé?
-
C'est la loi de la jungle, ou plutôt la loi du potager. Un légume ou un fruit difforme repousse les acheteurs. Si, parmi une douzaine de tomates, il y a une tomate poquée, le client va exiger d'être remboursé. Alors, on n'étale que les tomates appétissantes, les belles tomates rondes et cirées.
-
Le culte de l'apparence est pratiqué même chez les légumes. Ce qui est complètement absurde. Un légume n'est pas un bibelot. Le karma d'un légume est de finir dans vos intestins, avant d'être évacué. La mission d'un légume, ce n'est pas d'être beau, c'est d'être bon. La carotte à deux pattes goûte la même chose que la grande carotte pin-up. Elle goûte la carotte.
-
Pourquoi la rejeter? Pourquoi la gaspiller?
-
Un tiers de la production alimentaire destinée à la consommation humaine est perdu. De quoi pitcher des tomates aux responsables de ce gâchis, en l'occurrence nous et notre snobisme éhonté envers les légumes hideux et les fruits trop petits. Libérez les légumes et les fruits moches!
-
les temps et le monde changent. En 2013, un marché d'alimentation de la chaîne Intermarché, à Provins en France, a offert 30 % de rabais pour les pommes, carottes et oranges moches. L'humain aime la beauté, mais il aime encore plus le cash.
-
Pour que l'expérience soit des plus convaincantes, Intermarché servait dans un stand des soupes de carottes moches et des jus d'oranges moches fraîchement pressées. L'humain a goûté. Et l'humain a constaté que la soupe de carottes moches goûtait la même maudite affaire que la soupe de carottes superbes.
-
Ce fut, comme on dit en France, un big seller! Un «gros vendeur»!
-
Des millions de fruits et légumes français voués à l'écrasement sont maintenant sauvés
-
Tellement que cette initiative qui devait durer deux jours s'est transformée en véritable campagne nationale contre le gaspillage alimentaire. Intermarché a même lancé une série de pubs pour vanter les mérites des légumes et fruits laids avec des slogans accrocheurs
-
Les magasins Maxi étalent des pommes de terre naturellement imparfaites. Et bientôt, ce sera des pommes aux formes irrégulières. Tous ces hors-normes seront vendus 30 % moins cher que ceux qui se pavanent en vitrine. Belle aubaine. Une fois dans la bouche, tous les légumes sont égaux. Le même goût. Les mêmes propriétés.
-
Il était temps!
-
La diversité dans notre assiette changera-t-elle notre vision de la planète, notre perception de la beauté? Pourquoi une poire différente ne serait-elle pas une belle poire?
-
Il y a des terrains où l'économie et le bien-être des gens se rencontrent. Les producteurs agricoles auront moins de pertes quand les gens mangeront des fruits et légumes moches. Les clients feront des économies. Et il y aura moins de gaspillage de denrées comestibles.
-
Après le printemps érable, l'été carotte moche. Après les carrés rouges, les trop petits fruits rouges.
-
Des vendeurs heureux, des acheteurs heureux et même des fruits et des légumes heureux. Toutes formes confondues.
51More
La liste mon vieux, une dernière | Pierre Foglia | Pierre Foglia - 0 views
- ...31 more annotations...
-
je ne sais plus si son courriel disait
-
cela vous semble-t-il aussi loin qu'à moi?
-
Vous vous rappelez les glauques premières pages?
-
Vous vous rappelez la fin encore plus glauque?
-
C'est un roman sur quoi, 1984? Ça parle de quoi?
-
Mais bon, ne triomphons pas trop. Il est d'autres inévitables romans, comme La vie devant soi, Harry Potter, L'attrape-coeurs, L'écume des jours, même La route de McCarthy, même Le grand cahier (Kristof), même La Storia, tous très bien classés dans votre liste qui sont pleins de petits princes
-
le petit prince étant une maladie de la littérature comme la myxomatose est une maladie du lapin.
-
Si j'y ai fait des découvertes? Pas une seule!
-
C'est sans doute le roman dans lequel il se regarde le moins écrire, mais justement, c'est son roman le plus habité, et quel flash, quelle illumination: pendant qu'on est tous là à freaker sur les islamistes radicaux, Houellebecq nous propose une fable sur la modération qui nous tue lentement en nous endormant à la manière du monoxyde de carbone. Nous ne mourrons pas décapités, enfin, pas tous, c'est la
-
il y a une fille qui s'engueule avec son père et lui crache à la figure: «Tu hais les blogueurs, tu lèves le nez sur Twitter, t'es même pas sur Facebook, tu n'existes pas, papa... » L'essai de Baricco nous explique ce qu'entend cette jeune fille par «exister».
-
Pour exister dans notre nouveau village culturel, il faut se répandre, le mouvement est de grande dispersion. Je n'en suis pas à mon premier essai sur la culture. Celui-ci est de loin le plus éclairant et le plus perturbant.
-
Pourquoi avoir attendu 35 ans pour traduire ce bijou? En épigraphe, pour une fois bien choisie, cette phrase de Léon Bloy: «L'homme a des endroits de son pauvre coeur qui n'existent pas encore et où la douleur entre afin qu'ils soient.»
-
parce qu'on le sait depuis Luis Mariano: l'amour a des yeux dé vélours chica-chic-aya-yaille, alors que la négritude, c'est beaucoup beaucoup de discours et c'est plutôt lourd. C'est un bon roman quand même.
-
Vous êtes Charlie?
-
parce qu'il n'y avait pas moyen de faire autrement, André m'a remis un document de 58 pages.
-
13 497 suggestions, 6021 provenant de madames, 5439 provenant de monsieurs... et 2037 de sexe indéterminé, c'est quand même incroyable autant de lecteurs pas branché(e)s,
Stéphane Laporte - Comme Terry Fox - 0 views
5More
L'amour du baseball | Stéphane Laporte | Stéphane Laporte - 1 views
-
Bertrand opine de la tête. Je me présente au marbre. Jean-Marie lance. Je garde mon bâton sur mon épaule. La balle frappe l'escalier de fer.
-
Mais le lundi 27 mai 1968, la Ligue nationale de baseball donne deux nouvelles franchises; l'une à San Diego et l'autre à Montréal. Ces deux nouvelles équipes se joindront au circuit au printemps 1969.
-
a ruelle derrière chez nous, entre Girouard et Old Orchard, la bande d'enfants jouait au hockey l'hiver et au hockey l'été.
- ...1 more annotation...
Divergence - Insurgés - 0 views
Marquage du text - Google Docs - 0 views
La liste mon vieux, une dernière | Pierre Foglia | Pierre Foglia - 0 views
Fabreville Beach - 0 views
24More
Ronald King: une sortie dans la classe | Ronald King | Hockey - 0 views
-
Il faut se rappeler que Carbonneau est toujours sous contrat avec le Canadien, mais il a prouvé hier qu'il était... un bon communicateur. Il a donné une leçon à tous ces politiciens et homme d'affaires qui nous endorment avec leur langue de bois.
-
«je voulais du monde à mon party aujourd'hui»
- ...10 more annotations...
-
il a même dit qu'il appréciait les gens des médias et qu'il avait du plaisir à travailler avec eux
-
Et ça se voyait chaque jour à la télé... Carbo n'a jamais pris l'attitude du «eux contre nous» qui a bien servi plusieurs entraîneurs.
-
«Bob a bien vu que je n'étais pas content du tout. La conversation a duré 10 minutes.»
-
Souhaitons que la vieille amitié entre ces deux hommes droits s'en remettra.
-
Mais on a réalisé encore hier que le CH venait d'écarter un homme de grande valeur. Un homme qui pourrait être un bon entraîneur-chef.
-
«Je ne trouve pas ça normal que les équipes de la LNH changent d'entraîneur à tous les ans ou deux ans. C'est comme ça, mais ce n'est pas normal.»
-
Il faut se rappeler que le CH a été épargné par les blessures l'an dernier. Pas cette année. Au contraire. Et celle de Robert Lang a été la plus coûteuse, à mon avis. Le fameux gros joueur de centre était très important avec son expérience, son habileté et son leadership.
-
Les entraîneurs n'aiment pas parler de blessures, qu'ils considèrent comme des excuses. Avec raison. Mais dans ce cas particulier, on a peut-être perdu un entraîneur de talent pour les mauvaises raisons.
-
«Avec le retour des blessés, on aurait causé des surprises en séries éliminatoires.»
62More
L'impossible deuil | MICHÈLE OUIMET | Michèle Ouimet - 0 views
-
Il sourit, le même sourire désarmant que son père, Claude Masson, ancien éditeur adjoint de La Presse qui est mort avec sa femme dans l'écrasement de l'avion d'EgytpAir dans la nuit du 31 octobre 1999.
-
« Vous avez lu les nouvelles ce matin ? - Oui, j'ai tout vu, répond Bruno Masson. C'est similaire. »
-
Les similitudes entre l'écrasement de l'Airbus A320 mardi et celui de l'appareil d'ÉyptAir sont troublantes. Les copilotes ont manoeuvré pour que leur avion s'écrase, le premier dans les montagnes escarpées des Alpes françaises, le second dans les eaux froides de l'Atlantique. Dans les deux cas, les passagers ont vécu l'horreur.
- ...49 more annotations...
-
Dimanche 31 octobre 1999 à 7 h du matin, le téléphone a déchiré le silence de l'appartement où Bruno dormait depuis peu. La veille, il avait fêté l'Halloween avec des amis. Il s'était couché à l'aube.
-
Bruno a regardé l'afficheur. C'était La Presse. Au bout du fil, l'adjointe de son père. Il se souvient de ce qu'elle lui a dit, mot pour mot.
-
« On se disait qu'ils n'étaient peut-être pas montés dans l'avion, qu'ils avaient passé une nuit à New York avant de s'envoler vers Le Caire. Mon père était tellement fatigué. »
-
La journée a pris des allures chaotiques. Les annonces de la mort de M. Masson et de sa femme tournaient en boucle à la radio et à la télévision.
-
L'entrevue se déroule au 32e étage d'une tour de bureaux du centre-ville avec une vue à couper le souffle sur Montréal et le fleuve.
-
Les Masson formaient une tribu tricotée serré. L'été, Philippe et Bruno passaient leurs week-ends avec leurs parents dans le chalet familial. Mme Masson concoctait le repas du samedi soir pour la famille et les amis qui se réunissaient autour de la table.
-
Mais Bruno, trop pris par ses souvenirs, n'a pas un seul regard pour les gratte-ciel ou les eaux tranquilles du fleuve. Il revit la mort de ses parents, le choc, le deuil.
-
« J'avais des crises. Il y avait 10 ou 12 personnes dans mon salon. J'allais dans ma chambre, puis je me disais : «C'est vrai, ils ne sont plus là.» C'est le deuil qui commence. »
-
À cette époque, Bruno voyageait beaucoup pour son travail : des allers-retours en avion, surtout en Amérique latine. «
-
Bruno les a déposés devant les portes de l'aéroport. Ils se sont dit au revoir au milieu des taxis et des passagers pressés.
-
Pendant mes absences, ma mère venait chez nous. Elle arrosait mes plantes et elle me laissait des plats dans le frigo. Elle était tellement dévouée. »
-
« Mon père ne voulait pas que je les accompagne au comptoir. Il m'a dit : «Tu es occupé, laisse-nous ici.» »
-
« Pourquoi ? De voir mon père aussi fatigué ? D'aller en Égypte ? De nous laisser pendant deux semaines ? Je ne le sais pas. »
-
Les frères ont vidé le condo de leurs parents. Ils se promenaient au milieu des souvenirs comme des naufragés. Six mois après la mort de ses parents, Bruno a quitté son travail.
-
Le deuil a commencé, long, étonnamment douloureux. Philippe s'est installé chez Bruno avec sa femme pendant une semaine ou deux.
-
J'étais marié depuis deux mois. J'ai divorcé. Normalement, j'aurais dû avoir des enfants. J'ai vécu ça seul, je me suis senti abandonné. Je suis orphelin. »
-
« La première heure, les premiers jours, le premier mois, les six premiers mois, la première année, c'est comme ça, explique Bruno. Pour moi, ç'a été extrêmement difficile. Tu as 30 ans, tes deux parents, c'est rough. Au début, tu ne dors presque pas. Je faisais des rêves, c'était quasiment de l'hallucination. J'étais dans un party et mes parents arrivaient. Pendant un an ou deux, j'ai été complètement déstabilisé. Je me demandais : «Est-ce que je vais retrouver le bonheur un jour ?» »
-
« Les contraintes d'un emploi, l'obligation d'être performant, c'était difficilement conciliable avec l'état dans lequel j'étais. »
-
« J'avais une certaine peur. J'étais conscient des bruits, des mouvements. Même aujourd'hui. On reste marqué. »
-
Plusieurs mois plus tard, Bruno a reçu trois cartables d'environ 1000 pages chacun avec des photos des débris repêchés dans le fond de l'océan : du linge, des bouts de valise, des objets. Il a tourné les pages du cartable. Il a reconnu les shorts mauves « que juste mon père pouvait porter ». Les frères ont récupéré quelques objets.
-
«Bruno Masson ne prend jamais l'avion avec sa femme. En mai, ils partent en vacances à Berlin en amoureux. Ils vont voler dans des avions différents à l'aller et au retour. « Je ne veux pas que mes enfants vivent la même chose que moi.»
-
Les autorités américaines ont fouillé les profondeurs de l'océan à la recherche des débris. Bruno a envoyé des preuves d'ADN : les brosses à cheveux de ses parents, leurs empreintes dentaires.
-
« Nous avons formellement identifié vos parents, lui a-t-elle dit. Comment voulez-vous recevoir les restes ? »
-
Bruno tenait un meuble dans ses mains. La conversation a été brève. Les frères avaient le choix entre le formol et l'incinération. Ils ont choisi l'incinération. En 2002, le National Transportation Safety Board a déposé son rapport sur les causes de l'accident. Le copilote aurait provoqué l'écrasement. Il était seul dans la cabine, il a débranché le pilote automatique et réduit le régime des réacteurs. Pendant que l'avion piquait du nez, le copilote répétait : « Je m'en remets à Dieu. » L'avion a frappé l'eau à toute vitesse. L'Égypte a contesté les conclusions, affirmant que l'accident était plutôt dû à un problème avec la queue de l'avion. Bruno a lu le rapport.
-
malgré le deuil et « l'absence qui frappe ». Il a deux enfants de 8 et 10 ans. Il ne prend jamais l'avion avec sa femme. En mai, ils partent en vacances à Berlin en amoureux. Ils vont voler dans des avions différents à l'aller et au retour. « Je ne veux pas que mes enfants vivent la même chose que moi. » Parfois, les souvenirs remontent à la surface. Cette semaine, Bruno a tout lu sur l'écrasement de l'Airbus A320.
-
« On s'est mis ensemble avec les autres familles canadiennes. On a embauché un avocat américain. Ils nous ont fait une offre ridicule. On a finalement décidé de fermer le dossier et d'accepter le dédommagement, qui ne valait pas grand-chose. »
-
« Pourquoi ? - Je ne sais pas. J'aurais tellement voulu qu'ils connaissent mes enfants. Ils auraient fait des grands-parents... J'aurais tellement aimé leur dire des choses... - Qu'est-ce que vous auriez aimé leur dire ? - Merci, j'ai eu une enfance incroyable. Merci pour tout ce que vous m'avez donné. »
-
Il attrape une serviette de table, la dernière, pour éponger ses yeux. Il a passé à travers la pile.
25More
L'escalier | Stéphane Laporte - 1 views
-
Mais je monterais 100 étages pour aller les rejoindre, tellement je les aime, tellement on est bien chez elles.
-
À chaque marche que je gravis, je pense à ce qui nous attend, et ça me fait avancer. Leur appartement est tout blanc. Mais vraiment tout blanc. Comme leur lapin blanc. Même le téléphone est blanc. Même la télé est blanche. Et, bien sûr, la nuit l'est aussi. Quand on y entre, ça sent bon. Tellement bon! Marie-Laure cuisine durant une semaine pour ce réveillon. Juste son croquembouche lui a pris deux jours. Ce sont les meilleurs choux à la crème de la planète. J'en rêve durant un an.
-
usqu'à 8 ans, mon père me prenait dans ses bras. On arrivait plus rapidement. Aussitôt rendu en haut, mon père s'allumait une cigarette pour reprendre son souffle. À 8 ans, mon père voulait me prendre encore, mais je ne voulais plus. Je tenais déjà ma résolution de la nouvelle année. M'arranger tout seul, comme les autres. Et si je tombe, je me relèverai. Je me souviens, c'est cette année-là que j'ai regardé mon premier Bye Bye. Sur la télé toute blanche des Laure. Un bel écran douze pouces noir et blanc. Je ne sais pas si Dodo va encore imiter Chartrand, cette année. Elle est tellement drôle! J'ai hâte. Surtout pour entendre le rire de mon frère. Mon frère rit aussi fort que le bonheur. Moi, je ris moins. Pas parce que je ne trouve pas ça bon. Parce que j'observe. J'essaie de comprendre comment ça se fait, un Bye Bye. On ne sait jamais. Peut-être que, plus grand, j'écrirai pour Dominique Michel. Elle a l'air aussi folle et fine que mes tantes.
- ...16 more annotations...
-
le champagne, c'est comme des bulles de baisers
-
Tous les ans, elles achètent un nouveau jeu qu'on n'a jamais vu. Il y a eu un tic-tac-toe à trois dimensions, des avions à ressorts qui volaient dans la maison, une gogosse avec une grosse boule argent et deux tiges pour la faire rouler vers les trous. Ça va être difficile de battre celui de l'année passée: un jeu relié à la télé. On se croirait en l'an 2000. Ça s'appelle le Pong. Ça ressemble au tennis. Tu contrôles une barre blanche qui bouge sur l'écran et qui fait rebondir un petit carré blanc. Irréel! J'ai joué toute la nuit. J'étais tellement bon que mes tantes me l'ont donné. Ça fait un an que je joue, et je ne suis pas tanné encore.
-
Y a rien comme l'espoir du bonheur pour vous faire avancer. Ça fait avancer encore mieux que le bonheur.
-
Cette année, si l'enfant que j'étais arrivait en haut de l'escalier, il n'y aurait personne pour le prendre dans ses bras et le couvrir de baisers. Marie-Laure est morte le 25 novembre dernier. Elle est partie rejoindre Laure disparue, il y a trop longtemps déjà. Pour les retrouver, il faut maintenant prendre l'escalier vers le ciel. C'est le même que celui de la rue Harvard, c'est juste que dans ce temps-là, le ciel était moins haut.
-
Merci pour tout, Marie-Laure! Merci pour tout, Tantô! Je vous souhaite de bien fêter, dans votre appartement encore plus grand, encore plus blanc. À minuit, le 31, je vais lever ma coupe vers vous. En cherchant vos yeux.
-
On est arrivés sur la rue Harvard. Il est presque 21h30. Jamais on ne sort si tard le soir. Mais ce soir, c'est spécial, c'est la veille du jour de l'An.
26More
Il pleut des librairies | Mylène Moisan | Chroniqueurs - 0 views
- ...23 more annotations...
-
C'est là tout le drame de M. Ouellet, le livre est devenu une industrie. Bon an, mal an, les Québécois en achètent pour environ 800 millions $. Ça n'a pas beaucoup bougé depuis 2008. Force est de constater que nous en consommons autant, mais, comme pour le reste, nous voulons payer moins cher. Depuis que la Librairie générale française enlève 25 % de la facture, les ventes se multiplient.
-
Comme Maria Chapdelaine, les lecteurs québécois sont courtisés de toutes parts. Entre ceux qui commandent en ligne et les autres qui bouquinent chez Walmart, il en reste qui préfèrent un
-
lui qui est obligé de garder au moins 6000 titres en stock pour conserver son statut de librairie. Il en a 24 000. Eux peuvent garder juste les gros vendeurs.
-
Il a bien failli moderniser son réseau informatique il y a quelques années, mais le ticket coûtait presque 25 000 $. Pour un commerce qui voit son chiffre d'affaires fondre de 8 % à 10 % par année, le pari était risqué.
-
La Boutique du livre et Globe-Trotter à Place de la Cité, la Campaniloise à Ste-Foy et, depuis hier, la Librairie générale française dans le Vieux-Québec. Quatre magasins qui ne vendaient que des livres.
-
L'important, c'est que les gens achètent des livres, non? La vraie question est plutôt la suivante: voulons-nous vraiment encore acheter des livres pour lire? En ressentons-nous encore le besoin?
-
À l'entrée de la Librairie générale, au bas d'un présentoir, il y avait le roman Maria Chapdelaine. Ça m'a
-
mes lectures obligatoires au secondaire. Louis Hémon a écrit cette histoire-là il y a exactement un siècle, en 1913, alors que les livres étaient à peu près les seules échappatoires au quotidien. Pas de radio, pas de télé, pas de cinéma.