t shirt lacoste pas cher Ils rêvaient - 0 views

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  #1 xlinda55236 on 10 Dec 14

   

  16 Il me faut également avouer que, lorsque j'avais treize ou quatorze ans, je lisais avec passion les romans sahariens de Roger Frison Roche. Ce qui fait que j'adhérais sans réserve au rêve dont m'apparaissaient nimbés les Touaregs et les immenses étendues dans lesquelles ils nomadisaient (cela explique aussi, sans doute, que je me trouve aujourd'hui en train d'écrire ce compte rendu). Pour anecdotique que soit cette mention de mes rêveries passées, elle n'en est pas moins révélatrice d'une vérité de la colonisation: vue de loin, elle était empreinte de poésie. L'empire colonial n'apportait pas seulement aux Fran?ais des ressources économiques, il n'étendait pas seulement leur pouvoir, il agrandissait leur ame. Grace à l'imagerie dont la propagande les inondait, les habitants de l'Hexagone considéraient comme leurs des terres lointaines qu'ils n'avaient jamais vues, que la plupart d'entre eux ne verraient jamais, mais qu'ils s'étaient néanmoins appropriées par la puissance du rêve. Un rêve qui leur montrait les représentants de la mission civilisatrice entretenant des relations idylliques avec les peuples auxquels ils apportaient leurs bienfaits (écoles, routes, h?pitaux, etc.). femme ralph lauren pas cher
  17 xA0;Vu de loinxA0;: tout est là. Proust le montre bien: vus de loin, les Guermantes font rêver le narrateur, il désire s'en approcher; mais lorsque, enfin, il les c?toie, ses illusions tombent. Contrairement aux Fran?ais de métropole, les colons c?toyaient, eux aussi, les xA0;indigènesxA0;; il leur était donc difficile de maintenir le rêve exotique; mais, en contrepartie de leurs désillusions, une gratifiante contrepartie leur était offerte: les jouissances de la domination.18 Le destin de Duveyrier fut de voir ruinée l'image qu'il s'était faite des Touaregs, et cela sans compensation. Cette image n'était qu'en partie une illusion puisqu'il avait vécu dans la société des Touaregs et connu de près plusieurs d'entre eux. Mais il les avait connus avant qu'ils soient l'objet d'une entreprise de conquête; il les avait connus en voyageur curieux et non en ma?tre. C'est pourquoi il fut profondément blessé lorsqu'il d?t admettre que tel ou tel voyageur européen avait été assassiné par des Touaregs (et non par des Arabes), puis lorsque se répandit la nouvelle du massacre de la mission Flatters. longchamp pliage pas cher Duveyrier restait profondément attaché aux précieux souvenirs qu'il gardait de la rencontre d'un jeune homme de vingt ans avec des Touaregs reconnaissant en lui un voyageur qui les considérait d'égal à égal. Chez ceux qui le suivirent, les Touaregs devinèrent l'avant-garde larvée d'une puissance conquérante, à laquelle, de fait, ils ne tardèrent pas à être confrontés. Comme le rappelle Casajus, le général de Gallifet prit possession d'El Goléa en 1873: la menace se rapprochait. En 1881, la mission Flatters - mission non pas scientifique mais militaire - fut envoyée afin de soumettre les Touaregs. La plupart de ses membres furent massacrés.19 Il serait imprudent de faire de la désillusion subie par Duveyrier l'une des causes de son suicide (il se tua d'une balle dans la tête en 1892, à l'age de cinquante-deux ans). Il y a meilleure le?on à tirer de son destin singulier, qui est le sympt?me d'une difficulté générale: l'incapacité des colonisateurs fran?ais de comprendre qu'ils nourrissaient deux désirs contradictoires, voulant à la fois, pour ainsi dire, le beurre et l'argent du beurre. t shirt lacoste pas cher
  Ils rêvaient en effet de cumuler un double profit, celui de dominer et celui de se faire aimer. Ils se refusèrent à voir qu'il y avait là une alternativexA0;: si on domine, on n'est pas aiméxA0;; pour être aimé, il faut renoncer à dominer. Le colonisateur fran?ais, en somme, se montra incapable d'assumer le fardeau du conquérantxA0;: n'être pas aimé. La conquête d'un peuple devait, à ses yeux, ressembler à la conquête d'une femme. Aussit?t l'Algérie conquise (ou Madagascar, ou le Tonkin), il aurait fallu que la conquête, pourtant brutale et sanglante, ne soit plus vécue par les xA0;indigènesxA0; comme une violence, mais comme une présence bienveillante. Il n'est pas jusqu'aux actuelles controverses sur les effets positifs ou négatifs de la colonisation qui ne portent la marque de cette cécitéxA0;: on part du fait que les Fran?ais sont présents en Algérie, comme si leur présence était un fait naturel, légitime et sans histoire. On se demande donc en quoi cette présence a été faste ou néfaste, un peu comme on ferait le bilan des résultats obtenus par l'administration fran?aise en Bretagne ou dans une autre province.

   

  <div class="cArrow"> </div><div class="cContentInner">16 Il me faut également avouer que, lorsque j'avais treize ou quatorze ans, je lisais avec passion les romans sahariens de Roger Frison Roche. Ce qui fait que j'adhérais sans réserve au rêve dont m'apparaissaient nimbés les Touaregs et les immenses étendues dans lesquelles ils nomadisaient (cela explique aussi, sans doute, que je me trouve aujourd'hui en train d'écrire ce compte rendu). Pour anecdotique que soit cette mention de mes rêveries passées, elle n'en est pas moins révélatrice d'une vérité de la colonisation: vue de loin, elle était empreinte de poésie. L'empire colonial n'apportait pas seulement aux Fran?ais des ressources économiques, il n'étendait pas seulement leur pouvoir, il agrandissait leur ame. Grace à l'imagerie dont la propagande les inondait, les habitants de l'Hexagone considéraient comme leurs des terres lointaines qu'ils n'avaient jamais vues, que la plupart d'entre eux ne verraient jamais, mais qu'ils s'étaient néanmoins appropriées par la puissance du rêve. Un rêve qui leur montrait les représentants de la mission civilisatrice entretenant des relations idylliques avec les peuples auxquels ils apportaient leurs bienfaits (écoles, routes, h?pitaux, etc.). <a href="http://www.animatricewebcam.fr/" rel="nofollow" title="femme ralph lauren pas cher">femme ralph lauren pas cher</a> <br /> 17 xA0;Vu de loinxA0;: tout est là. Proust le montre bien: vus de loin, les Guermantes font rêver le narrateur, il désire s'en approcher; mais lorsque, enfin, il les c?toie, ses illusions tombent. Contrairement aux Fran?ais de métropole, les colons c?toyaient, eux aussi, les xA0;indigènesxA0;; il leur était donc difficile de maintenir le rêve exotique; mais, en contrepartie de leurs désillusions, une gratifiante contrepartie leur était offerte: les jouissances de la domination.18 Le destin de Duveyrier fut de voir ruinée l'image qu'il s'était faite des Touaregs, et cela sans compensation. Cette image n'était qu'en partie une illusion puisqu'il avait vécu dans la société des Touaregs et connu de près plusieurs d'entre eux. Mais il les avait connus avant qu'ils soient l'objet d'une entreprise de conquête; il les avait connus en voyageur curieux et non en ma?tre. C'est pourquoi il fut profondément blessé lorsqu'il d?t admettre que tel ou tel voyageur européen avait été assassiné par des Touaregs (et non par des Arabes), puis lorsque se répandit la nouvelle du massacre de la mission Flatters. <a href="http://www.laregitheque.fr/sac-longchamp/sac-longchamp-bleu-marine-pas-chersac-longchamp-bleu-marine-soldes/" rel="nofollow" title="longchamp pliage pas cher">longchamp pliage pas cher</a> Duveyrier restait profondément attaché aux précieux souvenirs qu'il gardait de la rencontre d'un jeune homme de vingt ans avec des Touaregs reconnaissant en lui un voyageur qui les considérait d'égal à égal. Chez ceux qui le suivirent, les Touaregs devinèrent l'avant-garde larvée d'une puissance conquérante, à laquelle, de fait, ils ne tardèrent pas à être confrontés. Comme le rappelle Casajus, le général de Gallifet prit possession d'El Goléa en 1873: la menace se rapprochait. En 1881, la mission Flatters - mission non pas scientifique mais militaire - fut envoyée afin de soumettre les Touaregs. La plupart de ses membres furent massacrés.19 Il serait imprudent de faire de la désillusion subie par Duveyrier l'une des causes de son suicide (il se tua d'une balle dans la tête en 1892, à l'age de cinquante-deux ans). Il y a meilleure le?on à tirer de son destin singulier, qui est le sympt?me d'une difficulté générale: l'incapacité des colonisateurs fran?ais de comprendre qu'ils nourrissaient deux désirs contradictoires, voulant à la fois, pour ainsi dire, le beurre et l'argent du beurre. <a href="http://www.cothurne.fr/" rel="nofollow" title="t shirt lacoste pas cher">t shirt lacoste pas cher</a> <br /> Ils rêvaient en effet de cumuler un double profit, celui de dominer et celui de se faire aimer. Ils se refusèrent à voir qu'il y avait là une alternativexA0;: si on domine, on n'est pas aiméxA0;; pour être aimé, il faut renoncer à dominer. Le colonisateur fran?ais, en somme, se montra incapable d'assumer le fardeau du conquérantxA0;: n'être pas aimé. La conquête d'un peuple devait, à ses yeux, ressembler à la conquête d'une femme. Aussit?t l'Algérie conquise (ou Madagascar, ou le Tonkin), il aurait fallu que la conquête, pourtant brutale et sanglante, ne soit plus vécue par les xA0;indigènesxA0; comme une violence, mais comme une présence bienveillante. Il n'est pas jusqu'aux actuelles controverses sur les effets positifs ou négatifs de la colonisation qui ne portent la marque de cette cécitéxA0;: on part du fait que les Fran?ais sont présents en Algérie, comme si leur présence était un fait naturel, légitime et sans histoire. On se demande donc en quoi cette présence a été faste ou néfaste, un peu comme on ferait le bilan des résultats obtenus par l'administration fran?aise en Bretagne ou dans une autre province.</div>

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