L'autogouvernement zapatiste à la recherche d'une réunification des temps de ... - 0 views
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un principe de contrôle déterminant est mis en œuvre sous la bannière de la célèbre et répétée formule zapatiste “Commander en obéissant” – “Mandar obedeciendo”. Les mandats des délégués tendent à être impératifs, la révocabilité est permanente et les gouver-nants sont sans cesse contrôlés par un comité ayant l’interdiction de prendre part au gouvernement civil. L’absence de rétribution financière liée aux charges politiques, les techniques de recherche du consensus, et la priorité donnée à l’inclusion des minorités [7], sont d’autres exemples des procédés de contrôle mis en œuvre par l’autogouvernement zapatiste.
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Nous nous trouvons ainsi en face d’un projet politique qui se propose de repenser fondamentalement le lien entre théorie et pratique politique. La première n’est pas plus l’apanage des architectes du social – même au service de la classe prolétarienne – que des rois philosophes, mais se trouve intrinsèquement liée à la seconde et se construit dans un rapport dynamique à celle-ci. On comprend mieux ainsi la forme d’indétermination revendiquée par les zapatistes et exprimée au travers de leur formule “Marcher en questionnant” – “ [9]”. Contre les dérives rationalistes du léninisme explicitées dans le Que faire ?, il ne s’agit plus de laisser l’organisation de la transformation sociale aux mains de ceux qui maîtrisent la “science de l’Histoire”, mais de permettre aux objets de ce projet – la classe opprimée – d’en devenir les sujets, les “subjectivités agissantes” pour reprendre l’expression de John Hol-loway
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Moyen de lutte présent et laboratoire du futur, ces organes se voient en effet assignés à la double tâche de détruire la contradiction qui oxyde les relations sociales existantes, tout en expérimentant et construisant des formes de relations sociales qu’il s’agirait de faire advenir demain. Comme l’a très bien identifié Jérôme Baschet, la pratique de l’autogouvernement incarne donc la volonté de fusionner les deux étapes de transformation sociale qui ont presque toujours été séparées : prendre le pouvoir d’une part, et transformer les relations sociales existantes d’autre part. Dans le cas des institutions zapatistes, comme dans le cas des conseils, il s’agirait de concilier pour les mêmes organes les fonctions de lutte et de reconstruction.
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"Au lendemain de la chute de l'Union Soviétique, symbole de la prétendue défaite du marxisme, en pleine vague de "fin de l'histoire", le zapatisme avait suscité un vaste élan de sympathie. Mais qu'a-t-il réactivé, exactement ? Quelque chose d'entièrement nouveau ? Yohan Dubigeon montre ici ce que le zapatisme a de commun avec des mouvements d'émancipation plus anciens, mais aussi ce qu'il a d'original. Marx n'est toujours pas enterré."