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"« Qu'as-tu fait de ton frère ? » La question de Dieu à Caïn résonne en chaque chrétien. Mais il est rare que nous partagions nos réponses. Pudeur ? Peut-être aussi beaucoup d'embarras, car qui est à la hauteur d'une question aussi vaste ? Pourtant, comme l'a rappelé le pape Benoît XVI, une vie fraternelle de service est une tâche aussi importante que la liturgie et l'annonce de la foi. Le pape François est allé plus loin, par ses déclarations, par son attitude envers les migrants, et par son exhortation apostolique La joie de l'Évangile, qui enracine l'évangélisation dans la proximité et l'attention spirituelle aux plus pauvres."

"« Ah ! qu'il est doux pour des frères d'habiter ensemble ! » chante le psalmiste (133, 1) Mais nul angélisme : la Bible n'ignore pas comme est difficile, voire irréalisable cet idéal de fraternité universel. Tant qu'il ne puise pas sa source en Jésus le Christ. Lui qui, après sa résurrection, appelle ses disciples des frères (Jn 20, 17 ; Mt 28, 10) ; lui qui s'est fait notre frère en humanité, a agi en frère envers tous et nous fait devenir des enfants de Dieu (Jn 1, 12), fils et filles avec lui du même Père, capables de dire à Dieu : « Abba, Père. » Le saviez-vous ? Aux premiers siècles, la communauté chrétienne s'appelait « la Fraternité », et non « l'Église » (l'Assemblée) ! La Fraternité… Comment mieux dire que les chrétiens se reconnaissaient dans cette invite que leur fait Jésus à être fils et filles du Père, et donc frères et sœurs ? Comment mieux dire que les chrétiens entendaient résonner comme le cœur du message du Christ un appel nouveau : donner à sentir et goûter une nouvelle proximité de chacun avec tous les autres ?"

"Lourdes. Mai 2013. 12 000 personnes se retrouvent réunies. L'objet de ce rassemblement ? Diaconia ou « Servons la fraternité. »"

"Avec Diaconia/Osons la fraternité, l'Église de France aurait pu jouer un rôle de pionnier dans notre vieille Europe sur ce chemin d'une « Église-Fraternité ». L'élan était donné, il semble retombé. La Conférence des Évêques n'a pas souhaité pérenniser l'animation nationale de Diaconia, laissant le soin à chaque diocèse de poursuivre cette dynamique à sa manière. Mais même dans les diocèses encore en route, il faut remarquer que toutes les paroisses sont loin de « jouer le jeu ». Faute d'un soutien pour avancer sur ce chemin de la diaconie ?"

"Le fil rouge de cette réflexion au sujet de la solidarité s'organise bien autour de Diaconia 2013 à Lourdes : cet événement marque une nouvelle manière de « faire Église » qui est en même temps un retour aux sources mêmes des Évangiles. On reconnait dans Diaconia 2013 l'enseignement de Jésus dans les Béatitudes, par exemple en Luc 6,20 : « Heureux vous les pauvres, le Royaume de Dieu est à vous. » Dans le même registre Matthieu, lui, parlera des pauvres d'esprit. Le groupe de préparation au rassemblement à Lourdes « Places et Paroles des pauvres » insistera sur la différence initiale entre une pauvreté (vulnérabilité) qui touche à la condition humaine dans ses limites et qui développe une angoisse existentielle, et une pauvreté sociale due à la précarité, une véritable misère qui conduit à un cumul des difficultés et à leur aggravation. Diaconia 2013 s'adressait en priorité « aux misérables », à ceux qui vivent un dénuement matériel tel qu'ils sont privés tout entiers d'existence. Cette manifestation avait voulu donner la parole aux pauvres. C'est le titre du livre, relecture de la démarche de Diaconia 2013, « Servons la fraternité » et qui s'intitule « Église : quand les pauvres prennent la parole » aux Éditions Franciscaines, 2014. L'exposé d'Etienne Grieu, pour la session du Ceras, met en valeur une solidarité telle qu'elle se dégage de l'expérience de Diaconia 2013, qui ébranle l'attitude charitable longtemps pratiquée."

"Les confréries de Saint-Vincent-de-Paul sont, à ce jour, peu nombreuses dans les paroisses. Elles reprennent sens en suscitant une solidarité qui fait sortir de la paroisse vers la périphérie chère à François. Il s'agit de se soucier des gens isolés, par leur pauvreté en rupture de lien social. On peut ainsi espérer prévenir un échec complet qui amène la personne à devenir SDF. Aujourd'hui la paroisse devrait être « la plaque tournante » d'un réseau plus large selon l'expression du président de la confrérie de Saint-Vincent-de-Paul. Faire des paroisses de lieux d'entre-aide ramène à l'expérience fondamentale des petites fraternités. Dans leur conclusion et l'évêque d'Orléans et le président de SSVP y ont insisté. Il faudrait éviter l'anonymat dans les églises. Les blessés de la vie sont la plaque sensible des maux de notre société, en prendre soin, c'est prendre soin de tous. Déjà mettre des mots, partager des expériences communes. S'appuyer sur une lecture des Évangiles, où la souffrance est à la fois dite et traversée. Alors les cloisons des préjugés s'estompent pour laisser place à la miséricorde et à l'amour."

"En 2013 deux associations françaises d'inspiration catholique ont fondé la Coalition internationale pour l'Abolition de la Prostitution (CAP International). Il s'agit du Mouvement du Nid-France, dont l'origine remonte à 1937, et de la Fondation Scelles dont l'origine remonte à 1941.En ouvrant la 1ère journée, la présidente de CAP International a dénoncé la supercherie qui consiste à faire dire par l'esclave souriant « j'aime mon maître » comme le proxénète fait dire à sa prostituée « je suis fière d'exercer le plus vieux métier du monde qui est si glamour »."