Marwan Mohammed. Il existe un lien entre l’expérience scolaire et l’engagement dans les bandes, même si ce n’est pas la seule
explication. Les difficultés rencontrées dès l’école primaire s’accentuent au collège. La rupture est d’ordre institutionnel. À l’école, la relation aux parents est fondée sur l’oral, avec un
nombre d’interlocuteurs réduit. Au collège, ce rapport se distancie et se désincarne. Les interlocuteurs se multiplient et la communication s’appuie sur l’écrit. En sixième, les élèves arrivent
avec un niveau correct et décrochent entre la sixième et la quatrième. Un tiers des effectifs lâchent à ce moment-là. C’est là que la bande entre en scène. Elle fonctionne par cooptation sur une
base normative de comportement. Les bons élèves se regroupent et les mauvais vont développer des conflits. La bande va les aider à aménager collectivement le désamour scolaire, le conflit avec
l’institution et à gérer l’ennui. Ils s’aménagent des voies de gratification qui ne sont pas celles que promeuvent les parents et l’école.