De piètres gestionnaires qui ratissent large
C’est là que, en France, le bât blesse.
Les chefs de gouvernement et leurs équipes ont globalement été de piètres
gestionnaires en laissant filer la dépense publique. On pourrait multiplier les exemples, qu’il s’agisse de
l’utilisation de la «cagnotte fiscale» par Lionel Jospin lorsque la
croissance avait permis d’engranger des rentrées fiscales plus importantes que
prévu, ou du bouclier fiscal inventé par Dominique de Villepin et renforcé par
Nicolas Sarkozy, ou bien de la TVA à taux réduit pour les restaurateurs.
Contentons-nous de noter que, par
exemple, la plupart des niches fiscales sont l’expression d’un laxisme
budgétaire, à l’exception de celles qui permettent de créer des emplois. On en
compte aujourd’hui 468 - soit une cinquantaine de plus en sept ans – qui coûtent
75 milliards d’euros à l’Etat .
Comble de l’ironie, les services de
Bercy eux-mêmes viennent d’établir un rapport indiquant que 53 milliards
d’euros de manque à gagner dû à ces niches sont totalement inutiles,
inefficaces ou se trompent d’objectifs. Autant dire que cet argent est jeté par les fenêtres
depuis des années. L’Etat peut donc faire encore plus que les économies
supplémentaires d’un milliard d’euros cette année et onze milliards en 2012
annoncées par François Fillon le 24 août, après un premier coup de rabot à 10 milliards en 2011. La
question posée est surtout celle des arbitrages, et donc de la politique
budgétaire à mener. Gouverner, c’est choisir. L’importance prise par ces niches
montre que le choix a fait défaut.
L’indiscipline budgétaire est l’expression
d’une vision à court terme des gouvernants. La règle d’or que l’on veut
aujourd’hui inscrire dans le marbre, n’est rien d’autre que le constat de l’incapacité
des responsables politiques à gérer. Mais parce qu’ils ont failli depuis des
décennies, faudrait-il couper les ailes de l’Etat pour l’empêcher d’intervenir
même à bon escient? Pas sûr qu’une règle constitutionnelle soit une
réponse adaptée au problème de la dette. Ni, en l’occurrence, que le dogme puisse remplacer le courage politique.