L'administration chargée de la sécurité des transports américain vient de dévoiler un programme premium permettant aux voyageurs aériens de passer plus vite les contrôles de sécurité (sauf pour leurs matériel électroniques et liquides, toujours soumis à vérification). Pour 85 $ par an et à la condition qu'ils autorisent l'autorité à avoir accès à leurs données personnelles en ligne, ceux qui souscriront au programme pourront passer plus vite les contrôles de sécurité des aéroports.
"L'Agence de sécurité nationale américaine (NSA) dispose d'un outil, appelé "XKeyscore", qui permet aux agents du renseignement américain d'accéder à l'historique de navigation et de recherche, aux contenus des courriels, et aux conversations privées sur Facebook", bref dans tout le corpus de données amassé par la NSA, le tout en ne justifiant que vaguement leur recherche.
Pour le spécialiste de la sécurité, Bruce Schneier, face à la surveillance globale mis en place par la NSA, les entreprises de technologies doivent se battre pour leurs utilisateurs, sinon, elles les perdront. Lutter contre le programme d'espionnage d'Etat va coûter de l'argent à ces entreprises, mais capituler leur en coûtera plus encore. L'internet est réquisitionné par le gouvernement américain pour soutenir un effort de guerre et l'état de surveillance généralisé, estime Schneier. "La NSA ne restera pas toujours au-dessus des lois. Déjà l'opinion publique est en train de tourner, contre le gouvernement et les entreprises qui collaborent. Si vous voulez garder la confiance de vos utilisateurs, il va falloir démontrer que vous êtes de leur côté."
La chercheuse du MIT Raluca Popa propose Mylar - http://css.csail.mit.edu/mylar/ - un web service qui crypte les données et qui empêche le service de fournir des données non cryptées. Le problème est que si vous perdez votre mot de passe, vous perdez tout accès à vos données (mais est-ce vraiment différent aujourd'hui pour les utilisateurs ?). L'avenir des serveurs est-il entièrement chiffrés ?
La structure de l'industrie de l'information passe souvent inaperçue, mais elle a un effet énorme sur la facilité avec laquelle le gouvernement (et ces sociétés géantes) espionnent les citoyens, estime Tim Wu, professeur de droit à Columbia et ardent défenseur de la neutralité du net. En racontant l'histoire de la surveillance, Tim Wu pointe qu'elle est toujours plus facile dans les économies sous monopole. Quand une ou quelques entreprises dominantes détiennent un pouvoir sur une partie de l'industrie de l'information, les agences de renseignement ont tendance à leur demander une coopération ou un partenariat. "Si vous voulez moins de surveillance, la réponse alternative au contrôle politique est une plus grande concurrence dans les industries qui manipulent et stockent l'information". La volonté de surveillance et d'espionnage des Etats est une constante, mais c'est la structure et la conception des industries de l'information qui la rende plus ou moins possible. Ce qui signifie des lois contre la concentration plus vigoureuses et pour les utilisateurs, de favoriser la diversité des opérateurs.
"Les dernières révélations du Guardian, qui a publié des documents classifiés américains, anéantissent la défense de la NSA et du président Obama. Ce dernier assurait récemment qu'un citoyen américain ne pouvait pas voir ses appels téléphoniques et ses communications Internet être interceptées par la NSA.
Les documents classifiés, signés du ministre de la justice, Eric Holder, contredisent pourtant cette thèse. Ils autorisent en effet les analystes de l'agence de renseignement à intercepter des communications et ce sans la nécessité d'un mandat obtenu auprès d'un juge.
Et cette possibilité de surveillance ne concerne pas seulement la NSA, mais aussi les agents de la CIA et du FBI. Les documents de procédures demandent toutefois aux agents de respecter un certain « ciblage » et de minimiser le nombre d'Américains faisant l'objet de ces surveillances hors mandat.
Si pour les citoyens américains, des limites sont visiblement posées (mais sont-elles appliquées et contrôlées ?), ces derniers n'en demeurent pas moins eux aussi des cibles potentielles. Et les informations collectées sur ces américains peuvent ainsi être conservées durant cinq ans. "
Selon le dernier scoop du Guardian, une personne dont l'emplacement physique est inconnu - via l'utilisation de Tor - sera traitée comme une personne ne vivant pas aux USA.