En Chine, la vie sous l'oeil inquisiteur des caméras - 0 views
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Cécile Christodoulou on 04 Apr 19"Dans l'empire du Milieu, les caméras de reconnaissance faciale sont partout. L'intelligence artificielle permet ainsi de retrouver des criminels en fuite ou de payer ses achats en un clin d'oeil. Mais aussi d'étouffer toute dissidence." "Le gouvernement chinois s'évertue aussi à promouvoir cette technologie, qu'il perçoit comme l'une des innovations clefs qui vont lui permettre de réduire sa dépendance face aux Etats-Unis. En 2017, il a nommé cinq champions nationaux de l'intelligence artificielle : Baidu pour les voitures autonomes, Alibaba pour les villes intelligentes, Tencent pour les diagnostics médicaux, iFlytek pour la reconnaissance vocale et SenseTime pour la reconnaissance faciale."[...] "Les autorités de Pékin ont annoncé que les caméras qu'elles s'apprêtent à installer à l'entrée de tous les logements sociaux de la ville auront notamment pour but de surveiller les allées et venues des résidents. Ceux qui ne sortent pas de chez eux durant plusieurs jours ou qui invitent un étranger chez eux déclencheront une alerte. De même, l'assureur Ping An se sert de la reconnaissance faciale pour repérer les employés qui sèchent une réunion et une école de Hangzhou a installé des caméras à l'avant des salles de classe pour repérer les élèves qui ne suivent pas en cours." "Au xviiie siècle, le philosophe utilitariste Jeremy Bentham imagine une architecture carcérale, le panoptique, dans lequel les geôliers, installés dans une tour centrale, sont en mesure de surveiller tous les faits et gestes des prisonniers sans être visibles eux-mêmes (photo : la prison de Crest Hill, en Illinois, en 1928). Les détenus, qui ne peuvent savoir s'ils sont observés ou non, se trouvent contraints à une permanente docilité. Pour Bentham, on peut étendre le principe aux usines, aux écoles ou aux hôpitaux. Michel Foucault, deux cents ans plus tard, considère dans Surveiller et punir que « cette visibilité organisée entièrement autour d'un