Dans Corps est graphique, Mourad Merzouki choisit de s'interroger sur la place des femmes dans la danse hip hop. Conscient de leur quasi-absence, il envisage la possibilité de leur présence et examine les alternatives. Les danseurs sont-ils prêts à dialoguer, échanger, partager cette danse ? Avec une gestuelle pure et une fluidité du corps, danseuses et danseurs mettent en avant tour à tour leur féminité et leur virilité ; cette confrontation s'effaçant peu à peu au profit du propos esthétique. La question initiale du rapport homme-femme n'a plus lieu d'être et devient superflue.
Puis ce paysage d'une inquiétante étrangeté se délite pour céder la place à une évocation du fameux Bain Turc d'Ingres - véritable fabrique de clichés où, plongées dans des attitudes de lascivité, de volupté et de soumission, les femmes « horizontalisées » ne sont qu'un objet de désir assujetti à la volonté de l'homme. Mais, comme en réponse à cette mascarade de la fascination érotique du regard masculin - qui n'est rien d'autre, au fond, que l'aliénation d'une frange de l'humanité par une autre -, les belles ne tardent pas à devenir rebelles...