Entretien avec Jacques Rancière réalisé par Patrice Brouin, Elie During et Dork Zabunyan. Paru dans la revue Critique n°692-693 (Janvier-Février 2005).
Pourquoi passer sa vie à deux plutôt que tout seul ?La question est une question philosophique, métaphysique même. Stanley Cavell n'a cessé, dans son ouvrage classique A la recherche du bonheur, consacré à la comédie hollywoodienne « du remariage » mais aussi dans tout son travail récent (son livre sur le mélodrame, Contesting Tears, et ses livres consacrés à Ralph Waldo Emerson), de démontrer que non seulement la question du couple et du mariage est une question philosophique (cela, d'autres l'ont dit, et ce n'est pas forcément intéressant), mais qu'elle est LA question philosophique, rivalisant avec les questions traditionnelles : que puis-je connaître ? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
Waiting for Dawn to Break, on Endless Night: Cinema and Psychoanalysis, Parallel Histories, edited by Janet Bergstrom
Rebecca M. Gordon
The Parallax Review, on Endless Night: Cinema and Psychoanalysis, Parallel Histories, edited by Janet Bergstrom
Jamie Clarke
Film Theory, Psychoanalysis, and Figuration, on Endless Night: Cinema and Psychoanalysis, Parallel Histories, edited by Janet Bergstrom
Briana Berg
Our Friend Žižek, on The Fright of Real Tears: Krzysztof Kieslowski between Theory and Post-Theory, by Slavoj Žižek
Richard Stamp
Right Direction, Wrong Turning, on The Fright of Real Tears: Krzysztof Kieslowski between Theory and Post-Theory, by Slavoj Žižek
John Orr
Dossier pédagogique conçu et réalisé par une enseignante de Philosophie et une enseignante de Français. Ce dossier propose une série d'approches thématiques et formelles ("Atim, un Hamlet à rebours", "Justice et vérité", "Polyphonie du silence"…), ainsi qu'un choix de textes littéraires (Shakespeare, Hugo, Sartre, Jean Hatzfeld) et philosophiques (Nietzsche, Hegel, Jankelevitch, Foucault) pour mener une réflexion autour du film de Mahamat-Saleh Haroun.
Au Chili, à trois mille mètres d'altitude, les astronomes venus du monde entier se rassemblent dans le désert d'Atacama pour observer les étoiles. Car la transparence du ciel est telle qu'elle permet de regarder jusqu'aux confins de l'univers.
C'est aussi un lieu où la sécheresse du sol conserve intacts les restes humains : ceux des momies, des explorateurs et des mineurs. Mais aussi, les ossements des prisonniers politiques de la dictature.Tandis que les astronomes scrutent les galaxies les plus éloignées en quête d'une probable vie extraterrestre, des femmes remuent les pierres, au pied des observatoires, à la recherche de leurs parents disparus.
A History of Violence : Quatuors pour la fin des temps
eXistenZ - 1 - Préambule
eXistenZ - 2 - Une science-fiction à l'ère des modèles
eXistenZ - 3 - Cronenberg / Bunuel, réalisme ontologique et discours
eXistenZ - 4 - Naturalisme, répétition et allotropisme
eXistenZ - 5 - Anomie, une science-fiction de l'ère de la...
Spider - 1 - Diagnose
Spider - 2 - Double pôle de la schizophrénie
Spider - 3 - Un troisième pôle de la schizophrénie : le pôle...
Spider - 4 - L'innommable : évanescence phallique et Nom du père...
Poursuivons un peu cette lecture de "un coeur en hiver", le film de Claude Sautet, sur le terrain des dialogues entre Stéphane et Camille. De nombreuses conversations sont emblématiques de ce que l'on repère aussi chez S. Cavell : : l'opposition d'un scepticisme incarné par le personnage masculin en mal d'intelligibilité et de l'autre une voix féminine et charnelle.
La question pourrait être celle-ci : quel est ce vouloir-dire (cette signifiance) qui se dérobe aux paroles de Stéphane ?
Stella Dallas (1937) est le plus ancien "des mélodrames de la femme inconnue" repérés par Stanley Cavell,un genre spécifique dans lequel l'"éducation" et ses pouvoirs de transformation sont thématisés.
C'est à partir d'un film de Claude Sautet, un « cœur en hiver » (1992), riches en dialogues, que nous pourrions illustrer cette idée de conversation (une idée que Stanley Cavell défend contre le théoricien politique John Rawls). La scène cruciale tient en quelques minutes dans une discussion et la représentation que se donne toute une micro-société bourgeoise. Conversation au sens politique et conversation au sens ordinaire sont les deux faces du film qui montre notre destin d'être condamné à l'expressivité. Qu'advient-il à celui qui le refuse .. et aux autres ?
Dans sa richesse et sa diversité, l'œuvre de Kieslowski présente une forte cohérence où la question du choix, le rapport entre déterminisme et liberté, les signes fugaces souvent inaperçus, le hasard et la volonté, apparaissent comme des fils directeurs. Elle nous donne à voir les hésitations et les doutes, l'autre vie, celle qu'on aurait pu, ou aurait voulu avoir.
L'hésitation est toujours là : on ne sait jamais si nous devons faire de Valéry le poète amateur d'un éternel classicisme esthétique, dont nous avons du mal à reconnaître une quelconque actualité, ou le penseur subtilement analytique qui aurait compris la portée des (r)évolutions auxquelles étaient destinés les modes de vie au XXe siècle, avant même que les technologies qui régissent l'expérience contemporaine aient vu le jour
L'interrogation philosophique est si dense, dans l'œuvre de Tarkovski, qu'on pourrait désigner celle-ci comme une méditation cinématographique, ou une œuvre philosophique. La profusion des références, qui semble inviter l'intelligence érudite à entrer en action, forme une trame bien serrée. Mais il ne s'agit pas ici d'un enseignement philosophique. Le spectateur, tout en restant attentif, renonce à comprendre intellectuellement. Il ne peut qu'abandonner toute forme de résistance et se laisser couler dans un temps autre. Il entre dans le monde d'un autre cinéma, il passe de l'autre côté du miroir.