La dame de Lespoisse, leur mère, ne menait grand train, à la MotteGiron, que pour faire des dupes. En réalité, elle n’avait rien et devait jusqu’à ses fausses dents. Ses nippes, son mobilier, son carrosse, ses chevaux et ses gens lui avaient été prêtés par des usuriers de Paris, qui mena?aient de les lui retirer si elle ne mariait pas bient?t une de ses filles à quelque riche seigneur, et l’honnête Sidonie s’attendait à tout moment à se voir nue dans sa maison vide. Pressée de trouver un gendre, elle avait tout de suite jeté ses vues sur M.?de?Montragoux qu’elle devinait simple, facile à tromper, très doux et prompt à l’amour sous une apparence rude et farouche. Ses filles entraient dans ses desseins et, à chaque rencontre, criblaient la pauvre BarbeBleue d’?illades qui le per?aient jusqu’au fond du c?ur. moncler soldes Il céda très vite aux charmes puissants des deux demoiselles de Lespoisse. Oubliant ses serments, il ne songea plus qu’à épouser l’une ou l’autre, les trouvant toutes deux également belles. Après quelques retardements, causés moins par son hésitation que par sa timidité, il se rendit en grand équipage à la MotteGiron et fit sa demande à la dame de Lespoisse, lui laissant le choix de celle de ses filles qu’elle voudrait lui donner. Madame Sidonie lui répondit obligeamment qu’elle le tenait en haute estime et qu’elle l’autorisait à faire sa cour à celle des demoiselles de Lespoisse qu’il aurait distinguée. – Sachez plaire, Monsieur, lui ditelle?; j’applaudirai la première à vos succès. Pour faire connaissance, la BarbeBleue invita Anne et Jeanne de Lespoisse avec leur mère, leurs frères et une multitude de dames et de gentilshommes, à passer quinze jours au ch?teau des Guillettes. moncler 2013 Ce ne furent que promenades, que parties de chasse et de pêche, que danses et festins, collations et divertissements de toute espèce. Un jeune seigneur que les dames de Lespoisse avaient amené, le chevalier de la Merlus, organisait les battues. La BarbeBleue avait les plus belles meutes et les plus beaux équipages de la contrée. Les dames rivalisaient d’ardeur avec les gentilshommes à poursuivre le cerf. On ne for?ait pas toujours la bête, mais les chasseurs et les chasseresses s’égaraient par couples, se retrouvaient et s’égaraient encore dans les bois. Le chevalier de la Merlus se perdait de préférence avec Jeanne de Lespoisse, et chacun rentrait la nuit au ch?teau, ému de ses aventures et content de sa journée. moncler veste Après quelques jours d’observation le bon seigneur de Montragoux préféra décidément à l’a?née des s?urs Jeanne la cadette qui était plus fra?che, ce qui ne veut pas dire qu’elle était plus neuve. Il laissait para?tre sa préférence, qu’il n’avait pas à cacher, car elle était honnête?; et d’ailleurs il était sans détours. Il faisait sa cour à cette jeune demoiselle le mieux qu’il pouvait, lui parlant peu, faute d’habitude, mais il la regardait en roulant des yeux terribles et en tirant du fond des entrailles des soupirs à renverser un chêne. Parfois il se mettait à rire, et la vaisselle en tremblait et les vitres en résonnaient. Seul de toute la société il ne remarquait pas les assiduités du chevalier de la Merlus auprès de la fille cadette de madame de Lespoisse, ou, s’il les remarquait, il n’y voyait pas de mal. Son expérience des femmes ne suffisait pas à le rendre soup?onneux et il ne se défiait point de ce qu’il aimait.,
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