Observatoire des religions et de la laïcité - Les (néo)-Frères musulmans et l... - 0 views
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Veille & Documentation on 22 Mar 21"Que ce soit dans la littérature académique anglophone ou francophone, les réflexions sur l'articulation entre islamisme - ou formes diversifiées d'engagement politique au nom d'un islam intégral - et capitalisme restent relativement rares. Un préalable s'impose : a priori, cet angle ne mobilise guère les spécialistes du militantisme musulman. Cela peut s'expliquer par le fait qu'un certain nombre d'entre eux soient davantage préoccupés par le « djihadisme » et « la radicalisation », soit les périphéries incandescentes et guerrières de l'islam. Ce phénomène, objectivement, interroge après une série d'attentats qui ont secoué l'Hexagone à plusieurs reprises, depuis les tueries de Mohamed Merah à Toulouse/Montauban en mars 2012 jusqu'à l'assassinat, par décapitation, de l'enseignant Samuel Paty, ou bien encore l'attaque contre la basilique de Nice, en octobre 2020. Mais ce phénomène de violence extrême constitue une part marginale, et un voile occultant des dynamiques profondes du champ islamique français. Il convient en outre de rappeler que l'islamisme, ou islam politique, selon les expressions consacrées, est loin d'être univoque du point de vue des modes d'action et du langage. Il n'est pas toujours ni forcément de facture terroriste. Il procède pour l'essentiel d'une politisation exacerbée de la religion musulmane ; il donne lieu à une essentialisation de l'appartenance communautaire (la Oumma). Il promeut à ce titre un conservatisme moral en public et en privé et milite, ouvertement, pour la sauvegarde d'une identité musulmane collective censée être menacée de l'intérieur, par le laxisme des musulmans, et de l'extérieur, par des adversaires et ennemis supposés de l'islam. "