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Jon Snow

Le massacre du Haymarket (1886) et la vraie histoire du Premier Mai - Normand Baillargeon - Voir.ca - 0 views

  • Cette année-là, le mouvement ouvrier combat pour la journée de huit heures. Les anarchistes y sont engagés, mais avec leur habituelle lucidité: la journée de huit heures pour aujourd’hui, certes, mais sans perdre de vue que le véritable objectif à atteindre est l’abolition du salariat.
  • Au moment où ceux-ci se dispersent, la démonstration, jusque là calme et pacifique, tourne au drame: 200 policiers font irruption et chargent les ouvriers. Il y aura un mort et des dizaines de blessés. Spies file au Arbeiter-Zeitung et rédige un appel à un rassemblement de protestation contre la violence policière. Elle se tient le 4 mai, au Haymarket Square de Chicago.
  • Le procès des huit s’ouvre le 21 juin 1886 à la cour criminelle de Cooke County. On ne peut et on ne pourra prouver qu’aucun d’entre eux ait lancé la bombe, ait eu des relations avec le responsable de cet acte ou l’ait même approuvé. D’emblée, une évidence s’impose pour tous: ce procès est moins celui de ces hommes-là que celui du mouvement ouvrier en général et de l’anarchisme en particulier. La sélection du jury tourne à la farce et finit par réunir des gens qui ont en commun leur haine des anarchistes. Y siège même un parent du policier tué. Le juge Gary ne s’y est pas plus trompé que le procureur Julius Grinnel qui déclare, dans ses instructions au jury:  » Il n’y a qu’un pas de la République à l’anarchie. C’est la loi qui subit ici son procès en même temps que l’anarchisme. Ces huit hommes ont été choisis parce qu’ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent. Messieurs du jury: condamnez ces hommes, faites d’eux un exemple, faites-les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société. C’est vous qui déciderez si nous allons faire ce pas vers l’anarchie, ou non. »
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  • Le 19 août, tous sont condamnés à mort, à l’exception d’Oscar Neebe qui écope de quinze ans de prison. Le procès a été à ce point ubuesque qu’un vaste mouvement de protestation internationale se déclenche. Il réussit à faire commuer en prison à vie les condamnations à mort de Schwab et Fielden. Lingg, pour sa part, se pend dans sa cellule. Le 11 novembre 1887 Parsons, Engel, Spies et Fischer sont pendus. Ce sont eux que l’histoire évoque en parlant des martyrs du Haymarket. Plus de un demi-million de personnes se pressent à leurs funérailles. C’est pour ne pas oublier cette histoire qu’il sera convenu de faire du premier mai un jour de commémoration. Neebe, Schwab et Fielden seront libérés officiellement le 26 juin 1893, leur innocence étant reconnue ainsi que le fait qu’ils ont été les victimes d’une campagne d’hystérie et d’un procès biaisé et partial. Ce qui reste clair cependant, ce sont les intentions de ceux qui condamnèrent les martyrs de Chicago: briser le mouvement ouvrier et tuer le mouvement anarchiste aux États-Unis. Le jour même où avait été annoncée la condamnation à mort des quatre anarchistes, on avait communiqué aux ouvriers des abattoirs de Chicago qu’à partir du lundi suivant, ils devraient à nouveau travailler dix heures par jour.
Jon Snow

Blog de Paul Jorion » LA CONCLUSION DE GRÉGORY - 0 views

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    Très belle histoire :)
Fabien Cadet

Quand les Blancs arrêteront-ils de faire des films comme Avatar ? - Melanine - Afropunk negropolitan style - 0 views

  • Ce sont des films sur la culpabilité blanche. Nos principaux personnages blancs se rendent compte qu’ils sont complices d’un système qui détruit les autres, c’est à dire les gens de couleur - leurs cultures, leurs habitats et leurs populations.
  • Les Blancs le comprennent quand ils commencent à assimiler la culture de l’autre et acceptent de voir les choses sous un angle nouveau. Pour purger leur immense sentiment de culpabilité, ils changent de côté, deviennent des « traîtres à la race », et luttent contre leurs anciens camarades.
  • Mais à ce moment, ils vont bien au-delà de l’assimilation et deviennent carrément les chefs des peuples qu’ils ont autrefois opprimés. C’est l’essence même du fantasme de culpabilité blanche, mis à nu.
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  • Ce n’est pas seulement le souhait d’être déchargé de crimes que les Blancs ont commis contre les personnes de couleur, ce n’est pas seulement un désir de rejoindre au combat le camp de la justice morale.
  • C’est un désir de diriger les gens de couleur de l’intérieur plutôt que de l’extérieur (blanc et oppresseur).
  • On peut le voir comme ça : Avatar est une rêverie sur l’idée de cesser d’être blanc, d’abandonner ce vieux sac de viande humain pour joindre le peuple bleu, mais sans jamais perdre les privilèges des Blancs.
  • Quand les Blancs rêvent de changer de race, c’est marrant seulement si ils peuvent allègrement ignorer l’expérience fondamentale de l’appartenance à un groupe racial opprimé, et qui est la suivante :
  • tu es opprimé, et personne ne te laissera devenir le chef de quoi que ce soit.
  • L’écrivain canadienne de science-fiction, Nalo Hopkinson a récemment déclaré au Boston Globe : « Aux États-Unis, quand vous parlez de race vous êtes perçus comme raciste. Vous devenez le problème parce que vous évoquez le problème. Du coup, les gens hésitent à en parler. [4] »
  • Elle ajoute que « le mythe principal que vous trouvez de la science-fiction, généralement écrite par les Blancs, est d’aller dans une culture étrangère et de la coloniser ».
  • Mais plus que cela, les Blancs doivent revoir leurs rêves sur la race. Les Blancs doivent cesser de refaire l’histoire de la culpabilité blanche, qui est une manière sournoise de transformer chaque histoire sur des gens de couleur en une histoire sur le fait d’être blanc.
  • La science-fiction est passionnante car elle promet de montrer le monde et l’univers depuis des persectives radicalement différentes de celles auxquelles nous avons été habitués. Mais jusqu’à ce que les Blancs cessent de faire des films comme Avatar, j’ai bien peur d’être condamnée à voir la même histoire encore et toujours.
Jon Snow

L'identité nationale sous le regard des historiens - Mouvements - 2 views

  • Dans son ouvrage mêlant « histoire en train de se faire » et essai politique, Gérard Noiriel revient sur les discours tenus pendant les présidentielles et montre comment Nicolas Sarkozy a réaménagé le vieux discours nationaliste sur la « menace étrangère » en opposant les français issus des immigrations passées aux nouveaux immigrants.
  • Patrick Weil montre que des politiques de préférence ethnique explicite ont été envisagées à deux moments précis de l’histoire républicaine française : en 1945, certains experts ont proposé d’adopter un régime de quotas par zones géographiques pour répondre aux besoins de main d’oeuvre ; en 1978-1980, Valéry Giscard d’Estaing instaure une politique de retours forcés à destination de l’immigration d’Afrique du Nord.
  • Dans un second temps, Patrick Weil s’attarde sur quatre exemples de discriminations ayant eu une traduction institutionnelle : les musulmans d’Algérie qui en 1889 conservent leur statut alors que les Juifs algériens et les enfants nés en Algérie de parents étrangers deviennent Français ; les naturalisés qui pendant longtemps n’ont pas eu accès à certaines fonctions politiques ou professionnelles ; les femmes qui, de 1803 à 1927, perdent leur nationalité en épousant un étranger ; et les juifs Français dénaturalisés ou déchus de leur citoyenneté entre 1940 et 1944. Ces discriminations peuvent produire des phénomènes douloureux de désidentification et/ou de non reconnaissance. Et ce d’autant plus lorsqu’ils sont ravivés par des évènements postérieurs comme ce fut le cas avec la réforme du code de la nationalité en 1993 pour les musulmans ou, dans le cas des juifs, le discours de De Gaulle revenant sur la guerre des 6 jours. De ses exemples Patrick Weil tire la certitude que la « perception des histoires des autres » est absolument nécessaire pour ne pas raviver des blessures du passé. Dans ce cadre, il s’agirait donc de « faire plus d’histoire de la colonisation, ou plutôt des colonisations, et non simplement de la guerre d’Algérie, [pour] rétablir ou rendre possible à nouveau les identifications ». Et donc permettre le vivre-ensemble.
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  • Dans le même esprit, Patrick Weil montre, dans la troisième partie de son ouvrage, comment un véritable travail sur la mémoire peut permettre d’apaiser de vives divisions du passé en instituant une « nouvelle concitoyenneté » et en fabriquant une nouvelle unité autour de valeurs fondamentales. Revenant sur les exemples de l’esclavage et de l’extermination des juifs Français sous Pétain, il met en évidence le besoin d’utiliser un double outil : le bannissement et la célébration. Ainsi, la loi de 1848 vise à bannir les esclavagistes tandis que la loi de 2001 –rendant explicite la caractérisation de crime de l’humanité qui était implicite en 1848– vise à célébrer cette abolition. Toutes les deux se font au nom de la France et au regard de la responsabilité qui est celle des Français. Du coup, la loi de 2001 célèbre, selon l’auteur, la valeur que constitue l’égalité de tous les citoyens, anciens et nouveaux, indépendamment de leur couleur et origine.
  • Dans les deux cas, les commémorations fournissent le cadre de la réconciliation de la nation avec elle-même.
  • Il propose de reconstruire le fil historique et idéologique qui a rendu possible l’association entre les termes « identité nationale » et « immigration ». Reconnaissant que la logique identitaire n’est pas nouvelle et a toujours alimenté les discours nationalistes et/ou patriotiques –sur lesquels il revient en détail– il rappelle qu’un tel rapprochement sémantique a été mise en circulation en France d’abord par le Club de l’Horloge et le Grece (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne), deux officines d’extrême droite, au tournant des années 1970.
  • D’ailleurs, Noiriel insiste fortement sur le rôle des médias : de celui du Figaro Magazine qui décomplexe les intellectuels de droite au début des années 1980 à celui des médias audiovisuels qui, sous couvert de s’adresser à l’ensemble de la population et de prétendues contraintes de neutralité, dépolitisent le traitement de l’actualité, Noiriel montre comment les médias peuvent transformer l’agenda politique et décrédibiliser les discours des intellectuels engagés.
  • Pour Noiriel, ce qui a été présenté comme le « tournant » de l’élection présidentielle 2007 est plus complexe qu’il n’y paraît. Puisant sa conception de l’identité nationale dans des usages datés, Nicolas Sarkozy la remodèle à sa guise en fonction des enjeux de la période. Ainsi, il construit un lien entre la lutte contre l’immigration clandestine, le combat contre le communautarisme et la promotion d’une intégration autour des valeurs de la République. Dans la droite ligne national-sécuritaire, il réinstitue donc un lien entre les ennemis intérieurs et extérieurs de la France : la haine du voisin, de celui qui n’aime pas la France, redevient un élément clef du sentiment national.
  • Mais la conception de l’identité nationale de Nicolas Sarkozy comporte également des particularités. Tout d’abord, il va réintégrer dans un discours de droite l’idée selon laquelle c’est l’origine des personnes qui porte le danger pour l’unité nationale et non leurs actes.
  • Au final, Gérard Noiriel, en rappelant que la droite a toujours tiré sur la corde nationaliste pour capter les voix d’une fraction des classes populaires, démontre que Nicolas Sarkozy a su exploiter au maximum les opportunités qu’offre aujourd’hui la « démocratie du public » pour imposer un « nationalisme convenable ». Et quoi de mieux que d’étatiser la question de l’immigration pour qu’elle reste toujours présente dans le débat public ? Inscrite dans la loi, l’association des termes « immigration » et « identité nationale » facilite la surenchère sécuritaire ministérielle, puisqu’il s’agit de sauver la France. Et, d’autre part, de l’utilisation quotidienne du nom du ministère résultera une banalisation d’un rapprochement de termes jusqu’ici utilisé par la seule extrême-droite. À la fois lucide et volontariste, Noiriel conclut que l’historien a beau démontrer que l’identité nationale n’est pas un concept scientifique mais un simple élément de langage politique, « la vigilance est plus que jamais à l’ordre du jour ».
  • Comprendre pour agir Aussi bien Patrick Weil que Gérard Noiriel démontrent que le travail de l’historien est absolument nécessaire pour expliquer le rôle des symboles. Mais ce travail ne saurait équilibrer la puissance de stigmatisation que peuvent être les discours politiques maniant les symboles qui touchent les mémoires collectives. Convaincus que le rôle des mots est tout aussi important que des idées ou des arguments dans la construction des stéréotypes sur l’immigration, les deux auteurs s’inquiètent de la stigmatisation croissante des immigrés. Sommes-nous à une période charnière ? Oui, si l’on en croit Patrick Weil, au regard du retour en force du différentialisme ethnique au sein même de la droite traditionnelle : il y aurait donc des personnes intrinsèquement inadaptées à « notre » société [1]. Si l’on confronte cette idée à la volonté d’intégrer des tests ADN dans la politique d’immigration, ou encore à la réintroduction de la notion de « Criminel Né » du XIXe siècle à travers la loi sur la rétention de sûreté, c’est, sans doute, tout simplement la bataille sur les fondements de l’égalité qui est en train de se jouer. Pour que la génétique ou que le différentialisme ethnique ne remplace pas l’égalité –même inachevée– à la naissance, il devient urgent de repenser les fondements de l’égalité et des solidarités, en ce début du XXIe siècle.
Jon Snow

Les marins oubliés de la guerre des Six Jours - videos.arte.tv - 0 views

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    14 navires bloqués pendant 8 ans sur un lac durant le conflit du Canal de Suez. Une histoire formidable d'amitié et de solidarité où politique et nationalités ont été relégué là où ils devraient être: aux oubliettes!
Jon Snow

INSOLITE * Inde : l'homme qui a planté une forêt de ses mains | Courrier international - 0 views

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    Magnifique comme histoire. Le courage du jeune homme masque la difficulté de sa tâche. Mais pt etre que ça n'a pas d'importance...
Fabien Cadet

Avoir vingt ans à Paris... et 80.000 euros de dette - Mal logement - Basta ! - 0 views

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    S'endetter lourdement sans devenir propriétaire. Tel est le sort réservé à huit jeunes mal logés, étudiants et travailleurs précaires. Leur odieux crime : avoir osé occuper un bâtiment laissé à l'abandon au cœur de Paris par sa riche propriétaire. Droit de propriété contre droit au logement : cette histoire met en exergue l'inégalité de traitement entre pauvres et riches et l'insuffisance du parc social. Et rappelle que la loi de réquisition n'est toujours pas appliquée.
Jon Snow

Témoignage de Norio HIRAI, chaudronnier du nucléaire (2) : « Tant que les centrales nucléaires existeront, la tranquillité n'existera pas sur la Terre » - Le blog de Fukushima - 0 views

  • Heureusement, un ouvrier expérimenté était là, bien que ce fut le samedi.
    • Jon Snow
       
      Holyfuck! : | Est-ce qu'on se rend bien compte de la teneur de cette phrase? Ca veut dire que parfois il arrive que meme un ouvrier expérimenté ne soit pas là le week-end? Il reste qui alors, un gardien de nuit?
  • Cet accident a été causé par une mauvaise installation d’une des entretoises qui sert à tenir les milliers de tuyaux d’un diamètre de 2 mm pour qu’ils ne se touchent pas à cause de la vibration. C’était un défaut de construction. Cet accident a en même temps dévoilé l’incertitude des contrôles systématiques, car personne n’a remarqué cette mauvaise installation pendant plus de 20 ans. On s’est également aperçu que les ouvriers du chantier pratiquaient des choses que le concepteur n’a jamais pu imaginer comme: si c’est trop long on le coupe, si c’est trop court on l’allonge.
    • Jon Snow
       
      Ou des tuyaux en cuivre qu'on fauche et qu'on remplace par du pvc... ou du ciment en moins dans le mortier pour économiser ou arnaquer le maitre d'oeuvre.... ni vu ni connu, de toute façon une fois que c'est posé on le verra pas une fois la maison finie! Ah merde c'est pas le chantier d'une baraque ici, ... fuck... ça pourrait se voir : /
  • Le marché du recyclage nucléaire prend la deuxième place dans l’ensemble des transactions commerciales entre ces deux pays. A quoi cela sert de crier « non aux essais nucléaires » sans savoir cette réalité ? Le Japon avance son statut de seul pays irradié. Mais nous avons certainement contribué indirectement à irradier les habitants de Tahiti et à contaminer l’Océan Pacifique.   La communauté internationale a déjà abandonné le plutonium. Il n’y a que le Japon qui persiste à essayer de produire de l’électricité avec une matière si dangereuse. Ils essaient maintenant d’utiliser le combustible MOX, mélange d’uranium et de plutonium, dans les réacteurs ordinaires. Mais c’est excessivement dangereux, c’est un peu comme brûler de l’essence dans un chauffage à fioul. Les centrales n’ont pas été conçues pour brûler du plutonium. La fission nucléaire du plutonium dégage beaucoup plus d’énergie que celle de l’uranium. C’est pour cette raison qu’on l’utilise pour fabriquer la bombe atomique.  
  • ...14 more annotations...
  • Takehisa Shimamura, ancien chef du Centre du nucléaire, a publié un livre intitulé « Le sermon du nucléaire ». Il y écrit: « Le gouvernement japonais s’amuse à justifier ses actes du passé sans réfléchir. Ce n’est pas qu’il n’y a pas assez d’électricité. C’est qu’il possède trop d’uranium et de plutonium inutiles, l’uranium et le plutonium qu’il n’a pas osé refuser. Et maintenant, pour prouver qu’il ne produit pas des armes nucléaires, il construit de plus en plus de centrales, la démonstration de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire ». Je pense qu’il décrit très bien la nature de ce pays.  
    • Jon Snow
       
      le poids des regrets et de la honte. C'est d'une tristesse.
  • On les a mises en route sans savoir concrètement comment les démonter ni les démolir, ni comment traiter leurs déchets. Le réacteur en acier, bien que d’une grande épaisseur, se fragilise à cause des quantités colossales de radioactivité, on les avait donc construites pour une exploitation de 10 ans, après quoi le démantèlement et la démolition étaient prévus. Mais en 1981, on s’est aperçu que les plans de démantèlement et de démolition de la centrale nucléaire de Fukushima, qui avait alors fonctionné 10 ans, n’étaient pas du tout réalisables. Le Parlement a même discuté sur le fait que ce réacteur ne pouvait plus résister aux rayonnements ionisants.
  • Tout est réalisable sur le papier, mais concrètement, les ouvriers doivent tout faire à la main, avec l’irradiation que cela implique. On ne peut donc rien faire avec cette radioactivité, ni démonter, ni démolir la centrale. Certaines personnes parlent d’envoyer des robots, mais les nombreuses recherches n’ont pas encore réussi à produire des robots qui ne se dérèglent pas à cause de la radioactivité.   Finalement, concernant la centrale de Fukushima, on a conclu que la démolition était irréalisable. Le fabricant américain qui a vendu cette centrale a envoyé des ouvriers au Japon, et il les a fait réparer le réacteur en les exposant à des quantités de radioactivité inimaginables par rapport à la norme japonaise. Aujourd’hui, cette centrale fonctionne toujours.   Alors qu’on avait prévu de l’utiliser 10 ans, elle a déjà fonctionné plus de 30 ans. Au Japon, il y a 11 centrales que l’on exploite toujours malgré leur vieillissement, cela m’inquiète beaucoup.
  • Le réacteur nucléaire de 100 kilowatts destiné à la recherche s’est arrêté suite à une fuite de radioactivité dans l’Université Industrielle Musashi à Kawasaki, dans le département de Kanagawa. On estime qu’il aurait fallu 2 milliards de yens pour la réparation et 6 milliards de plus pour le démantèlement. Le budget annuel de l’Université ne suffit même pas pour la démonter. Ils sont donc obligés de l’arrêter et l’entretenir jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de radioactivité.  
    • Jon Snow
       
      100kW...
  • Pourquoi on ne peut pas démonter une centrale nucléaire ? Comme elle fonctionne avec de l’eau et de la vapeur, on ne peut pas la laisser sans entretien après l’arrêt. Elle se rouillerait très vite et il y aurait des fuites de radioactivité par des trous. Un seul démarrage avec du combustible nucléaire suffit pour polluer la centrale. Et une fois polluée, on ne peut plus la laisser se reposer, ni la démonter, ni la démolir.
  • Mais je me demande si les compagnies d’électricité vont continuer à surveiller sérieusement les centrales fermées qui ne produisent plus d’électricité ni d’argent. D’un autre côté, elles cherchent à construire de nouvelles centrales et à agrandir celles qui sont déjà construites. Par exemple, elles veulent ajouter un 5ème réacteur sur le site de Hamaoka qui se trouve sur un endroit très dangereux par rapport à la faille qui provoque souvent des tremblements de terre dans la région de Tokai. A Fukushima, elles ont ajouté un nouveau réacteur sur le terrain de football. Pour des nouvelles installations, elles veulent construire des centrales à Makimachi dans le département de Nigata, Ashihama du Mie, Kaminoseki du Yamaguchi, Suzu du Ishikawa, et Ooma et Toudu d’Aomori. Elles envisagent d’avoir de 70 à 80 réacteurs d’ici 2010. J’ai peur que mes mots soient brutaux mais je n’arrive pas à m’empêcher de penser que ce pays est devenu fou.  
  • Depuis le démarrage de la première centrale nucléaire au Japon jusqu’en 1969, dans toutes les centrales, on mettait tous les déchets nucléaires dans des fûts et les jetait dans les mers à proximité. A l’époque, c’était normal. Quand je travaillais dans la centrale de Tokai du département d’Ibaraki, les sous-traitants emportaient les fûts en camion et ils les jetaient au large de Chiba en bateau.   Mais justement c’est avec cette histoire que j’ai commencé à douter qu’il y a quelque chose qui n’est pas clair dans les centrales nucléaires. Les fûts métalliques se rouillent au bout de 1 an dans la mer. Je me suis demandé ce qui se passerait avec les déchets nucléaires qui étaient dans les fûts et les poissons qui habitent dans la mer.  
  • Dans tous les autres pays, ils planifient l’enfouissement des déchets nucléaires de haute radioactivité, mais il y en a aucun qui l’a déjà accompli. Personne ne connaît la solution.
  • Il y a environ 5 ans, j’ai été faire une conférence sur mon travail à Hokkaido. Quand j’ai dit « on va continuer à surveiller les déchets nucléaires pendant 50 ans ou 300 ans », une collégienne a levé sa main. Elle a crié « J’ai une question. En parlant de la surveillance des déchets qui dure 50 ou 300 ans, est ce que c’est vous qui allez le faire ? Non, ce n’est pas vous, les adultes d’aujourd’hui, c’est nous, la prochaine génération, et les générations qui suivent. Mais nous, nous n’avons pas envie de le faire ! » Est-ce que quelqu’un peut donner une réponse à cette fille ?
  • Le gouvernement et les compagnies d’électricité ont menti pendant des dizaines d’années en disant que les centrales nucléaires japonaises n’avaient jamais émis de radioactivité à l’extérieur. Mais depuis quelque temps, ils ne peuvent plus continuer leurs mensonges.   Il y a de la radioactivité qui sort des cheminées très hautes des centrales nucléaires. Très précisément, c’est la compagnie qui la rejette volontairement. Comme elle la rejette 24 heures sur 24, les habitants à côté prennent de la radioactivité tout au long de l’année
  • Cette histoire n’est pas arrivée à côté d’une centrale nucléaire. Elle est arrivée à Tokyo. Est-ce que vous pouvez approuver sans aucun souci le mariage entre un homme qui a déjà travaillé dans les centrales nucléaires avec votre fille ou la femme qui a vécu à côté d’une centrale nucléaire comme elle avec votre fils ? Les jeunes doivent également se sentir concernés car vous pouvez très bien tomber amoureux de quelqu’un d’irradié. Je sais qu’en parlant de cette discrimination, je pourrais provoquer encore plus de discrimination. Mais il faut que je vous informe. Pour les gens qui sont déjà opposés aux centrales nucléaires, j’aimerais bien que ce problème soit un de leurs arguments et pas seulement parce qu’ils ont peur des accidents. Ce n’est pas seulement la Nature et la santé humaine que les centrales nucléaires détruisent, elles détruisent aussi le cœur des hommes.
  • « Vous, les adultes qui se sont réunis ce soir, vous êtes tous des menteurs et des hypocrites. Je suis venue ici aujourd’hui pour voir quelle tête vous faites. Les adultes d’aujourd’hui, notamment ceux qui sont là, vous êtes toujours en train de faire semblant d’agir pour les enfants pour tous les choses. Le problème des pesticides, les terrains de golf, les centrales nucléaires. Moi, je vis à Kyowa juste à côté de la centrale de Tomari. Je reçois de la radioactivité sans cesse. J’ai lu qu’à Sellafield en Angleterre, à côté de l’usine nucléaire, il y a plus d’enfants leucémiques qu’ailleurs. Moi, en tant que fille, je rêve de me marier un jour. Est ce que je peux avoir des enfants ? »   Cette fille a demandé en pleurant aux 300 adultes qui se trouvaient devant elle. Mais personne ne pouvait lui répondre.
  • Je lui ai demandé si elle avait déjà confié son inquiétude à sa mère ou à son professeur. Elle m’a répondu « Je sais que ma mère et mon professeur sont ici aujourd’hui. Je ne leur ai jamais posé des questions. Mais entre les filles de la ville on en parle tout le temps qu’on ne peut pas se marier ni avoir des enfants ».   Les professeurs n’étaient pas au courant que leurs élèves ressentaient une telle inquiétude.   Ce ne sont pas uniquement les 8 ou 10 km de rayon autour de la centrale qui sont concernés. Beaucoup de collégiens et lycéens ressentent la même chose dans la zone des 50 ou 100 km autour de la centrale. J’aimerais bien que vous pensiez toujours à ces jeunes.
  • Vous ne devez pas croire qu’un accident dans une centrale nucléaire ne provoque pas des terribles conséquences, ni qu’il n’y a pas de problème si jamais l’accident arrive, ni que c’est une utilisation pacifique !   Non, tout cela n’est pas vrai. Ce n’est pas pacifique s’il y a des ouvriers qui meurent à cause de l’irradiation, comme moi, et des gens qui souffrent à côté des centrales. En plus, il ne faut pas confondre la sûreté et la sécurité. S’il y a des centrales nucléaires, il n’y a plus rien de sûr.   En plus, même si le nucléaire produit de l’électricité en ce moment, l’entretien des déchets nucléaires pour des dizaines de milliers d’années demandera une énorme quantité d’électricité et de pétrole. C’est sûr que ça demandera plus d’énergie qu’on en a produit jusqu’à maintenant grâce au nucléaire. D’ailleurs, ce sont nos descendants qui seront obligés d’entretenir toutes les centrales fermées et leurs déchets.   Pour toutes ces raisons, je vous demande de regarder le visage de vos enfants et vos petits-enfants tous les matins, et réfléchir si le Japon peut continuer à construire des centrales nucléaires. Ce n’est pas uniquement le risque de l’accident, mais il y a aussi le risque du tremblement de terre. Le désastre irrémédiable va arriver si on continue ainsi. Je veux que vous sachiez cette réalité.
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    1996. C'est un chaudronnier du nucléaire qui parle. C'est franchement bouleversant. Ce qu'il a craint toute sa vie s'est réalisé.
Jon Snow

« Le Moment unipolaire et l'ère Obama » : une conférence de Noam Chomsky - Article11 - 0 views

  • Quant on se penche sur les affaires internationales, il est important de garder à l’esprit plusieurs principes considérablement répandus et utilisés. Le premier est la maxime de Thucydide : les forts agissent tel qu’ils le veulent, et les faibles souffrent tel qu’ils le doivent.
  • Un second thème directeur fut exprimé par Adam Smith. Il parlait de l’Angleterre, la plus grande puissance de son époque, mais son observation peut se généraliser. Smith observait que les « architectes principaux » de la politique anglaise étaient les marchands et les fabricants, lesquels s’assuraient que leurs intérêts personnels soient bien servis par la politique, quelles qu’en soient les conséquences néfastes sur les autres (y compris sur le peuple anglais).
  • Dans un cours d’économie, on apprend que les marchés sont basés sur des consommateurs éclairés qui prennent leurs décisions de manière rationnelle. Mais quiconque regarde une publicité télé sait que les entreprises consacrent de grosses ressources à créer des consommateurs standardisés prenant des décisions irrationnelles. Les méthodes utilisées pour ébranler les marchés sont adaptées afin de saper la démocratie, créant un électorat profane qui prendra des décisions irrationnelles sur un faible éventail d’alternatives compatibles avec les intérêts des deux partis, lesquels devraient être considérés comme des factions concurrentes du parti unique des affaires. Dans le monde des affaires et celui de la politique, les architectes politiques ont régulièrement été hostiles aux marchés et à la démocratie, sauf en cas d’avantages temporaires. La rhétorique est différente bien sûr, mais les faits sont là.
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  • Alors que les politiques bipartisanes [2] envers Cuba s’accordent avec la maxime de Thucydide, elles rentrent en conflit avec le principe de Smith et nous donnent donc un aperçu particulier sur la formation des politiques. Depuis des dizaines d’années, le peuple américain est en faveur de la normalisation des relations avec Cuba. Si ignorer la volonté de la population n’a rien d’inhabituel, ce qui est plus intéressant dans ce cas c’est que de puissants secteurs du monde des affaires sont en faveur de la normalisation : l’agroalimentaire, les industriels de l’énergie, les sociétés pharmaceutiques et bien d’autres qui forment d’habitude le cadre politique. Leurs intérêts dans ce cas sont supplantés par un principe des affaires internationales délaissé par la littérature universitaire spécialisée. C’est ce qu’on pourrait appeler le principe de la Mafia. Le parrain ne tolère pas les exemples de « défi réussi », même de la part d’un petit épicier qui ne peut payer pour sa protection. C’est trop dangereux. Par conséquent, il faut le réprimer, et ce de manière brutale, afin que les autres comprennent que la désobéissance, le « défi réussi », n’est pas une option valable. Un défi réussi envers le maître peut être un « virus  » qui « répand la contagion », pour emprunter un terme d’Henry Kissinger lorsqu’il préparait le renversement du gouvernement Allende
  • Par exemple, lorsque Washington se préparait à renverser le gouvernement Allende, le Conseil National de Sécurité nota que, si les États-Unis ne pouvaient pas contrôler l’Amérique Latine, ils ne pouvaient prétendre « obtenir un ordre satisfaisant ailleurs dans le monde  », c’est-à-dire imposer leur domination efficacement au reste du monde. La « crédibilité  » de Washington en aurait été entamée, comme l’a avoué Henry Kissinger. D’autres pourraient se tourner vers la désobéissance, s’inspirer des « défis réussis  », si le virus chilien n’était pas détruit avant qu’il ne puisse « répandre la contagion ». Par conséquent la démocratie parlementaire au Chili devait disparaître, comme ça s’est passé à l’occasion du premier 11 Septembre, en 1973. Cet événement a disparu de l’histoire occidentale, bien qu’en termes de conséquences pour le Chili et ailleurs, cela surpasse de loin les terribles crimes du 11 septembre 2001.
  • Avec cet arrière-plan en tête, tournons-nous vers le « moment unipolaire  », sujet d’un grand nombre de discussions universitaires et populaires depuis l’effondrement de l’Union Soviétique il y a 20 ans, qui fit passer les États-Unis de principale superpuissance mondiale à seule superpuissance mondiale. Nous apprenons beaucoup sur la nature de la Guerre Froide et des évènements survenus depuis lors en regardant la façon dont Washington a réagi à la disparition de son ennemi mondial, de cette « impitoyable et monolithique conspiration » visant à s’emparer du monde pour reprendre la description de John F. Kennedy.
  • il leur fallait trouver un nouveau prétexte. Il fut vite donné : la menace des narcotrafiquants hispaniques focalisés sur la destruction des EU. La « guerre contre la drogue » fut certes lancée par Nixon, mais elle prit un rôle nouveau et plus important au cours du moment unipolaire.
  • Le besoin d’un nouveau prétexte guida aussi la réaction officielle à l’effondrement de la superpuissance ennemie. En quelques mois, l’administration de Bush père exposa le nouveau cap de Washington : en bref, tout restera comme avant, mais sous de nouveaux prétextes. Nous avons toujours besoin d’un gros système militaire, mais pour une nouvelle raison : la « sophistication technologique » des puissances du Tiers-monde. Nous devons maintenir la « base industrielle de défense  », un euphémisme pour désigner l’industrie de haute technologie soutenue par l’État. Nous devons maintenir les forces d’intervention pour les régions du Moyen-Orient riches en énergie, où les menaces importantes contre nos intérêts ne peuvent plus être rejetées sur le Kremlin, contrairement aux décennies de mensonges précédentes. Tout ceci passa discrètement et fut à peine signalé. Mais pour ceux qui cherchent à comprendre le monde, c’est très instructif.
  • Les élites intellectuelles se mirent rapidement au travail et remplirent leur mission. Elles annoncèrent une «  révolution normative » qui accordait aux États-Unis le droit d’ « intervention humanitaire », ceci pour les plus nobles des raisons bien entendu. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les victimes traditionnelles n’étaient guère convaincues. Au Sud, des conférences de haut-niveau condamnèrent amèrement « le soi-disant ’droit’ d’intervention humanitaire ».
  • Un affinage était donc nécessaire, et le concept de la « responsabilité de protection » fut échafaudé à sa place. Ceux qui prêtent attention à l’histoire ne seront pas surpris de découvrir que les puissances occidentales exercent leur «  responsabilité de protection  » de manière extrêmement sélective, en parfaite correspondance avec les trois maximes.
  • Les faits concordent de manière troublante et requièrent une agilité considérable de la part des classes intellectuelles
  • Alors que l’Union Soviétique s’écroulait, Mikhaïl Gorbatchev fit une concession sidérante : il accepta que l’Allemagne réunifiée rejoigne l’alliance militaire hostile dirigée par la superpuissance mondiale, malgré le fait que les Allemands aient à eux-seuls quasi anéanti la Russie deux fois au cours du siècle. Il y avait cependant un quid pro quo [3].
  • L’administration Bush promit à Gorbatchev que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Allemagne de l’Est, et encore moins plus loin à l’Est. Elle garantit aussi à Gorbatchev que « l’OTAN se transformera elle-même en une organisation plus politique  ». Gorbatchev proposa aussi la création d’une zone dénucléarisée de l’Arctique à la Mer Noire, afin d’établir une « zone de paix  » pour lever toute menace sur l’Europe, de l’Est ou de l’Ouest. Cette proposition fut rejetée sans examen.
  • Clinton a pris ses fonctions peu de temps après. Les engagements de Washington ont rapidement disparu. Il est inutile de faire des commentaires sur la promesse que l’OTAN deviendrait une organisation plus politique. Clinton a élargi l’OTAN à l’Est, et Bush a surenchéri. Obama a apparemment l’intention de poursuivre cette expansion.
  • Juste avant le premier voyage d’Obama en Russie, son assistant spécial pour la Sécurité Nationale et les affaires eurasiennes informa la presse que « nous n’allons pas rassurer ou donner ou échanger quoi que ce soit aux Russes en ce qui concerne l’expansion de l’OTAN ou le système de défense anti-missiles  ». Il faisait référence au programme américain de défense anti-missiles en Europe de l’Est et à l’adhésion de deux voisins de la Russie, la Géorgie et l’Ukraine, à l’OTAN.
  • Ces deux décisions sont considérées par les analystes occidentaux comme de sérieuses menaces pour la sécurité russe, propres à enflammer les tensions internationales.
  • L’objectif des systèmes d’interception états-uniens, s’ils fonctionnent un jour, est d’empêcher toutes représailles en cas d’attaques américaine ou israélienne sur l’Iran, c’est-à-dire éliminer toute dissuasion iranienne. Les systèmes anti-missiles sont une arme de première frappe [4], et chaque côté l’a compris. Mais cela semble être un de ces faits qu’il vaut mieux laisser dans l’ombre.
  • Lors d’une conférence de l’OTAN, le secrétaire général, Jaap de Hoop Scheffer, indiquait que « les troupes de l’OTAN doivent surveiller les oléoducs de gaz et de pétrole à destination de l’Occident » et, plus globalement, protéger les routes maritimes empruntées par les tankers et les autres « infrastructures cruciales » du système énergétique. Cette décision explique plus clairement les politiques post-guerre froide visant à réformer l’OTAN en une force d’intervention mondiale dirigée par les États-Unis, particulièrement préoccupée par le contrôle de l’énergie.
  • Dès la fin de la seconde guerre mondiale, il était clair que l’Europe occidentale pouvait choisir de mener une politique indépendante, peut-être en conformité avec la vision gaulliste d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural. Dans ce cas le problème n’était plus qu’un « virus  » puisse « répandre la contagion », mais qu’une pandémie abatte le système tout entier de contrôle global. L’OTAN était considéré comme un remède à cette menace.
  • Dans cette « grande aire », les États-Unis détiendraient le « pouvoir incontesté » grâce à leur « supériorité militaire et économique » et agiraient de manière à s’assurer la « restriction de tout exercice de souveraineté » des États interférant avec leurs plans. Au début, les planificateurs pensèrent que l’Allemagne serait prédominante en Europe, mais lorsque la Russie commença à broyer la Wehrmacht, la vision devint plus large et la Grande Aire se dut d’ incorporer le plus de territoires possibles en Eurasie, avec au minimum l’Europe occidentale, cœur économique eurasien.
  • Des plans précis et rationnels d’organisation globale ont été développés, une “fonction” étant assignée à chaque région. Le Sud en général devait avoir un rôle de service : fournir des ressources, une main d’œuvre bon marché, des opportunités d’investissement et de marchés, ainsi que d’autres services comme l’importation des déchets et de la pollution. A cette époque les États-Unis n’étaient pas tellement intéressés par l’Afrique, elle fut donc confiée à l’Europe afin qu’elle l’ « exploite  » pour sa reconstruction après-guerre. On aurait pu imaginer des relations différentes entre l’Europe et l’Afrique vu leur passé historique, mais cela n’a pas été envisagé. Par contraste, les réserves de pétroles du Moyen-Orient étaient considérées comme étant « une prodigieuse source de pouvoir stratégique » et l’ « un des plus formidables trésors matériels de l’histoire mondiale  », la plus « importante aire stratégique dans le monde  », selon les mots d’Eisenhower. Les planificateurs influents admettaient que le contrôle du pétrole moyen-oriental fournirait aux États-Unis un « contrôle important sur le monde  ».
  • En ce qui concerne l’Amérique Latine, les planificateurs post-Seconde Guerre mondiale concluaient que la menace principale sur les intérêts des États-Unis était le fait de « régimes nationalistes radicaux [qui] séduisent les masses » et cherchent à satisfaire la « demande populaire d’amélioration immédiate des conditions de vie médiocres des masses  » ainsi que le développement selon les besoins domestiques. Ces tendances rentrent en conflit avec l’exigence d’ « un climat politique et économique favorable à l’investissement privé », avec un rapatriement satisfaisant des profits et avec la « protection de nos matières premières ». Une part conséquente de l’histoire ultérieure provient de ces conceptions non-contestées.
  • Si on prend le cas particulier de Mexico, un atelier du Pentagone sur la stratégie de développement pour l’Amérique Latine constatait en 1990 que les relations mexico-américaines étaient « extraordinairement positives », indifférent aux élections volées, à la violence étatique, à la torture, au traitement scandaleux des travailleurs et paysans et à d’autres menus détails. Les participants à l’atelier avaient cependant un souci en perspective : la menace d’une « ouverture démocratique  » au Mexique,
  • Le moment choisi pour l’opération Gatekeeper n’était certainement pas accidentel. Les analystes sensés avaient anticipé qu’ouvrir le Mexique à un flot d’exportations agroalimentaires fortement subventionnées ébranlerait tôt ou tard l’agriculture mexicaine, et que les entreprises mexicaines ne seraient pas capable de soutenir la compétition avec d’énormes sociétés aidées par l’État, lesquelles devaient être autorisées à opérer librement au Mexique selon le traité. Une conséquence probable était une hausse de l’émigration vers les États-Unis, à additionner à celle fuyant des pays d’Amérique Centrale, ravagés par la terreur reagannienne. La militarisation de la frontière fut une solution naturelle.
  • L’attitude populaire envers ceux qui fuient leurs pays (appelés “étrangers illégaux”) est complexe. Ils exécutent des services de grande valeur en tant que main d’œuvre très peu coûteuse et facilement exploitable. Aux États-Unis, l’agroalimentaire, le bâtiment et d’autres industries reposent massivement sur eux, et ils contribuent à la richesse des communautés où ils résident. D’un autre côté, ils réveillent le traditionnel sentiment anti-immigration.
  • Quelles que soient les réalités historiques et économiques, les immigrants ont été perçus par les pauvres et les travailleurs comme une menace pour leurs boulots, quartiers et modes de vie. Il est important de garder à l’esprit que les gens qui protestent aujourd’hui ont de réels doléances. Ils sont victimes de la financiarisation de l’économie et des programmes néolibéraux de mondialisation conçus pour transférer la production à l’étranger et les mettre en compétition avec les travailleurs du monde entier, et donc baisser leurs salaires et avantages. Pendant ce temps, les professionnels diplômés sont protégés des forces du marché et les propriétaires et dirigeants s’enrichissent. À nouveau la maxime de Smith.
  • Les répercussions sont sévères depuis les années Reagan et se manifestent de façon extrêmement déplaisante, comme on peut le voir actuellement en unes des journaux. Les deux partis politiques se battent pour savoir lequel des deux pourra proclamer avec le plus de ferveur son attachement à la doctrine sadique selon laquelle les soins médicaux doivent être refusés aux « étrangers illégaux ». Leur position est cohérente avec le principe juridique, établi par la Cour Suprême, selon lequel ces créatures ne sont pas des « personnes  » selon la loi, et qu’ils ne disposent donc pas des droits accordés aux personnes.
  • Au même moment, la Cour examine si les grandes sociétés ne devraient pas avoir la permission d’acheter les élections librement au lieu de le faire de manière détournée C’est un problème constitutionnel majeur, puisque les tribunaux ont établis que, contrairement aux sans-papiers, les entreprises sont des personnes réelles selon la loi, et ont en fait des droits bien supérieurs à celles faites de chair et de sang, tels ceux accordés par le mal nommé « accord de libre-échange ». Ces coïncidences parlantes ne suscitent aucun commentaire. La loi est bel et bien une solennelle et majestueuse affaire.
  • Une différence fondamentale entre Bush et Obama fut très bien formulée par l’un des hauts conseillers de l’administration Kennedy, à l’époque de la crise des missiles à Cuba. Les planificateurs de Kennedy prenaient des décisions qui menaçaient littéralement l’Angleterre d’extinction, mais n’en informaient pas les Britanniques. A ce moment là, le conseiller définissait ainsi la « relation spéciale » avec la Grande Bretagne : elle est , disait-il, « notre lieutenant – le terme en vogue étant ’partenaire’  ». Naturellement, l’Angleterre préfère le terme en vogue.
  • Bush et ses sbires traitent le monde comme « nos lieutenants ». Ainsi, en annonçant l’invasion de l’Irak, ils informèrent l’ONU qu’elle pouvait suivre les ordres américains ou « ne plus avoir de raison d’être ». Une telle arrogance a bien évidemment suscité de l’hostilité. Obama a choisi une autre méthode : il reçoit les dirigeants et les peuples du monde poliment, en tant que « partenaires  », et c’est seulement en privé qu’il continue à les traiter comme des « lieutenants  ». Les dirigeants étrangers préfèrent cette approche et le public est aussi parfois hypnotisé par cette attitude. Mais il est sage de s’en tenir aux faits et non au comportement rhétorique et plaisant. Les faits racontent une histoire différente d’habitude, et ce cas là ne fait pas exception.
  • Le système mondiale actuel reste unipolaire dans un domaine, celui de la force. Les États-Unis dépensent quasiment autant pour la force militaire que le reste du monde réuni, et sont bien plus avancés en ce qui concerne la technologie de destruction. C’est aussi le seul pays à avoir des centaines de bases militaires tout autour du monde et à occuper deux pays dans les régions cruciales pour la production d’énergie. Il y établit des méga-ambassades gigantesques, de l’ordre d’une ville à l’intérieur de la ville, ce qui est une claire indication de ses intentions futures. A Bagdad, les coûts prévisionnels de la méga-ambassade sont de 1.5 milliard de dollars cette année et de 1.8 dans les prochaines années. Le coût de leurs équivalents au Pakistan et en Afghanistan est inconnu, tout comme le futur des énormes bases militaires établies en Irak.
  • Dissoute en 1950, la quatrième Flotte US a été réactivée en 2008, peu de temps après l’invasion colombienne de l’Équateur. Son champ d’action couvre les Caraïbes, l’Amérique Centrale et du Sud ainsi que les eaux environnantes. La marine définit ses « diverses opérations » comme la lutte contre les trafics illégaux, la coopération régionale en matière de sécurité, l’interaction entre les forces armées et les formations militaires bilatérales ou multinationales. La réactivation de la flotte a naturellement provoqué un tollé et l’inquiétude des gouvernements brésilien, vénézuélien et autres.
  • Ces plans font partie d’une politique plus générale de militarisation de l’Amérique latine. L’entraînement des officiers latino-américains a fortement augmenté dans la dernière décennie, bien au dessus des niveaux de la Guerre Froide. La police se forme aux tactiques d’infanterie légère. Leur mission est de combattre les « gangs de jeunes  » et le «  populisme radical  », ce dernier terme n’étant que trop bien compris en Amérique latine.
  • Le prétexte est celui de la « guerre contre la drogue ». Mais, même si nous acceptons la singulière affirmation selon laquelle les EU ont le droit de mener cette « guerre  » dans des pays étrangers, il est difficile de le prendre au sérieux. Les raisons sont connues, elles ont été redites en février par la commission sur les drogues et la démocratie, dirigée par les anciens présidents sud américains Cardoso, Zedillo et Gaviria. Leur rapport conclut que la guerre contre la drogue a été un échec complet et appelle à changer radicalement de politique, en se détournant des mesures brutales vers d’autres plus efficaces et beaucoup moins coûteuses.
  • Quelque-uns accusaient même Washington de crimes, et non pas simplement d’erreurs commises par excès de naïveté et bienveillance comme le déclaraient les commentateurs libéraux, obéissant en cela à la logique bien établie de Thucydide. Un problème apparenté était l’activisme, particulièrement parmi les jeunes, qui provoquait un « excès de démocratie » selon les avertissements d’intellectuels libéraux. Ils demandaient la restauration de l’obéissance et de la passivité ainsi que l’application par Nixon de mesures beaucoup plus brutales.
  • Les fondations étaient posées pour une campagne nationale « Loi et Ordre » visant à discipliner ceux qui s’égaraient au-delà des limites de subordination à la doctrine et au pouvoir. Le succès fut conséquent. Sans susciter aucune critique ou commentaire, le président Carter pouvait expliquer que nous n’avions aucune dette envers les vietnamiens, car la « destruction était mutuelle ». Pour Reagan la guerre était une « noble cause » et le président Bush Sr. put continuer à informer les vietnamiens, sans aucune objection publique, que nous ne pourrions jamais pardonner leurs crimes envers nous, mais que par compassion nous serions d’accord pour les laisser rejoindre le monde que nous dirigions. Pour cela, il fallait qu’ils démontrent leur bonne volonté en s’occupant du seul problème moral subsistant : cette « noble cause  » qui consistait à se dévouer afin de retrouver les ossements des pilotes américains abattus alors qu’ils bombardaient le Vietnam.
  • Bien que le monde soit unipolaire sur le plan militaire, cela n’est plus le cas depuis quelque temps sur le plan économique. Au début des années 1970 le monde devenait économiquement « tripolaire  », avec des centres comparables en Amérique du Nord, Europe et dans le nord-est de l’Asie. De nos jours l’économie mondiale est devenue encore plus diverse, particulièrement avec la rapide croissance d’économies asiatiques défiant les règles néolibérales du « consensus de Washington ». L’Amérique latine aussi se défait de ce joug. Les efforts états-uniens pour la militariser sont une réponse à ces développements (particulièrement en Amérique du Sud), qui, pour la première fois depuis les conquêtes européennes, commencent à s’adresser aux problèmes fondamentaux qui ont empoisonné et continuent d’empoisonner le continent.
  • Les questions d’intégration interne sont encore plus significatives. Il y a enfin des efforts sérieux pour s’adresser à la pathologie latino-américaine de gouvernance par d’étroits secteurs nageant dans l’opulence au beau milieu d’un océan de misère, les riches étant exempts de responsabilité si ce n’est de celle de s’enrichir, contrairement à l’Asie de l’est. Une de ces mesures concerne la fuite des capitaux. En Amérique Latine elle atteint presque le montant de l’étouffante dette. Dans les pays d’Asie de l’est elle a été fermement contrôlée. En Corée du Sud par exemple, pendant la période de forte croissance, l’exportation de capital était passible de peine de mort.
  • Ces développements en Amérique latine, parfois menés par d’impressionnants mouvements populaires de masse, sont d’une grande importance. Ils suscitent bien évidemment des réactions amères de la part des élites traditionnelles, supportées par la superpuissance voisine. Les obstacles sont immenses mais s’ils sont surmontés, cela pourrait changer de façon significative le destin de l’Amérique latine et entraîner de véritables conséquences ailleurs.
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    Superbe conférence de Noam Chomsky sur l'histoire de la politique etrangère guerrière US.
Jon Snow

ATOMIQUE - En Australie, un Aborigène déjoue les projets de mines d'uranium d'Areva | Big Browser - 0 views

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    Merci Jeffrey Lee
Jon Snow

La science-fiction en prise avec le monde réel, par Valerio Evangelisti (Le Monde diplomatique) - 0 views

  • La mondialisation de l’économie, le rôle hégémonique de l’informatique, le pouvoir d’une économie dématérialisée, les nouvelles formes d’autoritarisme liées au contrôle de la communication, tous ces thèmes paraissent laisser indifférents les écrivains de la « grande littérature », du moins en Europe. Dans la plupart de leurs romans, le monde semble immuable. Dominent les histoires intimistes, qui auraient pu se passer il y a cinquante ans - ou qui pourraient se produire dans cinquante ans... Amours, passions et trahisons perpétuent leur consommation sous une lumière tamisée, dans un monde aux couleurs pâles et aux fragrances de poussière et de talc. Certes, il y a quelques exceptions ; mais, la plupart du temps, le cadre général est immodérément « minimaliste ».
  • Certes, la littérature « blanche » traîne derrière elle son antithèse, le roman noir. Ici la rue, le conflit, l’urbain, le social jouent un rôle important. N’ont en revanche aucun rôle, sauf dans de rares cas, les structures planétaires du système, les évolutions historiques, les mutations psychologiques et comportementales qu’engendre le développement technologique. Les événements se réduisent au conflit entre quelques individus animés par d’éternelles passions : haine, vengeance, amour, soif de justice. Le « maximalisme » du cadre se dissout dans le « minimalisme » du traitement : policier corrompu ou douteux ou honnête contre criminel honnête ou douteux ou corrompu. Pas toujours mais assez souvent. Cependant, le système dans son ensemble est mis en cause. En fait, il s’agit d’un « minimalisme » plus large, ou d’un « maximalisme » réduit. Deux pas en avant pour un en arrière.
  • Tandis que la « grande littérature » se complaît à ignorer tout cela, la littérature des « étages inférieurs » a fait de l’époque son objet de prédilection. Je fais là allusion à la science-fiction. Pas à toute la science-fiction, bien entendu, car la pacotille abonde en ce domaine. Mais, par nature, le genre est « maximaliste » et incline à traiter de vastes sujets : peinture des mutations à large échelle, dévoilement de systèmes occultes de domination, dénonciation des effets tragiques ou bizarres de la technologie, invention de sociétés alternatives. De même qu’il pouvait arriver au plus balourd des spaghetti-westerns d’inclure des moments de cinéma de qualité, le moins lisible des romans de science-fiction peut contenir de grandes intuitions. Même s’il s’égare dans des aventures sans autre but qu’elles-mêmes, dans des portraits psychologiques bâclés, dans des simplifications d’historiette infantile. Mais le « minimalisme » lui reste à jamais intolérable. Il est étranger à son code génétique. Seule la science-fiction présente des descriptions réalistes (oui, réalistes !) du monde où nous vivons. Ainsi, quel autre genre littéraire a-t-il jamais consacré un roman aux mécanismes des crises économiques ? Aucun.
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  • Toujours dans le registre des hallucinations : un auteur italien de science-fiction, Vittorio Curtoni, a écrit il y a une vingtaine d’années une série de récits sur le thème d’une guerre du futur. Les protagonistes avaient recours à des armes psychédéliques, ce qui générait une humanité impuissante à distinguer le vrai du faux, incapable de se considérer comme appartenant à un tout solidaire... Ceux qui se souviennent encore du raz-de-marée de désinformation dispensé par les sources les plus fiables, lors de la guerre du Golfe et de la guerre du Kosovo, ont compris de quoi il s’agit : les nouveau-nés arrachés à leur couveuse par les hommes de Saddam Hussein, les 700 enfants kosovars enlevés pour donner leur sang aux soldats de Milosevic... Autant de fausses informations, qui nous conduisent à penser que la guerre des hallucinations a déjà commencé.
  • Le courant cyberpunk, encore actif il y a une dizaine d’années, en est l’exemple principal. Pour la première fois dans l’histoire, et bien avant les développements actuels d’Internet, de nombreux écrivains prenaient comme thème de leurs romans cette forme de relation entre l’homme et la machine qu’est l’informatique. S’agissait-il de romans « fantastiques », éloignés du réalisme considéré comme la forme littéraire privilégiée ? Permettez-moi d’en douter. Quand Internet s’est imposé, les œuvres de William Gibson, Bruce Sterling, Rudy Rucker et d’autres ont fourni à la nouvelle réalité les termes adaptés pour la décrire, et une carte de ses avenirs potentiels. Mieux encore, ils ont montré aux opposants la voie de la résistance, culturelle et pratique, face aux menaces contenues dans l’émergence d’un réseau de communication omniprésent et capable de reproduire les rapports de domination sur le terrain trompeur de l’immatériel. De leur propre aveu, des membres de l’extrême gauche européenne ont créé sous l’influence des récits cyberpunk le réseau European Counter Network (ECN) ; ils furent les premiers à utiliser la vitesse du nouveau système d’information pour coordonner leurs actions. Les centres sociaux des jeunes révoltés se sont remplis de modems et d’ordinateurs, régulièrement détruits pendant les descentes de police. Les pirates informatiques ont mené de titanesques batailles individuelles contre les grands groupes économiques, ralentissant l’accès à la Toile et son assujettissement.
  • Toutefois, il ne faut pas s’attendre que la « grande littérature », le mainstream (si indifférent à la société qui l’entoure qu’il a fait du désengagement et du repli sur soi un critère de qualité), guide la résistance contre la colonisation de l’imaginaire. Il faut pour cela une narration « maximaliste », consciente d’elle-même, qui inquiète et ne console pas. La science-fiction l’était. Elle peut l’être à nouveau
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    Quelle littérature sait interroger la réalité présente ? Se confronter au pouvoir moderne, à son anonymat, à la multiplicité de ses réseaux ? Prendre la mesure du rayonnement doctrinaire, de la machine du contrôle social, de l'envergure planétaire des ambitions ? En jouant avec les systèmes-mondes, en manipulant les hypothèses, la science-fiction constitue un de ces laboratoires où se lisent l'intime composition chimique du monde actuel... et les forces qui le feront entrer en explosion.
Fabien Cadet

Evolution spirituelle.over-blog.com : L'histoire d'un mec... - 0 views

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    « Avant, je faisais, me semble-t-il, comme tout le monde : je croyais plus ou moins ce qu'on me disait à l'école et à la télé. On me disait : ta vie va être de bosser pour avoir de bonnes notes, puis bosser pour avoir de l'argent, puis enfin tu seras à la retraite et tu te reposeras… »
Fabien Cadet

« La guerre du travail » -- LES JOURS ET L'ENNUI DE SEB MUSSET - 0 views

  • Commence un processus d’à peine dix ans au terme duquel l’état aura rendu les clefs de sa gouvernance aux groupes, aux multinationales, bref au marché.
  • A partir des années 80, le travail qui tombait bien juteux de l’arbre de la croissance devient une obsession populaire. Le chômage entre en compte dans la gestion du travailleur. Il devient un moyen de pression, une menace distillée chez les plus fragiles (ouvriers peu qualifiés, vieux et jeunes salariés) permettant aux entreprises d'infléchir les conditions d'exploitation à leur avantage.
  • Passage obligé du CV, apparition de l’ahurissante lettre de motivation et multiples entretiens débouchant 99 fois sur 100 sur du on vous rappellera.
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  • Parallèlement à la terreur du chômage, se développe cette curieuse idée que le travail ça se mérite alors que, théoriquement, le travail ça se paye.
  • Les candidats à un poste patientent par paquets de 1000 devant la porte du patron. Vont-ils travailler ? Trouver une signification ? Pouvoir payer le loyer ? Sont-ils des hommes ? Autant de métaphysiques interrogations qu'ils estiment réglées par un emploi salarié.
  • 1985. Le chômage atteint les 9%. Coluche crée les Restos du Cœurs. L’opération coup de pouce est prévue pour durer un hiver. Ce sera la première initiative d'une longue série de divertissements caritatifs permettant à l’état de se dégager de ce qui devrait 1 / être sa mission 2 / le couvrir de honte, 3 / révolter le peuple. Là non plus. Rien ne sera remis en cause. La chanson enregistrée pour l'occasion sera numéro un au Top 15 pendant des semaines.
  • Mars 1986 : La droite gagne les élections législatives. Cohabitation, l'initiateur de l'ANPE devient premier ministre. Assouplissement des horaires, fin des autorisations administratives de licenciement, démembrement du statut salarial : Priorité à la compétitivité des entreprises au détriment du travailleur. L’état finance des emplois lance-pierre à durée limitée, à temps partiel, à droits réduits (TUC, CES et autres carambouilles). Ces aides sociales empêchent dans un premier temps le salarié de plonger dans la misère mais renforcent de l'intérieur le dumping social.
  • 1988, Retour aux pleins pouvoirs de François Mitterrand.
Fabien Cadet

La figure du chômeur, une construction imaginaire | Vivre le chômage - 0 views

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    «Le travail intermittent a été vécu comme une liberté [par les travailleurs] jusqu'à l'invention du chômage, dans les années 1910.» (1) Ainsi, Christian Topalov explique-t-il qu'à cette époque «être employé par la même entreprise et travailler tout au long de l'année, parfois même de la semaine, est une expérience étrangère à la plupart des ouvriers.» (2) «La notion de chômage [...] a été inventée expressément pour lutter contre la pratique du travail discontinu.»
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