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Michel Roland-Guill

Petite Poucette : la douteuse fable de Michel Serres | Revue Skhole.fr - 0 views

  • l’extériorisation technique, y compris cognitive, peut bien être considérée comme constitutive de l’histoire de l’humanité.
  • les artefacts humains extériorisés posent aux sociétés humaines des problèmes spécifiques et cruciaux d’appropriation collective et individuelle, dont l’issue n’est jamais donnée d’avance mais toujours marquée par des ambivalences, des tensions et des luttes
  • les technologies du numérique pourraient même constituer la base d’une rupture à l’égard du modèle économico-politique dominant, ainsi que des auteurs aussi différents que Bernard Stiegler ou Jérémy Rifkin par exemple cherchent à le démontrer et à la promouvoir : passer d’un modèle productiviste et consumériste, qui tend à déresponsabiliser les acteurs, à ce que Stiegler nomme une « économie de la contribution »[12], dépassant l’opposition producteur-consommateur et redonnant aux citoyens une emprise sur leur vie individuelle et collective.
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  • Ce qui s’est donné à soi-même le nom trompeur de « société de la connaissance », et dont le développement est de fait de plus en plus aux mains de quelques grandes multinationales (en particulier les « Big Four » de l’Internet[10]), fonctionne pour le moment surtout comme un nouveau capitalisme « cognitif » reposant sur l’exploitation industrielle de l’énergie psychique et des systèmes nerveux : les savoirs et les actes psychiques y sont d’abord traités comme une matière première à exploiter, une fois réduits à des données informationnelles susceptibles d’être soumises au calcul informatique.
  • transmettre une culture n’est pas seulement enregistrer de multiples données et s’assurer de leur disponibilité : c’est, beaucoup plus largement et profondément, assurer l’héritage de certaines « traditions » déterminées de pensées, de pratiques, de goûts et même de valeurs, portées par des « œuvres » du passé, non pour les reproduire à l’identique ou les sacraliser, mais pour permettre leur reprise, leur prolongement, leur critique, et même leur dépassement
  • un propos radical, dont les conclusions peuvent faire penser, paradoxalement[15], au projet d’Ivan Illitch d’une société « déscolarisée », utopie qui serait désormais réalisable par le truchement des nouvelles technologies
  • l’extériorisation objectivée des connaissances et des opérations cognitives étant considérée comme complète et achevée, la tâche éducative n’a plus ni objets (la « fin de l’ère du savoir », des disciplines organisées en « sectes » et du livre étant annoncée[18]), ni sujets (les enfants devant être désormais « présumés compétents »[19]), ni agents (les « porte-voix » qu’étaient les maîtres jusqu’alors n’ayant plus rien à dire ni personne pour les écouter : « fin de l’ère des experts »[20]), et les dispositifs institutionnels de la transmission de la mémoire sociale (les « cavernes » prisons que furent les écoles et les universités[21]) n’ont plus qu’à disparaître, enfin.
  • « Petite Poucette va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître… Débute une nouvelle ère qui verra la victoire de la multitude, anonyme, sur les élites dirigeantes, bien identifiées ; du savoir discuté sur les doctrines enseignées ; d’une société immatérielle librement connectée sur la société du spectacle à sens unique. ».
  • Ainsi, « apprendre » à lire et à écrire – enjeu central de la scolarité obligatoire des enfants – consiste à la fois dans l’acquisition de savoirs-faire élémentaires mobilisant la main et l’œil, dans la construction d’un rapport réflexif global au langage et aux signes[25], et dans l’ouverture critique à des formes multiples de discours et de représentations portées par un vaste corpus d’œuvres écrites[26].
  • Le psychologue russe Lev Vygotski a fortement souligné ces effets d’entrainement que l’apprentissage scolaire a vocation à produire à l’égard du développement spontané, et qui expliquent son allure générale d’éducation « artificielle » : l’école s’adresse non pas à ce que l’enfant sait déjà faire – son niveau présent de développement -, mais à ce qu’il ne sait pas encore faire de manière autonome tout en étant déjà à sa portée sous la conduite de l’adulte[27], selon une dynamique de « devancement » qui ne saurait avoir lieu d’elle-même sans la mise en place d’un dispositif réglé et directif d’apprentissage, porteur d’une certaine « discipline formelle »[28].
  • réduire de manière outrancière, comme le fait M. Serres, le rôle des enseignants jusqu’ici à celui de simples « porte-voix de l’écriture » ne faisant qu’oraliser des contenus appris par cœur à des enfants « transis », sommés de les recevoir passivement « bouche cousue, cul posé »[31], c’est choisir d’ignorer tout ce qui fait l’intérêt et même la nécessité de la relation maître-élève, pour tout homme qui veut apprendre : un commerce vivant et prolongé avec une personne qui sait plus et mieux que nous, capable de nous faire entrer progressivement dans un certain univers de pensées et de pratiques, parce qu’il a lui-même déjà appris à s’y orienter.
  • laisser Petite Poucette dans un face à face direct avec le savoir objectivé sur la Toile, ce n’est pas d’emblée faire d’elle une « conductrice » active (plutôt qu’une « passagère » spectatrice[32]), ni faire droit à sa « demande » en la libérant de l’imposition de « l’offre »[33], c’est bien plutôt prendre le risque de l’abandonner désarmée à la puissance brute de captation d’innombrables contenus disponibles en ligne, tels que les marchands de symboles en organisent et en exploitent la diffusion intensive.
  • les dernières pages du livre de Serres, dans lesquelles celui-ci rend hommage à Michel Authier[40], célèbre la « pensée algorithmique »[41], appelle à l’avènement de « l’idée de l’homme comme code »[42] et à la mise au point d’un « passeport universel codé »[43], relèvent d’une prophétie très ambivalente : « Dans des ordinateurs, dispersés ailleurs ou ici, chacun introduira son passeport, son Ka, image anonyme et individuée, son identité codée, de sorte qu’une lumière laser, jaillissante et colorée, sortant du sol et reproduisant la somme innombrable de ces cartes, montrera l’image foisonnante de la collectivité, ainsi virtuellement formée. De soi-même, chacun entrera en cette équipe virtuelle et authentique qui unira, en une image unique et multiple, tous les individus appartenant au collectif disséminé, avec leurs qualités concrètes et codées. »[4
  • Ce risque d’un tel devenir-insecte, c’est ce que le philosophe académicien ne veut pas voir, entrainé par l’euphorie lyrique de son propos.
Michel Roland-Guill

Vers une culture numérique lettrée ? | skhole.fr - 0 views

  • « Ce qui importe ce n’est pas de lire, mais de relire » J-L Borgès
  • Comme l’a bien montré Alexandre Serres[1], cette logique adaptative, à fondement comportementaliste et à visée principalement économique, est manifeste dans un grand nombre de textes internationaux, notamment politiques, qui posent la nécessité d’enseigner cette « maîtrise » ou « culture de l’information » (Information Literacy) aux jeunes générations. Ainsi par exemple, en France, la « Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école » de 2005 intègre désormais au « socle commun » de connaissances et de compétences la « maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication »[2].
  • Dans des études qu’il a menées sur les pratiques de lecture numérique, Alain Giffard[12] qualifie de « pré-lecture » l’acte de lire le plus couramment pratiqué lorsque l’on navigue sur le Web : la lecture y ressemble à une sorte de scannage, fait de repérage et de sélection, au mieux d’un pré-montage ; et il distingue cette forme de lecture numérique de la « lecture d’étude », classique, livresque et lettrée, telle qu’elle s’est constituée historiquement depuis le Moyen-Âge autour de l’objet-livre. Or, cette pré-lecture a précisément les caractéristiques du mode d’attention très réactif et volatil entrainé par la surexposition aux médias : elle se révèle réactive/instable, multidirectionnelle/superficielle. Ainsi Alain Giffard montre que le risque est grand que la « pré-lecture » numérique devienne la « lecture de référence » des prochaines générations de collégiens, qui font partie de ce que l’on appelle les « digital natives », ce qui pourrait rendre quasiment impossible l’enseignement et la pratique de la lecture lettrée : « Technique par défaut, risque de confusion entre pré-lecture et lecture, entre lecture d'information et lecture d'étude, entre les différentes attentions, place de la simulation, contexte d'autoformation, arrivée de la génération des "natifs du numérique" dont certains prennent la lecture numérique comme référence: tous ces éléments peuvent se combiner. Le risque est grand alors de ce que certains chercheurs anglais appellent "reading without literacy", une lecture sans savoir lire qui est la forme la plus menaçante d' " illettrisme électronique ". »
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  • On peut soutenir en effet que cette pré-lecture n’est pas une « véritable » lecture, parce que lire – de manière soutenue, profonde ou attentive - c’est toujours déjà relire, et (re)lire c’est en un sens toujours déjà écrire.
Michel Roland-Guill

How the net traps us all in our own little bubbles | Technology | The Observer - 3 views

  • The basic code at the heart of the new internet is pretty simple. The new generation of internet filters looks at the things you seem to like – the actual things you've done, or the things people like you like – and tries to extrapolate. They are prediction engines, constantly creating and refining a theory of who you are and what you'll do and want next.
    • Michel Roland-Guill
       
      Externalisation de la construction de l'identité
  • you're the only person in your bubble
  • the filter bubble is a centrifugal force, pulling us apart.
  • ...18 more annotations...
  • the filter bubble is invisible
  • from within the bubble, it's nearly impossible to see how biased it is
  • you don't choose to enter the bubble
  • the filter bubble can affect your ability to choose how you want to live. To be the author of your life, professor Yochai Benkler argues, you have to be aware of a diverse array of options and lifestyles. When you enter a filter bubble, you're letting the companies that construct it choose which options you're aware of
  • You can get stuck in a static, ever- narrowing version of yourself – an endless you-loop.
  • Bowling Alone, his book on the decline of civic life in America, Robert Putnam
  • major decrease in "social capital" – the bonds of trust and allegiance that encourage people to do each other favours
  • our virtual neighbours look more and more like our real-world neighbours, and our real-world neighbours look more and more like us.
  • We're getting a lot of bonding but very little bridging
  • It's easy to push "Like" and increase the visibility of a friend's post about finishing a marathon or an instructional article about how to make onion soup. It's harder to push the "Like" button on an article titled "Darfur sees bloodiest month in two years".
  • "It's a civic virtue to be exposed to things that appear to be outside your interest," technology journalist Clive Thompson told me.
  • More and more, your computer monitor is a kind of one-way mirror, reflecting your own interests while algorithmic observers watch what you click.
  • Starting that morning, Google would use 57 signals – everything from where you were logging in from to what browser you were using to what you had searched for before – to make guesses about who you were and what kinds of sites you'd like. Even if you were logged out, it would customise its results, showing you the pages it predicted you were most likely to click on.
  • With Google personalised for everyone, the query "stem cells" might produce diametrically opposed results for scientists who support stem-cell research and activists who oppose it.
  • on 4 December 2009 the era of personalisation began
  • What was once an anonymous medium where anyone could be anyone – where, in the words of the famous New Yorker cartoon, nobody knows you're a dog – is now a tool for soliciting and analysing our personal data.
  • "You're getting a free service, and the cost is information about you. And Google and Facebook translate that pretty directly into money."
  • Acxiom alone has accumulated an average of 1,500 pieces of data on each person on its database – which includes 96% of Americans – along with data about everything from their credit scores to whether they've bought medication for incontinence.
  •  
    il est temps de proposer une critique - francophone ! - de ce social web que l'on nous propose, et l'on alimente, et qui structure nos vies de plus en plus; indispensable littéracie au delà du search et de l'identité numérique; merci pour ce signet
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