Par contraste avec le modèle client-serveur du Web 1.0, où les pourvoyeurs de service fournissaient des applications fermées aux consommateurs, les entreprises du Web 2.0 utilisent l’architecture distribuée des réseaux via la coordination pair-à-pair (P2P) et les ressources partagées (comme le stockage sur disque ou la bande passante) pour mettre à disposition des usagers des espaces de services « prêt à médiatiser » (sur des plateformes comme Facebook, YouTube ou Second Life). Ce tournant historique dans l’environnement médiatique se démarque du « post-modernisme » de Jean-François Lyotard, du « nouvel esprit du capitalisme » décrit par Luc Boltanski et Eve Chiapello ou encore de la « seconde modernité » d’Anthony Giddens, en ce qu’il s’inscrit de plain-pied dans la troisième révolution industrielle, celle de l’information en réseaux. Dans ce changement de paradigme, de l’ère post-moderniste à l’ère cybériste, le comportement des utilisateurs, à mesure qu’ils deviennent des collaborateurs et des producteurs d’information, a tendance à se déplacer d’une culture alphabétique à une culture visuelle, et de la simple consommation de médias comme spectacles à celle de médias comme services. La direction future de ce changement de paradigme a une importance capitale pour l’éducation aux médias comme processus de fabrication du sens et comme pratique collective (Frau-Meigs, 2011a, 2010b).