Politique des algorithmes - Réseaux, n°177, 2013-1 - 0 views
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hubert guillaud on 03 May 13En introduction à ce numéro de la revue "réseaux" dédiée à la politique des algorithmes, le sociologue Dominique Cardon rappelle : "Autrefois dédiés à de très banales opérations de segmentation de clientèle, les outils de datamining mis en place par les entreprises prétendent désormais calculer les traces des consommateurs afin de personnaliser leurs offres (Benedetto-Meyer, 2013). Les individus eux-mêmes ne cessent de se préoccuper de ce que les compteurs disent d'eux et de leurs comportements numériques sur les plates-formes du web social. D'une utilisation ex post réservée à des professionnels, les mesures deviennent des indicateurs ex ante, s'inscrivant à même les interfaces et introduisant dans les usages les plus quotidiens une visée prévisionnelle d'orientation des comportements. Sur un mode mineur, implicite et silencieux, la navigation des internautes est continûment guidée par les outils de classement qui rendent les informations disponibles à leur attention (Sunstein et Thaler, 2008 ; Kessous et al., 2010). Pour beaucoup, cette entrée dans l'ère des big data et des algorithmes[2][2] Le terme d'algorithme a été popularisé par la présence... suite constitue une rupture majeure dans l'évolution des services numériques. Elle confère une importance décisive non seulement aux possesseurs de données, mais aussi et surtout, à ceux qui sauront les rendre intelligibles. Avec enthousiasme ou frayeur, ce nouveau monde des données est apprécié comme une nouvelle puissance susceptible pour les uns de réinventer les marchés et l'organisation, de rendre la démocratie plus transparente, de faciliter les interactions avec les choses et l'environnement ou d'élaborer des connaissances prédictives (Ayres, 2007 ; Steiner, 2012 ; Weinberger, 2012), alors que d'autres s'alarment des usages commerciaux des fichiers, des menaces sur la vie privée, de la dictature de l'hypervisibilité ou de la colonisation d