D'un côté l'idéal et l'utopie où tout est luxe, calme et volupté, de l'autre l'action et le mouvement, promesses de lendemains qui chantent. Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont tous deux trouvé des formules fortes pour étiqueter leurs programmes. Le poids des mots est incontestable. Mais le choc des idées est-il vraiment à l'ordre du jour ? Pas si sûr.Ségolène Royal a surpris son monde en proposant dès février dernier de « rétablir un ordre juste par le retour à la confiance, par le retour de repères clairs, par le bon fonctionnement des services publics ». Un mois plus tôt le Pape avait employé la même expression dans son encyclique Deus caritas est (Dieu est amour) : « L'ordre juste de la société et de l'État est le devoir essentiel du politique. » Certes les mots appartiennent à tout le monde, mais il est des « formules déposées » tout comme des marques commerciales. Chale Gucci L'« ordre juste » caractérise la doctrine sociale de l'Église depuis le XIXe siècle et cette notion a son origine dans la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin (XIIIe siècle). La présidente de Poitou-Charentes ne peut évidemment l'ignorer.L'inspiration de Nicolas Sarkozy, quant à elle, ne remonte pas si loin. Pendant longtemps, il s'est fait l'apôtre de la « rupture » toute nue, jusqu'à ce qu'il lui adjoigne le qualificatif de « tranquille ». C'était le 30 novembre dernier, lors de la présentation de sa candidature officielle à la présidence. On y décela immédiatement un clin d'oeil habile à « la force tranquille » du candidat à la présidence François Mitterrand en 1981. Il faut y voir aussi une référence, au moins implicite, à la « révolution conservatrice » lancée en 1980 par le président américain Ronald Reagan. Echarpe Gucci pas cher Au niveau purement linguistique, il s'agit dans les deux cas d'un « oxymoron » comme aiment à dire les Américains, une association de deux mots contradictoires : aux États-Unis comme en France, c'est une façon de désigner au fond le même phénomène de changement et de l'associer à un retour aux sources rassurant en soi. Outre-Atlantique, la « révolution conservatrice », faut-il le rappeler, a consisté à réhabiliter les mécanismes d'économie libérale, après les échecs endurés par le dirigisme et les blocages des années 1970.Il ne faut pas accorder aux slogans politiques plus d'importance qu'ils n'en méritent, dira-t-on. Leur principale vocation n'est-elle pas plus roborative que programmatique ? Après tout, la « rupture tranquille » de Nicolas Sarkozy renvoie également au « changement dans la continuité » de Valéry Giscard d'Estaing en 1974. Voilà qui est certainement moins compromettant que la révolution des « reaganomics » outre-Atlantique, qualifiée habituellement « d'ultralibéralisme » en France. De même serait-il excessif de prendre au pied de la lettre la formule d'« ordre juste » de Ségolène Royal. Ses amis politiques, de Martine Aubry au sénateur Jean-Luc Mélenchon, ont fait mine de s'en offusquer bruyamment, dénonçant la référence au catholicisme social, voire une réhabilitation de l'« ordre moral ». http://www.desmarquesprivees.fr/ Au point que la candidate du PS à la présidentielle 2007 a dû modifier l'expression fautive. Elle parle désormais d'un « ordre économique et social juste ». Il est significatif en tout cas que Sarkozy et Royal ont tous deux trouvé opportun d'ajouter des adjectifs supplémentaires à leurs slogans respectifs, comme s'ils voulaient en édulcorer le sens initial. Ces querelles de mots ne porteraient pas à conséquence, si elles n'étaient révélatrices d'un malaise plus profond de nos débats politiques et économiques. Nous adorons les formules chocs, mais en réalité nous avons peur de ce qu'elles sont censées exprimer. Sous prétexte qu'il faut se méfier des idéologies, nous avons tendance à évacuer tout débat d'idées sérieux. Le risque alors est de jeter le bébé avec l'eau du bain.
L'« ordre juste » caractérise la doctrine sociale de l'Église depuis le XIXe siècle et cette notion a son origine dans la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin (XIIIe siècle). La présidente de Poitou-Charentes ne peut évidemment l'ignorer.L'inspiration de Nicolas Sarkozy, quant à elle, ne remonte pas si loin. Pendant longtemps, il s'est fait l'apôtre de la « rupture » toute nue, jusqu'à ce qu'il lui adjoigne le qualificatif de « tranquille ». C'était le 30 novembre dernier, lors de la présentation de sa candidature officielle à la présidence. On y décela immédiatement un clin d'oeil habile à « la force tranquille » du candidat à la présidence François Mitterrand en 1981. Il faut y voir aussi une référence, au moins implicite, à la « révolution conservatrice » lancée en 1980 par le président américain Ronald Reagan. Echarpe Gucci pas cher Au niveau purement linguistique, il s'agit dans les deux cas d'un « oxymoron » comme aiment à dire les Américains, une association de deux mots contradictoires : aux États-Unis comme en France, c'est une façon de désigner au fond le même phénomène de changement et de l'associer à un retour aux sources rassurant en soi. Outre-Atlantique, la « révolution conservatrice », faut-il le rappeler, a consisté à réhabiliter les mécanismes d'économie libérale, après les échecs endurés par le dirigisme et les blocages des années 1970.Il ne faut pas accorder aux slogans politiques plus d'importance qu'ils n'en méritent, dira-t-on. Leur principale vocation n'est-elle pas plus roborative que programmatique ? Après tout, la « rupture tranquille » de Nicolas Sarkozy renvoie également au « changement dans la continuité » de Valéry Giscard d'Estaing en 1974. Voilà qui est certainement moins compromettant que la révolution des « reaganomics » outre-Atlantique, qualifiée habituellement « d'ultralibéralisme » en France. De même serait-il excessif de prendre au pied de la lettre la formule d'« ordre juste » de Ségolène Royal. Ses amis politiques, de Martine Aubry au sénateur Jean-Luc Mélenchon, ont fait mine de s'en offusquer bruyamment, dénonçant la référence au catholicisme social, voire une réhabilitation de l'« ordre moral ». http://www.desmarquesprivees.fr/
Au point que la candidate du PS à la présidentielle 2007 a dû modifier l'expression fautive. Elle parle désormais d'un « ordre économique et social juste ». Il est significatif en tout cas que Sarkozy et Royal ont tous deux trouvé opportun d'ajouter des adjectifs supplémentaires à leurs slogans respectifs, comme s'ils voulaient en édulcorer le sens initial. Ces querelles de mots ne porteraient pas à conséquence, si elles n'étaient révélatrices d'un malaise plus profond de nos débats politiques et économiques. Nous adorons les formules chocs, mais en réalité nous avons peur de ce qu'elles sont censées exprimer. Sous prétexte qu'il faut se méfier des idéologies, nous avons tendance à évacuer tout débat d'idées sérieux. Le risque alors est de jeter le bébé avec l'eau du bain.
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