"Je suis ce malheureux comparable aux miroirs
Qui peuvent réfléchir mais ne peuvent pas voir
Comme eux mon œil est vide et comme eux habité
De l'absence de toi qui fait sa cécité"
Aragon : le fou d'Elsa
La réflexion sur le cinéma est un aspect important de la philosophie contemporaine. Une ambition commune de permettre les « intersections » entre la philosophie et les autres modes de la pensée. Les « Écrans philosophiques » sont une nouvelle occasion d'un philosopher qui se déploie en un dialogue avec une œuvre d'art déterminée. Une carte blanche est donnée à un philosophe (directeur de programme ou invité) qui choisit un film, et propose, après sa projection, la réflexion qu'il lui inspire.
Puis échange avec les participants.
L'hystérie millénariste aurait-elle une décennie de retard ? Ces dernières années, les films qui traitent plus ou moins directement de la fin du monde se sont mis à pulluler sur nos écrans, un phénomène qui menace d'empiéter sur les années 2010 puisqu'on annonce d'ores et déjà - entre autres ! - un cinquième Terminator et une nouvelle version de 2012. La multiplication de ces œuvres et le succès public considérable qu'elles rencontrent sont trop rarement relevés ; on les regarde le plus souvent comme un phénomène de mode qui ne porte pas vraiment à conséquence. Elles sont pourtant, que leurs auteurs en soient ou non conscients, le reflet de la crise morale que traverse la civilisation occidentale, confrontée à des menaces globales sur lesquelles elle craint de ne pas avoir prise : dérèglement climatique, terrorisme international, pandémies. Et si les films de fin du monde n'exprimaient rien moins que notre sentiment d'impuissance collective ?
Près de quarante ans après sa sortie aux États-Unis, La Nuit des morts vivants revient sur les écrans hexagonaux. Loin de la version longue, passablement commerciale, d'un Exorciste corrompu, cette ressortie permet de redécouvrir un mythe cinématographique politique autant que formel, et dont le temps n'a guère entamé la pertinence. Ce qui en fait l'un des films les plus importants de l'histoire du cinéma fantastique.
Pas une semaine sans une sortie de film en 3D ou l'annonce de la tridimensionnalisation d'un classique. Cette technique, tant vantée par les médias, ne date pourtant pas d'hier. Après deux faux départs (dans les années 1950 et les années 1980), la 3D a-t-elle enfin les moyens de révolutionner le grand écran ?
Qui a vu Panda Go ! Panda (Panda Kopanda) de Miyazaki sur les grands écrans français, entouré de gamins, n'a pas pu s'empêcher de se marrer grassement en lisant dans toutes les scènes enfantines et naïves d'horribles suggestions d'incestes. La faute en est à l'ambiguïté provoquée dès l'entrée en scène de petit panda et papa panda.
Film de Christopher Nolan sorti sur les écrans à l'été 2010, avec, en couple vedette, Leonardo DiCaprio et Marion Cotillard, Inception, désormais disponible en DVD et Blu-ray, n'est pas qu'un film d'action compliqué : il montre la folie de l'amour, ou comment la psychose menace au cœur du désir de fusion et de complétude, lorsque celui-ci est « réalisé ».
Sorti sur les écrans français à l'été 2005, Land of the Dead est le dernier volet de la quadrilogie du réalisateur américain George Romero, inaugurée en 1968 avec Night of the Living Dead . Bien qu'appartenant au genre horrifique (1), ces films n'en présentent pas moins l'ambition, revendiquée par leur réalisateur, d'aborder des thématiques politiques : « En surface, je fais du cinéma populaire. Mais j'ai besoin de m'appuyer sur un contenu pour trouver une certaine satisfaction. Cela ne date pas d'aujourd'hui, le fantastique a toujours servi de parabole à l'expression de la critique sociale . »